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17ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 11, 1-13)

« Quand vous priez, dites : Père »

(Lc 11,1-13)…

Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »
Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne.
Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour.
Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation.»
Jésus leur dit encore : « Imaginez que l’un de vous ait un ami et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander : “Mon ami, prête-moi trois pains,
car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir.”
Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond : “Ne viens pas m’importuner ! La porte est déjà fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose.”
Eh bien ! je vous le dis : même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.
Moi, je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira.
En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira.
Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ?
ou lui donnera un scorpion quand il demande un œuf ?
Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »

        

 

            « Seigneur, apprend-nous à prier ». Lui qui est toujours « tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18), il invite ici ses disciples, et à travers eux tout homme, à faire de même. Tous, en effet, « nous avons été créés à son image et ressemblance », comme un fils ressemble à son papa (Gn 1,26-28 ; 5,3). « Et Dieu veut que tous les hommes », ses enfants, « soient sauvés » (1Tm 2,3-6). Alors, « que ta volonté soit faite » !

            « Père, que ton Nom soit sanctifié ». Or, la notion de « sainteté » dans la Bible renvoie à ce que Dieu Est en Lui-même. Quand il dit « Je Suis » (Ex 3,14) ou « Je Suis Saint » (Lv 19,2), il dit en fait la même chose. La notion de « Nom » elle aussi renvoie directement au mystère de celui qui le porte. Lorsque Marie dit « Saint est son Nom » elle évoque simplement le Mystère de « Celui qui Est » (Ex 3,14)… Et les deux termes qui entourent cette déclaration nous disent alors qui Est Dieu pour Marie : « Miséricorde » (Lc 1,50) « Toute Puissante » (Lc 1,49).

            Dire « que ton Nom soit sanctifié » revient donc à souhaiter que Dieu soit connu en vérité tel qu’Il Est. Or, dans la Bible, il est le premier à « sanctifier » son Nom en manifestant, par ses actions, « qui » Il Est : « Je sanctifierai mon nom que vous avez profané au milieu des nations. Alors elles sauront que je suis le Seigneur – oracle du Seigneur Dieu – quand par vous je manifesterai à leurs yeux  ma sainteté », c’est à dire « qui » je suis… Et dans la suite, nous le voyons agir avec une incroyable Miséricorde : « Je vous prendrai du milieu des nations,… je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures, de toutes vos idoles, je vous purifierai. Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon Esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois, que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles » (Ez 36,23-27), enfin !

            Et puisque Dieu Est « Miséricorde Toute Puissante » dire « que ton règne vienne » revient à souhaiter le salut, la paix et les cris de joie pour tout homme pécheur, pourvu qu’il accepte que Dieu règne dans sa vie sur toutes ses misères, en toutes ses ténèbres : « Qu’ils sont beaux les pieds du messager qui annonce la paix, du messager de bonnes nouvelles qui annonce le salut, qui dit à Sion : Ton Dieu règne. Ensemble poussez des cris de joie, ruines de Jérusalem ! car le Seigneur a consolé son peuple, il a racheté Jérusalem. Il a découvert son bras de sainteté aux yeux de toutes les nations, et tous les confins de la terre ont vu le salut de notre Dieu » (Is 52,7-10).                   DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 17ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Seigneur, apprends-nous à prier »

 «  Quand vous priez, dites “ Père ” »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 11, 1-13)

Cet enseignement de Jésus sur la prière vient juste après la visite de Jésus chez Marthe et Marie. Jésus a dit que l’attitude du vrai disciple c’est d’écouter attentivement la Parole du Seigneur. Dans l’évangile que nous allons méditer, Jésus enseigne la prière du disciple.

Et soulignons les mots importants 

L’animateur demande à chacun de noter les mots qui lui semblent importants ou pour lesquels il voudrait une explication.

Jésus en prière : Luc nous montre souvent Jésus “ en prière ”. Comment comprenons-nous cette expression ?

Père : pour un juif, il était impensable qu’on donne à Dieu ce nom familier. Pourquoi ?

Nom : Quelle est la signification du nom dans la Bible ?

Sanctifié : Dieu seul est saint, car Dieu seul est Dieu. Que peut vouloir dire “ que ton Nom soit sanctifié ”

Règne : Qu’est-ce que nous demandons concrètement quand nous disons “ que ton Règne vienne ” ?

Le pain : Quel est ce pain que nous demandons pour chaque jour ?

Pardonne-nous : Comment Dieu peut-il être “ offensé ” ? Si nos péchés pouvaient changer quelque chose en Dieu, cela voudrait dire qu’il n’est pas Dieu ?

Ne nous soumets pas : Comment comprendre cette demande plutôt choquante, comme si Dieu pouvait nous mettre exprès sous le coup de l’attirance du mal ?

Demandez : Qu’est-ce que nous demandons le plus souvent dans nos prières ?

Cherchez : Qu’est-ce qu’il faudrait chercher sans cesse ?

Frappez :  Faut-il sans cesse “ déranger ” Dieu ?

Vous qui êtes mauvais : Ce n’est pas très flatteur pour nous. Que veut dire Jésus ?

L’Esprit-Saint : Pour Saint Luc, voilà la demande que son disciple doit faire.  Pourquoi ?

 

Pour l’animateur 

Jésus était un grand priant. Cela avait frappé les disciples.

“ Père ” : Avant Jésus Christ aucun juif n’avait osé parler à Dieu avec cette intimité : “ Abba ” (nom familier correspondant à papa). Le Juif ne prononçait jamais le nom de “ Yahvé ”, le Dieu trois fois saint. Il le remplaçait par “ Adonaï ” (Seigneur). Jésus donne à ses disciples de pouvoir appeler Dieu “ Père ” comme lui.

“ Nom ” : dans la Bible le nom désigne la personne et aussi sa vocation, son rôle. Dieu n’a qu’un Nom : il est Père. Dans notre prière nous demandons qu’il soit reconnu, respecté par les hommes comme le Père infiniment sacré. Seule une attitude filiale à la suite de Jésus peut glorifier Dieu pleinement.

