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16ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 6, 30-34)

« Ils étaient comme des brebis sans berger. »

 

La semaine dernière, Jésus avait envoyé ses apôtres vers les villages pour annoncer sa Bonne Nouvelle. Et aujourd’hui, les apôtres reviennent de leur mission, et ils parlent de ce qu’ils ont fait. Mais ils n’étaient pas seuls, il y avait aussi tous ceux qui voulaient voir Jésus et écouter son enseignement, et cela faisait du monde, de l’agitation, à tel point qu’on « n’avait même pas le temps de manger ».

Alors Jésus va mettre en place une méthode qu’on a redécouverte il y a une vingtaine d’années dans le milieu du management d’entreprise : les camps pour cadres. On ne peut plus travailler dans notre environnement habituel, alors on s’isole en groupe, on fait le point, et on prépare l’avenir.

Jésus avait bien compris que les apôtres avaient besoin de parler avec lui de leurs expériences, de leurs joies, de leurs difficultés, de leurs réussites, de leurs échecs, mais aussi et peut-être surtout de leur enthousiasme. Tout comme lui avait besoin de parler de manière régulière avec son Père dans un lieu désert. Tout comme nous-même avons besoin de moments de retraite, de silence, de ressourcement dans un monastère ou autre structure d’accueil, pour faire le point sur notre vie personnelle et sur notre relation avec Dieu.

Alors le petit groupe part en barque pour un endroit désert.

Mais c’était sans compter sur toutes ces personnes qui étaient présentes autour de Jésus, et sur toutes celles qui avaient suivi les apôtres pour pouvoir rencontrer ’’le maître’’. On ne sait pas où était le lieu de rendez-vous des apôtres, ce n’est indiqué nulle part ; peut-être capharnaüm qui servait de ’’camp de base’’ de Jésus et qui se trouve à quelques kilomètres de Tagba qui est considéré comme le lieu de la multiplication des pains. Les gens ont bien vu la direction prise par la barque, et sans doute l’un ou l’autre avait-il entendu Jésus parler d’un lieu désert, et en suivant la côte, ils pouvaient voir la barque. Ils voulaient tellement encore entendre Jésus leur parler qu’ils suivent la côte, qu’ils courent même … et quand la barque accoste, ils sont là pour accueillir Jésus.

Les plans de Jésus sont battus en brèche ! Lui qui voulait le calme et la solitude pour partager avec les apôtres se retrouve avec la même foule qu’à son départ, peut-être plus encore car l’évangile nous dit que les gens arrivèrent de toutes les villes

La sollicitude et l’amour que Jésus avait pour ses apôtres vont aussitôt être supplantés par la sollicitude et l’amour pour cette foule qui est en attente de quelque chose, qu’elle ne peut pas nommer, mais qui est le signe d’un manque … que Jésus interprète aussitôt : ils sont comme des brebis sans berger !

Et ce berger qu’ils recherchent, c’est lui, c’est sa Parole qui est Parole du Père.

Alors, il se mit à les enseigner longuement.

Ce qui est important de remarquer, c’est la manière dont Jésus se plie aux dispositions des gens qui l’entourent. Parti pour discuter et partager avec les douze apôtres, il s’adapte pour enseigner et partager, non plus seulement des paroles, mais aussi le pain, avec cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants.

Est-ce que nous, nous sommes capables de changer notre emploi du temps à cause d’un événement qui concerne des personnes que l’on ne connaît pas, et qu’on ne reverra peut-être plus ? Sommes-nous assez disponibles aux « signes des temps » comme le demandait le concile Vatican II ?

Sommes-nous capables de comprendre les interrogations de personnes qui sont incapables de définir quel est leur manque, mais qui sont conscients qu’il leur manque quelque chose ?

