3ième Dimanche de Carême (Luc 13, 1-9) : « Convertissez-vous ! » (Francis Cousin)
« Convertissez-vous ! »
Au début de l’évangile, des gens rapportent à Jésus « l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer ». On ne sait pas exactement ce qu’ils ont dit, mais la réponse de Jésus nous éclaire sur ce qu’ils ont pu dire : Pourquoi Dieu a-t-il permis que des Galiléens soient tués par des Romains ? Quels étaient leurs péchés pour que Dieu les abandonne ? selon la croyance que Dieu punit les pécheurs par la maladie ou la mort (cf Jn 9,2).
Maintenant encore, devant des catastrophes d’origine naturelles, mécaniques ou humaines, comme le crash du Boeing 737 max 8 ou les attaques de deux mosquées en Nouvelle Zélande, qui ont eu lieu la semaine dernière, on retrouve encore ce type de réaction : « Pourquoi Dieu permet-il cela ? », « Si Dieu était vraiment Dieu, cela n’arriverait pas ! ».
Plutôt d’essayer de voir en quoi cela pourrait nous concerner (de manière indirecte, c’est sûr. C’est sans doute pourquoi on ne se sent pas concerné), on assène des jugements péremptoires. On juge Dieu ! … Même des croyants ! … Mais qui sommes-nous pour nous permettre cela ? C’est vrai que quand il n’y a pas d’humains en cause, c’est la cible facile … mais sans fondements.
Et quand il y a des humains en cause, comme dans le deuxième exemple, on se permet des jugements durs ! à l’emporte-pièce ! : « Ces gens-là ne méritent pas de vivre ! », ou « On devrait tous les tuer ! ».
Et ce ne sont pas seulement les piliers de bar qui disent cela. Il y a aussi des « bons chrétiens », des personnes engagées, des catéchistes … Ce sont des propos que j’ai entendus, … et sans doute vous aussi, car c’est une réaction courante.
Alors on peut se poser des questions : « Où est l’amour des uns pour les autres ? »
« Où est la miséricorde ? »
À croire que depuis « l’année de la Miséricorde » il y a six ans, nous n’avons rien changé dans notre façon de penser ! Notre cœur est toujours un cœur de pierre … et Jérémie s’en désole ! Et Dieu avec lui ! Donc Jésus !
Dans l’évangile, Jésus dit : « Étaient-ils de plus grands pécheurs que vous ? Pas du tout ! (…) Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. »
Et il en est de même quand la catastrophe nous touche directement. C’est alors qu’on entend : « Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour que … ».
Sans doute on ne mesure pas la gravité des propos qu’on énonce, mais quand même : c’est une insulte, une injure vis-à-vis de Dieu ! Comment peut-on parler de Bon Dieu, ce qui est vrai, lui qui n’est qu’amour, et en même temps le rendre responsable de faits mauvais … ? C’est oublier la parole de Jésus : « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ! » (Mt 7,11).
Pour être plus clair, Jésus propose une parabole : depuis trois ans qu’une personne avait planté un figuier dans sa vigne, celui-ci ne donne toujours pas. Alors il demande à son vigneron de le couper. Le vigneron représente Dieu. Il dit à l’homme : « Sois patient. Il faut laisse le temps au temps. Je vais m’occuper de ton figuier, je vais bêcher la terre alentour, mettre du fumier, arroser … et dans un an, on verra ce qu’il en est. »
Depuis toujours, Dieu est « lent à la colère et plein d‘amour » (cf Psaume). Il nous laisse le temps de changer notre cœur : « le méchant, s’il se détourne de tous les péchés qu’il a commis, s’il observe tous mes décrets, s’il pratique le droit et la justice, c’est certain, il vivra, il ne mourra pas. » ( Ez 18,21).
Alors, devant une catastrophe, plutôt que de juger Dieu ou des hommes, il est préférable de se remettre en question. Non pas qu’on ait quelques responsabilités dans la catastrophe, mais se poser une seule question : « Si c’était à moi que cela arrivait, est-ce que je serai prêt à se présenter devant Dieu ? ».
Et conséquemment : « Que faut-il que je change dans ma vie pour être davantage en accord avec la Parole de Jésus ? », voire même en accord total !
