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Rencontre autour de l’Évangile – 2ième Dimanche de Carême (Mc 9, 2-10)

«  Celui-ci est mon Fils bien aimé : écoutez-le !« 

  

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Marc 9, 2-10)

Les disciples ont été profondément troublés quand Jésus leur a annoncé que le Messie devrait souffrir et passer par la mort. Jésus, comme pour les soutenir, leur révèle durant quelques instants sa gloire.

Le sens des mots

Pierre, Jacques et Jean : Connaissons-nous  un peu déjà ces trois disciples ? Pourquoi ce choix de Jésus ?

Une haute montagne : Que symbolise la ‘montagne’ dans la Bible ? Connaissons-nous une autre montage célèbre de la Bible ?

Transfiguré : Qu’est-ce que Jésus laisse entrevoir dans ce changement d’aspect de sa personne ?

Ses vêtements devinrent resplendissants… d’une blancheur… :  D’où vient cette lumière éclatante ? Quel est le symbole de la blancheur ?

Elie et Moïse : Que viennent faire ces deux personnages et que représentent-ils ?

Rabbi : Pourquoi Pierre s’adresse à jésus avec ce titre ?

Une nuée : Connaissons-nous d’autres passages de l’Écriture où l’on signale la présence d’une nuée ? Que signifie cette nuée ?

Une voix : Qui est-ce qui parle ?

Mon Fils bien-aimé :

Le Fils de l’homme : Jésus se nomme volontiers avec ces mots.

Ressuscité d’entre les morts.

 

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Je veux regarder, Seigneur Jésus, ton visage défiguré dans celui des hommes que le péché, l’indifférence ou le mépris ont mutilé : ces enfants au foyer désuni, ces jeunes sans espérance d’avenir professionnel, ces vieillards laissés de côté, ces peuples affamés…et dans mon propre visage que l’égoïsme et l’orgueil défigurent si souvent.

Je veux regarder ton visage transfiguré dans celui des hommes fraternels, ces papas et ces mamans qui se donnent par amour pour leurs enfants, ces chrétiens qui aiment leur Église et qui s’engagent pour la rendre plus vivante et plus rayonnante, ces visiteurs d’hôpitaux.

  

Pour l’animateur  

Jésus entraîne avec lui le trio de ses préférés. Eux seuls ont pu entrer avec Jésus dans la chambre de la jeune fille morte que Jésus a rappelée à la vie (Mc 7, 35-43). Seuls encore ils seront les témoins privilégiés de l’agonie de leur maître (14,33-34). Pourquoi ce choix ? Parce que Jésus veut associer aux points forts de sa révélation ces trois apôtres parce qu’ils sont appelés à devenir les piliers de son Église.

Cette « haute montagne » : (la tradition pense que c’est le mont Thabor en Galilée. Les spécialistes pensent plutôt au mont Hermon, une montagne enneigée au nord de la Palestine.)

Mais en fait, dans la Bible la montagne est le lieu symbolique de la manifestation de Dieu. Nous pensons au mont Sinaï, ou Dieu a rencontré Moïse dans une proximité restée célèbre. (Ex. 24,12-18)

Jésus est transfiguré : c’est le dévoilement par Jésus du secret profond de sa vie : sa divinité cachée derrière son humanité. Jésus est comme transformé. Les vêtements dans la Bible désignent la personne elle-même. Le vêtement blanc signale la gloire de la gloire divine chez les anges (Mc 16,5) ou les élus (Ap, 3,5). La lumière et la blancheur qui l’enveloppent sont le rayonnement de la divinité de Jésus qui habituellement est cachée. Jésus, dans sa vie de tous les jours, a l’aspect d’un homme ordinaire.

Moïse et Élie : Moïse est le père de la Loi juive qu’il a reçue sur le Sinaï. Plus tard, le grand prophète Élie fit un pèlerinage sur la même montagne sainte pour y rencontrer le Dieu vivant. Ils sont réunis tous les deux avec Jésus pour représenter la Loi et les Prophètes, c’est à dire la totalité des Écritures. Leur présence témoigne que Jésus accomplit en sa personne toutes les promesses de l’Ancien Testament.

Rabbi : c’est le Maître qu’il faut suivre dans son enseignement. Pierre ne comprend pas le sens profond de l’événement que Dieu lui donne de vivre.

La vison de la nuée achève de compléter le sens de la manifestation divine : dans l’Exode, la nuée lumineuse signifiait la proximité de Dieu qui marchait avec son peuple. Dieu se révèle présent aux hommes, mais il reste caché. La voix du Père, qui reste caché, révèle que Jésus le Messie et aussi son Fils bien-aimé. Le Père engage les disciples à poursuivre leur chemin en écoutant Jésus.  « Écoutez-le » : cela veut dire n’hésitez pas à le croire quand il annonce que le salut du monde passe par la souffrance et la Croix du Messie. Mais l’idée que quelqu’un pouvait « ressusciter d’entre les morts » était étrangère à l’esprit des disciples

Marc qui relit cet événement à la lumière de la Résurrection et de l’Écriture, veut encourager les chrétiens de Rome persécutés à tenir bon dans l’espérance.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie  

 Nous sommes les disciples du Christ : c’est à dire que le suivons.

Il y a des jours où le poids de la vie se fait plus lourd, où l’obscurité peut nous décourager. Pensons-nous à lever les yeux vers Jésus Ressuscité, tout en nous souvenons que lui aussi est passé par la nuit obscure de l’agonie ?

 Nous sommes les disciples du Christ : c’est à dire que nous le regardons comme notre Maître et nous l’écoutons, comme le Père des cieux nous le demande.

Jésus est-il vraiment notre seul Maître ? Qui écoutons-nous habituellement ? (Parfois ce que dit le Journal, comme si c’était La vérité ; nous écoutons tel « la di la fé », comme si c’était quelque chose de bon et de vrai ; nous écoutons tel personnage, dans un magazine, dans une émission radio, comme si ce qu’il disait était parole d’évangile.) Écouter notre Maître, c’est prendre au sérieux sa parole. C’est prendre au sérieux l’enseignement de l’Église. C’est discerner dans l’Esprit-Saint ce qui est bon, ce qui est vrai, dans tout ce qui se dit, dans tout ce qui se fait. Comment sommes-nous à l’écoute de notre Maître, le Seigneur Jésus ?

