1

Audience Générale du Mercredi 8 Février 2017

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 8 Février 2017

Frères et sœurs, l’Apôtre Paul nous enseigne que l’espérance chrétienne n’est pas seulement personnelle, mais aussi ecclésiale. Toute la communauté, en premier lieu les pasteurs, doit se faire proche des frères les plus éprouvés et qui perdent courage, par le réconfort de la consolation et de la compassion. On ne peut espérer tout seul. Pour se nourrir, l’espérance a besoin d’un « corps » dans lequel les membres se soutiennent les uns les autres. Mais seuls espèrent vraiment ceux qui font l’expérience de leur pauvreté et de leurs limites et restent confiants dans le Seigneur. Ce sont eux qui donnent le plus fort témoignage qu’au-delà de la tristesse et de la mort, le Seigneur aura le dernier mot. Ce témoignage d’espérance ne doit pas rester clos dans les limites de la communauté chrétienne. Il doit résonner au dehors comme un appel à construire des ponts et non des murs, à vaincre le mal par le bien, l’offense par le pardon.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes venus de France. Je serai de tout cœur en communion avec les pèlerins qui, samedi, fêterons Notre Dame de Lourdes, en particulier les malades. Que la Vierge Immaculée leur donne le courage de l’espérance et les garde dans la paix.

Que Dieu vous bénisse.





6ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN

« Je ne suis pas venu abolir [la loi], mais l’accomplir. »

 

Opposer la loi de Moïse et ce que dit Jésus a été dès le départ un sujet de discussion entre les scribes et les pharisiens et Jésus et ses disciples. C’est pourquoi Matthieu insère ce long passage dans son ’’sermon sur la montagne’’. La loi de Moïse, c’est-à-dire les dix commandements, avait été étoffée au fur et à mesure, sans doute par difficultés d’interprétation, de beaucoup de préceptes qui l’avaient dénaturée, notamment concernant le sabbat. La ’’loi’’ de Jésus reprend l’ancienne, et il ajoute : ’’Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres’’ (Jn 13,34).

C’est-à-dire que Jésus va plus long que l’ancienne loi, il lui donne de nouvelles exigences : faire toute chose par amour des autres et de Dieu, alors que pour l’ancienne, il fallait respecter scrupuleusement ce qui avait été écrit par les hommes. C’est toute la différence entre ce qui est ‘juste’ aux yeux des hommes et ce qui est ‘juste’ aux yeux de Dieu : ce qui compte, ce n’est pas l’action en elle-même, mais le désir dans son cœur qui précède (ou non) l’action ; si l’action mauvaise n’est pas faite, on est ‘juste’ aux yeux des hommes, mais si auparavant on avait pensé à faire cette action, on n’est pas ‘juste’ aux yeux de Dieu :’’ c’est du cœur que proviennent les pensées mauvaises : meurtres, adultères, inconduite, vols, faux témoignages, diffamations. C’est cela qui rend l’homme impur’’ (Mt 15,19-20), et donc pécheur, en pensée, et parfois en action.

La première lecture nous dit la même chose :’’ Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle … La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix … Il (le Seigneur) n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de pécher’’. Dieu nous laisse toujours libre. A nous de faire le bon choix, en pensée et en action.

On voit encore une fois toute la différence qu’il y a entre la pensée du monde et la pensée de Dieu, entre la sagesse du monde et la sagesse du mystère de Dieu :’’C’est bien de sagesse que nous parlons devant ceux qui sont adultes dans la foi, mais ce n’est pas la sagesse de ce monde…’’ (2° lecture).

On voit alors que la conception de la loi par Jésus est beaucoup plus pointue que ne le pensaient les scribes et les pharisiens, et plus délicate à mettre en œuvre, contrairement à ce que ceux-ci pensaient. Et Jésus donne quelques exemples, dont :’’ Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, … Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement’’. Jésus nous demande plus que ce que dit la loi, il nous demande de garder toujours le contrôle de nous-même pour éviter d’aller jusqu’à l’extrême, le meurtre. Parce que la colère est déjà une rupture de l’amour des autres. Même une colère qui ne s’extériorise pas, qui reste en nous !

