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3ième Dimanche de l’Avent par Francis Cousin

Dimanche 17 décembre 2017 –  3° dimanche de l’Avent – Année B

 

Première lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 5,16-24

 

« N’éteignez pas l’Esprit ! »

 

Quelle richesse dans tous les textes de ce dimanche. Et ce qui frappe en premier, c’est le thème de la joie qui avait donné son nom à ce dimanche, avant le concile Vatican II, le dimanche de “Gaudete“ d’après le premier mot de l’introït, la prière d’ouverture : « Réjouissez-vous ! ».

Dans la première lecture, le prophète Isaïe déclare : « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu.».

Le cantique, qui remplace le psaume, est le début du Magnificat : « Mon âme exalte le Seigneur »

Dans la deuxième lecture, saint Paul proclame : « Frères, soyez toujours dans la joie … »

Dans l’Évangile : Tiens, on ne parle par de joie ! Sans doute parce que tout l’Évangile, la Bonne Nouvelle apportée par Jésus, ne peut être que joie. Et ce n’est pas le pape François qui dira le contraire, lui qui a écrit l’exhortation  apostolique “ Evangelii gaudium“, la joie de l’Évangile.

Mais il y a un autre point commun à tous ces textes : tous les auteurs de ces textes ou ceux dont on parle sont des personnes dont la rencontre avec Dieu a changé la vie, les a remplis de joie, pas une joie superficielle qui pousse à rire, à faire le mariole, mais une joie qui se niche dans le fond du cœur, une joie intérieure, qui ne fait pas de bruit, mais qui déborde de ce cœur pour pousser à l’action, qui elle, fera du bruit, non pas du fait de l’auteur mais à cause des conséquences que cette action aura. Une joie dont l’origine est la découverte qu’ils sont aimés de Dieu, malgré leurs faiblesses ou leurs oppositions, malgré leur petitesse. Que Dieu a un dessein pour eux, et qu’ils l’acceptent par amour de Dieu en réponse à son amour.

Que la joie soit une conséquence de l’amour, et surtout d’un amour réciproque, ne surprendra personne, car c’est ce qui se passe entre les humains, entre époux et épouse, entre amis ou amies. Mais c’est sans doute plus difficile à réaliser entre un humain et Dieu.

Sans doute par ce que, bien souvent, nous ne nous rendons pas compte à quel point Dieu nous aime. Dieu n’est qu’amour, et il n’a de cesse que de partager cet amour. D’abord entre les trois personnes de la Sainte Trinité. Et puis avec toute la création, et surtout avec les humains qu’il a créés « à son image et ressemblance », insufflant son Esprit en nous.

Cet amour partagé de Dieu, Jésus a voulu qu’il soit étendu à tous les humains : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés » grâce à l’action de l’Esprit.

Aussi, dans les conseils que Paul donne aux Thessaloniciens, qui sont tous importants, il en est un qui est essentiel : « N’éteignez pas l’Esprit ». Parce que sinon, il n’y a plus d’amour, d’amour vrai, d’amour agapè.

Il n’y a plus d’Évangile vécu.

Et si le pape François a mis en garde les prêtres pour qu’ils ne deviennent pas des mondains, des gens du monde, on peut étendre cette mise en garde à tous les chrétiens, tous les baptisés. Car un chrétien sans amour, amour vrai, profond, intérieur, ne peut être un vrai chrétien, ne peut être dans la joie, ne peut être dans la relation d’amour avec Dieu.

« N’éteignez par l’Esprit », afin « que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ. ».

Seigneur Dieu,

l’amour que tu mets dans notre cœur

nous pousse à t’aimer

et à aimer aussi tous nos frères humains.

Mais garde-nous d’oublier ton Esprit Saint,

sinon le Malin mettra les ténèbres dans notre cœur.

Francis Cousin                     

 

 

                                    

                 

              

Pour accéder à une prière illustrée, cliquer sur le titre suivant : Prière dim avent B 3° A6

Si vous désirez une illustration du texte d’évangile commenté ce jour cliquer sur le lien suivant :  Parole d’évangile semaine 17-51




3ième Dimanche de l’Avent – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

 

Lectures : Is 61, 1-2.10-11 ; 1 Th 5, 16-24 ; Jn 1, 6-8.19-28

 

 

« Qui es-tu donc ? » Je suis la voix, la voix qui crie dans le désert : « Préparez les chemins du Seigneur, aplanissez ses sentiers ! » C’est cette parole de l’Écriture que le chemin, le sentier de Dieu, Jean-Baptiste, a choisi pour dire qui il était à ceux qui l’interrogeaient. Peut-être que, pour en comprendre tout le sens, nous devons essayer de restituer cette parole du prophète Isaïe dans le contexte même où elle est née. En effet, je crains qu’en entendant cette parole nous n’ayons ce réflexe de nous dire qu’après tout, ce que le précurseur nous demande, c’est une sorte de préparation. Il faudrait que nous fassions un chemin, il faudrait que nous fassions la place à Dieu, comme si Dieu avait besoin d’une sorte de préparation, de préliminaires de la part de l’homme pour pouvoir intervenir dans sa propre vie.

Or, cet oracle du prophète Isaïe a été prononcé dans des circonstances très précises. C’est au moment où le peuple est en exil à Babylone, et l’exil, ça a été tout d’abord pour le peuple d’Israël un chemin de captivité, de souffrance et de marche très dure. Pour ce peuple qui vivait dans un pays très montagneux, les chemins étaient des sentiers qui reliaient entre elles les villes, les petites bourgades de Judée et de Samarie. Et voici qu’un jour, arraché à son propre pays, ce peuple, conduit par des soldats, par des gardiens, a dû s’avancer sur les routes d’un immense empire ; des routes qui n’étaient plus simplement des pistes caravanières, mais de grands itinéraires militaires de l’empire assyrien qui venait de l’assaillir, de l’envahir.

Tout à coup, Israël a fait l’expérience d’un chemin qui dépassait infiniment ce qu’il pouvait se représenter et imaginer. Et, dans Babylone même, c’étaient ces grandes voies, ces grandes artères dans lesquelles on faisait des processions religieuses d’un très grand éclat, d’une très grande magnificence, au cours desquelles on promenait la statue du dieu. Pour Israël, cette expérience du chemin, de la route, était une expérience beaucoup plus grandiose et en même temps cruelle, car ces routes qui n’en finissaient pas de se dérouler à travers le désert, avaient été pour Israël, les routes de la souffrance, de l’exil, de l’expiation de son propre péché, de sa propre douleur, du fait que le peuple était déraciné, déporté, malheureux, mis à mort.

Voici qu’au milieu de cette souffrance et de ce dénuement d’Israël, une voix s’élève. C’est la voix d’un prophète, d’un frère qui console le peuple. Cette voix crie : « Dans le désert, maintenant, préparez un chemin au Seigneur ! » Ces chemins sont tellement grands que le peuple lui-même ne pense pas à les préparer de ses propres forces. « Préparez un chemin, frayez une voie pour votre Dieu », un chemin qui passera tout droit, par-dessus les montagnes et les aplanira, les nivellera, car maintenant ce ne sont plus les statues des dieux païens qui vont s’y promener, mais c’est Dieu Lui-même, le Dieu d’Israël qui va y passer.

Cette voix crie dans le désert. Il semble que c’est dans le désert que Dieu va passer. C’est dans ce désert et dans cet abandon que Dieu va passer au milieu de son peuple. Et le prophète réveille le cœur de ces hommes abattus, en exil, de ces hommes aux prises avec leur misère et leur dénuement, en leur disant : cette expérience du chemin que vous avez suivi de Jérusalem jusqu’ici à Babylone, dans la souffrance, dans des entraves et des fers, c’est l’expérience du chemin que vous avez vécue ici en voyant les grandes processions de ces dieux païens, de ces idoles. Maintenant, voici que, sur ce même chemin de péché, de misère et de détresse de ce peuple, c’est Dieu qui va passer et ouvrir la route. Pour dire cela, il n’y a pas de mots, pas de parole compréhensible, il n’y a qu’une voix, celle du prophète Isaïe, qui crie simplement, parce que ce qui se passe est indicible : avoir vécu un chemin, avoir marché sur le chemin dans la détresse, dans le désespoir, en pensant que tout était fini, et refaire le même chemin en sens inverse, dès maintenant, à la suite d’un Dieu qui ouvre le chemin Lui-même, à la suite d’un Dieu qui marche au devant de son peuple et qui l’entraîne, qui le reprend et qui le console, qui le reconduit dans Jérusalem là où tout avait été pillé, dévasté.

