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3ième Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 4, 5-42).

Le Don de l’Eau Vive de l’Esprit

 

En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph.
Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi.
Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »
– En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions.
La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains.
Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ?
Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »
Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ;
mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »
La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. »
Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. »
La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari :
des maris, tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. »
La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète !…
Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. »
Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père.
Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.
Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. »
La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. »
Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »
À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »
La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens :
« Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? »
Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.
Entre-temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. »
Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. »
Les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? »
Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre.
Ne dites-vous pas : “Encore quatre mois et ce sera la moisson” ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant,
le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur.
Il est bien vrai, le dicton : “L’un sème, l’autre moissonne.”
Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. »
Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. »
Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours.
Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui,
et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »

            Jésus est sur les routes pour annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume des Cieux, même aux frères ennemis d’Israël, les Samaritains. Il fait chaud et il a marché toute la matinée. A midi, alors que le soleil est au plus haut, il a soif et s’arrête au bord d’un puits. Mais ce dernier est profond et il n’y a rien sur place pour y puiser de l’eau…

            Arrive une femme Samaritaine avec sa corde et son seau… Il est interdit à un Juif de parler à un Samaritain ? Tout comme à un homme d’engager la conversation avec une femme seule ? Qu’importe… Le seul souci de Jésus est son bien, son bonheur, la Plénitude de sa vie. « J’ai soif », lui dit-il pour créer le contact… Et nulle part le texte ne dira par la suite qu’il boira…

            « Si tu savais le Don de Dieu », commence-t-il par lui dire, pour lui « mettre l’eau à la bouche », pour éveiller en elle le désir de découvrir, de recevoir ce Don de Dieu… Si tu savais aussi « qui est celui qui te dit « Donne-moi à boire » »… Elle a en effet sous ses yeux « le Verbe fait chair », « le Fils unique » et éternel du Père (Jn 1,14), Celui que le Père engendre en Fils de toute éternité par le Don de l’Esprit Saint… Il le connaît donc, Lui, le Fils, le Don de Dieu, car c’est grâce à lui et par lui qu’Il Est ce qu’Il Est. Et toute sa mission  consiste à proposer aux pécheurs que nous sommes, à nous dont le cœur ressemble à un désert aride et desséché, ce Don gratuit de l’Amour : l’Eau Vive de l’Esprit Saint (Jn 7,37-39), cet Esprit qui est Vie, « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). Et si le Père engendre le Fils de toute éternité par ce Don de l’Esprit, ce même Don aura en nous, si nous consentons à l’accueillir, les mêmes effets… Nous serons alors tous « fils à l’image du Fils » (Rm 8,29), des créatures resplendissantes de Lumière et de Gloire pour avoir accepté de recevoir le Don de « l’Esprit de Dieu, l’Esprit de Gloire » (1P 4,14).

            « Si tu savais le Don de Dieu et qui est Celui qui te dit « Donne-moi à boire », c’est toi qui lui aurais demandé » poursuit-il, « et il t’aurait donné de l’eau vive »… Autrement dit, Jésus a dit à cette Samaritaine « Donne-moi à boire » en espérant qu’elle lui demandera à son tour « Donne-moi à boire »… Et il fait tout pour qu’elle lui adresse effectivement cette demande, en toute liberté. Alors, il pourra la combler. « Demandez, et vous recevrez… Car quiconque demande reçoit… Si vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent » (Lc 11,9-13), car telle est sa volonté : nous combler par son Esprit.     DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 3ième Dimanche de Carême

« Si tu savais

le don de Dieu »

 

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Jn 4, 5-42)

Nous sommes au chapitre 4 de l’Evangile selon saint Jean. De retour d’un pèlerinage à Jérusalem, Jésus passe par la Samarie pour rentrer en Galilée. C’est alors qu’il fit cette rencontre magnifique avec la Samaritaine.

 

 Et soulignons les mots importants

Samarie : Chaque fois qu’il est question de Samarie, de Samaritain, quelle est la position des juifs ?

Le puits de Jacob : Dans région faite de sécheresse et de désert, quel est le symbole du puits ? Connaissons-nous d’autres passages où le puits joue un rôle important ? (voir par ex. Gn 24, 11 ss ; Gn 29 ; Ex. 2, 15-22)

Jésus fatigué par la route, assis : Quelle est l’importance de ces mots ?

Une femme de Samarie : Savons-nous quelle était la mentalité de l’époque concernant la situation de la femme ?

« Donne-moi à boire ». Cette demande de Jésus déclenche tout.

« Si tu savais le DON de Dieu… et QUI est celui qui te demande à boire ».

« eau vive » : L’eau d’un puits est une eau saumâtre; Jésus parle d’une eau vive  dont il est lui-même la source :  quelle est cette eau vive ?

« source jaillissante pour la vie éternelle » nous savons quelle est cette eau vive qui jaillit en nous ?depuis quand ?

va chercher ton mari : Pourquoi cette demande imprévue de Jésus  à la femme ?

Adorer le Père.

Les vrais adorateurs  adoreront le Père  « en esprit et en vérité » : que veut dire Jésus ?

« Dieu est Esprit » : Pourquoi cette affirmation de Jésus est importante pour notre relation à Dieu ? Et les images, les temples, les églises… ?

Le Messie, celui qu’on appelle Christ

Je le suis moi qui te parle »

Pour l’animateur

– Le Royaume du Nord (capitale Samarie) tombe en 721 aux mains du roi de Babylone. Du mélange des habitants de Mésopotamie et des Israélites restés là, naîtra le peuple samaritain. Entre Juifs et Samaritains, les relations vont progressivement se détériorer. Les Samaritains vont construire leur propre temple sur le mont Garizim. C’est la séparation totale des deux peuples. Les juifs vont jusqu’à traiter les Samaritains de païens et d’impurs. A l’époque de Jésus, n’y a plus de rapport entre Juifs et Samaritains. Cela explique l’attitude de la femme.

– Jésus fatigué du chemin, assis, a soif et demande à boire. Un juif qui manifeste un manque (humanité et fragilité). Mais la demande n’est pas entendue par la femme. Et le refus de la femme va permettre à Jésus de rester assoiffé jusqu’à la fin et en même temps de prendre l’initiative de la rencontre : « si tu savais le don de Dieu …» et l’intérêt de la femme ne sera plus le puits, mais cet homme, ce juif fatigué, assoiffé, qui dans son manque se présente comme celui qui peut donner : et le don proposé n’a plus aucun rapport avec l’eau stagnante du puits : c’est une eau vive.

La Samaritaine, déstabilisée, change son regard sur Jésus. Elle l’appelle « Seigneur ». Elle a rencontré quelqu’un qui a rejoint ses aspirations les plus secrètes.

– Pourquoi Jésus lui demande-t-il d’aller chercher son mari ?

Le puits dans la Bible est le symbole des rencontres amoureuses. (Isaac et Rebecca, Jacob et Rachel, Moïse et Cippora). Cette femme est en face d’un homme pas comme les autres. Elle reconnaît progressivement en Jésus quelqu’un qui dépasse les cinq maris qu’elle a eu. Par sa parole Jésus lui a fait découvrir qu’elle existe autrement que par sa beauté éphémère et que sa dignité de femme est au-delà de sa puissance de séduction.

