4ième Dimanche de Pâques – par Francis COUSIN
Évangile selon saint Jean 10, 11-18
« J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. »
Ce dimanche est traditionnellement le dimanche de prière pour les vocations, avec l’évangile du Bon Pasteur, Jésus-Christ, qui mène son troupeau de brebis vers de verts pâturages auprès de son Père, dans une Vie nouvelle et éternelle : « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » (Jn 10,10)
Et quand on parle de prière pour les vocations, on pense presque toujours d’abord aux vocations sacerdotales, et surtout aux jeunes gens pour qu’ils acceptent d’entendre l’appel lancé par le Christ à devenir à sa suite des prêtres.
C’est important qu’on y pense, et il faut prier pour que nous ayons de nouveaux prêtres qui prennent la suite des anciens, pour aider le peuple des chrétiens à vivre de Jésus-Christ par la Parole et les sacrements.
Mais il ne faut pas oublier les anciens, ceux qui ont déjà répondu à l’appel de Dieu, et prier pour eux pour qu’ils restent fidèles à leur vocation, malgré les vicissitudes du temps et parfois le découragement qui peut les atteindre. Et c’est donc l’occasion de prier, encore, pour le Pape François, les évêques, tous les prêtres, et particulièrement pour ceux que nous avons l’habitude de rencontrer, et aussi pour les diacres, les religieuses et religieux, les consacrés, et pour tous ceux, laïcs, qui ont une responsabilité pastorale dans l’Église. Et ça fait du monde !
Mais la journée des vocations, c’est aussi la journée de toutes les vocations chrétiennes. Et la vocation de tous les chrétiens, celle à laquelle nous sommes appelés par le baptême, est d’être témoins de Jésus Ressuscité.
Quel que soit notre état de vie, nous sommes tous appelés à être témoins de Jésus Ressuscité. Et pour être témoins, il faut d’abord le connaître, par la prière, par les sacrements (Eucharistie), par la lecture de la Bible, en suivant des formations … Connaître Jésus, en tant que personne, vrai Dieu et vrai homme … et non pas en tant qu’idée.
Nous sommes tous concernés par cette mission de pasteur à la suite de Jésus :
– les parents comme pasteurs de leur famille, vis-à-vis des enfants, mais aussi vis-à-vis des amis et connaissances.
– les enfants comme modèles vis-à-vis de leurs camarades (et parfois aussi des adultes…), comme l’ont été Dominique Savio, ou Chiara Luce Badano, et tant d’autres.
– les engagés dans la vie économique, les entrepreneurs vis-à-vis de leurs employés et de leurs clients …
– les engagés dans la vie sociale, culturelle, sportive… vis-à-vis de leurs mandants
– les politiques vis-à-vis de leurs électeurs et de la Nation dans son ensemble, pour que leurs décisions et les lois ne soient pas contraires aux droits humains et religieux des personnes, et non pas pour faire plaisir aux électeurs ou pour être réélus, ou pour faire comme les autres nations, parce que c’est dans l’air du temps, comme c’est le cas actuellement avec la loi sur la bioéthique.
Nous n’avons pas toujours l’impression d’être concernés en tant que chrétiens dans chacune de ces situations, en tant que témoins de Jésus … et pourtant nous le sommes. On ne peut pas critiquer certaines personnes qui voudraient reléguer la religion dans la sphère uniquement privée des gens … et finalement faire comme si c’était déjà le cas pour nous …
Le pape ne cesse de nous le dire : «N’ayez pas peur d’aller, et de porter le Christ en tout milieu, jusqu’aux périphéries existentielles, également à celui qui semble plus loin, plus indifférent ». Et il insiste bien sur le qualificatif des périphéries qui ne sont pas seulement des lieux, mais sont surtout des personnes : « périphéries existentielles : là où réside le mystère du péché, la douleur, l’injustice, l’ignorance, là où le religieux, la pensée, sont méprisés, là où sont toutes les misères » (Intervention du cardinal Bergoglio avant le conclave).
Jésus a prié pour que nous fassions ainsi : « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. » (Jn 17,20), et cette parole s’est transmise depuis les apôtres jusqu’à nous. C’est à nous maintenant continuer ce que voulait le Christ : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. »
Faire cela, c’est répondre à l’appel du Seigneur, c’est s’approcher de la sainteté. Comme nous le dit le pape François dans sa dernière exhortation « Gaudete et Exsultate » : « J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militante. C’est cela, souvent, la sainteté ‘‘de la porte d’à côté’’, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ‘‘la classe moyenne de la sainteté’’ » (GE 7). « Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels. » (GE 14).
N’oubliez pas ce que nous disait Jésus à la fin de l’évangile de dimanche dernier : « A vous d’en être les témoins [de Jésus ressuscité]. »
Seigneur Jésus,
tu veux que tout le monde
fasse partie de ton troupeau,
de tous pays, de toutes conditions,
pauvres ou riches, malades ou bien portants.
Pour cela, tu comptes sur nous,
non pas avec de grandes déclarations,
mais par nos petites actions du quotidien,
tournées vers toi et vers les autres,
par amour de toi.
Francis Cousin