Dans la seconde lecture, nous avons entendu un passage de la lettre que saint Paul à écrite aux croyants de l’Église de Galatie. Ces derniers n’étaient vraisemblablement pas juifs, mais influencés par certains missionnaires, les Galates voulaient faire comme les juifs, c’est-à-dire, se faire circoncire, et obéir à la Loi de Moïse.
L’Apôtre leur écrit ceci : « Frères, lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et soumis à la loi de Moïse, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils » (Ga 4, 4-5).
Saint Paul explique aux Galates que, si pendant sa vie, le Christ Jésus a été soumis à la Loi juive, c’était pour que les hommes soient délivrés de l’obligation de respecter scrupuleusement toutes les prescriptions de la Loi de Moïse pour obtenir leur salut.
Ce que les Galates doivent comprendre, c’est que la Loi de Moïse ne peut condamner que les personnes qui mettent leur foi en elle. Pour le dire autrement, si les Galates choisissent de se soumettre à la Loi de Moïse, alors ce sera selon cette même Loi qu’ils seront jugés. S’ils ne respectent pas tous les commandements de cette Loi de Moïse par laquelle ils pensent pouvoir être sauvés, ils seront punis selon cette même Loi.
Cependant, saint Paul ajoute que la Loi de Moïse n’a plus aucun pouvoir sur ceux qui, comme nous, sont adoptés comme fils et filles de Dieu.
Et si la Loi de Moïse n’a pas le pouvoir de nous condamner, c’est parce que ce n’est pas en elle que nous mettons notre confiance, mais dans le Christ Jésus.
Ainsi, dans la mesure où nous avons « écouté le message de la foi » (cf. Ga 3, 2) ; dans la mesure où nous avons accueilli l’Évangile, Dieu nous a adopté comme ses fils et ses filles.
Frères et sœurs, comprenons que la foi en Jésus Christ est la (seule) condition de notre salut. Et c’est sans doute la raison pour laquelle, en ce premier jour de l’année, la liturgie nous pousse à réfléchir sur la foi à partir de deux personnages du texte d’évangile : les bergers, et Marie.
Le texte d’évangile commence d’emblée avec les bergers qui vont à Bethléem pour voir le nouveau-né.
Ceux d’entre vous qui étaient à la messe de la nuit de Noël, savent ce qui a poussé les bergers à se mettre en route : un ange leur était apparu, et leur avait dit que leur Sauveur était né. Je vous relis quelques versets de cet épisode pour vous le remettre en mémoire. Quand l’ange se présente devant les bergers il leur dit ceci : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » (Lc 2, 10-12)
Après le départ de l’ange, les bergers se sont dit :
« Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître. » (Lc 2, 15)
Si les bergers sont un exemple de foi pour nous ce matin, c’est parce que malgré l’écart entre l’exceptionnalité de l’annonce de l’ange, la naissance d’un Sauveur qui est Christ et Seigneur, et la simplicité du signe fourni, un nouveau-né couché dans une mangeoire, ils ont choisi de faire confiance à la parole du messager divin.
Si la foi des bergers est admirable, c’est parce qu’il aurait été tout à fait légitime qu’ils mettent en doute la parole de l’ange, en se demandant si le Christ Seigneur attendu par Israël pouvait réellement naître dans une mangeoire.
Mais ils ont choisi de ne pas mettre en doute la parole de l’ange, et leur foi leur a permis, non seulement de rencontrer leur Sauveur, mais aussi d’en être témoins auprès des autres, puisque nous lisons :
« Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers » (Lc 2, 17).
Pour nous qui connaissons la suite de l’histoire, nous savons que l’humble naissance de Jésus dans une mangeoire annonce d’avance la simplicité avec laquelle il vivra son identité de Fils de Dieu, et la simplicité avec laquelle il exercera son ministère.
Jésus ne fondera pas de grande dynastie ni de grande civilisation, il ne sera pas un grand militaire, il ne tiendra pas non plus de rôle important dans le paysage religieux de son temps… Jésus mourra même comme un esclave sur une Croix.
Pourtant, comme nous le rappelle saint Paul dans sa Lettre aux Galates, c’est bien par ce même Jésus, que Dieu a donné à chaque être humain la possibilité de recevoir la dignité d’enfant de Dieu, indépendamment de ses qualités et de ses mérites :
« Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, et puisque tu es fils, tu es aussi héritier : c’est l’œuvre de Dieu » (Ga 4, 6-7).
Le deuxième exemple de foi est celui des parents de Jésus, et en particulier celui de Marie. Nous savons que l’Ange Gabriel lui avait annoncé la naissance de Jésus. Mais nous savons aussi que depuis l’Annonciation, Marie n’a plus jamais été visitée par un messager divin, et que dès lors, elle aussi a dû faire confiance à des « voix humaines » pour comprendre l’identité et la vocation de son Fils.





