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4ème Dimanche de l’Avent par Francis COUSIN

 

Évangile selon Saint Matthieu 1, 18-24

« Il prit chez lui son épouse. »

Tout le monde connaît bien l’annonciation à Marie que l’on a entendue il y a dix jours : l’ange Gabriel, le dialogue avec Marie, les réticences de celle-ci, et finalement le ‘oui’ de Marie. On connaît moins ce qui concerne Joseph. Il faut dire qu’on parle peu de lui dans les Évangiles, et qu’on ne connaît aucune parole de lui. Et pourtant, on le sent toujours là, présent tout au long de la vie cachée de Jésus.
Dans le passage d’aujourd’hui, Joseph est inquiet, il ne sait pas quoi faire : sa fiancée Marie est enceinte, et ce n’est pas de lui. Et la loi juive ne badinait pas avec ces choses-là : la femme devait être répudiée et risquait la lapidation. En homme juste, il refuse de donner son nom à cet enfant, mais en même temps, il ne veut pas que Marie souffre de son ‘écart’. Il réfléchit. Il prie, comme il a l’habitude de le faire.
Alors le Seigneur l’écoute et lui envoie un ange pendant son sommeil : « Ne crains pas… » . Sollicitude de l’ange qui apaise les tourments moraux de Joseph.
« Ne crains pas de prendre chez toi Marie, car l’enfant vient de l’Esprit-Saint, et toi, tu l’appelleras Jésus ». Et l’ange lui rappelle la prophétie d’Isaïe : « La vierge enfantera un fils qu’on appellera Emmanuel : ’Dieu avec nous’ ».
Jésus : Dieu sauve. S’il sauve, c’est qu’il est avec nous, donc il est l’Emmanuel … Donc Jésus est l’Emmanuel … né d’une vierge … Donc Marie est la mère du Sauveur, du Messie … !
Les pensées tourbillonnent dans la tête de Joseph … jusqu’à ce qu’il conclue : « Dieu, je crois en toi ! Je te suis ! J’accepte tous les projets que tu as sur ma famille ! »
C’est le OUI de Joseph : « Il prit chez lui son épouse. »

Et cela n’a pas dû être facile pour lui : les railleries des uns, les regards désapprobateurs de sa famille et de ses amis, les sous-entendus des habitants du village …
« Il prit chez lui son épouse », en homme juste, passant sur sa fierté, son honorabilité, sur sa respectabilité, à cause du message de l’ange, … de Dieu !
Joseph ne parle pas, mais il agit … comme à chaque fois que l’ange de Dieu intervient dans son sommeil. Joseph est toujours à l’écoute de Dieu, prêt à l’entendre lui parler, même dans son sommeil.

On pourrait peut-être être un peu jaloux et se dire : « Joseph a de la chance, Dieu lui parle, lui envoie des messagers, des anges, … mais moi … ? »
Oui, mais peut-être que Dieu m’en envoie aussi des anges … mais je ne m’en rend pas compte, … des anges du ciel (mon ange gardien, ou mon saint patron, ou … ), ou des anges de cette terre … (un prêtre, un camarade, …)
Et je ne comprends pas que c’est Dieu qui me parle …
peut-être parce que je ne parle pas assez à Dieu ?
parce que je suis trop imbu de moi-même, et que je veux me débrouiller seul (comme Acaz dans la première lecture) ?
parce que je ne suis pas à l’écoute de Dieu ; ou que je pense être à son écoute mais que je n’écoute que moi ?

 

« Joseph, son époux, … était un homme juste. »
Peut-être faudrait-il que je m’ a-juste à Dieu !

Joseph,
tu es juste devant Dieu.
Tu as toujours été à son écoute,
et tu as fait ce qu’il te demandait,
sans discuter.
Aide-moi à te ressembler,
à agir sans discuter
selon le dessein de Dieu à mon égard.

Francis Cousin




4ème Dimanche de l’Avent- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Matthieu 1, 18-24

Mes chers amis, aujourd’hui « je vais tout vous dire », tout ce que vous auriez aimé savoir, tout ce que vous vous demandez au sujet la vie intime de Marie et de Joseph et que vous n’avez jamais osé demander. Vous savez en effet les innombrables questions que pose le récit que nous venons d’entendre.
Je n’en prends qu’une au ou deux, au hasard : « Comment Joseph savait-il que son épouse Marie était enceinte du Saint Esprit ? » et encore cette autre beaucoup plus difficile :  » Comment Jésus est-Il le descendant de la lignée davidique puisque Joseph n’y est absolument pour rien ? »
Tout d’abord, il est bon de savoir que saint Matthieu lui-même se posait la question, car si saint Matthieu a écrit ce début d’évangile, c’est en relation étroite (et consciente) avec l’évangile de saint Luc. S’il est une chose qui ne faisait pas de doute pour la première génération chrétienne, c’était la conception virginale de Jésus. Et saint Matthieu la reconnaissait comme une donnée première. Il savait que Jésus était né de Marie, uniquement de Marie, par l’œuvre de l’Esprit en elle. Mais précisément, saint Matthieu, si vous me permettez d’utiliser cette expression, a voulu « se mettre un instant à la place de Joseph » : qu’est-ce que ça lui faisait de savoir que Marie était enceinte du Saint Esprit ? Et plus profondément que le point de vue de Joseph, quel est le point de vue de la tradition juive ? Comment peut-on dire et proclamer Messie, Fils de David, Celui qui précisément n’était pas né de Joseph selon la chair, mais uniquement mais de Marie ?
Ainsi donc, lorsqu’on traduit très littéralement le texte, on comprend pourquoi la généalogie de saint Matthieu a été rédigée de la façon que voici : Abraham engendra Isaac, engendra Jacob, engendra Joseph et ses frères, engendra, etc. mais, à la fin de la liste, quand on parvient au Jacob qui est le père de Joseph et le grand-père de Jésus, enfin, le « faux » grand-père, quand donc on parvient à cet avant-dernier maillon de la chaîne, à ce moment-là, saint Matthieu fait un petit correctif. Il n’écrit pas : Jacob engendra Joseph qui engendra Jésus ! Il prend bien soin d’écrire parce qu’il sait de quoi il parle : Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie de laquelle naquit Jésus. Il y a là comme une déviation dans la droite ligne des générations dans la généalogie.
Donc, saint Matthieu est parfaitement au courant du problème. Et c’est bien ce qui lui fait problème. Autrement dit, saint Matthieu aussi s’est posé la question. Il enchaîne alors immédiatement : « de Jésus comme Messie », c’est parce que Jésus est vraiment le Messie, en tant qu’Il a la qualification de Messie, de descendant de David, et il poursuit : « voici la genèse ». Voici donc l’explication : « Sa Mère, Marie, était fiancée à Joseph. Or avant qu’ils eussent mené vie commune »… Première énigme : nous comprenons spontanément : « fiancée à Joseph » signifie « mener vie commune ». On imagine qu’ils se rencontraient de temps en temps le soir, discrètement, en amoureux, dans le coin des rues de Nazareth. Mais ce n’était pas tout à fait cela la réalité, dans le monde juif de l’époque, à partir du moment où il y avait le contrat juridique du mariage dans lequel une telle était promise à un tel, il y avait un laps de temps entre le moment du contrat et le moment où ils menaient vie commune, c’est-à-dire pratiquement entre la célébration du mariage, la vie conjugale. Fiancée à Joseph signifie donc plus qu’une simple promesse, c’est l’engagement définitif et irréversible, qui dans notre tradition juridique, signifie mariage.
Donc saint Matthieu nous précise bien des choses : tout était décidé de façon irréversible. « Fiancée à Joseph » veut donc dire véritablement que Joseph et Marie s’étaient promis l’un à l’autre avec toute l’intimité de confiance, de don de soi réciproque que cela supposait. Et donc, tout était fait, tout était décidé, il n’y avait pas de point de retour. C’est précisément dans ce moment entre les fiançailles comme déclaration juridique du contrat de mariage et le fait de mener vie commune que se situe le problème.
« Marie, avant qu’ils aient mené vie commune, se trouva pourtant un enfant dans son sein ». Alors d’où venait-Il, cet enfant ? Cela, c’est le problème de Joseph. Et, de fait, quand on lit le texte, nous voyons que Joseph devait avoir appris de Marie elle-même ou de sa famille comment elle était enceinte. Et ce qui nous met sur cette piste, c’est un petit verset qui ne parle que de Joseph : « Joseph son époux qui était un homme juste et qui ne voulait pas dévoiler (son mystère), cette énigme, résolut de s’en séparer secrètement ».
Et d’abord un homme juste, qu’est ce que cela veut dire ? Habituellement, on pense à une interprétation édulcorée : c’était « un brave homme », ou bien on pense encore que Joseph était un homme juste, « il vivait selon la Loi », ce qui exigerait d’ailleurs qu’il la dénonce, car selon la Loi, lorsque la femme est adultère et qu’elle a un enfant, il faut que le mari la dénonce pour son adultère. Ainsi donc, Joseph ne serait pas si « juste » que cela, puisqu’il fait tout pour ne pas la dénoncer.

