3ième Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 13, 1-9)
Choisis la Vie,
et non le péché et la mort (Lc 13,1-9) !
Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient.
Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ?
Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même.
Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ?
Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. »
Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas.
Il dit alors à son vigneron : “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?”
Mais le vigneron lui répondit : “Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier.
Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” »
A l’époque de Jésus beaucoup pensaient qu’il existe un lien direct entre péché, malheurs, maladie et mort. Cette conception s’enracine dans les temps les plus anciens. Déjà, les peuples voisins d’Israël, croyaient en ce que l’on appelle souvent « le Principe de Rétribution selon les actes ». Cette croyance était totalement païenne, au sens où les dieux n’intervenaient pas. Elle est très certainement née de l’expérience, mais la vision du monde qu’elle transmet est non seulement simpliste, mais encore erronée. Selon cette conception, lorsqu’un homme commet le mal, il déclenche une puissance malfaisante qui, tôt ou tard, retombera sur lui et sur son entourage.
Israël va accueillir cette croyance et l’intégrer dans sa foi encore toute jeune. Lors de la sortie d’Egypte, racontée dans le Livre de l’Exode, ils ont vu le Seigneur à l’œuvre avec une grande Puissance, et ils en ont déduit que cette Puissance ne pouvait qu’être celle du Dieu Créateur, ce Dieu Tout Puissant qui a fait surgir l’univers du néant. Et ils se faisaient une telle idée de cette Toute Puissance de Dieu qu’ils pensaient que rien ne pouvait lui échapper, pas même le mal (Am 3,6 ; Lm 3,38)… Ces conséquences mauvaises qui, soi disant, retombent sur le pécheur ne pouvaient donc venir que de Dieu. « Le Principe de Rétribution selon les actes » a ainsi conduit Israël à s’imaginer que Dieu était un Juge qui, du haut du ciel, récompense les justes et punit ceux qui font le mal : « Toi, écoute au ciel et agis ; juge entre tes serviteurs : déclare coupable le méchant en faisant retomber sa conduite sur sa tête, et justifie l’innocent en lui rendant selon sa justice » (1R 8,32 ; Ez 7,3 et 22,31).
Avec une telle croyance, les galiléens massacrés par Pilate et ces « dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé », ne pouvaient qu’être des pécheurs que Dieu avait punis par suite de leurs fautes. « Eh bien non », dit Jésus. Ils n’étaient pas « plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem. Et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière. »
Nous sommes donc de nouveau invités ici à nous convertir, à renoncer au péché qui nous tue pour apprendre, avec Jésus, à aimer. Et la parabole suivante du figuier insiste tout particulièrement sur la patience de Dieu, qui inlassablement s’offre à nos cœurs pour les purifier, les nourrir et leur donner de pouvoir enfin porter du fruit (Jn 15)… DJF
3ième Dimanche de Carême – Homélie du Père Louis DATTIN
Le figuier
Lc 13, 1-9
Beaucoup de faits divers remplissent actuellement nos journaux, nos journaux de papier ou nos journaux télévisés. Souvent, ce sont des mauvaises nouvelles : décès, accidents, crises. « Pourquoi, pourquoi tant de malheurs ? ». Alors, à chaque fois, la même question revient : « Qui est responsable ? »
– Pas étonnant, l’écroulement de cet HLM ! Les promoteurs l’avaient construit en matériaux trop légers… Pas étonnant ce jeune qui s’est tué au volant de sa voiture ! Il conduisait comme un fou… il avait bu.
– Et puis, il nous arrive aussi, lorsque nous comprenons moins encore, de chercher le coupable du côté de Dieu : « S’il y avait un bon Dieu, cela n’arriverait pas ! »
Et puis, encore plus grave, il nous arrive de penser que les épreuves nous arrivent comme une sorte de punition : « Qu’est-ce-que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive une chose pareille ? »
Dans l’Evangile de Jésus, ce matin, tout le monde parle de deux nouvelles qui font grand bruit :
. La 1ère : Pilate qui fait massacrer les Galiléens en train d’offrir un sacrifice au temple ; et le Christ leur pose la question : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que les autres pour avoir subi un tel massacre ? »
. La 2e nouvelle : une tour, à Siloé, un quartier de Jérusalem, qui vient de s’écrouler. Dans sa chute, elle a fait 18 morts. « Est-ce-que vous croyez, dit Jésus, que ces 18 personnes-là étaient plus coupables que celles qui étaient à côté ? Non, elles n’étaient pas plus coupables que les autres ? »
Et nous le savons bien : le mal est la conséquence des lois naturelles de la matière, regardez un tremblement de terre, un cyclone mais aussi la conséquence du non-respect de la loi des hommes ou celle de Dieu.
Croyez-vous qu’il y aurait actuellement autant de sida, s’il n’y avait pas eu auparavant un dérèglement des mœurs qu’on a appelé la « permissivité sexuelle ». Cette permissivité, nous la payons actuellement dans les hôpitaux, chez les séropositifs souvent innocents qui payent pour ceux qui ont péché.
