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Audience Générale du Mercredi 3 Mars 2021

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 3 Mars 2021


Catéchèse – 25. La prière et la Trinité. 1

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans notre chemin de catéchèse sur la prière, aujourd’hui et la semaine prochaine nous voulons voir comment, grâce à Jésus Christ, la prière nous ouvre à la Trinité – au Père, au Fils et à l’Esprit –, à la mer immense de Dieu qui est Amour. C’est Jésus qui nous a ouvert le Ciel et projetés dans la relation avec Dieu. C’est Lui qui a fait cela : il nous a ouvert cette relation avec le Dieu Trine : le Père, le Fils et l’Esprit Saint. C’est ce qu’affirme l’apôtre Jean en conclusion du prologue de son Evangile: «Nul n’a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l’a fait connaître» (1,18). Jésus nous a révélé l’identité, cette identité de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. Nous ne savions vraiment pas comment on pouvait prier: quels mots, quels sentiments et quels langages étaient appropriés pour Dieu. Dans cette requête adressée par les disciples au Maître, que nous avons souvent rappelée au cours de ces catéchèses, se trouve tous les tâtonnements de l’homme, ses tentatives répétées, souvent ratées, de s’adresser au Créateur: «Seigneur, enseigne-nous à prier» (Lc 11,1).

Toutes les prières ne sont pas égales, et toutes ne sont pas appropriées: la Bible elle-même atteste du mauvais résultat de nombreuses prières, qui sont repoussées. Parfois, peut-être que Dieu n’est pas content de nos prières et que nous ne nous en apercevons même pas. Dieu regarde les mains de celui qui prie: pour les rendre pures, il ne faut pas les laver, mais il faut plutôt s’abstenir de mauvaises actions. Saint François priait de manière radicale: «Nullu homo ène dignu te mentovare», c’est-à-dire «aucun homme n’est digne de te nommer» (Cantique de frère soleil).

Mais peut-être la reconnaissance la plus émouvante de la pauvreté de nos prières a-t-elle fleuri sur les lèvres de ce centurion romain qui supplia Jésus un jour de guérir son serviteur malade (cf. Mt 8, 5-13). Il se sentait complètement inadapté: il n’était pas juif, c’était un officier de l’armée d’occupation qui était haïe. Mais la préoccupation pour son serviteur lui fait oser, et il dit: «Seigneur, je ne mérite pas que tu entres sous mon toit; mais dis seulement un mot et mon serviteur sera guéri» (v. 8). C’est la phrase que nous répétons nous aussi dans chaque liturgie eucharistique. Dialoguer avec Dieu est une grâce: nous n’en sommes pas dignes, nous n’avons aucun droit à avancer, nous « boitons » avec chaque parole et chaque pensée… Mais Jésus est la porte qui nous ouvre à ce dialogue avec Dieu.

Pourquoi l’homme devrait-il être aimé de Dieu? Il n’y a pas de raisons évidentes, il n’y a pas de proportion… Cela est vrai au point que dans une bonne partie des mythologies, le cas d’un dieu qui se soucie des événements humains n’est pas prévu; ceux-ci sont même pénibles et ennuyeux, tout à fait négligeables. Rappelons-nous de la phrase de Dieu à Son peuple, répétée dans le Deutéronome: «Réfléchis, quel peuple à ses dieux proches de lui, comme vous m’avez Moi proche de vous?». Cette proximité de Dieu est la révélation! Certains philosophes disent que Dieu ne peut que penser à lui-même. C’est plutôt nous les êtres humains qui cherchons à adoucir la divinité et à apparaître agréables à ses yeux. D’où le devoir de « religion », avec son cortège de sacrifices et de dévotions à offrir sans cesse pour gagner les faveurs d’un Dieu muet, un Dieu indifférent. Il n’y a pas de dialogue. C’est seulement Jésus, c’est seulement la révélation de Dieu avant Jésus à Moïse, quand Dieu s’est présenté; c’est seulement la Bible qui nous a ouvert le chemin du dialogue avec Dieu. Rappelons-nous: «Quel peuple a ses dieux proches de lui comme tu m’as Moi proche de toi?». Cette proximité de Dieu nous ouvre au dialogue avec Lui.

Nous n’aurions jamais eu le courage de croire à un Dieu qui aime l’homme, si nous n’avions pas connu Jésus. La connaissance de Jésus nous a fait comprendre cela, nous a révélé cela.  C’est le scandale que nous trouvons inscrit dans la parabole du père miséricordieux, ou dans celle du pasteur qui va à la recherche de la brebis perdue (cf. Lc 15). Nous n’aurions pas pu concevoir des récits de ce genre, pas même les comprendre, si nous n’avions pas rencontré Jésus. Quel Dieu est disposé à mourir pour les hommes? Quel Dieu aime toujours et patiemment, sans avoir la prétention d’être aimé en retour? Quel Dieu accepte le terrible manque de reconnaissance d’un fils qui lui demande son héritage en avance et s’en va de la maison en gaspillant tout? (cf. Lc 15,12-13).

C’est Jésus qui révèle le cœur de Dieu. Jésus nous raconte ainsi à travers sa vie dans quelle mesure Dieu est Père. Tam Pater nemo: Personne n’est Père comme Lui. La paternité qui est proximité, compassion et tendresse.  N’oublions pas ces trois mots qui sont le style de Dieu: proximité, compassion et tendresse. C’est la manière d’exprimer sa paternité avec nous. Nous imaginons avec difficulté et de très loin l’amour dont la Très Sainte Trinité est riche, et quelle immensité de bienveillance réciproque existe entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Les icônes orientales nous laissent entrevoir quelque chose de ce mystère qui est l’origine et la joie de tout l’univers.

Il nous était surtout impossible de croire que cet amour divin se serait dilaté, en abordant sur notre rivage humain: nous sommes le terme d’un amour qui n’a pas d’égal sur la terre. Le Catéchisme explique: «La sainte Humanité de Jésus est donc le chemin par lequel l’Esprit Saint nous apprend à prier Dieu notre Père» (n. 2664). Et cela est la grâce de notre foi. Nous ne pouvions vraiment pas espérer de plus haute vocation: l’humanité de Jésus – Dieu s’est fait proche en Jésus – a rendu la vie de la Trinité elle-même disponible pour nous, a ouvert, a ouvert en grand cette porte du mystère de l’amour du Père, du Fils et du Saint-Esprit.


Je salue cordialement les personnes de langue française.

Poursuivant notre chemin de carême, prenons chaque jour le temps d’une prière plus longue et plus confiante, conscients que Dieu est un Père qui nous écoute toujours et attend notre retour.

Que Dieu vous bénisse !





3ième Dimanche de Carême (Jn 2, 13-25) – Francis Cousin

« La colère de Jésus ? »

Il fallait certainement ce rappel des dix paroles de Dieu révélées à Moïse sur le mont Sinaï pour bien comprendre le sens du passage de l’évangile de ce jour. Cinq paroles vis-à-vis de Dieu, et cinq paroles vis-à-vis des autres humains.

Cela commence par : « Je suis le Seigneur ton Dieu, (…) Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. (…) Tu ne feras aucune idole … » (première lecture).