En réalité, l’expression « homme juste » désigne « un homme qui vit pour Dieu ». C’est là le véritable homme juste selon l’Ancien Testament, non pas simplement celui qui respecte toutes les observances de la Loi, mais celui qui voit plus large, qui cherche à comprendre et à répondre au dessein de Dieu. L’homme juste est celui qui vit dans l’amitié et l’intimité divines. Et donc, il ne peut pas dévoiler ce qu’il sait, c’est-à-dire le « mystère » qui a surgi dans l’existence de Marie, le fait qu’elle est enceinte. Donc, si nous regardons le texte à la loupe, nous nous apercevons que Joseph savait. Qui l’avait mis au courant ? Était-ce Marie ? Un membre de la famille de Marie ? Peu importe. Et s’il ne voulait pas dévoiler le mystère, Joseph reconnaissait donc que « cela » venait de Dieu, qu’elle était effectivement enceinte de l’Esprit Saint. Mais comme il était juste et respectait le plan de Dieu, il ne voulait pas contrecarrer ce vouloir divin sur Marie, d’où la décision de s’en séparer secrètement, c’est-à-dire faire que le contrat juridique n’ait pas de suite et qu’il n’y ait pas de vie commune entre eux. C’est tout. Voilà le projet d’avenir de Joseph, cette réaction nous montre que cet homme n’était pas du tout quelqu’un qui n’aimait plus Marie ou qui la soupçonnait de l’avoir trahi. Il savait ce qui était arrivé à Marie. Et en homme juste, respectueux du dessein de Dieu et respectueux de Marie par la même occasion, il conclut simplement : « Si Dieu veut cela de Marie, je me retire, je n’ai plus rien à faire dans cette histoire ». Tel est le véritable problème de la paternité de Joseph. Et d’ailleurs quand on y réfléchit un peu, c’est l’évidence : si véritablement le contrat de mariage juridique avait l’importance que j’ai dite dans la tradition juive, il est peu vraisemblable qu’ils aient vécu complètement étrangers l’un à l’autre. Au contraire il y avait déjà une réelle intimité de cœur, d’affection entre eux. Et cet état de fait venait d’être complètement bouleversé par la conception virginale de Marie.
Or, c’est précisément parce qu’il a pris cette décision que Joseph a ce songe dans lequel l’ange lui parle de façon extrêmement claire et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas » c’est-à-dire : « Ne recule pas comme tu es en train de le faire devant le mystère qui s’accomplit en Marie ! Ne mets pas à exécution le dessein auquel tu as pensé ! » En réalité l’ange lui dit : « car certainement ». Ici le mot a été souvent très mal traduit, on interprète habituellement que c’est à ce moment-là que Joseph apprend que Marie est enceinte de l’Esprit Saint. Mais l’ange ne fait que confirmer ce que Joseph sait déjà de Marie. « Très certainement, ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint ». Autrement dit, Joseph n’a pas appris par l’ange ce qui était arrivé à Marie. L’ange est venu pour confirmer le fait. Mais, l’ange ajoute : « Elle enfantera un Fils et tu lui donneras le nom de Jésus ». C’est la caractéristique essentielle des pères : pour être père, il faut « la petite graine » et donner le nom. Les mères se chargent du reste. Bien sûr, ici il n’est question que du nom. Mais il y a le nom. Autrement dit, l’ange dit à Joseph : « Cet enfant, d’une certaine manière, est bien à toi, Il n’est pas de toi, mais Il est à toi ». Et c’est donc comme si l’ange lui suggérait alors : Joseph, ne romps pas le contrat de mariage car ce qui vient d’arriver entre dans le projet de Dieu. Tu aurais pu croire que toi, tu avais une idée et que Dieu en avait une autre et que Dieu était en train de te retirer celle que tu aimes tant. En réalité, le plan de Dieu se coule dans ce que vous avez décidé ensemble antérieurement. Il n’y a pas d’opposition fondamentale entre ce que vous aviez projeté ensemble (que tu la prennes pour épouse), et d’autre part ce que Dieu a accompli en elle (qu’elle soit enceinte de l’Esprit Saint) ».