Il n’y a qu’une voix pour dire cela et c’est la voix du prophète. C’est cela qu’il veut dire : Dieu agit et Il veut que ce soit un « veilleur », un crieur public qui proclame, qui attire l’attention des hommes, qui leur dise : attention, voici quelque chose d’extraordinaire qui se passe, le chemin de votre détresse, le chemin de votre misère, ce chemin, c’est Dieu Lui-même, en personne, qui l’emprunte et qui vient parmi vous pour vous sauver.

Nous sommes dans un temps d’Avent, de conversion et le précurseur, Jean-Baptiste est la figure de cet homme, de cette voix qui crie simplement les merveilles de Dieu. Je voudrais faire appel à une expérience que vous avez tous plus ou moins faite. C’est l’expérience de cet abandon, de ce silence que nous sentons de temps à autre, régulièrement dans notre cœur, lorsque nous revenons en nous-mêmes, sur nos propres péchés. Au fond, lorsque nous nous regardons, lorsque nous regardons ce chemin de notre vie, nous sommes souvent extrêmement déçus et très désemparés, et nous avons toujours une tentation, celle de nous dire que sur ce chemin, nous n’avançons jamais, nous piétinons. Nous avons beau faire des efforts, nous avons beau nous dire que sur tel et tel point il faut faire un pas, nous sentons fort bien que sur ce chemin de notre vie, nous sommes comme le peuple en exil ; nous marchons, mais nous marchons courbés, écrasés de peine et de chaleur, et au fond, nous ne marchons qu’à coups de trique, qui sont les événements de la vie et qui nous forcent à faire un pas et encore un autre. C’est le chemin de notre péché, de notre solitude. Il n’est pas étonnant que livrés seuls, abandonnés sur ce chemin, nous ayons l’impression de piétiner et de faire du sur place.

Pourtant, ce que Dieu vient nous dire par la voix de Jean-Baptiste et par celle de son prophète Isaïe, c’est que tant que nous ne considérons que ce chemin et nul autre, tant que nous pensons que c’est à nous d’avancer et de faire un pas puis encore un pas, nous serons toujours livrés à une très grande solitude et à notre grand abandon. Tant que nous n’aurons pas compris que ce chemin de péché, de détresse et d’abandon, est précisément ce chemin-là que Dieu vient emprunter et découvrir en nous, ce chemin par lequel Il veut se frayer un nouveau passage jusqu’à nous, tant que nous n’aurons pas saisi cela, nous serons toujours en proie à cette tentation de désespoir, d’abandon et de solitude. Ce qui est extraordinaire, c’est que Dieu ait choisi de venir marcher sur ces chemins qu’Il se fraye Lui-même dans notre cœur, ces chemins par lesquels Il marche dans le désert de nos solitudes et de nos abandons. La plus grande tentation de notre vie chrétienne est de ne pas voir que c’est Dieu qui nous fait avancer et qu’Il marche sur un très grand chemin, une voie qui a aplani toutes les montagnes. Et lorsque nous comparons nos modestes pas à ses grandes enjambées, nous ne sommes pas dignes ni capables de dénouer la courroie de ses sandales, nous ne pouvons pas marcher au rythme de Dieu et nous avons tendance à nous désespérer et à nous dire que nous n’y arriverons jamais. C’est là, peut-être, la tentation la plus subtile de notre vie de conversion : croire que nous ne ferons jamais vraiment ce pas qui nous donnerait la satisfaction de nous dire que nous avons avancé.

Si nous constations que nous avançons, ce serait le fruit de notre péché, car, à ce moment-là, cela voudrait dire que nous avons pris comme mesure, non le pas de Dieu qui avance à nos côtés, mais nos propres actions et nos propres désirs : ce serait d’une certaine manière le commencement de la fin. Si nous avions l’impression que nous avançons, que nous progressons, et que, peu à peu, nous acquérons ce progrès spirituel dont nous pourrions être très fier, c’est alors que nous nous ferions une illusion terrible et qu’au lieu de nous convertir en nous tournant vers Dieu, nous ne ferions que nous retourner sur nous-mêmes et nous enfermer un peu plus dans notre péché. Marcher à la suite de Dieu n’est pas facile. Mais, au moins, qu’en marchant à la suite de Dieu, nous ne nous laissions pas ronger par cette illusion que nous n’avançons pas, que nous ne pouvons jamais faire de progrès. En réalité, c’est la vérité de la mise en route. C’est parce que Dieu est là sur notre chemin, qu’Il marche à nos côtés, que nous éprouvons effectivement cette difficulté à avancer. Mais c’est là une épreuve de vérité, car si Dieu nous fait marcher à son propre pas, si Dieu nous fait marcher dans cet infini et cet absolu de son amour, il n’est pas étonnant que nous ne soyons pas pleinement convertis. Amen.

 




Audience Générale du Mercredi 6 décembre 2017

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 6 décembre 2017


Frères et sœurs, je remercie le Seigneur pour mon Voyage apostolique au Myanmar et au Bangladesh. Au Myanmar, j’ai voulu exprimer la proximité du Christ et de l’Église à un peuple qui a souffert et qui chemine vers la liberté et la paix. Un peuple majoritairement bouddhiste où les chrétiens sont un petit troupeau, levain du Royaume de Dieu. A l’occasion de la Messe avec les jeunes, j’ai vu sur leurs visages l’avenir de l’Asie : celui des semeurs de fraternité. Au Conseil Supérieur des moines bouddhistes, j’ai exprimé ma confiance pour que chrétiens et bouddhistes puissent aider les personnes à aimer Dieu et leur prochain, en rejetant toute violence et en s’opposant au mal par le bien. Au Bangladesh, j’ai fait un pas de plus en faveur du dialogue entre le christianisme et l’islam, en rappelant l’exigence du peuple bengalais qui a voulu que la liberté religieuse soit toujours protégée. Et j’ai manifesté ma solidarité au Bangladesh dans son engagement à secourir les réfugiés Rohingya. Avec l’ordination de seize prêtres, j’ai rendu grâce à Dieu pour les vocations qui naissent dans des communautés vivantes. Et, à Dacca, j’ai souligné l’importance de l’ouverture du cœur comme fondement d’une culture de la rencontre, de l’harmonie et de la paix. Comme un signe d’espérance pour le Bangladesh, pour l’Asie et pour le monde, la dernière rencontre avec les jeunes en a aussi témoigné.

Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France et de divers pays francophones, en particulier la délégation de la Lorraine, ainsi que celle du scoutisme catholique. En ce temps de l’Avent, que le Seigneur nous aide, ainsi que les peuples du Myanmar et du Bangladesh, à ouvrir nos cœurs pour l’aimer et aimer notre prochain. Que Dieu vous bénisse !

 




Conclusion du Cycle Long et du Parcours St Pierre 2017

Dimanche 3 décembre, nous étions environ 250 à nous rassembler au Collège St Michel à St Denis pour faire le bilan de ce que nous avons vécu cette année. Etaient présents les six groupes Cycle Long de l’île et les deux groupes Parcours St Pierre, du moins ceux qui, en cette fin d’année toujours très chargée, ont pu se libérer… La route du littoral ne nous a pas non plus aidés, car elle était fermée de 6h 30 à 13h 30 pour travaux… Certains étaient donc là très tôt, et avec l’équipe de service, nous étions là nous aussi pour leur offrir un bon café…

Nous nous sommes rassemblés ensuite dans la grande salle d’étude pour prier les Laudes, puis, nous sommes redescendus dans le hall d’entrée du collège pour prendre un bon petit déjeuner… Un grand merci au boulanger de St Benoît qui nous a offerts 500 viennoiseries et quarante baguettes…

Puis chaque groupe était invité à se rassembler pour faire le bilan d’année, en notant trois points qu’ils ont bien aimés, et trois points que l’on pourrait améliorer… L’échange fut très enrichissant, notamment pour les Parcours St Pierre dont c’était le premier bilan…

Après la remontée des carrefours, nous avons vécu un temps de questions libres avec Claude Won Fah Hin, temps très animé et riche des interventions des uns et des autres… Une certitude : à renouveler…

Puis, sommes allés dans la toute nouvelle salle de restauration du collège où nous avons mis en commun tout ce que nous avions apporté.

