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JESUS LE CHRIST, des Apôtres aux Pères de l’Eglise

JÉSUS LE CHRIST

Des Apôtres aux Pères de l’Eglise

CONFÉRENCE

par Yannick Leroy

(intervenant auprès du SEDIFOP et historien des origines du Christianisme)

 

MAISON DIOCÉSAINE (ÉVÉCHÉ)

Salle Jean Paul II, 3ième étage

36 rue de Paris à St Denis

 

 Samedi 28 Septembre 2024

de 14h à 17h – Entrée Libre

 

 

Pour visualiser l’affiche cliquer ici : CONFERENCE LE CHRIST YANNICK LEROY




26ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 9, 38-43.45.47-48) – par Francis COUSIN

« Prendre sa place …  avec les autres ! »

 

Jean, un des Douze, interpelle Jésus à propos de quelqu’un qui a expulsé des démons, au nom de Jésus, et il lui dit, au nom des Douze, : « Nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. », pensant sans doute bien faire.

Mal lui en a pris, car Jésus ne le félicite pas, au contraire : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi. ».

On voit ainsi apparaître deux groupes autour de Jésus : les Douze et ceux et celles qui le suivent régulièrement d’une part, et les autres d’autre part, quel que soit leur opinion vis-à-vis de Jésus.

Une tendance au replis sur soi ! Presque une ségrégation. Les bons et les autres …

Et dans les bons, on met à part ceux qui ont été choisi par Jésus : les Douze.

Eux qui avaient du mal à ne pas se sentir supérieurs aux autres …

On comprend la réaction du groupe, surtout que peu auparavant les disciples qui n’avaient pas assistés à la Transfiguration n‘avaient pas pu guérir le démoniaque épileptique (Ma 9,14-29), et s’étaient fait reprocher de ne pas assez prier Dieu pour cela, de ne pas compter sur lui …

C’est une tendance qui n’est pas propre au temps de Jésus.

Et on peut parfois retrouver cette attitude, même dans nos paroisses et mouvements …

Et Jésus continue : « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. ».

Alors que généralement, dans notre langage humain, on a plutôt tendance à dire : « Celui qui n’est pas pour nous est contre nous. ».

Et Jésus dit ensuite : « Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. »

Un verre d’eau !

Qu’est-ce qu’un verre d’eau ?

Pour nous, pas grand-chose … et souvent nous gaspillons plus qu’un verre …

Au temps de Jésus, il fallait aller jusqu’à un puits … qui pouvait être éloigné … ou avoir une jarre en réserve chez soi …

Et actuellement, dans certains pays pas loin d’ici, c’est problématique d’avoir de l’eau pour boire …

Mais qui refuse un verre d’eau à celui qui a soif ?

Et si on nous le donne au nom de notre appartenance au Christ, la personne qui le donne a droit à une récompense de Dieu !

La fin du passage est un peu effrayante !

« Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. ».

Dieu ferait-il cela ? Non, puisqu’il veut que tous les humains « soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité» (1 Tm 2.4), et il est tendre et miséricordieux, plein d’amour pour les humains, … mais il nous demande de nous-mêmes prendre les dispositions pour que cela n’arrive pas.

Et c’est radical : tout ce qui est pour toi occasion de péché : main, pied, œil, coupe-le, arrache-le, car « Mieux vaut pour toi entrer manchot, estropié, borgne, dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux jambes, mains, yeux… »

Bien sûr, ces phrases ne doivent pas être prises au sens strict, mais ce sont des images fortes que Jésus utilise pour frapper les esprits de ses auditeurs, des images qui font peurs et font réfléchir, qui invitent à passer à l’action.

Ce passage d’évangile nous fait penser malheureusement à l’Abbé Pierre, et à des révélations sur sa conduite envers des femmes. On peut être attristé de cela … mais on ne peut pas oublier tout le bien qu’il a fait en faveur des pauvres, des petits et des mal-logées. Vouloir rejeter son nom n’appartient qu’aux responsables de ces associations qui feront ce qui leur semble bon de faire, pour le bien de tous.

Mais en même temps, le lit le communiqué « Reine de la paix » sur ’’l’expérience spirituelle ’’ de Medjugorje : « En ce qui concerne les anciens protagonistes du phénomène, qui ont fait l’objet de controverses et même d’accusations au fil des ans, le document précise dès les premières lignes que le nihil obstat n’implique pas un jugement sur leur vie morale et que, de toute façon, les dons spirituels « ne requièrent pas nécessairement la perfection morale des personnes impliquées pour agir ». (Extraits de : Le cœur du pasteur et la foi du peuple | ZENIT – Français -19/9/24.

Et n’oublions jamais : « Déteste le péché et aime le pécheur, parce que Dieu est avant tout amour et qu’il est miséricordieux.

« Dans notre combat commun de baptisés, nous devons être attentifs au comportement de nos frères et sœurs. Nous ne pouvons pas continuer à tolérer les dissimulations face aux abus.

De la responsabilité pastorale à la responsabilité éducative, toutes nos institutions sont appelées à faire un pas en avant. Ce n’est que si nous parvenons à façonner une alliance préventive parmi tout le peuple de Dieu qu’il sera possible d’éradiquer la culture de mort qui est porteuse de toutes les formes d’abus sexuels, de conscience, de pouvoir.

« Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance. » (1Co12,26). Les paroles de saint Paul nous rappellent combien nous sommes tous appelés à une mobilisation permanente face au fléau des abus. » (Pape François, ’’Au nom de Dieu, je vous demande’’ , pages 21-22)

Faisons de cette parole du pape François notre prière de ce jour.

                                                                                   Francis Cousin

Pour accéder à cette prière et à son illustration cliquer sur le titre suivant : Image dim ordinaire B 26°

 




26ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 9, 38-48) – Homélie du Père Louis DATTIN

Une Eglise sans frontières

Mc 9, 38-48

Vous avez pu le constater autour de vous, mes frères, les hommes sont très forts, souvent très habiles pour tracer entre eux des lignes de démarcation soit entre les races, entre les classes sociales, entre les idées politiques et même, parfois surtout, entre les religions. Ils décident, qu’ici triomphe le bien et que, , règne le mal. Ici, c’est la vérité et , l’erreur ; de ce côté-là, c’est le ciel et de l’autre, l’enfer. C’est un monde en noir et blanc, où tout est bon d’un côté, où tout est mauvais de l’autre. Ils en viennent même à incorporer Dieu, lui-même, dans leur camp. Ils le réquisitionnent à leur service. Les soldats allemands portaient un ceinturon, pendant la guerre, où était gravé « Dieu avec nous », tandis que les français chantaient « Sauvez, sauvez la France au nom du Sacré-Cœur », et les soldats s’entre-tuaient avec ardeur en se réclamant du même Dieu, lui demandant de les soutenir dans leurs « justes » combats.

Mais ne faudrait-il pas demander son avis à Dieu ? Or, justement, cet avis, il nous le donne aujourd’hui par deux textes de la liturgie.

Tout d’abord celui de l’Ancien Testament : Moïse s’est retiré pour prier avec soixante-dix Anciens et voici que l’Esprit vient sur eux et qu’ils se mettent à prophétiser, mais horreur ! On vient prévenir Moïse que deux anciens qui ne se sont pas joints à eux, se mettent à prophétiser eux aussi ! Il faut les arrêter ! Et Moïse intervient : « Seriez-vous jaloux ? » « Ah, si le Seigneur pouvait mettre son Esprit sur tous, pour faire de tout son peuple, un peuple de prophètes ! »

Le 2e texte est tiré de l’Evangile de Marc : cette fois, c’est un apôtre qui réagit violemment : « Maître, nous avons vu quelqu’un chasser les esprits mauvais en ton nom, alors que cet homme n’est pas de ceux qui nous suivent et nous avons voulu l’en empêcher ».

Jésus, lui, se réjouit : « Ne l’empêchez pas ! Car celui qui n’est pas contre nous, est avec nous ».

Nul ne peut prétendre posséder, confisquer, monopoliser l’Esprit. « L’Esprit, il souffle où il veut », rappelle Jésus à Nicodème. « Nul ne sait, ni d’où il vient, ni il va » et ceux qui agissent par lui ne sont pas nécessairement des disciples patentés, des apôtres désignés, des chrétiens baptisés et mandatés.