Et d’ailleurs l’ange qui connaît bien les Écritures continue en disant : « Tu Lui donneras le nom de Jésus », c’est donc bien le père qui donne le nom, non pas son nom Joseph, mais celui que Dieu par la voix de l’ange lui demande de lui donner : Jésus, c’est-à-dire « Dieu sauve ». Puis, l’évangéliste confirme par là, une citation du prophète Isaïe que nous avons lue en première lecture : « Voici la vierge portera en son sein et enfantera un Fils et ils Lui donneront » (au pluriel). Ici, l’évangéliste cite le pluriel « Ils Lui donneront », pour qu’il soit bien clair que ce n’est pas Marie seule qui serait à même de donner un nom à son enfant. Et à la fin du texte, Matthieu va jusqu’à modifier le pluriel en singulier, attribuant désormais à Joseph seul, le fait de donner le nom à l’enfant : « Il ne la connût pas jusqu’à ce qu’elle lui enfantât un Fils et il Lui donna le nom de Jésus », c’est-à-dire que le père seul donne le nom.
Tel est donc le problème de Joseph : il a prévu quelque chose avec Marie. Dans le temps où ils ne se connaissent pas encore, elle est enceinte. Joseph décide de se retirer. Puisque Dieu a mis la main sur Marie en vue d’un dessein mystérieux que Joseph ne comprend pas, il considère dans une première réaction spontanée et immédiate qu’elle n’est plus à lui. Et cependant, Dieu Lui-même fait savoir à Joseph par son ange : « Ce n’est pas comme ça que tu dois faire. Pour que mon dessein s’accomplisse, il faut vraiment que Marie soit ton épouse. Sinon, l’enfant ne sera pas fils de David. ». Et donc le sens même de cet évangile nous indique clairement pourquoi et comment Jésus est fils de David, il est fils de David parce que Joseph n’a pas renoncé à épouser Marie, à l’introduire dans sa maison : « Ne crains pas de prendre chez toi, dans ta maison ». La maison au sens biblique du terme, ce n’est pas simplement l’habitation et l’atelier de charpentier que Joseph avait à Nazareth, c’est la maison de David, c’est la famille de David : « Ne crains pas de prendre Marie dans ta maison, dans la famille de David, car c’est ainsi que l’Enfant deviendra véritablement fils de David ».
« La morale de l’histoire », la voici : c’est que la plupart du temps, lorsque nous pensons à Joseph et Marie dans ce moment difficile de leurs vies, nous pensons à une sorte d’antinomie radicale entre deux types de projets. Joseph avait fait de beaux projets vis-à-vis de Marie et tout s’écroule quand Dieu choisit Marie pour devenir la mère de Jésus, et alors, au revoir la fiancée, au revoir le bonheur etc. Or, ce n’est pas du tout le sens de cet évangile. C’est plutôt le contraire. Joseph et Marie étaient engagés dans une histoire d’amour et Dieu, de l’intérieur même de cette histoire d’amour, inscrit sa présence dans la chair de Marie, mais sans provoquer de divorce ou de rupture comme Joseph l’avait pensé. Il ne s’agit pas simplement d’assurer une sorte de couverture sociale à Jésus pour qu’il ne soit pas considéré comme un enfant naturel de Marie : parce que ce désir qu’avaient Marie et Joseph de fonder un foyer a été pour ainsi dire modifié par la présence de Jésus, mais il n’a pas été fondamentalement contredit.
C’est pour cela qu’un grand prédicateur du Moyen-Âge, saint Bernard, a pu écrire ce très beau texte qui résume cette interprétation : « Pourquoi Joseph voulait-il quitter Marie ? Écoute ici encore non point mon opinion, mais celle des Pères. La raison pour laquelle Joseph voulut quitter Marie est celle pour laquelle Pierre éloignait de lui le Seigneur en disant : « Retirez-Toi de moi, Seigneur, car je ne suis qu’un homme pécheur ». C’est aussi la raison pour laquelle le centurion écartait Jésus de sa maison quand il disait « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ». Ainsi Joseph se considérant indigne et pécheur se disait qu’une telle et si grande personne dont il admirait la merveilleuse et supérieure dignité (Marie) ne devait pas lui accorder la communauté d’habitation. Il voyait avec un étonnement sacré qu’elle portait la marque certaine de la divine présence, le Fils de Dieu, et ne pouvant comprendre ce mystère, il voulait la quitter. Pierre redoutait la grandeur de la puissance de Jésus. Le centurion a craint la majesté de la présence de Jésus. Joseph aussi, étant homme, a redouté la nouveauté d’une si grande merveille, la profondeur de ce mystère. C’est pourquoi il voulut la quitter en secret. Tu t’étonnes que Joseph se juge indigne de la compagnie de cette vierge enceinte et tu vois sainte Elisabeth qui ne peut soutenir sa présence qu’avec une crainte respectueuse car elle dit : « D’où me vient cette faveur que la Mère de mon Dieu daigne venir à moi ? » Voilà donc pourquoi Joseph voulut la quitter. »
Frères et sœurs, cette interprétation peut avoir des conséquences immédiates pour nous et pour notre vie avec Dieu. Comment concevons-nous la venue de Dieu ? Comment concevons-nous notre existence de croyants ? Allons-nous concevoir les interventions divines dans nos vies comme une espèce de météorite qui surgirait dans notre univers quotidien et qui anéantirait tout l’humain sur son passage ? Ou bien au contraire acceptons-nous comme Joseph de prendre chez nous l’Enfant qui va naître à Noël ? C’est-à-dire non pas considérer que le Christ vient « tout casser », mais au contraire qu’Il vient dans notre vie, dans l’humilité même de ce que nous sommes. Et c’est bien là ce qui est le plus important : à partir du moment où Joseph dans la liberté, car c’était bien un acte de liberté que d’accueillir Marie chez lui, accueille Marie dans sa maison, il donne à Jésus la dignité de fils de David. Et pour nous c’est aussi la même chose : d’une certaine manière, aujourd’hui encore, nous sommes appelés à donner à Jésus son nom, à lui donner ce nom, cette identité qu’Il veut avoir par nous pour nos contemporains qui le cherchent et qui l’attendent. Telle est la grandeur de Joseph, telle est la vocation par laquelle chacun d’entre nous « est » Joseph, nous n’avons pas à éprouver de la peur, nous n’avons pas à craindre d’accueillir chez nous, dans notre maison, dans notre vie, dans ces actes les plus simples qui constituent le tissu quotidien de notre existence, Marie, c’est-à-dire le mystère de l’Église, le mystère de notre vie de baptisés en tant qu’elle est porteuse et féconde de la présence de Dieu au cœur du monde d’aujourd’hui. Amen.




4ème Dimanche de l’Avent par le Diacre Jacques FOURNIER

« Joseph, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse »  (Mt 1,18-24).

 

Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.
Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ;
elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
‘Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel’, qui se traduit : « Dieu-avec-nous »
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse,

 

 

Les parents de Marie s’appelaient, selon la tradition, Anne et Joachim. Comme c’était l’usage à l’époque, Marie, à l’âge de douze, treize ans, s’était fiancée à un homme très certainement plus âgé qu’elle, Joseph, « fils de David ». On l’appelait ainsi car il avait comme lointain parent le plus grand roi de l’histoire d’Israël, le roi David qui régna de 1010 à 970 environ av. JC… On peut supposer que Joseph était venu demander la main de Marie à ses parents, et tous avaient accepté… Une petite fête avait suivi, et depuis, tout le monde appelait Marie « l’épouse » de Joseph, même si la grande cérémonie du mariage n’avait pas encore eu lieu. En général, elle se déroulait un an après ! Pendant tout ce temps, la jeune fiancée demeurait chez ses parents, et ce n’est qu’au jour de son mariage que son mari l’emportait dans la maison qu’il avait construite pour eux…
Et voilà que Joseph découvre que Marie est enceinte avant qu’ils aient habité ensemble. L’a-t-il appris de Marie ? Très certainement… A-t-il douté de son intégrité ? Ou a-t-il décidé de se retirer devant cette aventure que Dieu a commencée avec elle et qui le dépasse ? Le texte ne le dit pas, mais Joseph décide de la répudier en secret pour la protéger. En effet, une fiancée convaincue d’adultère devait être lapidée (Dt 22,20-21).
Mais l’Ange du Seigneur lui apparaît en songe et le rassure : « L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ». Or, « dans son âme comme dans son corps, le Christ exprime humainement les mœurs divines de la Trinité » (Catéchisme & 470). De fait, de toute éternité, « avant tous les siècles », le Fils « naît du Père ». « Engendré non pas créé », il se reçoit entièrement du Père en tout ce qu’il est. « Dieu est Esprit » (Jn 4,24) ? Le Père est Esprit, et il ne cesse de se donner à lui tout entier, de Lui donner tout ce qu’Il Est. Le Fils est ainsi « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu. » Il se reçoit du Père en Fils « de même nature que le Père » (Crédo) par le Don de l’Esprit. Cette logique se poursuit jusques dans l’Incarnation où le Fils va encore recevoir du Père sa nature humaine, par ce même Don de l’Esprit, avec la collaboration active et pleinement consentante de la Vierge Marie.
Joseph aura à jouer tout son rôle de « père adoptif », nommant lui-même cet enfant du nom de Jésus, ce qui veut dire en hébreu « Dieu sauve ». Or, du point de vue du Fils, Dieu, c’est le Père. C’est Lui qui, avec et par son Fils, accomplira ses œuvres. Et quelles seront-elles ? « Sauver son peuple de ses péchés ». Et quel est « son peuple » ? L’humanité tout entière, qui n’a qu’un seul Père du Ciel et un seul Sauveur : Jésus, le Christ (Jn 4,42).
DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 4ième Dimanche de l’Avent

« Tu lui donneras le nom de Jésus
c’est à dire le « Seigneur sauve »…

 

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Mt  1, 18-24)

Nous revenons au début de l’Evangile de Matthieu. Dieu confie à Joseph la responsabilité de l’enfant de Marie et le charge de l’appeler Jésus, c’est à dire « Dieu sauve ».

Nous lirons attentivement cette page très importante de l’Evangile : c’est un texte fondateur de notre foi. Regardons chaque personnage et leur rôle.

 

Soulignons les mots importants

L’origine de Jésus Christ : Comment pourrait-on qualifier cette origine ?

Accordée en mariage : Qu’est-ce cette expression nous apprend sur la position de Marie ?