Il faut bien le reconnaître, même si nous croyons en Dieu, il arrive bien souvent que nous sommes attirés par certains objets ou façons de faire que ne n’appelons pas idoles, que nous ne mettons pas au même rang que Dieu, mais qui influencent notre manière de vivre : désir de paraître, de pouvoir, d’argent, de drogues diverses … voire pire : vouloir mettre l’homme à la place de Dieu, croire en l’homme augmenté, au transhumanisme … On sait bien que c’est ce que désire le Démon, depuis Ève et Adam … mais on ne s’en rend pas compte, car il nous fait croire que c’est pour notre bien … comme il le fait toujours !

Mettre l’homme au-dessus de Dieu … !

Et cela touche tous les niveaux. N’a-t-on pas entendu il y a un peu plus d’un mois le ministre de l’intérieur (et des cultes !), monsieur Darmanin, dire : « Nous ne pouvons plus discuter avec des gens qui refusent d’écrire sur un papier que la loi de la République est supérieure à la loi de Dieu. » (Europe1, 2 février). Parole qui a été récusée par tous les responsables religieux, de quelque religion que ce soit, et qui a été largement commentée dans tous les journaux et revues : « Cette hiérarchie n’a pas de sens, elle est un truc de sondeurs, puis de polémistes, et revient à demander à une personne qui a la foi de se renier, car la religion, oui, est totale. » (le Point, 11 février). Jésus avait déjà dit : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Lc 20,25), et dans les actes des apôtres, ceux-ci disent : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. » (Ac 5,29).

Dans l’évangile, on voit Jésus constater que, dans le Temple de Jérusalem, certaines personnes ont détourné l’objet de Temple, qui est la prière, pour y faire du commerce ou du change d’argent … et il remet les choses dans l’ordre, en prenant les moyens qu’il faut : un fouet avec des cordes, pour éparpiller les animaux et les hommes.

Colère ? Sans doute intérieure ! Comme on dit : son sang devait bouillir ! Mais il ne pouvait laisser faire cela, car « L’amour de [s]a maison [faisait s]on tourment », et il dit : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. ».

C’était une colère mesurée et réfléchie …

Jésus ne fait que ce qu’il a toujours dit : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17).

Jésus redonne son sens véritable au Temple. Il rejette à l’extérieur tout ce qui est marchandage pour les sacrifice d’animaux pour laisser à l’intérieur du Temple la louange, la prière à Dieu.

Et en même temps, il annonce que les temps ont changés : les sacrifices d’animaux n’ont plus de valeur, c’est lui qui se sacrifiera pour que la multitude vive à jamais … il nous entraine déjà vers la nouvelle Pâques, celle dont nous ferons souvenance dans quelques semaines …

Bien sûr, cette manière de faire n’est pas bien perçue des juifs qui demandent raison. Jésus répond : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. ».

Il ne parle plus du Temple en général, mais du sanctuaire, du saint des saints, la partie du Temple qui conserve l’arche d’alliance, la présence de Dieu chez les hommes. Et il s’identifie à cette partie, en parlant des trois jours : pour passer du vendredi saint au dimanche de Pâques. Mais les juifs ne pouvaient pas le comprendre à ce moment de l’histoire. C’est lui qui, maintenant, est la présence de Dieu sur la terre !

C’est ce qu’il dira un peu après à la Samaritaine : « L’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père, (…) où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité, (…) Je suis [le messie], moi qui te parle. » (Jn 4,21.23.26).

Jésus demande au juifs de passer de la Loi à la Foi.

Et c’est encore ce qu’il nous demande …

Seigneur Jésus,

 tu n’acceptes pas que la maison de ton Père

soit détournée de son objet

qui est l’adoration et la louange de ton Père.

Aide-nous à ne pas détourner

nos églises de leur fonction,

et que notre présence y soit pour la prière,

et rien d’autre.

Francis Cousin    

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image dim Carême B 3°




2ième Dimanche de Carême – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du deuxième dimanche de Carême / Année B

Frères et sœurs, en ce deuxième dimanche de notre Carême, les textes bibliques nous donnent clairement de réfléchir sur le terme de la foi. Les personnages mis à l’honneur dans les lectures sont de vrais témoins de la foi et ils nous disent ce qu’est la foi. La première chose qu’ils nous montrent, c’est que vivre la foi n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Vivre vraiment la foi comporte aussi son lot d’épreuves qu’il faut consentir.

Dans la première lecture, Dieu éprouve la foi d’Abraham qui fait preuve d’une confiance inébranlable. Ce que dit l’ange qualifie bien la foi d’Abraham : « Je sais maintenant que tu crains Dieu » : la crainte de Dieu, c’est reconnaître Dieu comme Dieu et nous comme sa créature. C’est se reconnaître ainsi totalement dépendant de Dieu. La foi d’Abraham est exemplaire, c’est pourquoi il est devenu notre père dans la foi. En ce temps de Carême, nous sommes questionnés : avons-nous cette crainte du Seigneur ?

Un deuxième point sur cette première lecture : La foi d’Abraham est source de bénédiction : il sera le père d’une descendance « aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable de la mer ». Croyons-nous fermement que donner notre foi à Dieu sera source de bénédiction pour nous aussi ?

 

Venons-en au Psaume. Le psalmiste est un croyant anonyme, déterminé dans sa foi, lui qui ait « beaucoup souffert » mais dont Dieu a « [brisé] les chaînes ». De ce fait, il se fait, le témoin de Dieu auquel il se remet : « Je crois, et je parlerai », « j’invoquerai le nom du Seigneur », « je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce ». Le psalmiste nous rappelle que l’expérience de foi comporte des supplications à Dieu et des actions de grâce à Dieu. C’est aussi se remettre totalement à lui. Notre foi en tient-elle compte ?

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous donne de faire un pas supplémentaire, il nous rappelle en quel Dieu il met sa foi. Sa confiance repose en ce Dieu qui « n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous ». Pour Paul, c’est la preuve suprême que Dieu n’est pas contre nous et qu’il ne nous condamne pas. Le temps du Carême nous invite à revenir à Dieu de tout notre cœur, avec cette conviction que le désir de Dieu c’est qu’on revienne à lui. Personne n’est rejetée par Dieu !

Paul nous rappelle aussi le cœur de la foi chrétienne : « Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous ». Toute la foi chrétienne repose sur ce mystère pascal du Christ : sa mort et sa Résurrection pour sauver l’humanité.

L’Évangile relate l’épisode de la Transfiguration. Cette Transfiguration annonce la Résurrection future de Jésus.  Cette Transfiguration révèle la gloire du Christ et elle a aussi pour but de fortifier la foi des trois apôtres : Pierre, Jacques et Jean. Cette Transfiguration les aidera à dépasser le scandale de la croix de Jésus. Il y a une leçon certaine pour nous : au cœur des épreuves, il nous garder toujours l’espérance de la Résurrection. Les épreuves, le mal et la souffrance n’auront pas le dernier mot ! Il s’agit bien de nous accrocher au Christ, de lui donner entièrement notre foi, afin de pouvoir mourir et ressusciter avec lui.

