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Epiphanie du Seigneur – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Matthieu 2, 1-12

 

« Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.»

 

Les mages sont des savants, des intellectuels, des chercheurs à tout point de vue (contrairement à maintenant où les chercheurs sont obligés de se spécialiser dans un domaine précis), des personnes qui veulent comprendre ce qu’ils observent.

Ils aperçoivent une nouvelle étoile dans le ciel, et d’après ce que l’on disait à l’époque, c’était le signe qu’un nouveau roi était né. Une étoile, un astre brillant, une lumière dans le ciel, une lumière pour annoncer celui qui se dira la lumière du monde (Jn 8,12), mais ça, ils ne le savaient pas encore (l’ont-ils d’ailleurs su un jour ?).

Curiosité ? Ils la voient se déplacer. Alors ils la suivent pour connaître qui est ce nouveau roi. Jusqu’à ce qu’elle disparaisse à leurs yeux au pays de Judée. Sans doute est-ce un nouveau roi pour les juifs … Alors ils continuent leur recherche, vont jusqu’à la capitale, Jérusalem, et se renseignent.

Affolement dans toute la ville : Un nouveau roi est né ! Joie et espoir chez les juifs qui attendait le Messie … Consternation et crainte chez Hérode et son entourage : un ’’concurrent’’ qui veut prendre la place …

On leur indique Bethléem … et l’étoile reparaît pour les mener jusqu’à la Sainte Famille.

Ils se prosternent devant l’enfant nouveau-né, lui offrent des cadeaux, lui rendent hommage, c’est-à-dire qu’ils le reconnaissent comme quelqu’un d’important, comme leur souverain … prémonition de l’universalité (catholicité) de l’Église.

Qui sont ces mages ? Combien sont-ils ? Quels sont leur nom ? De quel pays viennent-ils ? L’évangile ne nous donne aucune réponse à ce sujet, et les premiers textes connus sur ces mages, ou sur ces Rois-mages, datent du VIII° siècle, et relèvent de la légende plus que d’une tradition. Le terme de ’’rois’’ vient du psaume 71, qui est le psaume de ce dimanche, et qui en parlant du Messie, du Roi d’Israël, dit : « Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents. Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande. Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront. » (V. 10-11), et le fait qu’on présente habituellement trois mages, un natif d’Orient, un autre d’Europe, et le dernier d’Afrique, qui représentaient le monde connu de l’époque, vient du verset 17 de ce même psaume, non lu aujourd’hui : « En lui, que soient bénies toutes les familles de la terre ; que tous les pays le disent bienheureux ! ».

Dieu a parlé à ces mages, d’une manière qu’ils pouvaient comprendre ! C’étaient des chercheurs : ils ont suivi l’étoile ! Ils étaient attentifs aux ’’signes des temps’’.

C’est ce qui nous est demandé, à nous tous les chrétiens, en tant que membre de l’Église, d’être attentifs « aux signes des temps » : « l’Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. » (GS 4 §1).

A nous d’être attentifs à la manière dont Dieu se manifeste ou veut nous faire comprendre quelque chose. Oh, bien sûr, ce ne sera pas une étoile, mais ça peut être une lecture, une rencontre, une parole, une personne, la suite d’une prière.

Dieu continue à nous interpeller, à nous parler. Il a besoin de nous. Soyons attentifs aux signes qu’il nous envoie. Et puis, surtout, sachons interpréter ces signes. Et souvent, cela ne se fait pas tout seul : il faut en parler avec d’autres. Avec Dieu, dans la prière, dans l’Adoration, en se mettant comme les mages, tout petit en face du Très-Grand.

Et une fois qu’on a pu interpréter les signes, il faut passer à l’action, se bouger.

Là encore comme les mages : ils sont repartis chez eux, mais ils avaient compris quelque chose des intentions d’Hérode, et ils ont pris un autre chemin.

Pour nous aussi, que notre prière, notre adoration, nous fasse prendre un autre chemin, un chemin non-physique, un chemin spirituel. Comme le dit le chant : « Ne rentrez pas chez vous comme avant, Ne vivez pas chez vous comme avant, Changez vos cœurs, chassez vos peurs, Vivez en hommes nouveaux. »

Seigneur Jésus,

En voyant l’étoile,

les mages n’ont pas hésité à venir vers toi.

Aide-moi à voir les signes

qui me permettront de me rapprocher de toi,

de t’adorer,

et de repartir différent,

illuminé de ta présence à mes côtés.

Francis Cousin                     

             

Pour accéder à une prière illustrée, cliquer sur le titre suivant : Prière dim Epiphanie B A6

Si vous désirez une illustration du texte d’évangile commenté ce jour cliquer sur le lien suivant :  Parole d’évangile semaine 18-01

          




Rencontre autour de l’Évangile – Epiphanie du Seigneur

« Nous avons vu son étoile à l’Orient

et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

  

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mt 2, 1-12)

L’Evangile de la visite des Mages en saint Matthieu est bien connu. C’est une scène pleine de poésie qui a inspiré beaucoup d’artistes. Nous essaierons de le relire avec un regard nouveau afin d’accueillir tout le message de la fête de l’Epiphanie : la portée universelle de la venue en notre chair du Fils de Dieu.

