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4ième Dimanche de Pâques – par Francis COUSIN

 Évangile selon saint Jean 10, 11-18

 

« J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. »

 

Ce dimanche est traditionnellement le dimanche de prière pour les vocations, avec l’évangile du Bon Pasteur, Jésus-Christ, qui mène son troupeau de brebis vers de verts pâturages auprès de son Père, dans une Vie nouvelle et éternelle : « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » (Jn 10,10)

Et quand on parle de prière pour les vocations, on pense presque toujours d’abord aux vocations sacerdotales, et surtout aux jeunes gens pour qu’ils acceptent d’entendre l’appel lancé par le Christ à devenir à sa suite des prêtres.

C’est important qu’on y pense, et il faut prier pour que nous ayons de nouveaux prêtres qui prennent la suite des anciens, pour aider le peuple des chrétiens à vivre de Jésus-Christ par la Parole et les sacrements.

Mais il ne faut pas oublier les anciens, ceux qui ont déjà répondu à l’appel de Dieu, et prier pour eux pour qu’ils restent fidèles à leur vocation, malgré les vicissitudes du temps et parfois le découragement qui peut les atteindre. Et c’est donc l’occasion de prier, encore, pour le Pape François, les évêques, tous les prêtres, et particulièrement pour ceux que nous avons l’habitude de rencontrer, et aussi pour les diacres, les religieuses et religieux, les consacrés, et pour tous ceux, laïcs, qui ont une responsabilité pastorale dans l’Église. Et ça fait du monde !

Mais la journée des vocations, c’est aussi la journée de toutes les vocations chrétiennes. Et la vocation de tous les chrétiens, celle à laquelle nous sommes appelés par le baptême, est d’être témoins de Jésus Ressuscité.

Quel que soit notre état de vie, nous sommes tous appelés à être témoins de Jésus Ressuscité. Et pour être témoins, il faut d’abord le connaître, par la prière, par les sacrements (Eucharistie), par la lecture de la Bible, en suivant des formations … Connaître Jésus, en tant que personne, vrai Dieu et vrai homme … et non pas en tant qu’idée.

Nous sommes tous concernés par cette mission de pasteur à la suite de Jésus :

– les parents comme pasteurs de leur famille, vis-à-vis des enfants, mais aussi vis-à-vis des amis et connaissances.

– les enfants comme modèles vis-à-vis de leurs camarades (et parfois aussi des adultes…), comme l’ont été Dominique Savio, ou Chiara Luce Badano, et tant d’autres.

– les engagés dans la vie économique, les entrepreneurs vis-à-vis de leurs employés et de leurs clients …

– les engagés dans la vie sociale, culturelle, sportive… vis-à-vis de leurs mandants

– les politiques vis-à-vis de leurs électeurs et de la Nation dans son ensemble, pour que leurs décisions et les lois ne soient pas contraires aux droits humains et religieux des personnes, et  non pas pour faire plaisir aux électeurs ou pour être réélus, ou pour faire comme les autres nations, parce que c’est dans l’air du temps, comme c’est le cas actuellement avec la loi sur la bioéthique.

Nous n’avons pas toujours l’impression d’être concernés en tant que chrétiens dans chacune de ces situations, en tant que témoins de Jésus … et pourtant nous le sommes. On ne peut pas critiquer certaines personnes qui voudraient reléguer la religion dans la sphère uniquement privée des gens … et finalement faire comme si c’était déjà le cas pour nous …

Le pape ne cesse de nous le dire : «N’ayez pas peur d’aller, et de porter le Christ en tout milieu, jusqu’aux périphéries existentielles, également à celui qui semble plus loin, plus indifférent ». Et il insiste bien sur le qualificatif des périphéries qui ne sont pas seulement des lieux, mais sont surtout des personnes : « périphéries existentielles : là où réside le mystère du péché, la douleur, l’injustice, l’ignorance, là où le religieux, la pensée, sont méprisés, là où sont toutes les misères » (Intervention du cardinal Bergoglio avant le conclave).

Jésus a prié pour que nous fassions ainsi : « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. » (Jn 17,20), et cette parole s’est transmise depuis les apôtres jusqu’à  nous. C’est à nous maintenant continuer ce que voulait le Christ : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. »

Faire cela, c’est répondre à l’appel du Seigneur, c’est s’approcher de la sainteté. Comme nous le dit le pape François dans sa dernière exhortation « Gaudete et Exsultate » : « J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militante. C’est cela, souvent, la sainteté ‘‘de la porte d’à côté’’, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ‘‘la classe moyenne de la sainteté’’ » (GE 7). « Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels. » (GE 14).

            N’oubliez pas ce que  nous disait Jésus à la fin de l’évangile de dimanche dernier : « A vous d’en être les témoins [de Jésus ressuscité]. »

Seigneur Jésus,

tu veux que tout le monde

fasse partie de ton troupeau, 

de tous pays, de toutes conditions,

pauvres ou riches, malades ou bien portants.

Pour cela, tu comptes sur nous,

non pas avec de grandes déclarations,

mais par nos petites actions du quotidien,

tournées vers toi et vers les autres,

par amour de toi.

 

Francis Cousin

 

                      

Pour accéder à une prière illustrée, cliquer sur le titre suivant : Prière dim Pâques 4° A6

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Exhortation Apostolique « GAUDETE ET EXSULTATE » du Saint-Père 
FRANÇOIS sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel

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EXHORTATION APOSTOLIQUE GAUDETE ET EXSULTATE




Audience Générale du Mercredi 12 Avril 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 12 Avril 2018


Frères et sœurs, le Temps liturgique de Pâques nous rappelle que nous sommes chrétiens dans la mesure où nous laissons Jésus-Christ vivre en nous. Ainsi, le Baptême, « fondement de toute la vie chrétienne », est cette porte qui permet au Christ Seigneur d’habiter en nous, en nous plongeant, par le don de l’Esprit Saint, dans sa mort et sa résurrection, pour être recréés en Lui. L’eau du Baptême est, en effet, celle sur laquelle est invoqué l’Esprit Saint qui « donne la vie ». Le premier des Sacrements est donc un signe efficace de renaissance qui nous appelle à mener une vie nouvelle. Car, par le Baptême, nous sommes plongés dans la vie même de la Trinité : nous devenons membres du Corps du Christ, qui est l’Église, pour collaborer, chacun selon sa condition propre, à sa mission dans le monde. Ainsi, le Baptême, reçu une seule fois, illumine toute notre vie, en guidant nos pas vers la Jérusalem céleste. Il est un don gratuit fait à tous, adultes et nouveau-nés, un don porté par la foi et appelé à s’enraciner et à fructifier dans la foi. Aussi est-il nécessaire de raviver chaque jour les promesses de notre Baptême pour permettre au Christ de vivre en nous et de faire de chacun de nous un autre Christ.

Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France, de Belgique et de divers pays francophones, et en particulier les nombreux jeunes français de différents collèges et lycées. Que le renouvellement des promesses de notre Baptême nous aide à vivre toujours plus unis à Jésus-Christ pour mener une vie nouvelle et collaborer dans l’Église à la transformation du monde. Que Dieu vous bénisse !




3ième Dimanche de Pâques – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Luc 24, 35-48

 

« Pourquoi êtes-vous bouleversés ? »

 

Quelle nuit !

Les disciples d’Emmaüs à peine arrivés à Jérusalem pour annoncer la nouvelle de la résurrection de Jésus aux apôtres, eux qui croyaient être les premiers hommes à l’avoir vu, voilà qu’ils se font voler la vedette par l’annonce que Jésus est apparu à Pierre !

Ils ont juste le temps de dire qu’ils l’ont reconnu à la fraction du pain que Jésus se trouve au milieu des disciples. Aucune précision n’est donnée par St Luc sur la manière dont Jésus ‘vient’. C’est St Jean qui nous dit que les portes étaient verrouillées « par crainte des juifs » …

Mais on peut imaginer l’état d’esprit dans lequel étaient les disciples : voir Jésus d’un seul coup, sans que rien ne l’annonce … On comprend qu’ils pensaient voir un esprit, un fantôme …

Jésus dédramatise la situation : « La paix soit avec vous ! ».

Ce n’est pas une simple salutation qui serait l’équivalent de notre ‘bonsoir’. Pour Jésus cela va plus loin : c’est une invitation à accueillir la paix de Dieu, la paix du cœur, la paix de l’esprit.

Et il insiste : « C’est bien moi, regardez-moi, voyez mes mains et mes pieds, touchez-moi (pour être sûr que votre main rencontre un obstacle). Donnez-moi à manger. Un esprit n’a pas de chair ni d’os, et ne peut pas non plus manger ! »

Mais alors, comment Jésus est-il entré dans la pièce ?

N’oublions pas : Jésus est vrai homme et vrai Dieu. Depuis sa conception jusqu’à son ascension, il est vrai homme et vrai Dieu.

Et en tant que Dieu, il a le pouvoir d’apparaître comme homme à différents endroits, et donc sans passer par les portes … Il n’est pas le seul à avoir fait des choses similaires : certains grands saints, certains mystiques ont reçu de Dieu le pouvoir de la bilocation, c’est-à-dire de se trouver physiquement en deux endroits à la fois, comme notamment Padre Pio à qui c’est arrivé plusieurs fois. C’est un mystère qu’on ne peut pas expliquer de manière raisonnable et scientifique, mais c’est un fait avéré dans le cas de Padre Pio.

En tant que Dieu, Jésus peut être partout à la fois : il est ici en ce moment au milieu de nous, et il est aussi partout dans le monde où deux ou trois sont réunis en [son] nom, …

En mangeant, Jésus nous montre qu’il est vrai homme.

En nous montrant ses mains et ses pieds, et en expliquant tout ce qui est écrit à son sujet dans la Loi, les prophètes et les psaumes, il montre que sa vie s’inscrit dans le dessein de Dieu, qu’il est le Messie, qu’il est Dieu, comme l’a dit l’apôtre Thomas dans l’évangile de la semaine dernière.

Jésus est vrai Dieu et vrai homme, comme l’ont défini plusieurs conciles depuis Nicée (325) jusqu’à Chalcédoine (451).

Mais, s’il nous a ouvert un chemin qui nous mène vers le Père, c’est maintenant à nous  de continuer le ‘travail’ qu’il a entamé : Nous devons nous convertir pour quitter le monde des ténèbres, du péché, (et ça, c’est tous les jours qu’il faut le faire), pour aller à la lumière, la lumière de Jésus, Ressuscité comme il l’avait dit.

Et cela ne concerne pas simplement pour notre propre personne, nous devons aller plus loin, aller vers les autres, aller vers ’les périphéries de l’Église’, voire au-delà, ainsi que nous le dit Jésus dans la dernière phrase de l’évangile de ce jour : « A vous d’en être les témoins ».

A l’image de saint Pierre qui dit, le jour de la Pentecôte : « Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés. »

 

Seigneur Jésus,

seule la Foi nous permet

de croire en ta résurrection,

et tant de gens ont du mal à y croire.

Peut-être par manque de foi personnelle,

mais peut-être aussi parce que,

nous qui y croyons,

nous ne reflétons pas sur nous

ton visage de ressuscité,

visage de joie et d’amour.

 

Francis Cousin

                       

Pour accéder à une prière illustrée, cliquer sur le titre suivant : Prière dim Pâques 3° A6

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Rencontre autour de l’Évangile – 3ième Dimanche de Pâques

 » C’est vrai ! Le Seigneur est ressuscité ! »

 

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

 Situons le texte et lisons (Luc 24, 35-48)

 Luc est le seul évangéliste à nous rapporter cette rencontre des deux disciples avec Jésus Ressuscité sur le chemin qui va de Jérusalem à Emmaüs. Ces deux disciples ont fait, tout en cheminant sur la route, un chemin intérieur, une véritable expérience pascale, que nous allons découvrir ensemble.

Soulignons les mots importants

Le troisième jour après la mort de Jésus : Quel est ce jour ?

Jérusalem : Que représente cette ville pour les deux disciples qui font route vers Emmaüs ?

Jésus lui-même s’approcha : Qui est-ce qui a l’initiative de la rencontre ?

Il marchait avec eux : Comment interpréter ce compagnonnage ?

Leurs yeux étaient aveuglés : Qui est ce compagnon pour les deux disciples ? Pourquoi ne le reconnaissent-ils pas ?

Ils s’arrêtèrent tout tristes : Comprenons bien cette tristesse des deux disciples. Quel autre mot pourrions-nous utiliser pour dire leur état d’esprit ?

Quels événements ? Jésus fait semblant d’ignorer. Pourquoi les « événements de Jérusalem » sont-ils importants à interpréter ?

Libérateur d’Israël : Quelle était l’espérance des disciples à propose du Messie qu’ils attendaient ?

Vous n’avez donc pas compris ? Qu’est-ce qu’ils n’ont pas compris ?