L’Évangile nous donne une dernière précision : la présence de Moïse et d’Élie est très symbolique. Moïse représente la Loi (ce que Dieu nous commande) et Élie représente les prophètes (ce que Dieu nous enseigne). Cela nous rappelle que vivre sa foi, c’est mettre en pratique la Parole de Dieu. Une foi qui n’est pas nourrie de la Parole de Dieu est asséchée…

Durant la semaine, il serait opportun de méditer à nouveau sur ces textes, de nous laisser inspirer par la foi des personnages que nous avons évoqués. Celle de Pierre, de Jacques et de Jean nous rappelle que nous n’avons jamais « trop » de foi, que notre foi a besoin d’être fortifiée par le Christ lui-même, c’est lui que nous devons suivre, comme la « voix » « de la nuée » nous le précise : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! »

Pour conclure : dans son message pour ce Carême 2021, le pape François nous invite à vivre le Carême comme « un temps pour renouveler notre foi, notre espérance et notre charité ». Je termine avec son exhortation à la fin de sa lettre :

« Chers frères et sœurs, chaque étape de la vie est un temps pour croire, espérer et aimer. Que cet appel à vivre le Carême comme un chemin de conversion, de prière et de partage, nous aide à revisiter, dans notre mémoire communautaire et personnelle, la foi qui vient du Christ vivant, l’espérance qui est dans le souffle de l’Esprit et l’amour dont la source inépuisable est le cœur miséricordieux du Père.

 

Que Marie, Mère du Sauveur, fidèle au pied de la croix et au cœur de l’Église, nous soutienne par sa présence prévenante et que la bénédiction du Ressuscité nous accompagne dans ce chemin vers la lumière de Pâques. »

Puissions-nous entendre l’appel du Saint-Père. Belle montée vers Pâques à chacun et que notre foi au Christ soit plus vive. Demandons à saint Joseph, gardien de l’Église, de nous accompagner.

 

 

Source :

  • Genèse 22, 1-2. 9-13. 15-18 ;
  • Psaume 115 ;
  • Rm 8, 31b-34 ;
  • Marc 9, 2-10 ;
  • Message du Saint-Père pour le Carême 2021.

 

 

 




2ième Dimanche de Carême – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du dimanche 28/2/2021 

Genèse 22 1–2, 9–18 ; Romains 8 31–34 ; Marc 9 2–10

Dans le texte qui précède l’Evangile d’aujourd’hui, Pierre a reconnu que Jésus est bien le Christ, en qui il voyait, comme la plupart des Hébreux, l’homme providentiel capable de vaincre l’occupant romain. Ils attendaient donc un messie vainqueur et glorieux. Aussi, dès la première annonce de la Passion, Jésus révèle à ses disciples qu’il va beaucoup souffrir, qu’il sera rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il sera tué, et après trois jours il ressuscitera. Devant ce drame de la Passion qui se dessine, Pierre se mit à le « morigéner » c’est-à-dire à le gronder, à lui faire une leçon de morale, à le sermonner.  Réaction directe de Jésus à Pierre (Mc 8,33) : « Passe derrière-moi Satan ». Difficile de suivre le Christ même pour le premier des Apôtres. Et c’est ce qu’affirme Jésus immédiatement après ce passage (Mc 8,34) : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive ». Et quand on parle de « croix », tout le monde ou presque, dans son for intérieur, fait un pas en arrière. C’est un manque de confiance en Dieu. C’est pourquoi le premier texte d’aujourd’hui nous parle d’Abraham et de son fils Isaac pour nous faire comprendre qu’il nous avoir une confiance absolue en Dieu. – A Abraham qui s’est plaint de ne pas avoir d’enfant alors qu’il est très âgé, Dieu lui a promis une descendance aussi nombreuse que les étoiles (Gn 15,5) : « lève les yeux au ciel et dénombre les étoiles si tu peux les dénombrer et il lui dit « telle sera ta postérité ». Et maintenant que Dieu lui a donné un fils, Isaac, Il lui demande de le sacrifier (Gn 22,2) : « Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac…et …tu l’offriras en holocauste sur une montagne que je t’indiquerai ».

Dieu semble contradictoire dans ses paroles et dans ses décisions. D’un côté, il accorde un fils unique à Abraham et lui promet une descendance nombreuse et maintenant, il demande de sacrifier ce fils unique, encore jeune enfant. Devant cette incompréhension de la décision divine, n’importe quel homme dit « normal » aurait perdu sa confiance en Dieu. Mais pas Abraham, justement appelé le « Père des croyants ». Il fait une confiance totale à Dieu. Cela peut nous sembler barbare que Dieu puisse demander à un parent de tuer son fils, mais à l’époque, il était courant que l’on sacrifiait à Dieu le premier-né. Ce n’est pas cela qui pouvait inquiéter Abraham, mais plutôt la contradiction entre la promesse de Dieu qu’il aura une descendance nombreuse et sa demande de sacrifier Isaac, « ton unique fils que tu chéris » dit Dieu. Le texte ne dit rien sur le ressentiment d’Abraham. Ce dernier ne fait aucun commentaire. Abraham obéit à Dieu sans broncher. Et il va même charger le dos d’Isaac du bois de son propre sacrifice, comme Jésus a lui-même porté sa croix. Au moment où Abraham va porter le coup fatal, l’Ange de Yahvé, c’est-à-dire Dieu lui-même, intervient : « Abraham…N’étends pas la main contre l’enfant !  Ne lui fais aucun mal !  Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique ». Dieu, qui est Amour et Vie, sauve ainsi Isaac. Et voilà la récompense de Dieu à Abraham (Gn 22, 16-18), lui rappelant ce qu’il lui avait déjà promis (Gn 15,5): « parce que tu as fait cela, que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, 17 je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable qui est sur le bord de la mer, et ta postérité conquerra la porte de ses ennemis. 18 Par ta postérité se béniront toutes les nations de la terre, parce que tu m’as obéi ». Pour Dieu, la vertu d’obéissance est très importante, car l’obéissance amène à faire la volonté de Dieu et donc l’application de ses commandements dont l’amour de Dieu et du prochain. On peut tirer au moins deux réflexions : d’abord, en refusant le sacrifice d’Isaac, Dieu refuse tous sacrifices humains.