– En même temps Jésus, sans lui faire de morale, comme le faisaient les prophètes, révèle à cette femme que, par sa conduite, elle est en rupture avec la Loi. Jésus s’est révélé comme don de Dieu, celui par qui une loi nouvelle est proposée. Cette loi n’est pas extérieure à l’homme : elle dévoile sa vérité intérieure. La femme comprend si bien qu’elle en tire les conséquences :  « Je vois que tu es un prophète ».

– Le culte en Esprit et en vérité est celui que chaque croyant habité par l’Esprit rend au Père. C’est un culte intérieur parce qu’il est l’œuvre de l’Esprit : c’est l’adoration véritable que l’Esprit Saint qui est vérité suscite en nous.

Dieu n’est plus relié à une terre, ou un lieu, mais habite dans le cœur de tout homme ; en qui l’Esprit a fait sa demeure.

– « Je le suis » : c’est le titre même du Seigneur au Sinaï. (Ex.3,13-14). Le chemin intérieur que la femme a fait permet à Jésus de se révéler : il révèle qu’il est le Messie, à une femme, une samaritaine, comme il ne fera jamais ailleurs dans l’évangile de Jean. La femme peut abandonner sa cruche : dans sa soif de vivre et d’exister, elle a rencontré quelqu’un qui a mis en elle une source de vie.

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Jésus, nous te contemplons dans ton humanité avec ses limites : tu es fatigué, tu as soif, tu demandes à boire. Aide-nous à aimer notre condition humaine, puisque tu l’as épousée par solidarité et amour pour tous les hommes. Tu es resté libre dans ton cœur par rapport à tous les préjugés raciaux et religieux : c’est à une femme, une Samaritaine, qui en plus n’était pas des plus exemplaires, que tu as demandé à boire. Mieux que cela, tu as pris le chemin qui t’a conduit à son cœur pour qu’elle découvre en toi la Source d’Eau vive.

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

Jésus a trouvé la route qui l’a conduit au cœur de la samaritaine : quelles sont les attitudes qui lui ont permis de trouver cette route ?

Qu’est-ce que nous admirons le plus dans la manière de faire de Jésus ?

Jésus, fatigué, assis et assoiffé, tout Fils de Dieu qu’il est, demande à boire : que nous inspire pour notre vie cette démarche de Jésus ? Aujourd’hui, aurait-il quelque chose à me demander ?

Comme la Samaritaine, beaucoup de personnes de notre temps, et dans notre entourage, ont « faim et soif »,  elles sont en manque :  de quoi manquent-elles ? Que nous faudrait-il faire pour les rejoindre ?

Jésus est-il pour nous ce don de Dieu, cette eau vive qui étanche notre soif de Dieu ? Prenons-nous le temps de puiser à la source ? Comment ?

Comment adorer le Père « en esprit et en vérité » comme Jésus nous le demande ?

 

PRIONS

Heureux les croyants, chrétiens, juifs ou musulmans, en recherche de vraie communion avec le Dieu Unique.

Heureux ceux qui ne s’enferment pas dans l’Eglise comme dans un ghetto. Heureux ceux qui vont à la rencontre de ceux dont l’Eglise est loin : non‑croyants, croyants d’autres traditions religieuses, pauvres et étrangers, hommes et femmes d’autres cultures.

Heureux ceux qui cheminent avec les autres et se rappellent la lenteur de leur propre cheminement.

Heureux ceux qui se croyaient exclus et qui se sont sentis écoutés et accueillis.

Heureux ceux qui savent écouter la richesse inédite des autres.

Heureux ceux qui, en parlant des pauvres et des exclus quand ils sont lointains, ne restent pas sourds à leurs cris et à leurs paroles quand ils sont proches.

Heureux ceux qui ne fuient pas les conflits mais qui cherchent à les gérer en refusant toujours de tuer, mépriser, avilir ou humilier leurs adversaires.

Heureux ceux qui acceptent d’aimer même ceux qui refusent de les aimer.

Heureux les humbles. Ils aimeront comme Dieu.

Heureux ceux qui espèrent toujours : ils trouveront la route qui conduit au cœur des autres et de Dieu.

 

 

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2ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (Mat 17, 1-9)

  « Il est bon que nous soyons ici ! » 

Nous avons tous connus des moments où nous nous trouvions dans un bonheur extrême, dans des situations diverses et différentes, où l’amour ou la satisfaction sont toujours présents, que ce soit une rencontre amoureuse, la naissance d’un enfant, ou une promotion professionnelle inattendue, ou … et on aurait aimé que ce moment dure longtemps …

Et cela se voit sur notre visage, où le bonheur transparait …

Malheureusement, cela ne dure pas tellement longtemps … parce qu’il faut revenir à la réalité humaine … et reprendre la vie de tous les jours !

C’est un peu ce qui est arrivé aux trois apôtres, Pierre, Jacques et Jean, montés avec Jésus sur « une haute montagne », assimilée le plus souvent avec le mont Thabor …

Avec quand même une grosse différence, c’est que là, dans l’évangile, ce ne sont pas les apôtres qui sont « transfigurés », mais le Seigneur Jésus, qui se montre tel qu’il est dans sa réalité.

Et cette vision de Jésus transfiguré, éblouissant de lumière, accompagné de Moïse et d’Elie, représentant la Loi et les Prophètes, eux qui avaient rencontré Dieu sur le mont Sinaï et le mont Horeb, permet de faire le lien entre Jésus et ce qu’il y avait avant, ce qu’on appelle l’ancien testament : Les paroles de Dieu transmises à Moïse sont à écouter au même titre que celles de Jésus, qui vient pour accomplir la Loi, et les enseignements ou les reproches faits par Jésus aux « croyants », pharisiens ou docteurs de la loi, ou aux publicains, sont à prendre pour nous au même titre que ceux faits par les prophètes en leur temps.

Devant un tel spectacle, ils tombent comme en extase … et voudraient que cela dure toujours : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. ».

Mais aussitôt, une nuée lumineuse, comme pendant l’exode, survint, et une voix leur dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! ».

C’est Dieu qui parle ! Mais nul ne peut voir Dieu sans mourir.

Alors ils se prosternent devant lui, « face contre terre et furent saisis d’une grande crainte. ».

Ils n’ont pas vu Dieu, seulement entendu …

Qu’importe : ils ont peur de mourir !

Une réaction qui peut nous paraître puérile, à notre époque, car nous savons combien Dieu est bon et aimant, mais pas à ce moment-là.

Pourtant, ce ne sont pas les apôtres qui ont voulu voir Dieu, … mais c’est lui-même qui s’est fait connaître, … lui qui s’est approché d’eux … dans son amour …

Alors Jésus s’approche d’eux … calmement, doucement, … et furtivement les touche, comme une mère qui prend soin de ses enfants apeurés : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! », dans le sens de « n’ayez pas peur ! ».

Il faut dire que la Transfiguration a lieu dans un moment difficile pour Jésus et les apôtres : Pierre venait de reconnaître en Jésus « le Christ, le Fils du Dieu vivant ! », Jésus avait fait la première annonce de sa passion, avait prévenu les apôtres qu’il leur faudrait prendre leur croix pour le suivre, et que malgré tout, ils se dirigeaient fermement vers Jérusalem …

Si pour les trois apôtres, cela leur a permis d’avoir une petite idée de la Vie Éternelle, il n’en était pas de même pour les autres. C’est pourquoi « Jésus leur donna cet ordre : ’’Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts’’. »

Pour tous, en effet, il leur faudrait chacun traverser leur Pâque, porter leur(s) croix, mourir pour enfin ressusciter … et pouvoir planter leur tente auprès de Jésus dans la vie éternelle …

Seigneur Jésus,

tout le monde aurait voulu

être présent avec toi sur le mont Thabor,

te voir dans la lumière du  ressuscité …

Mais il nous faudra,

comme pour les trois apôtres,

d’abord porter nos croix à ta suite

pour être admis auprès de toi

dans le bonheur de la vie éternelle.