 

Grâce à Dieu, l’Esprit n’est pas enfermé dans les registres de nos sacristies. « Dans l’Eglise catholique, écrivait St-Augustin, se trouve des non-catholiques, mais on peut trouver aussi du « catholique » en dehors de l’Eglise ». Beaucoup de ceux qui semblent être dehors sont dedans. Beaucoup de ceux qui paraissent être « en dedans » sont « en dehors ». Personne ne peut prétendre posséder tout seul la vérité de Dieu.

Les frontières du Royaume ne sont pas balisées et nul n’est assuré d’en être le citoyen !

Nous avons parfois, en face tel homme non-chrétien qui a forcé notre admiration et qui a eu une réaction plus évangélique que celle que nous aurions eue, la tentation de poser au Seigneur cette question : « Seigneur, dis-nous, « de quel camp tu es « ? Le camp du Seigneur ? » Frères, il n’est pas ici ou  : il est partout. Il n’est pas avec telle ou telle catégorie d’hommes. Il est avec tous les hommes ! Mais, rassurez-vous, j’ajoute immédiatement qu’il y a, en effet, des lieux ou des moments où l’Esprit du Christ agit, et d’autres où il n’agit pas. Oui, il y a des lignes de démarcation, des rideaux de fer, des ghettos, des clans… que sais-je.

Mais ces frontières-là ne sont pas nous les dressons. Elles ne se situent pas entre tel groupe et tel autre, pas même entre tel homme et tel autre. Cette frontière-là, elle passe dans le cœur de chacun et de tous les hommes sans exception !

 Le bien et le mal, il est dans notre cœur à nous. Nous le savons par expérience quotidienne : nous sommes partagés, divisés et si nous sommes loyaux, nous reconnaissons que si l’Esprit est capable de faire le bien par nous, un autre esprit, celui du mal, est aussi capable de nous entraîner vers le mal, vers l’égoïsme, vers l’orgueil, vers la haine et St-Paul avouait avec un rien de découragement : « Le bien que je désire, je n’arrive pas à le réaliser, tandis que le mal que je hais, je tombe dedans régulièrement ». St-Jean est catégorique : « Tout amour vient de Dieu : celui qui n’aime pas demeure dans la mort ». « S’il n’aime pas et qu’il prétend être dans la lumière, il se fait illusion : il est encore dans les ténèbres ».

Enfin, Jésus lui-même, nous rappelle dans l’Evangile du jugement dernier, que chacun de nous sera jugé sur son amour, son attitude envers les autres et spécialement les plus petits, les plus pauvres, et cela, qu’ils sachent ou non, qu’en les servant, c’est ce Jésus, lui-même, qu’ils servent.

Alors, frères, je vois déjà votre question sur vos lèvres : « Chrétiens ou non ? ».

Quelle est la différence ? Nous sommes un peu comme le fils aîné de la parabole du prodigue qui s’étonne que son fêtard de frère, qui a tout dépensé, soit aussi bien reçu par le père. Nous avons du mal à admettre que tous ces gens qui ne sont pas invités au festin soient installés les premiers à la table du Royaume et nous réagissons devant ces ouvriers de la onzième heure qui sont payés autant que nous, qui travaillons depuis la 1ère heure !…

Alors, pourquoi être chrétien ? Essayer péniblement de suivre Jésus-Christ sur cette terre, si certains qui ne le connaissent pas, vivent aussi bien que nous, sont quelquefois meilleurs que nous et qu’ils risquent de nous précéder au Royaume des cieux ? « Ce n’est pas juste ! Il y a sûrement une différence ! »

 Frères, rassurez-vous. Oui, il y a une différence ! Pour vous la faire sentir, permettez-moi une image : vous avez peut-être vu à la télévision, je ne sais plus quelle émission, un jardinier aveugle ; c’était impressionnant ! On le voyait, semant, plantant, faisant pousser des fleurs et des fruits et on ne nous disait pas que ces fleurs ou ces fruits étaient de moins bonne qualité que ceux que plantaient des jardiniers aux yeux ouverts.

La seule différence entre lui et les autres, terrible différence, c’est que l’aveugle, lui, travaillait dans la nuit totale !

Frères, nous, chrétiens, nous sommes des voyants. Que nous apporte la foi ? Un regard :

   * foi qui nous permet de reconnaître en Jésus de Nazareth, le fils du Dieu Vivant

   * foi qui nous permet de voir au cœur du monde, l’Esprit de Jésus ressuscité qui travaille au cœur des hommes

   * foi qui nous permet de voir, à travers les sacrements de l’église, Jésus, qui continue de s’offrir, vivant.

Parfois, hélas, notre vue baisse. Nous devenons des malvoyants et c’est encore notre foi qui nous permet de faire confiance à l’Eglise qui nous dit : « Ici travaille l’Esprit de Jésus, , non ».

Chrétiens, nous avons le privilège de travailler « les yeux ouverts »… Alors, nous sommes davantage responsables ? Oui, d’une certaine façon, mais tout homme, quel qu’il soit, est responsable de sa vie et de celle de ses frères. La vraie différence, c’est que, nous, nous voyons celui avec qui nous travaillons et, croyant en lui, nous ne pouvons pas nous décourager.

Aussi, nous devrions être, dans la paix et dans la joie parce que le phare de l’Evangile éclaire notre vie. AMEN




26ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 9,30-37)

« Etre bienveillants les uns

envers les autres »

(Mc 9,38-43.45.47-48)

 

    En ce temps-là, Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;
celui qui n’est pas contre nous est pour nous. »
Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.
« Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer.
Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas.
Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds.
Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas.

     

            Conséquences de notre humanité blessée, la communauté chrétienne n’est pas comme le Christ voudrait qu’elle soit : « Père, qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17,22)… Et pourtant, catholiques, orthodoxes, protestants, anglicans, tous, nous avons reconnu en Jésus Christ le Fils Unique du Père, celui qui, en vrai homme et vrai Dieu, est « le Sauveur du monde », « l’unique médiateur entre Dieu et les hommes » (Jn 4,42 ; 3,16-171Tm 2,3-6). Et chacun d’entre nous, dans la barque qui est la sienne, peut être tenté de regarder les autres avec méfiance… « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser des démons en ton nom, quelqu’un qui ne nous suit pas, et nous voulions l’en empêcher parce qu’il ne nous suivait pas », disent ici les disciples. « Ne l’en empêchez pas », leur répond Jésus, « car il n’est personne qui puisse faire un miracle en invoquant mon nom et sitôt après mal parler de moi. Qui n’est pas contre nous est pour nous ».

            L’important est donc avant tout la bienveillance mutuelle… En effet, nul homme ne peut « faire un miracle » par lui-même : c’est Dieu et Dieu seul qui l’accomplit… Et Jésus nous entraîne encore plus loin : Lui, qui est vrai homme et vrai Dieu, il ne peut rien par Lui-même ! « En vérité, en vérité, je vous le dis », dit-il solennellement, « le Fils ne peut rien faire de lui même, qu’il ne le voie faire au Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait… Je ne puis rien faire de moi-même » (Jn 5,19-20.30). Les miracles de Jésus sont donc « les œuvres de mon Père », dit-il (Jn 10,37). Combien plus ce principe, vrai pour lui, le Serviteur du Père, est-il vrai pour tout disciple de Jésus ! Et c’est bien ce qu’il dira : « Je suis la vigne, et vous les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car hors de moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5).

            C’est donc clair… Tout miracle authentique est l’œuvre de Dieu… Alors si quelqu’un, qui n’appartient pas « socialement » au groupe des disciples, accomplit une œuvre bonne, c’est Dieu en fait qui l’accomplit avec lui et par lui. Et c’est avant tout cela qu’il s’agit de reconnaître, de discerner : est-il, oui ou non, vraiment, un serviteur de Dieu et des hommes ? Si c’est « oui », alors tout va bien, dit ici Jésus… La communauté des serviteurs de Dieu est donc bien plus large que le seul petit cercle qui l’accompagnait alors… Et ce principe, là encore, est toujours valable aujourd’hui…                         DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 26ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 9, 38-48)

 » Celui qui n’est pas contre nous

est pour nous « 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mc 9,38-48)

Après avoir instruit ses disciples, surtout ceux qui seront les premiers responsables de son Église, sur l’humilité et le service, Jésus donne plusieurs consignes à l’adresse de la communauté chrétienne.