Votre cœur est lent à croire : Pourquoi Jésus parle-t-il du « cœur » quand il s’agit de croire ?

Ne fallait-il pas que le Messie souffrit tout cela… : Où est-ce que Jésus a puiser pour donner un sens à sa souffrance ?

Moïse et tous les prophètes : Que représente cette expression ?

Jésus fit semblant d’aller plus loin : Comment interpréter cette attitude de Jésus ?

Il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et leur donna : Que nous rappelle ces paroles ? Quelle est l’intention de Luc ?

Leurs yeux s’ouvrirent : Qui est-ce qui a ouvert leurs yeux ? et de quels yeux s’agit-il ? Il disparut à leur regard : Pourquoi ?

Notre cœur…brûlant : Quelle est l’expérience des deux disciples ; quel est le rôle des Ecritures ? Finalement quelle est la « clé » pour bien interpréter les textes de l’Ancien Testament.

Ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem : Pourquoi ce demi-tour ?

 

Pour l’animateur  

 Le troisième jour après la mort de Jésus : c’est le premier jour de la semaine,  le jour de la Résurrection. Pour ces deux disciples, Jérusalem, c’est la ville de l’échec pour leur Maître, la ville de la déception pour ses disciples, la ville de la mort de leur espérance. Ils ont quitté le groupe réuni avec les Onze.

Jésus, comme dans toutes les apparitions pascales, prend l’initiative de la rencontre. La foi est un don de Dieu. . Il prend le temps de marcher avec eux : cette marche sur le chemin symbolise le cheminement intérieur qu’il fera faire aux deux disciples.

Au début, pour les deux disciples, Jésus n’est qu’un pèlerin venu célébrer la Pâque à Jérusalem. Ils parlent de Jésus au passé, comme d’un mort. « Cet homme était…ils l’ont livré… » etc. Leur espérance est bien morte. Découragement. Déception. Déprime, désespoir…des mots qui disent leur tristesse. Ils attendaient un Messie triomphateur et libérateur.

C’est leur manque de foi en la Parole de Dieu annoncée par les prophètes qui les empêche de reconnaître qui est leur compagnon. Il faut dire également que les yeux de chair sont impuissants à reconnaître le Ressuscité, car il est entré dans une condition totalement nouvelle. Ce sera au Seigneur de leur ouvrir les yeux, l’intelligence, le cœur.

Les événements de la Passion et de la Mort de Jésus sont la base historique de notre foi en la Résurrection. Notre foi ne repose pas sur une légende, sur un mythe, une histoire imaginée, mais sur des faits, dont ont peut retrouver les traces.

C’est en méditant les Psaumes, Moïse et les Prophètes (c’est à dire toutes les Ecritures) que Jésus a pu découvrir peu à peu le sens de sa vie et de sa mort. Et c’est en repassant avec eux tous les « événements » à la lumière des Ecritures, que Jésus peu à peu réchauffe le cœur des deux disciples et fait renaître l’espérance. Jusque-là ils n’avaient pas compris chaque fois que Jésus leur disait qu’il lui fallait souffrir et mourir pour entrer dans la gloire du Royaume. Jésus le leur reproche. Ils espéraient un Royaume terrestre.

Jésus, au bout du chemin, fait semblant d’aller plus loin : il ne veut pas s’imposer. L’invitation amicale et suppliante des deux disciples lui permet de se révéler pleinement dans le repas partagé. La façon dont Luc raconte les gestes familiers de Jésus durant ce repas renvoie les deux disciples à la Cène et nous renvoie en même temps à l’eucharistie, la « fraction du pain », le grand signe laissé par Jésus pour célébrer sa Mort et sa résurrection.

Jésus ressuscité leur a ouvert les yeux du cœur : ils renaissent à la foi. Ils passent de la mort à la vie. Le cœur brûlant : c’est le fruit de l’Esprit à l’œuvre dans les Ecritures et en Jésus ressuscité. C’est l’expérience pascale que devront faire tous les apôtres. La résurrection de Jésus est donc la « clé » qui permet d’interpréter toutes les Ecritures. Les deux disciples n’ont plus besoin de voir. Jésus ressuscité, bien qu’invisible, est présent partout d’une autre manière. Jérusalem redevient pour les deux disciples la ville de la Vie, de l’Espérance, de la communauté des témoins, d’où la bonne Nouvelle partira vers le monde entier. 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE :

Les disciples d’Emmaüs font un « long chemin de foi » : ensemble retrouvons les étapes de ce chemin.

En quoi cette expérience des disciples nous aide à vérifier où nous sommes rendus sur le chemin de notre foi ?

Quelle place les événements de la passion et de la mort de Jésus tiennent dans notre foi ?

Les grandes questions de notre condition humaine : les souffrances, les épreuves, les échecs, le mort….reçoivent-elles une lumière par tout ce que Jésus a vécu ?

Et la résurrection de Jésus : est-elle au centre de notre foi ?

Quelle est la place des Ecritures dans notre vie chrétienne ? Est-ce que nous prenons soin de nous faire aider pour une bonne interprétation de la Bible ?

Est-ce que nous pouvons retrouver dans le récit des Disciples d’Emmaüs les principaux moments de la célébration de l’Eucharistie d’aujourd’hui ?

Nos « eucharisties » (nos messes) ou encore nos « fractions du pain », sont-elles pour des rendez-vous avec le Ressuscité ? sont-elles le moment où nos yeux s’ouvrent pour le reconnaître ?

Et la proclamation des Ecritures dans nos assemblées : comment sont-elles faites ? Et nos homélies ?  Est-ce que la Parole de Dieu vient éclairer notre vie, dénoncer nos manques de foi, rendre nos cœurs brûlants d’amour pour Dieu et pour nos frères ?

La messe achevée, sommes-nous motivés pour témoigner par notre vie et nos paroles : Le Seigneur est vraiment ressuscité » ? 

Prière : choisir un chant du temps pascal (carnet paroissial)

Oraison : Seigneur Jésus, ouvre nos esprits à l’intelligence des Ecritures, comme tu le fis pour tes apôtres. Explique-nous ce qui te concerne dans la Loi de Moïse, dans les prophètes et les psaumes.

Alors, dans chaque pas de l’Ecriture, nous pourrons reconnaître ton visage, ô Ressuscité.