 

Francis Cousin    

   

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Image dim Carême A 2°




Rencontre autour de l’Évangile – 2ième Dimanche de Carême

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé,

en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le »

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Mt 17, 1-9) 

Jésus pour la première fois a annoncé à ses disciples qu’il aura à subir l’épreuve de la Passion et de la Mort. Pierre n’arrivant pas à accepter qu’une telle chose puisse arriver à son Maître lui a fait des reproches et a tenté de le détourner du chemin qui doit le mener au bout de sa solidarité avec notre humanité pécheresse. Et Jésus repousse Pierre, car il reconnaît dans son intervention une nouvelle tentative de Satan pour l’empêcher de remplir sa mission.

Soulignons les mots importants       

Pierre, Jacques et Jean : A plusieurs reprises il est question de ces trois compagnons que Jésus prend avec lui. Cherchons ensemble.

Sur une haute montagne : Que signifie la montagne dans la Bible ?

Il fut transfiguré : Quelle pouvait être la tentation principale de Jésus, lui le Fils du Dieu Saint ?

Moïse et Elie : Rappelons-nous qui sont ces personnages bibliques. Pourquoi apparaissent-ils sur la montagne aux côtés de Jésus ?

Une nuée lumineuse : Dans la Bible, à quel événement important du peuple hébreu nous fait penser cette nuée ?

Mon Fils bien-aimé : ce chiffre revient plusieurs fois dans Bible : on peut chercher ensemble ?

En qui j’ai mis tout mon amour ? A quel autre moment Jésus a entendu cette parole du Père ?

Ecoutez-le: Quelle est l’importance de cette parole concernant la personne de Jésus ?

Frayeur: Pourquoi cette frayeur des compagnons de Jésus ?

Jésus s’approcha, les toucha…Relevez-vous et n’ayez pas peur : qu’est-ce que  ces attitudes nous révèlent  de Jésus ?

Jésus seul : Qu’est-ce que Matthieu veut souligner ?

 

Pour l’animateur 

 Le récit de la transfiguration est rempli d’allusions à l’Ancien Testament qui est la clé de lecture pour bien entrer dans la signification de cet événement important dans la vie terrestre de Jésus. Au chapitre 24,9 de l’Exode, nous voyons Moïse qui va sur la Montagne avec trois compagnons et qui bénéficie lui-même d’une transfiguration. Jésus est donc bien pour Mathieu le « nouveau Moïse » qui prend la tête du Peuple de Dieu et qui va lui donner sa Loi.

Jésus prend avec lui Pierre Jacques et Jean également au moment où il ressuscite la fille de Jaïre (Lc 8, 51) et à Gethsémani durant son agonie (Mt 26, 37).  Ce sont des témoins privilégiés à des moments très importants et significatifs de la mission de Jésus : le chemin de la résurrection et de la gloire passera pour Jésus par la Passion et la mort. Les trois disciples qui accompagneront le Maître en son épreuve ont par avance la vision de sa gloire.

La Montagne n’est pas tellement ici un lieu géographique, mais un « lieu théologique », c’est à dire le lieu de la rencontre avec Dieu qui se révèle. Peut-être s’agit-il du Thabor, selon une tradition très ancienne ; peut-être aussi le mont Hermon, tout au nord de la Palestine. Dans ce récit, la Montagne est le lieu de la révélation du Fils de Dieu. C’est un nouveau « Sinaï ».

Transfiguré : Jésus est doté de l’éclat des personnages célestes. « Son visage brilla comme le soleil ». Matthieu rappelle la promesse faîte aux croyants :  « ils resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père » (Mt 13, 43).  Jésus est donc le premier et le guide de tous ces fils du Royaume.

La nuée lumineuse est le symbole biblique de la présence de Dieu : durant le passage de la Mer Rouge (Ex. 13, 21) elle symbolisait Yahvé qui marchait avec son peuple, sur la Montage du Sinaï (Ex19, 16) elle symbolise le Dieu de l’Alliance qui donne à Moïse le Décalogue et durant le séjour au désert, cette nuée remplissait la Tente de la Rencontre (Ex 40, 34) symbole de Dieu qui demeure au milieu de son Peuple.

La présence de Moïse et d’Elie qui symbolisent la Loi et les Prophètes montre bien que Jésus est le Nouveau Moïse qui accomplit toutes les Ecritures.

C’est donc lui que le Père demande « d’écouter ». Ecouter Jésus, c’est écouter le Dieu d’Israël son Père, selon le premier commandement du Décalogue (Dt 6,4). Voir aussi Dt 18, 15 :  « Yahvé ton Dieu suscitera  pour toi, du milieu de toi, parmi tes frères, un prophète comme moi que vous écouterez. » Cette promesse s’accomplit en Jésus.

La peur et la prostration, c’est la réaction de l’homme devant la manifestation divine : comme le prophète Daniel lors de la vision du Fils de l’homme (Daniel 10, 9-13).

Quand Jésus, l’ami délicat,  vient les relever et les rassurer, il est seul. Jésus suffit comme  docteur de la Loi parfaite et définitive. Les trois compagnons sont assurés que Jésus  est bien «le Christ, le Fils du Dieu vivant » selon la profession de foi de Pierre. (Mt 16,15)

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS :     

Jésus, tu as voulu vivre notre vie humaine en tout sauf le péché. Aujourd’hui, tu nous révèles la plénitude de ta personnalité qui était masquée dans la mission du Serviteur doux et humble que tu es. Nous savons que tu accomplis toutes les Ecritures. Nous accueillons avec joie la parole de ton Père :  « Tu es mon Fils bien-aimé du Père, en lui j’ai mis tout mon amour. » Quand nous te regardons accueillir, guérir, pardonner…nous savons que c’est le Père qui aime et se révèle en tout ce que tu fais. Nous savons que t’accueillir, Toi, c’est accueillir le Père. T’écouter, Toi, c’est écouter le Père.

   

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

La Transfiguration de Jésus est une promesse pour tous ceux qui le suivent au milieu des épreuves :  Comment vivons-nous l’Espérance dans les épreuves de la vie ?

Quelle est notre foi en la résurrection, en la transformation totale de notre être ?

Le dynamisme de vie reçu à notre baptême fait de nous des fils et des filles bien-aimés du Père, tandis que le Pain de vie de l’Eucharistie est un gage de résurrection : y croyons-nous vraiment ?

Le Père nous demande d’écouter son Fils : quels sont tous les moyens ou les lieux qui sont à notre disposition pour cette écoute ?

En son Fils il a mis tout son amour et il nous a tout dit : ne sommes-nous pas tentés parfois d’aller chercher ailleurs d’autres révélations.

