« Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant » (Mt 16,13-19)
En ce temps-là, Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe, demandait à ses disciples :
« Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? »
Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je? »
Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »
La Passion approche… Très bientôt, Jésus l’annoncera pour la première fois à ses disciples (Mt 16,21-23). Un bilan s’impose donc. Après tout ce qu’il a dit et fait, « au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » St Paul écrit : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes, reconnu homme à son aspect » (Ph 2,5-7). Alors, en regardant cet homme, ce « Fils de l’homme », que disent les gens ? Ont-ils reconnu en lui « le Fils Unique, lui qui est Dieu » (Jn 1,18; 1,1), celui que Thomas confessera en disant « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20,28) ?
Pour les foules, la confusion règne : « Pour les uns, il est Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » Certes, le prophète Malachie (vers 450 av JC) avait annoncé le retour « d’Élie le prophète, avant que vienne le jour du Seigneur, jour grand et redoutable » (Ml 3,23). Mais cette prophétie s’est en fait accomplie avec Jean-Baptiste, qui fut « rempli d’Esprit Saint dès le sein de sa mère, et qui marchait devant le Seigneur avec l’Esprit et la puissance d’Elie » (Lc 1,15-17). Mais au moins dans cette confusion, un élément est commun à toutes les réponses : tous sont prophètes, serviteurs de Dieu, proclamant une Parole qui ne vient pas d’eux, mais du Très Haut. Les foules ont donc bien perçu quelque chose de divin en Jésus, un prophète, mais ils sont encore très en deçà de la réalité…
Et vous les disciples, « que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » » Ils commencent donc à reconnaître en lui le Messie (de l’hébreu massah, oindre), le Christ (du grec khriô, oindre), celui sur qui repose l’onction de l’Esprit Saint (Lc 3,21-22 ; 4,18-19). Ils ont donc reconnu en lui la Présence de l’Esprit de Dieu, une démarche qui n’est possible qu’à la lumière de ce même Esprit (Ps 36,10), éternellement donné en surabondance par le Père : « Simon, fils de Jonas, ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux ». Cela prouve aussi qu’ils commencent à se tourner de tout cœur vers Dieu, dans une démarche de conversion sincère qui leur permet, en reconnaissant en vérité leurs misères, de recevoir tout aussi en vérité le pardon de Dieu, et avec lui ce Don de l’Esprit Saint. Or l’homme a été créé pour en être comblé. Pierre et ses compagnons sont donc sur le chemin qui conduit au vrai bonheur : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas »… En effet, « le fruit de l’Esprit est amour, paix, joie » (Ga 5,22)… Avec lui et par lui, Christ bâtira son Eglise et « la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle »… Quelle espérance ! DJF