Ainsi, « revêtir l’incorruptibilité, revêtir l’immortalité », c’est laisser, au terme de notre vie, le Don de l’Esprit Saint accomplir pour nous son œuvre de résurrection et de vie… En effet, le Père a ressuscité le Fils par cette Puissance de l’Esprit Saint : il fut ainsi « établi Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de Sainteté par sa résurrection des morts » (Rm 1,4). « Et si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8,11).
Or puisque « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), puisque « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), donner l’Esprit, c’est donner l’Amour : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné » (Rm 5,5), « l’amour dont Dieu nous aime » précise en note la Bible de Jérusalem. C’est pourquoi « le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,25). Et si Paul invite à « se montrer bienveillant », il présente cette attitude comme une conséquence directe du baptême : « le jour où apparurent la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes, il ne s’est pas occupé des œuvres de justice que nous avions pu accomplir, mais, poussé par sa seule miséricorde, il nous a sauvés par le bain de la régénération et de la rénovation en l’Esprit Saint. Et cet Esprit, il l’a répandu sur nous à profusion, par Jésus Christ notre Sauveur » (Tt 3,1-7).
Demandons au Seigneur de pouvoir prendre conscience de nos ténèbres ; que sa Lumière nous permette de reconnaître en nos cœurs ces « poutres » qui nous aveuglent… Nous constaterons alors la gravité de notre état, et déjà, « la paille » de notre frère apparaîtra comme un détail par rapport à notre poutre… La situation est identique dans la Parabole du débiteur impitoyable (Mt 18,21-35). Jésus commence par inviter ses disciples à une miséricorde continuelle : « Pierre lui dit : Seigneur, combien de fois mon frère pourra-t-il pécher contre moi et devrai-je lui pardonner ? Irai-je jusqu’à sept fois ? Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix-sept fois », c’est-à-dire encore et toujours… Et pour illustrer cette invitation, il prend l’exemple d’un homme qui devait dix milles talents à son roi, c’est-à-dire 260 tonnes d’argent, ce qui, au cours actuel équivaut à 182 millions d’euros. « Cet homme n’ayant pas de quoi rendre, le maître donna l’ordre de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, et d’éteindre ainsi la dette. Le serviteur alors se jeta à ses pieds et il s’y tenait prosterné en disant : Consens-moi un délai, et je te rendrai tout. » Il n’est vraiment pas conscient de la gravité de son état : même avec un délai, aussi grand soit-il, il ne pourra jamais rembourser l’énormité de cette dette… Au Smic net actuel de 1231 €, il lui faudrait près de 150 000 ans pour tout rembourser, et cela sans jamais dépenser un centime pour se nourrir, se loger, etc… « Bouleversé de compassion jusqu’au plus profond de ses entrailles, le maître de ce serviteur le relâcha et lui fit remise de sa dette.