L’après midi, nous avons partagé les cadeaux apportés par chacun. L’équipe leur avait attribué à chacun un numéro, et nous avons ensuite tiré au sort…

Nous avons poursuivi ce temps de partage et de fête par la célébration de l’Eucharistie, dédiée toute particulièrement cette année à Georgette Marsan, membre de l’équipe de service Cycle Long. Lors de la journée de formation du 19 août, à St Denis, elle fut victime d’un AVC alors qu’elle venait de terminer la prière des Laudes… Transportée en urgence au CHU de St Denis, elle fut ensuite transférée à St Pierre, où elle décéda… Le dimanche 30 juillet, nous venions de vivre ensemble une journée picnic à l’étang St Paul, avec toute l’équipe… Ce fut l’occasion de quelques photos, dont celle-ci :

Nous en avons fait un tirage sur papier, grand format… Brigitte Balmann qui s’est beaucoup occupé d’elle cette journée là portait le cadre lors de la procession d’entrée… Elle nous racontait qu’étendue, à l’hôpital, elle se préoccupait encore des torchons du Cycle Long qui étaient rangés à tel endroit et dont nous allions avoir besoin… Au picnic, elle nous disait qu’elle avait cherché pendant quinze ans sa place dans l’Eglise, et elle était toute heureuse de l’avoir trouvée au Sedifop… Elle qui devait prendre en main le groupe St Denis Samedi, elle a désormais, au Ciel, la responsabilité de toute l’équipe de service Cycle Long…

Et la journée s’est conclue par un partage d’un gâteau dans le grand hall d’entrée du collège, accompagné de toutes les « bouteilles à bulles » apportées par les participants… mais là… plus personne n’a pensé à prendre des photos…

Joyeux Noël à tous… et que le Seigneur nous garde à sa suite, en heureux témoins de son Amour et de sa Miséricorde… Pour ces souhaits « de bonne fête », et pour très bientôt de « bonne année 2018 », rien de tel que ces magnifiques bouquets confectionnés tout exprès pour notre journée par Yolande Lacaille et son équipe…

 

 




2ième Dimanche de l’Avent – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

 

Lectures : Is 40, 1-5.9-11 ; 2 P 3, 8-14 ; Mc 1, 1-8

 

« Consolez, consolez mon peuple, parlez au cœur de Jérusalem ». Nous célébrons, en ce deuxième dimanche de l’Avent, le mystère de notre enracinement dans l’histoire du salut, dans l’ancienne Alliance. C’est une fête de famille, la fête des ancêtres du Christ et par conséquent la fête de nos ancêtres. Nous célébrons ce dimanche avec saint Abraham, avec les saints patriarches, avec Moïse, avec David et avec tous les saints prophètes qui ont désiré voir le jour du Christ. « Ils l’ont vu, dit le Seigneur Jésus Lui-même, et ils se sont réjouis ».

C’est donc une fête de famille et je vous propose ce matin de méditer ensemble, quelques instants, sur une question qui pourra vous paraître oiseuse, mais pourtant très importante : Pourquoi le Seigneur a-t-Il voulu naître dans une famille humaine ? Pourquoi est-Il venu à la suite d’une longue histoire ? Cette question, des générations et des générations de chrétiens se la sont posée. Ils disaient : « Pourquoi le Seigneur est-Il venu si tard ? » En effet après cette énorme catastrophe du péché originel, on aurait pu imaginer que Dieu arrive tout de suite sur les lieux du désastre. Normalement quand on voit quelqu’un en grave danger, s’impose à nous le sens de l’urgence à lui porter secours. Or, on a l’impression que lorsque Dieu tire la leçon du péché originel et explique à Adam que, désormais, il lui faut travailler, Il se contente de donner une « bonne promesse », et qu’il faudra attendre très longtemps. Si encore Il avait tout de suite entrepris son plan de sauvetage ! Il a fait, pour ainsi dire, traîner l’affaire. Il a commencé avec Abraham, mais il a fallu des années de souffrance et de captivité en Egypte pour ensuite donner un pressentiment du salut véritable à travers la Pâque, l’Exode. Et puis, il a fallu conquérir la terre. Et ensuite Dieu a donné un roi qui était la figure prophétique du Messie. Il a fallu encore un exil : il a fallu que, d’une certaine manière, Israël soit anéanti. Israël avait perdu son autonomie politique, les structures théocratiques et royales de la monarchie, et même un véritable sacerdoce, et finalement, devant la détresse extrême et urgente, Dieu a fini par envoyer son Fils !

D’où la question : « Pourquoi si tard ? » Cette question n’est pas tout à fait hors de nos préoccupations d’hommes modernes. Aujourd’hui encore on se dit : « Le Seigneur est venu, le salut a été inauguré, c’est entendu : on y croit ». Mais en réalité, ce n’est pas si simple parce que le monde est un spectacle permanent de mal, de péchés et d’atrocités. Le Mal, le Prince de ce monde exerce encore un pouvoir réel sur ce monde, et à certains moments nous sommes brisés et déchirés et nous avons envie de dire à Dieu : « Tu as envoyé ton Fils. Le salut est acquis, la victoire est acquise. Mais en réalité, pourquoi le Fils ne viendrait-Il pas plus tôt que prévu ? Pourquoi n’est-Il pas là tout de suite ? Pourquoi la plénitude de la vie n’est-elle pas encore épanouie au cœur de notre existence ? »

Le fait de s’interroger sur la manière dont Dieu gère notre temps n’est pas une question tout à fait vaine. On pourrait même dire qu’être chrétien, c’est être comme ces prophètes et ces hommes d’Israël qui, obscurément, ont attendu la visite du Messie en criant : « Viens, Seigneur, déchire les cieux, viens ! Nous avons besoin que Tu sois parmi nous ». Un chrétien est un homme impatient de Dieu.

Alors pourquoi Dieu nous tient-Il en haleine comme cela ? J’ai une hypothèse à vous proposer. L’Ancien Testament est, me semble-t-il, le temps d’une grossesse. C’est le moment où Dieu a porté dans son sein son Enfant Bien-aimé Israël, et à travers Israël, Il portait en son sein Celui qui devait prendre définitivement figure humaine, Jésus le Christ venu dans notre chair, dans la chair d’Israël. Ce n’est pas moi qui invente cette image, c’est la Bible elle-même qui la donne : pour parler de l’amour de Dieu, elle utilise un mot qui désigne le sein maternel, les entrailles d’une mère, la matrice d’une mère. Dieu est un Etre dont l’amour pour les hommes vibre et résonne comme l’amour d’une mère pour son enfant. C’est quelque chose de prodigieux, car nous sommes tous bénéficiaires de cette première expérience. Dans ce temps de la gestation d’un enfant, à partir du moment même où l’embryon est formé, il se crée une communication et une communion permanentes entre l’enfant et sa mère. Et cette communion n’est pas d’ordre intellectuel, elle est à la fois affective, psychologique et charnelle. Une mère et son enfant dans son sein se comprennent charnellement. C’est à travers les soubresauts de l’enfant dans le sein de sa mère que la mère voit se transfigurer petit à petit son corps et son cœur de mère dans la tendresse, la joie d’être mère. Ainsi donc, dans ce temps mystérieux qui précède notre venue au monde se tissent et s’approfondissent déjà tous les éléments de nos futures relations humaines. Tout ce qui adviendra par la suite devra se greffer sur cette première communication vitale, à la fois psychologique, physiologique et spirituelle qui constitue le soubassement, les fondations humaines de notre être et de notre vie.

 Tel est, je crois, le sens de l’ancienne Alliance. Dieu, en laissant se former en Lui Israël, en laissant se former Israël dans son amour, le prépare tout à coup à une sorte d’accouchement. Le mystère de l’histoire de l’Ancien Testament, c’est la manière dont Dieu devient fécond d’une humanité nouvelle. Il la laisse grandir, pousser, germer, s’épanouir en son sein. Et Il la fait grandir en essayant d’établir et d’approfondir des liens de communion avec ce peuple qui, au début, est un seul homme, un seul germe, Abraham, et qui grandit à travers la multiplication des individus, comme il y a une multiplication cellulaire qui forme un homme depuis la conception jusqu’au moment où il devient un bébé pleinement formé et capable de quitter le sein de sa mère. Par le même procédé, Dieu forme un seul peuple, le peuple messianique, en le laissant mûrir à l’intérieur de son amour comme dans un sein maternel, ainsi la communication n’est pas d’abord purement intellectuelle. Dieu le fait vivre, lui communique sa vie, son sang, son amour dans une grande proximité et profondeur de communion : à travers le don de la vie qu’Il fait à Sara, à travers le don de la Loi qu’Il fait à Moïse pour tout le Peuple, à travers les prophéties messianiques qu’Il donne par les prophètes pour David et sa descendance, à travers les appels sans cesse renouvelés à la tendresse, à la miséricorde et à l’amour, Dieu façonne, Dieu crée, Dieu pétrit la chair d’Israël et en fait un peuple messianique. Tel est le sens de l’ancienne Alliance. Nous-mêmes, nous avons ou croyons avoir tellement « d’idées très hautes et très évoluées » que nous sommes choqués par l’attitude de ce peuple qui va conquérir la terre promise avec son épée et au prix du sang. Mais il ne s’agit pas de voir cela d’abord selon de purs préceptes moraux, il s’agit de voir comment Dieu est obligé d’enfanter, Dieu est obligé de laisser grandir dans le sein de son amour maternel ce peuple. Et pour cela il Lui faut protéger son peuple, comme une femme enceinte doit se protéger de l’influence de maladies qui pourraient gêner l’épanouissement de l’enfant qu’elle porte en son sein.