Croyez-vous qu’il y aurait tant de « malades mentaux » à l’hôpital de St-Paul ou tant de procès à la cour d’assises si l’alcool, dans l’île coulait moins ? On se laisse entraîner et on a ensuite des enfants fragiles.
« Qu’est-ce-que j’ai fait au bon Dieu ? »
« Au bon Dieu ? Rien. Mais à tout ton entourage, tu as bien fait des misères ! »
Rappelez-vous le slogan antialcoolique « les parents boivent, les enfants trinquent ». Un gosse mal élevé à qui l’on n’a jamais osé refuser une permission, à qui on a laissé tout faire et qui devient un cagnard… A qui la faute ? Au bon Dieu ?
Regardez plutôt du côté des parents qui ont démissionné : « Oh ! Il n’a qu’à regarder son écran. Pendant ce temps-là, il nous laissera tranquille ». Mais, que voit-il à Facebook pendant ce temps-là ? Voilà pourquoi le Seigneur nous dit, en voyant tous ces malheurs qui arrivent : « Convertissez-vous », « Luttez de toutes vos forces pour vaincre le mal que vous pouvez éviter ».
A entendre les gens parler autour de nous, on a toujours l’impression que ce sont « les autres » qui sont coupables, et jamais nous : chaque événement, chaque nouvelle devrait nous rappeler que ça n’arrive pas qu’aux autres et que si nous ne nous convertissons pas, ça pourrait bien nous arriver à nous aussi. Il ne s’agit pas de faire le procès des autres, il s’agit de nous mettre en question, nous-mêmes. Jésus nous renvoie à notre propre conscience.
« Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez ! » De quelle mort s’agit-il ? Jésus n’est ni fou, ni naïf. Il sait très bien, que de toute façon, tout le monde meurt: les bons et les méchants, les saints et les fripouilles. Lui-même, le Vendredi Saint, il va mourir sur une Croix, le supplice des brigands, des malfaiteurs.
Non, Jésus pense à une « autre mort », celle à laquelle nous ne pensons pas assez, celle que le pécheur provoque et dont on ne peut se sauver que par la conversion.
Alors le Seigneur nous dit aujourd’hui : « Quand vous voyez toutes ces catastrophes : réveillez-vous, changez de vie. Ça doit être un signe pour vous ». Que savez-vous du temps qui vous reste à vivre sur cette terre : trois jours, un an, vingt ans ? Vous n’en savez rien !
– Rester dans le péché, ne pas vouloir se convertir, c’est se condamner à mort et à une mort beaucoup plus grave que la fin de notre vie sur terre, à une mort spirituelle qui nous privera de la vie de Dieu pour toujours.
C’est pour cela que l’on dit qu’un péché peut être « mortel ». Il peut faire mourir la grâce de votre Baptême, la vie de Dieu en vous.
– C’est vraiment pour notre bien que Jésus nous invite à nous convertir et c’est pour cela qu’il nous donne du temps supplémentaire comme dans l’Evangile d’aujourd’hui, pour l’arbre qui n’a pas donné de fruits.
Ce figuier stérile, c’est nous. « Le propriétaire vint chercher du fruit sur ce figuier et il n’en trouva pas ».
Souvent, nous pouvons aussi dire au Seigneur :
« Qu’est-ce-que j’ai fait de bien pour toi dans ma vie ? Quels fruits t’ai-je donnés ? Qu’est-ce-que je t’ai offert ? Rien ou pas grand-chose ».
« Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier ».
Le Seigneur, lui, ça fait plus de trois ans qu’il attend quelque chose de nous : un changement, une amélioration, une conversion et nous continuons à profiter de la vie qu’il nous donne, sans rien faire pour lui !
« Allez, coupez-le, c’est un parasite ». Il se dit chrétien, baptisé, confirmé mais que fait-il ? Qu’a-t-il fait jusqu’à maintenant dans mon église ? Dans sa famille, dans sa profession, pour faire voir ce qu’est un vrai chrétien ?
C’est comme un manguier dont on s’est bien occupé, bien greffé et qui ne donne jamais une mangue. On va mettre un autre arbre à la place qui, lui, va donner quelque chose. A quoi bon épuiser le sol. Mais Jésus dit à son Père :
« Seigneur, laisse-le encore cette année. Je vais m’en occuper. Peut-être à l’avenir donnera-t-il du fruit ? ».
Et vous, frères et sœurs, qu’allez-vous donner ? Qu’allez-vous produire ? Quels fruits de conversion allez-vous offrir à Dieu ? Le Carême, votre Carême qui est commencé depuis plus de deux semaines : maintenant, c’est le temps du changement, le temps du réveil, le temps de l’action. Qu’avez-vous fait de plus pendant ces trois semaines ?
Le temps passe. Pâques va approcher, alors il est urgent, il est indispensable de nous secouer, de faire le point, de penser sérieusement à ce que vous allez faire pour devenir un peu mieux, un peu plus ?