 

Soulignons les mots importants 

Bethléem en Judée : Quel grand roi d’Israël est né à Bethléem.

( Bethléem signifie en hébreu « maison du pain »)

Des mages : qui étaient ces mages?

venus d’Orient : Quand nous parlons de l’Orient ou l’Est,  qu’est-ce que cela évoque pour nous?

Nous avons vu se lever son étoile : que signifie cette étoile?

Hérode fut pris d’inquiétude : pourquoi?

L’étoile les précédait : que veut nous dire l’évangéliste Matthieu?

En entrant dans la maison: Pourquoi Matthieu parle-t-il de maison?

L’enfant avec Marie sa mère : Seule Marie est mentionnée par l’évangéliste.

Tombant à genoux, ils prosternèrent devant lui

Lui offrirent de l’or, de l’encens et de la myrrhe : que nous révèlent les gestes et les présents que font les Mages? 

Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin : « cet autre chemin » peut avoir deux sens : cherchons.

Pour l’animateur  

L’exemple des Mages trace les voies d’un cheminement chrétien : ce sont des hommes de bonne volonté, attentifs aux signes des temps, disponibles à l’aventure de la foi. Alors qu’ils sont savants et riches, ils se font humbles et pauvres, ils acceptent de se mettre à l’écoute des Ecritures: et c’est ainsi que leur foi découvre dans l’Enfant de Bethléem Celui qui, dans son Eglise, rassemblera tous les hommes. L’étoile désormais brille au fond de leur cœur.

Qui étaient ces « Mages » ? Dans l’antiquité, c’était des hommes mi-savants, mi-magiciens : ils pratiquaient la médecine, l’astrologie, la divination, interprétaient les songes. La Bible ne les aime pas. Ils interviennent contre Moïse, contre l’apôtre Paul (Ac 8,9; 13,8). Ce sont des païens, la magie étant interdite en Israël.

Les « Mages » dont parlent Matthieu, venaient d’Orient : les plus réputés, surtout les Chaldéens de Babylone (Irak d’aujourd’hui). Peut-être étaient-ils au courant de l’attente d’un Sauveur par les juifs.  (L’Orient, c’est là que se lève le soleil : Jésus, soleil de Justice, Lumière du monde)

« Nous avons vu se lever son étoile » : Les Mages ont vu une étoile qu’ils ont interprétée comme annonciatrice de l’avènement du roi des juifs et ils ont décidé d’aller lui rendre hommage. Le texte ne dit pas que l’astre a guidé leur route. Ils se rendent donc à Jérusalem. Ils interrogent ceux qui ont compétence pour interroger les prophéties concernant le Messie. Matthieu souligne le contraste entre le refus des Juifs, qui connaissaient les Ecritures et la soumission des païens à la lumière des Ecritures : c’est la première leçon missionnaire de l’évangéliste. Plus que l’étoile, c’est l’Ecriture qui sera le véritable guide pour les Mages.

L’étoile : l’étoile dont parle Matthieu n’est pas un astre de la voûte céleste, mais dans la Bible! Dans la Bible, une prophétie de Balaam (un mage païen) disait : « De Jacob monte une étoile… » (Nb 24,17) Les juifs dès le début l’ont appliquée au Messie. Ce symbole de l’étoile a servi à Matthieu pour l’histoire des mages. (Aujourd’hui encore, pour parler de quelqu’un de célèbre ont dit qu’il est une « star »)

L’Eglise d’occident dans sa tradition compte trois mages (un par cadeau) dont elle a fait des rois (Voir ps 72 : Les souverains des nations viennent offrir au Messie les trésors de leur pays. Mais Matthieu ne parle pas de rois : ce sont des païens qui viennent au Christ et l’adorent : L’or signifie la royauté; l’encens la divinité; la myrrhe la sépulture.

Les mages trouvent Jésus avec Marie sa mère dans la maison (probablement la maison qui se trouvait à l’avant de l’abri pour animaux où Marie avait mis au monde Jésus). 

Hérode pense que son trône est danger par un rival et il commence à imaginer une action malveillante pour s’en débarrasser. Hérode le Grand était tristement célèbre pour sa cruauté. (il avait fait exécuter plusieurs de ses fils).

C’est grâce à la lumière des Ecritures que les Mages sont remis dans la bonne direction et retrouvent l’étoile qui, cette fois, les conduit jusqu’au Messie.

Le récit de Mages est symbolique : en fait la naissance de Jésus à Bethléem fut ignorée de l’actualité de l’époque et s’est passée dans l’obscurité de l’anonymat ;

C’est le Message » de Matthieu qui est important :

Matthieu présente Jésus comme le nouveau Moïse, (autrefois menacé de disparaître en même temps que les nouveaux-nés par Pharaon et sauvé miraculeusement) Cela donne le sens récit du massacre des innocents de Bethléem qui annonce le martyre de tous ceux qui seront massacrés pour le Nom de Jésus. (En fait le massacre des nouveaux-nés de Bethléem n’a laissé aucune trace dans l’histoire juive).

C’est le drame de la mission de Jésus qui commence ici : Jésus, le descendant du roi David,le berger de Bethléem,  sera le berger d’Israël, rejeté par Jérusalem. Tandis que les païens de partout accueilleront celui qui est venu pour sauver tous les hommes. Il est le berger et l’étoile qui précède tous ceux qui cherchent Dieu avec un cœur sincère.