 

Le sens des mots 

Regardons Jésus et écoutons-le

Faire lire lentement le texte

 La démarche de Jean auprès de Jésus

Qu’est-ce que Jésus n’approuve pas dans son attitude ?

Quel enseignement pour une communauté chrétienne ?

L’appartenance au Christ est-elle limitée à ceux qui font partie du groupe des disciples, à l’Église ?

Celui qui entraînera la chute

Le ton des paroles de Jésus devient plus grave : Pourquoi ?

 Ces petits qui croient en moi : Qui sont ces petits ?

Si ta main… si ton pied… si ton œil t’entraînent au péché , coupe-le, arrache-le : Pourquoi Jésus signale ces trois organes ?

 Comment interpréter ces paroles dures de Jésus ?

La géhenne :   Qu’est-ce que c’était au temps de Jésus ?

                         Comment l’interpréter au sens spirituel ?

Pour l’animateur 

La démarche de Jean révèle une certaine intolérance du groupe des disciples de Jésus. Jésus n’approuve pas cet « esprit » de clocher. Il demande à ses disciples d’être ouverts au frère qui leur est proche. L’appartenance au Christ n’est pas le monopole de ceux qui sont de la communauté chrétienne. Ceux qui invoquent « le nom de Jésus » ne sont pas nécessairement en pleine communion avec l’Église.

Quand Marc écrit son évangile, la persécution pousse les chrétiens à se replier sur eux eux-mêmes. En se rappelant la parole de Jésus « qui n’est pas contre nous est pour nous », ils sont invités à l’ouverture envers ceux qui ne manifestent pas d’opposition. Il va même plus loin avec l’exemple du verre d’eau, si rafraîchissant et vital en Orient : le plus petit geste de charité en faveur d’un chrétien, même dans un climat d’opposition, prend toute sa valeur. Le Christ s’en souviendra au jour du jugement.

Jésus se montre sévère pour ceux qui « entraînent la chute » d’un petit qui croit en lui : Il ne faut pas « dresser d’obstacle » sur la route des croyants. C’est ce qu’on appelle le « scandale » qui met en danger la foi des « petits », c’est à dire ceux dont la foi naissante est encore fragile.

Jésus demande  à chaque frère de sa communauté de veiller à ses relations avec les autres : il faut absolument prévenir tout scandale.

Si ton pied…si ta main…si ton œil… ce sont les organes principaux de la communication. C’est toute la personne qui est engagée par chacun de ces organes : il est des cas où l’amputation d’un membre peut sauver l’homme tout entier.

Ne pas prendre à la lettre les paroles de Jésus : Il ne s’agit pas ici mutilation physique. Jésus pense à notre vie spirituelle et à notre destinée. Le chrétien doit savoir « couper court », c’est à dire prendre une décision radicale, pour se détacher de ce qui est mauvais en lui pour assurer son salut.

La géhenne, qui était un lieu sauvage, une décharge publique dans une vallée proche de Jérusalem : saletés et  pourritures de toutes sortes étaient la proie des vers et un feu y brûlait en permanence. Jésus utilise cette image qui pour ses contemporains évoquait le sort de ceux, dont le cœur est endurci et qui restent sourds aux appels de Dieu. Se trouver privé de la communion divine, être séparé éternellement de l’Amour de Dieu, voilà le pire qui puisse arriver à l’homme ; ce serait la mort éternelle,  alors qu’il est fait pour « entrer dans la vie éternelle ».

L’enfer, certes est bien attesté dans l’Écriture ; mais il demeure néanmoins une réalité mystérieuse, difficile à relier avec le Dieu Amour.

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus, tu nous mets en garde contre tout comportement sectaire, et contre l’intolérance. Tu nous recommandes aussi de prendre soin de tous ceux qui ont encore une foi fragile et de veiller à nos comportements dans la communauté chrétienne. Donne-nous le courage, d’arracher de notre vie tout ce qui est mauvais en nous, même si cela nous demande un effort qui coûte. Oriente notre cœur vers les biens du Royaume de Dieu.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

Ni un groupe fermé et intolérant, ni un groupe de purs qui méprisent les humbles, ni un groupe de tièdes qui font bon ménage avec le mal : Reconnaissons-nous notre communauté paroissiale ?

Jésus nous met en garde contre tout comportement sectaire et intolérant : Est-ce que nos groupes divers sont ouverts et accueillants ?

Aucun groupe ne peut prétendre avoir le monopole de l’Esprit Saint.

Nous ne sommes pas les seuls à faire de bonnes actions : Savons-nous les reconnaître quand elles sont posées par une personne qui ne croit pas tout à fait comme nous, un non-pratiquant, ou un croyant d’une autre religion,  ou par un incroyant ?

Avons-nous le respect des personnes à la foi fragile, à la conscience craintive, pour les aider patiemment en évitant de les choquer inutilement ?

Jésus nous adresse un appel urgent à la conversion : Avons-nous choisi résolument la vie avec le Christ ?

ENSEMBLE PRIONS   

Inviter le groupe à formuler des intentions de prière pour la paroisse, pour les groupes qui la composent.

Prier aussi pour tous  les « petits » dont parle Jésus.

Demander la grâce d’une conversion authentique par un choix radical de vie avec le Christ, ce qui implique rupture courageuse avec le mal.

Notre  Père

 

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 26ième Dimanche du temps ordinaire

 

 

 




Audience Générale du Mercredi 18 Septembre 2024

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 18 Septembre 2024


Catéchèse. Le voyage apostolique en Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Timor oriental et Singapour

