Rencontre autour de l’Évangile – 23ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Renoncer à tout pour le Christ ! »

(Lc 14, 25-33)

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 14, 25-33)

Jésus vient de donner un certain nombre de conseils à ses disciples : qu’ils soient humbles (Lc 14,7-11) et attentifs aux blessés de la vie (14,12-14)… Qu’ils ne laissent ni les biens matériels ni les plaisirs les détourner de l’essentiel : l’invitation que Dieu adresse à tous les hommes à partager son festin (14,15-24). Et l’appel de Jésus se fait ici encore plus radical !

Et soulignons les mots importants 

  • Notre traduction liturgique a tout de suite bien interprété le verbe employé ici par St Luc, « miséô, haïr », en le traduisant par « préférer». Quand Dieu nous dit : « Honore ton père et ta mère » (Ex 20,12), et que Jésus se bat pour qu’il en soit vraiment ainsi (cf. Mc 7,8-13 ; Mt 19,16-22), il ne peut être question maintenant de les haïr ! De même pour mettre en pratique le cœur de la vie chrétienne, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même» (Mc 12,31), il est impensable de se haïr soi‑même. Alors, que peut vouloir dire ce « préférer » ? Essayer de donner des exemples concrets.

  • Jésus aimait la vie… On le voit souvent invité par les uns et par les autres, accomplissant son premier signe en St Jean en offrant à une noce plus de 800 litres de « bon vin » (Jn 2,1-12), mangeant et buvant à tel point que certains le traitaient de « glouton et d’ivrogne » (Lc 7,34). Que peut donc vouloir dire ici « préférer» Jésus « même à sa propre vie » ?

  • Vient ensuite à nouveau une expression très forte : « porter sa croix » ; mais, en lisant bien le texte, cela se fera comment, dans quelles circonstances ? Or, quand Dieu nous adresse un appel, il nous donne toujours la grâce qui nous permet de répondre à cet appel. St Paul dit ainsi : « Dieu nous a appelés d’un saint appel, non en considération de nos œuvres, mais conformément à son propre dessein et à sa grâce qu’il nous a donnée » (2Tm 1,9).

            Suivre Jésus, mettre en pratique sa Parole, lui rester fidèle, est loin d’être toujours facile dans les multiples circonstances de nos vies. Si une difficulté se présente, Dieu donne sa grâce pour nous aider à la traverser. Mais une difficulté reste une difficulté : quand elle se présente, nous avons le choix entre deux attitudes, lesquelles ? Et Jésus ici nous invite à laquelle ? 

  • Jésus invite ensuite par des images (« bâtir une tour », « partir en guerre ») à bien regarder ces difficultés en face. Contre quel danger nous met-il en garde ? Mais souvenons-nous de la phrase précédente : « prendre sa croix pour marcher derrière moi». Qui a ici l’initiative première de la démarche, nous ou Jésus ? Et Jésus peut-il nous demander ce qu’il nous sait être incapables d’accomplir par nous‑mêmes ?

Conclusion : en tout ce que nous désirons entreprendre pour lui, quelle devrait être notre première attitude ?

Pour l’animateur 

  • Les exemples concrets dépendront de la vie et de la situation de chacun, et ils sont tous les bienvenus… Le Père appelle tout homme à « venir à Jésus » son Fils Unique envoyé dans le monde pour notre salut à tous (Jn 3,16-18). Et puisque toute démarche vis-à-vis de Dieu n’est possible que par un Don qui vient de Lui, « venir à Jésus » est un Don du Père : « Nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » (Jn 6,44), « si cela ne lui est donné par le Père » (Jn 6,65). Et tout Don de Celui qui est Amour (Jn 4,8.16) ne peut qu’être de l’ordre de l’amour… Et maintenant, qu’allons-nous choisir si Dieu nous appelle, d’une manière ou d’une autre, à quitter nos proches ? Et pourtant, l’amour que nous leur portons est bien légitime, il n’est pas à renier ! Mais il sera vécu autrement, avec le sacrifice, de notre côté, de cette proximité qui nous est chère…

            Nous sommes tous pécheurs… Il se peut aussi que ces proches que nous aimons nous invitent à agir d’une manière contraire à notre foi. Qu’allons-nous choisir ? Leur obéir, et tout ira bien avec eux, mais c’est notre amour pour Dieu qui sera blessé… Ou les contrarier, au risque de se voir rejeter ? Mais si l’amour qui unit deux personnes est authentique, il ne peut être à sens unique. Et un amour sincère ne peut que se construire sur la vérité. Le choc de la contrariété passé, l’amour vrai saura, avec le temps, reconnaître où est la vérité et la justice, et surmonter l’épreuve…