Cette loi d’amour va beaucoup plus loin qu’une loi ‘permis-défendu’ ou d’une loi ‘pas-vu, pas-pris’, car c’est chacun en soi-même qui se rend compte de ses fautes sans qu’il soit nécessairement besoin de l’intervention d’un tiers.

‘’Tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle’’.

Seigneur Jésus,

tu accomplis la loi de Moïse

en y ajoutant l’amour,

 et toute rupture d’amour,

en pensée, en parole, par action et par omission,

est un péché, envers les autres et envers toi.

Sans toi, je ne suis rien !

 

Francis Cousin

 

 




« La Prière du Cœur » (Thomas Merton)

Dans la « prière du cœur », nous cherchons d’abord le fondement le plus profond de notre identité en Dieu. Nous ne faisons pas de raisonnements sur les dogmes de la foi ni sur les « mystères ». Nous cherchons plutôt à parvenir à une saisie existentielle directe, à une expérience personnelle des vérités les plus profondes de la vie et de la foi, nous découvrant ainsi nous-mêmes dans la vérité de Dieu. La certitude intérieure dépend de la purification. La nuit obscure rectifie nos intentions les plus profondes. Dans le silence de cette « nuit de la foi » nous retournons à la simplicité et à la sincérité du cœur. Nous y apprenons le recueillement qui consiste à écouter pour connaître la volonté de Dieu dans une attention simple et directe à la réalité. Le recueillement est une prise de conscience de l’inconditionnel. Prier signifie alors désirer ardemment la présence de Dieu, une compréhension personnelle de sa Parole, la connaissance de sa volonté et la capacité de l’écouter et de lui obéir. C’est donc quelque chose de bien plus grand que de formuler des demandes pour obtenir des biens étrangers à ce qui nous touche le plus profondément.

Notre désir et notre prière devraient se résumer dans ces mots de St Augustin : « Que je te connaisse et que tu me connaisses ! » Nous voudrions parvenir à une connaissance vraie et aimante de Dieu, notre Père et notre Rédempteur. Nous voudrions nous perdre nous-mêmes dans son amour et nous reposer en Lui. Nous voudrions entendre sa Parole et y répondre de tout notre être. Nous voudrions connaître sa volonté miséricordieuse et nous soumettre à tout ce qu’elle demande…

                                                      Thomas Merton, « Les voies de la vraie prière »




5ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

 Lumière du monde et sel de la terre

« Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde, vous êtes une ville située sur une montagne ».

Le texte de l’évangile de ce dimanche fait partie de ce discours programme du « sermon sur la montagne » dans lequel Jésus, au début de son ministère public, s’adresse aux foules et leur dit ce qu’est exactement l’existence nouvelle de quiconque veut vivre avec Lui, en Lui et par Lui. Ce sont donc les bases et les points de repère fondamentaux de notre existence chrétienne qui nous sont ainsi donnés. Le texte que nous venons d’entendre fait suite immédiatement aux Béatitudes qui nous indiquent le but à atteindre : « Bienheureux », l’homme est fait pour vivre « au bonheur de Dieu ». Mais le fait d’être ainsi orienté, dynamisé par la grâce de Dieu vers le bonheur de Dieu implique un certain mode de vie, une certaine manière d’être disciple du Christ. Et c’est pourquoi les trois paraboles qui s’enchaînent immédiatement : celles sur le sel, la lumière et la ville située sur une montagne, nous donnent les critères de notre existence de chrétiens. Et j’aimerais simplement aujourd’hui, avec vous, réfléchir sur ce qu’elles nous invitent à être. Ce que je vais vous dire n’est pas très original, mais il est bon, à un moment ou l’autre, de faire le point et de nous rappeler comment se traduisent dans notre vie les exigences de Dieu sur nous.