Le Règne de Dieu, c’est son Amour de Père qu’il offre à tous les hommes en leur donnant son Fils. Dieu Règne quand les hommes accueillent son Fils et que par cette force d’aimer ils essaient de construire un monde plus juste, plus humain, plus fraternel.

Le pain : ne demander que le pain de la journée, c’est faire confiance au Père pour demain. Ce pain, c’est tout ce dont on a besoin pour vivre, sans oublier le Parole de Dieu. (“ L’homme ne vit pas seulement de pain… ”)

Dieu se montre Père  quand  son pardon libère nos cœurs et nous fait revivre. En fait notre péché ne dénature pas Dieu, mais nous-mêmes. “ Qui donc est Dieu qu’on peut si fort ‘blesser’ en blessant l’homme ? ” Si nous osons demander pardon, c’est que, instruits par Jésus, nous avons appris à pardonner à nos frères.

Le pardon de Dieu est don gratuit qui ne se mérite pas. Mais si nous refusons de pardonner à autrui, nous risquons de nous fermer au pardon du Père des Cieux.

“ Ne nous soumets pas à la tentation. ” Cette tentation est celle du désespoir. Nous demandons au Père de ne pas nous laisser tomber quand nous avons l’impression d’être abandonné de Dieu. Le Christ a connu cette tentation à Gethsémani.

Jésus invite ses disciples à chercher sans cesse le Seigneur et ce qui lui plaît, à ne pas se décourager, à faire confiance, car Dieu est celui qui donne et qui ouvre. Il nous invite  à purifier nos prières de demande en demandant l’Esprit-Saint : en lui nous avons toute la lumière pour faire ce qui plaît à Dieu et qui est bon pour nous.

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Regardons Jésus en prière. Il s’est retiré dans un endroit calme. Il vit une relation filiale profonde avec Dieu son Père.  Il prend du temps pour cela. C’est un temps de communion intime avec lui. Il lui dit son amour. Il le loue. Il lui rend grâce.  Il lui parle de sa mission. Il se nourrit de la volonté du Père. Il parle à son Père de ce monde où il est en mission, des hommes qu’il aime et qu’il veut sauver.

TA PAROLE DANS NOS MAINS

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

Est-ce que nous pensons à nous mettre à l’école de Jésus pour apprendre à prier ?

Nous disons peut-être beaucoup de prières ! Mais est-ce que “ nous prions ” vraiment ?

Qui est Dieu pour moi ?

Un être lointain qui me surveille pour peser mes actes ?

Un être tout-puissant dont j’essaie, à force de prières, d’avoir des faveurs ?

Un être tout-puissant dont j’ai peur  ?

Est-il pour moi le Père de Jésus Christ ?

 Un Père plein de tendresse et de miséricorde, qui me connaît et m’appelle à vivre avec lui une relation filiale, à grandir sans cesse dans l’amour et la confiance ?

Est-ce que je lui demande l’Esprit-Saint puisque Jésus dit qu’il ne refuse jamais de le donner ?

“ Dis-moi quel est ton Dieu, je te dirai quelle est ta prière ? ”

ENSEMBLE PRIONS   

Notre Père ….

 

 

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17ième dimanche du Temps Ordinaire Année C

 

 




16ième Dimanche du Temps Ordinaire (Lc 10,38-42) – Francis Cousin

« Marthe … et Marie … »

Deux sœurs … deux caractères différents … mais un même désir :

Recevoir Jésus chez elles lors de son passage, et bien l’accueillir, lui et tous ceux qui le suivent, les apôtres, les disciples …

Marthe est une battante, une organisatrice. Elle est toute dans l’action … Elle s’occupe de l’aménagement de la maison, fait le menu, distribue et gère le travail des servantes … et cela fait beaucoup de travail pour nourrir tout ce monde …et elle veut faire honneur à ses invités …

Marie aussi veut faire honneur à ses invités, mais elle le fait en écoutant avec attention les paroles de Jésus …

On comprend bien que l’attitude de Marie, toute à la réflexion, exaspère au bout d’un moment Marthe, qui va de l’une à l’autre, se dépensant sans compter pour Jésus …et elle s’en plaint à lui.

La réponse de Jésus est bien connue : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »

Jésus se met davantage du côté de Marie … mais chacune des deux sœurs a choisi ce qui leur correspondait le mieux … et Jésus respecte ces choix … et il les accueille avec la même valeur.

Il ne s’agit pas d’opposer ceux qui sont dans le domaine de l’action et ceux qui sont dans le domaine de la réflexion … les deux manières d’être sont nécessaires dans la vie du monde.

Et dans la vie spirituelle aussi …

Et les deux manières d’être coexistent en chacun de nous, les uns étant plus dans l’action, d’autres plus dans la réflexion, la méditation … Le plus difficile étant de trouver le bon équilibre entre les deux.

Il est vrai que même dans leur vie spirituelle, la plupart des gens sont dans l’action : on fait des choses, on a des activités caritatives, on a telle action ou responsabilité au niveau de la paroisse, on s’occupe de tel mouvement, etc …

Il en est de même pour les prêtres qui vont de rendez-vous en visites, de réunions pastorales en réunions de mouvements, qui sont occupés par l’entretien de l’église, etc …

Mais Jésus se met du côté de Marie, celle qui fait silence, qui écoute la Parole de Jésus, et qui vit intérieurement cette Parole …

« Marie a choisi la meilleure part. »

Jésus inverse l’ordre de nos valeurs : il préfère le silence à l’agitation, l’écoute attentive aux déversements de paroles, le recueillement aux paroles en l’air …

Dans la bible, généralement c’est Dieu ou Jésus qui choisit : Abraham, les prophètes, les apôtres … mais quand il s’agit de la meilleure part, il nous laisse choisir, … c’est nous qui choisissons.

Faisons le bon choix !