Mais arrive le moment, au bout de neuf mois l’enfant ne peut pas rester dans le sein de sa mère. Il se passe un événement terrible pour l’enfant et très éprouvant pour la mère, l’accouchement. C’est une rupture. Or lorsque le Christ vient, Il est le premier-né, le premier-né d’Israël, Celui qui ouvre le sein maternel pour qu’un peuple nouveau, transfiguré par Lui, puisse sortir du sein maternel qui était un peu comme une prison et qu’il puisse vivre au grand jour dans la liberté des enfants de Dieu.

La venue du Christ que nous allons bientôt fêter à Noël est le moment où commence l’accouchement d’un monde nouveau, accouchement qui commence non seulement lorsque la Vierge Marie met au monde son Enfant, mais qui continue, à travers le mystère de la mort, de la mise au tombeau d’où le Christ, à nouveau, comme d’un sein maternel, va jaillir, ressuscité au matin de sa Pâque. Il s’agit pour Dieu d’enfanter des cieux nouveaux et une terre nouvelle. C’est pourquoi nous vivons dans un temps difficile, dans ce moment où il s’agit de sortir d’un enfermement dans lequel on se sentait bien au chaud. Et quand un enfant se trouve dans le sein de sa mère, si on devait alors lui expliquer que dans quelques jours ou dans quelques heures, il lui faudra en sortir, je crois qu’il dirait : « Je me trouve très bien ici, il y fait bon, il y fait chaud, c’est tranquille et douillet, je n’ai absolument pas envie d’en sortir ! » Or, il faut sortir de cette condition première. Il faut que ce peuple de Dieu qui a été si douillettement et si profondément entretenu par cette communication vitale de la vie et de l’amour de Dieu, comme dans un sein maternel, passe par un véritable accouchement messianique.

Tel est le sens des chemins qu’il faut frayer, de la voix qui crie dans le désert : « Préparez un sentier ». Comme le petit enfant doit se frayer un chemin à travers le sein de sa mère pour arriver à la pleine autonomie de la vie filiale, il faut qu’Israël passe à travers l’épreuve douloureuse de la mort et de la résurrection. C’est pour ça que le Christ vient comme le premier-né, celui qui apprend à Israël à sortir de sa condition première pour arriver au plein épanouissement, à la pleine condition filiale, à vivre en vis-à-vis de Dieu dans la pleine autonomie et la pleine liberté que Dieu veut pour ses enfants. Cela est douloureux. Saint Pierre nous dit qu’il faut passer travers le feu.

Il ne faudrait pas croire que cet accouchement s’est passé simplement entre le temps où Jean-Baptiste a dit : « Préparez les chemins du Seigneur » et le moment où le Christ est mort et ressuscité. En réalité, ce monde dans lequel nous vivons n’en finit pas d’être accouché pour la véritable filiation. Comme l’a dit saint Paul : « Toute la création gémit dans les douleurs de l’enfantement ». Et c’est pour cela que nous vivons un monde si dur. A certains moments, nous souffrons comme une mère au moment du travail et de la mise au monde. Et nous sommes confrontés à de multiples dangers et difficultés, et nous avons peur d’avancer, nous manquons de foi.

Cependant, nous vivons ce temps de l’Avent et ce temps de l’attente pour entrer dans la vraie vie filiale. Et le Christ est là et nous dit : « Courage, toutes ces épreuves que vous vivez, tout ce temps difficile que vous traversez, tout ce temps de l’accouchement, c’est pour que vous parveniez à votre véritable condition d’enfants de Dieu ». Amen.




2ième Dimanche de l’Avent – Claude WON FAH HIN

 

2ème dimanche de l’Avent – Marc 1 1–8 – Année B

 

Le temps de l’Avent célèbre simultanément la venue du Christ à Bethléem, il y a deux mille ans, donc son incarnation, sa naissance et pour employer un langage populaire, c’est la préparation de Noël, et c’est aussi l’attente du second avènement, c’est-à-dire le retour du Christ à la fin des temps.  La plupart des gens d’aujourd’hui ne pense plus au retour du Christ, bien qu’il soit mentionné en de nombreux passages de la Bible. Et à l’époque de Pierre, des détracteurs commencent à décourager les fidèles en se moquant d’eux et en semant le doute, en accusant le Seigneur de retarder ce qu’il a promis, laissant ainsi entendre qu’en fin de compte, Il ne tiendra pas sa promesse. Or, pour Dieu, un jour est comme mille ans et mille ans est comme un jour. Cela signifie que Dieu peut présenter une chose comme très proche et parce que nous sommes dans le temps, nous allons comprendre que ce qu’il a promis cela va se faire assez rapidement, de notre vivant, alors que Dieu peut effectivement prendre son temps pour réaliser ce qu’Il a promis puisque, pour Dieu, un jour est comme mille ans. Lorsque pour nous c’est mille ans, pour Dieu c’est toujours « aujourd’hui ». Pour Dieu, il n’y a donc pas de retard dans l’accomplissement de ses promesses. Par contre ce qui est compris comme un retard chez les hommes n’est en réalité rien d’autre que la Miséricorde de Dieu. Puisque les hommes « ont la nuque raide », puisqu’ils continuent de se complaire dans le péché, qu’ils ne désirent pas au fond d’eux-mêmes se mettre véritablement à la suite de Dieu, Dieu retarde la seconde venue du Christ sur terre. A nos yeux, Dieu prend son temps pour le retour du Christ, non pas parce qu’il ne veut pas accomplir sa promesse mais parce qu’il attend que chacun de nous se convertisse (2P 3,9) : « il use de patience envers nous, voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir ». Le Seigneur dans sa grande miséricorde se montre patient envers nous. Il attend que nous soyons tous convertis afin que tous soient sauvés au moment de sa seconde venue sur terre. Mais comme personne ne connaît le moment du retour, il est sage de se convertir sérieusement et au plus vite. C’est dès maintenant qu’il faut se décider de changer afin de plaire au Christ et de faire sa volonté. Et ce qu’Il veut c’est que « nous aimons Dieu et notre prochain ». Et dans les deux cas, il s’agit de s’oublier soi-même et d’agir pour Dieu, pour la gloire de Dieu et en faveur du prochain. A chacun de voir comment il agit dans tout ce qu’il fait. Faire la volonté de Dieu, c’est-à-dire appliquer ses commandements d’amour doit être la première de nos préoccupations.

