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Le Saint Sacrement – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 14,12-16.22-26)

« Le sang de la Vie »

(Mc 14,12-16.22-26).

 

          Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? »
Il envoie deux de ses disciples en leur disant : « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le,
et là où il entrera, dites au propriétaire : “Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?”
Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. »
Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque.
Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. »
Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous.
Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude.
Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. »
Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.

 

                              

         Le jour de la Préparation de la fête de Pâque, on immolait au Temple de Jérusalem les agneaux qui allaient être mangés le soir, lors du repas pascal. A travers tous ces rites, le Peuple d’Israël se rappelait sa sortie d’Egypte. Dieu les avait alors libérés de la souffrance de l’esclavage pour les conduire, par son serviteur Moïse, vers « l’heureux pays » de la liberté et de l’abondance (Dt 1,25). Et toute cette histoire d’Israël disait, en actes, ce que Dieu veut pour tout homme : qu’il soit délivré du mal, qui ne peut, finalement, que le plonger dans la souffrance (Rm 2,9), pour lui permettre de pouvoir partager sa Plénitude de Paix et de Joie (Jn 14,27 ; 15,11)…

            Pour St Marc, le dernier repas de Jésus avec ses disciples est « son repas pascal ». Et c’est à cette occasion qu’il instituera l’Eucharistie : « Prenez, ceci est mon corps… Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance répandu pour la multitude » (Mc 14,22-25). Jésus est donc l’Agneau pascal par excellence. Son unique sacrifice offert pour tous les hommes de tous les temps leur « obtiendra une libération définitive » des forces du mal. « Son sang purifiera notre conscience des actes qui mènent à la mort pour que nous puissions célébrer le culte du Dieu vivant » (Hb 9,14). Et telle sera l’œuvre de l’Esprit donné en surabondance à chaque Eucharistie : « C’est l’Esprit qui vivifie. La chair » et le sang « ne servent de rien » (Jn 6,63)… Purifiés par l’Esprit, nous goûterons alors de son fruit et il est « Amour, Joie, Paix » (Ga 5,22). Et dans l’action de grâce pour ce bonheur reçu, nous pourrons, par la Force de ce même Esprit, offrir à notre tour notre vie pour Dieu et pour nos frères…

          Tel est le fruit du « sang de l’Alliance répandu pour la multitude ». Cette expression n’apparaît qu’une fois dans l’Ancien Testament (Ex 24,8) lors du rituel de conclusion de l’Alliance entre Dieu et son Peuple. Dieu lui a donné « les Dix Paroles » (Ex 20). Le Peuple a manifesté son désir de lui obéir : « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le ferons ». Moïse recueille alors le sang de jeunes taureaux offerts en « sacrifice de communion » et en verse la moitié sur l’autel, qui représente Dieu. Puis, au « Oui ! » d’Israël, il les aspergera du sang restant… Un même sang repose donc sur l’autel (Dieu) et sur le Peuple. Or « le sang, c’est la vie » (Lv 17,11). Une même vie les unit désormais… Jésus, en s’offrant tout entier, poursuivra le même but (Jn 6,32-63)…   DJF




La Sainte Trinité (Mt 28, 16-20) – Homélie du Père Louis DATTIN

Envoi des disciples

Mt 28, 16-20

Dès le début de cette messe, frères et sœurs, nous avons fait sur nous, le « signe de croix » : un geste souvent automatique, appris dès notre petite enfance et auquel parfois nous n’attachons pas grande importance. En même temps que ce geste, nous disons aussi des paroles qui sont tellement passées dans notre bouche que nous n’y faisons guère attention et pourtant ce « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » est la quintessence, le résumé essentiel de notre foi totale.

Et le jour de notre Baptême, en versant l’eau sur notre front, qu’a-t-on dit ? « Je te baptise « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit « ».

Lorsqu’après avoir confessé nos fautes, le prêtre nous pardonne au nom de Dieu : que dit-il ? « Je te pardonne toutes tes fautes  » Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit  » ».

Autrement dit, toute démarche chrétienne, tous les gestes religieux du christianisme commencent et finissent par cette fameuse formule trinitaire « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Et pourtant, il faut bien l’avouer, dans notre vie de tous les jours, cette vie trinitaire n’envahit pas notre quotidien. Nous pensons davantage à Jésus parce qu’il s’est fait homme comme nous, à la Vierge Marie, sa mère ou même à St-Expédit ou au frère Scubilion, et pourtant la sagesse populaire ne nous dit-elle pas qu’ « il vaut mieux s’adresser à Dieu qu’à ses saints » ?! Cette fête d’aujourd’hui, celle de la Trinité Sainte, est là pour nous ramener à l’essentiel, au noyau de notre foi, à la source de tout amour, au tremplin de toute espérance.

 Ecoutons les premiers mots que nous adresse le prêtre au début de la messe : « Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père, la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous ». Il nous place d’emblée en présence de la Sainte Trinité. C’est là, en elle, qu’il faut chercher les tenants et les aboutissants de notre foi.

Un père, prêtre et savant théologien, m’a avoué que pendant longtemps, si l’on avait enlevé la Trinité de son univers religieux, cela ne l’aurait pas tellement gêné. Il aurait très bien vécu sans Trinité mais à présent, me disait-il, « la Trinité de Dieu est pour moi, essentielle ». Jusque-là, il croyait en Dieu, qu’il soit ou non Trinité, et maintenant, il croyait en Dieu parce qu’il est Trinité.

Max Thurian, ce pasteur de Taizé, devenu prêtre catholique, nous dit que le mystère de Dieu est plus accessible à notre foi par la Trinité que l’affirmation d’une seule personne divine.

En ces trois personnes, Dieu devient plus proche, plus près de nous, car il se manifeste comme un Dieu vivant, dans la vie communautaire de qui nous pouvons entrer par la foi et dans la prière.

La Trinité nous révèle que Dieu n’est pas seul, qu’il n’est pas « l’éternel célibataire des mondes » ou le « grand horloger » de Voltaire, mais que Dieu est le Vivant, qu’il est « communion », dialogue d’amour. Dire Dieu, pour nous, chrétiens, c’est nommer dans un même élan d’amour, le Père, le Fils et l’Esprit-Saint.

Le père Varillon avait l’habitude d’affirmer : « Dire que Dieu est amour et qu’il est Trinité, c’est exactement la même chose ».

Admettez que Dieu soit seul, comment dans ce cas-là, peut-il être amour ? Qui peut-il aimer ? Comment peut-il être communautaire, dialoguant, vivant d’une charité interpersonnelle ?

Bien sûr, il a fallu que Jésus nous le révèle. C’est Jésus qui nous a fait la confidence qu’ils sont trois en Dieu. Il nous a dit que Dieu est son Père et notre Père et qu’en nous quittant, il nous laisserait l’Esprit : la raison humaine recule dans ce Dieu trois tellement unis par l’amour qu’ils sont « un ». Mais il est possible cependant d’en saisir quelque chose, nous les hommes, justement, parce que nous sommes créés à l’image de Dieu.

Par notre expérience de l’amour : aimer, pour nous, aimer quelqu’un, c’est vouloir être tellement uni à l’autre que nous ne fassions plus qu’un avec lui mais en respectant sa personne et la mienne. L’amour veut à la fois l’unité et la distinction.

Or, justement, ce que nous pouvons comprendre de la Trinité, c’est qu’elle est trois générosités qui se donnent l’une à l’autre. Dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit, il y a l’impossibilité absolue de repliement sur soi, pas de traces de propriété de soi-même. Chacun est un pur don de soi pour les deux autres, un total oubli de soi pour les autres. C’est leur amour qui fait leur unité et c’est parce que Dieu est amour qu’il est unique et que nous pouvons dire : « Je crois en un seul Dieu ».

Jésus nous a rappelé que nous aussi, nous sommes bâtis sur le plan de Dieu, « à son image ». Il nous dit à son tour que, nous les hommes, nous devons nous aimer les uns les autres jusqu’à créer cette unité entre nous et avec lui et nous insérer dans ce mouvement d’amour qui est le sien ! On se demande parfois ce qu’est le ciel, ce que nous y ferons. Vous n’avez qu’à contempler la Trinité et vous le saurez.

Nous serons tellement unis les uns aux autres dans un même amour, celui de Dieu, amour tellement fort que nous devenons d’abord communauté-unité tout en ne perdant rien de notre personnalité, qui, au contraire, sera d’autant plus épanouie qu’elle sera aimante et aimée. Jamais l’unité, fruit de l’amour, ne détruit les êtres particuliers ; au contraire, elle les valorise.

 Nous savons d’ailleurs par expérience que notre personnalité ne s’est jamais autant épanouie, ouverte, déployée que par l’amour que les autres nous ont porté. Nous sommes tous des fruits de l’amour. Rappelons tout ce qu’ont fait les autres : père, mère, frères et sœurs, éducateurs, école, mouvements, Eglise pour que nous en arrivions à ce que nous sommes devenus ! Quelle somme d’amour il a fallu ! Ce Dieu, Trinité c’est-à-dire communauté d’amour est notre avenir. Il se tourne vers nous et nous attire à lui. Dieu Trinité, cela veut dire : amour et présence. Dieu vers nous = le Père ; Dieu avec nous = Emmanuel, Jésus ; Dieu en nous = l’Esprit-Saint.