Certes les Mages retournent chez eux par un autre itinéraire (c’est le premier sens); mais cet « autre chemin » a aussi un sens symbolique : éclairés Jésus, l’étoile de leur vie, ils choisissent une autre manière de vivre.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

TON ÉTOILE A GUIDÉ LES MAGES

Seigneur Jésus,

Roi des rois et Seigneur des seigneurs,

né petit enfant de la Vierge Marie,

ton étoile a guidé les mages vers ta crèche

et ils t’ont adoré dans les bras de ta Mère,

nous te prions.

A chaque homme allume son étoile – sa raison d’espérer et d’aimer –

qui se lève dans le ciel de son cœur et qui le guide vers toi.

Puisse-t-il alors, avec les mages, t’offrir comme présents

l’or de sa fidélité,

l’encens de sa prière

et la myrrhe de son sacrifice

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie       

 Chrétiens, nous savons beaucoup de choses sur le Christ; Mais lui, le  cherchons-nous vraiment?  

Nous n’avons qu’un pas à faire pour rencontrer le Sauveur : la prière, les sacrements, la charité fraternelle.. Le faisons-nous ? 

Parfois seulement quelques mots suffisent pour orienter la recherche tâtonnante  de nos frères : un encouragement, un témoignage de foi… Sommes-nous encore lumière pour le monde? 

Jésus,  lumière des nations, veut attirer à lui tous les hommes : quel regard je porte sur ceux qui ne partagent notre foi ou qui ne connaissent pas le Christ? 

Sainte Thérèse de Lisieux, dans son Carmel, aurait voulu aller dans tous les pays, jusque dans les îles les plus lointaines pour faire connaître et aimer Jésus : et nous?

Ensemble prions  

Gloire et louange à toi Seigneur Jésus !

Aujourd’hui, les mages viennent à Bethléem.

Avec eux, Seigneur, nous venons te rendre hommage.

Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus !

Aujourd’hui, l’étoile les conduit à la crèche.

Avec eux, Seigneur, nous voulons nous laisser conduire par ta lumière.

Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus !

Aujourd’hui, ils trouvent le petit enfant et Marie sa mère.

Avec eux, Seigneur, nous voulons te découvrir au milieu de nos frères.

Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus !

Aujourd’hui, ils se prosternent devant toi et t’adorent.

Avec eux, Seigneur, nous voulons adorer ta sainte volonté sur nous.

Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus !

Aujourd’hui, ils t’offrent leurs présents.

Avec eux, Seigneur, nous voulons t’offrir comme présent notre propre vie.

Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus !

 

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La Sainte Famille – par Francis COUSIN

« Obéir au Dieu Sauveur »

 (Lc 2, 22-40)

  Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,
selon ce qui est écrit dans la Loi : ‘Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.’
Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : ‘un couple de tourterelles ou deux petites colombes.’
Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui.
Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.
Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,
Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut
que tu préparais à la face des peuples :
lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction
– et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage,
demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

 

« Les parents de Jésus l’emmenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur.»

 

Nous fêtons aujourd’hui la Sainte Famille, Jésus, Marie, Joseph.

Et on conçoit bien qu’elle puisse être appelée sainte car elle est constituée de l’union de Marie, mère de Dieu, qui a porté et élevé son fils Jésus, Fils unique de Dieu, conçu par la puissance du Saint Esprit, de Joseph qui a accepté le cadeau fait par Dieu à Marie et de devenir le père sur la terre de Jésus, prenant soin de lui comme son propre fils et participant à son éducation humaine et spirituelle, et de Jésus, le Fils de Dieu, envoyé par son Père sur la terre pour guider tous les hommes sur le chemin qui mène vers lui.

Mais si nous célébrons la Sainte Famille, c’est pour qu’elle soit un modèle pour nous, parce que chaque famille est appelée à devenir sainte à l’image de la famille de Nazareth.

Projet démesuré ? Hors de portée pour nous ? Sans doute … ou peut-être !

Tout projet est conçu pour nous faire avancer, nous faire partir d’un état A pour aller vers un état B.

Et si cela paraît impossible pour beaucoup, cela peut se faire, mais seulement dans la foi en Dieu, « car rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1,37).

Pour toute famille catholique (et chrétienne), née de l’union devant Dieu d’un homme et d’une femme pour ne plus faire « qu’une seule chair » (Gn 2,24), il est normal de respecter la demande de Dieu aux premiers humains : « Soyez fécond, multipliez, emplissez la terre » (Gn 1,28) en ayant des enfants. Par là, les époux continuent et participent à la création du monde, par ce qu’on appelle couramment, quelque soit sa religion, la « procréation ». « En transmettant à leurs descendants la vie humaine, l’homme et la femme comme époux et parents, coopèrent d’une façon unique à l’œuvre du Créateur » (CEC 372).

Il peut arriver cependant que la naissance d’un enfant tarde à venir.

Mais l’exemple d’Abraham et de Sara, dans la première lecture, nous donne à réfléchir : Ils mettent toute leur foi en Dieu. Et malgré leurs âges à tous les deux, Dieu leur donne d’avoir un enfant qui soit né de leur union : « Regarde le ciel et compte les étoiles, si tu le peux … Telle sera ta descendance ! ». Foi en Dieu qui peut tout.