Ensuite, Abraham sacrifie un bélier à la place d’Isaac. Et pendant longtemps, « dans la présentation de tout premier-né au Temple, on offre des victimes de substitution, ne fut-ce que deux colombes » (Achille Degeest – Pain du Dimanche – Année B – P. 138). Mais pour autant, est-ce que le sacrifice d’animaux est efficace ?  La réponse nous est donnée en He 10,1 : « La Loi est absolument impuissante, avec ses sacrifices, toujours les mêmes, que l’on offre perpétuellement d’année en année, à rendre parfaits ceux qui s’approchent de Dieu ». He 10,4 : « Du sang de taureaux et de boucs est impuissant à enlever des péchés ». Inefficace pour rendre parfaits ceux qui s’approchent de Dieu et inefficace pour enlever les péchés. Dieu ne veut donc plus de ces sacrifices d’animaux, de surcroît inutiles. Is 1,11 : « A quoi bon m’offrir tant de sacrifices? dit le Seigneur. Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j’en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’en veux plus ». C’est clair : inutile d’offrir à Dieu des sacrifices d’animaux. Seul l’amour est capable de détruire le péché et de rendre parfaits les êtres humains. 1S15,25 : « L’obéissance vaut mieux que le sacrifice, la docilité vaut mieux que la graisse de bélier ». Ce qui plait à Dieu c’est l’obéissance à Dieu, c’est-à-dire accomplir sa volonté, et donc l’amour de Dieu, et l’amour des uns pour les autres, (Os 6,6) : « C’est l’amour que je désire, et non les sacrifices, la connaissance de Dieu, plutôt que les holocaustes ». Et le sacrifice du Christ sur la croix, c’est-à-dire l’amour traduit en acte, dicté par l’amour du Père et du Fils en faveur des hommes, a été efficace une fois pour toute, pour le rachat des péchés des hommes, et pour la gloire de Dieu puisque le Christ ressuscité se retrouve à la droite de Dieu. On ne va à la gloire de Dieu que par le don de sa vie. Et justement, cette gloire de Dieu se retrouve dans la Transfiguration. Devant la faiblesse de ses disciples avant la Passion, Jésus va donc les fortifier dans leur foi par la Transfiguration. – Dans cette scène de la Transfiguration, on retrouve les mêmes manifestations théophaniques du Sinaï et qui signifient la présence de Dieu: les six jours, la haute montagne, la nuée, la frayeur, la voix céleste et des témoins. Ensuite, Elie, Moïse et Jésus qui sont transfigurés. Elie représente les prophètes, et Moïse la Loi. Ainsi, c’est tout l’Ancien Testament qui est ici représenté à la Transfiguration, en présence de Jésus qui, Lui, est du Nouveau Testament. Autrement dit, l’Ancien Testament et le Nouveau Testament sont en lien direct, c’est un ensemble, un tout. Il faudra lire le Nouveau Testament à la lumière de l’Ancien et lire l’Ancien Testament à la lumière du Nouveau. Et non pas lire seulement le Nouveau Testament.

Enfin, les trois témoins, Pierre, Jacques et Jean, se retrouvent non seulement dans la scène de la Transfiguration mais encore à la résurrection de la fille de Jaïre (Jaïre est un chef de synagogue), et aussi à Gethsémani. Autrement dit, pour connaître la gloire de Dieu (à la Transfiguration dans le Royaume de Dieu), nous passerons par les situations où sont passés les trois témoins : par Gethsémani (c’est-à-dire la souffrance) et la croix (c’est-à-dire le sacrifice : le don de la vie par amour). « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » dit La voix céleste. Et voilà ce que dit le Christ (Mt 8,34) : « Si quelqu’un veut me suivre, qu’il se renie lui-même et qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive ». Mt 10,38 : « Qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi ». N’ayons pas peur d’entendre ces paroles. Essayons de comprendre ce que c’est que la croix pour un chrétien. Notre croix et notre « agonie » seront-elles les mêmes que celles du Christ ? Rappelons que le sacrifice du Christ est unique et une fois pour toute. Il n’y a donc pas besoin d’un autre sacrifice, tel que le Christ l’a vécu, c’est déjà fait une fois pour toute. Nous n’aurons donc pas forcément un sacrifice sanglant qui soit semblable à celui du Christ.  Père Sesboüé nous explique ce qu’est la croix du Chrétien. Jésus, en allant au sacrifice, a donné sa vie par amour pour nous, les pécheurs. Notre sacrifice consiste à faire l’inverse : donner notre vie par amour au Christ. Pas de manière sanglante même si cela peut arriver dans les moments de persécutions ou de martyr, mais surtout donner sa vie par amour pour Dieu et en aimant tout le monde, réalisant ainsi la volonté de Dieu à travers ses commandements. Porter sa croix apparaît ici comme la manière nécessaire de « suivre Jésus ». Bernard Sesboüé nous dit : Cet appel du Christ à le suivre en portant sa croix n’est pas pointé sur la souffrance, mais sur le « suivre Jésus », sur le fait d’être « avec lui ». Et tout le monde sait que « suivre Jésus » de manière continuelle n’est pas chose facile. Certains ne pensent à Lui que lorsqu’ils viennent à la messe et rarement en semaine, et encore pendant la messe, leur cœur n’y est pas.

On ne peut pas dire qu’on s’est mis à la suite du Christ en consacrant seulement 1H30 par semaine au Seigneur. « Suivre Jésus » exige un renoncement à soi-même, même éventuellement aux devoirs familiaux prioritaires (Mt 10, 37) et conduit à « perdre sa vie », c’est-à-dire sa vie mondaine, vie comme vit le monde sans Dieu, occupé uniquement aux affaires terrestres, avec ses turpitudes, ses cupidités, ses mésententes, ses divisions, ses haines et crimes, son « ladilafé », il faut perdre cette manière de vivre pour la consacrer à Dieu tout en étant au milieu du monde. « Suivre le Christ est une invitation exigeante à renoncer aux images illu­soires de nous-mêmes qui sont le fruit de notre imagination: On s’imagine ainsi être quelqu’un d’important dans la vie parce qu’on est riche, parce qu’on est un élu, parce qu’on est patron d’une entreprise, on s’imagine être le plus beau de la terre, on se sent être le centre du monde, on a toujours quelque part un certain pouvoir où on se sent toujours meilleur ou plus intelligent que tout le monde etc…. Notre culture développe un réseau d’images dans les­quelles nous voulons paraître. Paraître fort, paraître meilleur, paraître bon, paraître sage, paraître intelligent, paraître tout ce qu’on n’est pas en réalité. Et tout cela nous éloigne du Christ. L’exaltation du moi se traduira alors par la sous-estimation, voire l’écrasement des autres. Nous cherchons tous plus ou moins à nous dérober à notre propre vérité alors que devant Dieu, nous sommes tous des êtres faibles, pécheurs. Et justement, en reconnaissons que nous sommes faibles et pécheurs, alors, oui, suivre Jésus dans ces conditions sera notre croix, croix qui nous mènera vers la perfection lorsque nous serons dans le Royaume de Dieu. Notre souffrance à nous, notre croix, celle du disciple du Christ, consiste à lutter contre nous-mêmes, contre nos faiblesses, contre nos manques d’amour, contre nos propres regards sur les autres, et c’est une souffrance intérieure que de ne pas y parvenir, de ne pas pouvoir le faire correctement, et de tomber à chaque fois. Mais chaque fois, le Seigneur nous relève. Suivre Jésus, c’est renoncer à toute illusion sur soi-même et se mettre au service des autres, même si l’on est loin d’être parfait, en laissant aux autres la critique, les « sous-entendus », les agacements. Sœur Faustine : « Laissez le monde vous juger sans en être troublée. Que Dieu vous suffise, Lui seul ! » Le disciple du Christ fait ce qu’il a à faire, du mieux qu’il peut, pour être au service de Dieu et du prochain, puis passe son chemin, sans rien attendre en retour, ni honneur, ni gloire, ni reconnaissance, ni fierté, pour se retrouver seul dans le silence de Dieu, dans son intimité et s’y reposer par la méditation ou l’oraison tout en ayant à l’esprit sa prochaine mission. Que Marie, notre Mère, nous aide afin que nous soyons transfigurés avec et dans le Christ qui est Chemin, Vérité et Vie.