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 3ème DIMANCHE DE Pâques

 

 

 

 




Audience Générale du Mercredi 4 Avril 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 4 Avril 2018


Frères et sœurs, avec cette catéchèse, nous concluons le cycle consacré à la Messe. Après la postcommunion, elle se termine par la bénédiction et le congé du peuple. Comme elle avait commencé par le signe de la Croix, c’est encore au nom de la Trinité qu’elle s’achève. Toutefois, nous savons bien que la messe terminée, s’ouvre l’engagement du témoignage chrétien. Nous sortons de l’église pour « aller en paix » porter la bénédiction de Dieu dans nos activités quotidiennes, nos maisons, nos milieux de travail. Nous allons donc de la célébration à la vie, conscients que la messe trouve un accomplissement dans nos choix concrets. Nous célébrons l’Eucharistie pour apprendre à laisser agir le Christ dans nos œuvres : que ses pensées soient nos pensées, ses sentiments les nôtres et ses choix aussi les nôtres. Parce que la présence réelle du Christ dans le Pain consacré ne se termine pas avec la messe, l’Eucharistie est conservée dans le tabernacle pour la communion des malades et pour l’adoration silencieuse. Par ailleurs, les fruits de la messe sont destinés à murir dans la vie de chaque jour. La participation régulière à l’Eucharistie approfondit notre lien avec la communauté chrétienne et nous engage à l’égard des pauvres. Remercions le Seigneur pour le chemin de redécouverte de la Messe qu’il nous a donné d’accomplir ensemble.

Je suis heureux d’accueillir les pèlerins venant de France, de Belgique, de Suisse et d’autres pays francophones. Je salue les jeunes présents ce matin, particulièrement les élèves et les professeurs du Collège Sainte Catherine à Geraardsbergen, en Belgique. Que le Christ ressuscité soit toujours votre joie et vous donne sa force pour l’annoncer autour de vous. Que Dieu vous bénisse !




2ième Dimanche de Pâques – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Jean 20, 19-31

 

« La paix soit avec vous ! »

 

Même si c’est la coutume en Israël de se saluer par un « La paix soit avec vous ! » réciproque au lieu de notre habituel « bonjour », cette salutation avait ce soir là, alors que les ténèbres commençaient à envahir la chambre haute, une raison bien particulière.

Après les révélations faites par les femmes, de bon matin, et qui sans doute s’étaient répandues dans toute la ville de Jérusalem, mettant en effervescence toute la population qui avaient crié deux jours avant « A mort, crucifie-le ! » et qui se demandait elle aussi ce qu’il était advenu du corps de Jésus, et qui pensait, elle, que c’étaient les apôtres qui l’avaient enlevé pour le garder auprès d’eux, ainsi que l’affirmait une rumeur (Cf Mt 28,11-15), les apôtres s’étaient enfermés au cénacle « par crainte des juifs ».

Aussi l’apparition de Jésus au milieu de la pièce, toutes ouvertures fermées, avait dû effrayer les apôtres. Et même après que Jésus ait montré ses différentes plaies, personne n’était vraiment rassuré.

Alors Jésus dit une deuxième fois « La paix soit avec vous ! », non plus pour dire bonjour, mais pour que la paix vienne véritablement dans leur cœur.

Et aussitôt il leur donne leur ’’feuille de route’’ : « Moi, je suis venu sur terre pour vous annoncer la Bonne Nouvelle de l’Amour du Père. J’ai fait mon boulot, maintenant c’est à vous de continuer à répandre cette Bonne Nouvelle : Je vous envoie. ‘Vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement’ (Jn 15,27)  Et pour vous aider dans votre mission, je vous donne le Paraclet que je vous avais promis : Recevez l’Esprit Saint ! ’Lui vous enseignera tout et il vous fera vous souvenir de tout ce que je vous ai dit’ (Jn 14,26) ».

Et il leur donne à tous le pouvoir de remettre ou de maintenir les péchés des hommes, ce qui auparavant était réservé à Dieu. Dieu, dans sa grande miséricorde, et connaissant combien les hommes sont pécheurs, a voulu partager avec des hommes une partie de ce qui était son apanage, pour qu’ils puissent être ses aides sur la terre en pardonnant en son nom.

Mais ce jour-là, il manquait un apôtre : Thomas. Et quand les autres lui parlent de la venue de Jésus, il croit à une blague, un poisson d’avril. Pour lui aussi la résurrection des morts, c’est pour la fin des temps, mais pas maintenant ; même si c’est la résurrection de Jésus, le Fils de Dieu. Pour être débarrassé de la situation où il est mal à l’aise, il dit accepter de croire, mais à trois conditions : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

Ne nous moquons pas trop de Thomas, lui qu’on appelle souvent l’incrédule, alors qu’il fut le premier à dire de Jésus : « Mon Seigneur et mon Dieu ».

Qu’aurions-nous fait si nous avions été à sa place ? Dans cette succession de faits hors du commun ? il y avait vraiment de quoi perdre la tête.

Et sans doute nous aurions fait comme lui. Nous qui refusons parfois de croire ce qui est une évidence, et que tout le monde croit.

Alors quand Jésus est de nouveau avec les apôtres une semaine plus tard, et qu’il interpelle Thomas, celui-ci ne doute plus. Il n’a pas besoin de mettre en œuvre les conditions qu’il avait formulées : il croit. Et il le dit.

Cette scène a inspiré beaucoup de peintres, et souvent on voit Thomas avancer son doigt vers la plaie de côté de Jésus. Le Caravage montre même Jésus prenant la main de Thomas pour la mettre dans sa plaie ! Pour moi, c’est une erreur. Je vois davantage Thomas à genoux devant son ’’Seigneur et [son] Dieu’’ comme l’image de la Parole d’Évangile, qui se repent de son manque de foi (ce qui est souvent notre cas) et qui se met en adoration devant son Maître et Seigneur.

 

Seigneur Jésus,

ta résurrection est pour nous

le moteur qui nous fait vivre,

et tu comptes sur nous,

comme tu l’as fait avec tes apôtres,

pour annoncer à tous Ta Bonne Nouvelle :

Dieu nous aime

et ne cesse de nous aimer,

et il nous pardonne toutes nos fautes

si nous en avons regret.

