Epiphanie du Seigneur (Is 60,1-6 ; Ep 3,2-6 ; Mt 2, 1-12) : les mages offrent leurs présents ? Le Christ leur a déjà offert son Trésor (DJF)…

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            « Des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui »… Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe » (Mt 2,1-2.9-11).

            L’or est le trésor des rois, l’encens évoque la prière et donc ici, la divinité de cet enfant ; la myrrhe, quant à elle, faisait partie des aromates que l’on déposait auprès des défunts dans leur tombeau (Jn 19,39)… Le mystère de Jésus « Roi des rois » (Ap 17,14 ; 19,16), « Seigneur et Dieu » (Jn 20,28 ; 1,1 ; Ph 2,6), « mort pour nos péchés » (1Co 15,3) est esquissé à grands traits…

            Mais juste avant que les mages offrent à Jésus leurs présents, nous lisons : « Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. » Ils étaient donc « remplis de joie et d’Esprit Saint » (Ac 13,52), car « le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,22). Ils sont donc comme Jésus qui, de toute éternité, est « rempli d’Esprit Saint » (Lc 4,1) par le Père qui, par ce Don (Jn 4,10), l’engendre en Fils « de même nature que le Père », ou « consubstantiel au Père » (Crédo), car « Dieu est Esprit » (Jn 4,24)…

            Tel est le Trésor que le Christ est venu offrir à tout « homme de bonne volonté » (Lc 2,14, St Jérôme), un Trésor qui est celui du Père. En effet, « le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35) de telle sorte que « tout ce qu’a le Père est à moi », dira Jésus (Jn 16,15). Et qu’est-ce que le Père « a » ? St Jean nous répond encore : « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même », et c’est ainsi qu’il l’engendre en Fils, en lui donnant la vie, en lui donnant sa vie… Et cet acte est éternel, au-delà du temps, toujours actuel en chacun de nos instants présents : « Né du Père avant tous les siècles », et donc avant que le temps n’existe, le Fils peut dire, de toute éternité : « Je vis par le Père » (Jn 6,57), car gratuitement, par amour, le Père lui donne « tout ce qu’il a », tout ce qu’il Est, et il « Est Esprit » (Jn 4,24), un Esprit qui « Est Lumière » (1Jn 1,5) et Vie : « C’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6)…

            En recevant du Père tout le Trésor du Père, le Fils est ainsi « l’héritier » par excellence : « En ces jours où nous sommes, Dieu nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes. » Il est ainsi « le rayonnement de la gloire de Dieu, l’expression parfaite de son Être » (Hb 1,2-3), et « Dieu Est Lumière » (1Jn 1,5)… Cet éternel « héritier » « s’est fait chair » (Jn 1,14) pour nous révéler cet héritage en nous le communiquant : il s’agit donc à notre tour, pour chacun d’entre nous, de « devenir héritiers », « par la foi » (Rm 4,16) en consentant à nous laisser aimer, en acceptant de nous tourner de tout cœur vers Lui, ce qui suppose bien sûr de renoncer à tout ce qui lui est contraire… Et tel est le premier appel qu’il nous adresse en St Marc : « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche » (Mc 1,15), Dieu est « tout proche », il est « l’Emmanuel » (Mt 1,23), « Dieu avec nous » (Mt 28,20), « Lumière véritable qui éclaire tout homme venant dans le monde » (Jn 1,9), Lumière qui « frappe » à la porte de nos cœurs (Ap 3,20), avec douceur (Mt 11,29) et cela, jusqu’à ce que nous acceptions de lui ouvrir…

           Il pourra alors accomplir son œuvre de Sauveur en lavant, purifiant, justifiant nos cœurs (1Co 6,9), leur donnant ainsi de pouvoir accueillir en plénitude ce Don qu’il est venu nous communiquer (Jn 4,10-14 ; 7,37-39 ; 20,22 ; 1Th 4,6 ; 5,23) : en nous créant « esprit, âme et corps », « Dieu vous a déjà fait le Don de son Esprit Saint »… Alors, « recevez l’Esprit Saint », ce « Don de Dieu », qui ne cesse de « jaillir » de Lui « en fleuves d’eau vive » et, pécheurs comme le sont ici-bas tous les êtres humains (Rm 3,9s), vous ne pourrez que constater que « vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés par le nom du Seigneur Jésus et par l’Esprit de notre Dieu ».