2ième Dimanche de Carême (Mc 9, 2-10) – Francis Cousin

« Une histoire d’amour … »

 

Les trois textes de ce jour nous parlent d’amour … même si le mot lui-même n’est pas prononcé.

Dans le texte de la première lecture, bien connu sous le terme du sacrifice d’Abraham, « Dieu mit Abraham à l’épreuve » en lui demandant d’offrir son fils unique Isaac en holocauste sur la montagne de Moriah. Abraham avait attendu presque cent ans pour avoir ce fils du fait de l’infertilité de sa femme Sara, et celui-ci était un don de Dieu correspondant à la promesse qu’il lui avait faite de voir sa descendance plus nombreuse que les étoiles du ciel ou des grains de sable sur la plage. Cette demande allait à l’encontre de la promesse de Dieu.

À notre époque, on peut être surpris et horrifié par cette demande de Dieu. Mais à l’époque il était courant que l’on offre aux dieux des sacrifices humains ou d’enfants. C’est pourquoi Abraham n’a pas été choqué outre mesure même si cela mettait un terme à sa descendance, à la promesse de Dieu. Abraham avait foi en Dieu, et lui-même dit à son fils : « C’est Dieu qui pourvoira à l’agneau pour l’holocauste, mon fils ! » (Gn 22,8). Sa confiance en Dieu était plus forte ou égale à son amour pour son fils. Il était prêt à ne pas épargner son fils pour l’amour de son Dieu. Et sa prédiction se réalisa : l’ange du Seigneur arrêta la main armée du couteau, et un bélier se prit les cornes dans les ronces. Dieu ne veut pas la mort de ses enfants … il renouvela son alliance avec Abraham et le combla de ses bénédictions …

Dans la deuxième lecture, Paul nous parle de Dieu. « Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous. ». L’amour de Dieu pour tous les hommes a été plus fort que son amour pour son propre fils. Il fallait que Jésus meure en portant tous nos péchés. Mais il fallait aussi qu’il nous rapproche de Dieu. C’est pourquoi « il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous. » ; alors, rien ne « pourra nous séparer de l’amour du Christ », de l’amour de Dieu.

L’évangile nous parle de la transfiguration de Jésus.

Jésus prend avec lui trois des douze apôtres :

Simon, que Jésus appela Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » (Mt 16,18), qui représente l’avenir

Jacques, dont le nom se dit Jacob en hébreu, l’un des trois grands patriarches, qui représente plutôt le passé

Jean, dont le nom signifie « Dieu fait grâce », qui représente ce qui est l’essentiel de Dieu, la grâce donnée qui vient de l’amour de Dieu, l’éternel présent de Dieu … (présent dans les deux sens …).

Et Jésus monte sur une haute montagne, comme le fit Moïse au Sinaï pour recevoir les tables de la Loi, comme le fit Elie à l’Horeb pour y rencontrer Dieu … La montagne, lieu de la rencontre avec Dieu …

Et là, Jésus fut transfiguré, son visage devint autre et ses vêtements blancs d’une blancheur irréelle, et il parlait avec Moïse et Elie qui représentent la Loi et les prophètes de l’ancien testament, mais aussi ceux qui se sont ’’approchés’’ de Dieu. Jésus n’est pas séparé de l’ancien testament, il montre clairement ce qu’il avait dit : « « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17).

Jésus se présente aux trois disciples comme il était depuis le commencement, et comme il sera une fois qu’il aura été ressuscité … Moment merveilleux pour les trois … On le comprend aisément …

Mais ce n’est pas tout : une nuée, comme celle qui précédait les hébreux dans le désert à leur sortie d’Égypte, survint « qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : ’’Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le !’’ »

Écoutez-le ! Les trois apôtres étaient habitués à entendre ce verbe. Comme tous bons juifs, ils disaient plusieurs fois par jour le ‘shema Israël’ : « Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur. » (Dt 6,4). Mais il y a quelque chose qui change : le ’’-le’’ qui veut dire : « Écoutez Jésus, c’est lui le Seigneur, votre Dieu, l’unique Seigneur. »

Moment de révélation pour les trois apôtres, … qu’il faudra taire jusqu’à la résurrection de Jésus …

Mais qu’ils gardent dans leurs cœurs : c’est Jésus, le fils de Dieu, qui parle par son Évangile, c’est lui qui accomplit les écritures …

Et c’est ce que nous devons faire : écouter la Parole de Jésus. Lui-même nous l’a dit : « Quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique, je vais vous montrer à qui il ressemble. Il ressemble à celui qui construit une maison. Il a creusé très profond et il a posé les fondations sur le roc. Quand est venue l’inondation, le torrent s’est précipité sur cette maison, mais il n’a pas pu l’ébranler parce qu’elle était bien construite. » (Lc 6,47-48).

C’est valable tout le temps, et surtout en ce temps de carême : si nous sommes invités à rentrer chez nous pour prier et jeûner, pour nous ressourcer, il nous faut aussi sortir de chez nous pour aller rejoindre les ’’périphéries’’ de l’Église, pour annoncer que Jésus est vivant, et qu’il aime tout le monde …

Dieu nous invite à ce va-et-vient entre l’intériorité et l’extériorité, non pour se faire voir, mais pour rencontrer les autres, ceux qui sont dans le besoin, … matériel sans doute, mais surtout ceux qui ont des besoins spirituels, même s’ils ne le savent pas, ceux qui ne savent pas que Dieu les aime et qu’il veut leur bonheur … peut-être pas sur cette terre, dans ce monde, mais dans l’autre, ainsi que l’a dit la Vierge Marie à Bernadette de Lourdes.

Seigneur Jésus,

 tu montes sur la montagne

pour rencontrer ton Père,

mais ce qu’il dit,

c’est à nous qu’il le dit :

« Écoutez mon Fils, mon bien aimé.

Mettez en œuvre son Evangile.

C’est lui qui vous sauveras

du péché et de la mort ! »

Francis Cousin    

 

 

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1er Dimanche de Carême (Mc 1, 12-15) – Francis Cousin

« Convertissez-vous

et croyez à l’Évangile. »

Premier dimanche de carême : aussitôt on pense à Jésus au désert … tenté par Satan !

Matthieu et Luc s’étendent sur cette tentation par Satan, décrivant par le menu trois tentations auxquelles Jésus répond à chaque fois par une citation de l’Écriture.

Marc, au contraire, est plus concis. Il va à l’essentiel, il ne fait que signaler que Jésus a été tenté par Satan, et qu’il vivait parmi les bêtes sauvages.

Quelles bêtes sauvages ? Ce n’est pas dit, car non essentiel. On sait simplement qu’il y avait à l’époque des lions dans le désert de Judée.

Mais cela nous dit aussi que Jésus vivait comme vivaient Adam et Ève dans le jardin d’Éden, parmi les bêtes sauvages, avant qu’ils n’en fussent exclus.

Jésus est le nouvel Adam qui vient racheter la faute du premier.