Dieu nous donne une chance : du temps pour nous convertir, … ou pour nous repentir …
A priori, on pense que c’est la même chose : c’est se retourner vers Dieu … mais on préfère ’’se convertir’’ parce qu’on ne voit que le bien qu’on va faire, et on oublie le mal qu’on a fait … même si toute conversion commence toujours par un repentir, qu’il soit avoué ou non … et que tout repentir n’a de sens que s’il se traduit par une conversion !
Et c’est l’amour de Dieu qui nous propose de nous repentir, dans notre cœur, surtout en ces temps de carême. Il n’attend que notre consentement. « Méprises-tu les trésors [de Dieu, trésors] de bonté, de longanimité et de patience, en refusant de reconnaître que [c’est] cette bonté de Dieu [qui] te pousse à la conversion ? » (Rm,2,4)
Seigneur Jésus,
Nous sommes prompts à juger
les événements, les autres … même toi !
Alors que toi, tu attends.
Tu envoies ton Esprit pour nous suggérer
de changer nos manières de penser et d’agir, …
mais tu nous laisses libres.
Tu nous laisses le temps de la conversion.
Donnes-nous la sagesse de la patience,
et d’être attentifs aux appels de l’Esprit
Francis Cousin
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Image dim carême C 3°
LES LETTRES D’IGNACE D’ANTIOCHE
Ignace – dit Théophore – fut le troisième épiscope d’Antioche, succédant ainsi à Pierre (dont il fut probablement un disciple) et Évode. Né probablement dans la Province de Syrie vers 35, la majeure partie de sa destinée et de sa pensée nous est parvenue grâce à ses Lettres envoyées aux communautés d’Éphèse, de Magnésie, de Tralles, de Philadelphie, de Smyrne et enfin de Rome durant le périple le menant vers le lieu supposé de son martyre. Il fut en effet arrêté et jugé à Antioche puis mené sous escorte à Rome pour y être exécuté dans l’arène sous le règne de l’Empereur Trajan (vers 107).
Rédigées à la hâte, sans véritable plan, les Lettres d’Ignace représentent pour les historiens mais également pour les croyants un trésor inestimable. Diverses préoccupations s’en dégagent, notamment la réflexion sur l’organisation naissante de l’Église, la fidélité à l’épiscope, la lutte contre les déviances et l’aspiration au martyre dont il ne souhaite pas être délivré. De nombreux débats subsistent encore à l’heure actuelle au sein de la recherche historique quant à l’authenticité de certains de ses écrits, bien qu’ils soient attestés par Polycarpe de Smyrne son contemporain et par Eusèbe de Césarée. Il n’en demeure pas moins que la plus touchante de ces Lettres, celle aux Romains, est considérée de manière unanime comme valable. Ignace y développe son ardent amour pour le Christ et demande aux fidèles de Rome de ne pas intercéder dans le déroulement du dessein divin le concernant. Il s’agit là de l’un des plus anciens témoignages explicites relatifs aux persécutions dont sont victimes les Chrétiens au début du IIè siècle. Parmi les thèmes abordés, on retiendra également la question des « judaïsants », à savoir les croyants persistant dans les usages ancestraux de la Loi de Moïse, ainsi que celle du « docétisme », croyance très ancienne soulignant la divinité du Christ et le refus de sa souffrance charnelle lors de la Passion (croyance encore présente de nos jours dans l’Islam).
Les Lettres d’Ignace d’Antioche sont une lecture incontournable, que ce soit pour les esprits avides de recherche historique ou pour les cœurs avides de consolider leur foi et ce de manière intemporelle.
Bibliographie élémentaire
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Ignace d’Antioche – Polycarpe de Smyrne, Lettres – Martyre de Polycarpe, P.-T. Camelot (éd. et trad.), Sources Chrétiennes, Le Cerf, Paris, 2007.
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R. JOLY, Le Dossier d’Ignace d’Antioche, Bruxelles, 1979.
Extraits
Abstenez-vous de ces plantes vénéneuses (celles de l’hérésie) : Jésus-Christ ne les cultive pas parce qu’elles n’ont point été plantées par le Père… Tous ceux qui appartiennent à Dieu et à Jésus-Christ restent unis à l’évêque ; et tous ceux que le repentir ramène dans l’unité de l’Église appartiendront, eux aussi, à Dieu, pour vivre selon Jésus-Christ.