Pendant cette messe, voulez-vous, nous allons demander à Jésus-Christ, qui est notre jardinier, qui va s’occuper de nous et qui ne demande qu’à nous sauver, qui ne demande qu’à nous aider à porter du fruit, à nous laisser faire par lui pour qu’il nous change. Le Christ se fait jardinier de chacun de nous : il se penche sur chacun de nous pour assainir nos racines, fortifier le tronc, reverdir les feuilles de notre vie chrétienne pour qu’un jour, le plus tôt possible, nous poussions des fleurs et puis des fruits. Mais il ne peut pas le faire sans nous ! Il faut se confier à lui, lui dire : « Seigneur, moi tout seul, je ne peux rien faire, mais je sais qu’avec toi tout est possible ! »
Alors, vous verrez, la vie de Dieu en vous sera féconde. Vous verrez, et il verra les premiers bourgeons ! Pourvu que nous sachions nous convertir, changer quelque chose dans ma vie : préparer ma confession pascale.
Que le Christ ne ressuscite pas tout seul :
mais moi, aussi, avec lui, à Pâques ! AMEN
Rencontre autour de l’Évangile – 3ième Dimanche de Carême
» Aujourd’hui ne fermons pas notre coeur mais écoutons la voix du Seigneur… »
TA PAROLE SOUS NOS YEUX
Situons le texte et lisons (Lc 13, 1-9)
Un premier lecteur lit du début jusqu’à “ de la même manière ”.
Un deuxième lecteur continue avec la parabole. Cela afin de bien marquer les deux parties de cet évangile : la première dit l’urgence de la conversion, la deuxième révèle la patience de Dieu.
Dans le passage qui précède l’évangile de ce jour, Jésus a reproché à ses compatriotes de ne pas savoir interpréter les signes du temps qui est arrivé avec lui, l’Envoyé du Père. Chacun doit pouvoir juger par lui-même de la gravité de l’heure, et se dépêcher de se convertir, de se réconcilier avec son adversaire s’il le faut.
L’évangile d’aujourd’hui continue dans le même sens.
Regardons-réfléchissons-méditons
Le massacre des Galiléens par Pilate
La catastrophe de Siloé
Il s’agit de deux malheurs : l’un causé par la cruauté humaine et l’autre par un accident. Comment réagissent les compatriotes de Jésus ?
Et nous, ne disons-nous pas trop facilement devant un malheur que Dieu a puni. “ Bon Dieu y puni pas l’roches ! ”
Si vous ne vous convertissez pas : C’est quoi cette conversion que demande Jésus ?
Vous périrez tous de la même manière : Que veut dire Jésus à ceux qui l’écoutent ?
Le figuier stérile : quel est le sens de cette parabole ? Y a t’il un rapport avec ce que Jésus vient de dire juste avant ?
Ensemble regardons Jésus
L’appel à la conversion est sérieux. Jésus nous apparaît comme un prophète à l’air grave ? Ce n’est pas pour rien que son Père l’a envoyé. Il est patient. Mais on ne se moque pas de Dieu ! “ Aujourd’hui ne fermons pas notre cœur… (silence)
Pour l’animateur
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Les compatriotes de Jésus pensaient que les malheurs étaient des châtiments d’une faute. Jésus déclare nettement que le massacre par Pilate, pas plus que la catastrophe de la Tour de Siloé, n’était pas une punition pour les malheureuses victimes.
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Il affirme en même temps que tous sont pécheurs et ont besoin de conversion : c’est à dire d’un changement radical de vie en accueillant sa Parole et en l’accueillant comme l’Envoyé du Père. Jésus veut obtenir que ses interlocuteurs changent la direction de leur vie.
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Les deux types de mort brutale dont il est question doivent servir d’avertissement à ceux qui ne sont pas pressés de changer de comportement. C’est maintenant, avant l’accident, lorsque la vie est apparemment tranquille qu’il faut faire pénitence et accueillir la Parole de Jésus. Après, il est trop tard !
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C’est le sens de la parabole du figuier stérile : le reproche fait au figuier sert d’avertissement aux auditeurs de Jésus. C’est maintenant qu’ils doivent se décider pour Dieu afin de porter du fruit. La patience de Dieu, loin d’encourager le pécheur à remettre sa conversion à plus tard, doit au contraire l’inciter à se mettre au travail pour commencer à changer de vie.
L’Evangile aujourd’hui dans notre vie
Ce n’est pas notre péché qui entraîne la condamnation de Dieu, mais notre refus de nous convertir.
Pour réaliser le chemin qu’il nous reste à faire pour parvenir à la sainteté qui est notre vocation à tous, il nous faut réaliser à quel point le Père nous aime et à quel point nous ne savons pas répondre à son amour.
Est-ce que nous nous reconnaissons réellement pécheurs ? Est-ce que la routine ne nous fait pas rester dans la médiocrité ? Nous nous contentons peut-être d’une “ petite moyenne ” dans notre vie de fils ou de filles bien-aimés du Père ? Croyons-nous à la nécessité de nous réconcilier avec lui ? Ou de nous rapprocher de lui ? D’être des chrétiens plus “ engagés ” dans la vie de tous les jours : ne suis-je pas un peu ce figuier stérile qui est peu productif (quels sont les fruits que le Père attend de moi ?) Est-ce que je n’ai pas tendance à remettre à plus tard ce qu’il faudrait changer maintenant dans ma vie ?