Parce qu’il est Trinité, Dieu ne reste pas enfermé sur lui-même. IL est attentif aux hommes, il se tourne vers eux. Le Père est venu à nous par son Fils qu’il nous a envoyé et depuis la Pentecôte, le Père et le Fils viennent à nous, par l’Esprit-Saint qui habite en nos cœurs. Rappelons-nous les dernières paroles de Jésus : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » et à son tour Jésus déclare : « Il vous est bon que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, l’Esprit ne viendra pas en vous ».

Voilà, j’allais dire, le travail, le bilan de la Sainte-Trinité de Dieu : une plénitude d’amour qui a suscité la descente de Dieu vers les hommes et qui les accompagnera toujours. AMEN




Témoignage de Robert Capaldi, membre de l’équipe Sedifop de 2012 à 2017, ordonné diacre le 13 juin 2021 à Bordeaux…

Je ne pouvais pas imaginer en juillet 2007 quand je suis arrivé aux Avirons pour enseigner aux primaires, que Dieu allait me conduire jusqu’au Diaconat. Dans la voiture qui m’emmenait route du Tévelave, je ne cessais de remercier notre Seigneur car c’était la concrétisation d’un vieux rêve à mon épouse Françoise et à moi et la beauté des lieux me portait naturellement à la louange et à l’action de grâce. Notre fille Audrey, la dernière de nos enfants, nous accompagnait et c’était une grande joie.

Nous avons habité au Tévelave où j’accompagnais ma famille à la messe chaque dimanche. Un jour, c’était en 2010, le Père Laurent Maunier, mon Curé a commencé à faire des annonces pour rénover la sacristie. J’ai tardé un peu à répondre mais je sentais que je devais m’impliquer. Je n’avais pas prévu de prendre de responsabilités particulières mais je voulais proposer un peu de mon temps.

Quand je me suis décidé, je me suis rendu à une réunion des « forces vives ». Hélas pour la peinture, les travaux étaient terminés depuis quelques temps déjà. Cependant, on avait besoin d’un responsable pour préparer les Adorations et comme personne ne se proposait, l’attention des participants s’est portée sur moi et après quelques hésitations, j’ai accepté. Je n’avais pas idée de ce qu’il fallait faire mais on me proposait l’aide d’une équipe dont j’ai animé les rencontres pendant plusieurs années.

Je me suis donc mis au service de l’Église. Mais quand même, si ce jour-là je n’ai pas repeint la sacristie, plus tard, j’ai repeint tout le chœur de l’église en blanc…

Ce fut un temps d’apprentissage ; de la préparation des adorations certes mais surtout de la vie en Église, un temps ou tous ensembles avec la compagnie de saint Joseph, nous avons vécu en famille, travaillant et faisant face aux difficultés, cherchant à nous soutenir les uns les autres.

Ensuite est venu le jour où le Père Laurent m’a proposé de m’occuper de la projection chaque dimanche et comme j’étais à côté de la chorale, j’ai fini par chanter avec elle.

Au fil du temps, nous avons constitué une équipe liturgique et nous préparions en plus de l’Adoration, la fête de saint Joseph, la messe du mercredi, la prière universelle des dimanches. Plus tard, avec cette équipe, je me suis mis au service des familles en deuil avec la prière pour les défunts ; une expérience poignante entre toutes.

Au Tévelave, nous avons pu bénéficier d’une formation sur l’Évangile de saint Jean sur trois ans avec le diacre Jacques Fournier, une fois par mois, le vendredi soir. C’était l’occasion pour Françoise et moi de rencontrer le Christ de façon plus personnelle, plus intime et souvent, comme pour les compagnons d’Emmaüs, je repartais le cœur tout brûlant de sa Parole.

Vers la fin de cette formation, Jacques nous a proposé de continuer avec le Cycle Long organisé par le Sedifop sur les mystères du Christ et les mystères de l’Église. Nous y sommes allés de bon cœur pendant deux ans. Actualiser ses connaissances, approfondir sa foi a été un vrai bonheur.

Après ces deux années d’étude, nous sommes entrés au service du Cycle Long comme serviteurs. C’était en 2012. Outre la satisfaction des besoins matériels, je montrais aux participants comment utiliser la liturgie des heures avec la Prière du Temps Présent et comment bien élaborer et structurer une prière universelle ; nous préparions aussi la messe du dimanche. Après, nous avons participé à l’équipe du Sedifop chargée, au Cycle Long et dans les paroisses qui le désirent, de présenter « la Liturgie des Heures » et d’apprendre à prier avec elle…

Au centre de la photo, en bleu, Robert Capaldi, avec à sa droite sa fille Audrey, et encore à droite, Françoise son épouse… A partir de la gauche, Josie Gasp et Jack Dambreville.

 

Malgré la fatigue parfois, être au service de la famille chrétienne a toujours été une grande joie. C’est bien cette façon d’être à son prochain qui s’enrichit et grandit au fil du temps et qui procure cette grande joie.

Avec Jacques Fournier, j’ai pu réaliser un vieux rêve en suivant deux ans de grec ancien dans le cadre des parcours FAC (Formations pour les Anciens du Cycle Long)…

Plus tard, je me suis engagé davantage au service de la paroisse en entrant au CPAP (Conseil Paroissial d’Animation Pastorale) à la demande du Père Laurent. Là, j’ai appris le fonctionnement en paroisse et pas seulement en quartier.

Ce que je ne savais pas, c’est que, depuis le début, le Père Laurent me mettait à l’épreuve pour discerner ma vocation et un jour, il m’a demandé si je voulais être diacre. J’étais étonné et je n’ai pas dit oui car tous ces cadeaux du ciel que j’avais reçus de mes frères et sœurs ne me suffisaient pas encore pour que je comprenne pourquoi tout cela m’avait été donné. Alors, Dieu s’est manifesté à moi d’une autre façon car il n’y avait pas plus sourd que le pauvre serviteur que j’étais.

P. Laurent Maunier avec Jacques et Noéline Fournier

Cela a commencé à la fête du doyenné de Saint Louis. Alors que je me promenais parmi les stands, une dame que je ne connaissais pas, s’adressa à moi pour me dire qu’elle m’avait observé plusieurs fois et qu’elle voulait savoir si j’étais diacre ou prêtre. Une autre m’a salué comme si j’en étais un. Ensuite, alors que je m’approchai d’un groupe d’hommes, pour demander un renseignement, ceux-ci m’intégrèrent à leur conversation sur ce qu’il advient avant que la goutte d’eau qui tombe dans le calice ne rejoigne le vin qui s’y trouve. J’étais troublé qu’un groupe de prêtres que je reconnus à la petite croix que chacun portait me traitât comme l’un des leurs. M’avaient-ils pris eux aussi pour un prêtre ou m’avaient-ils senti digne de participer à leurs mystères? C’est ainsi que les appels du Seigneur se sont manifestés pour la première fois. Mais par la suite, ils se sont multipliés.

Au Tévelave, plusieurs personnes ont demandé à des jours différents si c’était moi le Père. Comme je m’occupais de la projection lors de la messe et que nous formions une communauté bien soudée, je saluais mes amies de la chorale liturgique par une bise. Un jour, une personne de l’assemblée s’est scandalisée en me voyant faire et a demandé si c’était bien normal qu’un prêtre fasse la bise à ses paroissiennes avant la messe. Une autre fois, à une réunion du Prado qui rassemblait plusieurs groupes paroissiaux, une personne a demandé : « Celui que vous appelez Robert, c’est bien un prêtre non ? »

Après tous ces événements, je me suis dit : « Dieu me fait signe car avant l’intervention du Père Laurent, cela n’arrivait pas. Alors je vais dire « oui » de bon cœur, « oui » de tout mon cœur ». Mais j’avais dépassé la limite d’âge pour la Réunion…

De retour en Gironde en 2017, je me suis rendu à la fête paroissiale où j’ai raconté un peu de ce qui s’était passé au Père Éric Schirck mon nouveau Curé. Encouragé par nos échanges, j’ai demandé à Monseigneur Jean-Pierre Ricard s’il me voulait comme candidat au diaconat. C’est lui qui m’a permis d’entrer en formation diaconale. Ensuite Monseigneur Jean-Paul James m’a confirmé dans ma vocation en m’appelant au diaconat.

En fait, je n’ai pas décidé un jour que je voulais être diacre, j’ai juste dit « oui » à Dieu. Ma vocation religieuse m’a été révélée petit à petit par ceux qui m’entouraient au Tévelave et au Sedifop. Ensuite Dieu m’a rappelé en Gironde. Si tu pars, m’avait dit une amie, c’est que Dieu a une mission pour toi là-bas.

Ma vocation religieuse, je crois que je la portais en moi sans le savoir. Je me souviens de mon père qui disait parfois quand j’étais enfant, qu’on allait faire de moi un prêtre. Je ne voyais pas la raison de cette affirmation et de toute façon, je n’y pensais même pas. J’étais trop occupé à grandir ; probablement avait-il perçu quelque chose dans mon attitude qui m’échappait complètement.