Aux Philadelphiens 3 1-2.
Je vous en prie, inspirez-vous toujours dans votre conduite, non de l’esprit de discorde, mais de la doctrine du Christ. J’ai entendu dire à certaines gens : « Ce que je ne trouve pas dans nos archives, je ne l’admets pas dans l’Évangile ». Et quand je leur disais : « Mais, c’est écrit », ils me répondaient : « Là est justement toute la question ». Mes archives à moi, c’est Jésus-Christ ; mes inviolables archives, c’est sa croix, sa mort, sa résurrection et la foi dont il est l’auteur. Voilà d’où j’attends, avec l’aide de vos prières, d’être justifié.
Aux Philadelphiens 8, 2.
Mon but est de vous mettre en garde contre les bêtes féroces à figure humaine, que non seulement vous ne devez pas accueillir, mais dont vous devez même, si c’est possible, éviter la rencontre, vous contentant de prier pour leur conversion, chose d’ailleurs bien difficile, mais possible pourtant à Jésus-Christ, notre véritable vie. Si c’est seulement en apparence que notre Seigneur a agi, ce n’est aussi qu’en apparence que je suis chargé de fers. Alors, pourquoi me suis-je voué à la mort, par le feu, le glaive, les bêtes ?… C’est pour m’associer à sa passion que j’endure tout et c’est lui qui m’en donne la force, lui qui s’est fait complètement homme.
Aux Smyrniotes 4.
Contentez-vous de demander pour moi la force intérieure et extérieure, pour que je sois chrétien, non seulement de bouche mais de cœur ; non seulement de nom mais de fait, car si je me montre chrétien de fait, je mériterai aussi ce nom, et c’est quand j’aurai disparu de ce monde que ma foi apparaîtra avec le plus d’éclat. Rien de ce qui se voit n’est bon : même notre Dieu, Jésus-Christ ne s’est jamais mieux manifesté que depuis qu’il est retourné au sein du Père. Le christianisme, en butte à la haine du monde, n’est plus objet de persuasion (humaine) mais œuvre de puissance.
Aux Romains 3, 1-2.
Laissez-moi devenir la pâture des bêtes : c’est par elles qu’il me sera donné d’arriver à Dieu. Je suis le froment de Dieu et je suis moulu par, la dent des bêtes pour devenir le pain immaculé du Christ. Caressez-les plutôt, afin « elles soient mon tombeau et qu’elles ne laissent rien subsister de mon corps, mes funérailles ne seront ainsi à charge à personne.
Aux Romains 4, 1-2.
De même que le Seigneur n’a rien fait, ni par lui-même, ni par ses apôtres, sans son Père avec lequel il est un, ainsi, vous non plus, ne faites rien sans l’évêque et les presbytres. C’est en vain que vous essaierez de faire passer pour raisonnable une action accomplie à part vous, faites donc tout en commun : une même prière, une même supplication, un seul et même esprit, une même espérance animés par la charité dans une joie innocente. Tout cela, c’est Jésus-Christ au-dessus duquel il n’y a rien… Accourez tous vous réunir dans le même temple de Dieu, au pied du même autel, en Jésus-Christ un, qui est sorti du Père un et qui demeurait dans l’unité du Père et qui est retourné à Lui.
Aux Magnésiens 7.
Carême 2019 : Retraite spirituelle en ligne…
Du 6 mars au 28 avril, l’équipe du Sedifop vous propose sur « jevismafoi.com » un temps de retraite spirituelle sur le thème : « Croyez à la Bonne Nouvelle » : il suffit d’aller sur « jevismafoi.com », de cliquer sur « nous contacter » et de nous donner votre adresse mail. Nous nous engageons bien sûr à ne communiquer votre adresse à aucune autre structure… Vous recevrez alors gratuitement tous les matins une petite méditation… Bon carême à vous avec ce Christ Sauveur dont toute la Joie consiste à nous arracher à nos ténèbres et à nos tristesses!
2ième Dimanche de Carême (Luc 9, 28-36) : « Seigneur, quand te verrai-je face à face ? » (Francis Cousin)
« Seigneur, quand te verrai-je face à face ? »
Cette antienne du psaume 41 est bien connu, et beaucoup aimerait qu’elle se réalise bien avant leur mort. C’est tout ce qu’on peut leur souhaiter.