Mais aussi foi totale qui demeure quand elle est mise à l’épreuve, de façon abrupte et difficilement compréhensible : « Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait son fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et entendu cette parole : c’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom. » (2° lect).

Abraham va jusqu’au bout dans la foi en Dieu.

Comme Joseph ira jusqu’au bout en acceptant Marie chez lui. Comme Marie accepta l’annonce de l’ange Gabriel : « Que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1,38), sans savoir ce qui l’attendait : « Et toi, ton âme sera traversée d’un glaive ». Tous les deux s’en remettaient à la volonté de Dieu pour l’accomplissement de leur mission.

Pour ces deux couples, et pour d’autres aussi, la mission confiée par Dieu était plus importante que leurs propres désirs. C’est sans doute en cela qu’ils sont devenus saints, parce qu’ils crurent de Dieu et qu’ils s’étaient mis en retrait pour que la volonté de Dieu soit faite.

C’est peut-être ce qui nous manque à nous, en cette époque où la consommation et le bien-être personnel sont tant mis en avant : voir et mettre la volonté de Dieu avant la nôtre. Et pourtant, nous disons chaque jour dans le Notre Père : « Que ta volonté soit faite ».

Sa volonté ? On pourrait résumer : que nous ayons foi en lui, et que nous nous aimions.

L’amour entre tous les membres de la famille est la condition nécessaire pour que nous arrivions à la sainteté.

Seigneur Jésus,

la première démarche de tes parents,

Marie et Joseph,

a été de te présenter à ton Père

dans le temple, selon la loi juive.

Toute votre vie à tout trois

a été de faire la volonté de Dieu,

dans l’amour des uns et des autres.

Aide-moi à en faire autant.

Francis Cousin




Nativité du Seigneur – par Francis COUSIN (Lc 2,1-14)

Évangile selon saint Luc 2,1-14

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. – Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.

Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.

Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.

Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »

Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

  

« Ne craignez pas. », disent les anges aux bergers.

Encore une fois, Dieu ou ses représentants commencent leur annonce aux humains par l’une de ces phrases : « Soyez sans crainte », «  Ne craignez pas », «  Soyez dans la paix », «  La paix soit avec vous ». Comme si l’intervention de Dieu dans nos vies nous bouleverserait tellement qu’il faut nécessairement nous mettre dans une situation de confiance.

Il faut dire qu’il y avait de quoi !

Ces bergers, occupés à veiller leurs troupeaux dans la campagne, se retrouvent tout à coup entourés d’une grande lueur, et les voilà qui entendent cette « Bonne Nouvelle », cet « Évangile » : « Le Christ est né, pas loin d’ici, à Bethléem, la ville de David ».

Ils n’en reviennent pas ! Comment eux, des pauvres gens, mal considérés par la population, obligés de travailler nuit et jour pour pouvoir survivre, sont destinataires d’un message aussi important pour tout le peuple juif : « Le Christ, le Sauveur est né ! Près de chez eux ! »

Ils sont décontenancés ! D’habitude, des nouvelles comme celle-ci, on les annonce aux riches, aux personnes importantes !

La naissance du Messie, on l’annonce au Grand Prêtre, au Roi, au sanhédrin ! Mais pas à des gens comme eux. Ils croyaient Dieu lointain d’eux, au sens propre comme au sens figuré, et voici que Dieu leur parle, par l’intermédiaire de ses anges. Dieu les considère au même titre que les autres personnes.

Dieu bouleverse toutes nos habitudes. Un monde nouveau est né !

Les petits seront considérés, et les gens importants, ou qui se croient tels, ne seront plus les premiers servis. Déjà s’annonce le phrase de Jésus : « Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé ».

Et cela continue : « Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »

Le Christ, le Messie, celui qui vient pour sauver le peuple, couché dans une mangeoire ! Comme un moins que rien ! Comme eux ! Comme quelqu’un qui leur ressemble !

La curiosité commence à les démanger, mais ils sont encore dans l’expectative.

Et voilà que les chœurs angéliques font donner leurs voix, et ils chantent ’’comme des anges’’ une louange à Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

Cette dernière phrase les réconforte : « Paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

C’est à eux que cela s’adresse. « Dieu nous aime ! Quel bonheur ! Le Dieu Très-Haut nous aime ! Nous, les bergers ; nous, les petits. »

Ils n’étaient pas habitués à ce qu’on leur dise des paroles comme celles-là ! et ce n’était pas du chiqué !

Alors, quand les anges furent partis, ce n’étaient plus la curiosité qu’ils avaient. Ils voulaient voir, et remercier ce Christ, cet envoyé de Dieu, de Dieu qui avaient de la considération pour eux.

Leurs cœurs étaient pleins de joie, comme les disciples d’Emmaüs, et c’est ainsi qu’ils partirent vers Bethléem pour adorer Jésus.

Aujourd’hui, nous commémorons la naissance de Jésus, prince de la Paix.

Ensemble à l’église. Dans nos maisons, en famille souvent.

On est content, heureux ! Parce que Jésus est né, parce qu’on est ensemble, parce qu’il y a des cadeaux, de la bonne nourriture … Tout va bien pour nous !

Mais en est-il de même pour tout le monde ?