Voici ce que dit saint Jean de la Croix : « Celui qui voudrait interroger Dieu et lui demander une révélation, Dieu pourrait lui répondre : « Puisque je t’ai dit toutes choses dans ma Parole, qui est mon Fils, il ne me reste plus rien à te répondre et à te révéler. Fixe les yeux sur lui seul, car j’ai tout renfermé en lui : en lui j’ai tout dit et tout révélé »

 

Ensemble prions

Seigneur Jésus, tes disciples avaient cru te découvrir et te tenir une bonne fois. C’était sur le Thabor : « Dressons ici trois tentes ». Mais comme si rien ne s’était passé, tu es redescendu parmi les hommes.

Seigneur, nous te cherchons trop souvent dans le ciel, toi qui nous précèdes chez nos frères, toi qui te reconnais parmi les petits.

Seigneur qui illumines le visage de celui qui te rejoint, donne à chacun de nous d’être pour ses frères image de Dieu, visage du Père.

Mets en nous ton Esprit. Et nous qui te cherchons dans l’obscurité de la foi, nous serons, comme tu le fus au Thabor, transfigurés.

 

Chant : Ecoute la voix du Seigneur  p. 288 (carnet paroissial)

 

 

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2ième Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 17, 1-9).

Jésus transfiguré, révélation vivante

du Royaume des Cieux

 

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne.
Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »
Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte.
Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! »
Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul.
En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »

 

             Jésus vient d’annoncer pour la première fois à ses disciples sa Passion, sa mort et sa résurrection désormais toute proches (Mt 16,21-23). Eux qui croyaient siéger un jour à droite et à gauche de son trône dans le palais royal de Jérusalem (Mc 10,37) ! Et pour ce qui est de la résurrection, ils n’y comprennent rien (Mc 9,32) ! De plus, Jésus les a invités à prendre eux aussi leur croix à sa suite ! Et il a ajouté juste après : « Il en est d’ici présents qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venant avec son Royaume » (Mt 16,24‑28). Jésus est donc bien Roi, avec un Royaume, mais quel est-il ?

            L’épisode de la Transfiguration répond à toutes ces questions. La Lumière qui semble jaillir de son visage et de ses vêtements est celle-là même qui resplendira dans les ténèbres du tombeau au jour de la Résurrection. Elle est la Lumière de l’Esprit qui, au sommet de cette « haute montagne », « a resplendi aussi dans le cœur des disciples pour faire briller la connaissance de la gloire de Dieu qui est sur la face du Christ » (2Co 4,6). « Par ta Lumière, nous voyons la Lumière » (Ps 36,10)…

« Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5), et le Fils est « de même nature que le Père » en tant que « Lumière né de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo). De toute éternité, il est « engendré » par le Père, il reçoit du Père la Plénitude de la nature divine qui est « Esprit » et « Lumière ». Au moment de la Transfiguration, le Père comble également les disciples de ce même Esprit qui va alors « illuminer les yeux de leur cœur pour leur faire voir ces trésors de gloire » (Ep 1,17-21) qui sont dans le Fils mais aussi, en cet instant, en eux… Ils voient « le Fils de l’homme venant avec son Royaume », ils le voient, ils le vivent, car ils sont unis à Lui dans la communion d’un même Esprit… Et « le Royaume des Cieux est » justement « paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17).

« Le fruit de l’Esprit est joie » (Ga 5,22). « Il est donc heureux que nous soyons ici », de cœur, expérimentant, en le vivant, cette unité d’Esprit avec Dieu… Et c’est toujours ce même Esprit qui, au moment de la Passion, donnera à Jésus la force de vaincre le mal par le bien (Rm 12,21), en répondant à la haine par l’Amour et le Don de soi pour ceux-là même qui le tuaient… « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). Et c’est ce même Esprit qui se proposera à la foi des disciples pour les soutenir aux jours où, eux aussi, devront porter leur croix à la suite de leur Maître (Mt 10,17-20)… Avec lui et grâce à lui, le temps de la croix sera aussi celui de la Lumière, de la Gloire et de la Joie…         DJF




2ième Dimanche de Carême – Homélie du Père Louis DATTIN

Transfiguration

 Mt 17, 1-9

En repensant à ce qu’était la religion de mon enfance, je pense aussi aux plus anciens parmi nous : que nous avait-on appris ? Que « vivre en chrétien », c’était essentiellement de ne pas faire de péché mortel pour pouvoir aller au ciel après la mort.   Notre vie sur la terre avait comme but essentiel de nous préparer à aller au ciel après la mort.

Pourquoi faisait-on baptiser les enfants ? Parce que, sans Baptême, ils ne pouvaient pas aller au ciel après la mort. Le Baptême était comme le ticket d’entrée pour le ciel. Si on allait à la messe tous les dimanches, c’était pour nous rappeler que nous ne sommes sur la terre que pour mériter le ciel après la mort. On nous disait même qu’il fallait pour cela se résigner aux souffrances de ce monde puisqu’elles seraient récompensées par le bonheur du ciel après la mort.

Et puis, peu à peu, on a pris conscience que la vie sur terre n’était pas simplement faite pour parvenir au ciel après la mort mais qu’elle avait déjà une grande valeur en elle-même et pour elle-même. Notre vie familiale, notre vie professionnelle, notre vie de loisirs : c’est à travers tout cela que nous nous construisons nous-mêmes et que nous contribuons à construire le monde, à le faire progresser, à le rendre plus beau, plus amical, plus heureux.

Que notre société progresse vers plus de justice et de solidarité entre nous, entre tous, n’est-ce-pas à cela que Dieu nous appelle ? De là, les engagements que les chrétiens ont pris dans la politique, le syndicalisme et les activités culturelles ou caritatives de toutes sortes : « Le Royaume de Dieu, il doit être déjà parmi vous ».

Mais alors, ne risque-t-on pas de tomber dans un excès opposé au premier ! Ne plus vivre que pour cette vie terrestre ?

Ce récit de la Transfiguration que nous venons d’entendre, alors que pendant ce Carême, nous essayons de monter vers Pâques, nous rappelle que si notre vie sur terre a une immense valeur, elle n’est pas pour autant le tout de la vie. Notre vie de maintenant ne trouvera jamais son épanouissement définitif sur la terre. Nous sommes faits pour une plénitude, pour un accomplissement que nous n’atteindrons jamais ici-bas.  Bien sûr, nous devons nous battre pour une vie meilleure pour tous, mais notre vie sur terre restera toujours fragile et limitée.

Cet Evangile d’aujourd’hui nous rappelle donc le grand dessein de l’amour de Dieu : c’est qu’au-delà de la vie terrestre, nous parvenions à une vie totalement transfigurée dans la plénitude de la vie de Dieu.  Il ne s’agit pas, comme le désirait St-Pierre, de s’installer : « Une tente pour Jésus, une pour Elie, une pour Moïse et une quatrième pour nous” », il s’agit d’avancer, il s’agit de partir comme Abraham, aller planter sa tente ailleurs.

Comme les trois apôtres de Jésus, nous partons, nous cheminons avec le Seigneur vers cette plénitude de gloire et d’amour.  Mais ce cheminement ne se fait qu’à travers les imprévus et les péripéties de notre vie.

Jésus va bientôt rencontrer l’opposition des autorités religieuses de son temps qui le condamneront à mort et nous-mêmes, nous affronterons les problèmes quotidiens avec des échecs peut-être et finalement la mort. Mais au-delà du Calvaire, il y aura Pâques ; la Résurrection de Jésus ! De même, au-delà de notre mort, il y aura la vie en plénitude avec Dieu, avec Jésus.