Seule la proximité de Dieu peut nous permettre de prendre conscience de ce manque, de le comprendre, et de pouvoir y répondre, si nous acceptons d’être interpellés par lui. Puissions-nous, comme Samuel répondre, face aux interrogations qui nous sont posées : « Seigneur, je ne sais pas quoi répondre, mais mets dans ma bouche les paroles de réconfort pour ces personnes. Parle, car ton serviteur écoute » (1 S 3,9).

Seigneur Jésus,

tu es réactif, et tu t’adaptes à toutes les situations,

au contraire de nous qui planifions nos actions

et qui avons du mal à sortir de ce plan.

Mais quand nous sommes interpellés par toi,

ce n’est jamais programmé,

et nous devons être prêts à te suivre

où tu veux, quand tu veux,

car la mission n’attend pas.

Aide-nous à te mettre toujours en premier,

« serviteurs du Père qui appelle. »

 Francis Cousin

 

 

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16ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 6, 30-34)

 » Le Seigneur est mon berger « 

(Mc 6, 30-34)

 

          En ce temps-là, après leur première mission, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.

                        

       

          Les Apôtres reviennent de mission. Ils sont fatigués… Jésus le voit, et il va aller au-devant de leurs besoins avant même qu’ils lui aient demandé quoique ce soit… Son attitude confirme ici ce qu’il leur avait dit un jour : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles, ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas. Car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant même que vous l’ayez demandé ». Or, « moi et le Père, nous sommes un » (Mt 6,7-8 ; Jn 10,30)), unis l’un à l’autre dans la communion d’un même Esprit. La Lumière de l’Amour qui brille dans les yeux de Jésus est la même que celle du Père… Ils sont fatigués, ils n’ont rien demandé : « Venez à l’écart et reposez vous un peu »… « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer » (Ps 23)…

         « Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l’écart »… Mais en regardant la direction qu’ils prennent, les gens devinent l’endroit où ils vont accoster. Ils courent sur le bord du lac et arrivent avant eux… Dans leur vie d’hommes et de femmes, ils sont « comme des brebis sans berger », perdus dans ce monde si souvent difficile, ne sachant sur qui compter. Lorsque Jésus débarque, il voit cette grande foule, il perçoit leur détresse, et, littéralement, écrit St Marc, « il fut remué jusqu’aux entrailles », bouleversé de compassion jusqu’au plus profond de lui-même… Aussi va-t-il aller au-devant de leurs besoins avant même qu’ils lui aient demandé quoique ce soit, et « il se mit à les instruire longuement. » 

         Un autre jour, Jésus va croiser près de la porte de la ville de Naïn une veuve qui partait enterrer son fils unique… « En la voyant », Jésus fut à nouveau « remué jusqu’aux entrailles ». Cette femme ne le connaissait pas, elle ne lui demandait rien. Jésus va s’approcher d’elle et lui dire : « Ne pleure pas. » Puis, il va toucher le cercueil en disant : « Jeune homme, je te le dis, lève-toi. » Le mort se redressa et Jésus le remit à sa mère. Tel est l’Amour de Dieu qui connaît nos vrais besoins avant même que nous lui ayons demandé quoique ce soit…                          DJF




16ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 6, 30-34) – Homélie du Père Louis DATTIN

Repos spirituel

Mc 6, 30-34

« Reposez-vous un peu ». Eh oui ! « Reposez-vous un peu », c’est une parole de l’Evangile et même l’Evangile d’aujourd’hui ! Nous connaissons l’Evangile du « renoncement« , celui de la « pauvreté« , celui de « l’amour« , celui de la « vigilance« . L’Evangile du « repos » nous est moins familier, comme si le chrétien devait toujours vivre sous pression, le front plissé, anxieux du Royaume de Dieu, tendu et à l’affût de la moindre occasion ! Un homme sérieux : le chrétien !

Il est porteur d’un tel message ! Si vous demandiez à un indifférent de vous dessiner « le portrait- robot » du chrétien, aurait-il, ce chrétien, un visage souriant, détendu, reposé ? Ce n’est pas sûr…et pourtant !