Ensemble prions  

Chant : Toi qui es lumière (Carnet paroissial p.151)

O Christ, merveilleusement transfiguré devant tes disciples, nous te prions :

Tous : Éclaire notre nuit, nous t’en prions.

Avant de mourir sur la croix, tu as manifesté à tes disciples la gloire de ta résurrection : Que la joie de ta victoire transfigure ton Église.

Tu as pris avec toi Pierre, Jacques et Jean et tu les as conduits sur la montagne :

Que tous les croyants soient prêts à rendre compte de l’espérance de la Résurrection.

Tu veux rendre nos corps de misère semblables à ton corps de gloire : Fais grandir en nous la foi en notre propre résurrection.

 

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1° Dimanche de Carême (Mc 1, 12-15) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

Dimanche dernier à la sortie de la messe, une paroissienne m’a demandé si dans la Bible, nous trouvions une mention du carême. Je lui ai répondu que l’on ne trouvait pas dans la Bible de mention du carême tel qu’on le vit aujourd’hui dans l’Église. Elle m’a alors demandé pour quelle raison l’Église imposait-elle ce temps de pénitence aux fidèles. Le carême est-il nécessaire ? Ou au moins, utile ? Il est possible que certains d’entre-nous se posent la même question que cette dame. Je vous propose donc de réfléchir ensemble sur le carême à partir des textes bibliques proposés par la liturgie.

Dans la première lecture nous lisons :

« Dieu dit à Noé et à ses fils : « Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous » (Gn 9, 8)

Dans la Bible, l’Alliance est le terme choisi par les auteurs sacrés pour exprimer le mode de relation entre Dieu et l’humain. Nous trouvons dans le Premier testament de la Bible plusieurs récits dans lesquels Dieu fait alliance avec des personnages : avec Abraham (Gn 15), avec Jacob (Gn 28) ; avec Moïse (Ex 19 ; 24…) etc.

Dans la première lecture, l’Alliance que Dieu fait avec Noé, ses fils, et avec tous les êtres-vivants est « unilatérale ». Ainsi, Dieu s’engage seul et sans aucune condition, à ne plus détruire sa création par un déluge.

Mais dans la Bible, il existe aussi des alliances « bilatérales », c’est-à-dire des alliances dans lequel Dieu et le Peuple s’engagent réciproquement. Dans ces alliances bilatérales, il y a une condition à l’engagement de Dieu en faveur du Peuple. Par exemple, dans le livre de l’Exode, le Seigneur dit au Peuple par l’intermédiaire de Moïse :

« Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, comment je vous ai portés comme sur les ailes d’un aigle et vous ai amenés jusqu’à moi. Maintenant donc, si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, vous serez mon domaine particulier parmi tous les peuples, car toute la terre m’appartient ; mais vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte.” » (Ex 19, 4-6).

Dans le livre du Deutéronome, l’obéissance du Peuple aux commandements du Seigneur est présentée comme la condition d’une vie heureuse de manière encore plus explicite :

 « Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins, de garder ses commandements, ses décrets et ses ordonnances. Alors, tu vivras et te multiplieras ; le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays dont tu vas prendre possession. » (Dt 30, 15-16)

Les premières lectures que nous entendons à la messe, nous montrent souvent que le Peuple hébreu n’a pas été capable d’être fidèle au Seigneur. C’est la raison pour laquelle  pendant l’Exil à Babylone, parlant par des prophètes tels qu’Ezechiel  (Ez 36) et Jérémie (Jr 31), le Seigneur a annoncé qu’il allait conclure une Alliance définitive qui ne serait plus jamais rompue.

Pour nous chrétiens, cette alliance « nouvelle et éternelle » a été établie par la mort et la résurrection de Jésus Christ.

C’est ce que nous rappelle le début de la deuxième lecture tirée de la Première Lettre de Pierre : « Bien-aimés, le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu » (1 P 3, 18)

Le baptême que nous avons reçu ou que nous allons recevoir est le signe de notre foi en Christ qui nous donne accès à Dieu pour toujours. Le texte suggère même que Jésus ne veut exclure personne du salut qu’il offre puisque le texte nous dit « qu’il est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité. Ceux-ci, jadis, avaient refusé d’obéir » (1 P 3, 19-20).

Si le salut est offert gratuitement sans aucun préalable, il me semble qu’il est possible de dire que la Nouvelle Alliance établie par Jésus est une « alliance unilatérale ». Par la mort et la résurrection de Jésus Christ, notre salut est déjà acquis de manière définitive.

Si le salut est déjà acquis, à quoi bon faire des efforts pendant le carême pour soigner ma relation avec Dieu ? La question que m’a posé la paroissienne dimanche dernier est légitime.

En fait, cette question n’est pas nouvelle. Depuis le début du christianisme, les croyants se sont posés ce genre de question. Dès le Ier siècle, certains chrétiens ont cru pouvoir faire ce qu’ils voulaient et jouir de la vie, puisque quoiqu’ils fassent, ils  étaient sauvés par le Christ. Les responsables de communautés de l’Église primitive ont dû combattre ces déviances.

Sans nier la totale gratuité du salut en Jésus Christ, l’auteur de la Première Lettre de Pierre nous rappelle que « le baptême (…) est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite ». Autrement dit, si le baptême est le signe de la confiance que nous mettons en Jésus Christ pour notre salut, il est aussi un engagement envers Dieu. Et cet engagement implique un certain comportement vis-à-vis de Dieu, et de notre prochain.

Si le Peuple Hébreu n’a pas toujours été fidèle au Seigneur, nous ne sommes pas meilleurs que lui. Même si l’Alliance en Jésus Christ ne peut plus être rompue, nous devons admettre que bien souvent, notre comportement nous éloigne de Dieu.

La tendance de l’Homme à céder aux tentations mauvaises et à « faire ce qui est mal aux yeux du Seigneur » est la raison d’être du carême.