 

Francis Cousin

                       

Pour accéder à une prière illustrée, cliquer sur le titre suivant : Prière dim Pâques 2° A6

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2ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jean 20, 19-31)

 « La paix soit avec vous ! » 

(Jean 20, 19-31)

C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

 

 

            Nous sommes ici au « soir » du « premier jour de la semaine », c’est-à-dire un lendemain de sabbat (samedi), ce qui correspond aujourd’hui à notre Dimanche. La veille de ce sabbat, un vendredi donc, Jésus était mort sur une croix à l’heure où l’on égorgeait dans le Temple de Jérusalem tous les agneaux qui devaient être mangés lors de la fête de Pâques, qui tombait cette année-là un jour de sabbat. Jésus est bien « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29). « Il a aboli le péché par son sacrifice », écrira l’auteur de la Lettre aux Hébreux (Hb 9,26). Puis, «  ayant offert pour les péchés un unique sacrifice », le sien, « il s’est assis pour toujours à la droite de Dieu », au jour de sa résurrection d’entre les morts (Hb 10,10)…

            « Ce premier jour de la semaine », le lendemain du sabbat, correspond donc à ce jour où Marie de Magdala a découvert le tombeau vide. Ayant prévenu « Simon Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait », très certainement St Jean lui-même, ils courront au tombeau et ils constateront qu’effectivement, il était vide, « les linges gisant à terre, ainsi que le suaire qui avait recouvert sa tête, non pas avec les linges, mais roulé à part, dans un endroit », celui qu’il occupait en fait sur la tête de Jésus. Lors de la résurrection, le corps a comme disparu, et les linges qui l’entouraient se sont tout simplement affaissés, gardant la place qu’ils occupaient sur le corps… Bref, si l’on avait voulu prendre le seul corps de Jésus, il aurait fallu dénouer tous les linges. Ce qui n’était pas le cas. C’est ce que St Jean constate : « Il vit et il crut » (Jn 20,1-10).

            Juste après ce récit, et donc toujours « le premier jour de la semaine », nous voyons Marie Madeleine rencontrer le Christ dans sa condition nouvelle de Ressuscité. Cela ne fait que trois jours qu’elle ne l’a plus vu, mais elle ne le reconnaît pas immédiatement. C’est bien le même pourtant, mais il est maintenant dans une tout autre condition… Et ce n’est que lorsqu’il va l’appeler par son nom, « Marie ! », que Marie Madeleine va le reconnaître : ce « tout autre », apparemment inconnu, connaît son nom, et cette Parole a la même résonance au plus profond de son cœur que toutes celles qu’elle a déjà entendues de Jésus… Son amour le reconnaît : c’est Lui ! « Rabbouni ! », « mon Maître ! » «  Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va trouver mes frères et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Et c’est bien ce qu’elle fera…

            Notre Evangile se situe toujours en ce même jour : jour de la découverte du tombeau vide, jour de la prise de conscience de la Résurrection de Jésus, jour de l’expérience de sa rencontre, dans la foi, avec un regard de foi, au plus profond du cœur, dans un cœur à cœur… C’est ce que vont vivre à leur tour les disciples de Jésus. Et telle est la formidable aventure à laquelle le Christ Ressuscité nous convie tous en nous invitant à nous rassembler au moins une fois par semaine en son Nom : « Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18,20). Ces chiffres ne sont pas choisis au hasard : ce sont ceux des « témoins » pour toute affaire de justice : « Un seul témoin ne peut suffire pour convaincre un homme de quelque faute ou délit que ce soit ; quel que soit le délit, c’est au dire de deux ou trois témoins que la cause sera établie » (Dt 19,15). Autrement dit, les disciples seront invités ensuite à être les témoins de ce qu’ils auront vécu avec le Christ Ressuscité, de ce qu’ils ont « vu » et « entendu », de cœur, dans la foi, et cela ensemble, à au moins « deux ou trois », l’un soutenant l’autre, l’un aidant l’autre… « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; – car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue – ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1Jn 1,1-3).

            « Après » avoir choisi les Douze,  les futures colonnes de l’Eglise, dont les successeurs sont nos Evêques (Lc 6,12-16), et les avoir envoyés en mission (Lc 9,1-6), « le Seigneur avait désigné soixante-douze autres », un chiffre qui représente tous les autres disciples de Jésus, nous tous, « et il les avait envoyés deux par deux en avant de lui », en témoins de son Mystère, de son Amour, de sa Miséricorde, de sa Lumière et de sa Vie, « dans toute ville et tout endroit où lui-même devait aller » (Lc 10,1). Et cela est toujours vrai après sa résurrection, car Jésus ne cesse de dire à son Eglise : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,19-20). « Pour eux, ils s’en allèrent prêcher en tout lieu, le Seigneur agissant avec eux et confirmant la Parole par les signes qui l’accompagnaient » (Mc 16,20).

            Ainsi, la communauté chrétienne tout entière est invitée à se rassembler, notamment le Dimanche, autour du Christ ressuscité, pour le rencontrer dans la foi, dans un cœur à cœur où il s’agira de « vivre » d’une vie nouvelle, de « voir » une réalité spirituelle, invisible à nos seuls yeux de chair, et d’ « entendre » résonner à nos cœurs cet éternel « je t’aime » que le Père du ciel, « le Père des Miséricordes » (2Co 1,3), ne cesse d’adresser à chacun de ses enfants, et donc à tous les hommes… « Heureux alors vos yeux parce qu’ils voient ; heureuses vos oreilles parce qu’elles entendent. En vérité je vous le dis, beaucoup de prophètes et de justes ont souhaité voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu ! » (Mt 13,16‑17). Et puisque le Trésor de ce « Je t’aime » est déjà adressé par le Créateur à chacun de ses enfants, créés par amour (Sg 11,24), il s’agira ensuite, en l’ayant accueilli pour nous-mêmes, d’être les témoins dans le monde de ce que nous aurons « vu » et « entendu »…

            « La paix soit avec vous » commence par dire le Ressuscité. Or la Paix dans la Bible n’est pas simplement synonyme de calme, d’absence de bruit et de violence ; elle renvoie avant tout à une Plénitude d’Être et de Vie, qui n’est rien de moins que celle de Dieu Lui-même. « Né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré non pas créé », « Dieu » le Père « s’est plu à faire habiter en lui », le Fils, « toute la Plénitude », sa propre Plénitude (Col 1,19). Et c’est ce même Fils qui, pour mieux nous rejoindre dans notre condition humaine, « s’est fait chair » (Jn 1,14 ; Ph 2,6-11). Dès lors, « toute la Plénitude de la Divinité habite corporellement en lui », et poursuit St Paul en s’adressant à celles et ceux qui avaient reçu le baptême, « vous vous trouvez associés en lui à sa Plénitude » (Col 2,9-10). Et puisque « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), cette Plénitude est de l’ordre de l’Esprit, invisible à nos seuls yeux de chair, mais perceptible de cœur, dans l’amour, car Dieu est aussi « Amour » (1Jn 4,8.16), « Lumière » (1Jn 1,5) et Vie (Jn 1,4 ; 8,12). Il s’agit donc avant tout de vivre cette Vie, et de la reconnaître, en la vivant (Jn 14,19-20)…

            « Le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,22)… « La paix soit avec vous » revient donc à dire « l’Esprit soit avec vous », et c’est bien ce que le Ressuscité leur dira, un peu plus loin : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22).