C’est ce qu’ont vécu les trois apôtres qui accompagnaient Jésus sur la montagne du Thabor. Jésus étant en prière, « son visage devint autre » et il parlait avec Moïse et Elie. Pierre, Jean et Jacques, bien qu’accablés par le sommeil « virent la gloire de Jésus et les deux hommes à ses côtés ».
Voir Jésus dans sa gloire, avec son corps glorieux, son corps de ressuscité !
Une vision surprenante, inattendue, mais paisible, tellement que Pierre veut qu’elle dure et qu’il propose de planter trois tentes …
Une vision qui éblouit, mais qui fascine …
Comme certaines rencontres qu’on peut avoir avec des personnes « qui respirent Dieu », qui « vivent de Dieu ». Et on ne peut que souhaiter que chacun puisse rencontrer au moins une de ces personnes.
J’en ai rencontré une il y a plus de quarante ans. J’étais en vacances en Bretagne, seul, et j’avais décidé d’aller à l’abbaye de Boquen. Je pensais y trouver des moines, et en entrant dans l’abbatiale, j’y trouvais des sœurs, agenouillées dans le chœur avec quelques laïcs. C’était le début des vêpres. J’avançais jusqu’au premier banc et m’associais à leur prière. Quelle ne fut pas ma surprise de voir une sœur se lever et venir vers moi en souriant, me demandant de venir avec elles dans le chœur. Je refusais en disant que je peux prier avec elles d’où je suis et que je ne voulais pas déranger. Mais elle insista tellement que je la suivis.
Les vêpres terminées, tout le monde sortit et je m’apprêtais à partir quand la même sœur vint vers moi en sautillant, et me posant quelques questions. Elle avait un visage souriant plein de joie, « plein d’amour et de miséricorde », et ses yeux reflétaient la bonté de Dieu. Elle donnait à voir Dieu.
Est-ce que je la voyais de manière différente que celles des autres personnes présentes ce jour-là ? Je ne sais. Sans doute oui. Et encore maintenant, je revois ses yeux. Elle était tellement heureuse d’être avec Dieu. On en voit si peu que cela marque.
C’est peut-être ce qui est arrivé aux trois apôtres : ils ont vu le Christ, et ils l’ont décrit tel qu’ils l’ont perçu, tel que l’Esprit Saint leur a permis de le voir, comme la beauté d’amour et de miséricorde du Fils de Dieu.
Comme sans doute certains ’’guéris’’ par Jésus l’ont vu. Ce qui leur a permis de changer de vie, ou plutôt de lui donner une nouvelle orientation, éclairée par la bonté et la beauté du Fils de Dieu, comme par exemple Bartimée et Zachée …
On remarquera que les trois apôtres choisis par Jésus l’ont été parmi les « quatre premiers disciples » (dans les évangiles synoptiques), et qu’ils étaient avec lui dans des moments particuliers : la ’’guérison’’ de la fille de Jaïre où Jésus montre sa supériorité sur la mort, la transfiguration où Jésus se montre comme Fils de Dieu et continuateur de l’Ancien Testament, à Gethsémani où Jésus montre sa faiblesse humaine et son acceptation de la mission donnée par son Père…
Manque le quatrième : André !
Mais peut-être que celui-ci n’avait pas besoin de VOIR Jésus dans ces moments-là, car il avait tout compris dès le départ. Il avait vu et compris Jésus dès son premier contact : « Venez et voyez » (Jn 1,39). Pour preuve, en rencontrant son frère Simon-Pierre, il lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » (Jn 1,41)
Dieu se donne à voir, par lui-même, avec l’aide de l’Esprit-Saint.
Mais c’est très rare qu’il le fasse de lui-même.
En fait, il compte sur nous, les Chrétiens.
C’est nous qui devons refléter auprès des autres « l’amour et la miséricorde de Dieu », qui devons refléter le visage glorieux de Jésus.
C’est nous qui devrions avoir « une gueule de Ressuscité » comme disait le père Bernard Régnier !
Malheureusement, nous en sommes souvent loin.