Aujourd’hui, si je suis appelé au diaconat, c’est grâce à ma famille qui me soutient, grâce à tous mes amis du Sedifop, des Avirons et du Tévelave, à ceux de Gironde et de la formation diaconale qui m’ont accompagné doucement vers le lieu où Dieu voulait que je me tienne car notre Seigneur sait bien mieux que nous ce qui correspond à chacun.

Je vous remercie du fond du cœur pour tous ces cadeaux bénis et je vous invite à prier avec moi le jour de mon ordination au diaconat, le dimanche 13 juin 2021 à 18 heures (heure de la Réunion) pour que tous ceux que Dieu m’enverra puissent repartir le cœur tout brûlant de sa parole comme moi, je l’ai fait en votre compagnie. C’est ainsi que le Royaume qui est paix et joie dans l’Esprit Saint s’établira pour toujours sur la Terre.

Robert Capaldi

Et Françoise, son épouse, nous a adressé ces quelques lignes :

J’aime dire qu’à la Réunion, le Seigneur a fait pour nous des merveilles.

Il nous a donné de vivre dans la fraternité de la communauté chrétienne du Tévelave et des Avirons puis du Sedifop avec l’enseignement de Jacques Fournier et de Claude Won Fah Hin.

Claude Won Fah Hin

Au début, nous avions des amis surtout dans un seul village et ensuite dans toute l’île grâce au Sedifop : une vraie vie fraternelle en communion avec notre Seigneur. C’était un peu du ciel sur la terre.

J’ai dit « oui » au Père Laurent quand il a demandé pour Robert. Pour l’ordination, je redirai « oui » Ce ne sera pas seulement le mien mais ce sera aussi le « oui » de tous ceux qui nous ont accompagnés dans notre cheminement.

Marie-Françoise

Toute l’équipe du Sedifop s’est donc réjouit de l’ordination de Robert qui a eu lieu dimanche 13 juin 2021, par Mgr Jean Paul JAMES, archevêque de Bordeaux, en la cathédrale Saint André.

 

Déjà trois ans maintenant… Nous lui souhaitons encore et toujours beaucoup de joie, dans ce service du Christ. Nos meilleurs voeux à Françoise son épouse et à Audrey, leur fille, qui l’accompagnent et le soutiennent dans cette aventure… St Paul écrit en 1Corinthiens 9,5 : « N’avons-nous pas le droit d’emmener avec nous une femme chrétienne, comme les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? » Et la Bible de Jérusalem écrit en note : « Pour cette tâche consistant » à les soutenir dans l’organisation matérielle inhérente à la vie missionnaire, « les apôtres mariés, comme Céphas (Pierre), choisissaient normalement leur épouse »… Alors… meilleurs voeux à tous les trois dans cette aventure commune à la Suite du Christ, et cela non seulement pour leur propre joie (Jn 15,11), mais encore pour celle du plus grand nombre… car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1Tm 2,3-6) qui est celle de ce Dieu et Père de tous, proche de tous, nous bénissant tous (Gn 1,26-28) et trouvant sa joie de son côté à « ne pas cesser de nous suivre pour nous faire du bien »… « Je trouverai ma joie à leur faire du bien, de tout mon coeur et de toute mon âme » (Jr 32,40-41)…

                                                                                      D. Jacques Fournier

Diacre François CAPALDI (05/2024)

 

 




L’icône de la Trinité d’Andreï Roublev : explication, interprétation

Andreï Roublev a peint cette icône entre 1422 et 1427… Qui sont ces Personnages ? Que signifient les couleurs de leurs vêtements, leur posture, et les divers éléments représentés? Nous vous proposons ici quelques points de repère…

Icône de la Trinité

Remarquons tout d’abord que les trois personnages représentés sont jeunes, image de la jeunesse éternelle de Dieu. Ils ont l’apparence des trois « anges » qui ont rendu visite à Abraham, au chêne de Mambré (Gn 18). Or, la figure de l’Ange est souvent utilisée dans l’Ancien Testament pour renvoyer à Dieu Lui-même. Exemple en Ex 3,2 où « l’Ange de Yahvé » apparaît à Moïse, et ensuite, c’est « Yahvé » lui-même qui « vit que (Moïse) faisait un détour pour voir » (Ex 3,4)…

Tous les trois ont un cercle de lumière, identique, qui illustre leur gloire, identique. Le Fils la reçoit du Père de toute éternité en « Unique Engendré » : « Et le Verbe s’est fait chair et il a dressé sa tente parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu’il tient du Père comme Unique-Engendré, plein de grâce et de vérité » (Jn1,14). L’Esprit Saint la tient tout à la fois du Père et du Fils dont il procède : « il reçoit même adoration et même gloire » (Crédo)…

            Ils se laissent deviner par ce qui est peint au dessus d’eux :

– A gauche, le Père, avec au-dessus de lui, une maison :

Le Père - Roublevla Maison du Père (Jn 14,22). Il porte dessous un vêtement bleu ciel, signe de sa nature divine. Un autre, presque transparent, le recouvre quasiment entièrement : le Père est invisible pour nous, insaisissable, mystérieux… « Presque transparent », car à travers lui, le bleu ciel se laisse bien deviner, mais cet autre vêtement est aussi légèrement de couleur dorée, en harmonie avec celle des ailes et plus largement avec celle de l’atmosphère qui les entoure tous les Trois : « Dieu est Lumière », « Splendeur et Majesté ».

Et le Père, dont le Fils est engendré en « Lumière née de la Lumière » (Crédo), et dont l’Esprit procède (Crédo), a cette primauté de « Lumière » dans l’Amour qui les unit… Cet attribut, lui convient donc tout particulièrement…

– Au centre, le Fils 

Le Fils - RoublevIl regarde vers le Père, car « il est né du Père avant tous les siècles » (Crédo) : il se reçoit du Père en Fils de toute éternité… « Engendré, non pas créé, il est de même nature que le Père » (Crédo), d’où le vêtement bleu ciel qu’il porte lui aussi. Mais ce dernier est posé sur un autre de couleur rouge, symbole du sang, et donc de sa nature humaine de chair et de sang : le Christ est tout à la fois vrai Dieu (bleu ciel) et vrai homme (rouge sang). Mais si le bleu ciel est sur le rouge sang, c’est pour signifier que le Mystère de sa divinité se reconnaît sur la base de son humanité, par son humanité, en regardant bien cette humanité assumée par Celui qui est Fils, « l’Unique Engendré » (Jn 1,14.18) de toute éternité… Le calice est lui aussi rempli de « rouge » en signe de l’offrande que le Christ fera de lui-même en son humanité lors de sa Passion, pour notre salut… « Tandis qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps. Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant : Buvez-en tous ; car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés » (Mt 26,26-28).

Calice Roublev

           Remarquer aussi que les contours extérieurs des personnages de gauche et de droite dessinent un calice, avec le Christ au centre, offert…

Et si le Fils est bien la victime, « l’Agneau immolé » (Ap 5,6), qui « enlève le péché du monde » (Jn 1,29) par son sacrifice, il est aussi le Prêtre parfait (Hb 2,17 ; 3,1 ; 4,14-15 ; 5,5-6 ; 6,20 ; 7,26…), symbolisé ici par l’étole jaune qu’il porte sur son vêtement rouge, et ce jaune est de même couleur que le jaune des ailes des trois personnages, et du fond plus clair : « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5), et le Prêtre est justement celui qui fait le lien entre le ciel et la terre… « Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous » (1Tm 2,3-6). Cette étole est d’ailleurs posée sur son vêtement rouge, comme l’est la cape bleu ciel… C’est donc une nouvelle fois par son humanité que le Christ se révèle être le Prêtre parfait, l’unique « médiateur » entre Dieu et les hommes…

Au dessus du Christ, nous voyons « l’arbre de vie », qui, dans le récit de la Genèse, symbolise le don de la vie éternelle (Gn 3,9), un don offert gratuitement, par amour, en surabondance : « Yahvé Dieu fit à l’homme ce commandement : « Tu peux manger à satiété de tous les arbres du jardin. Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas, car le jour où tu en mangeras, de mort tu mourras » (Gn 2,16-17). La notion de connaissance renvoyant dans la Bible à celle d’expérience, Dieu invite donc ici l’homme à ne pas faire l’expérience du mal, car son fruit immédiat sera « la mort » au sens de privation d’une plénitude de Vie symbolisée par le fruit de l’arbre de vie… Notons le terme « commandement » employé ici ; Jésus le reprendra en disant : « Je sais que son commandement », le commandement du Père, « est vie éternelle » (Jn 12,50). Autrement dit, Dieu nous « commande » de vivre, un verbe qui insiste très fortement sur « sa volonté », son « désir profond », et c’est pour cela qu’il nous presse de choisir la vie et non la mort : « Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je te propose la vie ou la mort… Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant Yahvé ton Dieu, écoutant sa voix, t’attachant à lui ; car là est ta vie » (Dt 30,15-20). « Choisir », un verbe qui renvoie à notre liberté que Dieu respecte infiniment tout en nous suppliant de faire le bon choix, car il ne désire qu’une seule chose, notre vie. Il nous a tous créés pour que nous participions à la Plénitude de sa Vie éternelle…