Chers frères et sœurs, bonjour !
Aujourd’hui, je vais parler du voyage apostolique que j’ai fait en Asie et en Océanie : on l’appelle voyage apostolique parce que ce n’est pas un voyage de tourisme, c’est un voyage pour apporter la Parole du Seigneur, pour faire connaître le Seigneur, et aussi pour connaître l’âme des peuples. Et cela est très beau.
C’est Paul VIen 1970, qui a été le premier pape à s’envoler à la rencontre du soleil levant, en visitant longuement les Philippines et l’Australie, mais aussi en s’arrêtant dans divers pays d’Asie et à Samoa. Et ce fut un voyage mémorable, n’est-ce pas, car le premier à quitter le Vatican fut Saint Jean XXIII qui se rendit en train à Assise ; alors Saint Paul VI en fit autant : un voyage mémorable ! En cela, j’ai essayé de suivre son exemple, mais, avec quelques années en plus, je me suis limité à quatre pays : l’Indonésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Timor-Oriental et Singapour. Je remercie le Seigneur qui m’a permis de faire en tant que vieux Pape ce que j’aurais aimé faire en tant que jeune Jésuite, car je voulais y aller en mission !
Une première réflexion qui vient naturellement après ce voyage, c’est qu’en pensant à l’Église, nous sommes encore trop euro-centriques, ou, comme on dit, “occidentaux”. Mais en réalité, l’Église est beaucoup plus grande, beaucoup plus grande que Rome et l’Europe, beaucoup plus grande, et aussi – permettez-moi de le dire – beaucoup plus vivante, dans ces pays ! J’en ai fait l’expérience avec émotion en rencontrant ces Communautés, en écoutant les témoignages de prêtres, de religieuses, de laïcs, surtout de catéchistes – les catéchistes sont ceux qui font l’évangélisation. Des Églises qui ne font pas de prosélytisme, mais qui croissent par “attraction”, comme le disait sagement Benoît XVI.
En Indonésie, les chrétiens sont environ 10 % et les catholiques 3 % – une minorité. Mais j’ai rencontré une Église vivante, dynamique, capable de vivre et de transmettre l’Évangile dans ce pays à la culture très noble, enclin à harmoniser les diversités, et qui compte en même temps le plus grand nombre de musulmans au monde. Dans ce contexte, j’ai eu la confirmation que la compassion est le chemin sur lequel les chrétiens peuvent et doivent marcher pour témoigner du Christ Sauveur et en même temps rencontrer les grandes traditions religieuses et culturelles. À propos de la compassion, n’oublions pas les trois caractéristiques du Seigneur : proximité, miséricorde et compassion. Dieu est proche, Dieu est miséricordieux et Dieu est compatissant. Si un chrétien n’a pas de compassion, il ne sert à rien. “Foi, fraternité, compassion” a été le thème de la visite en Indonésie : à travers ces mots, l’Évangile entre chaque jour, concrètement, dans la vie de ce peuple, en l’accueillant et en lui donnant la grâce de Jésus mort et ressuscité. Ces mots sont comme un pont, comme le passage sous-terrain qui relie la Cathédrale de Jakarta à la plus grande Mosquée de l’Asie. Là-bas, j’ai vu que la fraternité, c’est l’avenir, c’est la réponse à l’anti-civilisation, aux projets diaboliques de haine et de guerre, voire de sectarisme. Le rempart c’est la fraternité.
J’ai trouvé la beauté d’une Église missionnaire, en sortie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, un archipel qui s’étend vers l’immensité de l’océan Pacifique. Là, les différentes ethnies parlent plus de huit cents langues – on y parle huit cents langues : un environnement idéal pour l’Esprit Saint, qui aime faire résonner le message d’Amour dans la symphonie des langages. Ce n’est pas de l’uniformité, ce que fait l’Esprit Saint, c’est de la symphonie, c’est de l’harmonie, c’est le patron, c’est le chef de l’harmonie. Là, d’une manière particulière, les protagonistes ont été et sont encore les missionnaires et les catéchistes. J’ai été heureux de pouvoir passer un peu de temps avec les missionnaires et les catéchistes d’aujourd’hui, et j’ai été ému d’écouter les chants et la musique des jeunes : en eux, j’ai vu un nouvel avenir, sans violence tribale, sans dépendance, sans colonialismes idéologiques et économiques ; un avenir de fraternité et d’attention à l’environnement naturel merveilleux. La Papouasie-Nouvelle-Guinée peut être un “laboratoire” de ce modèle de développement intégral, animé par le “levain” de l’Évangile. Car il n’y a pas d’humanité nouvelle sans hommes et femmes nouveaux, et ceux-là seul le Seigneur les fait. Je voudrais aussi mentionner ma visite à Vanimo, où les missionnaires sont entre la forêt et la mer. Ils vont dans la forêt pour chercher les tribus les plus cachées, là… un beau souvenir, celui-là.
La force de promotion humaine et sociale du message chrétien se manifeste de manière particulière dans l’histoire du Timor Oriental. L’Église y a partagé le processus d’indépendance avec tout le peuple, en l’orientant toujours vers la paix et la réconciliation. Il ne s’agit pas d’une idéologisation de la foi, non, c’est la foi qui devient culture et en même temps l’éclaire, la purifie et l’élève. C’est pourquoi j’ai relancé la relation féconde entre foi et culture, sur laquelle Saint Jean-Paul II avait déjà mis l’accent lors de sa visite. La foi doit être inculturée et les cultures évangélisées. Foi et culture. Mais j’ai surtout été frappé par la beauté de ce peuple : un peuple éprouvé mais joyeux, un peuple sage dans la souffrance. Un peuple qui non seulement génère beaucoup d’enfants – mais il y avait une marée d’enfants, beaucoup, eh ? – mais qui leur enseigne à sourire. Je n’oublierai jamais le sourire des enfants de cette Patrie, de cette région. Ils sourient toujours, les enfants là-bas, et ils sont si nombreux. On leur enseigne à sourire, cette foi, et c’est une garantie pour l’avenir. Bref, au Timor oriental, j’ai vu la jeunesse de l’Église : des familles, des enfants, des jeunes, beaucoup de séminaristes et d’aspirants à la vie consacrée. Je dirais, sans exagérer, que j’y ai respiré “l’air du printemps” !
La dernière étape de ce voyage a été Singapour. Un pays très différent des trois autres : une cité-état, très moderne, pôle économique et financier de l’Asie et bien au-delà. Les chrétiens y sont minoritaires, mais ils forment une Église vivante, engagée à créer l’harmonie et la fraternité entre les différentes ethnies, cultures et religions. Même dans la riche Singapour, il y a des  »petits » qui suivent l’Évangile et deviennent sel et lumière, témoins d’une espérance plus grande que celle que les gains économiques peuvent garantir.
Je voudrais remercier ces peuples qui m’ont accueilli avec tant de chaleur, avec tant d’amour, remercier leurs gouvernants qui m’ont beaucoup aidé dans cette visite, pour qu’elle puisse se faire dans de bonnes conditions, sans problèmes. Je remercie tous ceux qui y ont également collaboré, et je rends grâce à Dieu pour le don de ce voyage ! Et je leur renouvelle ma reconnaissance à tous, à tout le monde. Que Dieu bénisse les peuples que j’ai rencontrés et les guide sur le chemin de la paix et de la fraternité ! Salutations à tous !
* * *
Je salue cordialement les personnes et les divers groupes de langue française, en particulier la communauté tsigane et la Fédération Internationale des Universités Catholiques. Que le Christ nous enseigne à emprunter quotidiennement le chemin de la compassion pour rejoindre nos frères de différentes cultures et religions et œuvrer à l’harmonie et à la fraternité en incarnant l’Evangile dans le concret de nos vies. Que Dieu vous bénisse.




La synodalité à la lumière de la doctrine sociale de l’Église et de la théologie de la communication par Fr. Manuel Rivero O.P.

L’Église vit une nouvelle démarche synodale. Il ne s‘agit pas d’une innovation pour le plaisir de la nouveauté. Jésus lui-même, ressuscité d’entre les morts, a marché avec les disciples d’Emmaüs. Le mot synode, d’origine grecque, veut dire « marcher ensemble ». Le Seigneur Jésus continue aujourd’hui de marcher avec ses disciples. Sur la route de Jérusalem à Emmaüs, Jésus a conversé avec Cléopas et un autre disciple dont nous ignorons le prénom. La révélation divine s’est déployée sous forme de marche et de dialogue.
L’esprit synodal nous fait vivre et revivre la pédagogie révélée par Jésus lui-même : il rejoint ses disciples découragés après le Vendredi saint ; en silence il marche avec eux, il commence par les écouter, ensuite il leur pose des questions ouvertes, non intrusives, pour qu’ils expriment avec leurs propres mots les pensées et les émotions qui traversent leur cœur (cf. Lc 24, 13s). Les disciples relisent l’histoire de la Passion avec Jésus. Jésus leur explique alors que « la défaite, la perte, le traumatisme, la mort sont inévitables mais qu’ils ne détruisent définitivement rien ».
En suivant l’exemple de Jésus, les réunions synodales à Rome et partout dans le monde ont rassemblé des évêques, des prêtres, des religieux et des religieuses et des laïcs dans la fraternité baptismale, commun dénominateur, ciment et gloire des fidèles chrétiens, renés de l’eau et de l’Esprit Saint à la vie nouvelle des enfants de Dieu. Le choix des tables rondes symbolisait l’égale dignité des baptisés et la coresponsabilité dans l’Église.
Il me semble bon de relier la démarche synodale aux six principes fondamentaux de la doctrine sociale de l’Église qui illuminent et rehaussent la vocation et la mission des chrétiens, disciples-missionnaires, appelés à sanctifier la création et les relations humaines.
Si la doctrine sociale de l’Église comporte une immense richesse d’enseignement, il convient d’en mettre en valeur les six principes suivants : la dignité, le bien commun, la subsidiarité, la participation, la destination universelle des biens et la solidarité.