Tant de drames, de catastrophes et de massacres remplissent les colonnes des journaux ou les reportages télévisés : comment réagissons-nous ? Pouvons-nous les considérer comme un appel de Dieu notre Père à prendre notre part, si modeste soit-elle, dans la lutte contre le péché du monde ?
Ne serait-ce qu’en luttant, là où nous sommes, pour le respect de la vie, le respect des personnes, pour le refus de la violence, tant dans nos paroles que dans nos actes ?
ENSEMBLE PRIONS
Seigneur, tu es un Dieu patient et miséricordieux. Tout au long de notre existence, tel un compagnon invisible, tu chemines à nos côtés et tu nous entraînes peu à peu à régler notre pas sur le tien dans la longue montée de toute l’humanité vers le Père. Nous te rendons grâce pour ce compagnonnage et pour ce temps du carême où tu prends patience à notre égard. Fixe toi-même nos yeux sur ton Fils, Jésus-Christ, en qui nous reconnaissons notre Sauveur, lui qui règne avec toi pour les siècles des siècles. Amen
Chant : Prenons la main que Dieu nous tend.
Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 3ième Dimanche de Carême Année C
Redémarrage du Cycle Long à l’Etang Salé (5-6/03/2022)
Les 5 et 6 mars, les deux groupes Cycle Long de l’Etang Salé ont pu repartir, après toutes les difficultés dûes à la crise Covid, et aussi au cyclone Batsiraï début février. P. Firmin LASWAY assurera toutes les rencontres bibliques… « C’est ta face, Seigneur, que je cherche, ne me cache pas ta face » (Ps 26)…
17ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD
Homélie du dimanche 13 mars 2022
2ième dimanche de Carême / Année C
Textes bibliques : Gn 15, 5-12. 17-18 ; Ps 26 ; Ph 3, 17 – 4, 1 ; Lc 9, 28b-36
Frères et sœurs, les lectures de ce 2ème dimanche de Carême nous invitent clairement à regarder le Ciel, les choses célestes, ce qui concerne Dieu car cela nous concerne aussi.
Regarder le ciel à l’instar d’Abraham dans la première lecture, tirée du livre de la Genèse. Dans l’Ancien Testament, Abraham est la figure emblématique de la foi pure et entière.
Le Seigneur lui avait promis une descendance au chapitre XII. Dans le passage que nous avons proclamé du chapitre XV, le Seigneur l’invite à contempler le nombre infini d’étoiles et lui promet une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel. Dieu scelle une Alliance avec Abraham : « Abraham eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste ».
Abraham est le père dans la foi, le père d’une multiple de croyants. Il est un exemple pour nous en ce temps de Carême. Abraham nous invite à l’aventure toujours inconnue de la foi, oser un vrai pas… La foi peut apporter une réelle fécondité à nos vies… Repensons à l’Alliance que Dieu a fait avec nous depuis notre baptême…
Le Psaume 26 est un psaume de confiance et de foi ferme en Dieu. Par ce psaume, le psalmiste exprime la solidité de son espérance en Dieu : « Le Seigneur est ma lumière est mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? » Quels moyens allons-nous nous donner durant ce Carême pour mieux miser notre vie sur la foi ?
Dans la deuxième lecture, saint Paul reproche à certains membres de la communauté de Philippes de se conduire « en ennemis de la croix du Christ ». L’apôtre exhorte les Philippiens à ne pas penser « qu’aux choses de la terre » et à considérer surtout leur « citoyenneté dans les cieux » et l’attente du Christ, « lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux ».
L’espérance en la Résurrection des corps est ici mise en évidence : La Résurrection du Christ est la promesse de notre propre Résurrection à la Parousie. Le croyons-nous vraiment ? Le croyons-nous suffisamment ? Cette espérance nous fait elle vivre ? Durant ce Carême, nous avons sans doute à demander au Seigneur de nous donner plus de foi en la Résurrection.
Saint Paul nous exhorte à considérer notre « citoyenneté dans les cieux ». Ici, sur terre, nous sommes des pèlerins, nous sommes de passage vers la demeure éternelle, ne l’oublions pas…
Dans l’Évangile, nous avons le récit de la Transfiguration. La Transfiguration est l’œuvre de Dieu. Dans la Bible, la montagne est le lieu de la rencontre avec Dieu (L’Horeb pour Élie, le Sinaï pour Moïse). La nuée est un phénomène qui marque la manifestation de Dieu.
Cette Transfiguration annonce la Résurrection future de Jésus à Jérusalem. Comme pour la deuxième lecture, nous sommes invités à vivre plus profondément de l’espérance de la Résurrection, ce mystère qui donne sens à notre vie, ce mystère qui est le but ultime de nos existences.
Seigneur Jésus, augmente en nous la foi. Donne-nous la lumière de ta Résurrection pour que nous puissions avancer en enfants de lumière. Donne-nous de mieux d’écouter, toi la Parole de Vie, aujourd’hui et pour les siècles des siècles. Amen.
2ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (Lc 9, 28-36)
« Transfiguration. »
La semaine dernière, nous avions vu Jésus face au Démon, au Diable.