Le carême est un temps que l’Église nous donne chaque année pour nous préparer intérieurement à faire mémoire de l’évènement qui est au fondement de la Nouvelle Alliance : la mort et la résurrection de Jésus, en renouvelant notre désir de Dieu et en prenant conscience de ce qui dans notre vie, abîme notre relation à Lui et à notre prochain.

Dans le texte d’évangile de ce premier dimanche de carême, Jésus nous est donné en exemple. Comme nous, il a été tenté mais il n’a pas cédé : « Aussitôt l’Esprit le pousse au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan » (Mc 1, 13).

L’évangéliste Marc ne nous donne pas de détail sur les tentations que subit Jésus. Cependant, le texte nous dit que « les anges le servaient » (Mc 1, 13). Nous pouvons imaginer qu’être servi par des anges devaient être une situation très confortable. Il est possible que Jésus ait pu avoir la tentation de continuer à être servi par les anges ; d’autant plus qu’être servi est naturel lorsqu’on est Fils de Dieu. Jésus aurait ainsi échappé à sa mission qui, nous savons, l’a amené à donner sa vie sur la croix. Mais Jésus n’a pas cédé à cette tentation.

Plus loin dans ce même évangile de Marc, il déclarera que « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir… » (Mc 10, 45).

Si nous n’avons pas encore choisi quel(s) effort(s) de carême faire cette année, peut-être pourrions-nous simplement nous inspirer de notre Maître et Seigneur Jésus Christ en quittant nous aussi, notre zone de confort pour nous mettre au service des autres.

Amen !




Rencontre autour de l’Evangile – 1er Dimanche de Carême (Mc 1, 12-15)

« Convertissez-vous et croyez à l’Evangile »

baptème de jésus

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mc 1,12-15)

Nous sommes au tout début de l’Évangile de Marc. Jean Baptiste a terminé sa mission. C’est au tour de Jésus de commencer la sienne.

Le sens des mots

Jésus baptisé : pourquoi Jésus s’est fait baptiser ?

L’Esprit le pousse au désert : D’où vient cet Esprit ? Pourquoi le désert ?

Est-ce que nous nous rappelons ce qui s’est passé pour le peuple hébreu à la sortie d’Égypte ? Rappelons-nous comment sa fidélité a connu de rudes épreuves.

Quarante jours : A quoi nous renvoie ce chiffre « quarante » ?

Tenté par Satan : Qui est ce personnage ? En quoi, au juste, Jésus a-t-il été tenté ?

Parmi les bêtes sauvages : Pourquoi Jésus vit-il parmi les bêtes sauvages : qu’est que cela signifie ?

Les anges le servaient : Quel est le sens de cette parole ?

Après l’arrestation de Jean-Baptiste : Quel était le rôle de Jean-Baptiste ? Qu’est-ce qu’il prêchait ?

La Galilée : C’est là que Jésus commence sa prédication. Pourquoi ?

La Bonne Nouvelle de Dieu Quelle est cette Bonne Nouvelle ? Bonne Nouvelle pour qui ? Quel est l’autre mot pour dire « Bonne Nouvelle » ?

Les temps sont accomplis : Que veut dire Jésus ?

Convertisez-vous : C’est quoi cette « conversion » que Jésus demande ?

Croyez à la Bonne Nouvelle : Qui est en définitive cette « Bonne Nouvelle » ? Que  veut dire « croire » ici ?

 

Pour l’animateur

(pour mieux comprendre le texte)

 Par son Baptême, Jésus a manifesté sa solidarité profonde avec l’humanité pécheresse. Le Père l’a investi officiellement de sa mission de Messie Sauveur par le Saint Esprit. Et cet Esprit de Dieu l’entraîne au désert. Le désert, lieu de la solitude, du silence, de l’aridité, nous ramène au désert de l’Exode. Durant « quarante » ans, la fidélité du peuple hébreu à Dieu a connu des épreuves (la faim, la soif, murmure et révolte contre Dieu, idolâtrie… Jésus est amené à refaire, pour son compte, l’itinéraire spirituel du peuple de Dieu. Il a passé par les eaux du Jourdain (comme le peuple hébreu par la Mer Rouge). Il revit les « tentations » que l’ancien Israël a subies au désert. (C’est le sens du chiffre « quarante »). Tel un nouveau  Moïse, Jésus accomplit le nouvel Exode ; en sa personne va naître le nouveau peuple de Dieu.

 Satan est le nom donné dans la bible à l’ennemi mystérieux qui s’oppose à l’établissement du Règne de Dieu. Marc est très discret sur les tentions de Jésus au désert. Mais durant tout son ministère, nous verrons que jésus a été sollicité d’utiliser sa puissance divine pour imposer de manière triomphale le Règne de Dieu. Au lieu de manifester sa divinité avec éclat, jésus restera humblement soumis au Père. Le fait qu’il vit parmi les bêtes sauvages, c’est une manière de dire qu’il est victorieux des forces du Mal. Cette familiarité de l’homme avec les bêtes sauvages était annoncée par les prophètes pour dire que le Messie rétablit l’harmonie de l’homme avec le ciel et avec la création. Et Dieu est avec lui pour l’assister. C’est le sens des anges qui le servaient.

 Jean le prophète précurseur prêchait la conversation et Jésus le Messie prend le relais. Jésus revient en Galilée ou il a été élevé. La Galilée est le «district des nations » , un carrefour de peuples, une terre de brassage entre juifs et païens, un centre missionnaire très important pour Jésus. Jésus proclame la Bonne Nouvelle de Dieu : c’est l’annonce de la joyeuse nouvelle du salut  « vient » de Dieu. Jésus apporte avec lui cette «Bonne Nouvelle» : « l’Évangile ».

 « Les temps sont accomplis » ; cela veut dire que le Plan de Salut de Dieu a trouvé en Jésus son accomplissement : il est le Messie qui mène l’histoire à sa fin. Avec Jésus, Dieu est maintenant personnellement à l’œuvre : en Jésus le Règne de Dieu s’est approché de nous. Se convertir c’est changer mentalité, de manière de penser et de vivre, pour accueillir dans la foi cet heureux événement. Mais pour cela la foi en la Bonne Nouvelle est nécessaire. Jésus est devenu lui-même la Bonne Nouvelle.

