L’évangile de ce jour est celui de l’Annonciation, et ce soir même, nous fêterons Noël !
Quel raccourci ! Même si pour Dieu, « Mille ans sont comme un jour », le télescopage de ces deux jours habituellement séparés de neuf mois est surprenant. Mais les deux faits sont tellement liés : La naissance visible de Jésus est à Noël, mais sa conception, sa véritable naissance, là où le Verbe se fait chair, date de l’Annonciation. Comme pour tous les enfants.
Le jour de l’Annonciation, « quand les temps furent accomplis » (Ga 4,4), Dieu envoya l’ange Gabriel à Nazareth. Ce que tous les juifs attendaient allaient se réaliser : Le Messie vient sur terre.
L’initiative vient de Dieu, comme toujours dans l’histoire du Salut pour réparer les fautes des hommes. L’amour de Dieu pour son peuple, pour l’humanité toute entière, est tellement grand qu’il veut permettre que tous participent à sa vie auprès de lui, qui n’est qu’Amour.
Et ce ne sera pas un autre prophète qu’il va envoyer à son peuple. « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur » (Is 11,1-2), mais ce ne sera pas non plus un roi terrestre, « ma royauté n’est pas de ce monde. » (Jn 18,36). Ce sera son propre Fils.
Si on regarde le texte de l’évangile, on sera surpris par la longueur des temps de parole de l’ange Gabriel, que l’on comprend bien vue l’importance de l’annonce qui est faite, comparée aux réponses de Marie. Des réponses courtes, ciblées, ne disant que l’essentiel de ce qu’elle ressent, empruntes de respect, d’humilité, de sentiment de petitesse devant la grandeur et la responsabilité de ce qui lui est proposé.
Encore que … ! Si on lit bien le texte, il ne s’agit pas d’une proposition, mais d’une série d’affirmations : « Tu as trouvé grâce … tu vas concevoir et enfanter … tu lui donneras … ».
Si on considère que Marie avait été consacrée à Dieu, et qu’elle avait fait vœu de chasteté (voir le Protévangile de Jacques et l’évangile du Pseudo-Matthieu), à part le bouleversement de cette annonce soudaine et inattendue, cela répondait en quelque sorte à sa volonté de se mettre au service du Seigneur. Mais pas comme elle s’y attendait, d’où sa réponse : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? ».
Bien sûr, elle avait été promise à Joseph, mais pour le moment son enfant serait considéré comme le fruit d’une relation adultérine, ce qui l’exposait à la répudiation de la part de Joseph et à la lapidation à la porte de la ville de la part du peuple. On peut comprendre l’affolement de Marie.
« Sois sans crainte ! » répond l’ange, « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu ». Un futur qui n’en est pas vraiment un, et qui n’attend que la réponse de Marie.
Enfin, elle connaît ce pour quoi elle s’était préparé depuis quelques années. Elle a la réponse à ses questions. Et malgré l’importance de la tâche qui lui est confiée (on pourrait dire l’énormité), elle est heureuse que Dieu lui confie cette responsabilité malgré les risques qu’elle prend.
« Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. ». C’est la Foi en Dieu qui guide Marie. Et aussitôt, Jésus vient en elle : « Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous » (Jn 1,14).
Jésus, Fils de Dieu, Dieu, vient chez nous comme un petit enfant, comme un homme comme tous les hommes, dans une famille, avec Marie sa mère et Joseph qui accepte de prendre Marie chez lui.
La beauté de l’Annonciation, et son importance pour tous les chrétiens, et les autres, doit nous faire avoir une dévotion particulière pour cet événement, et il serait bon de reprendre cette habitude, que certains pourraient considérer comme vieillotte, de réciter l’angélus, sinon trois fois par jour (à 6h, 12h et 18h), ne serait-ce qu’une fois par jour. Même si ce n’est pas à la ’’bonne heure’’. On peut très bien le réciter en travaillant, en voiture, voire dans son lit.
Et que cette réponse de Marie à l’ange Gabriel nous engage, chacun, à accepter les engagements que le Seigneur nous demande, d’une manière ou d’une autre, pour que « sa volonté soit faite », répondant ainsi à la demande de Marie « Faites tout ce qu’il vous dira », avec humilité, générosité et persévérance.
Et si c’est pour Dieu, rappelons-nous les mots de l’ange Gabriel : « Sois sans crainte ! »
Seigneur Dieu, permet que nous te répondions comme l’a fait Marie à l’ange Gabriel :
« Qu’il me soit fait selon ta parole »,
quelques soient les difficultés qui risquent de se poser,
que nous soyons sans crainte,
« car rien n’est impossible à Dieu ».
Francis Cousin