Enceinte par l’action de l’Esprit-Saint : Quel est le sens de cette expression ?

Un homme juste : que veut dire ce mot en parlant de Joseph ? Que penser de l’attitude de Joseph

L’Ange du  Seigneur : Qui est ce personnage ?

Lui apparut en songe On dit ensuite  lorsqu’il « se réveilla » : Comment comprendre ce que vit Joseph ?

Fils de David : Pourquoi ce nom donné à Joseph est-il important ?

Jésus : C’était un nom courant. Par qui et pourquoi est-il donné à Jésus ?

Emmanuel : Quel rapport y-a-t il entre la signification du  nom de Jésus et celle du nom d’Emmanuel ?

 

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

 Joseph, Marie, l’Ange du Seigneur, Jésus, Emmanuel : des noms qui chantent dans notre cœur de croyant chrétien. Ils évoquent pour nous, Dieu notre Père, ton intervention merveilleuse dans l’histoire des hommes. Ils nous rappellent que tu as tellement aimé le monde  que tu lui as donné ton propre Fils. Tu l’as donné pour tous !

Que représentent ces mots pour beaucoup de nos contemporains ? Tant d’hommes et de femmes croient « autrement » : ils n’ont pas encore reçu la pleine révélation de ton Nom de Père., parce qu’ils ne connaissent Jésus. Et tant d’autres, sont de ton Eglise pourtant, mais pour eux ces noms n’évoquent plus grand chose ! Et il y a encore ces millions d’hommes et de femmes qui n’ont même jamais entendu le nom de Jésus.

Et voici encore une fois Noël !

 

      

Pour l’animateur 

« L’origine de Jésus Christ » : Elle ne se comprend pas seulement dans la succession généalogique. Cet Evangile dit la foi de l’Eglise dès le début : Jésus a une double origine, une origine céleste : conçu par l’action de l’Esprit Saint (« Dieu avec nous ») et une origine terrestre : Jésus, né de Marie. L’Eglise s’appuie sur ces paroles pour dire sa foi en la conception virginale du Christ.

« Accordée en mariage » : Marie n’est pas que la fiancée de Joseph (comme le dit parfois) ; elle est réellement son épouse. Le texte d’ailleurs le dit « Ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse. Dans la tradition juive, le mariage se célébrait en deux temps : d’abord selon l’accord entre les deux familles, il y avait une alliance qui engageait les deux époux ; puis, plus tard, l’époux venait chercher son épouse et l’amenait dans sa maison et on célébrait la fête des noces. Marie était sans doute très jeune au moment de son mariage. L’Evangile ne dit pas combien de temps s’est écoulé entre les deux moments du mariage : c’est précisément durant cette période, « avant qu’ils aient habité ensemble » que l’Esprit-Saint intervient dans la vie de ce couple au destin extraordinaire. Cette intervention est un acte de création (Esprit Créateur)

Joseph un homme « juste » : Joseph mène la vie d’un juif pieux et respectueux de la loi, et son cœur veut être en accord avec la volonté de Dieu. Il se refuse à assumer une paternité qui n’est pas la sienne. Il ne veut pas non plus faire un geste qui va déshonorer son épouse. II décide de rompre en secret. Il faudra la révélation pour qu’il accepte d’assumer  cette paternité et d’entrer le Projet Dieu par la foi.

Justement, la révélation des grands secrets de Dieu pour notre salut, se fait toujours par un messager, l’Ange du Seigneur » : c’est lui qui est intervenu dans l’annonce à Zacharie, dans l’annonce à Marie, dans l’annonce aux bergers, dans l’annonce de la résurrection. C’est lui qui révèle à Joseph le sens de l’événement qu’il vit. L’Ange du Seigneur, dans bible, parfois veut dire  Dieu lui-même qui intervient (Ex14,19)

Le songe : dans la bible, est un genre littéraire pour dire que c’est Dieu qui intervient, gratuitement, c’est lui qui a l’initiative, sans l’intervention de l’homme.

Matthieu dit plus loin :  «  Quand Joseph se réveilla » : c’est le mot employé pour parler aussi de la résurrection. Joseph fait un passage, une « pâque » : il passe de son projet humain de fonder une famille humaine au Projet de Dieu qui fera participer son couple à la nouvelle alliance, le mariage de Dieu avec l’humanité,  que le Messie accomplira.

Comme Joseph est le descendant de David, c’est par lui, que Jésus entre légalement dans la lignée de David et sera appelé Fils de David, réalisant ainsi la promesse faite par Dieu.

En même temps Jésus réalise la prophétie d’Isaïe : il est l’Emmanuel. La meilleure manière pour Dieu de nous sauver (Jésus) ce fut de faire l’un de nous (Emmanuel) en la personne de son Fils.

LA PAROLE DANS NOS MAINS

Nous faisons des projets légitimes…pour notre famille, pour un enfant, un jeune, pour la paroisse…il arrive qu’un événement, un succès ou un échec imprévu, une donnée nouvelle, un appel entendu, une Parole de Dieu…viennent bouleverser nos plans : quelles sont alors nos réactions de croyants ? (on peut inviter le groupe à donner l’un ou l’autre témoignage)
Dieu appelle parfois à collaborer avec lui d’une façon qui déroute !

Joseph a respecté l’action de Dieu en Marie : Savons-nous respecter l’action de Dieu dans le cœur de ceux dont nous sommes responsables (les enfants, le jeunes, tous ceux qui nous sont confiées, ceux avec qui nous vivons) tout en collaborant avec ce Dieu qui est au travail par l’Esprit-Saint ?

L’Annonce faite à Marie en st Luc et cette révélation faite à Joseph, sont des textes qui sont à la source de notre foi chrétienne : en quoi notre foi en Dieu est différente de la foi des autres croyants (par ex. des musulmans)

Ensemble prions

Que te glorifient pour nous, Seigneur, la Vierge Marie qui t’a enfanté et Joseph, son époux, le charpentier qui t’a accueilli. Tous : Gloire à toi dans les siècles.
En toi, Jésus, conçu du Saint Esprit,
amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent.
En toi, Jésus, conçu dans le sein de la vierge Marie,
la vérité germe de la terre et des cieux se penche la justice.
Sur cette terre qui maintenant est devenue tienne,
fais que dans notre vie amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent.
Chant : Viens Emmanuel (Carnet des paroisses p.158)

 

 

 

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3ème Dimanche de l’Avent- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Tout à la fois Jean-Baptiste et Fils du Royaume !

« Es-tu Celui qui doit venir où devons-nous en attendre un autre ? »

Fjean-le-baptisterères et sœurs, je crois qu’il n’y a pas d’évangile plus dramatique que celui-là. Dramatique, parce qu’il concerne cet homme, Jean le Baptiste, le cousin du Seigneur, le Précurseur du Très-Haut, le petit enfant qui doit annoncer le Royaume, celui qui a tout pour lui, par rapport au salut. Et dramatique parce que cet homme-là restera définitivement au seuil du Royaume.