J’envoie mon messager en avant de toi pour préparer ta route. Jean Baptiste est ce messager qui prépare la route à la venue du Seigneur : « vient derrière moi Celui qui est plus fort que moi ». Et le lieu choisi n’est pas forcément là où il y a le plus de monde, c’est le désert. Il est la « voix de celui qui crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ». La signification spirituelle de la notion du « désert », ce sont les « moments de solitude dans la prière, de réflexion, de méditation, d’effort pour se désencombrer de l’inutile ». La rencontre du Seigneur se fait dans le désert, c’est-à-dire retiré du monde même si on se trouve au milieu du monde, dans la solitude de la prière, dans le secret de la méditation, dans l’étude persévérante de la parole de Dieu, dans le silence de la contemplation, dans la joie secrète de s’abandonner à Dieu et de se vider de sa propre volonté afin de lui laisser toute sa place dans notre cœur pour que sa divine volonté s’accomplisse en nous. « Se retirer du monde au milieu du monde », « solitude de la prière », « secret de la méditation », « silence de la contemplation », toutes ces expressions indiquent que le rencontre avec le Seigneur se fait intérieurement en nous, dans le secret du cœur, et non pas sur l’apparence extérieure de « nos » actions. C’est à l’intérieur de nous-mêmes que nous devons « aplanir une route pour notre Dieu », que nous devons raser la montagne d’orgueil et d’égoïsme qui sont en nous, bien aplanir au rouleau compresseur nos péchés, nos langues qui sèment la zizanie, comme le dit souvent notre Pape François, écraser nos ambitions personnelles pour faire grandir l’Eglise, le bien commun, au sein de chaque groupe, de chaque communauté ou de chaque paroisse. Il nous faut aussi combler toute vallée, combler nos ignorances en renforçant nos connaissances de Dieu (plus nous connaissons Dieu, plus nous l’aimerons parce qu’en Lui, il n’y a pas de défauts) et ainsi éloigner de nous toutes sortes de superstitions ou de mal croyance des vérités divines et de l’Eglise, accepter de sacrifier son orgueil pour plaire au Seigneur en lui laissant toute la place dans notre cœur. C’est notre cœur qu’il faut aplanir afin d’y faire une route pour le Seigneur. C’est notre cœur qu’il faut combler avec la connaissance des vérités divines et l’amour de Dieu et non pas avec des ambitions personnelles et secrètes. C’est notre cœur que nous devons surveiller, et non pas ceux des autres, afin de le purifier et garder un lien constant avec le Seigneur et ne jamais s’éloigner de Lui. Car c’est seulement lorsque nous arriverons à garder constamment le lien avec le Seigneur, c’est-à-dire l’amour de Dieu en nous, que nous pouvons sans dommage nous tourner vers les autres afin de partager avec eux l’amour reçu de Dieu en notre cœur. Sinon, nous sèmerons plus de dégâts chez les autres même si nous n’en avons pas toujours conscience. C’est pourquoi, c’est notre cœur qu’il faut travailler afin de le libérer des péchés, qu’il devienne une route bien aplanie et bien propre pour Dieu, pour qu’il puisse le recevoir plus facilement, pour qu’il devienne plus accessible à Dieu.

Une des grandes grâces reçues au désert, c’est de comprendre que l’homme dépend de Dieu, que sans Lui on ne peut rien faire et donc qu’il faut tout faire pour que l’on reste dans la grâce de Dieu. C’est tout l’enseignement de l’Eglise qui se résume à dire qu’il faut « rester dans l’amour du Christ », ce qui nous ramène au premier commandement : « Tu adoreras Dieu seul et tu l’aimeras plus que tout ». C’est pourquoi, Jean Baptiste proclame un baptême pour la rémission des péchés pour être purifié et cette purification nous justifie, nous aligne sur Dieu, nous remet dans l’amour de Dieu et donc nous remet en lien avec Dieu. Mais il ne suffit pas d’être purifié un jour, il faut désirer constamment, avec la grâce de Dieu, enlever le mal qui se trouve en chacun de nous – pas chez les autres –  et c’est par la prière qu’on le fait. Si vous voulez enlever le mal chez les autres, vous pouvez le faire mais avec la langue, mais avec la prière, le jeûne, les messes et les sacrements. Et ce qu’a fait Jean Baptiste. Il n’a pas passé son temps à critiquer les gens, à dénicher leurs défauts, mais leur a dit qu’il faut se convertir par le baptême. Bien sûr son baptême n’a pas la même valeur que le baptême enseigné par Jésus, il en est parfaitement conscient, quand il dit Mc 1,8 : « Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau, mais Lui vous baptisera avec l’Esprit Saint ». Jn3,3.5 : 3 Jésus lui répondit :  En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître de nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu.  5 … à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu ».

Naître d’eau et d’Esprit :

  • L’eau: On sait d’où elle vient et où elle va. L’eau ne va pas là où elle veut : elle suit les pentes et les ravines. C’est déjà insinuer que le baptême d’eau est forcément limité puisque l’eau ne va pas, par exemple, dans des lieux bien abrités sur les hauteurs. 

  • L’Esprit : Il est représenté par le souffle du vent et est totalement libre. L’esprit ne souffle pas que sur les eaux (Gn 1,2), il souffle où il veut. Autrement dit, l’action divine ne se limite pas seulement aux chrétiens, à ceux qui reçoivent les sacrements. L’Esprit de Dieu souffle aussi sur les non-chrétiens, les musulmans, les bouddhistes, les athées (parabole du Semeur), et sur tous ceux qui ne connaissent pas Dieu. Et Dieu veut que « tous les hommes soient sauvés» (1Tm 2 ,4). Le salut est donc offert à tous. Ep 2,8 : « Car c’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu ». Reste à savoir si chacun de nous veut être sauvé ou non.

  • En Jn 5,5-6, Jésus demande à une personne qui est infirme depuis trente-huit ans : « Veux-tu guérir ? ». A première vue, la question ne se pose pas, c’est l’évidence même qu’une personne malade même avec une simple toux voudrait guérir au plus vite. Mais cette question nous permet de comprendre que Jésus ne guérit pas de force sans l’avis des malades. Il veut notre coopération, notre accord. Il en est de même pour le salut. Dieu ne nous sauvera pas sans notre accord. Et notre accord implique nous appliquons les commandements de Dieu.

  • Des questions se posent alors et qui pourraient intéresser bon nombre de personnes :  

    • Ceux qui ne seront jamais baptisés, ceux qui ne connaîtront jamais le Christ, peuvent-ils être sauvés ?

      • Réponse : Oui !

    • Comment seront-ils sauvés ?

      • Réponse : encore par le baptême.

En fait, il y a « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ep 4,5). Un seul baptême, mais 3 formes de ce même baptême[1] :

  • Le baptême d’eau et d’Esprit: c’est le baptême rituel qu’on fait dans l’Eglise.

  • Le baptême de sang: le martyr. Ceux qui sont martyrisés en raison de la foi, sans avoir reçu le baptême, sont baptisés par leur mort violente pour et avec le Christ. C’est le baptême qu’a vécu Jésus dans sa Passion. C’est le type même du baptême : Jésus donne sa vie pour sauver les pécheurs. C’est le vrai baptême de Jésus différent de celui reçu de Jean Baptiste parce que mourir pour sauver une vie, c’est le sommet de l’amour.

  • Le baptême de désir.

  • Lumen Gentium § 16: …Ceux qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, eux aussi peuvent arriver au salut éternel [33]. À ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, non sans la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut.

  • Gaudium et Spes 22-5: C’est le baptême de sincérité. « Cela (= le salut) ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce [38]. En effet, puisque le Christ est mort pour tous [39] et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal ». Grâce au sacrifice unique du Christ, tous les êtres humains peuvent donc bénéficier de la Miséricorde de Dieu, à condition qu’ils se montrent de bonne volonté dans le cœur desquels agit la grâce divine.

Ainsi, tout homme qui, ignorant l’Evangile du Christ et son Eglise, cherche, malgré tout, la vérité (la lumière, la sagesse, la paix) avec l’aide de la grâce, et fait la volonté de Dieu, autant qu’il la connaît, peut être sauvé. C’est le baptême de l’Esprit seul qui souffle où il veut et inspire à qui il veut, un commencement de bonne volonté. Il atteint tous ceux qui ne refusent pas obstinément ce qui leur parvient de lumière. Prions avec Marie pour qu’aucun être humain ne refuse Dieu.

[1] « CROIRE » – « Vivre la Foi dans les sacrements » – Th. Rey-Mermet – Droguet & Ardent – P.66.

 




2ième Dimanche de l’Avent par Francis Cousin

Évangile selon Saint Marc 1, 1-8

 

« Préparez le chemin du Seigneur. »

 

Oui, mais quel chemin ? et pour quoi faire ?

Le chemin annoncé par le prophète Isaïe dans la première lecture …, celui qui, une fois arasé, comblé, redressé … doit permettre la venue du Seigneur : « Alors se révèlera la gloire du Seigneur » ?

Le chemin du temps de Jean-Baptiste, reprenant les paroles d’Isaïe ?

C’est plus récent, mais c’est encore loin pour nous. On n’a pas vraiment l’impression d’être concerné. C’est un moment historique, et souvent on le prend comme tel, comme quelque chose qui est éloignée de nous…

Mais c’est oublier que nous avons été baptisés. Pas le baptême “avec de l’eau“ dans le Jourdain, baptême de repentance, mais le baptême “dans l’Esprit Saint“ de celui qui vient après Jean-Baptiste et qui est “plus fort que lui“.

Et ce Jésus, annoncé par Jean-Baptiste à ses contemporains, est le même aujourd’hui qu’au temps de Jean-Baptiste, le Fils de Dieu incarné pour sauver tous les hommes. Mais si Jésus est le même, nous ne sommes pas comme les contemporains de Jean-Baptiste : nous connaissons la fin de l’histoire terrestre de Jésus, nous savons ce que veut dire l’interpellation de Jean-Baptiste : « Voici l’agneau de Dieu », le lien avec sa Passion et sa mort. Nous savons aussi sa résurrection. Et nous savons toutes les Paroles de Jésus qui ont été rapportées par les évangélistes, et qui sont une aide pour nous, un chemin de vie.