Malheureusement, souvent nous faisons le choix le moins bon … parce que nous avons peur du silence, parce que nous avons l’impression de perdre notre temps, parce que nous craignons la rencontre avec Dieu, parce que cela ne nous valorise pas, parce que …

Oh ! on ne le dit pas … mais c’est souvent cela …

Alors oui, lisons la Parole de Dieu, pratiquons la lectio Divina, faisons silence devant le saint sacrement ou le tabernacle, laissons-nous imprégner par la Parole, acceptons de nous faire petits devant Dieu …

C’est cela qui nous permettra de vivre véritablement en Chrétiens !

Seigneur Jésus,

souvent nous voulons tellement bien faire

que nous oublions de t’écouter,

de faire silence

pour intérioriser ta Parole,

de te prier seul à seul

pour que tu nous parles.

« Parles, Seigneur, ton serviteur écoute. »

 

                                                                                                                   Francis Cousin    

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Image dim ord C 16°            




16ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Marthe  et  Marie

 Lc 10, 38-42

« Méfiez-vous ! » « On ne se méfie jamais assez ! »

Notre monde est plein de ce cri. « Méfiez-vous des patrons, méfiez-vous des ouvriers, méfiez-vous des étrangers, des arabes, des voisins, des gendarmes, des voleurs,… que sais-je ».

« Méfiez-vous ! » et si vous n’entendez rien, c’est que, plus subtilement, on vous dit : « Prenez une police d’assurance, achetez un antivol, défendez vos droits ». Derrière toutes ces expressions aussi, il y a la méfiance.

Mais peut-on faire autrement ? Dans un monde de plus en plus malhonnête, combinard et violent, est-il possible de ne pas être méfiant ?

Permettez-moi, avant de vous répondre, de vous raconter une petite histoire. On la raconte, paraît-il, aux petits Chinois qui demandent la différence entre le ciel et l’enfer…

L’enfer, leur dit-on, est un lieu où se trouve un énorme tas de riz délicieusement préparé. Autour, il y a des gens maigres, désespérément maigres, affamés, car, en enfer, on ne peut  manger le riz qu’avec de très grandes baguettes, plus longues que les bras et ces baguettes sont attachées à la main et on a beau tordre sa main dans tous les sens, comme les baguettes sont trop longues, il est impossible de déposer ce qu’elles portent, dans sa bouche.

Le Paradis est aussi, dit-on, un lieu où se trouve un énorme tas de riz délicieusement préparé, comme en enfer. Mais là, les gens sont  joufflus et bien portants. Pourtant, eux aussi, ont de grandes baguettes attachées aux mains, mais ils ont trouvé un truc : renonçant à se nourrir eux-mêmes, ils se servent de leur longue baguette pour nourrir leurs voisins et, comme on est au paradis, personne n’est oublié !

Souvent, on entend dire que la vie est un enfer, que les gens sont méchants, que beaucoup vivent dans la solitude. Alors je pense que nous avons des baguettes aux mains : la voiture, la case, la télé, le lave-vaisselle, les avantages acquis, les vacances, l’argent, la culture. Nous avons trop de choses à protéger : alors nous avons peur des autres. Nous ne leur faisons pas confiance, alors, nous nous isolons et c’est l’enfer !

Pourtant, aujourd’hui, le tas de riz est grand et il y a des richesses  à  partager,  mais  l’envie,  la  jalousie  et  la  méfiance sont là qui plantent la haine partout… et le malheur… En fait, l’homme est ainsi fait qu’il ne peut pas vivre seul : il nous manque toujours quelque chose. Nous avons besoin des autres, et si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera demain et là, je l’affirme bien fort : sans les autres, nous ne pouvons rencontrer ni Dieu, ni le bonheur.

C’est bien ce qu’avait compris Abraham, dans la 1ère lecture. Il vit dans le désert, il est seul. Trois hommes se présentent : il pourrait les tuer, les voler, au moins se méfier. Non seulement, il les accueille, mais il leur donne ce qu’il a de meilleur. Il leur prépare un festin de roi. C’est déjà bien, mais allons plus loin : en fait, celui qu’Abraham accueille et qu’il ne connaît pas, c’est Dieu, Dieu lui-même.

A chaque fois, nous aussi, que nous accueillons quelqu’un, que notre cœur et nos mains s’ouvrent aux autres, c’est Dieu lui-même que nous accueillons. Jésus nous le rappelle dans l’évangile : « Qui vous accueille, m’accueille », et Dieu répond à l’accueil d’Abraham en accomplissant son désir le plus cher : il aura un fils, Isaac. A l’accueil, Dieu répond par le don. A celui qui saute dans l’inconnu, qui se risque, qui ne se méfie pas, Dieu donne le bonheur.

 Allons encore plus loin : voici maintenant dans l’évangile, Marthe et Marie, les deux sœurs. Marthe accueille Jésus de tout son cœur : l’hospitalité en Palestine, c’est sacré, même si l’on est très pauvre. Marthe veut faire voir au Seigneur tout l’amour qu’elle a pour lui. Jésus a certainement apprécié les allées et venues de Marthe et pourtant, il y avait mieux : c’était l’accueil de Marie, assise aux pieds du Christ.

Jésus nous rappelle dans l’évangile que l’on n’a pas à se soucier de ce qu’on doit dire pour se défendre, de ne pas se soucier pour la nourriture ou le vêtement. Tous ces soucis de la vie qui détournent de l’essentiel. Il y a une rencontre plus belle que celle de Marthe et du Seigneur, c’est celle de Marie avec Jésus. Elle écoute la parole de celui qu’elle accueille, elle sait que Dieu parle par lui, elle sent que Dieu veut nous parler et que l’accueillir, c’est d’abord accueillir son message, sa nouvelle d’amour, l’annonce de sa tendresse. Or, mystérieusement, toute personne a quelque chose à nous dire, si nous l’écoutons vraiment, même une personne ennemie.

Ce que Dieu promet, c’est le bonheur à tous ceux qui, en la personne de l’étranger, s’ouvrent à l’autre, sans méfiance, sans se faire de souci.