Mais dans cette parabole du jardin d’Eden, Adam et Eve, qui nous représentent tous, vont faire le mauvais choix, et, par suite de leur désobéissance, ils vont se priver eux-mêmes de l’accès illimité à l’arbre de vie, et à tous les autres arbres du jardin… Mais tout ce que nous avons perdu par suite de nos fautes, nous le retrouvons gratuitement, par amour, grâce à Celui qui est venu nous rejoindre en notre humanité pour que nous puissions retrouver avec Lui le fruit de « l’arbre de vie », qui représente la Plénitude de cette vie éternelle pour laquelle nous avons tous été créés… Dieu nous a tous en effet lancés dans l’aventure de la vie pour que nous soyons nous aussi, et cela selon notre condition de créature, ce que Lui Il Est de toute éternité… Il Est « le Vivant » par excellence ? Il veut, de toute la force de son Être, et il est infini, que nous soyons à notre tour des « vivants », en ayant part, gratuitement, à sa Plénitude même ! Ainsi va « l’Amour » (1Jn 4,8.16)… Et puisque l’Amour ne supporte pas de voir la souffrance de l’être aimé sans réagir, l’Amour vient, jour après jour, en Jésus Christ à la rencontre des pécheurs que nous sommes, pour nous proposer et nous proposer encore la Plénitude de sa Vie. Grâce à elle, nous retrouverons ce Bonheur profond qui est Paix et Joie, une Paix et une Joie que nous avions perdues par suite de nos fautes… « Souffrance et angoisse à toute âme qui fait le mal » (Rm 2,9)… « « Viens, suis-moi ». Mais le jeune homme riche s’en alla, tout triste, car il avait de grands biens » (Lc 18,18-23)… Hélas, ces biens-là n’apportent pas le vrai bonheur… Seul le Don de Dieu, ce Don gratuit que le Père veut faire à tout homme, par Amour, peut nous l’apporter… « Je conclurai avec eux une alliance éternelle : je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien… Je trouverai ma joie à leur faire du bien, de tout mon cœur et de toute mon âme » (Jr 32,39-41). Telle est donc la volonté de Dieu : que nous « soyons » bien, au sens fort, en participant à sa Plénitude, comme Lui-même « Est » bien (Ex 3,14), de toute éternité… « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11). Alors, si « le salaire du péché, c’est la mort » avec son cortège de souffrance, de détresse, de tristesse (Rm 2,9 ; 5,12) « le don gratuit de Dieu », par Amour puisqu’Il n’Est qu’Amour, « c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23). « Le voleur ne vient que pour voler, égorger et faire périr. Moi, je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait surabondante » (Jn 10,10).

Et cet arbre de vie penche vers la Maison du Père, il indique la Maison du Père… Toute vie, en effet, vient du Père et retourne au Père qui est la Source première, éternelle, de la vie, celle du Fils et de l’Esprit Saint, de toute éternité, et la nôtre… « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même… Et de même que le Père qui est vivant m’a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange », celui qui me recevra par sa foi, « lui aussi vivra par moi… En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle » (Jn 5,26 ; 6,57 ; 6,47)…

– A droite, le Saint Esprit, 

L'Esprit Saint - RoublevIl a lui aussi un vêtement bleu, en signe de cette nature divine qui est également pleinement la sienne. Mais si le Fils regarde vers le Père de qui il se reçoit de toute éternité en « Fils Unique Engendré » (Jn 1,14 ; 1,18), l’Esprit Saint regarde tout à la fois vers le Père et vers le Fils de qui il se reçoit à son tour comme « celui qui procède du Père et du Fils » (Crédo)… Son vêtement vert est de même couleur que l’herbe verte du sol sur lequel repose le Trône de Dieu. « Ainsi parle Yahvé : Le ciel est mon trône, et la terre l’escabeau de mes pieds » (Is 66,1). Dieu est présent partout, au ciel et sur la terre… « La Gloire de Yahvé remplit toute la terre » (Nb 14,21 ; Ps 72,19), « de l’Amour de Yahvé la terre est pleine » (Ps 33,5). Cette identité de couleur entre ce vêtement de l’Esprit Saint et la terre ne peut que souligner son lien avec cette terre et son action envers elle… « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements ; et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais, l’Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas ni ne le reconnaît. Vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous; et en vous il sera » (Jn 14,15-17), par ce Don qu’il ne cesse de faire de Lui-même. Toute l’œuvre de l’Esprit Saint, Troisième Personne de la Trinité, consiste en effet à nous communiquer « l’Esprit Saint – nature divine » (« Dieu Est Esprit » (Jn 4,24), Dieu est « Saint » (cf. Is 6,3)), cette nature divine que le Fils reçoit du Père de toute éternité, cette même nature divine que Lui, Troisième Personne de la Trinité, reçoit du Père et du Fils de toute éternité. « Lui me glorifiera », nous dit Jésus, « car c’est de mon bien qu’il recevra et il vous le communiquera. Tout ce qu’a le Père est à moi. Voilà pourquoi j’ai dit que c’est de mon bien qu’il reçoit et qu’il vous le communiquera » (Jn 16,14-15). Ce lien entre l’Esprit Saint et la terre rejoint l’explication habituelle de la couleur verte en contexte chrétien : couleur de l’espérance qui est le fruit de l’action concrète de l’Esprit Saint dans les cœurs. Et qu’y fait-il ? « L’Esprit vivifie » (Jn 6,63), « l’Esprit donne la vie » (Ga 5,25), et en nous communiquant cette vie, il nous donne un avant goût, un « quelque chose » (Elisabeth de la Trinité), un « je ne sais quoi » (Ste Thérèse de Lisieux) de la vie même du Ciel, qui ne peut que nous faire désirer d’y participer pleinement… Et ce sera, nous l’espérons, ce jour où nous verrons notre Rédempteur de nos yeux de chair, dans la Lumière de l’Esprit, et cela pour toujours… « Que le Dieu de l’espérance vous donne en plénitude dans votre acte de foi la joie et la paix, afin que l’espérance surabonde en vous par la puissance de l’Esprit Saint » (Rm 15,13). « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie » (Ste Thérèse de Lisiers), la Plénitude de la vie…

Au dessus du Saint Esprit, l’auteur a figuré comme une vague de Lumière… Cette vague évoque sa Force (Ac 1,8 ; 2Tm 1,7) et sa Puissance (Lc 1,35 ; 4,14). Mais une vague ne peut que renvoyer à de l’eau, mais cette fois, il s’agit de l’Eau Vive (Jn 4,10-14 ; 7,37-39), Eau Vive qui vivifie (Jn 6,63 ; Rm 8,2 ; 2Co 3,6 ; Ga 5,25), mais aussi Eau Pure qui purifie (Ez 36,25-28 ; 1Co 6,11 ; Tt 3,4-7). Et cette vague est couleur de Lumière, car « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5). L’Eau Pure qui purifie est cette Lumière qui nous purifie de toute forme de ténèbres : «  La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 1,5). Mais puisque « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5), l’Eau Vive est également cette Lumière qui nous communique « la Lumière de la vie » (Jn 8,12), une Lumière qui est Vie… Alors, notre vocation à être « à l’image et ressemblance de Dieu » (Gn 1,26-28) en « reproduisant l’image du Fils » (Rm 8,29) sera pleinement accomplie : « En Lui était la Vie, et la Vie était Lumière » (Jn 1,4)… Il en sera de même pour nous… Cette vague exprime ainsi toute la mission du Saint Esprit : « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), et « aimer, c’est tout donner et se donner soi-même » (Ste Thérèse de Lisieux ; cf. Jn 3,35 pour le Père et le Fils). L’Esprit Saint est ainsi tout particulièrement celui qui donne, qui nous donne, ce qu’Il Est de toute éternité… Et « Dieu Est Esprit » (Jn 4,24). Et « Dieu est Saint » (cf. Is 6,3). L’Esprit Saint Personne divine ne cesse donc de donner ce qu’Il Est Lui-même, et Il Est Esprit, et Il Est Saint : il donne ainsi « l’Esprit Saint » nature divine, cette nature divine que possède le Père de toute éternité, cette même nature divine que possède le Fils de toute éternité en tant qu’il la reçoit du Père en « Unique Engendré », « de même nature que le Père » (Crédo), cette nature divine que l’Esprit Saint, Troisième Personne de la Trinité reçoit du Père et du Fils en tant « qu’il procède du Père et du Fils » (Crédo), de toute éternité… Il est bien ainsi « le Seigneur qui donne la vie » (Crédo) en donnant « l’Esprit Saint – nature divine » qui est Lumière et Vie…