1) La dignité humaine. Concept difficile à définir du point de vue juridique, il n’en demeure pas moins la matrice de tous les droits et devoirs humains . Pour les chrétiens, la dignité de l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, est égale pour tous, universelle, absolue, intrinsèque, inaliénable. Toute personne humaine, avant et après sa naissance, même malade, handicapée ou très âgée, garde sa dignité, don du Créateur .
Nous avons à différencier la dignité et les dignités. La dignité humaine dépasse l’importance éphémère des dignités sociales liées aux fonctions politiques et aux rangs éminents.
Le comportement humain s’avère indigne quand il traite les autres comme des moyens et non comme des buts. Les êtres humains ne sont pas des moyens pour satisfaire l’ambition des dictateurs ni la soif de l’argent ou des plaisirs. L’homme est la seule créature que Dieu a voulue pour elle-même. Dans la vie morale, la fin ne justifie pas les moyens. Il arrive que l’on aime les choses et que l’on se serve des personnes alors qu’il serait juste d’aimer les personnes et de se servir des choses.
Sa création arrive au terme et au sommet de l’œuvre de Dieu au commencement du monde. L’homme reçoit alors un souffle de vie autre que les animaux. « Capax Dei », « capable de Dieu », l’homme peut partager la sagesse divine.
La reconnaissance de la dignité humaine se manifeste dans le respect qui suppose un deuxième regard au-delà des clichés et des préjugés. Respecter une personne équivaut à la regarder une deuxième fois avec prudence et humilité devant le mystère de chacun. Les sociologues montrent qu’en rencontrant une personne nous nous en faisons une idée en quelques secondes d’après son physique, sa coiffure, ses vêtements, son accent et ses gestes. Pourtant que peut-on savoir de quelqu’un en quelques secondes alors que nous-mêmes nous nous connaissons si peu et si mal !
Le concile Vatican II enseigne que « par l’Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (Gaudium et spes n° 22). L’humanité de Jésus, commun dénominateur de tous les hommes avec la sainte Trinité, fait resplendir la dignité humaine de la lumière de la Résurrection, victoire sur les puissances de mort. Les baptisés deviennent membres du Corps du Christ. Le pape saint Léon le Grand prêchait dans un admirable sermon de Noël en 461 : « Chrétien, reconnais ta dignité. Puisque tu participes maintenant à la nature divine, ne dégénère pas en revenant à la déchéance de ta vie passée. Rappelle-toi à quel Chef tu appartiens et de quel Corps tu es membre. Souviens-toi que tu as été arraché au pouvoir des ténèbres pour être transféré dans la lumière et le Royaume de Dieu » (Sermon de Noël 7,6). La synodalité repose sur cette dignité de la personne.


2) Le bien commun. Cette expression évoque le bien et ce qui est commun alors que « l’intérêt général » renvoie à un gain et à ce qui reste général au risque de favoriser les groupes de pressions économiques et politiques. Si la définition du bien commun donnée par le concile Vatican II semble de prime abord complexe, elle révèle sa richesse et sa précision : « Cet ensemble de conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée » (Gaudium et spes, n° 26).
Le bien commun respecte la dignité et la liberté personnelles, sans tomber dans l’individualisme et l’existence sans but, tout en exigeant des conditions sociales qui permettent l’égalité des chances et la perfection intégrale des groupes intermédiaires et de ses membres.
Le bien commun n’est pas défini à l’avance, il advient par les choix libres et sages des personnes. La synodalité représente à son tour une recherche du bien des groupes et des personnes dans l’écoute active réciproque, le dialogue et le débat contradictoire, en évitant les approches idéologiques et fixistes. Il s’agit d’un équilibre dynamique vécu à la manière du personnalisme communautaire d’Emmanuel Mounier (+1950) qui ne séparait pas la personne de sa communauté et de sa vocation communautaire.
La recherche du bien commun s’oppose au « moi d’abord » et « après moi le déluge ».
Le bien commun apporte une vision de l’homme, de la société et de l’histoire où l’homme travaille en synergie avec les autres et de manière responsable.
La vision surnaturelle de l’Église s’accorde avec le développement personnel et collectif.
La mission apostolique des chrétiens consiste non pas dans une démarche de prosélytisme mais dans « la création des conditions pour que chacun puisse rencontrer personnellement le Christ Jésus, à cœur ouvert ».

3) Le principe de subsidiarité. Ce principe suppose que « chacun doit pouvoir faire tout ce qu’il est capable de faire dans l’exercice de ses responsabilités ». L’étymologie du mot subsidiarité, du latin subsidium, désigne l’aide et le soutien. La subsidiarité ne se réduit pas à une délégation qui descendrait des responsables vers les subalternes. La subsidiarité est un droit qui part du bas vers le haut et qui consiste à exiger des autorités responsables la reconnaissance de l’autonomie nécessaire dans l’exercice du travail ainsi que le soutien pour mener à bien les missions reçues et simultanément le développement des compétences. Chacun à son niveau demeure responsable des fonctions confiées. Bien évidemment, en cas de faute ou d’incompétence, il revient à l’autorité supérieure d’agir en conséquence pour préserver le bien commun et la finalité de la communauté. « La confiance n’exclut pas le contrôle », dit la devise de la Banque de France. Tout au contraire, le fait de contrôler est alors synonyme d’accompagner et de garantir l’honnête réussite des missions, à l’image d’un écosystème où tous dépendent de tous.
La synodalité dans l’Église applique le principe de la subsidiarité de manière à ne pas infantiliser les laïcs ni à les cléricaliser non plus, dans le souci de la croissance des fidèles dans la vie théologale et la compétence requise pour exercer les ministères de catéchiste, de gestion, d’animation liturgique …
Le principe de subsidiarité suscite une culture de l’encouragement et de l’inclusion où chacun grandit personnellement dans la conscience de former un « nous » avec les autres.


4) La participation. Ce concept de participation traverse la doctrine sociale de l’Église. Il ne correspond pas à une simple politique démocratique avec des majorités lors des votes. À partir d’une vision humaniste intégrale, le chrétien est appelé à participer dans tous les domaines : familial, économique, social, politique, ecclésial … Créé créateur, libre et responsable, l’homme a pour mission de gouverner le monde avec sagesse.
Dans l’Église le chrétien, en synergie avec la grâce de l’Esprit Saint, participe aux décisions et à la prise en charge de la mission d’évangélisation. Dans les diocèses et dans les paroisses, les conseils pastoraux, économiques, liturgiques et autres, comptent sur la participation active des baptisés, chargés de mission de par leur baptême et leur confirmation : « À plusieurs nous sommes plus intelligents que tout seul ». L’Esprit Saint se plaît à manifester sa volonté dans les conciles et les rassemblements vécus dans la foi et la prière.
Il s’agit d’une démocratie théologale et non pas d’un simple « management » participatif qui pourrait résulter des politiques économiques. Habités par le Saint-Esprit, tous les baptisés sont envoyés pour témoigner de leur foi au cœur de la société et de l’Église. La synodalité reconnaît cette mission des fidèles reçue dans les sacrements de l’initiation chrétienne et elle favorise sa mise en œuvre.
Saint François de Sales n’hésitait pas à affirmer : « Si tu veux apprendre, enseigne ». De son côté, le saint pape Jean-Paul II déclarait aux catéchistes : « La foi grandit quand on la donne ». Le chemin se fait en marchant. En biologie, la fonction fait l’organe. Il ne convient pas d’attendre la perfection pour participer à la marche de l’Église.
Le mot participation fait partie des trois mots-clés du synode : communion, participation, mission. « La synodalité s’apprend par expérience », déclare sœur Nathalie Becquart, Xavière, sous-secrétaire du Secrétariat général du Synode. Il s’agit de « devenir synode », en commençant par la famille où le couple vit dans le dialogue un « mini-synode » comme le montre la pratique des couples, membres des Équipes Notre-Dame, quand ils prennent rendez-vous pour vivre en vérité la conversation spirituelle dans l’Esprit Saint .
La participation constitue un droit et un devoir. Ne pas participer à la vie politique et ecclésiale peut relever d’un péché d’omission trop souvent passé sous silence ou banalisé.
Dans le mystère de la Rédemption, Dieu n’a pas voulu nous sauver sans notre concours.
Dans son œuvre « Le dialogue » (1,6), sainte Catherine de Sienne dévoile la volonté de Dieu qui a tenu à partager ses grâces de manière à ce que les hommes aient besoin les uns des autres. « J’ai besoin de la vérité des autres », affirmait le bienheureux évêque dominicain assassiné en Algérie, Pierre Claverie O.P. (+1996).

Prière du père Guy Gilbert :
« Dieu seul peut créer, mais tu peux valoriser ce qu’Il a créé.
Dieu seul peut donner la vie, mais tu peux la transmettre et la respecter.
Dieu seul peut donner la santé, mais tu peux orienter, guider, soigner.
Dieu seul peut donner la foi, mais tu peux donner ton témoignage.
Dieu seul peut infuser l’espérance, mais tu peux rendre la confiance à ton frère.
Dieu seul peut donner l’amour, mais tu peux apprendre à l’autre à aimer.
Dieu seul peut donner la joie, mais tu peux sourire à tous.
Dieu seul peut donner la force, mais toi tu peux soutenir un découragé.
Dieu seul est le chemin, mais tu peux l’indiquer aux autres.
Dieu seul est la lumière, mais tu peux la faire briller aux yeux des autres.
Dieu seul est la vie, mais tu peux rendre aux autres le désir de vivre.
Dieu seul peut faire de miracles, mais tu peux être celui qui apporte les cinq pains et les deux poissons.
Dieu seul pourra faire ce qui paraît impossible, mais tu pourras faire le possible.
Dieu seul se suffit à Lui-même mais il a préféré compter sur toi !
Ainsi soit-il. ».