Dimanche dernier, dans l’Evangile, nous avons vu les apôtres partir deux par deux, sans sacs, sans vêtements de rechange, sans argent ; un bâton seulement, une seule tunique, une paire de sandales. Aujourd’hui, ils reviennent et ils racontent à Jésus tout ce qu’ils ont fait et dit. Ce qui est certain, c’est que Jésus les trouve fatigués et qu’il veut les emmener à l’écart, dans un coin tranquille. « Reposez-vous un peu ».

En effet, nous dit St-Marc, « la foule des arrivants et des partants était si grande qu’on n’avait même pas le temps de manger » et c’est certainement d’autorité que Jésus les embarque de l’autre côté du lac. Soulignons au passage, cette délicatesse du Seigneur : il les accueille, il les rassemble, les prend à l’écart et les écoute parler. Il perçoit leur fatigue et aussitôt il organise leur repos.

Oui, il est bien le véritable berger dont nous parle Jérémie dans la première lecture, il s’occupe de ses brebis, il les rassemble et les mène dans un lieu tranquille. « Elles ne seront plus apeurées et accablées et aucune ne sera perdue », déclare le Seigneur. Nous l’avons chanté tout à l’heure : « Sur de frais pâturages il me laisse reposer, je ne manque de rien », « Il me mène auprès des eaux tranquilles, il me fait revivre, il me conduit par les bons sentiers et je ne crains aucun danger, sa houlette me guide et me rassure ».

Il est là, le bon berger, qui veille sur nous, attentif à ce qu’il nous faut. Et sans doute, cet Evangile tombe bien ! Au moment où vous êtes en vacances, où vous vous apprêtez à y partir : le Seigneur vous dit aussi : « Reposez-vous un peu».

En quoi va consister ce repos pour un chrétien ? Comment va-t-il l’organiser, le remplir, le rendre effectivement reposant ? Détendant ? En quoi sa vie chrétienne va-t-elle différer pendant ces semaines de congé ?

N’oublions pas tout d’abord que Jésus n’est pas un entraîneur de performances athlétiques, un soigneur de champions, il n’est pas non plus un chef d’entreprise lointain, toujours prêt à sanctionner nos efforts ou nos insuffisances. C’est un ami avec son ami, un berger avec sa brebis.

Pendant les vacances, il faudrait pouvoir retrouver cette proximité, cette intimité, cette simplicité que nous devrions avoir avec le Seigneur : lui raconter, comme les apôtres, ce que nous avons fait ; faire le point, lui dire ce que nous désirons faire, ce qui marche et ce qui ne marche pas ; prendre du temps pour reprendre conscience que, même invisible, le Christ est au centre de notre action passée et future. Cette vie du Seigneur, elle est d’abord en nous, comme la sève dans la branche, comme l’air dans nos poumons, comme le sang dans nos veines.

La sève, le sang, l’air : nous ne les voyons pas et nous savons cependant qu’ils nous font vivre. Parfois, dans l’action, dans l’agitation, nous ne sommes pas attentifs à cette présence de Dieu… Que de fois durant l’année, nous avons dit à propos de la prière, de l’attention aux autres : « Je n’ai pas le temps » et c’était souvent vrai ! Mais pendant les vacances, si nous n’avons pas le temps, c’est que nous ne voulons pas le prendre et que nous voulons continuer à nous agiter, seulement d’une autre manière. Eh oui, prendre du temps, prendre son temps, vivre à un autre rythme, lever le pied et commencer à regarder autour de nous et en nous, redécouvrir les autres aussi.

Un père de famille me disait au retour des vacances : « Pendant celles-ci, j’ai fait du bateau avec mon fils. Il n’y avait pas de vent, alors je discutai avec lui. Je n’ai pas fait beaucoup de bateau mais j’ai découvert mon fils ! »

Deux jours après, le fils en question me disait : « J’ai découvert mon père ! Il est tout autre que je ne l’imaginais ».