Cette vague lumineuse ne peut aussi qu’être symbole de Force, la Force de l’Esprit Saint : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous » (Ac 1,8). Cette Force est participation à celle-là même du Christ, Force de dire « je vous aime » à ceux-là même qui le tuent… « Ce n’est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné, mais un Esprit de Force, d’Amour et de maîtrise de soi » (2Tm 1,7). Grâce à lui, en comptant sur lui, en nous appuyant sur lui, le commandement de l’Amour devient possible… « Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,43-48), et la perfection du Père est celle de l’Amour, un Amour qui ne se laisse pas arrêter par le mal, et cela d’autant plus que le mal détruit, fait du mal à celui qui le commet : il ne peut que le plonger dans la souffrance (Rm 2,9). Et lorsque Dieu voit un des ses enfants souffrir, quelle que soit l’origine de sa souffrance, il est bouleversé de compassion jusqu’au plus profond de lui-même. Et son Amour se fait encore plus pressant pour celui qui, alors en a le plus besoin… « Là où le péché a abondé », et avec lui « souffrance et angoisse » (Rm 2,9), là aussi le remède a surabondé, « la grâce a surabondé » (Rm 5,20). A nous maintenant d’offrir toutes nos souffrances à Dieu, et de nous repentir avec son aide et son soutien. Alors, avec Lui et grâce à Lui, à nouveau, nous serons « bien »… « Soyez » donc, grâce au « Don de Dieu » (Jn 4,10 ; 1Th 4,8), au Don de son Esprit (Jn 20,22) et donc de son Amour (Jn 4,24 et 1Jn 4,8.16 ; Rm 5,5 ; Ga 5,22) « miséricordieux comme votre Père est Miséricordieux » (Lc 6,36 ; Bible des Peuples). « Montrez-vous compatissants, comme votre Père est compatissant » (Lc 6,36 BJ). « Soyez pleins de bonté comme votre Père est plein de bonté » (Parole de Vie). « Soyez généreux comme votre Père est généreux » (TOB)…

Icône de la Trinité

Notons aussi que les Trois sont assis sur un même trône, qui semble se confondre, du moins pour les personnages de droite et de gauche, avec la table de l’autel, un autel qui traditionnellement renvoie à la Présence de Dieu Lui‑même… Le trône, la table de l’offrande semblent être une seule et même réalité, et c’est bien en s’offrant sur la Croix, soutenu par le Père (Jn 17,1) et la Puissance de l’Esprit (Ac 1,8) que le Christ manifestera le Mystère de sa Royauté, non pas une royauté terrestre, mais une royauté divine, celle de l’Amour… Avec Lui et par Lui, l’Amour se révèle comme étant Tout Puissant : malgré les incroyables souffrances que les hommes lui ont fait subir, il n’y a jamais répondu par le mal ou la violence, mais par le silence habité par l’offrande de lui-même, et par ces Paroles : « Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »… Amour des hommes… « Père, entre tes mains je remets mon esprit », Amour du Père… « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse ! » Mais non, « il faut que le monde reconnaisse que j’aime le Père et que je fais comme le Père m’a commandé », avait-il dit peu avant sa Passion (Lc 23,34 ; 23,46 ; Lc 22,42 ; Jn 14,31). Et le Père lui a demandé d’être fidèle jusqu’au bout à sa mission de manifester « les entrailles de Miséricorde de notre Dieu » (Lc 1,78), « jusqu’au bout » (Jn 13,1), jusqu’à l’extrême de l’amour toujours offert à ceux-là même qui le tuaient… Il faut être « fort » pour agir ainsi, incroyablement « fort » : telle est la Toute Puissance de Dieu, Toute Puissance de l’Amour, Toute Puissance de la Miséricorde, comme me chante la Vierge Marie : « Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom, et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1,49-50). Et ressuscité, il reviendra bénir ceux-là même qui criaient « Crucifie le ! Crucifie le ! » (Lc 23,21) : « Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères a glorifié son serviteur Jésus que vous, vous avez livré et que vous avez renié devant Pilate, alors qu’il était décidé à le relâcher. Mais vous, vous avez chargé le Saint et le Juste; vous avez réclamé la grâce d’un assassin, tandis que vous faisiez mourir le prince de la vie. Dieu l’a ressuscité des morts : nous en sommes témoins… Vous êtes, vous, les fils des prophètes et de l’alliance que Dieu a conclue avec nos pères quand il a dit à Abraham : Et en ta postérité seront bénies toutes les familles de la terre. C’est pour vous d’abord que Dieu a ressuscité son Serviteur et l’a envoyé vous bénir, du moment que chacun de vous se détourne de ses perversités » (Ac 3,13-15 et 3,25-26).

Icône de la TrinitéEnfin, les Trois dessinent un cercle, en signe de perfection : perfection de Dieu, perfection de leur unité dans la Communion d’une même Lumière, d’un même Esprit, d’un même Amour… Si Jésus a dit « moi et le Père nous sommes un » (Jn 10,30), en tant qu’unis l’un à l’autre dans « l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3), dans « la communion de l’Esprit Saint » (2Co 13,13), on pourrait dire aussi : « Moi, le Père et l’Esprit Saint, nous sommes un »…

Et dans cette unité de l’Amour, où chacun ne regarde que l’autre, ne vit que pour l’autre, le plus grand est le plus petit… En effet, le Père n’est pas en position centrale, mais sur le côté, tout comme l’Esprit Saint… Et au centre, le Christ, mais Lui et l’Esprit Saint ne cessent de regarder le Père et de dire ainsi par leur seul regard que c’est avant tout Lui qui compte… Sans le Père, le Fils et l’Esprit Saint ne Sont rien, ils ne peuvent rien… « En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui même, qu’il ne le voie faire au Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement… Je ne puis rien faire de moi-même » (Jn 5,19-20.30). « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » (Mt 11,29), et au même moment « Maître et Seigneur »… Mais un Maître et un Seigneur au pied de ses disciples, au pied de tout homme, pour le servir, le laver, et lui « donner la seule vraie nourriture qui demeure en vie éternelle » (Jn 6,27)… « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car c’est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous. En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé. » « Or, je suis au milieu de vous comme celui qui sert ». « Sachant cela, heureux êtes‑vous, si vous aussi faites de même » à votre tour (Jn 13,13-17 ; Lc 22,27)…

D. Jacques Fournier

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Icône de la Trinité de Andreï Roublev




Audience Générale du Mercredi 22 Mai 2024

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 22 Mai 2024


Catéchèse – Les vices et les vertus – 20. L’humilité

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous allons conclure ce cycle de catéchèse en nous arrêtant sur une vertu qui ne fait pas partie du septénaire des vertus cardinales et théologales, mais qui est à la base de la vie chrétienne : cette vertu est l’humilité. Elle est le grand antagoniste du plus mortel des vices, c’est-à-dire l’orgueil. Alors que l’orgueil et l’arrogance gonflent le cœur humain, nous faisant paraître plus que ce que nous sommes, l’humilité ramène tout à sa juste dimension : nous sommes des créatures merveilleuses mais limitées, avec des qualités et des défauts. La Bible nous rappelle dès le début que nous sommes poussière et que nous retournerons à la poussière (cf. Gn 3,19), “Humble” en effet dérive de humus, c’est-à-dire terre. Pourtant, dans le cœur de l’homme naissent souvent des délires de toute-puissance, ce qui est très dangereux, et cela nous fait beaucoup de mal.

Pour se libérer de l’orgueil, il suffirait de bien peu de choses, il suffirait de contempler un ciel étoilé pour retrouver la juste mesure, comme le dit le Psaume : « À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? » (8,4-5). La science moderne nous permet d’étendre l’horizon beaucoup plus loin, et de ressentir encore plus le mystère qui nous entoure et nous habite.

Bienheureuses les personnes qui gardent dans leur cœur cette perception de leur propre petitesse ! Ces personnes sont préservées d’un vice monstrueux : l’arrogance. Dans ses Béatitudes, Jésus part précisément d’eux : « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux » (Mt 5,3). C’est la première béatitude parce qu’elle est à la base de toutes celles qui suivent : en effet, la douceur, la miséricorde, la pureté du cœur naissent de ce sentiment intérieur de petitesse. L’humilité est la porte d’entrée de toutes les vertus.

Dans les premières pages de l’Évangile, l’humilité et la pauvreté en esprit semblent être la source de tout. L’annonce de l’ange n’a pas lieu aux portes de Jérusalem, mais dans un village reculé de Galilée, si insignifiant que l’on disait : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » (Jn 1,46). Mais c’est précisément de là que renaît le monde. L’héroïne choisie n’est pas une petite reine qui a grandi dans une enfance douillette, mais une jeune fille inconnue : Marie. La première à s’étonner lorsque l’ange lui apporte l’annonce de Dieu, c’est elle-même. Et dans son cantique de louange, c’est précisément cet étonnement qui ressort : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante » (Lc 1, 46-48). Dieu est pour ainsi dire attiré par la petitesse de Marie, qui est avant tout une petitesse intérieure. Et il est également attiré par notre petitesse, lorsque nous l’assumons.

A partir de là, Marie se gardera bien de se mettre en scène. Sa première décision après l’annonce de l’ange est d’aller aider, d’aller se mettre au service de sa cousine. Marie se dirige vers les montagnes de Juda, auprès d’Elisabeth : elle l’assistera dans les derniers mois de sa grossesse. Mais qui voit ce geste ? Personne d’autre que Dieu. De cette vie cachée, la Vierge ne semble jamais vouloir sortir. Comme lorsque, dans la foule, une voix de femme proclame sa béatitude : « Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri ! ». (Lc 11,27). Cependant Jésus répond immédiatement : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Lc 11,28). Même la vérité la plus sacrée de sa vie – être la Mère de Dieu – ne devient pas pour elle un motif de vantardise devant les hommes. Dans un monde où l’on cherche à paraître, à se montrer supérieur aux autres, Marie marche résolument, par la seule force de la grâce de Dieu, dans la direction contraire.