Avons-nous une pensée, comme Dieu l’a fait avec les bergers, pour les plus pauvres … ?

Pour ceux qui n’ont pour compagnie qu’une télévision ? ou rien du tout ?

Pour ceux qui sont seuls, malades, à l’hôpital, en prison … ?

Pour ceux qui n’ont plus de famille, ou dont la famille est dispersée ou cassée … ?

Pour ceux qui vivent dans des pays en guerre … ? ou dans des pays où on ne peut pas fêter ouvertement Noël ?

Faisons que ce Noël nous ouvre vers les autres, vers ceux qu’on ne voient pas habituellement.

 

Seigneur Jésus,

tu viens parmi nous comme un enfant,

comme tous les humains.

Mais dans quelles conditions ?

Écarté, rejeté,

tu trouves ta place parmi les pauvres,

parmi les animaux, dans leur mangeoire,

sur le bois où se trouve leur nourriture…

 

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 Parole d’évangile semaine 17-52bis

Francis Cousin




Nativité du Seigneur – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 2,1-14)

« Aujourd’hui vous est né un Sauveur »

(Lc 2,1-14)…

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. – Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.

Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.

Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.

Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »

Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

 

 

            Un recensement ordonné par Auguste, qui fut empereur de 30 av JC à 14 ap JC, obligea Joseph à quitter Nazareth, en Galilée, au Nord, pour aller avec Marie à Bethléem, la ville de David, au sud, près de Jérusalem, car il était un lointain descendant de David. Mais les jours où Marie devait enfanter étaient arrivés, et elle mit au monde son fils premier-né qu’elle coucha dans une mangeoire par manque de place dans la salle commune où ils se trouvaient.

            D’un point de vue humain, cet événement est d’une incroyable simplicité, mais tout ici est « Parole de Dieu ». Grâce à un païen, Jésus, Sauveur des Juifs et des païens, naîtra dans la ville de David, et par Joseph, son père adoptif, il sera pleinement « fils de David ». Or, le Messie attendu devait être « fils de David » : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur » (Is 11,1-9 ; Mc 1,9-11).

            Michée avait prophétisé dès le 8° s av JC que « celui qui doit régner sur Israël naîtra à Bethléem », qui signifie en hébreu : « la maison du pain ». Or Jésus dira de Lui-même qu’il est le « pain de vie qui descend du ciel et donne la vie au monde » (Jn 6,32-63). Et à peine né, Marie le dépose dans une mangeoire, comme elle l’offrira plus tard en acceptant sa mort en Croix !

            Jésus est appelé ici « le fils premier né », et il est de fait le « premier né » d’une humanité nouvelle appelée à renaître du Don de l’Esprit qu’il est venu proposer à tout homme : « Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair n’est que chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit ». « C’est une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu » (Jn 3,5-72 ; Co 5,17-18). Par sa résurrection, il sera aussi « le premier né d’entre morts » (Col 1,18), et par là l’exemple déjà accompli de ce que nous sommes tous appelés à vivre par delà notre mort… Et Marie recevra  au pied de la Croix la pleine révélation de sa vocation : être la Mère de l’humanité tout entière appelée elle aussi à renaître de la mort (Jn 19,25-27)…

            Dans la crèche, Jésus est « enveloppé de langes » comme il sera « enveloppé d’un suaire » avant d’être mis au tombeau. Et St Luc parle ici d’une « salle », un mot qui ne reviendra qu’une seule fois dans son Evangile, juste avant la Passion, lorsque Jésus instituera l’Eucharistie dans cette « salle » que lui ont préparée Pierre et Jean (Lc 22,11). Là se révèlera le sens profond de toute sa vie : « Ceci est mon corps, donné pour vous », pour le salut de tous les hommes pécheurs représentés ici par ces « bergers » considérés autrefois comme des voleurs… Et c’est bien à eux que les Anges transmettent la Bonne Nouvelle : « Voici que je vous annonce une grande joie qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur ! Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime », à tous les hommes qu’il aime et qu’il appelle à la conversion et au salut (Lc 5,31 ; 1Tm 2,3-6) !                            DJF

 




4ième Dimanche de l’Avent – par Francis COUSIN

L’évangile de ce jour est celui de l’Annonciation, et ce soir même, nous fêterons Noël !

Quel raccourci ! Même si pour Dieu, « Mille ans sont comme un jour », le télescopage de ces deux jours habituellement séparés de neuf mois est surprenant. Mais les deux faits sont tellement liés : La naissance visible de Jésus est à Noël, mais sa conception, sa véritable naissance, là où le Verbe se fait chair, date de l’Annonciation. Comme pour tous les enfants.

Le jour de l’Annonciation, « quand les temps furent accomplis » (Ga 4,4), Dieu envoya l’ange Gabriel à Nazareth. Ce que tous les juifs attendaient allaient se réaliser : Le Messie vient sur terre.

L’initiative vient de Dieu, comme toujours dans l’histoire du Salut pour réparer les fautes des hommes. L’amour de Dieu pour son peuple, pour l’humanité toute entière, est tellement grand qu’il veut permettre que tous participent à sa vie auprès de lui, qui n’est qu’Amour.