« Marie a choisi la meilleure part », dans celui qu’elle accueille, elle entend Dieu et en entendant Dieu, elle n’a plus aucun souci à se faire. Peut-être, vous direz-vous : « C’est impossible ». Dans la vie courante, chacun est bien obligé de se faire du souci et même parfois, de se méfier. C’est vrai, mais ce n’est pas l’idéal et nous devrions essayer de nous en sortir. 

Foi et confiance : ça va ensemble. On met sa foi en l’autre parce qu’on lui fait confiance. Sans confiance, notre foi est vaine. Qu’avons-nous admiré chez un Martin Luther King ? Sa foi, sa confiance et Dieu sait pourtant s’il a eu des épreuves : il en est mort.  Qu’admirons-nous chez la mère Theresa de Calcutta ? Est-ce sa méfiance ? A-t-elle pris une assurance-vie ? C’est son accueil, son respect, son amour des plus petits.

Qu’est-ce-qui nous frappe chez un Jean Vanier qui organise des villages entièrement gérés par des handicapés ? Chez un abbé Pierre qui a construit des milliers de maisons avec les chiffonniers d’Emmaüs pour des milliers de sans-logis ?

Chez Sœur Emmanuelle qui a vécu sur la plus grande décharge des ordures du monde, au Caire, en Egypte ? Elle nous donne la réponse : « Un soir, raconte-elle, j’étais dans ma cabane. J’entendais une chanson. C’était Fauzeya, ma voisine, une femme misérable, vivant dans une saleté indescriptible, battue, ne sachant ni lire, ni écrire. Elle chantait les versets de l’Evangile, les paroles de la vie : elle était sûre de son salut, sûre que le Christ l’aiderait, elle, et ses nombreux enfants ».

Pour elle, comme pour nous, l’échec, le mal, la souffrance, la mort, tout cela est écrasé par la Résurrection ! Avec foi, avec confiance, nous aussi, accueillons les autres. C’est la meilleure façon de recevoir Dieu dans ma maison.  AMEN




16ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 10,38-42)

« Ecoute »

(Lc 10,38-42)…

En ce temps-là, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut.
Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.
Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. »
Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses.
Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »

        

         Marthe reçoit Jésus chez elle et commence à accomplir son devoir de maîtresse de maison avec toutes les obligations qu’elle pense être indispensables en de telles circonstances. Sa sœur Marie, elle, ne fait rien. « Assise aux pieds du Seigneur, elle écoute sa Parole », ce qui laisse supposer que Jésus parle, et que Marthe ne l’écoute pas… Elle ne le peut pas, elle a trop à faire ! Et elle est scandalisée par l’attitude de sa sœur, scandalisée et surprise que Jésus ne le soit pas lui aussi ! Elle est en effet si sûre de son bon droit qu’elle se permet de lui faire des reproches : « Cela ne te fait rien ? ». Qu’il retrouve donc son bon sens et qu’il corrige avec elle cette Marie insouciante en lui demandant de venir « l’aider » dans « les multiples occupations du service » !

            Mais non ! Ce n’est pas Marie qui se trompe… Et Jésus va interpeler Marthe en l’appelant deux fois par son nom, comme Dieu le fait lorsqu’il invite quelqu’un à le servir : « Marthe, Marthe », « Moïse, Moïse » (Ex 3,4), « Samuel, Samuel » (1Sm 3,10), « Saül, Saül » (Ac 9,4)…

            Mais Marthe est déjà, semble-t-il, à son service ! Semble-t-il, car ce qu’elle fait pour Jésus correspond-il vraiment à ce qu’il attend d’elle ? « Tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses »… Ces « choses », qui lui a demandé de les faire : le Christ, ou bien elle-même, ou une tradition toute humaine (Mc 7,1-13) ?

            N’aurait-elle pas dû d’abord demander à Jésus ce qu’il attend d’elle ? Qu’aurait-elle « fait » alors ? Elle se serait assise à ses pieds, comme sa sœur Marie,  et elle aurait « écouté sa Parole ». Alors, en se tournant vers lui, elle aurait compris qu’il est lui-même tout entier tourné vers le Père (Jn 1,18), à l’écoute de sa Parole, avec un seul désir : accomplir sa volonté (Jn 4,34 ; Lc 22,42). Et quelle est-elle ? « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4), gratuitement, par Amour…  Aussi, est-il venu les inviter, avec son Fils et par Lui, à manger à sa Table au grand festin de la Vie (Lc 14,15-24), et Lui-même les servira (Lc 12,37) !

            Marie s’est laissée invitée… Que Marthe fasse donc de même ! Alors, en accueillant cette Parole donnée par le Fils (Jn 17,8), elle recevra aussi avec elle « l’Esprit donné sans mesure » (Jn 3,34), « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63) en communiquant « la vie éternelle » (Jn 6,47 ; 6,68), cette Plénitude d’Être et de vie qui est celle de Dieu Lui-même ! Telle est « la meilleure part » qui ne leur sera pas enlevée, car Dieu nous a tous créés pour elle…

                                                  DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 16ième Dimanche du Temps Ordinaire

“ Le Christ est au milieu de vous ”

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 10, 38-42)

Jésus est en route vers Jérusalem. Il demande l’hospitalité. Il fait une halte chez des amis, Marthe et Marie.

Et soulignons les mots importants 

Marthe le reçut : Quelle est l’attitude de Marthe à l’égard de Jésus ?

sa maison: Selon notre propre expérience, qu’est-ce ce que la “ maison ”  évoque?

Seigneur : Ce nom donné à Jésus signifie quelque chose : quelle est l’intention de Luc?

Marie …assise aux pieds du Seigneur : Marthe fait plein de choses. Marie apparemment ne fait rien. Mais elle “ fait ” quelque chose d’essentiel en réalité! Quoi ? Que signifie son attitude ?

Accaparée : Par quel autre mot pourrions-nous remplacer ce mot ?