Quel était le plus important ? Faire du bateau ou connaître son fils ? Et pourtant, il ne l’aurait jamais connu s’il n’avait pas fait du bateau avec lui.

Essayons pendant les vacances de reprendre en main notre vie. Nous vivons habituellement immergés dans une existence dont nous ne maîtrisons plus le déroulement ni l’orientation. Nous sommes « emportés », souvent « à la dérive », physiquement, psychologiquement, moralement, spirituellement. « Refaire surface », « se reprendre en main », « reprendre son souffle » : toutes ces expressions disent bien que nous avons conscience qu’il y va de la qualité de notre être.

Les écologistes parlent, ainsi que les syndicalistes de la « qualité de la vie » : qualité de ce que nous mangeons, mais aussi de ce que nous faisons ; qualité de notre existence chrétienne aussi : prendre « le temps de vivre » en chrétien, avec un certain recul pour juger et apprécier ce que je fais tous les jours. Le bon berger m’invite à me reposer sur de frais pâturages. Il veut me conduire auprès des eaux tranquilles pour me faire revivre et me diriger par les bons sentiers. Il désire pour moi du loisir, du repos.

 Du reste, l’invitation du Christ est formelle :

« Venez à moi, vous tous qui peinez et moi je vous procurerai le repos », « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos ».

Un  jardinier me disait  que lorsque ses plantes végétaient, il les changeait de terrain pour les mettre dans une terre riche.

Il appelait ce coin de son jardin « le jardin de la Résurrection ».

Les vacances, le lieu et la façon dont nous les prenons, ce devrait cela : un « jardin de la Résurrection » pour reposer notre corps, apaiser nos nerfs, pour que se renouvelle notre capacité de penser, d’aimer ; un temps pour reconnaître qu’à l’intérieur de ce mouvement de Recréation, de surrection, le Seigneur est vivant ! Voici pourquoi aujourd’hui, le Seigneur nous dit, comme aux apôtres : « Reposez-vous un peu », changez de vie, changez de rythme et vous serez plus vivants de cette vie même de Dieu que l’on appelle « la grâce ».

            Que cette messe elle-même, temps spirituel fort de nos vacances, remette en contact tout notre être, en recherche d’une meilleure forme avec « le Christ Ressuscité » qui est sa « forme définitive » et la nôtre bientôt. AMEN




15ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 6, 7-13) – par Francis COUSIN

« Ce sera pour eux un témoignage. »

 

L’évangile de ce jour parle du premier envoi en mission des apôtres, deux par deux, pour que leur témoignage soit attesté : « Un seul témoin ne peut suffire pour convaincre un hommeC’est au dire de deux ou trois témoins que la cause sera établie. » (Dt 19,15).

S’il est vrai que le terme témoignage n’est utilisé par Jésus que s’il y a un refus d’entendre la parole des apôtres par ceux à qui elle s’adresse, c’est en fait toute la mission donnée aux apôtres qui est un témoignage.

Témoignage de quoi ? L’évangile ne le dit pas. On ne connaît que les consignes données par Jésus, et elles sont strictes : « Ne rien prendre pour la route… seulement un bâton … des sandales. ». Comme pour un nouveau départ, comme ce fut le cas lorsque les hébreux quittèrent l’Égypte pour aller vers la terre promise.

Combien de temps a duré leur mission ? Où sont-ils allés ? Peu importe. Ce qu’on sait, c’est qu’ils expulsaient beaucoup de démons, et guérissaient de nombreux malades en leur faisant des onctions d’huile.

On pourrait se dire : « Les apôtres ont bien travaillé, ils ont été de fidèles témoins de Jésus », et en rester là !

Mais en quoi sommes-nous concernés par ce texte ?