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

 Jésus, Jésus, tu es toi-même la Bonne Nouvelle du Salut que Dieu ton Père apporte aux hommes. Par toi, c’est Dieu lui-même qui s’est approché, personnellement, de nous. Durant ce temps de Carême, conduis-nous au désert avec Toi et rends nous forts dans les tentations qui sont des épreuves pour notre foi. Change toi-même notre cœur.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

 Dieu en son fils est venu lui-même prendre en main la lutte des hommes contre toutes le formes de mal et manifester ainsi son Règne. L’heure est arrivée ou Dieu se mêle aux hommes pour que l’amour ait le dernier mot sur la terre :

 Sommes-nous conscients du poids du péché du monde sur les hommes : les peuples opprimés, le règne de l’argent, la souffrance des malades, des handicapés, des handicapés, des laissés pour compte de notre société…? Comment à notre place et selon nos moyens nous sommes associés à la lutte de Jésus Christ contre le Mal ?

 A voir nos équipes, nos mouvements, nos communautés chrétiennes, nos célébrations, les hommes peuvent-ils dire « le Règne de Dieu est là » ?

 

 ENSEMBLE PRIONS

Prier avec le chant : Seigneur avec toi nous irons au désert.

 

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1er Dimanche de Carême année B (Mc 1, 12-15) par D. Jacques FOURNIER

« Le Royaume des Cieux est tout proche » (Mc 1,12-15)

Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert et  dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

 

 

 

         «  Je dis au monde ce que j’ai vu chez mon Père, ce que j’ai entendu de lui », déclare Jésus en St Jean (Jn 8,26). Ainsi, avant de dire quoique ce soit, Jésus le vit. Sa Parole ne fait que rendre témoignage à la relation d’amour qui l’unit à son Père. « Le Père aime le Fils », un présent qui a valeur d’éternité, « et il a tout donné en ses mains » (Jn 3,35). « Le Père est avec moi, il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît » (Jn 8,29). Et cette relation est vitale pour lui : « Je vis par le Père » (Jn 6,57). De toute éternité, le Père lui « donne en effet l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34) et « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). Ainsi, « comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (Jn 5,26), par « l’Esprit qui vivifie ». Le Père est-il Plénitude d’Esprit ? Le Fils l’est aussi car il reçoit du Père cette même Plénitude… Et c’est ainsi que « moi et le Père, nous sommes un », dit Jésus (Jn 10,30), dans la communion d’un même Esprit et d’une même Vie reçue par Amour et dans l’Amour…

            Or, « le Règne de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Il est donc Mystère de Communion dans « l’unité d’un même Esprit » (Ep 4,3). Jésus reçoit du Père la Plénitude de l’Esprit ? « Recevez l’Esprit Saint », dira-il à ses disciples (Jn 20,22). Alors, son vœu le plus cher à notre égard sera exaucé : « Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi », par l’Esprit, « qu’eux aussi soient en nous » (Jn 17,21) par ce même Esprit qui est tout à la fois Lumière et Vie (Jn 4,24 ; 1Jn 1,5 ; Jn 8,12 ; 1,4). Or « la Lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 1,5)… Pour tous ceux et celles qui accepteront de le recevoir par leur foi, l’Esprit se révèlera donc victorieux de tout mal et de ses conséquences. Avec lui et par lui, la Miséricorde infinie et Toute Puissante de Dieu (Lc 1,49-50) règnera, pour notre Vie…

C’est ce que Jésus a manifesté pendant son séjour de quarante jours au désert, « tenté par Satan ». Or ce même Esprit est dès maintenant offert à tous les hommes, gratuitement, par Amour… Pour l’accueillir, il suffit de se repentir de tout son cœur du mal commis et de « croire en la Bonne Nouvelle » de l’Amour Infini et Tout Puissant. Alors, inlassablement, l’Esprit pardonnera et guérira ce qui doit l’être dans nos vies pourvu que nous osions ne mettre aucune limite à la Miséricorde de Dieu…      DJF




1° Dimanche de Carême (Mc 1, 12-15) – par Francis COUSIN

  « Le désert … »

 

Le désert est un mot qui fait peur …, la solitude, l’isolement, se retrouver seul avec soi-même …

C’est souvent l’impression qu’on en a … mais c’est aussi un moment de réflexion sur soi : qu’est-ce qui fait ma vie … ?

Et on n’a pas besoin pour cela d’aller au Sahara ou au Néguev …

Marc nous dit que Jésus venait d’être baptisé … « et aussitôt l’Esprit le pousse au désert. » Et Marc utilise le même mot que quand Jésus expulse les démons … C’est la manière forte …une obligation à laquelle Jésus ne peut résister … « et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. ».

Jésus s’est fait homme, totalement homme, jusqu’à être tenté par Satan !

Et on sait combien les tentations diverses atteignent tous les humains … égoïsme, tentation de puissance, de pouvoir …

C’est sans doute pourquoi il les a intégrées dans la prière du Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation … ».

Jésus resta quarante jours, seul, en temps qu’être humain, mais toujours en relation avec son Père et l’Esprit Saint.

Il n’était pas isolé …

Et cette relation qu’il avait avec son père … c’est ce qu’il voudrait que nous ayons, nous aussi …

Car c’est sans doute le seul moyen que nous avons pour ne pas succomber aux tentations initiée par Satan.