Tu t’inquiètes et tu t’agites…: Est-ce que Jésus ne reconnaîtrait pas le dévouement de Marthe?

La meilleure part : De quelle part il s’agit ?

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Représentons-nous la scène. Regardons Jésus qui demande l’hospitalité. Il se passe toujours quelque chose d’important quand on accueille le Seigneur Jésus. Sa présence remet de l’ordre dans la vie de celui qui l’accueille et lui consacre du temps pour l’écouter.

“ Voici, je me tiens à la porte et je frappe, dit le Christ ressuscité. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. ” (Ap. 3.20)

Pour l’animateur 

  • Jésus est en voyage et il a demandé l’hospitalité. Marthe, la maîtresse de maison, se montre accueillante, à la manière des femmes de l’Ancien Testament qui accueillaient les prophètes. La maison, dans notre expérience évoque la famille, le repos, l’hospitalité.

  • Cependant, Marthe “ s’enferme ” dans le rôle traditionnel des femmes de l’époque : au service des hommes. Et elle veut que sa sœur n’agisse pas autrement qu’elle. Le soin qu’elle porte aux choses pour améliorer l’accueil prend trop de place par rapport à l’essentiel, et l’essentiel est d’être auprès de Jésus et de l’écouter. Elle ne voit pas le risque de laisser les soucis et même le dévouement, étouffer en elle le besoin de la Parole. Elle est trop  “ accaparée ”, “ prisonnière ” de l’idée que la société se fait du rôle de la femme.

  • Jésus reconnaît que Marthe est tout à son service et à celui des disciples. Il est sensible à tout le mal qu’elle se donne. Il n’est pas question de la déprécier, ni de l’opposer à Marie

Mais Jésus  lui reproche d’accorder la priorité au service de la table, tandis qu’il justifie Marie qui fait passer l’écoute de sa parole avant toute considération.

Jésus veut éveiller Marthe à cette meilleure part d’elle-même, sa vocation à devenir pleinement disciple, pour qu’elle ne s’identifie pas à son rôle utilitaire. Jésus lui ouvre un chemin de dignité, de gratuité.

  • Marie est présentée par Luc à la communauté chrétienne (et à nous !) comme la disciple parfaite, disponible, assise aux pieds de Jésus pour écouter son enseignement. Et c’est une femme !

  • Marthe s’adresse à Jésus en l’appelant “ Seigneur ”: c’est le titre donné au Ressuscité par la première communauté chrétienne dans sa profession de foi. Luc veut enseigner que la communauté de disciples, l’écoute de la Parole de Dieu, l’intimité avec Jésus, doit être prioritaire sur les services d’ordre matériel.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

Quel accueil le Seigneur Jésus trouve-t-il dans notre maison ?

Et l’hospitalité ? Accueillir un frère ou une sœur, n’est-ce pas accueillir le Christ lui-même ?

Le Christ fait un reproche amical, mais vital, à Marthe. Il désire ce tête-à-tête pour nous combler de sa présence.

Quel temps nous accordons à l’écoute du Seigneur dans sa Parole ? Dans notre vie personnelle ? Dans notre famille ? Dans notre communauté chrétienne ? 

Les deux sœurs travaillent. Marie fait le “ travail ” le plus important ! Nous faisons des tas de choses, beaucoup d’activités ?

Nos activités, même généreuses, ne cachent-elles pas quelquefois un grand vide intérieur, une profonde absence de Dieu ?

Quand deux époux ne trouvent plus rien à se dire, quel malheur !

Et quand c’est la même chose entre le Christ et nous ?

ENSEMBLE PRIONS   

Seigneur Jésus, qui as dit :

“ Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper moi près de lui et lui près de moi ”.

Nous avons entendu ta vivante Parole, nous t’ouvrons la porte de notre cœur, de notre maison, de notre communauté, nous te prions : sois notre hôte.

Que chacun d’entre nous dans les joies et les peines de sa route, sente le réconfort de ta présence.

Par delà les ténèbres de ce monde, conduis-nous jusqu’au matin du Jour éternel où tu nous invites toi-même, au festin du Royaume que nous offre ton Père dans sa maison, pour les siècles des siècles. Amen !

 

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16ième Dimanche du Temps Ordinaire

 

 




15ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du dimanche 10 juillet 2022

Lectures : Dt 30, 10-14 ; Ps 18B (19) ; Col 1, 15-20 ; Lc 10, 25-37

Frères et sœurs, une nouvelle foi, en ce 15ème dimanche du Temps Ordinaire, les lectures nous orientent vers une écoute nécessaire de la Parole de Dieu, en vue de la mettre en pratique. Les textes insistent bien sur ces deux aspects à ne pas dissocier : l’écoute et la pratique de la Parole. Voyons ce qui nous est dit dans les textes…

Dans la première lecture, tirée du livre de Deutéronome, Moïse invite le peuple à un accueil total de la Parole du Seigneur. Moïse précise trois verbes : écouter, observer, revenir au Seigneur. Tout commence par une écoute attentive de la Parole pour pouvoir l’observer et ainsi revenir au Seigneur de tout son cœur et de toute son âme.

Ce conseil de méditer constamment la Parole de Dieu date de bien longtemps. C’est en vue de notre bien et de notre bonheur ! Ce que Dieu nous commande de faire ne nous est pas inaccessible. Dieu n’imposerait jamais quelque chose que nous ne pourrions pas porter. Dieu ne demande pas l’impossible. La Parole de Dieu se fait proche nous dit Moïse : « Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique ».

►Le psalmiste, dans le Psaume 18, montre à quel point il est nécessaire d’accueillir ce que Dieu nous dit :

  • « La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie » ; la charte du Seigneur est sûre » ;

  • « Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur » ;

  • « Le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard » ;

  • « Les décisions du Seigneur sont justes et vraiment équitables ».