Le premier point de repère nous est fourni par l’image du sel. « Vous êtes le sel de la terre », et je dirai que le sel c’est le problème du paradoxe de l’existence chrétienne. Le sel dans un plat représente une quantité infime, généralement il ne faut pas en mettre trop sous peine de dénaturer la saveur de ce qu’on va manger. Mais il est absolument indispensable en petite quantité. Ainsi, les chrétiens sont-ils le sel de la terre, le sel de l’humanité, car l’existence chrétienne est toujours un paradoxe. Elle est peu de chose au départ. Le Christ vient de dire : « Bienheureux ceux qui pleurent », mais qu’est-ce que ceux qui pleurent dans le monde ? Ils n’ont aucun pouvoir dans le monde ? « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice », mais à quoi sert la faim et la soif de la justice dans le monde ? Est-ce qu’elles ont du poids auprès des puissants de ce monde ? « Bienheureux les pauvres ». Est-ce que la pauvreté comme telle a du poids dans le monde, comparée à notre désir de richesse ? Tout cela apparemment n’est rien, rien de plus que la toute petite pincée de sel jetée dans le plat que l’on veut assaisonner. Pourtant elle est absolument indispensable. L’existence chrétienne, dans sa pauvreté même, dans sa détresse et dans son désarroi, reste cependant le sel de la terre. Et nous sommes, à travers toutes les expériences de souffrance, de mal, de soif et de faim de justice que nous éprouvons à un moment ou l’autre de notre vie, nous sommes vraiment le sel de la terre au sens où si peu que nous soyons, si peu que nous représentions par rapport au désir de soi-même que ce monde peut porter en lui, nous sommes pourtant là et nous existons dans ce monde de façon paradoxale et décisive, non pas par nous-mêmes, mais parce que Dieu nous fait sel de la terre.

Il y a même davantage. Ce sel de la terre peut se dénaturer. Ceci fait allusion au paradoxe de notre liberté. Le Christ seul peut donner à ce monde, par nous, la saveur de Dieu. Mais notre liberté est fragile. Et comme le sel peut perdre sa saveur, ainsi nous-mêmes pouvons faire perdre au monde sa saveur. Nous ne sommes rien, et pourtant s’il n’y a pas de sel dans le plat, la nourriture n’est pas mangeable. Et le paradoxe de l’existence chrétienne, le voici tout en n’étant pratiquement rien humainement, c’est pourtant notre existence et notre liberté chrétiennes qui donnent au monde sa profondeur, sa vérité et son mouvement vers Dieu. Elles sont ce « sel » qui à travers l’exercice de notre liberté pour Dieu constitue le signe du salut.

La deuxième marque de notre existence chrétienne est signifiée par la parabole de la ville placée sur une montagne. La foi chrétienne, la vie chrétienne ont une existence publique. Cela, nous l’oublions peut-être aujourd’hui. Nous n’avons pas à rougir de notre foi, non pas que nous ayons à l’imposer aux autres de force, comme certaines générations de chrétiens ont cru bon de le faire, mais nous n’avons pas à rougir de notre foi. Nous n’existons pas simplement, individuellement, comme chrétiens, ainsi que spontanément nous le pensons aujourd’hui. Nous imaginons que la vie chrétienne est une « affaire de conscience », non : nous existons publiquement. L’Église a une existence publique, elle est un peuple, elle est un peuple de Dieu. Et cela échappe à notre sens chrétien contemporain, nous avons tellement réduit notre appartenance au Christ à une affaire purement individuelle et purement personnelle que nous en avons oublié la vérité et la réalité publiques : l’Église est quelque chose qui existe sur la place publique.

Elle n’est pas faite pour être cachée, elle est faite pour être là, pour être vue, elle est signe de l’amour de Dieu pour le monde, ce signe ne s’accomplit pas simplement à l’intérieur de nous-mêmes, mais parce que l’homme est un « animal politique », on n’avait pas attendu la révélation chrétienne pour le savoir ! Et quand la révélation vient sauver l’homme tout entier, elle vient aussi faire du chrétien un animal politique, mais d’une autre manière : il s’agit de la politique du Royaume de Dieu. L’Église comme telle n’existe pas en vertu d’un pouvoir temporel, qui, par exemple, ferait pression sur les instances publiques des pouvoirs de ce monde, mais elle existe cependant parce qu’elle est un peuple, une communion et une assemblée.