Être toujours en relation avec Dieu …

Ou dit autrement : avoir toujours notre regard tourné vers Dieu …

C’est-à-dire, en fait : nous convertir

Pas seulement une fois …

Mais chaque jour … sans arrêt …

Et ça … c’est difficile … et cela demande des efforts de notre part …

C’est ce que nous rappelle le temps du carême : un temps de purification permanente qui nous ramène vers Dieu, …

Mais pas vers soi-même, notre petit ’’ moi’’ …

Tentation au combien fréquente …

Au contraire : si le carême nous rapproche de Dieu, nécessairement, il nous oblige à regader aussi les autres …

Ceux qui ne croient pas comme nous … ou autrement …

Ceux qui sont seul …

Ceux qui souffre … physiquement, mentalement, moralement …

Ceux qui sont dans la peine …

Ceux qui ont faim … soif …

Il y a tant de chose à faire pour tous ces gens …

C’est ce que fit Jésus : « Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. ». « Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons. » (Mc 1,34)

Seigneur Jésus,

ouvre nos cœurs à ta Parole,

permet que nous ayons une conversion vraie,

qui nous engage envers toi

et aussi envers tous nos frères.

Sois avec nous tous les jours.

 

Francis Cousin

 

 

 

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Mercredi des Cendres (Mtth 6, 1-6 ; 16-18) – par Francis COUSIN

 « Le spectacle … ou le secret ? »

Mercredi des cendres … début du carême !

Réactions mitigées de la part des gens …

Pour beaucoup (mais je me trompe peut-être …), c’est plus ou moins le début d’une période d’austérité, de tristesse, où on ne peut peux vivre comme d’habitude …, où on est triste … et on où on affiche ’’une face de carême’’ …

Heureusement, la veille, on a fait le plein de bonheur superficiel …crêpes, chants, danses, voir carnaval …

C’est vrai que quarante jours … c’est long ! … mais cela ne fait qu’un peu plus d’un pourcent de l’année !

Et puis, maintenant, on ne peut plus dire que ce soit très prenant …

Fini le jeûne, sauf le jour des cendres et le vendredi saint !

Fini l’abstinence de viande les vendredis !

Fini les efforts de carême … du moins pour les plus jeunes !

Fini presque partout dans les écoles catholiques les ’’collectes’’ de denrées pendant le carême : boites de sardine ou de thon (pas de cassoulet !), vêtements etc …

Fini … du moins pour la plupart des gens …

C’est vrai que l’essentiel, et qui est une force pour tous les chrétiens, c’est de prendre ce temps de carême comme un appel à la conversion, un retour vers le Seigneur !

Et tous les textes liturgiques de ce jour vont dans ce sens !

« Et maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. (…)  Faudra-t-il qu’on dise : “Où donc est leur Dieu ? » (Première lecture).

« Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. » (Psaume).

« Par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » (Deuxième lecture).

Les cendres que nous recevons aujourd’hui sont un symbole de notre faiblesse devant Dieu : une matière qui n’a pas de consistance, qui d’envole au vent, et qui nous rappelle que nous sommes issus de la poussière du sol ( cf Gn 2,7) et que nous y retournerons à notre mort.

Ce signe des cendres nous est donné pour nous aider à vivre mieux et à comprendre l’amour de Dieu qui a choisi de se lier à des personnes faibles et fragiles comme nous le sommes.

Quant à l’évangile de ce jour il nous demande d’être vrai dans notre relation avec les autres hommes ; mais aussi vrai dans notre relation avec Dieu, en donnant trois exemples : au sujet de l’aumône, de la prière et du jeûne ; Trois thèmes qui sont recommandés à tous de manière plus importante pendant le carême.

« Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. ».

Ne vous donnez pas en spectacle, « pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. ».

« Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, »

« Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret »

« Quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage. ».

Avec à chaque fois ce refrain : « Ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » …

Il vaut mieux que nos actions soit connus par Dieu, plutôt que par les hommes, pour une ’’gloire’’ qui ne dure pas !

Seigneur Jésus,

au seuil de ce carême,

aide-nous à nous retourner vers toi,

à nous réconcilier avec toi,

et à choisir ce qui est vrai et durable.

 

Francis Cousin

    

 

 

 

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Mercredi des cendres (Mt 6, 1-18) – Homélie du Père Louis DATTIN

Mt 6, 1-18

Nous voici entrés ce matin dans le Carême. Que sera-t-il pour nous ? Une période où l’on attend vaguement la fête de Pâques sans beaucoup se soucier de ce qu’attend l’Eglise de nous ? Non, c’est une période importante, la plus importante : pour changer notre vie, la faire avancer, la faire progresser, pour participer, 40 jours après, à la Passion du Christ et surtout à sa Résurrection qui doit être aussi la nôtre. Ce Carême est un temps fort de conversion intérieure, de lutte ; c’est le moment de nous rappeler que pour suivre Jésus, il nous faut : avancer, cheminer, progresser.

Le Seigneur, dans l’Evangile que nous venons de lire, nous recommande trois moyens pour faire un bon Carême : la prière, le jeûne, le partage. Mais attention, le Seigneur nous dit, tout de suite après, que ces trois moyens ne sont pas seulement une pratique extérieure.

Ce qui compte : c’est la manière dont nous les vivrons, c’est l’intention de notre cœur.

A quoi sert de prier si, même pendant ma prière, je pense à autre chose… et que, pendant tout mon chapelet, j’ai pensé à mon voisin pour voir quelle vengeance ou quelle réponse je vais lui donner ?

A quoi sert de jeûner si, pendant que je jeûne, un pauvre à côté de moi fait un jeûne forcé et que je ne lui donne rien ?

Et mon aumône elle-même, à quoi servira-t-elle si le cœur n’y est pas, si mon partage de mes vêtements n’est que le moyen de faire un peu plus de place dans mon armoire ?

Ce qui compte : c’est la manière de vivre tout cela, c’est l’intention de notre cœur. Jésus a parlé du moindre verre d’eau donné à un petit en son nom ; et rappelez-vous l’obole de la veuve : 2 piécettes seulement, mais c’était tout ce qu’elle avait !

Le Christ, pendant ce carême, veut nous entraîner, non dans une religion de gestes extérieures, mais dans une  religion d’amour où il s’agit de plaire à Dieu plutôt qu’aux  hommes ou à nous-mêmes…

Quand nous faisons quelque chose de bien, nous sommes assez satisfaits ; c’est assez gratifiant et nous sommes tentés de nous dire : « Après tout, je ne suis pas si mal que ça ! ».

Nous nous regardons encore de trop. « Que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite », donc n’avoir ‘’aucun retour sur soi’’.

