« Dieu veut que tous les hommes soient sauvés »

(Jn 6,37-40 ; 1Tm 2,3-6).

En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Tous ceux que me donne le Père viendront jusqu’à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors. Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »

          Notre passage appartient à la première partie du discours de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm (1) où il se présente comme « Pain de vie » par sa Parole (Jn 6,35-47), puis, dans la seconde (2), par sa chair offerte (Jn 6,48-58). Le Nouveau Testament ayant été écrit en grec, toutes les deux commencent par la même expression : « Ἐγώ εἰμι ὁ ἄρτος τῆς ζωῆς, égô eimi o artos tês zôês, Je Suis le pain de vie ». St Jean fait alors allusion au Nom divin révélé à Moïse dans le buisson ardent, « Ἐγώ εἰμι, égô eimi, Je Suis » (Ex 3,14). Autrement dit, ce Pain évoque le Mystère de Dieu Lui-même qui, avec lui et par lui, se donne à nous en tout ce qu’Il Est. Et « Dieu Est Esprit » (Jn 4,24). Ainsi, par la Parole (1) et par le Pain consacré sur l’autel (2), Dieu nous communique ce qu’Il Est par le Don de son Esprit… Telle est la conclusion de Jésus à la fin de son discours : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair (2) ne sert de rien. Les Paroles (1) que je vous ai dites sont Esprit et elles sont vie » (Jn 6,63).

          Recevoir l’Esprit, c’est donc recevoir la vie éternelle. Or les pécheurs en sont privés par suite de leurs fautes : « Le salaire du péché, c’est la mort ; mais le Don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23).

          « Le Pain de vie » est donc comme l’antidote du péché donné aux pécheurs. Avec « l’Esprit qui vivifie » et qui se joint à la Parole proclamée et au Pain consacré, ce Don de l’Esprit de Lumière et de Vie s’unit à « l’esprit » des pécheurs (1Th 5,23), enténébré et mort et ils retrouvent avec lui, gratuitement, par amour, tout ce qu’ils avaient perdu… Tel est « le salut » que Dieu veut offrir à tous, surtout à celles et ceux qui en ont le plus besoin, aux plus grands blessés, aux plus grands malades (Lc 5,31-32), aux plus grands pécheurs…

          Le Père de tous les êtres humains (Gn 1,26-28) a ainsi envoyé le Fils dans le monde pour sauver le monde (Jn 3,16-18 ; 4,42), pour sauver tout le monde… C’est ainsi qu’il nous « donne » tous à Jésus en nous attirant à lui (Jn 6,37.44.65), une action que le Fils accomplit lui aussi pour le meilleur de nous tous : « Et moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jn 12,32). Et il nous attire à Lui par « sa Lumière » (Jn 8,12) qui « brille dans nos ténèbres » (Jn 1,5), par « sa Vérité » (Jn 14,6) qui n’Est qu’ « Amour »  (1Jn 4,8.16), par « sa Paix » (Jn 14,27)…

          Le Christ a donc les bras grands ouverts à tous, et quiconque acceptera de tout cœur, avec une conscience droite, ce Chemin qui lui est proposé (Jn 14,6) ne sera pas « jeté dehors », mais au contraire « accueilli » dans cette Plénitude de Lumière, de Vie et d’Amour donné « inconditionnellement » à tous (Pape François ; audience du mercredi 14 juin 2017) par Celui qui, en Jésus Christ, s’est révélé comme étant le plus beau des « papas », et il est « le papa » de tous… « Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous » (1Tm 2,3-6).

Jacques Fournier