Jean-Baptiste est en prison, il a accompli sa mission, apparemment c’est fini, il est à la retraite. Mais il s’intéresse encore à ce qui se passe et il entend parler des œuvres de Jésus. Comme il y avait aussi des visites dans les prisons à cette époque-là, les disciples de Jean, envoyés par Jean vers Jésus vont lui demander : « Es-tu Celui qui doit venir ? » Ici, la question de Jean doit être bien comprise. Jean se réfère en bon juif à la tradition prophétique dans laquelle il a voulu s’inscrire. Il pose la question en fonction de la prophétie d’Isaïe que nous avons entendue dans la première lecture et qui est répercutée encore dans d’autres passages : « Voici votre Dieu, c’est la vengeance qui vient, c’est la revanche de Dieu, Il vient Lui-même et va vous sauver ». Pour Jean-Baptiste, et ceci n’est pas étranger à son style de prédication, à son style d’annonce du Royaume de Dieu, la venue du Messie est liée à la violence. Le Messie doit venir avec force et violence, Il doit venger et prendre sa revanche. C’est précisément parce que Jean-Baptiste était conscient de ce caractère terriblement vindicatif de la venue de Dieu, que sa prédication est si violente. Il sait, lui, dans son message prophétique que ce qui va arriver, normalement doit être terrible. Normalement Dieu doit se venger et détruire, on ne sait pas qui va en réchapper, d’où « la cognée se trouve déjà à la racine des arbres », c’est-à-dire que Dieu va couper, tailler et trancher ! Dans la représentation de Jean-Baptiste, et c’est important à comprendre, lorsqu’il pose la question à Jésus, il dit : « Vu ce que j’ai annoncé, et ce que maintenant j’entends de Toi, je ne suis pas certain que cela corresponde. J’entends dire ce que Tu fais, mais cela ne correspond pas à ce que j’ai dit, à ce qui était le contenu de ma mission. J’ai annoncé le Jour du Seigneur, le Jour de colère, le Jour de vengeance, le feu purificateur qui doit changer le monde, Toi, Tu fais des choses bien gentilles, mais cela n’a rien à voir avec le sujet ». Par conséquent, Jean-Baptiste envoie les messagers vers Jésus, pour Lui faire part de ses doutes, il n’est vraiment plus très sûr. On ne peut pas tomber dans l’image d’Epinal d’un Jean-Baptiste satisfait de sa mission, de ce qu’il a baptisé Jésus, annoncé la venue du Messie, et au repos. Non ! Lui pense que Jésus est en train de déchoir par rapport à la mission que lui, Jean, avait été chargé d’annoncer à son sujet, si tant est que c’était bien Jésus qui devait remplir cette mission, puisqu’il dit : « Est-ce qu’éventuellement, il ne faudrait pas en attendre un autre ? »

JJésus bergerésus répond : « Allez raconter à Jean ce que vous voyez ». Il ne dit pas à Jean : « Ne t’inquiète pas, tout va bien ». Mais au contraire, Jésus dit : « Les œuvres dont tu as entendu parler sont effectivement ce que je dois faire, et contente-toi de cela comme signe ». Jésus ne réfute pas directement Jean-Baptiste en lui disant qu’il s’est trompé, mais en considérant les œuvres du Christ, il invite Jean à y réfléchir et à en tirer les conclusions, et rien de plus. Même à la fin, Il ajoute une petite réflexion qui, entre nous soit dit, n’est pas très aimable : « Heureux celui pour qui je ne serai pas occasion de scandale ». C’est comme s’il disait à Jean : « Tu t’es fait un certain nombre d’idées sur la venue du Messie, Moi, Je te dis simplement ce que Je fais, et Je t’avertis amicalement, Je te dois bien cela, Je ne voudrais pas être pour toi, une occasion de scandale ». Il n’y a de la part de Jésus aucune parole de réconfort, aucune assurance. C’est terrible ! C’est comme si Jésus laissait Jean-Baptiste croupir dans sa prison, non seulement avec le traitement des prisonniers, mais ce qui peut être plus grave, avec ses doutes et ses questions. « Tu as entendu parler de mes œuvres, c’est vrai, c’est tout ce que je peux te répondre ». Evidemment, ces souvenirs-là des deux groupes, les disciples de Jean d’un côté, les disciples de Jésus de l’autre, ont dû être recueillis très soigneusement. Il faut bien avouer que ce n’était pas pour faire la clarté dans les esprits. Les disciples de Jean devaient continuer à dire : « Est-ce que c’est tellement certain que Jésus soit le Messie ? Notre maître dans les derniers temps de sa vie s’était vraiment demandé si Jésus était bien Celui qu’il avait annoncé ? » Et d’autre part, les disciples du Christ disaient : « Effectivement, notre Maître a bien répondu à Jean-Baptiste qu’il posait un certain nombre de signes qui ne coïncident pas avec son attente, cependant, ce sont bien là les signes du Royaume de Dieu ».

Jean BaptisteA partir des données évangéliques, il est très difficile d’essayer de raccorder les deux personnages. En fait, l’évangile d’aujourd’hui nous dit une chose que je trouve terrible : celui qui a dit : « Voilà qu’il vient », au dernier moment de sa vie, il n’en est plus sûr du tout. Celui qui est parti au front la fleur au fusil, meurt deux jours avant l’armistice sans avoir jamais vu la victoire. Telle est la vie de Jean-Baptiste : il a vécu au bord du Royaume sans en avoir jamais bénéficié d’aucun bienfait, sinon celui d’être enfermé dans la prison du roi Hérode, et de terminer sa vie en se demandant s’il ne l’a pas gâchée en se mouillant pour un homme dont il a cru qu’il allait changer la face de l’univers. Etant chargé d’être celui qui devait l’annoncer, il aurait pu revendiquer quelque droit ou quelque mérite à être éclairé sur la situation, et l’on ne lui a rien dit du tout. Et remarquez-le bien, dans le même texte, Jésus clame son admiration pour Jean-Baptiste aux gens autour de lui : « Qu’êtes-vous allé voir au désert ? Un roseau agité par le vent ? » Qu’est-ce que cela veut dire ? Il y a déjà du La Fontaine chez Jérémie, le roseau plie mais ne rompt pas, c’est-à-dire que le roseau c’est Jean-Baptiste agité par la violence du vent d’Hérode qui va le tuer, mais Jean ne cédera pas. Jésus admire le courage de Jean-Baptiste face au roi qui va menacer sa vie. « Qu’êtes-vous allé voir au désert ? Un homme habillé avec des vêtements précieux ? » Quelqu’un qui céderait à ses propres désirs, ou à ses propres recherches de confort ? Mais non, vous savez bien que Jean-Baptiste n’est pas de ce style-là. Il est vêtu d’une tunique de poils de chameau. Il a complètement maîtrisé ses désirs, il n’a jamais cédé devant les injonctions ou la violence des autres hommes. Il est absolument intègre du point de vue de sa mission, et vis-à-vis de lui-même. Seule solution : c’est un prophète. Et Jésus dit à ce moment-là : « Il est plus qu’un prophète puisqu’il m’a annoncé », et en même temps, Jésus ajoute : « Le plus grand des enfants des femmes, c’est Jean-Baptiste », c’est-à-dire, le plus grand dans le domaine de l’attente c’est Jean-Baptiste, mais « le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui ». Quand on se racontait cela dans les communautés chrétiennes, on voulait dire : nous les chrétiens, entrés dans le mystère de la Pâque du Christ, nous sommes plus grands que lui. Dans cette Parole, Jésus établit clairement deux ordres : Jean-Baptiste est le plus grand dans l’ordre de l’attente du Royaume, mais quand on est dans le Royaume, même si on est un peu médiocre ou petit, on est plus grand que lui. Jésus introduit ici une coupure radicale qui coupe complètement l’herbe sous les pieds à toutes les prétentions de Jean-Baptiste d’esquisser le visage du Messie, Jésus dit : « Il l’a annoncé, il a attendu, et c’est tout ».