Mettons-nous dans la cendre, c’est-à-dire dans l’humilité. C’est là que nous pouvons trouver ce que nous voulons vraiment. Si nous sommes vrais, c’est là que nous pourrons expérimenter notre faiblesse radicale. Alors, nous pourrons lever les yeux vers Dieu.  AMEN




1er Dimanche de Carême (Mc 1, 12-15)- Homélie du Père Louis DATTIN

Les temps sont accomplis

Mc 1, 12-15

Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu, en disant : « Les temps sont accomplis », « Convertissez-vous ».

« Les temps sont accomplis » : essayons pendant quelques minutes, frères et sœurs, de réfléchir sur le temps, le temps que Dieu nous donne et qu’il va encore nous offrir pendant ce Carême, pour avoir le temps de nous changer, de nous convertir. L’Ecclésiaste nous rappelle qu’il y a un temps pour tout : un temps pour prier, un temps pour agir, un temps pour planter, un temps pour abattre, un temps pour bâtir, un temps pour détruire.

A quoi, frères et sœurs, allons-nous consacrer notre temps pendant ce Carême ? Serait-ce du temps utile ou du temps perdu ? En principe, nous sommes maîtres de notre temps. En réalité, nous savons bien que c’est le temps qui est notre maître et que nous essayons toute la journée de le maîtriser, sans pouvoir toujours y réussir. On a dit que notre monde, notre vie, était une valse à trois temps.

Tout d’abord:

1 – le temps biologique : celui de notre corps et de ses rythmes : la nuit, le jour, le sommeil, l’activité – l’enfance, l’adolescence, la vie adulte, la vieillesse.

2 – il y a aussi le temps mécanique : le découpage, fait par l’homme, de ce temps avec les ans, les mois, les jours, les heures, les minutes et le temps de nos horloges et de nos chronomètres.

3 – et il y a aussi le temps social : les mi-temps, les trois-huit, les vacances, les trimestres de la sécurité sociale, le temps de la retraite, le travail temporaire, les contrats à durée déterminée : CDI-CDD.

Si bien que notre temps est devenu extrêmement artificiel. C’est un évêque africain qui disait à ses fidèles : « Depuis que vous avez l’heure, vous n’avez plus le temps ». Nos rythmes profonds ont été refoulés par les occupations multiples qui nous sont imposées de l’extérieur, si bien que le temps, qui n’est qu’un « moyen« , un espace horaire pour réaliser telle ou telle œuvre, devient un « but » : nous cherchons à gagner du temps au lieu de veiller à bien le remplir et si par hasard, nous avons le temps, si nous avons du temps, nous avons peur et nous multiplions les activités pour soi-disant « occuper le temps » sans nous avouer que c’est pour « tuer le temps » dont nous ne savons plus quoi faire.

A notre époque, le temps a subi aussi trois modifications :

1 – Il est raccourci : on sait les nouvelles en quelques secondes, à la télé, à la radio. C’est du « direct » où le temps ne compte plus.

2 – Le temps est impatient : pour un journaliste comme pour un téléspectateur, il faut qu’il se passe toujours quelque chose sinon on a l’impression de n’être pas dans la vie.

3 – En outre, c’est un temps en miettes : le temps ne peut plus nous faire réagir à l’évènement que déjà un autre vient nous bousculer.

Alors, en face de ce temps, l’Evangile pourrait nous dire : « Arrêtez vos montres ». Le temps, c’est d’abord un « don de Dieu » que je peux gaspiller ou remplir de façon utile. Donnez un cahier à un enfant de trois ans et un autre à un savant : regardez la façon dont il va être employé.

Dans le 1er, je vais trouver des gribouillis, des taches, des tracés incompréhensibles ; dans l’autre, un texte admirable que l’on appellera « chef-d’œuvre ». Au départ, Dieu leur a donné le même cahier : quelle différence dans le résultat !

Le temps que Dieu me donne, cette heure qui va suivre, ce demain qu’il va m’offrir, ce mois suivant, l’année prochaine : que vais-je en faire ? Vais-je les gaspiller ou en faire le contenant d’un chef-d’œuvre? L’heure de Dieu, c’est une heure qui m’est offerte par Dieu pour aimer : vais-je remplir mon temps par de l’amour envers Dieu et envers les autres ? Lorsque Jésus dit dans cet Evangile « Les temps sont accomplis », « Convertissez-vous », c’est cela que Jésus veut nous dire : « Ne gaspillez pas ce temps que Dieu vous offre, il est limité ». Il a eu un commencement : la date de votre naissance, il aura une fin : la date de votre mort » et il vous sera demandé un jour : « Ces 20 ans, ces 50 ans, ces années que je t’ai données : qu’en as-tu fait ? Un grand sac vide avec quelques bricoles au fond ou bien, au contraire, un container rempli jusqu’au bord de tout ce que tu as fait ? »

Dans ton existence, as- tu travaillé à créer plus de justice, plus d’amour, plus de fraternité entre les hommes, plus de compréhension ? Jésus-Christ nous le rappelle : « Le règne de Dieu est tout proche ». Ce règne de Dieu qui est, qui était et qui vient pour les siècles des siècles c’est-à-dire où le temps ne s’écoule plus, ce temps qui n’est plus qu’un instant éternel. « Cette parole de l’Ecriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. C’est déjà l’annonce d’un moment définitif où Jésus sur la Croix, ayant terminé sa mission pourra s’écrier : « Tout est accompli ». La victoire sur la mort est remportée.

« Les temps sont accomplis » ne veut pas dire « L’histoire est finie » « Il n’y a plus rien à vivre », cela veut dire au contraire « Ce temps que je vous donne maintenant, profitez-en, utilisez-le, jour par jour, mois après mois, pour accomplir, à votre tour, le projet de Dieu sur vous. Accueillez ce temps pour vivre à fond l’Evangile et déjà anticiper sur la terre le temps du Royaume de Dieu. « Convertissez-vous », c’est-à-dire ne perdez votre temps à des broutilles, attaquez-vous à l’essentiel : que tout « le temps » qui vous est donné depuis votre Baptême soit un temps d’amour, un temps de construction, un temps d’ouverture, d’accueil aux autres : « Le Royaume de Dieu, il est déjà là ». La vie nouvelle ne commence pas dans l’au-delà de la mort, elle est déjà présente en vous depuis votre Baptême.