Et ce ne sera pas un autre prophète qu’il va envoyer à son peuple. « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur » (Is 11,1-2), mais ce ne sera pas non plus un roi terrestre, « ma royauté n’est pas de ce monde. » (Jn 18,36). Ce sera son propre Fils.

Si on regarde le texte de l’évangile, on sera surpris par la longueur des temps de parole de l’ange Gabriel, que l’on comprend bien vue l’importance de l’annonce qui est faite, comparée aux réponses de Marie. Des réponses courtes, ciblées, ne disant que l’essentiel de ce qu’elle ressent, empruntes de respect, d’humilité, de sentiment de petitesse devant la grandeur et la responsabilité de ce qui lui est proposé.

Encore que … ! Si on lit bien le texte, il ne s’agit pas d’une proposition, mais d’une série d’affirmations : « Tu as trouvé grâce … tu vas concevoir et enfanter … tu lui donneras … ».

Si on considère que Marie avait été consacrée à Dieu, et qu’elle avait fait vœu de chasteté (voir le Protévangile de Jacques et l’évangile du Pseudo-Matthieu), à part le bouleversement de cette annonce soudaine et inattendue, cela répondait en quelque sorte à sa volonté de se mettre au service du Seigneur. Mais pas comme elle s’y attendait, d’où sa réponse : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? ».

Bien sûr, elle avait été promise à Joseph, mais pour le moment son enfant serait considéré comme le fruit d’une relation adultérine, ce qui l’exposait à la répudiation de la part de Joseph et à la lapidation à la porte de la ville de la part du peuple. On peut comprendre l’affolement de Marie.

« Sois sans crainte ! » répond l’ange, « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu ». Un futur qui n’en est pas vraiment un, et qui n’attend que la réponse de Marie.

Enfin, elle connaît ce pour quoi elle s’était préparé depuis quelques années. Elle a la réponse à ses questions. Et malgré l’importance de la tâche qui lui est confiée (on pourrait dire l’énormité), elle est heureuse que Dieu lui confie cette responsabilité malgré les risques qu’elle prend.

« Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. ». C’est la Foi en Dieu qui guide Marie. Et aussitôt, Jésus vient en elle : « Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous » (Jn 1,14).

Jésus, Fils de Dieu, Dieu, vient chez nous comme un petit enfant, comme un homme comme tous les hommes, dans une famille, avec Marie sa mère et Joseph qui accepte de prendre Marie chez lui.

La beauté de l’Annonciation, et son importance pour tous les chrétiens, et les autres, doit nous faire avoir une dévotion particulière pour cet événement, et il serait bon de reprendre cette habitude, que certains pourraient considérer comme vieillotte, de réciter l’angélus, sinon trois fois par jour (à 6h, 12h et 18h), ne serait-ce qu’une fois par jour. Même si ce n’est pas à la ’’bonne heure’’. On peut très bien le réciter en travaillant, en voiture, voire dans son lit.

Et que cette réponse de Marie à l’ange Gabriel nous engage, chacun, à accepter les engagements que le Seigneur nous demande, d’une manière ou d’une autre, pour que « sa volonté soit faite », répondant ainsi à la demande de Marie « Faites tout ce qu’il vous dira », avec humilité, générosité et persévérance.

Et si c’est pour Dieu, rappelons-nous les mots de l’ange Gabriel : « Sois sans crainte ! »

 

Seigneur Dieu, permet que nous te répondions comme l’a fait Marie à l’ange Gabriel :

« Qu’il me soit fait selon ta parole »,

quelques soient les difficultés qui risquent de se poser,

que nous soyons sans crainte,

« car rien n’est impossible à Dieu ».

 

Francis Cousin




4ième Dimanche de l’Avent – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Lectures : Lc 1, 26-38

 

« L’ange entre chez elle ».

Frères et sœurs, dans la Bible, les anges sont assez mal élevés. Contrairement à ce qu’on pourrait croire ils ne respectent absolument pas les codes de politesse des hommes. Quand ils apparaissent, ils ne prennent aucune précaution, et généralement ceux qui bénéficient de leur apparition prennent peur. La vierge Marie ne fait pas exception. La nuit, ils réveillent les bergers, ce n’est pas très sympathique de réveiller les gens dans leur sommeil, surtout une nuit de Noël, surtout les bergers qui ont beaucoup travaillé la veille. Ici l’ange ne frappe pas à la porte, il transgresse tous les codes, et cette arrivée de l’ange se fait par effraction. Il y a une sorte de violence dans la scène qui est simplement évoquée par le fait que l’ange arrive sans crier gare.

Vous avez remarqué, surtout sur le tableau de Fra Angelico, les peintres en général ont tout fait pour atténuer cette dimension de violence et de force. Ici, par exemple il est clair que la vierge Marie est sous un patio, chez elle, c’est la petite cellule qui est derrière elle dont on voit un petit fenestron qui donne sur le jardin, et l’ange se tient tout de même à une distance respectueuse comme si l’un et l’autre étaient séparés par l’espace des deux arches. Tous les deux ont des poses très calmes, mais derrière cela, il y a quand même l’effraction de l’ange dans la vie privée de Marie. On pourrait trouver que c’est normal pour l’ange, il faut bien qu’il trouve le moyen d’entrer, cela fait partie de la manière de raconter l’événement. Mais habituellement on ne dit pas que les anges entrent, on dit qu’ils apparaissent. Il n’y a pas ce côté un peu de coup de force. D’ailleurs, Gabriel n’est pas un nom comme chérubin, ce n’est pas un nom d’ange un peu douceâtre. Gabriel veut dire littéralement « quelqu’un comme Dieu », c’est le côté fort, puissant, sûr de lui qui entre dans la vie de cette jeune fille d’Israël. L’ange de l’Annonciation est tout sauf un être efféminé, c’est celui qui représente vraiment la force puissante de Dieu, de l’intervention un peu violente de Dieu.