La mission d’annoncer l’évangile a été faite formellement aux apôtres (cf Mt 28,19), mais aussi par extension à chacun des baptisés. C’est ce que nous rappelle le Concile Vatican II : « Car tous les fidèles, partout où ils vivent, sont tenus de manifester, par l’exemple de leur vie et le témoignage de leur parole, l’homme nouveau qu’ils ont revêtu par le baptême et la force du Saint-Esprit qui les a fortifiés par la confirmation, afin que les autres, considérant leurs bonnes œuvres, glorifient le Père (cf. Mt 5, 16) et perçoivent plus pleinement le sens authentique de la vie humaine et le lien universel de communion entre les hommes. » (AG n° 11).

Pour tous les chrétiens, il y a deux manières de vivre sa foi : une manière personnelle, tournée vers soi, qui nous amène à vivre en accord avec Jésus, qui nous donne paix et bien-être, et une manière communautaire, tournée vers les autres, pour prier, vivre et célébrer ensemble la foi des chrétiens, mais aussi pour être témoin de Jésus vis-à-vis de ceux qui ne le connaissent pas, ou peu, ou mal, … vis-à-vis de ceux qui habitent dans les périphéries de l’Église, comme le dit le pape François. Et ces deux manières ne sont pas ’’au choix’’, elles doivent être vécues simultanément ou en parallèle par chaque chrétien.

Je prie pour moi et pour les autres, et les autres alimentent ma prière et orientent ma façon de vivre. C’est un aller-retour qui est toujours gagnant, une vie en spirale qui nous permet de nous rapprocher de Jésus, et des autres.

C’est la même chose qui est vécue au niveau communautaire, et qui nous est rappelé à chaque messe. Au début de la messe, nous amenons les autres dans nos demandes de pardon, puis à l’offertoire quand nous apportons ce que nous avons fait, notre travail, notre ’’mission’’ et tous ceux qui sont concernés par elle, en offrande « pour la gloire de Dieu et le salut du monde », et à la fin de la messe, le célébrant nous envoie en disant : « Allez dans la paix du Christ » dans la traduction française actuelle de « Ite, missa est » qui veut dire « Allez, c’est l’heure de la mission ».

Malheureusement, on peut dire que l’aspect missionnaire de notre vie de chrétien est souvent oublié pour diverses raisons : on ne se sent pas capable, on n’ose pas, on a d’autres préoccupations …

Et pourtant, si chacun s’y mettait …

Quand on regarde comment s’est développée l’Église à partir de quelques disciples … les résultats obtenus par les apôtres … par quelques grands saints …

On comprend mieux le conseil de Jésus ’’de ne rien prendre pour la route’’, car ainsi on est obligé de mettre toute notre confiance en Jésus, de mettre tout ce que nous faisons entre ses mains … de renoncer à nous-même, à tout ce que le monde nous propose de superflu.

En quelque sorte, Jésus nous demande de n’avoir foi qu’en lui, en son Père, et en l’Esprit-Saint.

Seigneur, augmente en nous la foi !

Seigneur Jésus,

La mission que tu as confiée aux apôtres,

c’est aussi la nôtre :

témoigner de ta Parole et de ta résurrection,

par toute notre manière de vivre.

Mais les sollicitations du monde

nous détournent de celle-ci.

Fais que nous mettions totalement notre confiance en toi,

que nous nous effacions devant toi,

pour que ton règne vienne.

 

Francis Cousin

 

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15ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 6, 7-13)

 » L’envoi en mission… »

(Mc 6, 7-13)

 

          En ce temps-là,  Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs,  et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.  « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »   Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.