Et notamment que Jésus a dit : « Je suis le chemin, la Vérité et la Vie ». Non seulement il nous indique un chemin, mais il est lui-même le chemin : « Personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14,6).

Et comme « Le père et moi nous sommes UN » (Jn 10,30), il est en plus le bout du chemin. Et là, nous sommes indubitablement concernés.

Parce que ce chemin que nous sommes invités à préparer pour le Seigneur, finalement, n’est-il pas un peu pour nous  (et même beaucoup !) … ?

… pour aller vers le Christ !

… pour aller vers le Père … qui nous attends au bout du chemin comme le père du fils prodigue, tout à la joie de notre retour ou de notre arrivée !

Un chemin sur lequel nous devons marcher, avec nos difficultés, nos questions, … nos doutes, … avec toujours ce Satan qui est prêt à nous faire partir sur une voie sans issue…

Mais un chemin sur lequel nous ne sommes pas seuls, où nous pouvons rencontrer des personnes qui peuvent, par leurs paroles, nous aider à avancer vers “la Vérité“, avec d’autres plus pragmatiques, qui vont déplacer les “pierres“ qui nous bloquaient, d’autres encore qui vont nous aider à passer par-dessus ces “pierres“ et par le fait même vont nous aider à grandir !

Trop souvent nous pensons que nous sommes seuls sur ce chemin, mais nous sommes Église, membres d’un même corps, et tous ensemble nous pouvons avancer plus facilement sur ce chemin.

« Ne crains pas ! » nous disait Isaïe, « Voici votre Dieu ! Il vient avec puissance … il fait paître son troupeau … Il porte [les agneaux] sur son cœur.»

Pourvoir se retrouver contre le cœur de Dieu, cela ne vaut-il pas la peine de prendre ce chemin … le chemin du bonheur ?

Oui, ce chemin qu’on nous propose de redresser, ce chemin qui était celui du Seigneur pour qu’il vienne vers nous, ce chemin est devenu avec Jésus notre chemin, pour que nous, nous puissions aller vers Dieu.

On se rend compte, encore une fois, que Dieu, que Jésus se fait notre serviteur.

Seigneur Jésus,

Jean-Baptiste nous demande

de préparer un chemin pour toi,

pour que nous ouvrions notre cœur à ta présence …

Mais c’est toi le chemin qui conduit vers le Père,

et tu nous invites à marcher avec toi …

Invitation, invitation …

Sachons répondre oui.

Francis Cousin                                 

 

 

 

                      

               

                   

                

                 

              

Pour accéder à une prière illustrée, cliquer sur le titre suivant : Prière dim avent B 2° A6

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1er Dimanche de l’Avent par Francis Cousin

Évangile selon Saint Marc 13, 33-37

 

« Veillez donc … »

 

Premier dimanche de l’Avent, nouvelle année liturgique …

Et a priori, donc, nouvelles directives …

Le temps de l’avent, c’est le temps de préparation de nos cœurs à la venue de Jésus le jour de Noël à Bethléem, parce que, à la fin de l’avent, il y a Noël, le jour où on fête l’incarnation de Jésus, né de Marie et de l’Esprit-Saint. Une préparation limitée dans le temps ; trois semaines cette année !

Et bien non ! L’évangile de ce dimanche reprend des consignes que l’on a entendues il y a trois semaines, et encore un peu avant : « Veillez … », « Veillez, car vous ne savez ni le jour ni l’heure » !

Ce “veillez“ ne s’adresse pas à des gens qui attendent la venue d’un enfant, mais à des personnes qui attendent le retour du maître, qui attendent le retour du Christ dans toute sa gloire à la Parousie, à la fin des temps !

Mais ici, on a : « Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison ».

Le verbe est au présent de l’indicatif ! Il n’est pas au futur !

Et si nous pensons à la Parousie,  on s’attendrait plutôt à ce que le verbe soit au futur. Et le futur, on a le temps de le voir venir ! C’est du moins ce que nous pensons souvent.

Mais ici, il est au présent : « Le maître vient ».

C’est-à-dire qu’il vient de manière habituelle, tout le temps. Depuis tout le temps jusqu’à tout le temps !

Dieu vient ! Comme il a dit qu’il est : « Je suis » (Gn 3.14). Hier, je suis ! Aujourd’hui, je suis ! Demain, je suis !

De même : hier, je viens ! Aujourd’hui, je viens ! Demain, je viens !

Et cela change toute notre manière de voir. Jésus n’est pas venu seulement il y a un peu plus de deux mille ans, il y a longtemps. Jésus vient tous les jours ! A chaque instant !

On pourrait se dire : « Oui, mais ça, on le sait, c’est normal ! Jésus lui-même nous a dit : “Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde“. (Mt 28,20). Et donc, je suis avec toi, je suis à côté de toi, pour t’aider, te soutenir … C’est sa manière habituelle d’être ! ».

Oui, mais il y a un changement de perspective.

Jésus est avec moi, et en même temps, il vient … vers moi !

Jésus est à côté de moi, et en même temps il est en face de moi !

Ou encore : il est en moi, et en même temps il est celui que s’approche de moi … (et il est aussi en celui qui s’enfuit loin de moi !).

Il est en moi … et il est en l’autre, …

Il est en moi et en celui qui est différent de moi …

Il est en moi et en celui qui me hait, … et en celui que je hais …

Jésus vient à l’improviste … comme la plupart des gens que nous rencontrons !

Soyons attentifs, veillons ! Il ne faudrait pas qu’il nous trouve endormis ! Il ne faudrait pas qu’on ne le voit pas venir !

L’incarnation de Jésus, c’est tout le temps ! et pas simplement à Noël !

Francis Cousin                     

Rue des longues-haies, l’inconnu passait !

A l’heure matinale, dedans ses habits sales,

Mon Dieu, comme tu es pâle !

Rue des longues-haies, le Seigneur passait !

O vous qui cherchez le Bon Dieu dans les nuages,

Vous ne verrez jamais son visage !

O vous qui cherchez le Bon Dieu dans les nuages,

Vous manquerez encore son dernier passage !

Rue des longues-haies, le Seigneur passait !

            Père Aimé Duval, sj

 

 

 

 

                      

               

                   

                

                 

              

Pour accéder à une prière illustrée, cliquer sur le titre suivant : Prière dim avent B 1° A6

Si vous désirez une illustration du texte d’évangile commenté ce jour cliquer sur le lien suivant :  Parole d’évangile semaine 17-49




La nouvelle traduction du Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation »…

Nous pouvons tout d’abord être surpris par cette manière de s’exprimer… Dieu pourrait-il avoir un lien quelconque avec la tentation ? Certainement pas ! St Jacques le dit clairement (1,12‑15) : « Heureux l’homme qui supporte l’épreuve avec persévérance, car, une fois vérifiée sa qualité, il recevra la couronne de la vie comme la récompense promise à ceux qui aiment Dieu. Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : « Ma tentation vient de Dieu. » Dieu en effet ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne. Mais chacun est tenté par ses propres désirs qui l’entraînent et le séduisent. Puis le désir engendre et met au monde le péché, et le péché, parvenu à sa maturité, enfante la mort ».

ligne fleurs

Longtemps, nous avons dit : « Ne nous soumets pas à la tentation »… Mais le Pape François nous a invités à dire : « Ne nous laisse pas entrer en tentation« … Pourquoi?

Littéralement, le texte grec « Καὶ μὴ εἰσενέγκῃς ἡμᾶς εἰς πειρασμόν » se traduit par : « Et ne nous introduis pas (ou ne nous conduis pas… ou encore ne nous emporte pas…) dans la tentation ».