Il y a en nous du Jean-Baptiste et de l’enfant du Royaume. C’est exactement notre situation aujourd’hui. Chacun d’entre nous, nous en sommes certains par le baptême, chacun d’entre nous vit la grâce d’appartenir au Royaume. C’est vrai, et à ce titre-là, nous sommes plus grands que Jean-Baptiste. Nous savons, nous croyons que c’est Dieu Lui-même qui est venu et normalement, si on y croit (même si ce n’est pas toujours facile), on sait à quoi l’on croit. On sait qu’on croit en Quelqu’un dont les œuvres de miséricorde manifestent la présence de Dieu Lui-même au milieu de sa création au milieu de son peuple. Mais en même temps, il faut bien le reconnaître, qui d’entre nous est capable d’imaginer le Royaume ? Qui d’entre nous est capable de dire son attente et son désir sinon sur le mode de ses propres attentes et de ses propres désirs ? Chacun d’entre nous se fait une représentation du Royaume à la mesure de ses demandes, de ses difficultés personnelles, de ses besoins de consolation, du besoin de répondre à certains désirs intérieurs ou extérieurs. Nous sommes donc exactement entre les deux.

la joie

C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, cet évangile a quelque chose de salutaire. Il ne renvoie pas Jean-Baptiste définitivement dans les oubliettes, en fait, cette page d’évangile nous dit exactement la frontière par rapport à la venue du Royaume. C’est vrai que d’une certaine manière, il restera toujours en nous jusqu’à notre mort, du Jean-Baptiste, c’est-à-dire quelqu’un qui n’imagine pas la nouveauté du Royaume. Heureusement, c’est vrai aussi qu’il y a en nous ce fils du Royaume qui a déjà reçu par le baptême, la plénitude des promesses. Mais ce serait une illusion que de croire que nous sommes totalement indépendants de la figure de Jean-Baptiste, et c’est pour cela que je pense qu’elle est restée si importante dans la communauté primitive, parce quelle servait de barème et d’étalon. On ne pouvait mesurer la nouveauté du Royaume et la nouveauté de ce que le Christ avait apporté qu’en la comparant aux limites des attentes et des espérances du plus grand de tous les prophètes. Et aujourd’hui encore, nous n’avons pas d’autre manière de nous situer par rapport au Royaume de Dieu que d’essayer de comparer sans cesse notre question au Christ, et qui est parfois formulée avec les mêmes inquiétudes et les mêmes questionnements que ce qui agitait le cœur du Baptiste : « Es-Tu Celui qui doit venir ? » C’est vrai, si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous savons que nous sommes vraiment traversés par cette question, encore aujourd’hui, parce qu’on n’a pas tous les jours l’impression que le Christ vient dans nos vies, et c’est bien sûr qu’à certains moments, on ne le voit pas du tout venir, mais en même temps, il y a les deux choses : à la fois l’attente, la mesure de notre désir, et sans cesse, qui nous tenaille, la nécessité de critiquer cela, de voir autrement, d’accepter que Dieu vienne différemment de la manière dont nous l’aurions attendu et dont nous aurions fixé les termes de sa venue. C’est cela l’existence chrétienne aujourd’hui. Amen.

 




3ème Dimanche de l’Avent par Francis COUSIN

« Qu’êtes-vous allés voir au désert ? »

Jésus s’adresse aux foules. Cela veut dire que beaucoup de personnes qui suivaient Jésus, ou qui venaient simplement l’écouter, étaient d’anciens adeptes de Jean-Baptiste. Certains étaient restés disciples de Jean, d’autres poursuivaient leur recherche du Messie avec Jésus.

« Qu’êtes-vous allés voir au désert ? »
Par trois fois, Jésus pose cette question.
Un roseau bougeant au gré du vent ? Non. Jean reste ferme ; il le paye : il est en prison.
Un homme bien habillé ? Non. Il est vêtu comme le prophète Elie (1 R 1,20).
Un prophète ? Oui nous dit Jésus. Une insistance pour arriver à la troisième proposition qui pourrait nous faire penser que Jésus sentait chez ceux qui l’écoutaient une interrogation (comme celle de Jean-Baptiste qui lui avait envoyé une ambassade à ce sujet), des doutes sur sa qualité de Messie.

« Qu’êtes-vous allés voir au désert ? »
Cette question s’adresse aussi à nous. En ce troisième dimanche de l’avent, c’est l’occasion de faire un peu le point sur notre démarche, sur notre réflexion pendant l’avent.
Et d’abord, sommes-nous allés dans notre désert ? Dans nos déserts ?
Est-ce que nous avons essayé de ’’voir’’ et ’’entendre’’ les évènements du monde, ceux de notre vie, de la vie de l’Église, avec les yeux et les oreilles de notre cœur pour y discerner l’action de Dieu ?
Est-ce que nous avons essayé de relier ces évènements à la Parole de Dieu ?
Mais peut-être que pour cela, il faut ’’voir’’ et ’’entendre’’ ce que le monde ne met pas en avant … dans ses discours, dans les média ? Il faut chercher …
Avons-nous l’impression d’avoir changer quelque chose dans notre vie
– au niveau du silence ? De l’accueil du silence ?
– au niveau de l’écoute ?
– au niveau du gaspillage ?
– au niveau du respect des autres ?
– au niveau du respect de la nature ?
– au niveau de notre relation à Dieu ?
’’Tout est lié’’ nous dit le pape François.

Avons-nous essayé de comprendre (ou simplement de réfléchir sur) ce grand mystère de l’incarnation de Jésus, Fils de Dieu, Dieu lui-même (Jn 1,1), qui accepte de se faire homme comme tous les hommes en naissant du ventre d’une maman ? ’’Et le Verbe s’est fait chair’’ (Jn 1,14).
Et comment ne pas le remercier pour cela ?
’’Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ?’’ (Ps 8,4)
On pourrait dire aussi :’’Qui donc est Dieu pour accepter de devenir homme ?’’, pas simplement pour le ’’fun’’ ou la gloriole, mais pour la Gloire, pour nous enseigner dans la Vérité (Jn 14,6), pour nous faire comprendre combien il est Amour (1 Jn 4, 7-21) et miséricorde (Ep 2,4-6), et allez jusqu’au bout de l’Amour en donnant se vie pour tous les hommes :’’Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime’’ (Jn 15,13).
Car l’incarnation de Jésus n’a de sens que par sa mort et sa Résurrection.
’’O Seigneur notre Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre.’’ (Ps 8,2)

Seigneur Jésus,
tu es le Messie attendu par les juifs.
Tu es Dieu, Fils de Dieu.
Tu nous as apporté ta Bonne Nouvelle.
Mais dans la vie de tous les jours,
souvent je l’oublie.
Pardonne-moi !

Francis Cousin




3ème Dimanche de l’Avent par le Diacre Jacques FOURNIER

« Es-tu celui qui dois venir ? »

(Mt 11, 2-11)

En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux,
lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez :
Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle.
Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »
Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ?
Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois.
Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète.
C’est de lui qu’il est écrit : ‘Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi.’
Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »

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« Es-tu celui qui doit venir ? » Mt 11,2-11

 Jean Baptiste était très différent de Jésus. « Il avait son vêtement fait de poils de chameau et un pagne de peau autour des reins » (Mt 3,4), comme le prophète Elie (2R 1,8). Jésus, Lui, avait un vêtement courant pour son époque, « une tunique sans couture, tissée d’une pièce à partir du haut » (Jn 19,23), et un manteau, avec des franges « dont la vue vous rappellera tous les commandements de Dieu » (Nb 15,37-39). Jésus se conformait donc à l’usage commun, même s’il dénonçait les abus de ceux qui, pour se faire remarquer, se font « des franges bien longues  » (Mt 23,5). Jean-Baptiste mangeait « des sauterelles et du miel sauvage » (Mt 3,4). Jésus, Lui, s’asseyait tout simplement là où il était invité et il mangeait bien à tel point que certains le traitaient de « glouton et d’ivrogne » (Mt 11,19). JeanBaptiste avait un discours quelque peu terrifiant, traitant ses auditeurs « d’engeance de vipères » et annonçant la venue de « la Colère prochaine » : « Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu » (Mt 3,8-10). Jésus, Lui, se présentait comme le Bon Pasteur, nommant ses adversaires « ses amis et ses voisins » (Lc 15,1-7). Et pour ce qui est de l’arbre qui ne produit pas de fruit, au Maître qui désirerait le couper parce qu’il use la terre pour rien, il répond : « Laisse-le cette année encore, le temps que je creuse tout autour et que je mette du fumier. Peut-être donnera-t-il des fruits à l’avenir… Sinon, tu le couperas » (Lc 13,6-9).
 On comprend que Jean-Baptiste, dans l’obscurité de son cachot, puisse être envahi par le doute : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Et Jésus cite le prophète Isaïe, ce même prophète avec lequel Jean-Baptiste s’était présenté autrefois comme étant celui qui « prépare les chemins du Seigneur » (Is 40,1-5). Non, il ne se trompe pas : « les aveugles qui voient » (Is 35,5-6) témoignent que « le Père nous arrache » avec son Fils et par Lui « à l’empire des ténèbres » et nous offre en surabondance « le pardon des péchés » (Col 1,11-14). Le pécheur blessé au plus profond de son être, si souvent « boiteux » dans son quotidien, se lève par la Puissance de l’Esprit et se met à marcher au Chemin de la Vie. L’oreille des « sourds » s’ouvre au murmure de la brise légère de ce même Esprit qui vient faire toutes choses nouvelles… La lèpre du péché est vaincue, la Bonne Nouvelle du « Père des Miséricordes » est annoncée aux pauvres de cœur qui acceptent de faire la vérité dans leur vie (2Co 1,3 ; Jn 3,21)… Les Ecritures s’accomplissent : le Messie met en œuvre la victoire de Dieu sur le mal…              
          DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 3ième Dimanche de l’Avent