            « Remplis d’Esprit Saint », ils ne peuvent qu’être « remplis de joie » (Ac 13,52) : « Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur », écrit ici St Jean. « Dieu est Esprit », « Dieu est Lumière » : « remplis de l’Esprit », ils sont aussi « remplis de Lumière », et c’est bien parce qu’il en est ainsi qu’ils peuvent « voir » le Ressuscité. Même avec les yeux grands ouverts, il est impossible de voir quoi que ce soit dans l’obscurité, dans les ténèbres… Il en est de même de notre cœur, et de notre regard intérieur, dans la foi… Sans la Lumière de l’Esprit, il nous est impossible de percevoir quoique ce soit dans ce domaine… Mais heureusement, « en toi, Seigneur est la Source de Vie ; par ta Lumière, nous voyons la Lumière » (Ps 36,10). Grâce à la Lumière de l’Esprit qui remplit leur cœur, les disciples peuvent voir ce Dieu de Lumière qui leur est apparu en Jésus Ressuscité… « Daigne le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de la Gloire, vous donner un Esprit de sagesse et de révélation qui vous le fasse vraiment connaître. Puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœur pour vous faire voir » (Ep 1,17-18)… Quelle expérience, quelle rencontre, certainement la plus belle que l’on puisse faire en cette vie !

            Et Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! » Après toutes les horreurs de sa Passion, après tous ces coups, cette haine, cette violence qui s’étaient abattus sur lui, tout ce sang versé, les disciples avaient été incroyablement bouleversés de voir leur Maître tant aimé souffrir ainsi… Depuis, ils vivaient dans la peur et dans l’angoisse… Et c’est bien pour cela que « les portes du lieu où ils se trouvaient étaient verrouillées par crainte » de tous ceux qui avaient été à l’origine de telles atrocités, et qui n’étaient encore qu’à quelques centaines de mètres d’eux ! « Confiance, Je Suis, n’ayez pas peur » (Mt 14,27), leur avait-il déjà dit alors qu’ils étaient au cœur d’une tempête effroyable sur le Lac de Tibériade. Et celle qu’ils venaient de vivre était bien pire ! Remplis par l’Esprit Saint, les disciples vivent maintenant une Paix et une Joie immenses…

            « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie », leur dit-il ensuite… Comment le Père a-t-il donc envoyé Jésus ? En étant toujours avec Lui, en l’aidant, en l’encourageant, en le soutenant dans cette mission que Lui-même lui indiquait, jour après jour, l’aidant à dire ce qu’il avait à dire, lui permettant d’accomplir les signes qui authentifiaient sa Parole… Nous voyons ainsi Jésus, « mené par l’Esprit » (Lc 4,1), cet « Esprit qui vient du Père » (Jn 15,26), dire à son Père : «  Les paroles que tu m’as données, je les leur ai données » (Jn 17,8). Oui, « ce que je dis, tel que le Père me l’a dit, je le dis » (Jn 12,50). Et pour les œuvres accomplies, il ne cesse de les attribuer à son Père : « Ne crois-tu pas », Philippe « que je suis dans le Père et que le Père est en moi ?  Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même : mais le Père demeurant en moi fait ses œuvres » (Jn 14,10). «  En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui même, qu’il ne le voie faire au Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait » (Jn 5,19-20). Ce n’est donc pas Jésus qui agit, mais le Père… Jésus est le Serviteur du Père… Oui, dira plus tard St Pierre à ceux-là même qui avaient tué Jésus, ceux qui lui faisaient si peur avant qu’il n’ait reçu l’Esprit Saint, et avec lui, sa Force (Ac 1,8) : « C’est pour vous d’abord que Dieu a ressuscité son Serviteur et l’a envoyé vous bénir, du moment que chacun de vous se détourne de ses perversités » (Ac 3,26).

            « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie »… Jésus sera donc pour ses disciples ce que fut son Père dans sa mission… Il sera toujours avec eux (Mt 28,19-20), il les aidera, les encouragera (Ac 23,11), les soutiendra dans leur mission (2Tm 1,8) que Lui-même leur indiquera, jour après jour, les aidant à dire ce qu’ils auront à dire, leur permettant d’accomplir les signes qui authentifieront sa Parole (Mc 16,20)… A nous tous maintenant de répondre à son appel, « deux par deux », en équipes, nous appuyant les uns sur les autres, et laissant le Seigneur accomplir son œuvre avec nous et par nous…

Jacques Fournier




Rencontre autour de l’Évangile – 2ième Dimanche de Pâques

 » Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! « 

  

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jean 20, 19-31)

Le chapitre 20 de l’évangile de Jean est tout entier consacré aux apparitions de Jésus après sa résurrection. C’est l’expérience de l’apôtre Thomas qui est proposée à notre méditation.

Le sens des mots

Après la mort de Jésus : Pourquoi cette précision est-elle importante ?

Jésus vint et il était là au milieu d’eux : Les portes sont verrouillées et pourtant Jésus est là : qu’est-ce que cela nous apprend de Jésus ressuscité ?

La paix soit avec vous  : que signifie cette paix offerte par Jésus à ses  disciples ?

Il leur montra ses mains et son côté : En quoi ce geste de Jésus est-il important pour son groupe de disciples ?

De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie : Quel rapport y a –t-il entre la mission des disciples et celle de Jésus ?

Il répandit sur eux son souffle : Comparer avec ce qui s’est passé à la Pentecôte.

Recevez l’Esprit-Saint : Qui est cet Esprit Saint et pourquoi Jésus peut-il le donner ? Et quel est le premier rôle de l’Esprit ?

Nous avons vu le Seigneur : comment comprendre cette parole des disciples à Thomas ? Est-ce un acte de foi ?

Huit jours plus tard ? Quel est ce jour ?

Cesse d’être incrédule… par rapport à quoi ? sois croyant : par rapport à qui ?

Mon Seigneur et mon Dieu : Quelle est la différence entre cette attitude de Thomas et celle des autres disciples ? 

Heureux ceux qui croient sans avoir vu : Pour qui Jésus prononce cette béatitude ?