Le P. Tournay[14] explique que Jésus parlait habituellement en araméen, une langue très proche de celle de l’Ancien Testament, l’hébreu. Or l’araméen et l’hébreu ont des formes verbales particulières qu’il est difficile de traduire en grec. Le P. Tournay a ainsi étudié une forme dite « causative » dont la nuance la plus fréquente est celle de « faire faire », mais qui peut aussi se traduire parfois par « laisser faire, permettre de faire ». Et il a remarqué que la traduction grecque de l’Ancien Testament ne prend jamais en compte la seconde nuance. Ainsi par exemple, le Psaume 119(118),10 demande comme traduction de l’hébreu la nuance « laisser faire » (cf. TOB) : « De tout mon cœur je t’ai cherché, ne me laisse pas errer loin de tes commandements ». Or le texte grec réalisé à Alexandrie entre le 1° et le 3° siècle avant Jésus Christ a : « De tout mon cœur je te cherche, ne me repousse pas loin de tes commandements », ce qui correspond à la nuance « faire faire » : « ne me fais pas errer loin de tes commandements »… Comme deuxième exemple, nous pouvons prendre le Psaume 141(140),4 qui, là encore, demande en hébreu comme traduction : « Ne laisse pas mon cœur pencher vers une parole (ou une chose) mauvaise ». Et la traduction liturgique de nos missels a bien : « Ne laisse pas mon cœur pencher vers le mal ». Mais là encore, la traduction grecque de l’Ancien Testament a choisi non pas la nuance du « laisser faire », mais celle du « faire faire » : « Ne fais pas pencher mon cœur vers des paroles mauvaises »…

Visage de JésusLe P. Tournay suggère donc que Jésus a employé, en araméen, cette forme verbale particulière qui demandait, dans un tel contexte, de la comprendre en termes de « laisser faire », c’est-à-dire : « Ne nous laisse pas entrer en tentation ». Mais lorsque toutes ces paroles furent transcrites en grec, la nuance de « faire faire » supplanta une fois de plus celle du « laisser faire », ce qui a donné notre « ne nous fais pas entrer en tentation », ou « ne nous introduis pas en tentation » ou encore « ne nous soumets pas à la tentation »…

Si nous choisissons donc « ne nous laisse pas entrer en tentation », une nuance en parfait accord avec le contexte général de la Révélation biblique, Dieu apparaît alors comme étant une fois de plus notre compagnon de route et de combat face ce que nous appelons « le péché ». Et tel est bien son Mystère : quelles que soient les circonstances, bonnes ou mauvaises, de fidélité ou d’infidélité, le Dieu de l’Alliance est toujours Celui qui, dans sa Bienveillance éternelle, est avec nous tous et pour nous tous (1Jean 2,1-2 ; Romains 8,31-39)…

Quant au « péché », il renvoie à un mystère de désobéissance de cœur vis-à-vis de Dieu, à un manque d’amour à son égard. Et il est destructeur pour l’homme, car il abîme la relation vitale qui, de toute façon, l’unit à son Créateur. Que nous le voulions ou pas, et cela fait partie de notre statut de créature, nous vivons tous en effet de Dieu qui nous a créés à son image et ressemblance (Genèse 1,26-28), et qui, instant après instant, nous maintient dans l’existence par son propre Souffle, l’Esprit Saint (Genèse 2,4b-7 ; Job 34,14-15 ; Isaïe 42,5). Le mystère de notre vie est donc tout entier entre ses mains, que nous pensions à lui ou pas, que nous croyions en Lui ou pas, que nous lui soyons fidèles ou pas… Mais en nous créant ainsi, Dieu a aussi voulu que nous soyons des êtres libres appelés à développer et à faire fructifier toutes les potentialités de cette Vie divine qui, de toute façon, nous habite tous. La lumière de Dieu-lumierenotre conscience, qui participe à la Lumière même de Celui qui n’est que Lumière (1Jean 1,5), est là pour nous aider, comme un signal perpétuellement offert à notre liberté de choisir. Sans cesse, elle nous rappelle la direction du Vrai, du Beau, du Bon, du Juste (Romains 2,14-15)… L’écoutons-nous ? Y faisons-nous attention ? Le premier enjeu est là, et il est loin d’être facile car l’homme se découvre habité par toutes sortes de désirs contraires, mystérieusement attisés par une créature qui, de son côté, a fait le choix du « non » à Dieu et qui cherche à nous entraîner dans son refus. Nous l’avons vu, la Bible l’appelle Satan, « l’adversaire, l’ennemi » de Dieu et donc des hommes créés à son Image et Ressemblance… Or se laisser entraîner, d’une manière ou d’une autre, sur la pente d’un désir contraire à Celui de notre Créateur, c’est toujours abîmer, occulter, mettre de côté notre relation de cœur à Dieu, une relation qui est vitale pour nous et qui détermine la qualité même de notre « vivre ». Dieu, en effet, est Vie, Vie toujours offerte (Jean 6,35.48 ; 10,10), foisonnement de Vie, Soleil de Vie (Psaume 84(83),12 (TOB et Traduction Liturgique) ; Jean 1,4 ; 8,12), Source d’Eau Vive (Jérémie 2,13 ; Psaume 42(41),2 ; Isaïe 12,3 ; 55,1 ; 66,12-13 ; Ezéchiel 47,1-12 ; Jean 4,10-14 ; 7,37-39 ; 19,33-35). Que la relation avec Lui ne soit plus ce qu’elle devrait être, et aussitôt l’homme ne reçoit plus la Vie comme il devrait la recevoir… Il ressent un manque, il est intérieurement blessé, il vit une souffrance… « Heureux l’homme qui m’écoute, qui veille jour après jour à mes portes pour en garder les montants ! », dit la Sagesse, une figure féminine qui personnifie Dieu Lui-même… « Car celui qui me trouve trouve la vie, il obtient la faveur du Seigneur ; mais qui pèche contre moi blesse son âme » (Proverbes 8,34-36)… L’homme pécheur est donc un être blessé, et par suite un souffrant… Et Dieu le regarde ainsi : il ne s’attarde pas à l’offense, mais il voit seulement la souffrance de celui ou celle qu’Il aime… Son cœur en est bouleversé (Osée 11,7-9), et il va agir par ses prophètes, puis par son Fils Jésus, pour appeler ses enfants à revenir avec Lui sur le Chemin de la Vie…

miséricorde de dieuDieu désire donc de tout son Etre que nous retrouvions tous la Vie en Plénitude, sa Vie. Pour celui qui l’accueille, il sera toujours son compagnon de route pour l’aider et le guider sur des chemins de Vie où il pourra expérimenter dès maintenant, dans la foi, quelque chose de cette Vie éternelle à laquelle nous sommes tous appelés. Alors, quelle Joie au ciel (Sophonie 3,17‑18 ; Luc 15,7) comme sur la terre (Jean 15,11) ! Mais nous avons à collaborer avec Lui à cette œuvre de Vie qui nous concerne, par les multiples choix que nous avons à faire tout au long de nos journées…

Dieu nous invitera donc tout d’abord à « veiller », à « faire attention » à toutes ces sollicitations qui nous rejoignent, soit par nos désirs intérieurs, soit par les circonstances extérieures : « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l’esprit est ardent, mais la chair est faible » ; oui, « plus que sur toute chose, veille sur ton cœur, c’est de lui que jaillit la vie » (Matthieu 26,41 ; Proverbes 4,23 ; 16,17 ; Josué 1,7-8 ; Siracide (Ecclésiastique) 32,23 puis 1Timothée 4,16 ; Hébreux 12,14-15 ; Marc 13,33-37 ; Luc 12,35‑40). Et s’il s’agit de « veiller » pour éviter le mal, combien plus devrions-nous le faire pour accueillir et reconnaître Celui qui parsème notre vie de ses visites ! « Je dors, mais mon cœur veille… J’entends le Seigneur qui m’appelle : ouvre-moi mon ami ! » (Cantique 5,2 ; Apocalypse 3,20 ; Sagesse 6,12-16). Elles seront toujours Salut offert (Luc 1,76-79) et donc Vie, Plénitude de Vie…

veillez_et_priezEt si Dieu nous invite à « veiller », il est comme toujours le premier à mettre en pratique ce qu’Il nous demande : Il « veille » sur chacun d’entre nous, toujours et partout (cf. Job 10,9‑12 ; 29,2-3 ; Exode 23,20-22 ; Deutéronome 2,7 ; 32,7-14 ; Proverbes 2,6-13 ; Esther 5,1 ; 2Maccabées 15,2 ; Ezéchiel 34,15-16). C’est ce que fit Jésus vis-à-vis de ses disciples (Jean 17,12). Or, Ressuscité, Il est toujours avec nous (Matthieu 28,18‑20 ; Jean 14,3.18.23) et Il continue de veiller sur chacun d’entre nous en nous envoyant la Lumière de l’Esprit qui nous permet de discerner entre ce qui est bon et ce qui ne l’est pas (1Thessaloniciens 5,19-22). Et elle sera au même moment « force » offerte pour renoncer au mal et choisir le bien (2Timothée 1,7). Et cette sollicitude, il l’exerce encore par ceux qu’Il a appelés à devenir les Pasteurs de son troupeau (1Thessaloniciens 5,12-13 ; Hébreux 13,17 ; 1Pierre 5,2-3). Le Pape Jean-Paul II en fut un magnifique exemple…