En nous rendant ainsi capables de recevoir le Don de Dieu (« Ouvre-toi ! », Mc 7,34), le Christ Sauveur nous donne ainsi de pouvoir être remplis à notre tour de ce Don qui le remplit Lui-même, ce Don qu’il reçoit du Père depuis toujours et pour toujours, ce Don par lequel le Père l’engendre en Fils et lui donne tout, « tout ce qu’il a », tout ce qu’il est, faisant ainsi de Lui « l’héritier » par excellence. Ainsi, avec le Christ, grâce à Lui et par Lui, il nous est donné à nous aussi d’être « co-héritiers » avec Lui : « En effet, tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu… Vous avez reçu un Esprit de fils (…) qui nous fait nous écrier : Abba ! Père ! L’Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu. Enfants, et donc héritiers ; héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui » (Rm 8,14-17).

           C’est ce que St Paul déclare en Ep 3,6 : « Les païens sont admis au même héritage, membres du même Corps, bénéficiaires de la même Promesse, dans le Christ Jésus, par le moyen de l’Évangile ». Nous sommes donc tous invités à être « bénéficiaires de la même Promesse » en recevant « l’Esprit de la Promesse », « l’Esprit promis », ce Don de Dieu qui accomplit toutes les promesses de l’Ancien Testament, « l’Esprit Saint qui constitue les arrhes de notre héritage, et prépare la rédemption du Peuple que Dieu s’est acquis, pour la louange de sa gloire » (Ep 1,13-14).

            Et c’est ce Don qui fait de la communauté des pécheurs rassemblés par le Christ, l’Eglise, « le Corps du Christ » : « Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d’un seul Esprit » (1Co 12,13)…

            Ainsi, « poussés » comme Syméon « par l’Esprit » (Lc 2,27), guidés par le signe matériel de l’étoile vers Jésus, « l’Astre d’en Haut » (Lc 1,78), « la Lumière du monde » (Jn 8,12), « les mages », ces païens idolâtres, nous représentent tous… Avec eux, nous ne pouvons que constater, en Eglise, comme le déclare le prophète Isaïe (60,1-6), « qu’elle est venue, notre lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur nous. » Alors que « les ténèbres couvrent la terre, et que la nuée obscure couvre les peuples », et donc chacun d’entre nous, « sur nous s’est levé le Seigneur, sur nous sa gloire apparaît » car avec le Christ et par Lui, « la lumière a brillé dans les ténèbres », dans nos ténèbres de pécheurs, « et les ténèbres ne l’ont pas saisie » : elle continue de briller, victorieuse de tout mal (Jn 1,5). Alors, comme l’écrit le Psalmiste : « Louez le Seigneur, tous les peuples ; fêtez-le, tous les pays ! Son amour envers nous s’est montré le plus fort ; éternelle est la fidélité du Seigneur ! » (Ps 117(116)). « Il a remporté la victoire » (Ap 5,5) et fait ainsi de chacun d’entre nous des « vainqueurs » (cf. Ap 2,7.11.17.26 ; 3,5.12.21) : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La souffrance, l’angoisse », les deux conséquences du péché d’après Rm 2,9, « la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? En tout cela nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés » (Rm 8,35-37)… Car « lorsque nous sommes infidèles, Lui reste à jamais fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (2Tm 2,13), il ne peut pas ne pas Être ce qu’il Est, et il « Est Amour » (1Jn 4,8.16), il n’Est qu’Amour…