« Es-tu celui qui doit venir,

ou devons-nous en attendre un autre ! »

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Mt  11, 2-11)

Jean Baptiste a été emprisonné par Hérode dans une forteresse du désert. Il a entendu dire que l’enseignement et l’action de Jésus ne correspondent pas aux prédications et avertissements sévères qu’il a adressés aux foules. Cela a fait naître le doute dans son esprit et c’est pourquoi il veut en avoir le cœur net : il envoie des messagers à Jésus pour lui poser une question nette et précise.

 

                Soulignons les mots importants

Es-tu celui qui doit venir ? Quel sorte de Messie attendait Jean Baptiste ?

Comme d’habitude Jésus ne répond pas directement : quelle réponse donne-t-il aux messagers de Jean Baptiste ?

Ce que vous entendez et voyez : Qu’est-ce que les gens voient en regardant ce que Jésus fait ? Et qu’est-ce qu’ils entendent dans sa prédication ?

La Bonne nouvelle…aux pauvres : Quelle Bonne Nouvelle ? Qui sont ces pauvres ?

Qui est Jean pour Jésus? Il n’est pas un roseau fragile qui se plie à tous les vents. Il n’est non plus un de ces personnages mondains aux allures efféminées.

Un prophète ! Plus qu’un prophète ! Pourquoi ?

Selon l’histoire humaine il n’y a pas de plus grand personnage que lui.

Mais pourquoi le plus petit des chrétiens est plus grand que lui ?

 

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Seigneur Jésus,  tu as accueilli le questionnement de Jean Baptiste. Il a su surmonter ses doutes et ses échecs, sans être un roseau perpétuellement balancé. Il a choisi de rompre avec la vie facile et le confort ; il a refusé le mensonge et la lâcheté qui se cachent souvent derrière les signes extérieurs de richesses : tu le présentes comme modèle pour celui qui veut être ton messager pour préparer devant toi le chemin. Nous avons aussi nos questionnements et nos doutes. Ramène-nous vers toi, vers ta Parole, et fais de nous des messagers de la Bonne Nouvelle pour nos frères et sœurs de ce temps difficile qui est le nôtre.

 

      

Pour l’animateur 

« Celui qui doit venir » :  Cette expression désignait le Messie annoncé par les prophètes et  qui était dans l’espérance du peuple. Jean-Baptiste attendait un Messie Libérateur, mais la façon dont Jésus se présente et agit pour réaliser sa mission le déroute. Jésus n’agit pas à la manière forte. Il est accueil, miséricorde, pardon. Un message exigent, certes, mais un message qui révèle le Père « qui fait tomber la pluie sur les bons et sur les méchants. »

Les premiers chrétiens qui pensaient voir le retour du Christ employaient aussi cette expression « Celui qui vient » pour chanter leur attente,  en s’inspirant du psaume 118, 26 « Béni soit au nom du Seigneur Celui qui vient ».

« Ce que vous entendez et voyez » : Jésus a réalisé la prophétie d’Isaïe : « En ce jour-là, les sourds entendront…les yeux des aveugles verront…les plus pauvres exulteront à cause du saint d’Israël » (Is29,18). « Le boiteux bondira comme un cerf, langue du muet criera de joie. » (Is 35,6). Jésus répond à Jean Baptiste en l’invitant à relire les Ecritures pour comprendre sa mission. En même temps la mission de Jésus éclaire les Ecrits des prophètes.

Jésus répond affirmativement à la question de Jean, non pas par une explication, mais par les gestes de salut qu’il fait et par la Bonne Nouvelle de la tendresse du Père pour tous qui sont laissés pour compte, tous ceux la vie n’a pas gâtés : « les pauvres ».

Autrement dit, le salut du monde avance chaque fois que le mal recule, le mal sous toutes ses formes. Mais pour cela il faut des chrétiens qui soient solides comme Jean Baptiste, qui ne s’enferment pas dans le confort et le luxe, qui ne se contentent pas de parler, mais agissent à la manière de Jésus, en posant des gestes qui « sauvent ».

La différence entre Jean Baptiste et Jésus :

–          Jean Baptiste prépare le chemin, Jésus est « le chemin ».

–          Jean-Baptiste est la voix, Jésus est « la Parole »

–          Jean Baptiste baptise dans l’eau, Jésus baptise dans l’Esprit.

C’est pourquoi, le plus petit des chrétiens, qui appartient à Jésus Christ et qui vit de Jésus-Christ dépasse en dignité Jean Baptiste qui pourtant, selon l’histoire humaine, est le plus grand personnage, selon l’appréciation de Jésus lui-même. Le chrétien est membre d’un Royaume qui renverse les critères des hommes et privilégie les petits.

 

 

 

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

Es-tu celui qui doit venir ? C’était la question de Jean Baptiste en proie au doute.

Et nous ? et les gens autour de nous ? Est-ce qu’il ne nous arrive pas de douter nous aussi :  Où est-ce qu’on va ?Quel est le sens de tout ce que nous vivons ? ? Jésus est-il vraiment Celui qui est le Sauveur du Monde ? Croyons-nous qu’il est « Celui qui vient » ?

Et peut-être des questions semblables sur l’Eglise, avec un certain doute dans nos esprits : Pourquoi l’Eglise ? Où va l’Eglise ? Est-elle vraiment l’Eglise que Jésus a voulue ? Quelle est sa raison d’être ? A-t-elle un avenir ? Quel sera son achèvement ?


Jésus n’a pas répondu par des explications mais en montrant les actions et les gestes qu’il faisait : des gestes d’amour, des gestes qui sauvent, des gestes qui montrent l’amour du Père pour les petits, les faibles, les pauvres, les pécheurs. (les sourds entendent, les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les morts, ressuscitent une Bonne Nouvelle en parole et en action) Et en même temps il renvoie Jean Baptiste aux Ecritures, à la parole de Dieu annoncée par les prophètes.

Et nous ? Quand on nous interroge sur notre Dieu, sur Jésus-Christ, sur notre foi, comment répondons-nous ?par des discours pour essayer de convaincre ? Et  la Parole de Dieu dans tout cela ?

Le Pape Paul VI disait : «  Les hommes de notre temps écoutent plus volontiers les témoins que les maîtres, et s’ils écoutent les maîtres, c’est parce qu’ils sont d’abord des témoins. »

Croyons-nous au patient travail que le Christ fait pour sauver le monde par tous les gestes d’amour que nous posons ?

Le monde attend de nous, chrétiens, des gestes qui sauvent, des gestes qui témoignent de notre espérance, (pas seulement le monde lointain, mais ici, là où nous vivons)  Quels gestes concrets et simples pouvons-nous poser pour témoigner que nous sommes les disciples de Celui qui est venu et qui veut venir dans la vie des gens de notre temps? (rappelons nous les gestes de Jésus : qui sont les sourds aujourd’hui, qui sont les aveugles , qui sont les lépreux, qui sont les pauvres, qui sont les boiteux, qui sont les morts… ?)