Le troisième trait est évoqué par la parabole de la lumière. La lumière, elle est ce qui enveloppe et irradie, mais elle est aussi ce qui fait voir. Et que fait-elle voir ? Elle fait voir Dieu. La lumière que nous sommes pour le monde n’est en réalité rien d’autre que la lumière de Dieu donnée par la grâce du baptême qui s’appelle d’ailleurs pour cette raison précisément l’illumination. Nous devons mener une existence de lumière : la lumière n’est pas contemplée pour elle-même, mais elle fait voir. Et c’est la raison pour laquelle le Christ enchaîne aussitôt : « Ainsi les hommes voyant vos bonnes œuvres en rendront grâce à Dieu le Père ». Le chrétien ne se pose pas lui-même comme lumière, il est lumière par grâce, et tous les actes qu’il pose renvoient au-delà de lui-même, ils renvoient à l’amour du Père. Le chrétien est lumière non pas parce qu’il essaie de se saisir lui-même et de se bâtir un statut de perfection, un idéal qu’il voudrait se sculpter pour sa propre satisfaction et dans l’admiration de tous, non, il est lumière au sens où il fait voir autre chose que lui-même, car dans son comportement dans l’amour et dans la charité qu’il peut manifester pour ses frères, il ne renvoie pas à lui-même, à sa vertu ou à des qualités supérieures, il renvoie au Père. Et l’un des aspects de la foi et de l’existence chrétienne que le Christ nous demande de mener est celui de la transparence, au sens où la lumière ne coupe pas le mouvement du regard, mais au contraire le guide, et le porte plus loin que là où, par ses propres forces, il pourrait aller. Nous sommes le support du regard de nos frères pour qu’ils voient Dieu. C’est là ce que Dieu veut nous donner par grâce, c’est là ce que le Christ attend de ses témoins au cœur de ce monde. Rien à voir avec de l’exhibitionnisme, avec le fait de se montrer, mais il faut beaucoup d’humilité et une très grande sagesse pour nous laisser saisir par Dieu afin que nous soyons nous-mêmes le guide du regard de nos frères vers le mystère même de leur existence et de la nôtre vers cette source de lumière qui est Dieu.

Cela implique en dernière instance que cette lumière et ce sel aient une saveur de sagesse. Le sel est ce qui donne du goût, la lumière est ce qui illumine et fait comprendre, permettant à l’intelligence de s’ouvrir à la présence de ce qui est. Vous le savez, dans des pays ensoleillés, la grande différence avec les cultures du nord est très sensible : dans les pays ensoleillés, on aime comprendre dans la lumière alors que dans les cultures nordiques, on croit comprendre quand c’est obscur. Puisque nous sommes d’un pays de soleil, nous devons en profiter pour essayer de comprendre toute la vérité de l’évangile dans sa lumière, ne pas nous noyer dans l’obscurité, qu’il s’agisse des ténèbres de soi-même ou des ténèbres de ce monde, mais au contraire que notre foi rayonne cette simplicité de sagesse et d’intelligence dont le monde a tellement besoin aujourd’hui. Or sans entrer dans les détails, j’ai parfois l’impression qu’aujourd’hui une certaine attitude chrétienne, un peu frileuse et peureuse se retranche derrière des jugements et des positions obscurs, inexplicables et inexpliqués dans lesquels on imagine que moins on comprend, mieux c’est. Il faut le dire cela n’est pas la foi, mais de l’obscurantisme et si certains philosophes, au dix-huitième siècle, se sont déchaînés contre cet obscurantisme, ils n’avaient peut-être pas, dans certains cas, tous les torts. Il faut que notre foi ait quelque chose de lumineux, de simple, je ne dis pas simpliste, ce qui la ferait tomber dans un rationalisme de bas étage, il faut que notre foi ait quelque chose de clair, de limpide, qui parle au cœur, à l’intelligence et au désir de nos frères. Nous en avons le devoir, c’est de cette façon que nous pouvons être les témoins de cette intelligence et de cette sagesse de Dieu.