Nous pouvons imaginer qu’elle aussi a connu des moments difficiles, des jours où sa foi avançait dans l’obscurité. Mais cela n’a jamais fait vaciller son humilité, qui est chez Marie une vertu granitique. Je veux le souligner : l’humilité est une vertu granitique. Pensons à Marie : elle est toujours petite, toujours dépouillée, toujours libre d’ambitions. Cette petitesse est sa force invincible : c’est elle qui reste au pied de la croix, alors que se brise l’illusion d’un Messie triomphant. Ce sera Marie, dans les jours qui précèdent la Pentecôte, à rassembler le groupe des disciples qui avaient été incapables de veiller seulement une heure avec Jésus, et l’avaient abandonné au moment de la tempête.

Frères et sœurs, l’humilité est tout. C’est elle qui nous sauve du Malin et du danger de devenir ses complices. Et l’humilité est la source de la paix dans le monde et dans l’Église. Là où l’humilité n’existe pas il y a la guerre, c’est la discorde, c’est la division. Dieu nous en a donné l’exemple en Jésus et Marie, pour notre salut et notre bonheur. Et l’humilité est précisément la voie, le chemin du salut. Je vous remercie !





Rencontre autour de l’Évangile – La Sainte Trinité (Mt 28, 16-20)

 « De toutes les nations faites des disciples.

Baptisez-les au nom du Père,

et du Fils, et du Saint Esprit. »

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

 Situons le texte et lisons (Math 28, 16-20)

Le passage que nous allons méditer est la finale de l’Evangile de Matthieu. C’est le couronnement de son évangile ; il comprend :

  • Une révélation : Jésus est Seigneur du ciel et de la terre,

  • Une mission : allez, enseignez, baptisez,

  • Une promesse : « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde ».

Soulignons les mots importants

 Les Onze disciples : Dans l’évangile de Matthieu il est toujours questions des « disciples » : Qu’est-ce qu’un disciple ? Après le départ de Judas, le groupe est réduit : que fera Pierre après l’Ascension de Jésus et la Pentecôte ?

En Galilée : A quel moment Jésus a-t-il donné rendez-vous à ses disciples ? (Rappelez-vous ce que Jésus a dit aux femmes le matin de Pâques). Quelle a été l’importance de la Galilée dans le ministère de Jésus ?

La montagne : Quel est le sens symbolique de la montagne ? (citer quelques montagnes célèbres de la Bible)

Ils se prosternèrent : Que signifient ce geste des disciples ?

Certains eurent des doutes : Comment cela peut-il se faire ?

Jésus s’approcha : Pourquoi cette démarche de Jésus ?

Tout pouvoir…: De qui Jésus a-t-il reçu son pouvoir ? Quel est ce pouvoir ? (on peut se rappeler ce que le diable promettait à Jésus lors de sa tentation)

Allez donc : Que pensez de cet envoi ? A qui s’adresse-t-il ?

De toutes les nations : Quelle est l’importance de cette parole quand on sait que Matthieu écrivait son évangile pour des chrétiens d’origine juive ?

Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit : Quelle est la volonté de Dieu pour ce monde ? Quelle est la mission pour Matthieu ?

Apprenez-leur à garder tous les commandements : Quel est la loi qui résume tous les commandements de Jésus ?

Et moi, « Je suis » avec vous … Rapprocher cette parole avec le nom qui est donné à Jésus dans l’Annonce à Joseph (au début de l’évangile de Mt).

 

Pour l’animateur  

 Les onze disciples : Matthieu parle des « disciples » et non des « apôtres », parce que pour lui, au moment de l’envoi, ils sont toujours des « élèves ». Après la Pentecôte, Pierre aura le souci de rétablir le groupe des « Douze » par le choix de Matthias.

Au matin de Pâques, les femmes furent envoyées comme messagères pour dire aux apôtres que Jésus Ressuscité leur donnait rendez-vous en Galilée. C’est là, dans ce carrefour où se croisaient des gens de partout, que Jésus avait commencé sa mission et c’est de là qu’il envoie ses disciples pour la mission universelle (« de toutes les nations »).

La « montagne », symbole de la rencontre avec Dieu, nous fait penser ici à la montagne où le démon montrait à Jésus tous les royaumes de la terre, à la montagne des béatitudes où le Maître proclamait la charte du Royaume, à la montagne de la Transfiguration où le Fils de l’homme manifesta sa gloire, et aussi au mont Nébo où Moïse fit ses adieux à son peuple avant son entrée dans la terre promise.

Jésus s’approcha : cette démarche de Jésus exprime que c’est toujours lui qui fait le premier pas et qui a l’initiative. Les disciples se prosternent : geste de foi ; pour certains la foi hésitante ; les doutes montrent bien que le cheminement de la foi n’est pas terminé ; la foi reste un risque et c’est en s’engageant dans la mission que leur foi va s’affermir.

« Tout pouvoir » : le pouvoir que Jésus a reçu du Père, c’est de donner la vie de Dieu à tous hommes. Tous les hommes sont invités à mettre leur existence sous son autorité pour devenir ses disciples.

Allez donc ! : cet envoi en mission s’adresse non seulement au Onze mais à tous les disciples qui vont naître de leur prédication. Pour Matthieu, la mission n’est pas une conquête. Elle consiste pour les disciples à faire d’autres disciples : des hommes et des femmes qui, grâce au témoignage des disciples, font l’expérience que l’enseignement de Jésus, changent leur vie et deviennent à leur tour ses disciples en vivant selon la loi d’amour, qui résume tous les commandements.

Et l’accueil du Maître et de ses commandements s’expriment par le baptême qui enracine le croyant dans une communauté d’appartenance « au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ». Au début de l’Evangile, Jésus reçoit le nom « d’Emmanuel » : Dieu-avec-nous. En terminant son évangile, Jésus promet qu’il sera toujours l’Emmanuel, « Dieu avec-nous » – « Je suis » avec vous « jusqu’à la fin du monde ».

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus fais grandir notre foi en ta Résurrection et en ta présence avec nous jusqu’à la fin du monde. Que ton Esprit-Saint nous aide à vivre en vrais disciples, pour que, grâce à notre témoignage, d’autres disciples se lèvent et le suivent. Merci d’être avec nous tous les jours. Sans toi nous ne pouvons pas faire grand-chose ! Oui, reste avec nous.

TA PAROLE DANS NOTRE VIE :

Nous avons reçu la mission d’enseigner, puisque nous sommes l’Église, les disciples du Ressuscité : Enseignons-nous par notre exemple ? Ceux qui nous voient vivre peuvent-ils pressentir que nous vivons de la présence de Jésus et de l’amour du Père, du Fils et de l’Esprit ?

Enseignons-nous aussi par la parole ? L’Église a besoin de catéchistes formés, d’éducateurs de la foi, capables de témoigner de leur foi auprès des enfants, des jeunes, des adultes…

Nous avons été baptisés au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit : Qu’avons-nous fait de notre baptême : Vivons-nous de l’amour de la famille divine dans laquelle nous sommes plongés et qui est en nous. Quelle est la place du grand commandement de l’amour dans notre vie quotidienne ?

Jésus nous a promis d’être toujours présent à nos côtés : Que faisons-nous de sa présence ?

 

ENSEMBLE PRIONS  

Chant :   Reste avec nous  p. 320

               Dans la nuit se lèvera une lumière (Peuples de frères) p.514

 

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : LA STE TRINITE ANNEE B

 

 

 




Dimanche de la Sainte Trinité (Mt 28, 16-20) – par Francis COUSIN

« Allez ! De toutes les nations faites des disciples. »

 

 Cette phrase est adressée par Jésus à ses disciples sur une « montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. ».

C’est Jésus qui convoque ses disciples …

Quand nous allons à la messe, avons-nous conscience que nous sommes ’’convoqués’’ par Jésus pour participer à l’Eucharistie, répondant à son invitation impérative « Faites ceci en mémoire de moi ! » (Lc 22:19) …

Qu’aller à la messe, ce n’est pas obéir à une obligation ou une convention sociale … mais c’est aller à la rencontre de quelqu’un qui nous y invite : Jésus … et que nous sommes heureux de rencontrer …

Cela devrait être une joie pour nous de répondre à cette invitation … Comme l’était la joie de Bernadette pour se rendre à la grotte de lourdes, aux voyants de Fatima pour aller près du chêne vert, et à ceux de Medjugorjé pour monter sur la colline du Podbrodo … C’était pour eux une nécessité de répondre à cette invitation, et cela malgré les interdictions diverses, familiales, politiques ou policières …

Comment fait-on pour ’’faire’’ des disciples ?

Faire comme Jésus : Enseigner la Parole de Dieu, annoncée par Jésus, et la mettre en pratique …

Et ensuite confirmer l’adhésion par le Baptême.

Mais pas le baptême de Jean-Baptiste, qui disait : « Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » (Mt 3,11)

Il faut attendre la fin de l’évangile selon saint Mattieu pour voir en une seule phrase nommer les trois membres de la Sainte Trinité : « Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. ».

Le baptême n’est pas l’affaire de Dieu le Père tout seul.