Et si la tentation devient plus pressante, St Paul nous assure que la grâce se fera plus forte encore : « Aucune tentation ne vous est survenue, qui passât la mesure humaine. Dieu est fidèle ; il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation, il vous donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter » (1Corinthiens 10,13). Cette idée de « supporter » nous invite à la patience. La tentation, qui a toujours quelque part prise sur nous, ne disparaîtra pas comme par un simple coup de baguette magique… mais « Dieu nous encourage puissamment, nous qui avons trouvé un refuge (avec Lui et en Lui), à saisir fortement l’espérance qui nous est offerte. En elle, nous avons comme une ancre de notre âme, sûre autant que solide » (Hébreux 6,18-19)… Cette espérance s’enracine et se nourrit dans le don de l’Esprit Saint (Romains 15,13 ; 1Pierre 1,3), qui est l’ancre véritable lancée au cœur de tout chrétien, le roc sur lequel il peut ensuite construire toute sa vie (Matthieu 7,24-25)…

Et si, hélas, la chute survient, « si nous sommes infidèles, Dieu, Lui, reste à jamais fidèle » (2Timothée 2,13)… La grâce surabondera là où le péché a abondé (Romains 5,20) et avec elle, le Bon Pasteur cherchera sa brebis perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve (Luc 15,4-7)… Il consolera celui qui s’est fait mal en tombant, et il l’invitera à se relever le plus vite possible : « Fait-on une chute sans se relever ? Se détourne-t-on sans retour ?… Reviens, rebelle Israël, car Je Suis miséricordieux. Je veux guérir vos rébellions » et toutes leurs conséquences (cf. Jérémie 8,4 ; 3,11.22)…

Therese novice
Ste Thérèse de Lisieux nous donne quelques conseils dans notre combat de tous les jours :

– Tout d’abord, elle ne désespérait jamais de la Miséricorde de Dieu, car elle avait découvert à quel point elle s’était révélée et offerte en Jésus-Christ, Lui qui, par amour, a voulu descendre au plus profond de la misère humaine : « En descendant ainsi le Bon Dieu montre sa grandeur infinie »…

– Elle essayait de « rester un petit enfant devant le Bon Dieu », et qu’est-ce que cela veut dire ? « C’est », disait-elle « reconnaître son néant, attendre tout du bon Dieu, comme un petit enfant attend tout de son Père ; c’est aussi ne s’inquiéter de rien … Enfin, c’est ne pas se décourager de ses fautes, car les enfants tombent souvent, mais ils sont trop petits pour se faire beaucoup de mal… Voyez les petits enfants : ils ne cessent de casser, de déchirer, de tomber, tout en aimant beaucoup, beaucoup leurs parents. Quand je tombe ainsi, cela me fait voir encore plus mon néant et je me dis : « Qu’est-ce que je ferais, qu’est-ce que je deviendrais si je m’appuyais sur mes propres forces ? » »

3 – Une mauvaise pensée survient ? Elle essaye de ne pas s’y arrêter : « Faut-il tant aimer le bon Dieu et la Sainte Vierge et avoir ces pensées-là !… Mais je ne m’y arrête pas ».

4 – Elle regrette un geste, une attitude, une parole ? « Quand j’ai commis une faute qui me rend triste, je sais bien que cette tristesse est la conséquence de mon infidélité. Mais croyez-vous que j’en reste là ? Oh non ! Pas si sotte ! Je m’empresse de dire au Bon Dieu : Mon Dieu, je sais que ce sentiment de tristesse, je l’ai mérité, mais laissez-moi vous l’offrir tout de même comme une épreuve que vous m’envoyez par amour. Je regrette mon péché, mais je suis contente d’avoir cette souffrance à vous offrir ». En agissant ainsi, elle mettait alors en œuvre cet autre conseil : « Aimer, c’est tout donner », le bien comme le mal… Et en offrant au Seigneur ce qui n’avait peut‑être pas été totalement conforme à sa volonté, elle se retrouvait aussitôt dans les bras de Celui dont l’unique désir est de nous « délivrer du mal » et de tous ses liens pour nous arracher aux ténèbres et nous transférer dans le Royaume de son Fils Bien-Aimé, en sa Lumière, sa Présence et son Amour (Colossiens 1,12-14 ; Actes 26,15‑18 ; Jean 8,31-36 ; Ephésiens 1,3-6)… « Le Dieu que nous avons est un Dieu de délivrances ». Aussi, Seigneur, puisque « je suis pauvre et malheureux », puisque « mon cœur est blessé au fond de moi », « agis pour moi selon ton Nom, délivre-moi, car ton amour est bonté » (Psaume 68(67),21 ; 109(108),21-22 ; 6,5 ; 18(17),17-20)…

                                                                                                                  D. Jacques Fournier

[1] POUILLY J., Dieu notre Père (Cahiers Evangile 68, Saint-Etienne 1989) p. 36.

[2] Catéchisme de l’Eglise catholique & 2794.

[3] Catéchisme de l’Eglise catholique & 2780-2781 p. 568.

[4] C’est ainsi que la TOB traduit en Ezéchiel l’expression « sanctifier le Nom de Dieu » par « montrer la sainteté du Nom de Dieu ».

[5] « La malédiction » en soi n’existe pas ; Dieu ne sait que bénir. Ce mot de « malédiction » ne fait que traduire l’état de celui qui, s’étant séparé de Dieu, est devenu étranger à toutes ces bénédictions qu’il ne cesse pourtant de vouloir lui offrir.

[6] A l’époque, pour St Paul, si on n’était pas Juif, on était Grec ou de culture grecque… L’expression « Juifs et Grecs » englobe donc toute l’humanité…

[7] DURRWELL F.-X., Le Père. Dieu en son mystère (Paris 1998) p. 235.

[8]Catéchisme de l’Eglise catholique p. 573: « Le Père, qui nous donne la vie, ne peut pas ne pas nous donner la nourriture nécessaire à la vie, tous les biens « convenables », matériels et spirituels ».

[9] Catéchisme de l’Eglise catholique p. 573.

[10] Catéchisme de l’Eglise Catholique & 2840 p. 580.

[11] JEREMIAS J., Paroles de Jésus (Paris 1963) p. 75. Cité par POUILLY J., Dieu notre Père (Cahiers Evangile 68) p. 48.

[12] Catéchisme de l’Eglise catholique & 2843 p. 580.

[13] Catéchisme de l’Eglise catholique & 2842 p. 580.

[14] TOURNAY R.J., « Ne nous laisse pas entrer en tentation », Nouvelle Revue Théologique n° 120 (1998).




Audience Générale du Mercredi 22 Novembre 2017

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 22 Novembre 2017


Frères et sœurs, la Messe est le mémorial du Mystère pascal du Christ. Elle nous rend participants de sa victoire sur le péché et sur la mort, et donne pleine signification à notre vie. Se faisant pain rompu pour nous, le Seigneur Jésus répand sur nous sa miséricorde et son amour, comme il l’a fait sur la croix, au point de renouveler notre cœur, notre existence et notre relation avec lui et avec les frères. Chaque célébration est un rayon de ce soleil sans déclin qu’est Jésus Christ ressuscité. Participer à la messe signifie entrer dans la victoire du Ressuscité, être illuminés de sa lumière, réchauffés de sa chaleur. L’Esprit nous rend participants de la vie divine qui est capable de transfigurer tout notre être mortel. Dans la Messe nous nous unissons au Christ. Son sang nous libère de la domination de la mort physique et de la mort spirituelle qu’est le mal, le péché. Il est la plénitude de la vie, qui a anéanti la mort pour toujours. Sa Pâque est la victoire définitive sur la mort, car il a transformé la sienne en un acte suprême d’amour. Dans l’Eucharistie, il nous communique cet amour victorieux. En le recevant avec foi, nous pouvons vraiment aimer Dieu et le prochain, aimer comme lui nous a aimés, en donnant sa vie. La participation à l’Eucharistie nous fait passer avec le Christ de la mort à la vie.

Je suis heureux d’accueillir les pèlerins francophones, venant de France et de divers pays. Chers amis, je vous invite à donner une place importante dans votre vie à la participation à la messe, en particulier le Dimanche. Le Seigneur vient à votre rencontre pour vous donner son amour, afin que vous aussi vous le partagiez avec vos frères et vos sœurs. Que Dieu vous bénisse !