                     

      Parmi ses disciples, Jésus en avait choisi Douze « pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher avec pouvoir de chasser les démons » (Mc 3,13-19). Aujourd’hui, les Evêques sont leurs successeurs. Leur mission première, avec toute l’Eglise locale dont ils ont la charge, est donc de « prêcher » à la suite du Christ : « Le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc 1,15). Et c’est bien ce qu’ils font ici : « Ils partirent et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils chassaient beaucoup de démons »…

Les Douze ont ainsi commencé par rencontrer le Christ « Lumière du monde » (Jn 8,12), et dans la Lumière de son Amour, ils ont pris conscience de leur besoin d’être sauvés : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur », lui dit un jour Simon-Pierre. Et c’est justement à ce moment-là que le Christ le confirma dans sa vocation : « Tu seras pêcheur d’hommes » (Lc 5,1-11).

Attirés, enveloppés et soutenus par la Tendresse et la Miséricorde du Père, les Douze ont consenti à faire la vérité dans leur vie. Ils ont alors reçu le pardon de toutes leurs fautes et la force de se détourner petit à petit du mal pour trouver, avec le Christ, la Plénitude de cette Vie éternelle que le Père veut offrir à tous les hommes, ses enfants. Ce qu’ils ont vécu avec le Christ, voilà donc ce qu’ils doivent annoncer au monde entier en « témoins ». C’est pour cela que le Christ « les envoie deux par deux » car en ce temps-là, « toute affaire devait être instruite sur la base de deux ou trois témoins ». L’annonce de l’Evangile est une aventure vécue en équipe : « Pierre et Jean », « Paul et Barnabé », « Jude et Silas »…

De plus, en cet apprentissage de leur mission future, Jésus veut qu’ils fassent l’expérience de la Providence du Père. Aussi les envoie-t-il sans « pain, ni sac, ni pièces de monnaie ». Et à leur retour, ils constateront par eux-mêmes qu’ils n’ont jamais manqué de rien (Lc 22,35)… Dieu était là et il veillait sur eux… Plus tard, ils partiront sur les routes du monde avec ce qu’ils auront, mais si un jour ils venaient à manquer du nécessaire, ils n’oublieront jamais que le Père est là et s’occupe très concrètement d’eux jusques dans les moindres détails de leur vie. DJF




15ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 6, 7-13) – Homélie du Père Louis DATTIN

Envoi en mission

Mc 6, 7-13

Vous vous rappelez, frères et sœurs, que dès le début de l’Evangile, Jésus choisit des collaborateurs : il complète son groupe peu à peu, jusqu’à douze, chiffre symbolique indiquant qu’il a l’intention de fonder un nouveau peuple d’Israël à partir de douze tribus et nous voyons ces douze hommes accompagner partout Jésus, se tenant toujours à ses côtés. Mais, s’ils sont là, ce n’est que pour se former pour être envoyés ensuite à leur tour. Jésus va peu à peu leur confier sa propre mission ; eux aussi, ils sont chargés de prêcher : c’est le temps de l’Eglise qui commence. Dieu ne veut pas tout faire : il attend de nous, notre rôle à jouer. Il nous confie ses responsabilités. Très souvent, nous nous faisons du chrétien une image d’un homme fidèle, à côté du Christ, qui l’écoute et essaie de mettre en pratique personnellement son enseignement : ce n’est qu’un seul aspect du chrétien.

Le chrétien, c’est aussi et surtout, celui qui est envoyé par Jésus auprès des autres, pour leur dire à son tour, le message de Jésus qu’il a reçu lui-même : il est le relai, le diffuseur du message de Jésus.

Le chrétien est celui qui est chargé par Jésus de prêcher, d’annoncer la Bonne Nouvelle. Je ne suis pas seulement un chrétien à usage interne c’est-à-dire pour ma sanctification personnelle, mais un chrétien à usage externe, envoyé par le Christ aux autres, pour leur dire à mon tour et leur faire voir, moi aussi, comme témoin, ce que doit savoir, ce que doit faire un chrétien. « Il les envoie » pendant les cinq premiers chapitres de l’Evangile. Marc nous fait voir les disciples formant un groupe uni et soudé, les uns à côté des autres, autour de Jésus.