5) La destination universelle des biens. Pour les chrétiens, Dieu a créé la Terre pour tous : « La Terre est à tous ». Qui est propriétaire de la Terre sinon son Créateur ? Le principe de la propriété privée reste subordonné au principe de la destination universelle des biens. Le saint pape Jean-Paul II enseigne dans son encyclique « Laborens exercens » (14 septembre 1981) que l’on ne peut pas « posséder pour posséder ». Le capital, fruit du travail, est au service du travail et non l’inverse.
L’option préférentielle pour les pauvres relève du principe de la destination universelle des biens. Quand une mère de plusieurs enfants voit l’un d’eux malade, c’est vers lui que vont ses soins, non pas parce qu’il serait bon ou qu’il le mériterait, mais parce qu’il en a besoin. Dans la Bible, Dieu a des entrailles maternelles, et il agit comme une mère envers son enfant souffrant et nécessiteux.
La synodalité accorde aussi une place privilégiée aux personnes pauvres et vulnérables, membres du Corps du Christ, parce qu’elles en ont besoin. Leur dignité demeure intacte dans la maladie, la prison ou l’échec. Les hommes ne sont pas propriétaires de la Terre, ils n’en sont que des locataires et des gestionnaires. « Qu’as-tu que tu n’aies pas reçu ? Alors pourquoi t’en glorifier ? » (I Cor 4,7), s’exclame saint Paul.
Le partage de bien comprend non seulement les biens matériels mais aussi les savoirs et les biens spirituels. La conversation spirituelle, expérience d’écoute et de partage des moments de grâce, manifeste que Dieu donne ses grâces au profit de tous. Le bénéficiaire de la miséricorde divine aurait tort de laisser improductif ce que Dieu lui a accordé en pensant au bien de tous. Le partage des faiblesses et des échecs crée plus de liens humains que la description des qualités et des succès. La force de Dieu se déploie dans la faiblesse humaine. Le Seigneur élève les humbles, comme le chante le Magnificat de la Vierge Marie.
Dans l’Église, mystère de communion, les chrétiens mettent en commun leurs richesses intellectuelles et amicales, en créant des relations et se soutenant les uns les autres.

6) La solidarité. « Suis-je le gardien de mon frère ? » (Gn 4, 9-11), se demandait Caïn, meurtrier de son frère Abel. Membres de l’humanité, les hommes sont responsables les uns des autres.
Saint Paul compare l’Église à un corps humain où chaque membre a besoin des autres membres (I Cor 12, 12-30).
Dans la synodalité, chaque chrétien reconnaît son besoin des autres.
Le père Henri Caffarel (+1996), fondateur des Équipes Notre-Dame (https://www.equipes-notre-dame.fr/), avait répondu aux questions de certains couples lors des premiers pas de ce Mouvement : « Cherchons ensemble ! ». C’est dans cet esprit qu’il créa les Équipes Notre-Dame où des couples et des prêtres, conseillers spirituels, cherchent ensemble.
Saint Albert le Grand O.P. (+1280) aimait à décrire l’ordre des Prêcheurs comme « une recherche de la vérité dans la douceur de la fraternité ». La synodalité c’est bien une recherche commune dans la douceur de la fraternité baptismale.

 

La synodalité à la lumière de la théologie de la communication

La synodalité représente une expérience de théologie pratique où les chrétiens découvrent l’action de l’Esprit Saint à travers le rassemblement, l’écoute et le partage sur leur vie de foi au Christ Jésus.
Comment définir la communication ? La communication peut se définir de manière abrégée comme « une mise en commun ».
Le Dieu des chrétiens est relation et communication. Il se révèle dans l’histoire de l’humanité. Il appelle et il envoie. Saint Jean écrit : « Dieu est Amour » (I Jn 4,16).
Les chrétiens font l’expérience de Dieu et ils en témoignent.
La théologie comme l’indique son étymologie traite du mystère de Dieu. Dans la révélation biblique, Dieu qui est Esprit invisible, se manifeste comme un être de communication. Il établit le dialogue avec l’humanité à travers la création et la révélation biblique. La création et la Bible forment ces deux livres qui le font connaître. Dans son Épître aux Romains, saint Paul voit dans les œuvres visibles de la création le dévoilement de l’invisible divin (cf. Rm 1,20). Le cardinal Ratzinger, devenu le pape Benoît XVI, relie la communication humaine au mystère de Dieu : « Nous connaissons Dieu par l’histoire qu’il a vécue avec les hommes. Comme la nature d’un homme se manifeste dans l’histoire de sa vie et dans les relations qu’il noue, de même Dieu se rend-t-il visible dans une histoire, dans des personnes humaines, à travers lesquelles transparaît sa propre nature, de façon qu’à travers elles, on puisse le nommer et qu’en elles on puisse le connaître, lui, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob . »
Dieu seul parle bien de Dieu. C’est pourquoi la théologie repose sur les saintes Écritures inspirées par le Saint-Esprit.
Dans la synodalité, la Parole de Dieu occupe la première place. Les participants des démarches synodales se mettent à l’écoute de l’Esprit Saint en partageant les saintes Écritures. En effet, la foi naît de l’écoute de la Parole de Dieu qui éclaire et sanctifie : « J’oserai dire que l’Écriture sainte est, comme les sacrements, une chose sainte », écrivait le père Marie-Joseph Lagrange O.P., fondateur de l’École biblique de Jérusalem.
Alors que d’aucuns voient dans les rassemblements synodaux des bavardages inutiles ou idéologiques, il convient de souligner que la démarche synodale naît de la révélation biblique et qu’elle est expérience de Dieu, relecture de l’expérience et interprétation communautaire des signes et des événements, en un mot une œuvre de théologie pratique de communication appelée à devenir communication pratique de la théologie par le témoignage et les orientations qui s’en suivent. Aventure dans l’Esprit Saint.
La théologie de la communication étudie sous l’angle de la communication le mystère de Dieu en lui-même, dans sa révélation biblique, ainsi que dans ses manifestations externes. Pour la foi catholique, Dieu est communication ou plutôt communion d’amour du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Aussi la Trinité constitue-t-elle la source, le modèle et la finalité de la communication humaine.
Il est à remarquer que certains mots devenus des mots-clés de la communication actuelle, notamment sur Internet, relèvent d’une longue histoire de l’Église : partage, icône, communauté …
La théologie de la communication aspire à répondre à plusieurs questions lancinantes dans le cœur humain : « Qui est Dieu ? Pourquoi Dieu va-t-il à la rencontre de l’homme ? Comment Dieu communique-t-il avec les hommes ? D’où vient la soif de communication et d’amour du cœur humain ? Que se passe-t-il dans l’acte de communiquer et d’aimer ? Y a-t-il un lien entre la communication humaine interpersonnelle et communautaire et le mystère de Dieu ? En quoi la communication humaine dit-elle quelque chose de Dieu ? À quelle communication l’homme est-il appelé aujourd’hui ? Quels moyens faut-il utiliser aujourd’hui pour communiquer avec Dieu et avec autrui ? ».
La théologie est un discours sur Dieu dans la lumière de la foi. Sans la foi, il reste possible de faire de l’analyse des textes, de la sociologie et de l’histoire mais non de la théologie. Dans cette science divine, l’homme regarde le monde avec les yeux de Dieu comme l’enseigne saint Thomas d’Aquin dans la Somme théologique : « Dans la doctrine sacrée, on traite tout « sous la raison de Dieu », ou du point de vue de Dieu, ou bien que l’objet d’étude soit Dieu lui-même, ou bien qu’il ait rapport à Dieu comme à son principe ou comme à sa fin . »
La synodalité devient ainsi une manière de faire de la théologie et de la théologie communicative qui se prête à la transmission de l’expérience de Dieu aujourd’hui. La méthode synodale favorise l’expression de l’expérience de Dieu chez chaque personne. Ces expériences, de véritables fiorettis, aboutissent à des bouquets riches en fruits et fleurs différents selon les dons de l’Esprit Saint. Il revient aux animateurs de jouer le rôle de sage-femme dans une maïeutique socratique qui rappelle celle de Jésus dans son dialogue avec les disciples d’Emmaüs.
Le cardinal Carlo Maria Martini avait écrit à l’approche de sa mort ces réflexions : « Faire l’expérience de Dieu est la chose la plus facile et, en même temps, la plus importante dans la vie. Je pense faire son expérience dans la nature, dans les étoiles, dans l’amour, dans la musique et la littérature, dans la parole de la Bible et de bien d’autres manières encore. C’est un art d’être attentif, un art qu’il faut apprendre au même titre que l’art d’aimer ou l’art de réussir ses travaux ». L’art de contempler la Beauté.
La synodalité se situe aux antipodes de l’esprit de domination ou de la séparation hiérarchique entre ceux qui savent et les ignorants, comportements qui débouchent sur les attitudes de surplomb sur autrui.
En ce sens, la synodalité représente un chemin de conversion à la fraternité et l’humilité évangéliques où tous sont sur le même plan par rapport à Dieu. Comme aimait à le prêcher le bienheureux père Jean-Joseph Lataste O.P. (+1869), apôtre des prisons, soit Dieu relève ceux qui tombent, soit il les empêche de tomber ; le résultat étant le même : tous les hommes sont sauvés et ils se retrouvent au même niveau dans la joie du Salut du Seigneur qui fait miséricorde.