Qu’en relisant ces paraboles du sel, de la lumière et de la ville située sur la montagne, nous puissions voir renaître en nous ce désir d’être toujours mieux dans notre existence des témoins du Christ afin qu’au milieu de ce monde, nous soyons en vérité les serviteurs, les témoins lumineux, sages et simples de la présence et de l’amour sauveur du Christ pour tous les hommes. Amen.




5ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN

 « Vous êtes le sel de la terre,

… la lumière du monde. »

 

 Vous êtes le sel de la terre. Cette parole de Jésus s’adresse à nous directement, et elle a une implication immédiate : elle n’a de sens que si le sel est mélangé avec les aliments. Ce qui veut dire que nous ne pouvons être sel de la terre que si nous nous mélangeons avec les autres, que si nous vivons avec eux, que nous partageons leur travail, leurs soucis, leur vie, que si nous discutons avec eux, que si nous faisons entendre notre voix de chrétiens dans la vie du monde, la voix de l’évangile …

Sans doute, individuellement, certains le font. Mais si on regarde à une plus grande échelle, on est loin du compte : Combien de nos paroisses ont une vie collective uniquement tournée sur elle-même, et n’ont aucun rapport (ou presque) avec le monde qui l’entoure : le quartier, la commune … Et quand il y a quelques relations, c’est plutôt pour demander une aide plutôt que pour proposer une aide dans tel ou tel domaine, pour se mettre au service de la population locale.

Quel goût alors nos paroisses peuvent-elles donner à leur quartier ? Une Église, l’ensemble des paroissiens, qui ne vit que tournée sur elle-même, qui ne va pas ’’vers les périphéries’’ chères à notre pape François, est hors-jeu.

Il y a une autre manière de dénaturer le sel, de manière plus individuelle : c’est de ne pas croire suffisamment à la force de la Parole de Dieu et de se laisser influencer par des ’philosophies’ où l’homme est premier et sans avoir besoin de Dieu, ou par un discours laïciste qui veut que la religion reste du domaine privé et que les chrétiens n’ont rien à dire sur la vie politique, économique, sur les lois etc, alors on ne dit plus rien, on a peur de donner le goût de l’Évangile à notre entourage.

On comprend alors pourquoi, aussitôt après avoir dit cela, Jésus prévient : ’’Mais si le sel devient fade, …il ne vaut plus rien : on le jette dehors pour être piétiné’’.

Dehors … de quoi ? Du royaume éternel ? Si c’est le cas, il y a du souci à se faire pour beaucoup.

Mais peut-on ’’rendre de la saveur’’ au sel ? Pour le sel culinaire, impossible.

Par contre pour le sel chrétien, oui, on peut, et heureusement !

Comment ? Se retourner vers Dieu, dans la prière, personnelle et collective, dans la participation aux sacrements, et principalement l’eucharistie, dans la lecture de la Parole de Dieu, dans son approfondissement, dans sa méditation, en la ruminant de telle manière qu’elle puisse devenir nôtre et qu’elle nous fasse agir pour être ses témoins.

Et la première lecture de ce dimanche nous donne quelques exemples : ’’Partage ton pain avec celui qui a faim, accueille chez toi les pauvres sans abris, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable’’. On retrouve là une partie des œuvres de miséricorde que maintenant nous connaissons bien. Et qui sont en quelque sorte un minimum pour entrer dans le Royaume des Cieux (voir Mt 25, 31-46).

Et Isaïe nous dit : ’’Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite …Ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi’’.

En redonnant du goût à notre sel (et nous avons tous besoin de le faire), c’est la lumière qui sort de nos ténèbres, et pas n’importe laquelle, celle de midi, là où la lumière est la plus forte, celle qui ’’brille pour tous ceux qui sont dans la maison,… qui brille devant les hommes’’.

Seigneur Jésus,

je veux bien être ton sel

qui donne de la saveur

à notre monde bien souvent insipide,

mais il faut que tu m’aides,

et que tu secoues la salière.