Cette semaine, nous rencontrons Jésus dans sa Gloire, déjà ressuscité, ou plutôt, comme il était depuis toujours auprès de son Père et de l’Esprit Saint. Et Jésus n’est pas seul : on voit autour de lui, par ordre d’arrivée, Moïse qui rencontra Dieu sur le mont Sinaï et transmit la Loi de Dieu au peuple Hébreu, le Prophète Elie qui rencontra Dieu sur le mont Horeb, deux personnages morts depuis longtemps et qui représentent la Loi et les Prophètes, c’est-à-dire pour les juifs tout l’ancien testament. Puis, au-dessus d’eux, dans la nuée, Dieu qui parle : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! ».
Dans cette parole, il y a d’une part la reconnaissance que Jésus est le Fils de Dieu, ce qu’il avait déjà dit lors du baptême de celui-ci, mais il ajoute « Écoutez-le ».
« Un Père qui prend la parole, mais pour s’effacer derrière la parole de son Fils : ’’Écoutez-le’’. » (André Louf).
Mais, pour que cette parole de Dieu soit entendue, il fallait qu’il y ait des témoins, des hommes qui puissent l’entendre pour pouvoir la redire par la suite, le moment voulu !
Jésus avait l’habitude de se retirer, seul, pour prier, à l’écart, et plusieurs fois sur une montagne ou une colline. Il avait emmené avec lui Pierre, Jacques et Jean, trois de ses apôtres en qui il avait toute confiance, les mêmes qu’il avait emmené chez Jaïre pour redonner vie à sa fille, les mêmes qu’il emmènera pour prier à l’écart au jardin de Gethsémani …
Et les voilà tout quatre qui montent sur le mont Thabor …
Jésus se met en prière … et les trois apôtres, fatigués par l’ascension, s’endorment … comme ils le feront au jardin de Gethsémani, où par trois fois Jésus dût les réveiller alors qu’il leur avait dit : « Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation » (Mc 14,38).
On ne sait rien des prières de Jésus à son Père. Ce qu’il a dit. Ce que son Père lui a dit. S’il lui arrivait de rencontrer Moïse, Elie, ou d’autres prophètes … C’est son secret, comme c’est le nôtre pour nos prières …
Mais le visage de Jésus se transforma, « devint autre » … et son vêtement aussi …
Sans doute la lueur émise réveilla-t-elle les trois apôtres … et ils purent entendre des bribes de la conversation autour de Jésus …
« Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. »
Son départ … ἐξοδος en grec = exode.
Exode avec Moïse pour quitter la terre de servitude et aller vers la terre promise …
Exode de Jésus pour quitter le monde humain et retourner dans le Royaume de Dieu … et nous y emmener. « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6).
Mais entretemps, il y aura la Passion et la Croix … qui sont annoncés avant le passage de la transfiguration, et encore après …
Et puis, on ne peut s’empêcher de penser à toutes ces personnes qui quittent l’Ukraine pour retourner dans leur pays … et ceux qui s’en vont, et ils sont beaucoup plus nombreux, des ukrainiens, et qui ne savent pas où aller … qui quittent tout ce qu’ils ont, … mais qui n’ont que peu d’espoir de pouvoir se reconstruire loin de leur patrie … et de leurs amis … ceux qui ne sont pas morts dans la guerre …
Que faire pour eux ?
Comme l’a dit le pape François : le jeûne et la prière … et se laisser aller, pousser dans la puissance de l’Esprit Saint à faire tout ce qui peut se faire … seul, ou à plusieurs !
Mais toujours en lien avec Dieu.
Là-haut tu es apparu aux tiens dans toute la vérité :
celle du Fils lumineux !
Peut-être tes amis croyaient-ils te connaître
à partir de tout ce qu’ils avaient pu observer de toi
dans le quotidien des jours ?
Mais la puissance de Dieu
leur a soudain permis de réaliser
que tu étais bien plus
que ce qu’ils pouvaient imaginer.
En cet instant d’intensité maximale s’est révélé à eux
– mais aussi à toi, probablement -,
en toute clarté, celui que tu es vraiment :
« Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi. Écoutez-le ! »
(Christian Delorme)
Francis Cousin
Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim Carême C 2°
2ième Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 9, 28-36)
Tous appelés à la Gloire (Lc 9,28-36) !
En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier.
Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante.
Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie,
apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem.
Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés.
Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait.
Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent.
Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »
Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.
« Pendant que Jésus priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante… Pierre Jean et Jacques étaient accablés de sommeil ; mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus »… Le Fils prie. Il se tourne avec une intensité toute particulière vers le Père, et son Mystère apparaît, resplendissant, aux yeux de ses disciples. « Je Suis la Lumière du monde » (Jn 8,12), leur avait-il dit. Et ils constatent ici, dans le cadre de cette prière qui est bien référence à un Autre, le Père, à quel point Jésus est bien « Lumière née de la Lumière » : « Ils virent sa gloire ».