Le baptême n’est pas l’affaire de Jésus tout seul, même si parfois on parle du baptême de Jésus, par opposition au baptême de Jean-Baptiste.

Le baptême n’est pas l’affaire de l’Esprit Saint tout seul.

Il est l’affaire des trois membres de la Trinité qui agissent de manière concomitante.

Cependant chaque membre de la Trinité a ses caractéristiques propres :

Le Père comme créateur de l’univers, Dieu d’Amour et de miséricorde,

Le Fils Jésus comme Verbe, Parole de Dieu faite homme,

L’Esprit Saint comme défenseur, Esprit de vérité, guide de nos âmes.

Mais dans la vie courante, ils agissent tous les trois ensemble sans qu’on puisse distinguer la part de chacun des trois …

« Nous sommes appelées à vivre notre relation avec Dieu non seulement dans le secret de notre chambre, comme Jésus nous y invite quand nous voulons prier, ni même seulement dans des communions eucharistiques qui seraient des démarches purement individuelles à laquelle l’existence de l’Église ne serait qu’un facteur adjacent, mais de façon sacramentelle. C’est-à-dire que nous entrons dans la plénitude de la communion avec Dieu trinitaire quand nous participons aux sacrements de l’Église tels que celle-ci a la mission de les célébrer et en a défini les normes. Ceci vérifie l’importance vitale, en plus du baptême et de la confirmation, de la participation régulière à la messe (…) ainsi qu’au recours au sacrement de réconciliation autant qu’il est nécessaire. » (Card. André Vingt-trois).

Seigneur Dieu,

Toi qui est tout Amour,

qui partage cet Amour avec

ton Fils et l’Esprit Saint,

et avec tous les humains,

nous te remercions pour cet Amour

que tu nous donnes,

et pour la compassion que tu as envers nous.

 

                                                                                              Francis Cousin

 

 

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Image dim trinité B

 




La Sainte Trinité – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 28, 16-20)

 « Dieu est Trinité éternelle… »

(Mt 28, 16-20)

 

          En ce temps-là, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.
Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.
Allez ! De toutes les nations faites des disciples : 20
apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

 

                  

 

               Le Crédo d’Israël était : « ECOUTE, Israël ! Le Seigneur notre Dieu est le Seigneur UN » (Dt 6,4). Le Nouveau Testament proclame lui aussi « le Dieu unique », soit en reprenant ce Crédo (Mc 12,29), soit par exemple, lorsque Jésus s’adresse à ses adversaires : « Comment pouvez-vous croire, vous qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique » (Jn 5,44). St Paul écrira lui aussi : « Nous savons qu’il n’est de Dieu que le Dieu unique » (1Co 8,4)…

            Mais, comme le précise Xavier Léon Dufour, « l’unicité de Dieu ne requiert pas sa réduction à celle d’un individu ». Telle sera la grande révélation du Nouveau Testament présentée par St Jean dès le premier verset de son Evangile : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu ». Le premier emploi du mot « Dieu » désigne « le Père », tandis que le second évoque le fait « d’être Dieu », c’est-à-dire de posséder pleinement ce qui est propre à Dieu et à Dieu seul, ce que Dieu est en lui‑même, sa nature divine. St Jean l’évoque en trois versets : « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5).

            St Jean nous présente également les Trois Personnes divines (Jn 14,15-17) : « Si vous m’aimez », disait Jésus, « vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur », sous entendu que moi, et l’on ne peut comparer au Fils Personne divine (« Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20,28)), qu’une autre Personne divine : « l’Esprit de Vérité », l’Esprit Saint, « qui sera pour toujours avec vous, car il demeure auprès de vous ».

            Ces Trois Personnes sont toujours en face à face, tournées l’une vers l’autre, et chacune est pleinement « Dieu » au sens où chacune est pleinement ce que Dieu seul est en lui-même : Amour, Esprit, Lumière… Et nous avons toujours à bien faire la distinction entre les Personnes divines, éternellement en face à face, chacune étant la seule à être « qui » elle est, et leur nature divine qui, elle, est partagée par les Trois… Petite précision supplémentaire : les mots « Esprit » et « Saint » peuvent être employés ou bien pour former un Nom propre, et désigner ainsi une Personne divine unique, « l’Esprit Saint » ou « le Saint Esprit », ou bien en tant que simples nom commun et adjectif pour évoquer ce que Dieu est en lui-même, sa nature divine : « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), Dieu est Saint (Lv 19,2). Et voilà ce qu’il nous donne : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22).

            Et les relations qui unissent les Trois sont des relations d’Amour, le Père ayant une primauté éternelle. « Le Père aime le Fils, et il donne tout en sa main », l’engendrant ainsi en Fils éternel, « avant tous les siècles », en « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière »… Et c’est du Don commun du Père et du Fils, dans ce même Amour, que procède l’Esprit Saint : « Il reçoit ce qui est de moi », dit Jésus (Jn 16,15), une réalité éternelle… Et l’Esprit Saint « Seigneur », vrai Dieu, sera lui aussi Amour et donc « Don éternel de lui-même ». De toute éternité, il reçoit la vie du Père et du Fils ? « Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie », qui nous donne sa vie…

DJF




Audience Générale du Mercredi 15 Mai 2024

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 15 Mai 2024


Catéchèse – Les vices et les vertus – 19. La charité

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, nous allons parler de la troisième vertu théologale, la charité. Les deux autres, rappelons-le, étaient la foi et l’espérance ; aujourd’hui, nous parlerons de la troisième, la charité. C’est le point culminant de tout l’itinéraire que nous avons suivi avec les catéchèses sur les vertus. Penser à la charité dilate immédiatement le cœur, élargit l’esprit conformément aux paroles inspirées de Saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens. En conclusion de ce merveilleux hymne, Saint Paul cite la triade des vertus théologales et s’exclame : « Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. » (1 Co 13, 13).

Paul adresse ces paroles à une communauté qui était loin d’être parfaite dans l’amour fraternel : les chrétiens de Corinthe étaient plutôt querelleurs, il y avait des divisions internes, il y avait ceux qui prétendaient avoir toujours raison et qui n’écoutaient pas les autres, les considérant comme inférieurs. À ceux-là, Paul rappelle que la science enfle, tandis que la charité édifie (cf. 1 Co 8,1). L’Apôtre rapporte ensuite un scandale qui touche même le moment de plus grande unité d’une communauté chrétienne, à savoir la « Cène du Seigneur », la célébration eucharistique : même là, il y a des divisions, et il y a ceux qui en profitent pour manger et boire en excluant ceux qui n’ont rien (cf. 1 Co 11, 18-22). Face à cela, Paul porte un jugement sévère : « Lorsque vous vous réunissez tous ensemble, ce n’est plus la cène du Seigneur que vous prenez » (v. 20), vous avez un autre rituel, qui est païen, ce n’est pas la cène du Seigneur.

Qui sait, peut-être que personne dans la communauté de Corinthe ne pensait commettre un péché et que les paroles dures de l’apôtre semblaient un peu incompréhensibles pour eux. Ils étaient probablement tous convaincus d’être de bonnes personnes et, si on les avait interrogés sur l’amour, ils auraient répondu que certainement l’amour était une valeur très importante, tout comme l’amitié et la famille. Aujourd’hui encore, l’amour est sur les lèvres de tous, sur les lèvres de tant d' »influenceurs » et dans les refrains de tant de chansons. On parle tant de l’amour, mais qu’est-ce que l’amour ?

« Mais qu’en est-il de l’autre amour ? semble demander Paul aux chrétiens de Corinthe. Non pas l’amour qui monte, mais celui qui descend ; non pas celui qui prend, mais celui qui donne ; non pas celui qui apparaît, mais celui qui est caché. Paul s’inquiète du fait qu’à Corinthe – comme parmi nous aujourd’hui – il y a de la confusion et que la vertu théologale de l’amour, celle qui vient seulement de Dieu, on n’en fasse aucun cas. Et si, même en paroles, tous assurent qu’ils sont de bonnes personnes, qu’ils aiment leur famille et leurs amis, en réalité, de l’amour de Dieu, ils n’en savent que très peu.

Les chrétiens de l’Antiquité disposaient de plusieurs mots grecs pour définir l’amour. Finalement, c’est le mot « agapè » qui s’est imposé, que nous traduisons habituellement par « charité ». Car en vérité, les chrétiens sont capables de tous les amours du monde : eux aussi tombent amoureux, plus ou moins comme cela arrive à tout le monde. Ils connaissent eux aussi la gentillesse de l’amitié. Ils vivent aussi l’amour de la patrie et l’amour universel pour toute l’humanité. Mais il y a un amour plus grand, un amour qui vient de Dieu et qui est dirigé vers Dieu, qui nous permet d’aimer Dieu, à devenir ses amis, et qui nous permet d’aimer notre prochain comme Dieu l’aime, avec le désir de partager l’amitié avec Dieu. Cet amour, à cause du Christ, nous pousse là où humainement nous n’irions pas : c’est l’amour pour le pauvre, pour ce qui n’est pas aimable, pour celui qui ne nous aime pas et n’est pas reconnaissant. C’est l’amour pour ce que personne n’aimerait, même pour son ennemi. Même pour l’ennemi. Cet amour est “théologal”, cet amour vient de Dieu, c’est l’œuvre de l’Esprit Saint en nous.