Dans l’Annonciation, même si nous avons fait beaucoup de choses pour atténuer le côté un peu brutal de l’affaire, il y a un petit côté « choc des cultures ». Il s’agit là vraiment, dans cet événement capital et grave, du passage d’un monde à l’autre. On peut donc dire choc des cultures, non pas au sens de ceux cultures humaines qui s’affrontent, mais deux mondes qui s’affrontent. C’est pour cela que c’est un ange, celui qui est du monde céleste, qui vient annoncer ce chamboulement définitif. L’ange vient dire à Marie : tu vas devenir mère d’un fils. Comme nouvelle pour une jeune fille, surtout qui est fiancée, on ne peut pas dire que ce soit un cadeau. Marie dans sa répartie est assez habile, elle dit : comment cela se fera-t-il ? Je ne connais pas d’homme. Joseph est là en promesse, mais rien n’est décidé. Cette réponse peut vouloir dire : pour ce qui concerne l’enfant, il faudrait étudier cela de plus près. Il y a une réticence de la part de Marie, une sorte de peur qui la bouleverse, et ensuite la question. Est-ce que l’ange se rend compte du côté incongru de sa demande?

L’Annonciation serait un peu le prototype de ce qui est la base du salut. Surtout dans le monde moderne, nous imaginons que le salut se passe en douceur. Nous imaginons que la foi est une sorte de simple supplément de qualité esthétique, spirituelle, humaine, par rapport à ce qu’on a vécu. Or, ce n’est pas simplement un plus. Il y a comme une sorte de brisure, de rupture, qui et d’autant plus complexe que Marie a été comme préparée à cela. Lorsque l’ange la salue, il lui dit ce qu’on traduit habituellement par « comblée de grâce », cela veut dire : « toi qui a déjà été radicalement transformée par la grâce ». Le mot grec qui est utilisé là signifie le résultat d’un acte, d’une transformation antérieure. Ce n’est pas « tu as beaucoup de chance, réjouis-toi Marie, tu es privilégiée, tu vas devenir mère du Sauveur ». Non, l’ange lui dit : « tu es déjà préparée à cet événement ». Et malgré tout cela, cette annonce reste un choc, quelque chose de surprenant. Marie est déjà préparée à cela, elle est comblée de grâce, elle a déjà été transformée mystérieusement par la grâce. Elle représente à ce moment-là, elle seule, en sa personne, la fine pointe de l’humanité en tant qu’elle est capable d’accueillir la venue de Dieu. Il y avait un seul individu d’exception, une jeune femme, Marie qui était prête à accueillir le salut et qui avait été préparée pour cela. C’est ce qu’on dira plus tard en proclamant le dogme de l’Immaculée Conception. Ici, c’est très clair que l’ange ne dit pas simplement : tu as de la chance, mais tu as été transformée pour cela, tu es faite pour accueillir le salut la première, tu es la fine pointe du peuple d’Israël, de toute l’humanité, et à travers ce que tu es maintenant, tu as les moyens de dire oui au projet de Dieu. Il faut que ce qui lui a été donné, ce qui la constitue comme pleine de grâce, c’est-à-dire capable d’accueillir le salut, il faut encore que ce soit ratifié par une sorte d’arrachement à elle-même pour qu’elle puisse dire : « oui, j’accueille cet enfant, cette vie qui m’est donnée de Dieu ».

Que s’est-il passé dans le cœur de Marie ? Ce n’est pas la peine d’appliquer des catégories psychologiques, d’essayer de transposer de façon imaginative, et je crois que les peintres ont essayé de dire quelque chose à travers leur peinture, mais ce serait dangereux de vouloir aller plus loin. Ce qui est sûr, c’est qu’au moment même de l’Annonciation, c’est pour cela qu’on insiste toujours sur la foi de Marie, ce qu’elle a accepté à ce moment précis, elle ne pouvait l’accepter qu’en se faisant violence pour dire « oui » à ce projet, et en acceptant que ce projet la dépasse complètement. En même temps qu’elle était préparée pour être celle qui accueille le salut, il fallait que dans un acte de liberté qui dépassait tout son pouvoir, qu’elle accepte fondamentalement de devenir la mère de Dieu. Elle était préparée par la grâce, elle ne pouvait l’accepter que par la grâce qui en elle faisait une sorte d’œuvre de violence pour lui permettre d’être à la hauteur de l’accueil de son Fils.