Or, la notion de « gloire » dans la Bible vient d’un mot hébreu, kabôd, dont la racine évoque l’idée de ‘poids’ : peser lourdement, être lourd. Pour l’hébreu donc, la gloire ne désigne pas tant la renommée que la valeur réelle d’un être estimée à son poids, et c’est ce poids qui définit ensuite l’importance de cet être dans l’existence… Pour les hommes, ce ‘poids’ peut être celui de la richesse, d’un talent particulier, de la position sociale, etc… Pour Dieu, il renvoie à ce qu’Il Est en Lui-même, à sa nature divine, son Être divin… Ce que nous appelons « gloire de Dieu » n’est donc rien d’autre que la manifestation, d’une manière ou d’une autre, de ce que Dieu Est en Lui-même… Pas de gloire de Dieu sans la nature divine qui en est la source…
Dans un tel contexte, la notion de « gloire » est alors indissociable de celle de « nature divine ». Ainsi par exemple : « Et le Verbe s’est fait chair, et nous avons vu sa gloire, gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique » (Jn 1,14). Et juste avant sa Passion, Jésus dira : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant même la création du monde » (Jn 17,24). Ainsi, de toute éternité, le Père donne au Fils « la gloire », c’est-à-dire la nature divine, et cela gratuitement, par amour… Et c’est ainsi qu’il l’engendre « avant tous les siècles » en « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, de même nature que le Père ».
Mais en percevant ainsi le Mystère du Fils, vrai Dieu et vrai homme, les disciples prennent conscience également de ce à quoi Dieu appelle tous les hommes : participer à sa gloire en recevant, comme le Fils et par le Fils, le Don de sa nature divine (2P 1,4). « Père, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée » (Jn 17,22)… DJF
2ième Dimanche de Carême – Homélie du Père Louis DATTIN
Transfiguration
Lc 9, 28-36
Pour bien comprendre la Transfiguration, il faut se rappeler ce qui s’est passé avant. Jésus a commencé à susciter des oppositions sérieuses : on ne l’accepte plus, on fait des réserves à son égard. Il est même chassé de l’entourage de certains, on l’abandonne. Il a fallu que Pierre, sous l’impulsion de l’Esprit-Saint, ait un sursaut de foi et se mettant à genoux devant Jésus qui leur demande qui il est :
« Pour vous, qui suis-je ? », que Pierre donc déclare: « Tu es le Messie, le Fils de Dieu ». Mais Jésus n’en continue pas moins à annoncer sa mort : « Il doit monter à Jérusalem ; là- bas, être jugé, mis à mort », si bien que le moral des apôtres est à zéro.
Ils se demandent s’ils ne se sont pas trompés, s’ils ne se sont pas engagés dans une mauvaise aventure, sur une fausse piste : Jésus le sent bien et il veut les réconforter. Ils sont tellement habitués à voir le « Jésus ordinaire », le « Jésus quotidien ». L’homme qu’ils côtoient, ils ont tendance à oublier qui il est : Dieu, Fils de Dieu, Parole éternelle du Père, Lumière du monde, Sauveteur de l’humanité.
Nous aussi parfois, dans notre religion, j’allais dire « ordinaire », nous aurions facilement tendance à ne plus voir Dieu en Jésus-Christ : il s’est tellement fait proche de nous que nous ne voyons plus que ce qu’il nous présente ! Un homme avec ses fatigues, ses humeurs, ses réactions humaines, son tempérament. Mais Dieu en lui, le Fils éternel du Père, le Fils bien aimé, Créateur de l’homme, Sauveteur de l’Humanité : ça nous avons tendance à l’oublier.
Attention, si Dieu s’est fait l’un de nous, tellement l’un de nous, que beaucoup ne l’ont considéré que comme un homme, il reste, et il est le Tout-autre, le Transcendant. Il y a, entre nous et lui, cet énorme fossé creusé par sa sainteté totale à lui et notre condition de pécheurs à nous, si bien qu’à certains moments de lucidité, Pierre va se prosterner devant lui et lui dire : « Eloigne-toi de moi, je ne suis qu’un pauvre pécheur », alors que justement, c’est parce que nous sommes pécheurs que Jésus veut se rapprocher de nous. Jésus a tellement bien réussi à se faire l’un de nous que nous en arrivons à oublier qui il est.
La Transfiguration, pour les apôtres, comme pour nous, est là pour nous le rappeler : nous avons tellement vu Jésus dans sa bassesse, dans sa condition humaine, que nous avons besoin, nous aussi, de nous réveiller, de reprendre conscience de la véritable identité de Jésus.
La Transfiguration, c’est un temps fort voulu par Dieu, où pendant quelques instants, les apôtres et nous-mêmes, nous réalisons subitement, nos yeux s’étant ouverts, qui est Jésus, ce qu’il est pour Dieu, ce qu’il est pour nous.
Alors nous sommes en pleine vision de sa gloire c’est-à-dire de la vision permanente que nous aurons de lui, au ciel. C’est à la fois la manifestation de la vraie nature de Dieu, qu’on appelle sa « gloire », et pour nous, l’avant-goût de la « vision béatifique », c’est-à-dire de ce que nous serons appelés à vivre. Cette vision, avant la lettre, va redonner aux apôtres un moral, un réconfort dont ils vont avoir bien besoin pour s’en souvenir, au moment de la Passion de Jésus : son agonie, sa mort en Croix. D’ailleurs ce sont ces trois mêmes apôtres Pierre, Jacques et Jean qui seront témoins, et de l’agonie de Jésus et de sa Transfiguration :
« Avec moi dans la peine, avec moi dans la gloire ».