Jésus prêche dans le Sermon sur la montagne : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant » (Lc6,32-33). Et il conclut : « Aimez vos ennemis – nous sommes habitués à dire du mal des ennemis- aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. » (v. 35). Souvenons-nous de ceci : « Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour « . Ne l’oublions pas !

Dans ces paroles, l’amour se révèle comme une vertu théologale et prend le nom de charité.  L’amour est charité. Nous nous apercevons immédiatement qu’il s’agit d’un amour difficile, voire impossible à pratiquer si l’on ne vit pas en Dieu. Notre nature humaine nous fait spontanément aimer ce qui est bon et beau. Au nom d’un idéal ou d’une grande affection, nous pouvons même être généreux et accomplir des actes héroïques. Mais l’amour de Dieu va au-delà de ces critères. L’amour chrétien embrasse ce qui n’est pas aimable, offre le pardon, – Qu’il est difficile de pardonner ! Combien d’amour faut-il pour pardonner ! -L’amour chrétien bénit ceux qui maudissent, alors que nous avons l’habitude, face à une insulte ou à une malédiction, de répondre par une autre insulte, par une autre malédiction. C’est un amour si audacieux qu’il semble quasi impossible, et pourtant c’est la seule chose qui restera de nous. L’amour est la « porte étroite » par laquelle nous devons passer pour entrer dans le Royaume de Dieu. En effet, au soir de la vie, nous ne serons pas jugés sur l’amour générique, nous serons jugés précisément sur la charité, sur l’amour que nous avons eu concrètement. Et Jésus nous dit ceci, c’est tellement beau : « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40). C’est ce qu’il y a de beau, de grand dans l’amour. Allons de l’avant et courage !

_____________________

Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les Mécènes des Musées du Vatican venus de Belgique, ainsi que les élèves du lycée St. Thomas de Villeneuve et de l’école Sainte Marie, venus de France.

Je vous invite à entrer dans l’amitié avec Dieu qui nous unit à Lui et se manifeste dans l’amour de charité envers tous ! Que l’Esprit Saint vienne accomplir l’œuvre qu’il a commencée en vous !

Dieu vous bénisse !





La Pentecôte (Jn 15, 26-27.16,12-15) – par D. Alexandre ROGALA

La semaine dernière, nous avons célébré l’Ascension de notre Seigneur. Depuis que dans son humanité, il est entré dans l’intimité de Dieu le Père, Jésus ne peut plus être perçu par nos sens. Nous ne le voyons plus avec nos yeux, nous ne l’entendons plus avec nos oreilles, et nous ne pouvons plus le toucher.

Cet enlèvement de Jésus d’auprès des disciples a interrogé Sainte Catherine de Sienne. Se souvenant que dans l’évangile selon Jean, dans son discours d’adieu, Jésus dit à ses disciples : «  je vous dis la vérité : il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous » (Jn 16, 7), sainte Catherine s’est demandé en quoi le départ de Jésus était quelque chose de positif pour ses disciples, et si le don de l’Esprit Saint était une compensation suffisante, pour ainsi dire, de l’absence physique du Seigneur.

Dans le livre des Dialogues qu’elle a écrit, elle s’appuie sur un autre passage du discours d’adieu de Jésus dans lequel, il dit aux disciples : « Je m’en vais, et je viens à vous » (Jn 14, 28). Sainte Catherine arrive donc à la conclusion que par le don du Saint Esprit, il est possible pour Jésus d’être présent de manière personnelle auprès de chacun de ses disciples, peu importe ou il habite. C’est pourquoi elle écrit que « le Saint Esprit ne vient jamais seul, mais il vient avec la puissance du Père et la sagesse du Fils ». (Dialogue XXIX). Pour le dire autrement, par le don du Saint Esprit, la présence du Fils de Dieu n’est plus limitée, ni à un lieu précis, ni à une époque.

L’intuition de sainte Catherine se vérifie dans les lectures de ce jour

Dans la première lecture tirée du livre des Actes des Apôtres, saint Luc nous raconte le récit du don de l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte. Le terme Pentecôte vient du grec pentékostê (πεντηκοστή) qui signifie « cinquantième ». Pendant la période du premier Temple de Jérusalem construit par Salomon (cf. 1 R 5), le cinquantième jour après Pâque, les hébreux se rendaient en pèlerinage à Jérusalem pour présenter à Dieu les premiers fruits de la récolte, mûrie en sept semaines depuis la Pâque, comme le prescrivait la Loi. Dans la Bible hébraïque, cette fête est appelée Hag Shavouot (הַג שָׁבֻעֹת), ce qui signifie « fête des semaines ».

Par exemple, dans le livre du Deutéronome, après avoir donné des instructions pour la Pâque, le Seigneur dit : « Tu compteras sept semaines : dès que la faucille commence à couper les épis, tu commenceras à compter les sept semaines. Puis tu célébreras la fête des Semaines en l’honneur du Seigneur ton Dieu, avec l’offrande volontaire que fera ta main ; ton offrande sera à la mesure de la bénédiction du Seigneur ton Dieu » (Dt 16, 9-10, voir aussi Ex 34, 22 ; Lv 23, 15-20 et Nb 28, 26).

Progressivement à partir du premier siècle, la « fête des semaines » commence à être rattachée à l’histoire du salut. Une première évolution sera de rattacher cette fête à l’alliance conclue par Dieu avec Noé (Gn 9). Puis dans un deuxième temps, ce sens lié à l’alliance va encore évoluer, et les pèlerins venant à Jérusalem vont célébrer ce jour-là l’alliance avec Moïse et le don de la Loi.

Il est possible que saint Luc connaissait ce sens, puisque dans son récit de la Pentecôte du livre des Actes des Apôtres, les mentions du « bruit » et du « feu » qui accompagnent le don de l’Esprit Saint, font penser à la manifestation de Dieu sur le mont Sinaï qui précède l’alliance et le don de la Loi dans le livre de l’Exode (Ex 19).

Si vous êtes chrétiens depuis quelques années, vous avez surement déjà entendu la lecture traditionnelle de ce texte qui oppose le don de la Loi gravée sur les tables de pierre à la loi gravée dans les cœurs qu’est l’Esprit Saint.

Ce matin, je voudrai plutôt attirer votre attention sur un détail de ce texte qui me semble plus utile pour mieux comprendre qui est l’Esprit Saint. Tout à l’heure, nous avons dit que par l’Esprit Saint, il était possible pour Jésus d’être présent de manière personnelle auprès de chacun de ses disciples. Le terme important ici est : « personnel ».

Dans son récit de la Pentecôte, saint Luc nous dit à propos du bruit que « la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière » (Ac 2, 2) et à propos des langues qu’on aurait dite de feu qu’« il s’en posa une sur chacun d’eux » (Ac, 2, 3). Il semble que Luc veut signifier que l’Esprit Saint est à la fois un don collectif et individualisé. Il concerne tous les disciples réunis, et chacun d’entre eux individuellement.

De la même façon, « Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, (les pèlerins) se rassemblèrent en foule » et « chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient » (Ac 2, 6). Par l’Esprit, Dieu s’adresse à toutes les nations, et en même temps à chaque personne en particulier. Par conséquent, l’Esprit s’adresse aussi à moi. Et que veut-il cet Esprit Saint ? Quel est son objectif ?

Dans le texte d’évangile, Jésus répond que « l’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière » (Jn 16, 13). Jésus nous présente l’Esprit comme un guide qui doit conduire les disciples dans la vérité. Or nous savons que dans ce même évangile johannique, Jésus se présente lui-même comme la vérité : « je suis le chemin, la vérité et la vie » a-t-il dit à ses disciples un peu plus tôt dans ce même discours (14, 6). Donc l’Esprit Saint est comme un maître qui nous conduit sur la voie du Christ.

Mais il ne s’agit pas d’un changement instantané, et saint Paul nous le rappelle dans l’extrait de la Lettre aux Galates que nous avons entendu.

Au début de cet extrait, l’Apôtre écrit : « Frères, je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint » (Ga 5, 16). Et à la fin, il répète : « Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit » (5, 25).

Saint Paul nous rappelle que la vie dans l’Esprit n’est pas une transformation magique, mais une marche pour intégrer progressivement l’Évangile et le mettre en application dans ma vie.

Dans l’évangile selon Matthieu, Jésus dit que « tout arbre bon donne de beaux fruits » (Mt 7, 17). Paul emprunte la même image, celle du « fruit » pour nous donner un critère de discernement pour savoir si ce que l’on fait vient de l’Esprit Saint. Je vous relis ce passage qui se passe de commentaire : « Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (Ga 5, 22).

Chers frères et sœurs, en ce jour de la Pentecôte, comme nous exhorte saint Paul, « marchons sous la conduite de l’Esprit » ! Et puisqu’il parle à chacun d’entre nous personnellement et que « ce qu’il dit ne vient pas de lui-même : mais que c’est ce qu’il aura entendu du Père et du Fils » (cf. Jn 16, 13), à partir d’aujourd’hui et dans la suite de notre vie, prenons l’engagement d’être plus attentif aux conseils de ce divin guide. Amen.