 

Ensemble prions

Pour ceux qui te donnent un visage, Seigneur Jésus, en répandant ton amour autour d’eux, Tous Nous te bénissons.

Pour ceux qui te donnent des mains, Seigneur Jésus, en faisant le bien  à l’égard de leurs frères.

Pour ceux qui te donnent une bouche, Seigneur Jésus, en prenant la défense des faibles et des petits.

Chant 

 

 

 

 

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2ième Dimanche de l’Avent par Francis COUSIN

« Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche. »

La prière intérieure

Convertissez-vous ! Cette phrase que Jean-Baptiste disait il y a deux mille ans à ceux qui venaient l’écouter dans le désert de Judée, là où on se retrouve seul face à Dieu, elle s’applique aussi aujourd’hui à chacun de nous, dans notre désert peuplé de gens, de marchandises et de désirs de toutes sortes.

La conversion, ce n’est pas d’abord changer de religion, mais c’est changer le regard de son cœur pour qu’il se tourne face à Dieu, pour qu’il l’écoute et en tire les conclusions nécessaires dans sa manière de vivre.

Déjà à l’époque, Jean-Baptiste disait :’’Je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion’’. Le baptême en lui-même ne sert à rien s’il n’est pas suivi d’une conversion, d’un retournement vers Dieu, si l’on ne change pas son cœur pour accueillir le Seigneur qui vient, le Messie. D’où les vifs reproches faits aux pharisiens et aux sadducéens, qui voyaient dans le baptême de Jean-Baptiste plus un rite que l’on fait comme tout le monde, mais en le laissant extérieur à soi, que comme une démarche de conversion, une mise en route pour préparer dans son cœur la venue du messie :’’Vous vous dites fils d’Abraham, mais l’important n’est pas d’où vous venez, mais ce que vous ferez. Engeance de Vipères ! …Produisez donc un fruit digne de la conversion’’. Une image qui sera reprise par Jésus :’’Un arbre bon ne peut pas donner de mauvais fruits, ni un arbre qui pourrit donner de beaux fruits’’ (Mt 7, 18), avec la même conclusion :’’Tout arbre qui ne donne pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu’’, montrant la continuité du message entre Jean-Baptiste et Jésus.

Convertissez-vous ! A chaque fois qu’on tourne son regard vers Jésus (ou Dieu), on est obligé de se reconnaître pécheur, vis-à-vis de lui et vis-à-vis des hommes, d’où l’importance de demander pardon à Dieu de nos péchés. Les célébrations pénitentielles vont bientôt commencer dans nos paroisses, et c’est l’occasion de faire cette démarche de réconciliation avec Dieu et les hommes en allant voir un prêtre pour qu’il nous donne le pardon au nom de Dieu. ’’Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit’’ (Lc, 15,10). Cela fait aussi partie de la joie de Noël.

Convertissez-vous ! Dans ce temps de l’Avent préparatoire à Noël, il ne faudrait pas que cette préparation nous soit seulement extérieure, comme elle l’était pour les pharisiens et les sadducéens : choix des cadeaux, choix des menus, choix de la décoration de la maison (en oubliant parfois la crêche !) …

La conversion, c’est une affaire personnelle, qui regarde chacun, … mais qui est souvent bien plus facile à faire en s’aidant les uns les autres, en famille, en paroisse … en s’imprégnant de l’Écriture, de la Parole de Dieu :’’Les livres saints l’[ont] été pour nous instruire’’ (2° lecture), ’’Car la connaissance du Seigneur remplira le pays’’ (1° lecture) … et en se tournant vers les autres :’’Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la Gloire de Dieu’’ ( 2° lecture).

En fait, les textes de ce dimanche ne nous préparent pas tellement à la venue de Jésus à Noël, mais ils nous mettent sur la route pour le retour de Jésus à la fin des temps.

Seigneur Jésus,

ta venue proche à Noël

nous invite à changer notre cœur

pour qu’il soit plus proche

de toi et des autres personnes.

Mais c’est aussi une démarche

qui m’engage tous les jours

en vue de ton retour à la fin des temps.

Francis Cousin




2ème Dimanche de l’Avent par le Diacre Jacques FOURNIER

« Repentez-vous »

(Mt 3, 1-12)

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée :
« Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »
Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : ‘Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.’
Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage.
Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui,
et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés.
Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ?
Produisez donc un fruit digne de la conversion.
N’allez pas dire en vous-mêmes : “Nous avons Abraham pour père” ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham.
Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.
Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »

2 avent c

 

 

La première parole de Jean-Baptiste est identique à celle que Jésus dira au tout début de son ministère : « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche » (Mt 4,17).

            Le verbe grec employé ici, « métanoéô », signifie littéralement « connaître après », « prendre conscience de »… Et cette prise de conscience est la conséquence directe du fait que « le Royaume des Cieux est tout proche »,ce qui est vrai depuis la création du monde. L’Ancien Testament l’affirme, en effet, dès le neuvième chapitre de la Genèse en présentant Dieu comme vivant en « Alliance éternelle avec toute chair » (Gn 9,8-17).

            Or, avec Jésus et par Jésus, le Fils, il nous est donné de pouvoir prendre conscience que « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16), ce qui se traduit dans la relation éternelle Père – Fils par ce fondement exprimé par St Jean : « Le Père aime le Fils et il a tout donné, il donne tout en sa main » (Jn 3,35), tout ce qu’il a (Jn 16,15 ; 17,10), tout ce qu’Il Est. Et c’est par ce Don total de Lui-même que le Père engendre éternellement le Fils en « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière » (Crédo). Nous découvrons ainsi, avec le Fils, le propre de l’Amour : être Don total et gratuit de Lui-même pour la seule vie de l’autre, pour son seul bien… Ainsi, de toute éternité, le Père dit au Fils : « Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime » (Is 43,4). Et puisque je t’aime, je me donne totalement à toi, gratuitement, pour ton seul bien, pour la Plénitude de ta vie, pour ta joie… Tel est le fruit concret de l’Amour du Père que le Fils accueille de toute éternité, un Don qui l’engendre en Fils, qui lui donne d’Être ce qu’Il Est, et Il Est Dieu, « exultant de joie dans l’Esprit Saint », et ne cessant de dire « Je te bénis Père » pour ce que Tu Es, pour ton Amour (Lc 10,21)…

            Or St Jean nous dit aussi « Dieu Est Lumière » (1Jn 1,5). L’Amour étant Don gratuit de Lui-même, Dieu est donc, depuis le commencement du monde, « la Lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1,9)… Grâce à elle, l’homme de bonne volonté peut « prendre conscience » du mal qui habite sa vie, de son cœur qui n’est pas totalement tourné vers son Créateur et Père. Et si tel est le cas, il ne peut pas bien sûr accueillir pleinement ce Don qui ne cesse de jaillir de l’Amour, il ne peut pas être pleinement heureux car nous avons tous été créés pour trouver le vrai bonheur en nous laissant combler par ce Don de l’Amour. « Le Père Lui-même vous aime »… « Si tu savais le Don de Dieu » (Jn16,27 ; 4,10)…

            Alors, « repentez-vous », détournez-vous du mal, tournez-vous vers votre Dieu et Père, car il n’a qu’une seule Parole à nous dire : « Je t’ai créé gratuitement, par Amour. Je ne désire et ne poursuis que ton bien. Et tu le trouveras si tu acceptes de te détourner du mal et donc, au même moment, de te tourner vers moi de tout cœur pour te laisser combler par l’Amour, par le Don gratuit de l’Amour, par le Don de l’Esprit Saint. Telle est toute la mission de Jésus exprimée ici par Jean Baptiste : « Il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le Feu » (Mt 3,11)…                                                                            DJF