Il n’est pas étonnant que les disciples se sentent bien au moment de la Transfiguration, dans cette lumière, dans cette douceur, et tous les hommes sont tentés d’arrêter leur vie au moment où elle prend un visage glorieux comme c’est le cas, sur le mont Thabor, ce soir-là.  Mais les apôtres sont vite ramenés à la réalité parce que les haltes de la vie ne sont jamais permanentes et les gens qui s’assoient sur leur bonheur se trompent de paradis.

Plus qu’un spectacle, la Transfiguration de Jésus est un appel au monde à se transfigurer, à se laisser illuminer par le divin qui l’habite.  C’est ce que St-Paul exprimait : « Et nous tous, qui, le visage découvert, réfléchissons, comme un miroir, la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, toujours plus glorieuse ».

La vie du chrétien devrait refléter la beauté de l’œuvre de Dieu, la grandeur de la gloire de Dieu. Sommes-nous des miroirs de Dieu ?  Vous savez comment font les opérateurs de cinéma pour mettre de la lumière dans la scène qu’ils vont filmer : ils utilisent de grandes plaques de métal qui captent le soleil et font dévier cette lumière sur le visage des personnages.

Captons-nous assez de soleil de Dieu pour que nos visages soient assez lumineux, assez illuminés, pour qu’on puisse dire : « Ce n’est pas sa lumière à lui, c’est la lumière de Dieu, en lui, sur lui ».

Sommes-nous, aux yeux des autres, assez transfigurés pour que les autres, en nous voyant, puissent deviner au-delà de nous-mêmes, qu’il y en a un Autre qui nous illumine et dont la lumière est capable d’éclairer les autres ? Trop souvent, nous donnons une image d’une croix sans espérance, comme si la Passion était un idéal de vie et nous sommes rejetés à cause de notre passivité.

Un chrétien, et c’est d’ailleurs pour cela qu’il vit son carême, devient toujours vainqueur de la mort. Il est un ressuscité tout de suite parce qu’il est un baptisé c’est-à-dire un vainqueur de la mort.  La terre n’est pas une espèce de purgatoire attendant je ne sais quelle espérance dans un monde à venir.

Le chrétien est déjà un homme libéré et libérateur. Bien sûr, il y a toutes les difficultés de la vie, mais ces épreuves n’en font pas un vaincu qui crie au secours dans une perpétuelle prière plaintive.

Le chrétien vivant possède en lui la vie capable de vaincre toutes les morts, y compris celle de son égoïsme et de son orgueil.
Un chrétien, lui aussi, doit entendre la voix de Dieu proclamer : « Celui-ci est aussi mon Fils bien-aimé ». Le Fils bien-aimé du Père et cela doit transparaitre, étonner, irradier !

Notre vie chrétienne n’est pas pour plus tard, elle est pour maintenant et aussi pour demain.  La vie de Dieu devrait déjà nous transfigurer, nous illuminer, éclairer notre entourage. Nous devons être déjà les plus beaux des enfants des hommes, non pas par l’harmonie des traits de notre visage, mais par ceux de la beauté que donne la paix, la certitude d’être aimé superbement.

Notre présence aux autres devrait être si tonifiante qu’elle donne aux hommes qui nous côtoient le goût de dire comme St-Pierre : « Il fait bon chez vous. Nous voudrions y construire notre maison ». C’est cette espérance-là, une espérance pas pour demain, mais pour aujourd’hui, qui doit illuminer notre vie.

Il n’y a pas opposition entre notre vie quotidienne (notre travail, notre vie de famille et tous nos engagements) et la vie avec Dieu après la mort. Pas d’opposition, mais continuité et transfiguration éternelle de tout ce que nous aurons réalisé
ici-bas : rien ne sera perdu, tout sera transfiguré ! AMEN




1er Dimanche de Carême – Homélie du Père Louis DATTIN

Tentations au désert

Mt 4, 1-17

Ce récit des tentations, que nous venons d’entendre est comme un trousseau de clés, qui nous permet d’ouvrir à la fois la porte la plus secrète des faiblesses dans le cœur de l’homme et la porte la plus secrète des forces de Dieu dans le cœur de Jésus.

Ce récit-là, c’est déjà tout l’Evangile en abrégé : il est comme un guide de vie spirituelle. Si cet Evangile est le premier pour le 1er dimanche de notre entrée en Carême, il est comme un panneau-guide, en début du « parcours spirituel » qui nous indique à l’avance les embûches à éviter, les obstacles à franchir et les bonnes pistes à adopter.

Nous aussi, comme Jésus, pendant 40 jours, nous pouvons être poussés par l’Esprit, conduits par lui pour aller dans le désert : ce lieu de silence, de recueillement, où Dieu parle au cœur. Il ne s’agit pas pour nous d’un désert matériel : inutile d’aller jusqu’à la Plaine des Sables. C’est en nous qu’il faut le créer, ce désert : recueillant silence, prière pendant 40 jours, comme Jésus, uni à son père, réalisant mieux ce qui va devenir sa mission, prenant davantage conscience de la volonté du Père ; faire de votre carême, une véritable ‘’retraite’’ intérieure pendant 40 jours, jusqu’à Pâques, unis à Jésus, unis à son père, où le Seigneur lui-même nous parlera au cœur, où il nous dira de façon plus claire quelle est notre mission : la volonté du Père sur nous.

Dès qu’il y a désert, retraite, prière, vie plus intérieure, et plus spirituelle, apparait tout de suite et en même temps : la tentation. C’est normal ! Satan s’attaque en priorité à ceux qui essaient de chercher Dieu. Pour les autres, ceux qui ne cherchent pas Dieu, Satan n’a pas besoin de s’occuper d’eux.

Si bien, voyez-vous, que la tentation est plutôt un bon signe ! Si vous êtes tentés, si vous avez des tentations, j’allais dire : ‘’réjouissez-vous’’, car Satan n’attaque que ceux où Dieu est présent.

« Mon Père et moi, nous ferons chez lui notre demeure ».

Satan ne va pas assiéger des villes qui lui sont déjà acquises : il va d’abord attaquer les places fortes de Dieu, ce qui explique que les saints ont souvent été soumis à des tentations bien plus fortes et bien plus dures que les nôtres.  Alors, avec Jésus-Christ au désert, à l’écoute de son Père qui va lui faire découvrir sa mission, le mauvais va frapper fort. Devant Jésus, il joue son va-tout et il ne va plus le laisser tranquille jusqu’à Gethsémani, jusqu’à la croix, jusqu’au dernier moment où le Seigneur va crier : « Père, Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». « Père, je remets mon âme entre tes mains ».

C’est la Résurrection du Christ qui signera définitivement la défaite finale du mal et du malin.  Pour le moment, Satan va déployer toute sa panoplie de tentations, depuis les plus grossières jusqu’aux plus subtiles.  Comme tout ennemi, il va d’abord chercher sont les points faibles de son adversaire.

  • Jésus jeûne : il a donc faim, c’est son point faible. Il faut donc l’attaquer par là.

« Si tu es le fils de Dieu » : admirez le « si ». Satan sait très bien que Jésus est le Fils du Père : mais cela fait partie de sa tactique,  » mettre en doute « , dans le flou, on ne sait plus très bien où est la vérité… qui on est ? Quelle est notre mission ? Satan passe à l’attaque de cet homme affamé : « Ordonne que ces pierres deviennent des pains ».