Alors, « lève les yeux alentour, et regarde : tous, ils se rassemblent », rassemblés par « le bon Pasteur » (Jn 10,11.14) qui « cherche sa brebis perdue », et donc chacun d’entre nous, « jusqu’à ce qu’il la retrouve. Et quand il l’a retrouvée, il la met, tout joyeux, sur ses épaules » et il « retourne », avec elle, « chez lui »,  dans « la Maison de son Père » (Jn 14,22), ce Père qui est aussi « notre Père » (Jn 20,17 ; Mt 6,9 ; Lc 11,2). Cette « Maison du Père », Jésus en parle aussi en termes de « Royaume de mon Père » (Mt 26,29), ce « Règne de Dieu qui n’est pas affaire de nourriture ou de boisson, mais qui est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17), « dans la communion du Saint Esprit » (2Co 13,13), dans « l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3). Et cette « unité de l’Esprit » est le fruit, la conséquence immédiate de ce Don de Dieu offert à tous, ce Don de l’Esprit qui, dès lors que nous consentons à le recevoir, s’unit à notre esprit et nous donne de vivre en communion avec Dieu et avec toutes celles et ceux qui ont consenti à recevoir le même Don… Tel est, sur cette terre, le Mystère de l’Eglise, même si tous ses membres sont toujours pécheurs, blessés et donc pardonnés et pardonnés encore… « Elle est sûre cette parole, et digne d’une entière confiance : le Christ Jésus est venu sauver les pécheurs dont je suis, moi, le premier. Et s’il m’a été fait miséricorde, c’est pour qu’en moi, le premier, Jésus Christ manifestât toute sa patience, faisant de moi un exemple pour ceux qui doivent croire en lui en vue de la vie éternelle » (1Tm 1,15-16). Et ce « vivre éternel », avec Dieu et toutes ses créatures qui lui ont dit « Oui ! », tel est le Ciel, « la Maison du Père », « le Royaume du Père », « le Royaume de Dieu », « le Royaume des Cieux » (Mt 3,2, 4,17, 5,3.10.19.20…), la « Jérusalem nouvelle » que St Jean voit « descendre du ciel » comme il vit autrefois « l’Esprit descendre et demeurer sur Jésus » (Jn 1,33), ce même Esprit qui, au jour de la Pentecôte, se « posa sur chacune » des personnes présentes de telle sorte que « tous furent remplis du Saint Esprit » (Ac 2,1-4). Par la foi et dans la foi, avec l’accueil du Don de l’Esprit Saint, le Ciel est donc mystérieusement commencé dès ici-bas…

« Ce n’est pas pour rester dans le ciboire d’or qu’Il descend chaque jour du Ciel, c’est afin de trouver un autre Ciel qui lui est infiniment plus cher que le premier : le Ciel de notre âme, faite à son image, le temple vivant de l’adorable Trinité (1Co 3,16) ! » (…) C’est pourquoi « je ne vois pas bien ce que j’aurai de plus après la mort que je n’ai déjà en cette vie. Je verrai le Bon Dieu, c’est vrai ! Mais pour être avec Lui, j’y suis déjà tout à fait sur la terre » (Ste Thérèse de Lisieux).

            Alors, oui, « debout, Jérusalem » « nouvelle », « resplendis », car « tous viennent vers toi », « de toute nation, race, peuple et langue » (Ap 7,9) car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4), et « tout ce que veut le Seigneur, il le fait, au ciel et sur la terre, dans les mers et jusqu’au fond des abîmes » (Ps 135(134),6 ; 115(113B),3). « Ils viennent vers toi ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur la hanche », portés par Dieu Lui‑même (Is 40,10-11) : « Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance ; son bras lui soumet tout. Voici le fruit de son travail avec lui, et devant lui, son ouvrage. Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur ». Et nous sommes tous « son ouvrage » : « Oui, comme l’argile est dans la main du potier, ainsi êtes‑vous dans ma main, maison d’Israël » (Jr 18,6), comme des « vases de miséricorde que Dieu a d’avance préparés pour la gloire » (Rm 9,23) en les façonnant « esprit, âme et corps » (1Th 5,23) pour qu’ils soient « remplis » par « l’Esprit de Dieu, l’Esprit de gloire » (1P 4,14)…

           Tel est le Trésor que le Fils est venu nous communiquer : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14), Lui que le Père engendre en Fils par le Don de « l’Esprit de Dieu, l’Esprit de gloire », « l’Esprit de grâce » (Hb 10,29), cet Esprit dont le fruit est « lumière » (Jn 4,24 et 1Jn 1,5) et « joie » (Ga 5,22) : alors « par ta lumière, nous voyons la lumière » (Ps 36(35),9), et donc « tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera » (Is 60,5)… Puisse ce projet de Dieu sur chacun d’entre nous s’accomplir le plus pleinement possible, pour le bonheur éternel du plus grand nombre, un bonheur qui commence à se laisser pressentir dès ici-bas : « Tu mets dans mon cœur plus de joie, que toutes leurs vendanges et leurs moissons » (Ps 4,8)…

D. Jacques Fournier

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