Cette vie-là, « vivez-là dans le temps que je vous offre ».

C’est le temps du salut.

 Puisque « les temps sont accomplis », chaque jour que nous avons à vivre désormais, va avoir sa valeur propre. Chaque jour est l’aujourd’hui de Dieu : chaque jour, nous pouvons vivre et partager ce qui nous est donné en Jésus. Voilà pourquoi, Jésus, conscient du temps qui lui est donné (il ne lui reste que moins de trois ans à vivre), commence à passer 40 jours dans le désert. Nous avons besoin, nous aussi, pendant ce Carême, d’un temps de désert, d’un temps de halte, en nous laissant, nous aussi, pousser par l’Esprit ; alors, au milieu de nos occupations, nos déplacements, nous pourrons réaliser que « Les temps sont accomplis », qu’il est temps de changer : le temps de nous convertir et de croire vraiment à la Bonne Nouvelle.

Demain, nous serons encore bousculés. Demain encore, nous aurons l’impression de perdre notre temps et cependant, pendant ce Carême, je vous souhaite une grâce : celle de « retrouver le goût du temps » et ensuite de savoir féconder chaque jour qui nous sera donné jusqu’à Pâques.

Essayons pendant ce Carême de nous organiser pour donner du temps à Dieu, à la communauté des croyants, à notre famille, aux pauvres, aux proches et pourquoi pas … à nous-mêmes ! Nous avons besoin de temps pour nous reprendre. « Le temps est venu » de l’accomplissement du projet de Dieu en nous, sur nous.

Comment voyez-vous le temps de votre vie ? Comme un temps mort ? Un temps vide ? Un temps dévoré ? Un temps bousculé ?  Comment, pendant ce Carême, mieux gérer notre temps, pour en faire un temps « occupé » à l’essentiel et non « perdu » en des occupations futiles ?

 Voilà que le Seigneur nous offre 40 jours jusqu’à Pâques : qu’allons-nous en faire ? Allons-nous féconder chaque jour qui nous sera donné ? Ce serait magnifique, si, chaque soir, revoyant la journée écoulée, nous puissions dire au Seigneur :

 « La voici, Seigneur, cette journée. Reçois-là, je te l’offre, pleine de mon travail offert, de l’écoute aux autres, de l’attention aux plus petits, de mon dévouement à ceux qui m’ont entouré. Cette journée est une étape Seigneur, celle qui va suivre en sera une autre et ainsi jusqu’à Pâques où, à l’offertoire et à la Consécration de la messe, tu transformeras tout cela pour en faire une œuvre sacrée, une pierre de la construction de ton Royaume ».

« Prenons la main que Dieu nous tend. Voici le temps où Dieu fait grâce à notre terre. Prenons le temps de vivre en grâce avec  nos frères ».  AMEN




Vendredi 9 février, 5ème Semaine du Temps Ordinaire (Mc 7, 31-37) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

« Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses » ». Littéralement : « Il a fait toutes choses bonnes ». Jésus est celui qui fait toutes choses bonnes, de façon admirable. Jésus ne fait que de bonnes choses pour au moins deux raisons :

 

 

  • La première c’est parce qu’il nous aime et qu’il veut nous redresser. Jésus ne peut pas rester indifférent à ce qui nous accable ! Il se soucie de nous ! Comme pour le sourd-muet de l’évangile, Jésus veut nous guérir de nos cécités, de nos surdités intérieures… Ce que nous ne voyons pas, ce que nous n’entendons pas et que nous devons voir et entendre pour avancer sur le chemin de l’Évangile.

  • Jésus fait également toutes choses bonnes parce qu’il finit toujours ce qu’il fait. Il ne fait rien à moitié et il ne laisse rien de côté pour le finir après.

Le Seigneur lui-même nous enseigne aujourd’hui comment agir. Nous pouvons relever quelques leçons pour nous :

  • Pour que toutes choses soient bonnes, il faut être animé de l’amour fraternel, avoir ce souci nous-même de redresser notre prochain dans le besoin.

  • Reconnaître nos cécités et surdités intérieures. Laisser le Christ nous délier intérieurement de ce qui nous empêche encore de vivre pleinement notre vraie liberté de fils et de fille de Dieu.

  • Ne rien faire à moitié… Apprenons à moins tolérer les choses faites à moitié ou pour certaines mal faites. C’est une exigence à cultiver tout au long de notre vie !

  • Ne pas remettre à demain ce que nous pouvons faire le jour même. Voilà une autre exigence à cultiver tant nos agendas sont parfois voire même souvent bousculés ! Mais il en va pour faire les choses plus efficacement et pour ne pas se dérober à la tâche.

À chacun d’y répondre !  C’est à chacun que le Seigneur redit : « Effata ! » « Ouvre-toi ! » Qu’il nous vienne en aide : Seigneur Jésus, nous te supplions, toi notre Maître et Seigneur, enseigne-nous, apprends-nous à bien faire toutes choses. Amen.




6ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 40-45) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

Quel changement d’attitude surprenant ! Alors qu’à la demande du lépreux, Jésus est « saisi de compassion » (Mc 1, 41), après l’avoir purifié, Jésus le renvoie aussitôt « avec fermeté ». La traduction liturgique a adouci le texte, car le texte grec nous dit clairement que Jésus « réprimande » le lépreux…qu’il lui parle de manière très dure !

Je ne pense pas que notre maître et Seigneur, soit lunatique. Alors, pour quelle raison Jésus passe-t-il de la compassion à l’agacement ?  Comment comprendre ce changement soudain d’attitude ? Cherchons une réponse dans les textes.

La première lecture est tirée du Livre du Lévitique (Lv 13, 1-2.45-46) nous rappelle ce que prescrit la Loi juive pour les personnes atteintes de lèpre. Tout d’abord, nous apprenons que c’est au prêtre que revient la tâche de constater la lèpre dont est atteint un membre de la communauté. La suite du texte que nous n’avons pas lu, nous informe que c’est aussi le prêtre qui peut constater la purification d’un lépreux et le réintégrer à la communauté.