Rappelez-vous c’était la même tentation alimentaire et matérielle à l’égard des hébreux dans le désert : « Ah ! Si nous avions au moins les oignons que nous mangions en Egypte tandis qu’ici, nous crevons de faim » … et Dieu leur offre la manne.

Tentation de sensualité qui s’adresse aux instincts de conservation, de protection ; instincts physiques qui sont bons mais que Satan veut détourner : « Que ces pierres deviennent des pains ».

Tentation de facilité si présente dans notre monde.

Tentation du « tout et tout de suite ».

Le désert est le lieu des mirages. Dans une tentation, Satan se sert

de notre imaginaire pour nous faire croire possible ce qui ne l’est pas.  Jamais des pierres ne sont devenues ‘’pains’’ et Jésus répond par une citation de l’écriture. Nous aussi, nous ne trouverons les véritables « réponses » à nos tentations que dans la Parole de Dieu : notre Bible, notre Evangile sont le réservoir de nos forces contre Satan, contre ses insinuations.

 « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre : mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».

Ecouter ce que dit Dieu, au lieu de prêter l’oreille à ce qu’insinue Satan. Jésus l’appelle « le prince du mensonge ».

  • Attention, ce n’est pas parce qu’une tentation est repoussée que Satan s’avoue vaincu : il attaque dans un autre secteur de votre vie si le précédent s’est montré assez fort. Il remet ça d’une façon différente dans une 2e tentation :

« Jette-toi en bas du temple » et puisque Jésus a utilisé l’Ecriture Sainte, eh bien, lui aussi, Satan, va l’employer :

« Les anges vont te porter sur leurs bras, ton pied ne heurtera pas la pierre » (psaume 90). « Si tu arrives, entouré d’anges, au pied du temple : inutile d’aller ensuite comme un vagabond, de village en village, annoncer que le Royaume de Dieu est proche.

Tout de suite, ils verront que tu es le Messie : un tour de magie ou deux, et voilà ! Le tour est joué, ils sont à tes ordres ».

Prestige immédiat, pas de contestations possibles :

« Ils auront vu sans avoir cru  » !

A quoi bon ces trois années de mission ? Un miracle spectaculaire n’est-il pas plus payant que des mois et des mois de prédication au milieu d’une foule qui croit bien plus aux miracles d’un jour qu’au dévouement quotidien ?

L’homme n’est pas fait pour demander des miracles à Dieu, il est fait pour vivre avec Jésus, en communion quotidienne, comme un fils avec son père et non pas comme un apprenti avec son patron sorcier.

Tentation du prestige facile, « de la poudre aux yeux », d’en mettre « plein la vue ».

 Tentation d’une Résurrection sans Passion préalable :

  . Evacuer le pénible

  . Réussir sans efforts

  . Devenir une idole et non pas un compagnon de vie

  . Admirer plutôt qu’aimer

  . L’artificiel au lieu du naturel

  . Le clinquant au lieu du vrai

  . Le paraitre au lieu de l’être

Non pas demander des miracles à Dieu, mais, lui demander assez de forces, assez d’amour pour vivre à plein mon existence ordinaire, celle de tous les jours.

            Ne pas tenter Dieu en lui demandant des signes mais le prier en lui demandant notre « pain quotidien ».

  • 3e tentation : « Je te donnerai le monde si tu m’adores ». Satan offre à Jésus ce qui lui appartient déjà ! Il continue à mentir.

Tentation de domination, du pouvoir : être maitre du monde : Jésus adorant Satan ! Vous vous rendez compte ? Alors que Jésus est tout et que Satan n’est rien et qu’il a été définitivement vaincu à la mort et à la Résurrection du Christ.

Il joue simplement son va-tout avant de disparaitre mais il reviendra et Jésus le trouvera toujours présent, à côté de lui jusqu’au Calvaire.

Il sera aussi toujours à côté de nous jusqu’à notre mort. Toute notre vie chrétienne est faite de choix successifs.  A chaque fois, j’ai à opter : les pierres ou le pain, le miracle ou la foi, le pouvoir ou le service.

 Le Carême, c’est ce même choix à refaire pour tout croyant : opter pour Jésus ou pour ses adversaires, pour la mort de Jésus en moi ou pour sa vie avec moi !

Se convertir, dans notre vie, c’est lutter, c’est combattre, c’est contredire Satan par la Parole de Dieu, par des actes contraires à ceux qu’il nous suggère.

A chaque fois, avoir le courage d’opter pour les valeurs de l’Evangile. Dieu seul est Dieu et il n’y a pas d’autres dieux que lui : ce Carême nous est donné pour nous libérer des faux dieux. AMEN




Rencontre autour de l’Évangile – 1er Dimanche de Carême

« Ce n’est pas seulement de pain

que l’homme doit vivre… »

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Math 4, 1-11)

Aussitôt après son baptême, qui a été pour Jésus une révélation lumineuse de son identité de Fils bien-aimé du Père et de sa mission. De Serviteur, Jésus est poussé par l’Esprit-Saint au désert, et là, le Fils de Dieu fait homme est sérieusement mis à l’épreuve par l’Adversaire de Dieu.

 

 Et soulignons les mots importants

Après son Baptême : rappelons-nous ce qui s’est passé au baptême et la signification de la démarche de Jésus.

désert : Rappelons-nous l’histoire du peuple Hébreu au désert : a quelle tentation il avait succombé ? Quelle est la signification spirituelle du désert ?

pour être tenté : Quelle pouvait être la tentation principale de Jésus, lui le Fils du Dieu Saint ?

par l’Esprit : De quel Esprit s’agit-il ?

le démon : qui est ce personnage qui se met en travers de la route de Jésus ?

quarante : ce chiffre revient plusieurs fois dans la Bible : on peut chercher ensemble ?

Le tentateur: c’est le même que celui de la Genèse avec Adam et Eve. Son but avec Jésus est toujours le même : lequel ?

Si tu es le Fils de Dieu: Pourquoi le démon commence par ces mots

Il est écrit : Jésus cite les Ecritures. Le tentateur aussi. Pouvons-nous percevoir quelle est la différence d’attitude de l’un et l’autre par rapport aux Ecritures ?

Ce n’est pas seulement de  pain que l’homme doit vivre : Quel sens large pouvons-nous donner à ce mot  « pain »

Arrière, Satan ! Cette parole rappelle un passage de Jésus avec l’apôtre Pierre. A quel moment ?

Pour l’animateur

A son Baptême, rempli de l’Esprit-Saint, Jésus a eu une conscience claire de sa filiation divine. C’est par là que le tentateur va l’attaquer : « si tu es le Fils de Dieu » Jésus se voit ainsi tenté de vérifier à son profit la puissance qui est la sienne comme Fils de Dieu. C’est la tentation fondamentale de Jésus : au lieu de vivre sa mission de Fils de Dieu comme une soumission confiante au Père, en prenant le chemin du Serviteur, Jésus a été tenté de réaliser sa mission en utilisant sa puissance divine pour en tirer des avantages terrestres. Si Jésus est poussé par l’Esprit Saint, c’est que Dieu veut que son Fils commence sa mission en affrontant son adversaire pour le repousser.

Autrefois au cours des quarante années au désert le peuple d’Israël avait fait l’expérience d’un pain de misère pour qu’il ait faim de la Parole ; il avait fait également la triste expérience du doute à l’égard de la puissance divine et avait succombé à l’idolâtrie. Jésus cite précisément des paroles du Deutéronome (8, 3 et 6, 16) qui rappellent les tentations du peuple Hébreu, qu’il revit personnellement mais pour les repousser.