[1] Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, Ia, q.1, a. 7.

[1] Carlo Maria Martini, Le rêve de Jérusalem. Entretiens avec George Sporschill sur la foi, les jeunes et l’Église. Paris, DDB, 2009, p. 18.




Homélie pour la fête de saint Jean Chrysostome (13 septembre 2024) par Fr. Manuel Rivero O.P.  

Monastère des moniales dominicaines, Saint-Denis/La Réunion, le 13 septembre 2024.

 

Dignité humaine et dignités sociales

 

« Dieu ne m’écoute pas », entendons-nous dire souvent. Qui n’écoute pas qui ? Écoutons-nous Dieu ?

Nous faisons mémoire aujourd’hui de saint Jean Chrysostome. Jeune, il s’est mis à l’écoute de l’Esprit Saint en lisant les Saintes Écritures, source de réconfort dans les épreuves de l’existence. En répondant à l’appel de Dieu, Jean Chrysostome est devenu moine. Le mot moine dérivé du grec « monos » évoque la simplicité et l’unité intérieure plutôt que la solitude. Tiraillé par les passions humaines, Jean choisit la voie de l’unification par la prière et la charité. Avant d’assumer la charge d’évêque et de prédicateur, Jean a livré la lutte contre l’orgueil pour échapper à l’hypocrisie : « Enlève la poutre de ton œil avant de critiquer la paille dans l’œil de ton frère ».

C’est dans l’humilité, c’est-à-dire dans la lucidité et la vérité, que Jean a suivi son Maître Jésus. A l’image de Jésus, il a subi la persécution. Il meurt en exil, exténué.

Surnommé « bouche d’or » à cause de son éloquence, Jean, patriarche de Constantinople, a défendu vigoureusement la dignité des pauvres contre l’arrogance des puissants.

 

Attaché à la valeur sacrée de la liturgie et de la messe, saint Jean Chrysostome a mis en lumière « le sacrement du frère », membre du Corps du Christ : « Dieu veut des âmes d’or et non des calices d’or ». Dans l’eucharistie nous recevons le Corps du Christ. En la personne des pauvres et des malades, nous rencontrons aussi le Corps du Christ. Nous méprisons le Corps du Christ quand nous méprisons les pauvres.

Évêque, Jean a défendu la dignité de tout homme, en commençant par les plus vulnérables et malheureux.

Nous avons à différencier la dignité et les dignités. En ce moment, nombreux sont les candidats aux dignités dans le gouvernement ; ces fonctions politiques qui donnent des rangs éminents. La dignité humaine dépasse l’importance éphémère des dignités sociales. Évitons de faire un contresens ; ce ne sont pas les dignités qui rendent dignes les personnes mais la personne humaine qui accorde de la dignité au travail et à tout ce qu’elle fait avec sagesse et amour.

Par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est uni d’une certaine manière à tout homme. Jésus élève la dignité humaine.

Pour les chrétiens, la dignité humaine est égale pour tous, universelle, absolue, intrinsèque, inaliénable. Inhérente à la personne, la dignité humaine fonde les droits et les devoirs humains dont elle est la matrice. Toute personne humaine, avant et après sa naissance, même malade, handicapée ou âgée, garde sa dignité, don du Créateur.

Notre comportement s’avère indigne quand nous traitons les autres comme des moyens et non comme des buts. Les êtres humains ne sont pas des moyens pour satisfaire l’ambition des dictateurs, ni la soif d’argent ou des plaisirs. L’homme est la seule créature que Dieu a voulue pour elle-même.

Si l’humanité a été créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, Jésus conduit à Dieu le Père ceux qui croient en lui, les libérant du mal, du mal-être, du péché et de la mort. L’humanité de Jésus, le Verbe fait chair, fait resplendir la dignité humaine. « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité », enseigne saint Paul (1 Tm 2,4).

C’est pourquoi le Pape saint Léon le Grand prêchait dans un admirable sermon de Noël en l’an 461 : « Chrétien, reconnais ta dignité. Puisque tu participes maintenant à la nature divine, ne dégénère pas en revenant à la déchéance de ta vie passée. Rappelle-toi à quel Chef tu appartiens et de quel Corps tu es membre. Souviens-toi que tu as été arraché au pouvoir des ténèbres pour être transféré dans la lumière et le Royaume de Dieu » (Sermon de Noël 7,6).

Ne dis pas : « Dieu ne m’écoute pas ». Écoute plutôt ce qu’Il te dit.

 

 

 

 

 

 

 




25ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 9, 30-37) – par Francis COUSIN

« Être le premier ? … ou le dernier ? … »

 

Ces dernières semaines, nous avons eu droit à la télévision, à une multitude de rencontres, à l’occasion des jeux olympiques, où les personnes ou les équipes, n’avaient qu’un seul : arriver premier … C’est la logique des compétitions sportives.

Mais surtout, ce qui l’a le plus impressionné, ce sont les compétitions mettant en avant les « paralympiques » qui pour la première fois étaient retransmises en mondiovision, ce qui n’est que pur justice : mettre sur le même plan des sportifs normaux et les handicapés.

Et quand on voit comment les performances de ceux-ci : chapeau !

L’évangile commence par une deuxième annonce de la mort et le la résurrection de Jésus.

Pas d’esclandre cette fois-ci …

Mais saint Marc ajoute aussitôt : « Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger. ».

Mais surtout, « ils avaient peur » de demander des explications à Jésus. Cela aurait été plus simple.

            Mais Ils voulaient encore croire que Jésus allait restaurer la royauté en Israël, … comme il les avaient choisis parmi les disciples, ils espéraient obtenir des places de choix dans son ’’gouvernement’’.

Et c’est sans doute aussi ce que pensait Jésus, puisque aussitôt arrivé à Capharnaüm, une fois à la maison, il Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? ».

Silence radio !

Et on les comprend … puisque le sujet de leur conversation était : « qui était le plus grand », et donc qui serait le mieux placé …

S’étant assis …

            Jésus reprend la position du maître, de celui qui enseigne … comme il avait dit à Pierre « Passe derrière moi, le maître » …

            Et appelant les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »

Retournement de situation : pour être premier, il faut être dernier. Bon, ce n’est pas les jeux olympiques, et il faut bien entendre le sens du mot dernier, ce n’est pas un ordre numérique, mais c’est à entendre au niveau moral : avoir une attitude d’humilité …

On comprend avec le deuxième terme utilisé par Jésus : être « le serviteur de tous. »

« Plus profondément, au-delà de l’humilité, il s’agit de vivre un authentique abaissement en notre amour-propre, notre respect humain y rechignent souvent. Nous oublions que l’abaissement peut signifier quelque chose à la lumière de ce que le Christ lui-même a vécu.: « Il ne retint Jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s’est anéanti prenant la condition de serviteur. » (Ph 2,6-7) Nous percevons bien que l’abaissement n’a de sens que dans une dynamique de l’amour, un appel à cheminer avec le Christ, doux et humble de cœur, le vrai disciple ne se met pas en avant. » (Fr Rémy bergeret op).

« Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »

Dans cette dernière phrase de ce texte, une chose me frappe : Jésus embrasse l’enfant. C’est surprenant, d’autant que c’est un enfant inconnu, de passage, et surtout, il n’était pas dans les habitudes des gens d’embrasser les personnes, et surtout les enfants qui n’était pas considérés comme ceux de maintenant, étant plus une charge qu’une joie.

Mais c’est l’amour de Jésus pour les plus faibles qui parle …

Jésus nous demande d’être le serviteur de tous, et dans certains textes d’être l’esclave de tous.

À l’image du désir de Charles de Foucauld :

« Je ne veux pas traverser la vie en première classe, pendant que celui que j’aime l’a traversée dans la dernière. »

« Jésus a tellement pris la dernière place que personne n’a pu la lui enlever. »

La dernière place, Jésus, tu l’as prise :

Personne après toi n’a pu te ravir

La dernière place.

Le Roi de gloire s’est abaissé

Jusqu’à succomber devant la mort :

Mais sa croix fait luire la joie pascale

Sur un monde qui cherche le frère universel.

 

                                                                                   Francis Cousin

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Rencontre autour de l’Évangile – 25ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 9, 30-37)

 » Si quelqu’un veut être le premier,

qu’il soit le dernier de tous

et le serviteur de tous ? « 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mc 9,30-37)

Ce passage fait suite à la fameuse guérison de l’épileptique que Jésus traite comme un cas de possession, comme c’était la croyance à cette époque, montrant par là qu’il est bien le vainqueur du Mal et de la Mort. Jésus entreprend sa montée à Jérusalem ; et pour la deuxième fois, il annonce le sort qui l’attend.

Remarque

Nous gardons la méthode que nous avons suivie depuis quelques rencontres : la contemplation de Jésus. Nous sommes invités à fixer notre attention d’abord sur lui (ce qu’il fait, ce qu’il dit…) afin d’entrer dans ses pensées, son intention, selon le projet de l’évangéliste qui a écrit pour évangéliser catéchiser les lecteurs.

 

Le sens des mots 

Regardons Jésus et écoutons-le

Il instruisait ses disciples : Pourquoi Jésus fuit-il la foule désormais ?

Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes : Livré par qui ?

Trois jours après sa mort il ressuscitera : Les apôtres pouvaient-ils « entendre » cette promesse ?

Les disciples ne comprenaient pas : Pourquoi ?

Ils avaient peur de l’interroger : Pourquoi ?

À la maison : Quelle est cette maison ?

«De quoi discutiez-vous en chemin ? » : Qu’est-ce qui préoccupe les apôtres ?

Ils se taisaient  : Quelle est la raison de ce silence ?

S’étant assis, Jésus appela les Douze : Pourquoi eux ?

Le dernier et le serviteur de tous.

Prenant un enfant, le plaça au milieu, l’embrassa : Quelle est la portée de ce geste ?

Celui qui accueille en mon nom, un enfant … c’est moi… : Que symbolise l’enfant dans la pensée de Jésus ?

Celui qui m’a envoyé : De qui parle Jésus ?

Pour l’animateur 

Il les instruisait : Jésus a prêché aux foules de Galilée et il a fait de nombreux signes pour leur révéler qu’il était le Messie. Elles ne sont pas converties. Maintenant Jésus va se consacrer tout entier à la formation de ses disciples pour les amener, si possible, à accueillir un Messie rejeté par son peuple.

« Livré aux mains des hommes » : Le mot « livré » est fort. Par qui Jésus va être livré ? Ce sont les hommes qui vont le livrer à la mort : Judas (Mc 14,10 ; les grands prêtres (15,1) et Pilate (15,15).

Cependant, la formule « va être livré » est au passif : c’est une manière courante chez les juifs de dire les choses sans nommer Dieu par respect ; en fait la formule ici laisse entendre que le sort que les hommes feront à Jésus entre de façon, mystérieuse dans le dessein de dieu.

« Il ressuscitera » : cette promesse fait par Jésus ne pouvait pas consoler les disciples ; en fait ils restent sourds à l’enseignement de leur Maître : « Ils ne comprenaient pas ». Marc souligne souvent l’incompréhension des disciples devant l’effort de Jésus pour les aider à comprendre son mystérieux destin. Ils ont même « peur de l’interroger », de poursuivre toute discussion au sujet des épreuves qui attendent leur maître. Il est dur de regarder la mort en face.

« A la maison », c’est à dire chez Simon Pierre et André, dans une ambiance plus intime, à l’écart des foules. Jésus va essayer de faire progresser ses disciples à partir du thème du Messie serviteur et de son abaissement.

« De quoi discutiez-vous… » : Jésus utilise la méthode des rabbins pour former ses disciples. Les disciples « se taisaient ». Les disciples ont honte, parce qu’ils sont entrain de rivaliser pour des places d’honneur, alors que Jésus marche vers l’abaissement. Jésus intervient de façon claire pour détourner ses amis de la course au pouvoir qui les préoccupe. Il s’assit : attitude de celui qui enseigne avec autorité.

Il appelle les Douze : l’enseignement qu’il va donner vise en premier le groupe des futurs responsables de l’Église.

Au « premier », Jésus oppose « le dernier de tous » ; à celui qui commande, il oppose le « serviteur de tous » ; d’emblée le Maître à l’adresse des futurs chefs du peuple de Dieu, inverse l’ordre habituel de la hiérarchie humaine. En fait, Jésus parle de lui et de sa mission.

Il place un enfant au milieu d’eux et l’embrasse. Ce geste était contraire des mœurs de l’époque : les enfants comptaient peu : on les tenait pour des êtres insignifiants. On les rejetait de la communauté religieuse à cause de leur ignorance de la Loi. Jésus réhabilite l’enfant humainement et religieusement en le mettant dans le cercle de ses amis. Et de plus, la communauté chrétienne devra se souvenir qu’accueillir au nom de Jésus un enfant (symbole des petits, des pauvres et des exclus), c’est accueillir Jésus en personne. La poursuite des honneurs devient indécente c’est ceux qui suivent Jésus au moment où il prend l’humble route de la souffrance et de la mort.

Se faire le « serviteur » de tous, ouvrir de cercle fermé de l’Église aux plus humbles, aux plus démunis, tel est le « service » que Jésus confie à ses disciples. Et Jésus renforce le poids de cette leçon magistrale en affirmant qu’il est l’Envoyé du Père et que l’accueillir en la personne des petits, c’est accueillir Dieu lui-même.

Dieu prenant le visage d’un enfant, voilà le message inattendu, très original, de cette belle page d’évangile.

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus, ton enseignement est admirable, mais combien déroutant ! Dans notre monde où la course au pouvoir et aux honneurs paraît être la voie normale de la réussite, Toi, tu nous demandes, à nous, tes disciples de te suivre sur le chemin de l’humilité et du service. Tandis que la considération va aux gens importants, toi tu nous demande de t’accueillir dans l’accueille des petits, des pauvres, des exclus. Béni sois-tu et prends pitié de nous.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

  • La Parole aujourd’hui dans notre vie

  • Qu’est-ce que nous admirons en Jésus dans cette page d’Évangile ?

  •   Quelle visage de Dieu il nous présente ?

  • – Les disciples refusent l’idée d’un Messie qui ? Pour accomplir sa mission, doit affronter la souffrance et la mort : N’est-ce pas dur pour nous tous de regarder la mort en face ?

  • – Les disciples sont préoccupés de place d’honneur, de prestige, d’être en poste de pouvoir : Quelle est notre attitude quand nous avons reçu une responsabilité au sein de la communauté de l’Église ou dans la société. Quel est notre comportement vis-à-vis des personnes auxquelles nous avons à faire ?

  • – Jésus s’identifie à un enfant en parlant de l’accueil : Quelle est la qualité de l’accueil que nous offrons aux « petits » (enfants, faibles, pauvres de toutes sortes) ? Comment les enfants sont accueillis et respectés dans nos familles, dans notre communauté paroissiale, dans notre société ?

ENSEMBLE PRIONS   

On peut faire une méditation partagée (en écho) avec le chant : Tu es le Pauvre p. 200 (carnet paroissial).

 

 

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