La Parole de Dieu est parfaite et juste ! Elle est un guide pour tous les hommes. Pour le psalmiste, ce que Dieu dit est plus désirable que l’or. Je vous invite en ce début de vacances, dans les prochains jours, à méditer ce Psaume, pour faire le point sur notre rapport à la Parole de Dieu. Comment ces versets nous interpellent-ils ? La Parole de Dieu est efficace à condition de l’intérioriser. C’est ainsi que l’Esprit Saint nous apprendra de quelle manière agir dans les différentes circonstances de nos vies.

Dans l’Évangile, le docteur de la Loi nous rappelle ce qu’il y a au cœur de la Loi de Dieu, en vue d’obtenir la vie éternelle : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même ». Le docteur de la Loi cite deux passages majeurs de la Loi, tirés du livre du Deutéronome et du livre du Lévitique[1].

 

Aimer Dieu de toute sa personne et aimer son prochain : voilà ce qu’il y a au cœur de la Parole de Dieu ! Mais qui est mon prochain ? Pertinente question ! Jésus ne donnera pas une définition du prochain mais pour comprendre qui est notre prochain, il nous donne la parabole du « Bon samaritain », que nous connaissons bien. Le bon Samaritain est d’abord la figure de Jésus qui se fait proche de nous et qui prend soin de nous.

L’exemple du Samaritain n’est pas un choix hasardeux de la part de Jésus. L’inimitié entre les Juifs et les Samaritaines est déjà ancienne à l’époque de Jésus. Une véritable hostilité régnait entre eux. Les Samaritains étaient rejetés des Juifs. Et pourtant, c’est bien un samaritain, rejeté, blessé lui-même par le rejet, qui a su se rendre proche de l’homme blessé par les bandits.

Cela nous rappelle deux points :

  • Les autres ne sont pas moins capables d’aimer que nous.

  • Chacun, avec son lot de blessures, est capable d’aimer à condition qu’il se laisse aimer par le Christ qu’il laisse le Christ panser ses blessures.

Aimer son prochain c’est se rendre finalement proche de l’autre, vivre la charité. Dans l’Évangile, cinq verbes expriment cette charité : s’approcher, panser, charger, conduire, prendre soin. C’est ce que le Christ fait à notre égard. C’est ce que nous devons apprendre à faire les uns envers les autres.

Frères et sœurs, puissions-nous mieux nous attacher au Christ durant ce temps de vacances qui commence, dans une fidélité à la Parole de Dieu et à l’Eucharistie. C’est la base pour pouvoir aimer son prochain…

►Je terminerai avec la deuxième lecture, de saint Paul aux Colossiens. J’offre également cette lecture à votre méditation, dans la semaine à venir. Saint Paul nous offre une christologie très riche. Il nous donne une panoplie de titres pour désigner Jésus comme le Maître et le Seigneur de toute la création :

  • « En lui, tout fut créé » ;

  • « Tout est créé par lui et pour lui » ;

  • « Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui » ;

  • « Il est aussi la tête du corps, la tête de l’Église » ;

  • « C’est lui le commencement ».

En Jésus habite la plénitude de Dieu ! Nous sommes en lui et pour lui ! Ne lui fermons pas notre cœur ! Jésus nous porte et il nous confie à cette auberge qu’est l’Église. Que le Seigneur nous donne de mieux chérir notre appartenance à son Église.

Gloire et louange à toi Seigneur Jésus !

Père Rodolphe Emard.

[1] Cf. Dt 6, 5 et Lv 19, 18.




15ième Dimanche du Temps Ordinaire– par Francis COUSIN (Lc 10, 25-37)

« Que dois-je faire

pour avoir en héritage la vie éternelle ? »

 

C’est la question que pose à Jésus un docteur de la loi …

C’est aussi une question que beaucoup de personnes se posent également aujourd’hui … peut-être pas de la même façon … sur la vie après la mort … ou non …

Jésus, en bon juif, répond à la question par une autre question : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? », c’est-à-dire comment interprètes-tu ce que tu lis, qu’est-ce que cela change dans ta vie, dans ta manière de vivre ?

Et Jésus dit cela dès le début, avant la réponse du docteur de la loi.

Le docteur de la loi répond du tac au tac par deux textes de la loi de Moïse qu’il rassemble dans une même phrase : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Dt 6,5) et « ton prochain comme toi-même. » (Lv 19-18).

Il a bien appris la loi et la connaît … Mais cela ne reste que des mots … Il ne dit pas ce que cela change pour lui dans sa vie …

Jésus ne dit rien à ce propos, mais il l’encourage : « Fais cela et tu vivras. », et il attend …

Et la question vient : « Et qui est mon prochain ? »

Cela me fait penser à la parabole du pharisien et du publicain … « Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. » et il énumère ce qu’il fait de bien … alors que le publicain, tout penaud, marmonne en son cœur : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! ». (cf Lc 18,9+)

Pour le premier, tout va bien, il fait tout bien … mais il s’adresse à Dieu en ne pensant’ qu’à lui, et en plus il dénigre le publicain … En fait, on pourrait dire qu’il a tout faux … si on en croit la phrase de Jésus : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. » (Mt 6,1). Il ne se remets pas en cause, il ne veut rien changer dans sa manière de vivre !

Comme le docteur de la loi !

Pourtant, ce docteur, qui connaît si bien la loi, devait aussi connaître cette parole de la première lecture : « Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. »

Cette phrase est toujours vraie aujourd’hui !

Mais il faut bien reconnaitre que souvent, la Parole ne reste qu’au niveau de notre bouche (ou de nos oreilles), … et qu’elle n’arrive pas au niveau de notre cœur …

C’est le cœur qui nous fait changer, pas la bouche …

« Changez vos cœurs, croyez à la Bonne Nouvelle, changez vos vies, croyez que Dieu vous aime ! »

Et si nous changeons notre cœur, nous pouvons aussi changer celui des autres …

C’est ce que Jésus nous invite à faire en racontant la parabole du bon samaritain !

De tous ceux qui passent sur le chemin, ce ne sont pas le prêtre ou le lévite qui se préoccupent du blessé, pourtant des gens sensés connaître les écritures, mais un samaritain, quelqu’un que l’on dénigre parce qu’il ne suit pas la loi de Moïse …

À méditer !