            Nous sommes tous pécheurs… Ces difficultés peuvent se rencontrer aussi bien dans notre famille, que dans notre communauté paroissiale ou religieuse… Jésus est le premier à en être conscient lorsqu’il demande à Pierre : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? » (Jn 21,15). Et les premiers à les entourer à ce moment-là étaient « Thomas, Nathanaël, les fils de Zébédée », Jacques et Jean (Mc 1,19), et « deux autres disciples » (Jn 21,2). Avec Pierre, ils étaient sept en tout, un chiffre symbole de plénitude qui renvoie à l’ensemble de l’Eglise primitive…

  • Nous sommes tous pécheurs… Des désirs égoïstes où nous nous recherchons nous-mêmes, d’une manière ou d’une autre, ne cessent de frapper à la porte de nos cœurs. Qu’allons-nous choisir ? Leur obéir et nous laisser entrainer sur un chemin contraire à celui de l’amour, amour pour Dieu, amour pour celles et ceux qui nous entourent, amour qui nous invite à nous donner ? Et dans des circonstances que nul ne choisit pour lui-même, ce choix de la foi peut aller jusqu’au don total de soi, la mort pour le Christ, le martyre…

  • Choisir implique toujours un renoncement à ce que nous laissons de côté. Renoncer à une fausse harmonie humaine, à notre égoïsme, là est la vraie Croix. Et c’est tous les jours, d’une manière ou d’une autre, que nous sommes invités à la prendre… Nous n’y arrivons pas à chaque fois… L’important est de repartir sans cesse… La Miséricorde infinie qui nous entoure nous presse de nous relever et de nous relever encore… Et de pardon en pardon, c’est Elle qui nous donnera d’atteindre le but : une Vie éternelle et Bienheureuse dans la Maison du Père !

  • Humainement parlant, prendre sa Croix est difficile… Laissés à nos seules forces, l’aventure est même impossible. « Pour les hommes c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible» (Mt 19,26). Et Jésus connaît nos failles, nos limites et nos faiblesses… Si nous arrivons à tout lui offrir, ce qui est « semé dans la faiblesse», ressuscitera dans sa force (1Co 15,43) car « ce qui est impossible pour les hommes est possible pour Dieu » (Lc 18,27). Et plus nous nous appuierons sur lui, plus notre Croix sera « légère » et « facile à porter » : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger » (Mt 11,28-30).

  • Avec ces deux images, « bâtir une tour, partir en guerre contre un autre roi », Jésus nous invite à bien réfléchir, à regarder les choses en face, à bien nous connaître pour éviter de nous lancer dans une aventure qui, manifestement, dépasse nos forces. La grâce ne supprime pas la nature ! Elle l’accomplit…

          – L’image de la tour est peut-être un clin d’œil à « la tour de Babel » (Gn 11,1-9), présomption, folie orgueilleuse des hommes qui se sont appuyés sur leurs propres forces, et cela pour atteindre le Ciel ! Telle était au début l’attitude de Pierre : « Si tous succombent à cause de toi, moi je ne succomberai jamais » (Mt 26,33). Et Pierre tombera. Mais il se relèvera grâce à la Miséricorde de Dieu, et en s’appuyant cette fois sur Lui, il mourra en martyre à Rome !

          – L’image de la guerre souligne le fait que suivre Jésus est un combat avant tout contre nous-mêmes, notre péché, et aussi face à celui des autres, et face au « Prince de ce monde » (Jn 12,31 ; 14,30 ; 16,11) qui ne pense qu’à « voler, égorger et faire périr » (Jn 10,10). Seule la prière, qui est accueil du Don de Dieu, l’Esprit Saint, nous permet de vaincre grâce à Lui toutes ces difficultés.

 

ENSEMBLE PRIONS 

« Tournez les yeux vers l’hôte intérieur, sans rien vouloir que cette Présence ; vivez de l’Esprit pour être celui qui donne son Nom à votre Père. Tournons les yeux vers l’hôte intérieur, car il habite nos silences et nos prières » (Claude Tassin).

 

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23ième Dimanche du Temps Ordinaire

 

 

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