 

Ce texte n’est pas un texte très calme. On a toujours voulu y voir une sorte d’intimité très douce, feutrée, très féminine. En réalité, c’est le premier moment où l’univers bascule dans une dimension nouvelle. C’est l’Annonciation, ce moment où notre monde, notre vieux monde marqué par le péché, incapable par lui-même de se sauver, est en train par l’acceptation de la vierge Marie, par l’Incarnation du Fils de Dieu, est en train de basculer dans une dimension nouvelle. L’Annonciation c’est le début d’une situation de crise, et nous savons ce que c’est aujourd’hui. Devant une situation de cris, il y a deux attitudes : le repli frileux sur soi, et il y a le fait de faire face à la crise. Aujourd’hui, à travers le mystère de l’Annonciation, à cause du destin spirituel de chacun d’entre nous, nous sommes invités à voir comment nous pouvons entrer dans cette situation de « crise » dans laquelle Dieu nous fait passer du vieux monde dans lequel on est pris, qui est en train de se fissurer et de craqueler, et de nous faire entrer dans un monde nouveau.

Si Marie est la première des croyants, c’est parce qu’elle a vécu cela. Elle a vécu l’enfantement du Fils de Dieu comme un véritable combat par rapport à elle-même, l’acceptation du dessein de Dieu sur elle et le fait d’être conduite au-delà de tout ce qu’elle pouvait imaginer, de tout ce que son désir pouvait attendre, et de tout ce que sa foi pouvait lui représenter. C’est la même chose maintenant pour chacun d’entre nous, et quand on fête Noël, on fête le moment où cette irruption du salut de Dieu nous entraîne dans un mouvement, dans un monde nouveau à travers une sorte de crise intérieure, et c’est normal, mais c’est le prix que doit payer notre liberté pour entrer dans ce monde nouveau. Amen.

 




Retraite à la Paroisse de Ste Clotilde : « C’est au bout de trois jours qu’ils le retrouvèrent » (Lc 2,46).

Juste après les fêtes de Noël, le Père Jean François LACO vous invite à une retraite dans  sa Paroisse de Ste Clotilde. Vous avez tous les renseignements sur l’affiche ci-jointe : il suffit de cliquer sur le titre ci-après :

Enseignement retraite fin 2017

En vous souhaitant, à tous, un Joyeux Noël !

 

 




Repas de fin d’année pour le groupe « Accompagnement des Familles en Deuil »

Samedi 9 décembre, les inscrits au parcours FAC « Accompagnement des familles en deuil » se sont retrouvés au Carmel des Avirons (où ils se réunissaient une fois par mois) pour un repas partage… Noéline Fournier, qui a animé ces rencontres, leur a préparé une belle table…

Puis, lorsque tout le monde est arrivé, il y eut un petit temps d’échange.

Puis vint celui de l’apéritif et du repas…

Nous avons trinqué…

… et bien mangé…

Puis, le groupe a vécu un temps de rencontre avec les soeurs du Carmel…

Et la journée s’est conclu par un nouveau temps d’échanges, suivi du partage d’un bon gâteau à l’occasion de l’anniversaire d’une participante…

Joyeux Noël à tous, avec une pensée toute particulière pour celles et ceux qui luttent sur un lit d’hôpital ou pour les familles qui, en ces jours de fête, pleurent la disparition d’un proche. A nous tous, le Seigneur nous lance jour après jour cet appel : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes » (Mt 11,30). Oui, « béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toute nos souffrances » (2Co 1,3), nous laissant ainsi pressentir, au plus profond de nos coeurs, ce qu’il fera quand il nous accueillera dans sa Maison :  » Je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle – car le premier ciel et la première terre ont disparu, et de mer, il n’y en a plus. Et je vis la Cité sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu; elle s’est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux.J’entendis alors une voix clamer, du trône : Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il aura sa demeure avec eux; ils seront son peuple, et lui, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu.Il essuiera toute larme de leurs yeux : de mort, il n’y en aura plus; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé » (Ap 21,1-4).

Dans cette espérance, nous pouvons nous souhaiter les uns aux autres un « Joyeux Noël »…




Rencontre des étudiants en Grec

Mardi 12 décembre au soir, les étudiants en grec de 1° et de 2° année (la langue dans laquelle le Nouveau Testament a été écrit) se sont tous retrouvés chez leur professeur Joëlle Gaud pour un dîner de fin d’année…

Nous avons commencé par un bon apéritif, avec quantités de petits fours, samoussas, etc…

Puis, nous nous sommes tous retrouvés autour d’une grande table, sur la terrasse…

L’ambiance fut très chaleureuse, très fraternelle, et nul doute que la bonne bouteille de vin grec « Kourtaki » ouverte par Roger, le mari de Joëlle, y fut pour quelque chose… Il faut dire qu’il l’avait sélectionnée et goûtée avec soin…

Pour l’année 2018, l’introduction au grec du Nouveau Testament (1° année) sera assuré par Maïa Fauché, et les deux années d’approfondissement (2° et 3° année) par Joëlle Gaud… L’annonce de ce programme fut accueilli avec joie, notamment par Roger : preuve à l’appui…

Et nous nous sommes tous souhaités un Joyeux Noël, avec comme seul mot d’ordre, peint par Joëlle, et qui présidait notre table : « Réjouis-toi ! »

Joyeux Noël donc à vous tous, Paix et Joie ! Le Christ est venu pour cela : « Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix… Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète » (Jn 14,27; 15,11). Nul doute que l’apprentissage du Grec du Nouveau Testament est un chemin de joie…