Comme le suggère le texte, le lépreux était exclu du monde normal des vivants. C’est la raison pour laquelle on imposait au lépreux qui se déplaçait, d’avertir les autres de se tenir à l’écart de lui, à cause de son impureté, car dans la pensée juive l’impureté se transmet par le contact physique.

« Le lépreux atteint d’une tache portera des vêtements déchirés et les cheveux en désordre » (Lv 13, 45)

La mention du « vêtement déchiré » est très parlante, car il s’agit d’un rite de deuil. Dans la Bible, le vêtement déchiré peut aussi signifier la tristesse ou la colère. Nous pourrions dire que ce vêtement déchiré exprime extérieurement ce qui est ressenti intérieurement par le lépreux qui est exclu de la société.

Venons-en au texte d’évangile.   

Ce dimanche nous poursuivons la lecture du chapitre 1 de l’évangile selon Marc. « En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus » (Mc 1, 40). Remarquons d’emblée, que ce lépreux a eu l’audace de s’approcher de Jésus, c’est-à-dire, de s’approcher du monde des « personnes pures », alors que comme nous venons de le voir, la Loi de Moïse prescrivait aux lépreux de rester éloignés des autres.

Serait-ce pour cette transgression de le Loi que Jésus réprimande le lépreux à la fin du texte ? C’est peu probable puisque Jésus accède à sa demande : « Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » (1, 41).

Le texte nous dit que Jésus touche le lépreux, et en le touchant devient lui-même impur. Serait-ce donc parce qu’il s’est rendu impur que Jésus se met en colère ? C’est peu vraisemblable. En effet, nous savons par le récit de l’exorcisme dans la synagogue de Capharnaüm (1, 21-28) que Jésus est capable d’opérer un miracle par sa seule parole. Il n’avait donc pas besoin de toucher le lépreux pour le purifier. S’il l’a fait, c’est parce que ce geste a une signification. Si Jésus a touché le lépreux, c’est pour signifier qu’il prenait sur lui la condition du lépreux, c’est-à-dire qu’il prenait sur lui son « exclusion ». De fait, nous savons que lors de sa Passion, Jésus sera seul, rejeté par ses compatriotes. Il sera même abandonné par ses propres disciples qui fuiront, comme on « fuyait » à l’approche d’un lépreux.

« Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. » (1, 43-44)

Il me semble que ce verset est la clé qui peut nous permettre de comprendre pourquoi Jésus s’emporte contre le lépreux. La fin du texte nous montre que le lépreux purifié fait exactement l’inverse de ce qui lui a été demandé. Alors que Jésus a répondu à sa demande, lui ne s’est pas mis à l’écoute de la volonté de Jésus. La fin du texte nous dit que le lépreux « se mit à proclamer et à répandre la nouvelle » (1, 45).

Le problème, c’est que ce que le lépreux proclame, ce n’est pas l’Évangile, ce n’est pas la « Bonne Nouvelle ». C’est sa petite histoire de guérison qui réduit l’identité de Jésus à celle d’un puissant thaumaturge. L’histoire du lépreux donne à d’autres personnes le désir de bénéficier de la puissance bienfaisante de Jésus, et finalement, plus personne n’est disposé à écouter la proclamation et l’enseignement de Jésus, alors que « c’est pour cela qu’il est sorti » (1, 38). Dans l’évangile de dimanche dernier déjà, il nous a été rappelé que Jésus n’était pas un distributeur de miracles, et que les actes de puissance qu’il réalisait n’étaient que des signes attestant la véracité de sa proclamation de l’approche du Règne de Dieu.

Et à cause de sa renommée de puissant thaumaturge qui se répand partout, Jésus ne peut plus accomplir sa mission première qui, encore une fois, est de proclamer l’évangile de Dieu. L’évangéliste Marc écrit : « que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui » (1, 45). Même les « endroits désert » dans lesquels Jésus se retirait pour prier (1, 35), ne sont plus des lieux de ressourcement, car les gens viennent le trouver dans le but d’obtenir une guérison.

Pour répondre à notre question sur la raison pour laquelle Jésus s’emporte et réprimande le lépreux, nous comprenons d’une part, que Jésus devait être agacé de n’être considéré que comme un « faiseur de miracle », et que d’autre part, Jésus a dû comprendre  d’avance que le lépreux n’allait pas respecter la recommandation du silence, et que par conséquent, ce miracle finirait par devenir un obstacle à sa mission.

« Ne soyez un obstacle pour personne » nous dit l’apôtre Paul dans la deuxième lecture (1 Co 10, 32). Évidemment, le contexte est différent. L’obstacle dont il est question dans ce passage de 1 Co, est le scandale que peut causer le comportement d’un croyant.

« Je tâche de m’adapter à tout le monde, sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés » (10, 33). Saint Paul nous rappelle que ce qui importe le plus, c’est que l’Évangile se répande afin que par lui, la multitude des hommes soit sauvée.

La mission première du chrétien est et sera toujours l’annonce de l’Évangile. Car c’est uniquement par l’Évangile qu’est Jésus Christ, que l’Homme peut être sauvé.

Contrairement à Saint Paul, nous ne pouvons sans doute pas encore dire avec assurance qu’en toute circonstance, notre unique souci est que l’Évangile se répande.

Peut-être pourrais-je profiter de ce bref moment en silence avant la suite de la célébration, pour faire un examen de conscience afin d’identifier les lieux et les situations dans lesquels, comme le lépreux, je suis un obstacle à l’Évangile : par mon comportement scandaleux, par mon orgueil, ou par mon manque de charité…

Ce matin, cette exhortation de saint Paul nous est adressée : « Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ » (1 Co 11, 1).  Ne soyons plus un obstacle à l’Évangile, mais devenons des imitateurs du Christ, en vivant nous-aussi selon l’Esprit de Dieu, et en portant avec notre Maître le souci du salut de tous les hommes. Amen !