J’ai besoin de mes yeux pour voir cet homme à terre,

j’ai besoin de l’ouïe pour l’entendre gémir,

j’ai besoin de mes mains pour lui prendre la sienne,

j’ai besoin de mes bras pour l’installer sur l’âne,

j’ai besoin de marcher pour lui donner un gite,

et  j’ai besoin d’un cœur pour payer l’aubergiste

et lui dire qu’au retour je paierai le surplus.

Dieu a besoin de nous ici sur cette terre

pour être son image auprès des plus petits.

Dieu nous demande à tous, de devenir prochain

de ceux qui nous entourent et sont dans le besoin.

 

                                                                                   Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim ord C 15




15ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le Bon Samaritain

 Lc 10, 25

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force et tu aimeras le prochain comme toi-même ». Nous savons cela par cœur ! Mais n’oublions pas que le mot « amour » a plusieurs sens en français.

Connaissez-vous le petit poème de Prévert : « Tu dis que tu aimes les fleurs et tu les coupes, tu dis que tu aimes les oiseaux et tu les mets en cage, tu dis que tu aimes les poissons et tu les manges. Alors quand tu dis que tu m’aimes, j’ai peur ! »

Si tu m’aimes comme tu aimes les fleurs, pour t’en faire un ornement ; si tu m’aimes comme tu aimes les oiseaux, pour me garder en cage ; si tu m’aimes comme tu aimes les poissons ou les choux à la crème … je ne suis plus du tout d’accord !

« Que veux-tu dire au juste quand tu me dis « je t’aime » ? »

Et le Seigneur Jésus, que veut- il dire, au juste, quand il nous dit « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ?

Une  première  réponse  se  trouve  dans  cette  belle histoire du « Bon Samaritain » imaginée par Jésus :

Aimer, ce n’est pas seulement affaire de belles paroles ou de bons sentiments ou de battements de cœur.

Aimer, c’est faire quelque chose pour les autres, c’est agir pour les autres, c’est se mettre au service des autres, quitte à y donner de son temps, de son imagination ou de son argent.

Regardez le Samaritain de la parabole : il s’approche du blessé qui est là, sur le bord de la route, il lui panse les plaies, il les désinfecte de son mieux, il le met sous la garde de quelqu’un de sûr qui prendra soin de lui… il avance l’argent nécessaire.

Au docteur de la loi qui l’interroge, Jésus  répond, deux  fois  de suite :

« Toi, aussi, fais ainsi » ; « Va, et toi aussi, fais de même ».

Il s’agit  toujours  d’agir, de  faire. Ce n’est  pas  seulement  dans ma tête que ma charité doit s’exercer, elle doit passer par mes mains ! Ce n’est pas simplement par des paroles que ma charité doit s’exercer, elle doit passer par des gestes précis, concrets.

D’ailleurs, même à propos de l’amour de Dieu, le Christ disait : « Il ne suffit pas de me dire  » Seigneur ! Seigneur ! Mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux ».

* La prière, c’est bien, mais l’action, c’est mieux.

* L’intention, c’est bien, mais l’exécution, c’est mieux.

* La bonne volonté, c’est bien, mais la volonté tout court, c’est mieux.

Le chrétien n’est pas le rêveur d’un idéal impossible et inatteignable : il est d’abord l’exécutant du possible et du concret : cet homme-là, mourait, sur le bord de la route.

Dieu ne nous demande pas des exploits de romans de cape et d’épée, il désire le petit geste humble, quotidien, discret à l’égard de ceux qui sont proches de lui et qu’il appelle le « Prochain ». Un de mes amis me dit parfois : « Ce qui m’intéresse dans les gens que je rencontre, ce n’est pas ce qu’ils disent ou ce qu’ils pensent, c’est ce qu’ils font et spécialement ce qu’ils font pour les autres, pour leur entourage, pour la société, comment ils s’engagent pour faire progresser la vie ».

AIMER : ce n’est pas profiter pour soi, ni annexer, ni accaparer les autres. Cela, c’est tout le contraire de l’amour dont le Christ nous a donné l’exemple. Lui, le Christ, il n’a cessé d’agir pour les autres, de prendre parti et de se compromettre pour les plus pauvres et les plus humiliés.

Reportons-nous à ce beau texte du Deutéronome dans la 1ère lecture de notre liturgie : « Ce que je te demande, dit Dieu, n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte, c’est simple, c’est facile à faire. La Loi de Dieu n’est pas réservée à des initiés ou à de grands savants, ni aux ceintures noires de la religion ; elle est à portée de tous, des petits enfants comme des adultes, des ignorants et des pauvres comme de ceux qui prétendent  tout  savoir. Elle n’est  pas  là-haut dans les  cieux, ni là-bas au-delà des mers. Cette Loi de Dieu, elle est tout près de toi, dans ta bouche, dans ton cœur et tu peux toujours la mettre en pratique ».

Notre religion, notre vie chrétienne, n’est pas un rêve impossible, pas une utopie irréalisable, pas même une loi extérieure. Elle est réalité quotidienne, à portée de mains, tout autour de moi. D’ailleurs quand on lit l’Evangile, on s’en aperçoit : ceux qui comprenaient le mieux l’enseignement de Jésus, c’étaient les gens simples, les pauvres, les sans culture et même, un jour. Jésus s’écria : « Je te dis merci, Seigneur Dieu, car tu as révélé toutes ces choses aux petits, aux ignorants, alors  que  les sages et les savants n’y ont rien compris ».