Les deux scènes d’ailleurs se passent dans la prière pour Jésus et dans le sommeil pour les apôtres.
Les deux scènes se passent aussi sur la montagne. Il alla sur la montagne, le haut-lieu, le lieu saint pour prier : le Thabor, mont de la Transfiguration ; le Mont des oliviers, lieu de l’agonie. Pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre.
Vous avez été parfois témoins de ces brusques changements de visage à l’annonce d’une grande douleur ou d’une grande joie :
– le visage de celui qui apprend le deuil de quelqu’un qui lui est cher,
– d’un étudiant qui vient d’être reçu à son examen,
– d’un sportif qui vient de battre un record,
– d’une jeune fille qui devient amoureuse.
On dit qu’ils sont « Transfigurés« . C’est l’âme qui transparaît et qui illumine ou défait la figure. Et pour bien montrer que Jésus n’est pas seul, un solitaire messager, le voilà qui s’entretient avec Moïse et Elie, c’est-à-dire avec Moïse, la Loi, et Elie, le prophète : avec la Loi et les prophètes pour bien marquer la continuité du plan de Dieu sur la terre. Moïse, rappelez-vous, s’entretenant avec Dieu sur le Sinaï, Elie, lui aussi, emporté dans le ciel avec son char.
De quoi parlaient-ils tous les trois ? St-Luc est le seul à nous dire : « Ils s’entretenaient avec lui de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem ». En pleine glorification, Jésus parle de sa Passion, de ce qui va se passer à Jérusalem dans quelques semaines.
Indissociable mystère pascal où l’on ne peut parler du triomphe de Pâques sans parler de la mort sur la Croix ! Où l’on ne peut pas dissocier l’agonie du jardin des Oliviers de la joie fraîche du matin de Pâques ! Mystère qui va se jouer aussi en chacun d’entre nous ! Mystère indissociable aussi pour chacun d’entre nous où nous ne pourrons pas suivre Jésus sans participer à ses douleurs, mais aussi à son triomphe. Jésus sait pourquoi il est venu, il sait où il va : il va vers le Père et « entre dans la gloire en passant par la mort ».
Et c’est aussi le résumé de ma propre destinée. Que je le veuille ou non, que j’en sois conscient ou non, je suis sur le chemin qui me conduit vers Dieu en passant par la mort.
Je suis en état d’exode, quittant la terre d’esclavage pour aller vers la terre promise. Il y a quelques jours, on nous a dit :
« Souviens-toi, homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière ».
La Transfiguration de Jésus nous annonce aujourd’hui notre propre transfiguration : perspective glorieuse qui est la nôtre, réduits en poussière, nous passons en Dieu. La foi en Jésus est d’un optimisme fantastique :
«Se réveillant, ils virent la gloire de Jésus : Lumière des hommes ».
Nous, aussi, nous marchons vers Dieu.
Pour bien montrer qu’ils ne rêvaient pas, que ce n’était pas une hallucination collective, une voix se fait entendre, la même qu’au Baptême de Jésus :
« Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le ».
Au début de notre Carême, au cours de nos réunions, dans nos volontés de changement, dans notre prière accrue et plus vraie, nous réentendons cet avertissement du Père :
« Celui-ci est mon Fils bien aimé ».
Oui, c’est bien lui, c’est bien le Fils de Dieu qui est notre compagnon de route.
Oui, c’est bien lui qui est là, dans le quotidien de nos vies, dans la grisaille de nos jours, dans la vie que je mène, dans mon emploi du temps de tous les jours où il ne se transfigure pas, dans la vallée de l’ordinaire et non sur le sommet du Thabor : « Ecoutez-le ».
Oui, écoutons-le.
. C’est avec sa parole que nous pouvons nous diriger.
. C’est avec sa parole que nous pouvons nous nourrir.
. C’est avec sa parole que nous entretenons notre foi et notre espérance pour monter avec lui à Jérusalem, pour monter avec lui dans la gloire de la Jérusalem céleste. AMEN
Rencontre autour de l’Évangile – 2ième Dimanche de Carême
« Celui-ci est mon Fils, Celui que j’ai choisi, écoutez-le »
TA PAROLE SOUS NOS YEUX
Situons le texte et lisons (Lc 9, 28b-36)
Pendant la lecture, chacun fais attention aux personnages, aux lieux, aux attitudes, aux paroles importantes.
Situons le texte
Ce passage se situe après la profession de foi de Pierre, entre deux annonces de la Passion. C’est une manifestation divine (une théophanie) qui va révéler la véritable identité de Jésus.
Soulignons les mots importants
“ Pierre, Jacques et Jean ” : dans la résurrection de la fille de Jaïre (ch.8) ces trois disciples ont été témoins de la victoire de Jésus sur la mort. De quoi sont-ils témoins aujourd’hui? A quel moment seront-ils encore présents comme témoins privilégiés?