Dans cet Evangile, c’est le contraire : le Christ les envoie deux par deux, six petits groupes, en mission.

 

 

Ce mouvement d’apostolat et de retour auprès de Jésus puis de départ auprès des autres, c’est le mouvement même du cœur. Votre médecin dirait la « diastole » et la « systole » : le sang se rassemble vers le cœur puis il est propulsé dans les différentes parties du corps pour l’irriguer. Dans notre vie spirituelle, on assiste à ce double mouvement : on se rassemble près de Jésus le dimanche, puis on se disperse dans la vie quotidienne pour y être des témoins de Jésus.

La même chose en nous : des moments de prière, de grande intimité avec Jésus dans le silence, le recueillement, puis le départ vers les autres, le témoignage à leur donner, la vie de Jésus à porter, à colporter, à diffuser autour de nous.

Une vie spirituelle ne sera jamais complète et normale si je me contente :

. ou bien de rester auprès de Jésus, sans aller annoncer sa Parole et diffuser son message ;

. ou bien d’être l’émissaire de Jésus pour les autres sans avoir expérimenté auprès de lui, cette présence silencieuse et attentive qui me permet de dire aux autres ce que j’ai appris de lui.

Que diriez-vous d’une batterie électrique que l’on solliciterait toujours sans jamais la recharger ? Elle serait vite à plat. Mais que diriez-vous aussi d’une batterie chargée dont on ne se servirait jamais ! Dans les 2 cas : elle devient inutile.

A tous les chrétiens qui crient : « Vie intérieure », il faut dire : attention, il y a aussi la mission ! Le message à faire connaitre. A tous  les chrétiens qui disent « la mission, l’apostolat », il faut leur rappeler que ce n’est possible qu’en demeurant au préalable auprès de Jésus, pour nous imprégner de sa Parole et de son Esprit.

« Il les envoie  » deux par deux » » : il faut être deux pour que le témoignage soit valable. Dans la justice des hommes aussi : un seul peut se tromper. Deux témoins, c’est plus convaincant. Dans le Livre des Proverbes, il est dit :

« Deux hommes valent mieux qu’un ; en effet, s’ils tombent, l’un relève l’autre », « Malheur à celui qui est seul, il est peu crédible ».

La première règle de l’apostolat, c’est de faire équipe. Déjà, la vie fraternelle est une prédication vivante : avant même de dire un mot. Rappelez-vous le « Voyez comme ils s’aiment » des premiers Romains voyant vivre les premiers chrétiens. Notre apostolat est en priorité « communautaire ».

Malgré la tentation chez certains de travailler tout seul dans leur coin, volontiers individualistes, nous avons plus confiance en ce que nous faisons nous, tout seuls, « plutôt que de perdre du temps », pense-t-on à le faire avec plusieurs, et puis nous n’aimons pas beaucoup le contrôle de nos frères sur notre conduite… et pourtant ?

La mission n’est pas une œuvre individuelle relevant d’une initiative privée : elle a son origine dans le désir de Jésus, elle est affaire d’équipes, elle est action communautaire. Cela permet de s’épauler l’un l’autre, de se contrôler mutuellement dans le témoignage porté.

            Les voilà donc partis, deux par deux : six groupes. Quelles recommandations Jésus leur donne-t-il ? On ne voit pas Jésus leur donner des recommandations sur le contenu doctrinal, sur « ce qu’il faut dire« , ce qu’il faut prêcher…

Non, il s’occupe d’abord de leur équipement. Le témoignage de vie est en effet plus important que ce qu’ils vont dire, le témoignage de la Parole.

– 1er conseil : la pauvreté. Les disciples doivent se présenter démunis de tout prestige humain : pas d’équipement ni d’équipages, pas de logistique encombrante. Ils n’ont comme appui que leur foi en celui qui les envoie. St-Paul, plus tard, lui aussi, pauvre et vivant au jour le jour, disait : « Nous sommes comme des vases bien fragiles, mais porteurs d’un trésor inestimable : le « message de Dieu ». Aussi, je suis venu sans éloquence, sans philosophie, mais faible, craintif, sans poudre aux yeux, notre seule puissance étant celle de Dieu ».