Il en a toujours été ainsi : les intellectuels et les savants cherchent dans la religion des choses compliquées, alors que les enfants et les gens simples vont d’instinct à l’essentiel à cause de leur foi, de leur humilité, de leur spontanéité, de leur fraicheur. C’est toute la théologie de la Vierge Marie, « le Magnificat » : il a regardé sa servante, dispersé les orgueilleux, jeté les puissants au bas de leurs trônes, il a élevé les humbles, comblé de biens les affamés ; les riches, il les a renvoyés les mains vides…

La voilà, la vraie révolution, annoncée par une jeune fille de 15 ans, dans un petit  village, il y a vingt siècles ! C’est bien plus subversif que les droits de l’homme ! Révolution de l’amour qui ne désire pas « qu’un sang impur abreuve nos sillons », qui ne nous met pas des armes dans les mains, sinon celles de la douceur, du pardon, de la bonté, de l’attention aux besoins des autres autour de nous. Nous ne formons pas en bataillons, sinon pour gagner la bataille de l’amour et non celle de la haine, de la vengeance expiatoire. Pratiquement, que faire ? Que faire pour aimer ? C’est à chacun de voir et de trouver et pour voir, il faut ouvrir les yeux, être attentifs à ceux qui nous entourent et à ce qui se passe autour de nous.

Alors, pour beaucoup d’entre nous, AIMER, ce sera :

.  Être toujours prêts à rendre service à celui qui est dans le besoin

.  Être attentifs à la personne âgée qui habite à côté

. Accueillir les enfants de la voisine qui n’est pas encore rentrée du travail.

Voyez-vous, Dieu ne nous demande pas de faire des prouesses, ni d’escalader des montagnes, mais de tirer parti de toutes les choses très simples de notre vie quotidienne : en famille, dans le quartier, à l’école ou au collège pour les enfants, au travail, partout…

Pour beaucoup, AIMER, ce sera : prendre position en faveur d’un collègue de travail qui passe une période difficile, ce sera s’engager dans une association contre la faim, contre le sida, contre la torture, pour les vieillards, pour les handicapés.

Pour certains, AIMER, ce sera s’engager dans une action politique, non pas par ambition, mais pour mettre ses compétences au service de la commune, de la région, du pays.

Et pour nous tous, petits et grands, AIMER, ce sera développer ses  talents, ses dons de toutes sortes : dons artistiques, dons scientifiques, dons  d’animateurs  pour  mieux  se  mettre  au service des autres dans la paroisse, le quartier, la commune,…

On découvre alors à quel point, aimer, c’est vivre, c’est vivre à pleins bords. « Aime et tu vivras », nous dit Jésus.

Plus je mettrai d’amour dans mon existence, plus celle-ci sera pleine, active, débordante.

Celui qui n’aime pas, qui vit replié sur lui-même, se contente de vivoter, il est comme un bouton de rose qui refuserait de s’ouvrir et de fleurir comme s’il voulait se garder pour lui-même. Voyez au contraire, tous les grands amoureux, tous ceux qui vivent pour les autres et qui s’engagent avec les autres, ce sont en même temps de grands vivants, plein de vitalité et qui rayonnent la vie, la joie, la joie de vivre.

« Aime et tu vivras », « Replie-toi et tu végèteras ».

Faisons de notre vie cette existence pleine, dynamique, ouverte et l’amour nous dilatera, faisant épanouir notre personnalité.

Alors, nous découvrirons la vraie vie, celle qui a sa source en Dieu puisque Dieu c’est l’amour.  AMEN

 

 




15ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 10,25-37)

Aime et tu vivras

(Lc 10,25-37)…

En ce temps-là, voici qu’un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve en disant : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »
Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? »
L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. »
Jésus lui dit : « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. »
Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? »
Jésus reprit la parole : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort.
Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté.
De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté.
Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion.
Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui.
Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : “Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.”
Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? »
Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »

        

 

            Par la question qu’il pose à Jésus, ce Docteur de la Loi révèle son attitude de cœur vis à vis de Dieu : « « Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? ». Il s’agit donc avant tout pour lui de « faire », en obéissant à la Loi religieuse de l’époque. Et s’il « fait » bien, il aura en récompense, comme un dû, comme un salaire, cette vie éternelle qu’il pense mériter, après tous ses efforts ! Dans cette logique, Dieu n’a pas sa place. L’homme peut très bien se débrouiller tout seul et être son propre juge : « J’ai fait ceci et cela ; objectivement, c’est bien. Je suis quelqu’un de juste, un bon croyant. Je mérite donc la vie éternelle »… Dieu n’a rien à dire. Il ne peut qu’acquiescer et s’exécuter en silence en donnant ce qui lui revient : la vie éternelle. Telle est en fin de compte l’attitude de l’orgueilleux, seul avec lui-même.

            Finesse de Jésus. A sa question, il répond par une autre question, sur la Loi, et il sait très bien que ce Docteur de la Loi la connaît par cœur : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Comment lis-tu ? » Et il répond parfaitement bien : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. » Il ne s’agit donc pas de « faire » mais « d’aimer », de tout son être… Et le premier à « aimer », c’est Dieu, Lui qui, de son côté, ne cesse de nous aimer de tout son Être, puisqu’Il Est Amour (1Jn 4,8.16) : « Je trouverai ma joie à leur faire du bien, de tout mon cœur et de toute mon âme » (Jr 32,41). Notons le verbe employé : ici, c’est Dieu qui « fait », par amour, et non pas l’homme… Et que fait-il ? « Il nous a donné de son Esprit » (1Jn 4,13), un « Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), un « Esprit qui est vie » (Ga 5,25), vie éternelle…

            Dans un tel contexte, que faut-il donc faire pour avoir part à la vie éternelle ? Accepter la relation d’Amour que Dieu veut vivre avec chacun d’entre nous, nous laisser aimer tels que nous sommes, dans la vérité de notre être blessé, et le laisser agir en « médecin » (Lc 5,31), en « Bon Pasteur » : « La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai » (Ez 34,16). Voilà qui est Dieu, et voilà comment « l’homme créé à son image et ressemblance » devrait être (Gn 1,26-28). Et c’est bien l’exemple que donne ici Jésus : un Samaritain, ennemi traditionnel d’Israël, « fut bouleversé de compassion » devant un Israélite blessé par des bandits. « Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin » Alors, « toi aussi : va, et, fais de même ! »                           DJF