D’autres signes que Jésus a faits : Pourquoi saint Jean parle de « signes » faits par Jésus ? Quel est l’objectif de saint Jean en écrivant son évangile ?

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

 Jésus, tu es ressuscité ! Il a fallu la puissance de ta Résurrection pour faire passer tes disciples de la tristesse de la mort et de la peur à la joie et à la paix. Aujourd’hui, lorsque deux ou trois sont réunis en ton Nom, tu es là, réellement au milieu d’eux. Nous remercions surtout d’être là au milieu de nous, lorsque chaque dimanche nous nous rassemblons pour célébrer l’eucharistie en mémoire de Toi. Donne-nous de vivre ce rendez-vous dans la joie de croire sans te voir, comme tu  l’as promis aux croyants de tous les temps.

 

Pour l’animateur  

 Après la mort de Jésus : L’évangéliste Jean précise bien que le Jésus qui va se montrer à ses disciples est bien passé par la mort. Il y a un avant la mort et un après la mort.

Jésus vint : C’est Jésus qui prend l’initiative de se donner à voir ; il était là au milieu d’eux : ces mots expriment une présence bien réelle de Jésus en personne. Il en est de même quand nous nous réunissons au nom du Seigneur Jésus, en particulier le Dimanche.

La paix soit avec vous ! C’est la Paix, fruit de la mort et de la résurrection de Jésus, réconciliation de l’humanité avec Dieu. Qui chasse la peur des disciples, qui étaient enfermés dans le doute et la culpabilité d’avoir lâché leur Maître.

En leur montrant ses mains et son côté Jésus décline en quelque sorte son identité : c’est bien lui qui était sur la croix. Il est très important pour le groupe des disciples de vérifier que c’est le même Jésus avec son corps, celui qu’ils ont suivi et aimé, tout en constatant qu’il n’est plus dans la condition terrestre d’avant, puisque les portes verrouillées ne l’ont pas empêché d’être au milieu d’eux.

La mission des disciples s’enracine dans celle que Jésus a reçue de son Père et la prolonge : en répandant sur eux son souffle (l’Esprit-Saint par lequel le Père l’a ressuscité) Jésus fait de ses disciples des « apôtres » (envoyés). L’Esprit est donné aux disciples pour pardonner les péchés au nom de Dieu. On pourrait dire « tout homme à qui vous remettrez…Dieu remettra ses péchés ». C’est une mission pour le salut du monde.

En fait les disciples, en l’absence de Thomas, a vu Jésus ressuscité et ont cru leur Maître vivant. Dans un premier temps Thomas est incrédule par rapport à ce fait. Mais en réalité par la suite, c’est lui le premier vrai croyant du groupe : car, en disant

« Mon Seigneur et mon Dieu », il reconnaît que le Jésus qu’il a vu marcher sur les routes de Palestine, qu’il a vu faire la fête à Cana, guérir, pardonner… est Dieu. Tout l’évangile de Jean aboutit à ce cri de foi de Thomas. Mais Jésus déclare heureux les hommes qui feront le même acte de foi sans avoir vu. C’est notre cas si nous croyons au témoignage de ces premiers témoins qui ont vu et qui ont cru.

TA PAROLE DANS NOTRE VIE :

« Mon Seigneur et mon Dieu ». En pensant à Jésus, en le priant, en regardant l’hostie de la communion, suis-je capable de faire cet acte de foi comme Thomas ? Si Jésus n’est pas ressuscité, s’il n’est pas Dieu, notre foi est vide ; je ne suis pas pardonné, je ne suis pas délivré de la mort, il n’y a pas de résurrection possible pour moi.

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu » : On constate que les chrétiens souvent ne respirent pas la joie. Pourquoi ? Serait-ce parce que beaucoup de baptisés vivent leur religion comme une morale d’interdits, d’obligations et de devoirs ? Où est la joie de croire au Christ ressuscité et de vivre avec Lui sa vie de tous les jours ?

Où est-il possible de faire l’expérience aujourd’hui de la présence du Ressuscité ? Nos assemblées dominicales sont-elles des assemblées fraternelles et joyeuses de la présence du Ressuscité ?

ENSEMBLE PRIONS

Seigneur Jésus, tu t’es manifesté à tes apôtres après la résurrection et tu as rempli leur cœur de joie lorsque tu leur dis :  « La paix soit avec vous ». Viens aussi au milieu de notre communauté qui t’appartient. Apporte-lui la paix de ta présence, et que la joie envahisse nos cœurs. Alors, avec Thomas, ton apôtre nous t’acclamerons en te disant avec joie : » Mon Seigneur et mon Dieu !

Chant : Seigneur Jésus, tu es Vivant, en toi la joie éternelle.

 

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Les éléments essentiels de la contemplation spirituelle (Thomas Merton ; 11)

  • Cette mise à l’épreuve de l’individu peut à l’occasion être intensifiée par les conditions institutionnelles. L’angoisse et la peur qui le font renoncer à sa précaire fidélité à des inspirations purement intérieures procèdent d’un conflit intime de valeurs. Être appelé à entrer dans l’obscurité de la contemplation, c’est être appelé à renoncer aux schèmes familiers et conventionnels de pensée et d’action pour juger en fonction d’un critère totalement nouveau et caché : la lumière invisible de l’Esprit Saint. Ce qui évidemment, d’un certain point de vue, est lourd de danger. Comment savoir qu’on est guidé par Dieu et non par le diable ? Comment faire la distinction entre grâce et illusion ?

Ce conflit est particulièrement délicat. Puisque d’un côté il est certain que Dieu guide le contemplatif par des inspirations personnelles (au moins en ce qui concerne la prière intérieure), l’appel à la contemplation ne peut qu’être une invite directe à quitter les voies ordinaires et familières de la vie intérieure pour vivre (ou du moins prier) suivant d’autres règles : non pas celles des livres et manuels de piété, mais les inspirations concrètes de Dieu ici et maintenant. Mais de l’autre côté, on n’est pas toujours sous la conduite directe de Dieu, et en même temps on reste membre d’un groupe social plus ou moins institutionnalisé, avec ses normes objectives de vie auxquelles on est tenu de se conformer.