Les tentations existent, c’est sûr, et nous en savons quelque chose.

Jésus, vrai Dieu et vrai homme, les a donc connues, comme nous … enfin pas vraiment comme nous … beaucoup moins ! Quand il était dans le désert, et à la fin de sa vie, à Gethsémani, quand il voyait arriver les horreurs de sa Passion. Mais à chaque fois il n’y succomba pas en se tournant aussitôt vers son Père.

Mais il savait comment sont les hommes, et dans la prière qu’il donna à ses disciples pour qu’ils puissent s’adresser à son Père il dit : « Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. » (Mt 6,13).

Et la meilleure façon de résister à la tentation, c’est de faire comme Jésus, et de se tourner vers son Père, de se convertir à Dieu, de croire à la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus, mort et ressuscité, et à tout son enseignement.

En fait, cela revient à dire : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

C’est ce que nous avons entendu ce mercredi lors de la réception des cendres, signe de conversion.

Et dans l’évangile, on nous parlait d’aumône, de prière et de jeûne … à faire dans la joie et dans le secret « car ton Père qui voit au plus secret te le rendra. » (Mt 6,18).

Souvent, au début du carême, on se promet de mettre en œuvre certaines résolutions (comme on en fait au nouvel an …), certains veulent faire des « sacrifices » … mais le seul sacrifice que nous avons à respecter, c’est celui de Jésus mort sur la croix pour nous sauver du péché, et dont nous faisons mémoire à chaque messe …

Et si nous voulons faire des « sacrifices », ce n’est valable que si ce que nous appelons « sacrifice » devienne au bout de quelques temps quelque chose de tellement naturel pour nous que ce ne soit plus un sacrifice.

À part un peu plus de prières pendant le temps de carême (et garder le rythme pour après …), nous ne devrions pas faire davantage de Bonnes Actions pendant le carême que dans le cours de l’année.

Nous ne devrions pas attendre le carême pour nous préoccuper des pauvres en tout genre (financier, moral, affectif …) et faire acte de miséricorde envers eux.

Nous ne devrions pas attendre le carême pour nous préoccuper du respect de la nature et de notre maison commune.

Nous ne devrions pas attendre le carême pour faire abstinence de diverses choses qui peuvent avoir comme conséquence de nous éloigner de Dieu et des autres.

Nous ne devrions pas attendre le carême pour arrêter de mal-causer sur certaines personnes, de répandre des ladi-lafés.

Nous ne devrions pas attendre le carême pour mettre en œuvre la fraternité, pour nous reconnaître frères ou sœurs des autres en Jésus-Christ (même s’ils sont d’une autre religion ou sans religion …)

Jésus ne nous demande qu’un chose (pas facile !) : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » … et ça, c’est tout le temps … pas seulement pendant le carême, 40 jours par an, soit environ un neuvième de l’année …

Et les huit neuvièmes restants … on fait quoi ? …

Eh bien, on garde les bonnes habitudes qu’on a prise pendant le carême … et on essaye de transformer les mauvaises en bonnes, sous le regard bienveillant de Dieu.

Alors seulement, « le règne de Dieu [sera] tout proche » … non pas d’un point de vue géographique ou chronologique, mais spirituel : parce qu’il n’est proche que quand nous nous approchons de Dieu !

Seigneur Jésus,

 si nous voulons que le règne de Dieu vienne,

il nous faut nous approcher de ton Père

en nous convertissant

et en croyant à ta Bonne Nouvelle,

comme tu le demandes depuis deux mille ans,

et ce chaque jour de notre vie.

Francis Cousin    

 

 

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Liturgie du mercredi des Cendres – Père Rodolphe Emard

Lectures : Jl 2, 12-18 ; Mt 6, 1-6. 16-18

Avec ce mercredi des Cendres, nous entrons dans le Carême. Ce Carême 2021 prendra une forme particulière avec cette crise sanitaire et une situation à la Réunion sous tension avec les nouveaux cas variants de la Covid-19. Le rite des cendres se trouve également impacté, il sera légèrement modifié par rapport à ce qui se fait habituellement, nous y reviendrons…

Ce qui compte frères et sœurs c’est la démarche du cœur ! Et ce Carême en cette période de pandémie mondiale nous en fait prendre vraiment conscience. 40 jours pour nous préparer aux fêtes pascales… Comment allons-nous les utiliser ces 40 jours ? C’est long mais court à la fois ! Il ne faut pas trainer et aller à l’essentiel au risque de gaspiller ces 40 jours. Alors comment s’y prendre ? Les lectures de ce jour nous donnent des pistes certaines :

  • Tout d’abord ces appels : *Celui que nous rapporte le prophète Joël dans la 1ère lecture : « Maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! » *Celui de saint Paul dans la 2ème lecture : « Frères, nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. »

Nous voyons que le temps de Carême est le moment favorable pour retrouver Dieu. Ce Dieu Trinité que nous avons reçu en nous depuis notre Baptême et que nous délaissons bien trop souvent. Le moment est favorable pour retrouver Dieu dans la prière, la méditation de l’Évangile. C’est l’année B, moment favorable pour redécouvrir l’Évangile de Marc…

Bien souvent, nous reconnaissons ne pas assez prier ou peu prier… Nous prétextons trop facilement ne pas avoir du temps mais n’est-ce pas plutôt parce que nous ne prenons pas le temps de prier ! 40 jours pour rencontrer Dieu et n’oublions pas que les sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation sont des rendez-vous prioritaires pour rencontrer Dieu… La prière est l’un des trois piliers de notre Carême que Jésus nous rappelle dans l’Évangile : une prière sans exhibition, qui doit demeurer à l’écart des bruits du monde, pour mieux entendre la voix de Dieu.

  • Cependant, une rencontre plus approfondie avec Dieu ne sera possible que si nous prenions le temps de nous rencontrer nous-même en parallèle. 40 jours pour faire le tri dans notre vie, nous débarrasser des futilités : nos paroles futiles, nos dépenses futiles, nos pertes de temps futiles… Et prendre davantage du temps pour la relecture, pour nous débarrasser de ce qui nous freine dans la vie et qui nous empêche de progresser. Prendre du temps pour soi, pour retrouver ce qui est le juste nécessaire. D’où ce deuxième pilier du jeûne : se priver du superflu. Parmi ces superflus, il y a sans doute nos excès alimentaires mais aussi les excès sur nos écrans… Vivre le jeûne comme un temps de purification…

  • 40 jours également pour rencontrer notre prochain. C’est le troisième pilier que Jésus nous rappelle dans l’Évangile : le partage ou l’aumône. Avoir un meilleur souci des autres : déjà des membres de ma famille, ensuite ceux que nous côtoyons dans nos différents espaces de vie : nos collègues et voisins notamment.

Avoir le souci des autres suppose aussi le souci de mieux dialoguer, d’essayer de mieux comprendre l’autre, moins se replier sur soi, sur ses idées ou ses convictions. Accepter que les autres n’ont pas le même avis que nous sur certaines choses. Nous n’avons pas la science infuse !

