27ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 21, 33-43) – Francis COUSIN)
« La vi(gn)e et la mort. »
Troisième dimanche de suite où Jésus nous parle de la vigne.
Rappelons-nous que « la vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël » (Is 5,7, première lecture), et ce qui suit maintenant : l’Église.
Il y a quinze jours, le propriétaire, Dieu, ne cessait d’embaucher des ouvriers pour y travailler, et tous recevait le même salaire : la Vie Éternelle.
La semaine dernière, deux comportements contradictoires pour travailler à la vigne : l’un dit oui et fait non, l’autre dit non et répond oui.
Cette semaine on va encore plus loin dans la discussion entre Jésus et les grands prêtres et les anciens du peuple, c’est-à-dire pour la plupart des pharisiens.
Dieu est amour, et bien entendu, il montre de l’amour pour son peuple choisi : il fait tout pour qu’il puisse vivre correctement, en travaillant bien sûr, mais à l’abri et avec tout ce qu’il faut : « Il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde ». Et il la donne en location à son peuple.
Mais le peuple s’éloigne de Dieu. Des dix paroles de Dieu, ils en ont fait une loi avec 613 prescriptions, à cause de l’endurcissement de leur cœur, et certains mènent une vie contraire à cette loi. Échec de Dieu ?
Alors Dieu envoie des messagers, les prophètes, pour régler les comptes, mais ils ne sont pas écoutés par son peuple (mais parfois écoutés par les étrangers : Ninive !). Échec de Dieu ?
Dieu envoie son Fils : « Ils respecterons mon fils ! ». Mais son peuple le tue pour avoir « l’héritage ». Échec de Dieu ?
Les pharisiens, qui connaissent bien la bible, ont reconnu, en entendant Jésus, le passage d’Isaïe et le psaume de ce jour. Mais pas la mort du fils … ils ne le savaient pas encore … Alors, quand Jésus leur demande quelle sera la réaction du propriétaire de la vigne, ils répondent crânement : « Il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons. ».
Réponse à moitié fausse.
Car Dieu qui est amour ne va pas exterminer le peuple qu’il avait choisi !
Mais à moitié vraie, car il louera la vigne à ceux qui reconnaîtrons l’amour de Dieu dans le don de son Fils qui a donné sa vie pour nous, et par sa résurrection qui nous ouvre à la vie éternelle.
Échec de Dieu ? Pas vraiment, car c’est un échec apparent qui masque l’amour inconditionnel de Dieu pour les hommes, qui sans cesse se renouvelle.
Une chose sur laquelle il faut revenir : par deux fois on parle de louer la vigne. Dieu loue la vigne à des vignerons homicides, puis il l’a louera à d‘autres.
C’est pour nous les hommes un rappel : la vigne, le raisin, le produit de la terre n’est pas notre propriété. Nous n’en sommes que les bénéficiaires …
Certes, Dieu nous a confié la terre : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. » (Gn 1,28).
Et nous, avec la traduction « soumettez-la », on a compris que nous étions des « commandeurs » vis-à-vis de la terre, que nous pouvions en faire ce que nous voulions, que nous pouvions « en tirer le maximum » comme bon nous semblait …
Et ce faisant, nous nous sommes comportés comme si « nous étions ses propriétaires et ses dominateurs, autorisés à l’exploiter. » (Laudato Si’ 2).
Or l’utilisation à plein, « et le gaspillage des ressources de la Création commence là où nous ne reconnaissons plus aucune instance au-dessus de nous, mais ne voyons plus que nous-mêmes » (Benoît XVI cité en LS 6).
Nous nous sommes coupés de Dieu.
Nous sommes comme les vignerons de la parabole qui n’ont pas seulement tué le fils, mais surtout l’héritier … pour prendre pour eux la propriété du père.
Nous nous comportons comme si nous étions Dieu … mais sans l’amour que lui a pour la création …
Non seulement nous utilisons et défigurons la nature, mais nous voulons (pas tout le monde, heureusement) défigurer l’homme, image de Dieu, en voulant imposer des lois iniques sur l’avortement, la PMA, la GPA, l’euthanasie et toutes sortes de choses contraires à la nature humaine, au nom du « progrès » ( ??? ) et parce que tout le monde le fait …
Bonjour les moutons de Panurge …
En ce jour, où nous fêtons saint François d’Assise et la fin de la Saison de la Création, gardons l’humilité de nous reconnaître tous comme des éléments de la création, parmi d’autres, doués de raison, certes, mais pas toujours raisonnables …
Père éternel,
tu nous as confié la terre
pour que nous en vivions … ,
mais nous avons coupé les ponts avec toi,
et maintenant nous nous la sommes appropriée,
et nous l’exploitons sans vergogne.
Aide-nous à reconnaître,
et à faire reconnaître par les autres,
le mal que nous lui faisons.
Francis Cousin
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