Dans le monde sans être du monde… (Jean 17, 18)
« De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde….»
Telle est la tension paradoxale dans laquelle Jésus a introduit ses disciples : Jésus va quitter ses disciples pour retourner à son Père et il a conscience de la difficulté dans laquelle il met ses amis en disparaissant. Il considère quelle sera leur situation dans le monde : Un grand combat se déroule : Amour contre « non-amour », Dieu contre le Mal.
Pourtant Jésus ne prie pas son Père de les retirer du monde, mais seulement de les protéger du Mauvais, de les affermir pour qu’ils puissent affronter le monde en restant fidèles, notamment en refusant de pactiser avec le mensonge du monde et ses faux-fuyants.
« De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. » Jésus parti, ce sont ses disciples qui continuent son œuvre.
Envoyés dans le monde par le Christ comme lui-même le fut par son Père, nous, les chrétiens, nous sommes dans le monde. Accepterons-nous d’être incompris, voire haïs, parce que nous voulons être fidèles au Christ qui nous a confiés la mission d’être témoins de la vérité de Dieu, témoins de l’unité, témoins de l’amour fraternel ?
Le Concile Vatican II a beaucoup insisté sur cette exigence de Jésus : « La vocation propre des laïcs chrétiens est de mener leur vie au milieu du monde et des affaires profanes. Ils sont appelés par Dieu pour travailler, comme du dedans, à la sanctification du monde, à la manière d’un « ferment » grâce à la vigueur de leur esprit chrétien, pour manifester le Christ aux autres, avant tout par le témoignage de leur vie, rayonnant de foi, d’espérance et de charité. »
Il s’agit d’être pour Dieu dans ce monde qui est contre. Réaliser un peu d’amour, dans nos relations humaines, dans notre travail professionnel, dans notre vie de famille, dans nos engagements divers au service des autres, c’est réaliser ici-bas un peu de cet amour unique qui est le secret de la Trinité.
Jésus a prié pour que nous soyons consacrés par la vérité, c’est-à-dire sanctifiés par sa Parole qui est la Parole du Père. Etre chrétien, c’est « être dans la vérité de Dieu ». En même temps dans sa prière Jésus a voulu que sa joie soit notre joie, la joie d’être aimé du Père et d’aimer le Père. C’est la joie de l’Esprit Saint. La joie chrétienne. Une joie qui ne doit pas nous quitter parce que, partout et toujours, nous prenons le parti de Dieu, comme Jésus.
Père Antoine DENNEMONT