Avoir le souci des autres suppose aussi le souci de partager de son bien et de sa personne. Dégager davantage du temps pour les autres… Apprendre à mieux les aimer comme Jésus les aime…

Avoir le souci des autres suppose enfin le souci de crever les vieilles rancœurs et rancunes tenaces que nous trainons depuis de trop longues années : oser enfin la discussion et la réconciliation… Dépasser nos préjugés, nos mauvais souvenirs…

C’est là que le Christ nous attend particulièrement durant ce Carême 2021.

Voilà les principales pistes qui nous sont proposées pour vivre ce Carême, au cœur de ce combat contre le virus et ses variantes. Nous sommes invités à une vraie démarche du cœur, de conversion… Une vraie démarche de confiance que le Seigneur ne nous lâche pas… Une vraie démarche communautaire…

C’est le sens du rite des Cendres que nous allons vivre : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ». Vous serez invités à venir en procession ; le toucher n’étant pas possible, vous inclinerez la tête sur laquelle on imposera les cendres, dans le respect des gestes barrières et de distanciation.

 

 

40 jours… utilisons-les à bon escient et dans 40 jours, le Christ nous communiquera la lumière de sa Résurrection.  Ayons la foi et l’espérance, unissons-nous dans ce combat sanitaire et bon Carême à tous.




Mercredi des cendres – Homélie du Père Louis DATTIN

Quarante jours :

40 jours pour faire le ménage en nous, …

40 jours pour mieux regarder les autres, …

40 jours pour mieux regarder le Seigneur, …

Et d’abord pour faire le ménage en nous :

Il s’agit pendant le Carême, frères et sœurs, de nous débarrasser de tout ce qui nous encombre, de tout ce qui nous alourdit et nous empêche de progresser, donc de vivre.

Le Carême évoque le désert. Quand on s’enfonce dans le désert, il faut accepter un certain mode de vie, une certaine discipline, que l’Eglise appelle « ascèse « . On ne trouve pas, chaque soir, un hôtel cinq étoiles pour vous accueillir.

Il faut prendre ce temps de Carême, pour vous alléger de toutes sortes de choses superflues. 40 jours pour faire le tri, pour vous délester de ce qui est inutile. Il ne faut pas traîner : 40 jours, c’est vite fait, 40 jours pour garder ‘’juste ce qu’il faut ‘’ et se contenter du strict minimum.

De même que les vignerons taillent leurs vignes à cette époque de l’année, non pas pour les abîmer et leur faire du mal, mais pour les débarrasser de toutes les branches inutiles et pour qu’elles donnent de plus belles grappes. De même, nous avons tous quelque chose à tailler en nous. Tailler quoi ?

C’est à chacun de réfléchir et à décider (silence)… dans mon emploi du temps : pertes de temps, dépenses inutiles, paroles inutiles, soucis futiles, …

Quarante jours pour regarder les autres :

– Devenir plus attentif aux autres : en famille, avec mon mari ou ma femme, avec mes  enfants, avec  mes parents, plus attentif à mon entourage ;

– Avoir le souci de partager, de dialoguer, de mieux comprendre ;

– Savoir, pendant ce Carême, être plus tolérant à l’égard de ceux qui ne pensent pas comme nous !

– Etre soucieux des pauvres : régions d’Afrique Noire où l’on meurt de faim et de soif.

Le Carême est un temps de solidarité avec les plus malheureux, un temps de partage : sommes-nous prêts à nous priver sur la nourriture ou sur d’autres dépenses ? Le jour du Vendredi Saint, à trois heures, au moment où vous allez embrasser le Christ crucifié et que vous aurez juste à côté le plateau qui va recueillir vos ‘’offrandes de Carême‘’, c’est-à-dire le montant de tout ce dont vous vous serez privés pour les autres, qu’apporterez-vous en vérité ? Un superflu ou le vrai montant de sacrifices que vous aurez faits, unissant vos privations aux douleurs du Christ en croix ?

– Dans nos rapports avec les autres, savoir écouter avant de parler : ne soyons pas trop sûrs d’avoir toujours raison ; et si nous sommes investis d’une certaine autorité, souvenez-vous de la parole du Christ « Que le plus grand parmi vous, soit comme celui qui sert ! »

–  Quarante jours pour vous éduquer le cœur à aimer, à apprendre à aimer d’une façon neuve, pour éduquer votre esprit, l’arracher à ses obsessions, ses idées reçues, l’ouvrir à la nouveauté, pour éduquer votre regard, dépasser l’usure, traverser l’écran des masques et des apparences. Les autres attendent de nous cette conversion. Ils attendent que nous puissions les regarder autrement, que nous ne restions pas figés sur des souvenirs anciens, sur de vieux griefs.

Jésus, attend cela aussi de nous ! Quand nous oublions nos frères, c’est lui que nous oublions. Quand nous  jugeons nos frères, c’est lui que nous jugeons.

40 jours pour marcher à un autre rythme, pour changer de style mais 40 jours aussi pour regarder le Seigneur : le Carême est un temps privilégié pour rencontrer le Seigneur. Bien souvent, nous prions peu ou nous prions mal. « Nous ne trouvons pas le temps » disons-nous. N’est-ce-pas plutôt que « nous n’en prenons pas le temps » ?

Une rencontre avec Dieu, la messe ou un temps de prière est toujours prioritaire pour grandir dans la foi et dans l’amour :

– 40 jours pour regarder Dieu, rencontrer le Christ par la méditation de l’Evangile : quel évangéliste allez-vous choisir, cette année, pour mieux comprendre les désirs du cœur de Dieu sur vous ? St-Jean, St-Luc ou St- Marc ?

– 40 jours pour être transfiguré

– 40 jours pour grandir avec l’Evangile, pour apprendre ou réapprendre à vivre, pour avoir un cœur moins centré sur moi-même, mais plus centré sur le salut du monde.

La grande  souffrance du cœur de Dieu, n’est-ce-pas de voir tant d’hommes et de femmes aux prises avec la misère, la souffrance, et la guerre et de voir si peu d’hommes et de femmes prêts à s’engager dans le grand combat pour la paix et pour un monde vraiment fraternel et solidaire ? Allons-nous laisser le Christ faire son œuvre de redressement en nous ?

      Nous allons recevoir les cendres, ce n’est pas un rite magique. C’est le signe que nous sommes décidés à profiter de ces quarante jours pour changer quelque chose dans nos manières de penser et de vivre. Ces cendres : c’est notre vie… éteinte et grise, aride parfois, et sans fruit, mais qui peut s’épanouir.

Qu’elles soient bénies, ces cendres, elles peuvent nous faire du bien !

En les recevant, c’est ton appel à grandir, Seigneur, à produire du fruit, que tu places, pas seulement sur notre front, mais surtout dans notre cœur.

Qu’elles soient bénies, ces cendres, parce qu’elles deviendront le signe de notre existence qui change parce que nous voulons nous convertir et nous tourner vers l’Evangile du Christ !

Si vous n’y êtes pas décidés, restez à votre place, ne jouez pas la comédie ! Autrement, d’accord.

« Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle.