On peut dire tout de suite que les inspirations de l’Esprit Saint sont rarement en désaccord total avec les normes sainement traditionnelle[1] des sociétés religieuses. Il n’empêche que l’histoire des saints est pleine de cas où ceux qui étaient sous la conduite directe de Dieu furent en butte à la réprobation virulente de saintes gens professionnels. Le procès de Jeanne d’Arc en est la meilleure illustration. La vie du contemplatif a tendance à être marquée par une tension et un conflit permanents entre ce qu’il ressent comme les mouvements intérieurs de la grâce, et les pressions extérieures et objectives exercées sur lui par la société[2] aux lois de laquelle il est soumis. Cette tension est encore aggravée quand on s’avise que les faux mystiques sont toujours prêts à revendiquer une dispense des normes sociales au nom de l’inspiration privée. Et la société[3] elle-même, s’exprimant par la voix de ses membres les plus avertis, ne se fait pas scrupule de rappeler ce fait à l’intéressé.

Même lorsque celui-ci ne se voit pas expressément interdire de suivre ce qu’il croit profondément être l’inspiration divine (et le cas n’est pas si rare que cela), il peut très bien se sentir continuellement et totalement en désaccord avec les idéaux admis par son entourage. Leurs exercices spirituels peuvent lui paraître ennuyeux et n’être qu’une perte de temps ; leurs sermons et leur conversation, le laisser accablé par un sentiment de vanité, comme bombardé de mots vides de sens ; leurs offices solennels, leur enthousiasme par rapport au plain-chant et au cérémonial liturgiques, lui voler le goût délicat d’une manne intérieure qui ne se trouve pas dans les prières toutes préparées et les rites extérieurs. Si seulement il pouvait être seul et au calme, et rester dans le vide, l’obscurité, la vacance d’esprit[4] où Dieu parle, et avec quel effet bouleversant ! Mais non, il se voit imposer des lumières et des bouquets spirituel[5], penser et dire des paroles, chanter des « Alleluias » dont un autre veut lui faire partager l’allégresse. Il lui faut s’évertuer à faire son miel de paroles – à son goût – affreusement vulgaires et écœurantes : non pas à cause de ce qu’elles aspirent à dire, mais simplement parce qu’elles sont de seconde main. On me dit que chez certains peuples du Proche-Orient c’est une marque d’honneur, dans un festin, que l’hôte donne à l’invité un morceau qu’il a lui-même en partie mâché. Pour un contemplatif, la vie dans une communauté consacrée à la prière finit par devenir ce genre de banquet du matin au soir : on est toujours là à essayer d’avaler une friandise que quelqu’un d’autre a mâchée le premier. La réaction naturelle est de la recracher. Mais on n’ose pas, ou alors, on éprouve une culpabilité insupportable.

Ce conflit douloureux serait plus aisément évité si les institutions monastiques n’étaient pas devenues tellement rigides et stéréotypées ces derniers siècles, et si elles n’avaient pas très largement perdu contact avec le solide bon sens de la tradition antique. Rien en réalité n’est plus contraire à la vie contemplative qu’un excès de règles. Les règles sont nécessaires, certes, mais la vie sous une règle monastique n’est nullement condamnée à être strictement encadrée, d’autant que toutes les règles saines prévoient des exceptions dans les cas individuels, et laissent le soin au supérieur de décider si et quand – en raison de sa santé, de son emploi, ou même de sa vie intérieure – un moine a besoin de bénéficier d’un régime plus personnel. Il a toujours été entendu dans le monachisme oriental, par exemple, qu’en avançant en âge, le moine pouvait se donner plus complètement à la contemplation et à la solitude. Dans ce cas, il peut vivre seul comme ermite ou comme reclus (comme l’attestent les nombreux ermites des grottes du mont Athos encore aujourd’hui), ou du moins, dans un cenobium, profiter d’heures de prière plus longues. Si l’on prévoit que passée une certaine étape de votre développement spirituel, l’Esprit Saint prendra la relève et dirigera votre vie à son gré, il est compréhensible qu’une certaine latitude d’action lui soit laissée. Il va sans dire bien sûr que l’indiscipline[6] et l’entêtement irréductible[7] sont la marque évidente qu’on n’est pas guidé par l’Esprit Saint.

Malheureusement, la tendance moderne en Occident consiste à assimiler « la volonté de Dieu » et « l’action de l’Esprit Saint » à la norme habituelle et universelle sans laisser place à l’épanouissement de grâces spéciales chez un individu. Chaque fois qu’il y a conflit entre l’intérieur et l’extérieur, c’est toujours l’extérieur qui doit l’emporter. Il faut toujours, et par-dessus tout, se conformer à l’idée collective. Or s’il est vrai que ce peut être un sacrifice très méritoire, il est tout aussi vrai que les esprits bornés ont, par ce moyen, transformé la vie religieuse en un lit de torture où des saints et contemplatifs en puissance ont été tellement écartelés et estropiés qu’ils ont fini leur vie en marginaux et en excentriques. Et c’est pourquoi, dans tellement de monastères contemplatifs, il y a peu, ou point, de vrais contemplatifs. C’est aussi pourquoi, très souvent, des hommes de caractère et d’une grande délicatesse intérieure sont rebutés par l’atmosphère de ces monastères une fois qu’ils y ont passé quelques mois, et partent profondément découragés, en renonçant totalement à la vie intérieure.

Pourtant, si l’on se trouve dans une institution rigide ou fermée, il n’y a lieu de céder à l’angoisse et au désespoir. Ni de gaspiller sont temps en vains actes de rébellion. Faire preuve d’une trop grande assurance est fatal à ses propres aspirations[8] intérieures. S’il est possible de trouver un directeur sage [et de le suivre[9]], on doit prendre en compte les grâces divines autant que possible, et ne pas craindre de les suivre si l’occasion s’en présente, même si cela signifie qu’on va contre les idées communément reçues. Mais en même temps, il faut éviter l’excentricité, l’entêtement, et la vaine ostentation. Si une personne est vraiment guidée par l’Esprit Saint, la grâce elle-même fera le nécessaire, car la simplicité extérieure et l’obscurité sont des signes de grâce ; et de même, la douceur et l’obéissance. Chaque fois qu’il a vraiment conflit avec l’obéissance, celui qui cède et obéit n’est jamais perdant. Il ne continuera pas moins à grandir en grâce, et ne doit pas laisser cours à la frustration concernant son sacrifice. Mais celui qui désobéit par orgueil perdra la grâce divine.

[1] « sainement traditionnelles » : ajout.

[2] « Society » remplace « institution ».

[3] Idem

[4] En anglais : purposelessness.

[5] « spirituels » : ajout.

[6] « contumacy » remplace « disobedience ».

[7] « intractable willfulness » remplace   « self will ».

[8] « aspirations » remplace « attractions ».

[9] « And follow him » : effacé.