Mais tandis que Jésus cite les Ecritures par fidélité à la Parole de Dieu, le démon utilise les Ecritures dans une intention perverse, pour pousser Jésus à s’en servir de façon magique, à son profit : pour calmer sa faim, pour que Dieu vole à son secours, (piège du prestige) pour le pousser vers l’idolâtrie du pouvoir terrestre.

Jésus comme Fils de Dieu est « Messie Royal » : le diable lui fait l’offre d’un pouvoir et d’une puissance politiques. Tentation d’un messianisme politique et terrestre, que le Messie rejette comme une infidélité à son Père et une idolâtrie : il refuse de prosterner devant les forces ambiguës du pouvoir. C’est seulement de la main de son Père qu’il acceptera de recevoir tout pouvoir, quand il sera vainqueur de la mort.

Le tentateur, Satan, n’a qu’un seul but  depuis le début : tromper l’homme, le détourner de Dieu, l’entraîner sur le chemin de la suffisance et de l’orgueil, et ainsi d’essayer de faire rater le Projet de Dieu qui veut que l’homme réussisse sa vie en communion avec lui, dans l’humilité et la confiance. Jésus, l’homme-Dieu, déjoue les pièges de Satan.

La tentation du disciple de Jésus sera toujours de faire confiance à ses propres forces au lieu de s’en remettre à Dieu son Père. Tentation devenir esclave des nourritures terrestres (pain) (société de consommation et de confort) qui ne peuvent pas à elles seules combler le cœur de l’homme. Il lui faut le pain de la Parole de Dieu.

Il sera aussi tenté de mettre Dieu à l’épreuve pour vérifier si vraiment sa protection est assurée. « Je fais telle et telle démarche, je verrai bien si tu es vraiment Dieu ! »

Il sera aussi tenté de se prosterner devant le pouvoir humain  ou  tenté de tout sacrifier pour arriver au pouvoir et à la domination.

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Jésus, tu es le Fils bien-aimé du Père. En toi, l’Esprit-Saint a toujours été à l’œuvre pour te rendre fort contre l’Adversaire et fidèle à la volonté du Père. Nous te rendons grâce, nous te bénissons pour ce chemin que tu ouvres pour nous, tes disciples, les enfants bien-aimés du Père. Garde-nous de cette tentation de vouloir abandonner cette vocation première qui est la nôtre pour prétendre trouver ailleurs la réussite de notre vie.

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

Comment se présentent dans nos vies, aujourd’hui, les trois tentations que Jésus a connues ? Autrement dit, comment notre vie de fils et de filles de Dieu sont mises à l’épreuve aujourd’hui ?

–  épreuve du matérialisme (tentation de chercher ses sécurités dans les choses, dans les biens matériels….oubliant que  « l’homme ne vit pas seulement de pain » (à l’opposé de la recherche du vrai sens de sa vie en se nourrissant de la Parole de Dieu)

–  tentation d’utiliser Dieu à son profit en voulant forcer son intervention en notre faveur moyennant des démarches religieuses intéressées. (à l’opposé de l’attitude filiale et confiante)

– tentation de vouloir réussir sa vie par la domination, tentation du pouvoir pour le pouvoir, de prétendre ne pas avoir besoin de Dieu… (à l’opposé de l’humilité et du service)

La tentation la plus grave : celle de désirer prendre un autre chemin que celui où le Seigneur nous a appelés : être ailleurs que dans mon Eglise si je suis chrétien, ailleurs que dans mon foyer, si je suis marié ; ailleurs que dans ma famille religieuse si je suis religieux ou religieuse, ailleurs que dans mon ministère si je suis prêtre …ailleurs que là où mes responsabilités me demandent d’être. Ce fut la tentation de Jésus : celle d’être sur un autre chemin que celui voulu par son Père : humble Serviteur et solidaire de ses frères.

 

PRIONS

Père, ne nous laisse pas succomber aux tentations communes : celle que ton peuple a connues jadis au désert ; celles de Jésus après ses quarante jours de jeûne ; celles que nous connaissons à notre tour, quand nous piègent l’argent, le prestige ou le pouvoir.

Mais surtout garde-nous de la grande tentation de notre époque : l’athéisme qui ne pose guère la question de Dieu, le grand silence autour du Christ, de son Évangile et de son mystère pascal.

Éloigne de nous  aussi cette tentation d’appeler bien ce qui est mal et mal ce qui est bien, de l’assoupissement de notre conscience.

Garde-nous, Père de la tentation suprême : celle de l’homme qui s’est tellement grandi qu’il ne Te reste aucune place. Père, délivre-nous de l’orgueil. Amen (Cf Cardinal Daneels)

 

Chant : Le Seigneur est notre secours p.186 (carnet paroissial)

 

 

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« Feu, cendres et braises » (Mercredi des Cendres, Fr Manuel RIVERO O.P.)

En ce Mercredi des cendres, jour de prière et de jeûne, nous commençons notre marche vers le Jour de Pâques où nous célébrerons dans l’allégresse la résurrection de Jésus.

Le Carême tourne le cœur des chrétiens vers Jésus. Temps de prière, de partage et de pénitence, le Carême rassemble la communauté chrétienne pour demander pardon à Dieu pour le péché. Chacun de nous a besoin d’être libéré et purifié.

Nous allons recevoir l’imposition des cendres avec l’exhortation : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ».

Si nous avons mis Jésus de côté, qu’il soit au cœur de notre vie.

Si nous avons délaissé la communauté paroissiale, que l’Esprit Saint nous conduise à l’assemblée de prière.

C’est maintenant le temps favorable, le jour de grâce, présence aimante de Dieu.

Quel est le symbole des cendres ? Les cendres évoquent l’éphémère de nos projets, les échecs et les fautes de nos vies, la finitude de notre existence, la mort.

Les cendres rappellent des rêves brisés, des déceptions, l’échec de nos travaux, les risques et les dangers de la nature et de la nature humaine marquée par le péché, puissance de mort.

Mais avant les cendres, il y a eu le feu : le feu de l’amour, la flamme du don de nous-mêmes dans la famille, l’amitié, la vie scolaire et professionnelle ; le feu de l’Esprit Saint reçu à la Pentecôte et dans les sacrements ; nos cœurs brûlants de la Parole de Dieu à l’image des disciples d’Emmaüs.

Le Mercredi des Cendres n’est pas un jour triste. Il nous apporte la bonne nouvelle de la victoire de l’amour du Christ Jésus dans nos cendres. Là où la souffrance, la maladie et l’échec ont abondé, la grâce vient surabonder.

Nous ne sommes pas condamnés au désespoir. C’est Jésus lui-même qui vient nous sauver.

Les braises sont cachées sous les cendres. En ce temps de Carême, l’Esprit Saint souffle sur les braises de notre vie : la foi, la prière, le partage et la solidarité, les démarches de repentir et de réconciliation.

Le vent de l’Esprit Saint vient enflammer les braises de notre histoire personnelle et communautaire.

S’il fait froid en ton âme, l’Esprit vient réchauffer ton amour pour Dieu et pour le prochain. Dans ta solitude, l’Esprit Saint reçu dans la prière te met en communion avec Dieu et avec les autres. Si tu penses ne plus avoir d’avenir heureux, l’Esprit Saint vient t’ouvrir un chemin de lumière.