Dans 40 jours, vous pouvez ressusciter avec Jésus ! » AMEN




6ième Dimanche Temps Ordinaire – Homélie du Père Rodolphe EMARD (Mc 1,40-45)

Frères et sœurs, l’Évangile que nous avons proclamé fait écho à la première lecture du livre des Lévites. Dans le livre des Lévites, il y a six chapitres qui sont consacrés aux notions de « pureté / impureté ». Deux chapitres entiers traitent de la question de la lèpre. Nous avons entendu un extrait.

La lèpre était sans aucun doute à l’époque la maladie la plus abhorrée et la plus discriminante. Le lépreux ne pouvait pas déambuler sans dénoncer publiquement son statut de lépreux. La première lecture précise ce point : « Le lépreux atteint d’une tache portera des vêtements déchirés et les cheveux en désordre, il se couvrira le haut du visage jusqu’aux lèvres, et il criera : “Impur ! Impur !” »

Le lépreux était totalement rejeté, mis à l’écart. Il y avait d’une part, la douleur de la maladie et d’autre part, l’exclusion de sa famille, du culte et de la société. Il y avait aussi cette tache accablante de se présenter aux prêtres. Le lépreux attestait ainsi être lui-même coupable de sa propre maladie. La conception de l’époque voyait en celui qui était atteint de la lèpre un grand pécheur. Sa maladie est la conséquence d’un péché qu’il aurait commis, lui ou un autre membre de sa famille.

Dans l’Évangile, nous voyons un lépreux et Jésus qui enfreignent les règles. Tout d’abord, le lépreux il enfreint la Loi deux fois :

  • Premièrement, il ne promène pas en criant « Impur ! Impur ! » ;

  • Deuxièmement, loin de se tenir à l’écart, il se rend auprès de Jésus ;

Jésus enfreint la Loi en touchant le lépreux. Chose inconcevable selon la conception de l’époque, car celui qui touchait un lépreux devenait lui-même impur.

Un Évangile qui nous rappelle quatre points frères et sœurs que je souhaiterais vous partager :

  • Cet Évangile nous révèle que Jésus est venu nous sauver du péché. Dieu s’oppose au mal fait à l’homme. Par le Baptême, nous avons la rémission des péchés et le Catéchisme de l’Église Catholique précise à ce sujet : « Par le Baptême, tous les péchés sont remis, le péché originel et tous les péchés personnels ainsi que toutes les peines du péché » (n°1263). Dans notre conception créole, il y a encore un reste de la conception des gens de l’époque de Jésus ; l’idée que nous pourrions porter le péché de nos ancêtres… Non ! Cassons cette fausse idée. Jésus nous sauve du péché et par le Baptême, nous sommes libérés des péchés de nos premiers parents… Vivons en enfants de Dieu libres !

  • Si nous focalisons notre attention sur Jésus : il nous montre que face à la maladie, il ne s’agit pas d’exclure mais de vivre la compassion. En purifiant le lépreux, Jésus manifeste qu’il est le Messie, le Sauveur et qu’il est de nature divine. Il manifeste aussi une compassion infinie, miséricordieuse et qui apporte la guérison. Jésus se montre sensible à la souffrance de l’homme.

  • Si nous focalisons notre attention maintenant sur le lépreux : il nous invite à une confiance et à l’audace du témoignage. Si Jésus renvoie le lépreux aux prêtres, c’est pour en faire un témoin de son Évangile.

Rappelons-nous aussi que si Jésus a purifié ce lépreux c’est à cause de sa grande foi : « Si tu veux, tu peux me purifier. » « Je le veux, sois purifié. » Jésus ne peut pas nous purifier si nous ne lui remettons pas notre foi. Et Jésus veut nous purifier !

  • L’importance du toucher. La crise sanitaire nous contraint à ne pas nous toucher pour éviter la propagation de la Covid-19 et de ses variantes. Nous devons le consentir en cette période de combat… Cependant, l’Évangile nous rappelle l’importance du toucher. Jésus touche le lépreux… Jésus est tactile. Toucher quelqu’un fait partie de sa manière de communiquer. C’est en touchant qu’il transmet son énergie divine qui guérit.

Pour conclure, à l’approche du Carême frères et sœurs, je nous souhaite trois vœux :

  • Que la foi du lépreux nous stimule pour mieux focaliser notre attention sur le Christ, pour mieux l’annoncer autour de nous. Que ce Carême soit également le moment favorable pour demander au Seigneur de nous purifier de nos lèpres modernes : ce qui nous coupe de Dieu, de notre prochain et de nous-mêmes.

  • Que ce Carême soit propice pour redécouvrir les sacrements de l’Église et la Parole de Dieu. N’oublions pas que le Christ nous touche dans les sacrements et dans sa Parole.

  • Que nous demeurions encore plus vigilants dans la lutte contre la Covid-19 et ses variantes, pour un jour, avec la grâce de Dieu, pourvoir reprendre nos contacts sociaux et humains, à nouveau nous toucher…

Le combat continue, ne baissons pas la garde. Que le Christ nous accompagne et qu’il nous garde dans son amour.

                                                                                                                         P. Rodolphe Emard




7ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 6,27-38)

« Aimez vos ennemis »

En ce temps-là, Jésus déclarait à ses disciples : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.
Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient.
À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique.
Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas.
Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment.
Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant.
Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent.
Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants.
Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »

            Voilà certainement une des pages les plus folles de l’Evangile. Elle nous entraîne tout en même temps au cœur de Dieu et au cœur de nos incapacités. Et le pont entre les deux devrait être notre foi qui, petit à petit, devrait nous permettre de poser des actes que nous n’aurions jamais accomplis par nous‑mêmes… Et pour avancer sur ce chemin si déconcertant, nous pouvons prendre le Christ comme exemple… Tout ce qu’il nous demande est en effet révélation indirecte de ce qu’il fait déjà…

            Jésus a tout d’abord une confiance totale en son Père. Il sait qu’Il est là, avec lui ; il veille sur lui et lui donne instant après instant, jour après jour, par les uns et par les autres, tout ce dont il a besoin… Et Jésus cherchera à nous introduire dans le mystère de cette confiance : « Ne vous tourmentez pas de ce que vous mangerez ou boirez… Votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord le Royaume des Cieux et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît »… C’est à la lumière de cette certitude de foi que Jésus peut nous demander de donner à quiconque nous demande, de prêter sans rien attendre en retour, de laisser prendre notre tunique par celui qui nous a déjà pris notre manteau… Folie de foi…

            Et il est tout aussi humainement fou « d’aimer nos ennemis, de faire du bien à ceux qui nous haïssent »… Et pourtant, Dieu est ainsi… Avec son Fils et par son Fils, il s’est laissé insulter, mépriser, frapper, dépouiller, crucifier… Sans un mot, il a pris sur lui tout ce mal, et il l’a offert pour la guérison de ceux-là mêmes qui justement lui faisaient du mal… « C’étaient nos péchés qu’il portait dans son corps, sur le bois, afin que morts à nos péchés, nous vivions pour la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris »…

            « Dieu est Amour », « et l’Amour avec lequel Dieu nous aime a été versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » au jour de notre baptême. C’est en s’appuyant sur cet Esprit de continuelle Bienveillance que nous sommes invités, petit à petit, à grandir dans cette folie de Dieu qui « Lui, est bon, pour les ingrats et les méchants »… DJF