C’est l’occasion pour nous, pendant ce temps de carême, de « rentrer en nous-même pour retourner vers le Père » (cf la parabole du fils prodigue Lc 15,17), et de nous convertir en profondeur.
Saint Paul nous dit dans la deuxième lecture : « Regardez bien ceux qui se conduisent selon l’exemple que nous vous donnons ». Dieu se donne à voir.
Seigneur Jésus,
Tu te montres aux apôtres
tel que tu es depuis toujours,
dans ton corps glorieux.
D’autres, comme eux, t’ont vu ainsi,
et en sont totalement transformés :
c’est toi qui vit en eux.
Puissions-nous devenir comme eux,
pour ta gloire et le salut du monde.
Francis Cousin
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Prière dim carême C 2° A6
« C’est Lui qui m’as aimé le premier alors que je n’avais rien fait pour mériter son amour » (Jacques Fesch)…
Jacques Fesch est né le 6 avril 1930 dans une famille bourgeoise à St Germain en Laye. Son adolescence et sa jeunesse sont très désordonnées… Il a le projet de faire le tour du monde en bateau mais il sait que son père refusera de lui donner l’argent nécessaire. Il décide alors de braquer un marchand d’or mais l’agression tourne mal. En fuite, paniqué, ayant perdu ses verres de contact, il tire au jugé à travers la poche de son imperméable vers un policier et le tue d’une balle en plein cœur. Nous sommes le 25 février 1954. Rattrapé, emprisonné, jugé, il sera guillotiné trois ans plus tard le 1° octobre 1957. Mais il va rencontrer le Christ en prison, et son témoignage, paru dans le livre « Dans cinq heures, je verrai Jésus » est d’une incroyable beauté. En voici quelques extraits en lien avec cette démarche de conversion à laquelle nous sommes tous invités pendant ce temps de carême…
« Oui, c’est lui qui m’a aimé le premier alors que je n’avais rien fait pour mériter son amour…
J’essayais de croire par la raison, sans prier ou si peu ! Et puis, au bout d’un an de détention, il m’est arrivé une douleur affective très forte qui m’a fait beaucoup souffrir et brutalement, en quelques heures, j’ai possédé la Foi, une certitude absolue. J’ai cru et ne comprenais plus comment je faisais pour ne pas croire. La grâce m’a visité, une grande joie s’est emparée de moi et surtout une grande paix. Tout est devenu clair en quelques instants. C’était une joie sensible très forte que j’ai peut-être trop tendance à rechercher maintenant alors que l’essentiel n’est pas l’émotion, mais la foi »…
« Je sens maintenant une nouvelle force en moi, une certitude absolue que mon seul salut et devoir est de me donner entièrement à son Amour. Mais j’y arrive encore bien mal ; il est dur de se désengluer de tous ses vices »…
« Voici que Dieu est maintenant le seul qui compte. Il est au centre du monde… Il m’envahit tout entier et ma pensée ne peut plus éviter Sa rencontre. Une main puissante m’a retourné. Où est-elle, que m’a-t-elle fait ? Je ne sais, car son action n’est pas comme celle des hommes, elle est insaisissable et elle est efficace ; elle me contraint et je suis libre, elle transforme mon être et je n’ai pourtant pas cessé de devenir ce que je suis. Puis la lutte est venue, silencieusement tragique entre ce que je fus et ce que je suis devenu. Car la créature nouvelle qui a été greffée en moi implore de moi une réponse à laquelle je reste libre de me refuser. J’ai reçu le principe, il me faut passer aux conséquences. Mon regard a changé, mais mes habitudes de pensée et de conduite n’ont pas changé : Dieu les a laissées là où elles étaient. Il me faut abattre, adapter, reconstruire les installations intérieures et je ne puis être en paix que si j’accepte cette guerre. Je suis moi-même émerveillé et étonné du changement que la grâce a opéré en moi. Comme le dit Claudel, « l’état d’un homme qu’on arracherait d’un seul coup de sa peau pour le planter dans un corps étranger, au milieu d’un monde inconnu », est la seule comparaison que je puisse trouver pour exprimer cet état de désarroi complet. J’ai trouvé la paix, mais en même temps la lutte, lutte perpétuelle qui me fait progresser et plus je progresse, plus je m’aperçois de ma misère et du chemin infini qu’il me reste à parcourir. Si je reste stationnaire, je redescends. Dans cette expérience principale qui vient de bouleverser ma vie, je découvre pour finir une exigence permanente de réforme spirituelle. La conversion engendre un esprit, et cet esprit m’apprend que la religion n’est pas le confort, mais qu’elle sera toujours en un sens une conversion. Mais Dieu est là ; en Lui, j’ai la force d’apercevoir et d’accomplir ce que je dois être, à son image. Il associe ma prière à Sa volonté. La vocation qu’il me donne suscite une invocation que je lui adresse ».