“ Montagne ” : Dans la Bible, c’est un symbole important. Lequel ?
“ Pendant qu’il priait ” : Jésus est en intimité profonde avec son Père.
“ Son visage apparut tout autre ”: ce qui signifie que dans sa vie humaine ordinaire, rien ne distinguait l’homme Jésus des autres hommes. La transfiguration est une sorte de métamorphose.
“ Moïse et Elie ” : Que connaissons-nous de ces deux personnages? Pourquoi sont-ils là à côté de Jésus durant sa transfiguration?
“ Le départ ” de Jésus : Un mot important relié à “ Jérusalem ” de quel départ s’agit-il?
“ La gloire de Jésus ” : le mot ‘gloire’ qui désigne l’éclat de la splendeur de Dieu est appliqué à Jésus. Etre revêtu de gloire, c’est participer à l’éclat de la splendeur du Dieu vivant. C’est une manière de dire qu’il est Dieu
“ Nuée ”: signifie la présence de Dieu. Se rappeler la colonne de nuée de l’Exode.
“ Une voix ” : c’est la voix du Père qui désigne Jésus, l’Elu de Dieu. Il remplace Israël, l’élu (Is 42,1) :
“ Mon Fils ” : Jésus est révélé aux trois disciples comme le Fils de Dieu qui existe depuis toujours.
Ensemble regardons Jésus
Inviter chacun à contempler Jésus en prière. La lumière divine qui habituellement est cachée en lui, illumine son visage et toute sa personne.
Jésus, humilié dans la Passion et glorifié par son Père dans la Résurrection.
Il est aujourd’hui dans la gloire.
Pour l’animateur
Après l’annonce déroutante de la Passion du Fils de l’homme, Pierre et ses deux compagnons sont réconfortés en ayant la révélation de la gloire qui sera celle de Jésus ressuscité. Plus tard après la Résurrection ils s’en souviendront. Il faudra que Jésus ouvre leur esprit à l’intelligence des Écritures ( Lc 24,4 4-45). Pour l’instant ils ne comprennent pas.
La montagne et la prière montrent que Jésus vit une grande proximité avec son Père .
Moïse et Elie représentent la Loi et les Prophètes, autrement dit, les Ecritures qui ont annoncé que le Christ doit souffrir pour entrer dans sa gloire.
Le “ départ ” de Jésus, c’est sa mort et sa résurrection qui se passeront à Jérusalem, la ville qui va jouer un rôle central dans le plan du salut.
Désormais pour appartenir au peuple sauvé par Dieu, c’est Jésus qu’il faut écouter, car son autorité est plus grande que celle de Moïse et Elie.
Les trois disciples devront attendre la venue de l’Esprit et le temps de l’Eglise pour faire connaître la gloire divine qui a rayonné sur Jésus. Pour l’heure, ils ne peuvent rien en dire.
L’ Évangile aujourd’hui dans notre vie
Fils de Dieu depuis notre baptême, nous portons en nous le même germe de résurrection que Jésus. Comme dit saint Jean, “ ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Lorsqu’il paraîtra, nous lui serons semblables, puisque nous le verrons tel qu’il est ” (1Jn3,2).
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Comment cette espérance en la résurrection transfigure-t-elle notre vie et nous donne-t-elle du courage : dans nos luttes quotidiennes pour un monde plus humain, plus fraternel, plus juste ? dans nos souffrances, physiques ou morales ? dans notre travail pas toujours valorisant ? dans notre famille où tout n’est pas toujours au mieux ? dans notre quartier ?
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Là où nous ne voyons qu’échec, mort et misère, Dieu voit triompher la vie. Cherchons-nous, dans la prière, dans la méditation de sa Parole, à connaître le regard que Dieu porte sur nos vies ?
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Acceptons-nous d’être arrachés à notre prière (comme Jésus et ses compagnons sur la montagne) pour redescendre “ sur terre ” et retrouver les réalités quotidiennes pour y vivre, comme dit saint Paul, en « citoyens des cieux », c’est à dire en témoins de l’espérance en la victoire finale du Christ sur le mal et la mort?
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La lumière de Dieu qui habitait Jésus n’était pas visible. Mais en fait, d’une certaine manière, ça “ se voyait ” dans sa vie humaine quotidienne. Essayons de chercher comment sa vie rayonnait ?
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Et nous ? A quoi, dans notre vie de tous les jours, peut-on voir que nous sommes habités par la lumière du Ressuscité ?
PRIONS
Prière au Christ transfiguré
Avec Pierre, Jacques et Jean, emmène-nous sur la haute montagne
où nous pourrons te contempler, ô Christ Transfiguré !
Avec Moïse et Élie, tes serviteurs, accueille-nous dans ta gloire et parle-nous de ton Père.
Avec les Apôtres, en nous réveillant de nos sommeils,
Puissions-nous lever les yeux vers toi et ne plus voir que toi seul, Jésus.
0 Fils unique, plein de grâce et de vérité, puissions ‑nous entendre un jour la voix de ton Père nous dire, du ciel » Toi aussi, tu es mon Fils bien‑aimé en qui j’ai mis tout mon amour « .
Alors notre vie sera transfigurée en éternité.