« N’éteignez pas l’Esprit Saint » (I Th 5,19), nous demande avec insistance l’apôtre saint Paul. N’éteins pas la foi de ton baptême ! N’éteins pas ton désir de servir et d’accomplir une œuvre utile pour les autres ! N’éteins pas ta confiance dans l’Église qui t’a donné la grâce de la Parole de Dieu et des sacrements du Salut.

Sur le rivage du lac de Tibériade, Jésus ressuscité a apprêté un bon déjeuner de poisson pour ses disciples découragés. Sur des braises, symbole de l’amour vainqueur de la mort, Jésus a grillé des poissons pour nourrir le corps et l’esprit des apôtres, Pierre, Jean et les autres.

N’arrête pas ton regard aux cendres, pense aux braises de ta vie, à ce qui te donne envie de vivre, de prier, d’aider et d’aimer. Laisse le Souffle Saint enflammer tes pensées et tes actions. « Parce que tu es tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche » (Ap 3,16), déclare le Seigneur dans le livre de l’Apocalypse.

Après la pandémie, les fidèles sont appelés à retourner à l’église. Notre Dieu n’est pas solitaire ni replié sur lui-même, il est relation, dialogue, communion.

Si l’Église qui est à La Réunion connaît des cendres, elle a surtout des braises : les braises de la foi et de la générosité des gramouns, une belle culture de la prière, du respect et du dialogue interreligieux, une espérance très forte en la Providence de Dieu sur les malades, les personnes détenues et l’avenir des enfants.

Il importe d’appeler l’Esprit Saint pour que notre Église s’élève vers Dieu comme les braises réveillées par le vent.

La liturgie du Mercredi des cendres nous fait penser à la célébration juive du Grand Pardon, Yom Kippour, jour de jeûne et pénitence pour nos frères juifs.

Le Carême vient nous apporter le pardon de nos péchés par le Sang du Christ versé sur la croix.

Nous pouvons comparer le péché à un jouet cassé. Enfants, nous avons connu la joie de recevoir un jouet tout neuf qui nous faisait rêver et créer des relations et des situations. Quelle tristesse que de découvrir ce jouet cassé ! Le péché aussi a brisé la joie de notre cœur.

Si notre vie semble cassée et triste, Jésus vient la réparer, l’améliorer, l’embellir et la transfigurer.

Recois les cendres. Reçois l’Esprit Saint, le feu de l’amour de Dieu !

Il y a les cendres, il y a le feu avant les cendres, il y a l’Amour de Dieu après les cendres.




Mercredi des cendres – Homélie du Père Rodolphe EMARD (Mt 6, 1-6.16-18)

Ce mercredi des Cendres marque le temps d’un nouveau Carême.

Le Carême est souvent perçu comme un temps d’efforts, de bonnes résolutions que nous avons du mal à tenir. Aussi, quand arrive la Semaine sainte, nous avons le sentiment que le Carême a passé à toute vitesse et que, du coup, une fois de plus, nous n’avons pas tenu toutes les promesses que nous nous étions faites. Il y a comme un sentiment de frustration qui pourrait nous donner à croire que le Carême ne servirait à rien. Loin de là !

Cette impression « d’échec », « de ne pas y arriver » est le signe qu’il y a des choses à faire pour changer nos habitudes de faire le Carême. Certaines résolutions ou certains efforts sont peut-être à revoir. Il convient aussi de bien comprendre quel est le sens du Carême.

Nous réduisons trop le Carême qu’à de simples privations, aussi importantes qu’elles soient. Dans le Carême, il y a bien la dimension du jeûne, nous y reviendrons. Le Carême est important, ne le doutons pas ! Des grâces peuvent découler si nous nous donnons les moyens de le vivre vraiment.

Le Carême nous prépare à célébrer le mystère pascal du Christ, sa mort et sa Résurrection pour le Salut du monde. Le Carême est avant tout un temps de conversion, un moment favorable pour rencontrer Dieu :

  • Le prophète Joël : « Maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! »

  • Saint Paul : « Frères, nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. »

Le Carême est un temps de conversion qui nous invite à nous reconnaître pécheur, personne n’est parfait ! C’est un temps où nous sommes invités à considérer nos propres péchés avant de voir ceux de notre prochain : « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. » (Psaume 50).

Nous ne sommes pas toujours mieux que les autres… quels sont ces obstacles, ces péchés qui nous empêchent de revenir à Dieu, de tout notre cœur ? Nous voyons que le Carême engage chacun personnellement et il exige persévérance et un vrai acte d’abandon au Christ. Sans lui, nous ne pouvons rien faire.

Le rite des cendres est un rite pénitentiel qui nous rappelle que nous sommes des êtres fragiles, pécheurs et que nous avons besoin de nous convertir. Pour l’imposition des cendres, deux versets sont proposés :

  • « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 15).

  • « Souviens-toi que tu es poussière, et que tu retourneras en poussière » (cf. Gn 3, 19).

Le Carême est aussi un temps pour mieux nous centrer sur notre prochain, retisser les liens blessés, compliqués avec certains de nos frères et sœurs. Si le Carême est un chemin de conversion, il s’agit bien d’entreprendre le chemin du pardon et de la réconciliation. Le sacrement du pardon peut nous aider à entreprendre ce chemin. Des célébrations pénitentielles seront proposées dans les paroisses, allons-nous y participer ?

Le Carême est encore un temps pour nous recentrer sur nous-même, pour mieux entrevoir nos priorités, ce qui est finalement essentiel dans notre vie. Cela est nécessaire au cours de ce tourbillon de la vie, avec nos rythmes effrénés, nos différentes préoccupations, sans doute légitimes, mais quel temps prenons-nous vraiment pour Dieu et notre prochain ? Quel temps prenons-nous pour nous ressourcer spirituellement pour être mieux disponible pour Dieu et pour les autres ? Il nous faut apprendre à  distinguer les choses importantes et les choses prioritaires…

Voilà le sens du Carême. Et l’Évangile nous donne trois moyens pour le vivre :

  • Prier, se tourner vers Dieu. Ce n’est pas sans rappeler l’importance de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie dans ce pilier de la prière.

  • Jeûner, c’est-à-dire se priver de ce qui n’est pas essentiel pour mieux nous centrer sur Dieu et sur notre prochain.

Quels seront ces efforts, ces gestes, ces attentions que nous prendrons pour soigner nos relations humaines (familiales, professionnelles, associatives, dans nos quartiers…) ? N’oublions pas trop vite nos relations humaines des plus « houleuses » …

  • L’aumône (ou le partage) va de pair avec le jeûne. Vivre la charité pour mieux nous rapprocher de Dieu et de notre prochain. Le partage nous invite à redécouvrir le sens de la gratuité, du désintéressement, comme nous l’enseigne Jésus : « Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.»

Il ne s’agit pas de voir la récompense de l’homme, ce que nous pouvons avoir en retour… mais voir, considérer la récompense que Dieu nous donnera pour l’éternité : « ton Père qui voit dans le secret te le rendra. »

Que le Seigneur nous donne la grâce de pouvoir vivre ce nouveau Carême. Que chacun puisse le demander sincèrement au Seigneur. Je termine avec cet appel de saint Paul : « Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut. » C’est maintenant et pour quarante jours ! Bon et saint Carême à tous !