1er Dimanche de Carême (Luc 4, 1-13) : « « Les tentations de Jésus. » (Francis Cousin)
« Les tentations de Jésus. »
La vie de tout homme est parsemée de tentations. Nous sommes tous tentés à un moment ou à un autre … et parmi ces tentations, il y en a de bonnes, qui sont sans doute agrées par Dieu (à chaque fois que nous sommes tentés par un métier, un engagement, une expérience … dans le but de servir les autres humains, pour le bien commun) et il y en a de mauvaises, suggérées par le Démon, le diable, et là il n’y a pas besoin d’expliquer, tout le monde connaît …
Et Jésus, vrai Dieu et vrai homme, a eu aussi des tentations, et sans doute pas seulement celles dont l’évangile d’aujourd’hui nous parle. Mais il n’est pas « entré dans ces tentations » parce qu’il était toujours en lien avec son Père et avec l’Esprit.
Après son baptême où l’Esprit vint sur lui et la voix du Père le reconnu comme son Fils, Jésus, « rempli d’Esprit Saint » fut conduit au désert, pendant 40 jours.
Quarante jours, c’est plus qu’une lunaison, plus qu’un mois, un nombre qui rappelle le nombre d’années pendant lesquelles les hébreux ont erré dans le désert après être sortis d’Égypte avant d’atteindre le « pays ruisselant de lait et de miel » (1° lecture). Temps nécessaire pour passer de l’esclavage à la liberté. Mais c’est aussi le temps qu’a passé Moïse au sommet du Mont Sinaï, sans manger ni boire, avant que ne soient écrits les 10 commandements de Dieu, la Loi qu’on appelle de Moïse. Jésus, nouveau Moïse, accomplira cette loi en y ajoutant une loi nouvelle : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34).
Et pendant ces « quarante jours, Jésus fut tenté par le diable ».
La tentation pour Jésus a été permanente pendant ces quarante jours, mais il était tellement en accord avec son Père que cela ne l’a pas tellement gêné. Mais au bout de quarante jours, « Il eut faim ». Il commence à ressentir un sentiment de manque de nourriture., et cela le tenaille. Et le diable, qui était toujours après lui, ne manque pas l’occasion de le tenter une nouvelle fois.
Et le diable s’y prend de la même manière qu’avec Ève, en amenant la suspicion de celui qu’il veut tenter : « Si tu es le fils de Dieu … ». Il installe le doute chez Jésus qui est en manque de nourriture, comme il le fait subtilement avec nous quand nous sommes faibles, car le diable, comme tous les malfaisants, ne s’attaque qu’aux faibles, ou ceux qui paraissent tels.
Mais ce n’est pas le cas avec Jésus, car, même si on n’en entend plus parler, l’Esprit Saint qui a conduit Jésus au désert ne l’a pas abandonné, il est toujours avec lui, pour l’aider dans ses moments de faiblesses, car « L’esprit vient au secours de notre faiblesse » (Rm 8,26). Par trois fois, le diable va tenter Jésus en utilisant à chaque fois une des trois grandes manières qui peuvent nous faire tomber ses griffes :
La tentation de l’avoir, à la quantité que je veux : avoir du pain avec des pierres, avoir … ne penser qu’à soi, peu importe les autres, simplement moi, moi …
La tentation de la puissance, du pouvoir : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire sur ces royaumes … si … ». Beaucoup sont prêts à avoir du pouvoir, sans tenir compte du « … si … », et bien souvent on n’entend même pas le « si ».