 

Francis Cousin

 

 

 




5ième Dimanche du Temps Ordinaire par le Diacre Jacques FOURNIER

 

« Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde » (Mt 5,13-16)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens.
Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.
Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »

 

            « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n’est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent ».

            Dans l’Evangile selon St Jean, Jésus parle à ses disciples d’une manière semblable, mais avec une autre image, celle de la vigne et des sarments : « Je Suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qu’on a jeté dehors, et qui se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent » (Jn 15,5-6). La vigne est la source de la sève pour les sarments. Et ce n’est que grâce à cette sève reçue de la vigne que les sarments peuvent rester verts et porter du fruit… Or Jésus s’est déjà présenté comme une source : « « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : Des fleuves d’eau vive jailliront de son cœur. » En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint, l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui » (Jn 7,37-39).

            Cette sève de la vigne est donc « l’Esprit Saint », Plénitude de Lumière et de Vie que le Fils reçoit éternellement du Père et qui l’engendre en Fils. Si le sarment reçoit lui aussi, par sa foi en Jésus, ce Don de l’Esprit, alors et alors seulement, il pourra porter du fruit : « Le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi » (Ga 5,22).

            Le sel de notre Evangile renvoie donc lui aussi à « l’Esprit Saint », ce Don de Dieu que le Fils est venu nous offrir au Nom du Père pour que notre vocation à tous puisse s’accomplir : « devenir des fils à l’Image du Fils » (Rm 8,29 ; Jn 1,12 ; 1Jn 3,1-2) en nous laissant engendrer à notre tour à la Plénitude des fils par ce Don de l’Esprit (Rm 8,14-17)…

            « Dieu est Esprit » (Jn 4,14), « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5)… Recevoir le sel de l’Esprit Saint, c’est donc aussi recevoir la Lumière de l’Esprit. « Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ; conduisez-vous comme des enfants de lumière. Or la lumière a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité » (Ep 5,8‑9). « Que votre Lumière brille donc devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux », ce « Père des Lumières » (Jc 1,17) qui donne aux pécheurs repentants de pouvoir devenir des « fils de la Lumière » (Jn 12,36). Dans ce monde si souvent dénaturé, ils pourront alors y semer le sel de la tendresse et de la miséricorde, et contribuer ainsi à lui redonner un goût d’humanité… DJF




Lancement du Cycle Long 2017

Ce dimanche 22 janvier, nous étions environ 270 dans la salle d’étude du Collège St Michel pour la journée d’introduction au Cycle Long 2017 qui sera consacré cette année au Mystère de l’Eglise.

 

Après avoir prié les Laudes et pris un bon petit déjeuner, les programmes des rencontres bibliques et théologiques furent présentés…

Puis les premières années ont eu une Introduction à la Bible, avec Fabrice Patsoumoudou, tandis que les secondes années avaient une rencontre avec D. Jacques Fournier sur le thème : « Marie, image et modèle de l’Eglise ».

Puis nous nous sommes tous retrouvés au réfectoire du collège pour partager le repas…

A 14h 00, les secondes années se sont retrouvés avec P. Joseph Lekundayo pour une rencontre intitulée : « Disciple de Jésus, l’Eglise t’appelle à son école »…

L’Equipe de Service du Cycle Long présentait quant à elle la vie du Cycle Long aux premières années…

Puis nous nous sommes tous retrouvés dans cette grande salle pour célébrer l’Eucharistie… L’aventure est  lancée… En comptant celles et ceux qui n’ont pu se joindre à notre journée (avancée d’une semaine suite à l’ordination de deux jeunes réunionnais le 29 janvier à St Paul, Cédric Técher et Sébastien Payet), ce seront quelques 350 participants qui vivront l’aventure Cycle Long cette année dans les six groupes de l’île… Puissions-nous tous ensemble découvrir le plus possible ce Dieu d’Amour et de Miséricorde qui s’est révélé en Jésus Christ, Mystère de Trois Personnes divines qui vivent en relation les unes avec les autres dans la communion d’un même Amour, d’une même Lumière, d’un même Esprit. Et tous les hommes ont été créés pour entrer à leur tour dans ce Mystère de Communion en acceptant de recevoir gratuitement, par amour, rien de moins que le Don de cette Plénitude Spirituelle par laquelle « Dieu Est » de toute éternité… Que la volonté de Dieu se fasse donc « pour tous les hommes qu’il aime » (Lc 2,14)…

                                                                                 D. Jacques Fournier




4ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN

 

« Heureux les pauvres de cœur … »

Les béatitudes, tout le monde connaît ou presque ; Mais pour beaucoup, le discours de Jésus passe comme une utopie, quelque chose qu’on ne peut pas atteindre. Et puis, dans la mentalité du monde d’aujourd’hui, cela sonne comme quelque chose de fou : « Heureux … » ! Ce n’est pas comme cela qu’on obtient le bonheur ! Pour avoir le bonheur, il faut de l’argent, pour avoir du confort, ceci, ou encore cela …

Parce qu’on confond le bonheur avec les plaisirs !

Les trois lectures vont dans le même sens : la rencontre de Dieu à travers notre petitesse. Dieu nous attend tels que nous sommes. Mais il nous faut faire un pas vers lui.

Cherchez ! nous dit Sophonie : « Cherchez le Seigneur,… Cherchez la justice (celle de Dieu, être reconnu comme juste devant Dieu, et pour cela il faut pratiquer la justice des hommes),… cherchez l’humilité ».

Et le plus important, c’est le dernier terme : l’humilité. « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé » (Mt 23,11). Avec l’humilité, on peut être reconnu comme juste devant Dieu, et ainsi rencontrer le Seigneur.

C’est l’attitude devant Dieu qui importe. Saint Paul nous le dit bien dans la 2° lecture : « Parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni des gens puissants ou de haute naissance. Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde, (…) ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi… ».

Dieu préfère les petits, Dieu préfère les faibles, ceux qui ne s’enorgueillissent pas devant lui. Comme il le dit à saint Paul : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2 Co 12,9). Laisser Dieu faire à travers nous …

Finalement, tout cela revient à dire : « Heureux les pauvres de cœur … », ceux qui gardent une foi humble dans le Seigneur quelques soient les épreuves, qui mettent leur espoir en lui, qui restent toujours assurés de la fidélité de Dieu, « car le Royaume des cieux est à eux. ».

Saint Matthieu nous donne une liste de huit béatitudes qui s’adressent à tous, plus une neuvième pour certains. Si on prend les huit premières, on se rend compte que Jésus détaille différents aspects de vie, mais qu’elles sont toutes contenues dans la première : si on a un cœur de pauvre, devant Dieu et devant les hommes, on peut pleurer, on est doux, on a faim de justice, on est miséricordieux, on a un cœur pur, on est artisan de paix, et on peut aussi être persécuté pour la justice…

Avoir un cœur de pauvre est un préalable à toutes les autres situations. Et pour bien montrer cette unité, la première et la huitième béatitude ont la même conclusion : « car le Royaume des cieux est à eux. », avec le verbe au présent, alors qu’il est au futur pour les six autres.

Être pauvre de cœur, être faible, être humble, … voila ce qui nous conduit à Dieu, et qui permet à Dieu d’œuvrer à travers nous.

C’est sans doute différent de la mentalité du monde, mais c’est le plus sûr chemin pour aller vers Dieu. Retenons ce conseil : « Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser pour trouver grâce devant le Seigneur, car grande est la puissance du Seigneur, mais il est honoré par les humbles. » (Si 3,18-20).

Nombre de saints ont suivi ces préceptes : François d’Assise bien sûr, mais aussi Charles de Foucauld, ou encore Thérèse de l’Enfant Jésus : « Rester petit, c’est reconnaître son néant, attendre tout du Bon Dieu, ne pas trop s’affliger de ses fautes, ne point gagner de fortune, ne s’inquiéter de rien,… vouloir ne pas se suffire à soi-même,… se sentir incapable de gagner sa vie, la Vie éternelle… »

Seigneur, je n’ai pas le cœur fier

ni le regard ambitieux ;

je ne poursuis ni grands desseins,

ni merveilles qui me dépassent.