La tentation du paraître, une des pires choses qui existe actuellement dans notre monde … Tout le monde veut montrer qu’il est supérieur aux autres, qu’il a plus que… qu’il a la plus grande … Moi je peux, pas toi … Égoïsme encore une fois. Et là encore on est prêts à passer sur les « … si … ».
Et par trois fois l’Esprit soufflera à Jésus la phrase du Deutéronome qui clouera le bec au diable.
Mais nous, est-ce que nous sommes capables de clouer le bec au diable ?
Peut-être parfois … mais il faut bien reconnaître que la plupart du temps, on se fait avoir. On ne résiste pas à la tentation, surtout quand elle est bien présentée … et le diable excelle dans la présentation des choses …
Il y a une chose qui peut nous aider à mettre à bas le diable : suivre la Parole de Dieu, et spécialement celle de l’évangile du mercredi des cendres : « Quand tu fais l’aumône … tu pries … tu jeûnes … fais-le dans le secret, car ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » (Mt 6,4.6.18). Cela nous débarrasse déjà du ‘paraître’. Et si en plus, on jeûne, c’est-à-dire qu’on se satisfait de ce qu’on a, sans vouloir plus, et même en voulant moins … cela nous aide dans les trois sortes de tentation. Et enfin, et surtout, si on prie, si on a, comme Jésus, une relation particulière avec Dieu, alors on sera sauvé (cf 2° lecture).
Et il faut toujours avoir à l’esprit cette phrase du Notre Père « Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre –nous du Mal ». Mal avec une majuscule, comme Malin, comme Démon, comme Satan, comme Diable …
Comme Jésus le dit : « Cette espèce-là (ce diable), rien ne peut le faire sortir, sauf la prière » (Mc 9,29).
Seigneur Jésus,
de cette épisode de la tentation
que tu as subis au désert,
nous pouvons retenir au moins trois choses :
qu’il est important de connaître la Parole de Dieu,
qu’il est bon de jeûner pour purifier notre esprit,
que nous devons toujours être en contact
avec ton Esprit Saint par la prière.
Francis Cousin
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Prière dim carême C 1° A6
Audience Générale du Mercredi 27 février 2019
PAPE FRANÇOIS
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 27 février 2019
Frères et sœurs, la prière du « Notre Père » est composée de sept demandes, facilement divisibles en deux sous-groupes. Avec les trois premières, Jésus nous fait entrer dans ses désirs, tous tournés vers le Père, alors que, dans les quatre autres demandes, c’est lui qui entre en nous et se fait l’interprète de nos besoins. Là se trouve la matrice de toute prière chrétienne : la contemplation de Dieu et de son mystère, d’une part, et de l’autre, une sincère et courageuse demande de ce qui nous est nécessaire pour vivre, et vivre bien. Point n’est besoin de vaines paroles pour parler avec Dieu : le premier pas de la prière chrétienne est toujours de s’en remettre à Dieu, à sa providence, car il connaît notre cœur mieux que nous-mêmes. Ainsi, la confiance nous conduit à demander ce dont nous avons besoin, sans angoisse ni agitation. C’est pour cela que nous prions en disant, « que ton nom soit sanctifié ». En demandant avec Jésus, que Dieu le Père soit reconnu par tous et adoré pour ce qu’il est vraiment, nous prions aussi pour que la sainteté de Dieu soit manifestée par notre vie et dans le monde. Car la sainteté de Dieu est une force en expansion ; elle s’élargit en cercles concentriques. Voilà pourquoi la prière chasse toute peur. Une chose est sûre : l’Esprit travaille en secret pour la rédemption du monde et les jours du mal sont comptés !
Je suis heureux de saluer les pèlerins venus du Canada, de Suisse et de France. Je salue les groupes de plusieurs diocèses et de paroisses françaises, en particulier ceux du diocèse de Belley-Ars et de Brazzaville avec Mgr Roland, du diocèse de Poitiers avec Mgr Wintzer, de la paroisse de Porto-Vecchio ; en outre, je salue tous les jeunes présents, en particulier ceux du diocèse de Créteil avec Mgr Santier. Demandons à l’Esprit Saint de nous aider à manifester par toute notre vie la sainteté de Dieu et à rendre son nom présent dans le monde. Que notre prière nous permette ainsi de grandir dans la confiance en Dieu, en sa providence. Que Dieu vous bénisse !