Non, mais je tiens mon âme en paix et silence ;

mon âme est en moi comme un enfant,

comme un petit enfant contre sa mère.

Mets ton espoir dans le Seigneur, Israël,

 maintenant et à jamais.

Psaume 131                                     

 

Francis Cousin




La vie, un apprentissage permanent !

‘Apprendre la vie’, ou ‘apprendre à vivre’, est une nécessité qui s’impose à chaque être humain sur notre planète terre. Le ‘savoir vivre’ n’est pas une qualité innée ; il s’apprend et il s’acquiert au long des années et des expériences vécues.

L’éducation est première dans cette découverte et dans la mise en œuvre de ce mode de vie qui anime et rend fructueuses et fraternelles les relations humaines. Ces relations sociales s’inscrivent dans des principes qui doivent être reconnus et acceptés : la liberté et la démocratie.

‘Réussir sa vie’ implique alors un apprentissage quotidien du ‘savoir vivre’. Pour ne pas tomber dans le piège d’une vie seulement instinctive comme celle des animaux, l’homme et la femme de bonne volonté choisissent de faire preuve d’intelligence dans leurs choix qui engagent leur ‘façon de vivre’ en société. Ce travail sur soi concerne tous les moments et tous les contextes de la vie que nous voulons pour nous-mêmes, pour nos familles, pour nos sociétés.

Dans la recherche légitime de la vie heureuse et paisible pour tous, de très nombreuses pistes s’ouvrent à ceux et celles qui ont à cœur cet objectif. En voici quelques unes qui nous interpellent chaque jour ; elles nous invitent à apprendre et à réapprendre, dans le but recherché obstinément d’un ‘mieux vivre ensemble’.

Apprendre et réapprendre :

  • Réfléchir objectivement avant les décisions qui ouvrent l’avenir meilleur

  • Se laisser guider par le bon sens vers l’intelligence de l’esprit et du cœur

  • Agir avec la conscience de la justice dans la vérité

  • Respecter l’autre différent dans les libertés individuelles

  • S’écouter pour mieux se connaître et mieux se comprendre, pour mieux s’accepter et mieux s’apprécier

  • Partager fraternellement en priorité avec les plus petits

  • Rechercher sans cesse le bien, le beau, le bon

  • Construire la vie sociale sur les bases d’une éducation exigeante

  • S’engager résolument en vue du bien commun

  • Favoriser l’épanouissement humain, psychologique et spirituel de chacun

  • S’entraider de façon efficace pour consolider le lien social

  • Donner le bon exemple à la jeunesse

  • Donner la primauté à l’amour qui fait le bonheur de vivre

  • Reconnaître humblement ses erreurs et vouloir changer

  • Affronter l’adversité avec courage et persévérance

  • Assumer la responsabilité de ses choix

  • Refuser le laisser-aller et le n’importe quoi

  • Refuser le mensonge et renoncer à l’autre

  • Refuser la compromission avec le Mal, l’orgueil et l’égoïsme

  • Refuser la démagogie destructrice et malhonnête

  • Refuser la recherche insensée d’une consommation éphémère

  • Refuser la course effrénée vers le sexe ou l’argent

Cette liste reste ouverte à la ‘prise de conscience’ de celui qui veut faire régner le bonheur sur la terre. Le renouveau de la vie individuelle donne à la société la possibilité de progresser dans le bon sens. Il s’agit de construire ensemble une vie meilleure pour tous. Aux bonnes œuvres, citoyens !

 

                                                                                           Père Christian Chassagne




Conférence sur saint Thomas d’Aquin le 28 janvier par le frère Manuel Rivero

Cette conférence organisée par la Fraternité Lataste chez les moniales dominicaines de La Réunion, colline du Rosaire, 88 allée Ave Maria à St Denis.

Tél : 0262 21 44 30.

 

Pour tout renseignement complémentaire, cliquez sur le titre suivant pour accéder à l’affiche correspondante :

Affiche Conference sur saint Thomas d’Aquin samedi 28 janvier 2017