 – Attention à l’Eglise triomphaliste qui s’appuierait sur ses monuments, sur sa culture, ses traditions, ses influences, ses relations au dépend de ce qui fait sa seule vraie richesse : le message dont elle est porteuse, la présence de Jésus avec elle, est sa seule vraie richesse. Tout le reste n’est que quincaillerie, accessoires. Attention aux chrétiens trop soucieux d’un équipement évangélique, structures lourdes et matérielles pour évangéliser.

– Le Christ préfère des troupes légères, sans bagages encombrants, toujours prêtes à partir ailleurs. St-François Xavier, nous dit-on, est parti du Portugal, en mission, sans aucun bagage, ni coffre, ni malle, seulement son crucifix et son Evangile. S’il avait eu beaucoup de cantines et valises, il serait sans doute resté à Goa au lieu d’aller plus loin, aux Philippines, au Japon et jusque devant la Chine. Ce n’est pas parce qu’une paroisse est suréquipée de moyens audio-visuels, d’informatique et de duplicateurs qu’elle sera plus apostolique.

Frères et sœurs, en plus de cette homélie, résumons-nous : nous avons vu que le Seigneur nous veut à certains moments près de lui, mais qu’il nous envoie près des autres, aller près des autres et revenir vers lui : double mouvement d’écoute de la Parole et de diffusion de cette Parole.

Etre auprès de Jésus n’a jamais été un refuge. C’est plutôt une « station-service » pour repartir en mission auprès des autres. Cette mission est communautaire : jamais un apôtre vrai n’est seul. Il vit avec d’autres.

Enfin, cette mission ne s’appuie pas sur des moyens humains seulement, mais sur sa foi au Seigneur qui nous dit comme à Paul : « Ma grâce te suffit ».  AMEN




14ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 6, 1-6) – Francis Cousin

« Foi, ou non-foi ? »

 

L’évangile de ce jour nous parle du séjour de Jésus dans son lieu d’origine (et non pas de naissance, qui est Bethléem), là où il a passé une bonne partie de sa vie, entre le retour d’Égypte et le début de sa vie publique : Nazareth.

Comme il allait dans tous les villes et villages de Galilée, il fallait bien qu’un jour il s’arrête dans ce village où il a vécu au minimum vingt-cinq ans.

Il y connaissait du monde, presque tous les habitants : ceux qu’il a connu comme enfant, avec qui il a joué, avec qui il a appris à lire à la synagogue, ceux qu’il a connu comme charpentier dont il a construit la case … et tous ceux qu’il a rencontré à la synagogue.

C’est justement à la synagogue qu’il les retrouve ce jour-là. Et c’est lui qui fait l’enseignement.

Tous l’écoutent avec intérêt : Ils ne s’attendaient pas à un tel enseignement, tellement celui-ci est clair et précis. Ils sont tout étonnés : « Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée ? ». Et donnée par qui ? Il n’a pas fait l’école pour devenir rabbin !

Et puis il y a les miracles dont ils ont entendu parler, notamment à Capharnaüm : « Ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? ».

Ils se posent des questions, comme beaucoup en Galilée. Mais alors que dans beaucoup d’endroits les gens « rendaient gloire à Dieu, en disant : ’’Nous n’avons jamais rien vu de pareil’’. » (Mc 2,12), des gens prêts à voir en lui le grand prophète. Ici, les gens ne font pas référence à Dieu ; ils ne voient en Jésus que l’homme qu’ils ont connu : « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? ».

Même s’ils sont dans la synagogue, le lieu dédié à la prière à Dieu, leurs réflexions ne les portent pas vers Dieu. Ils disent avoir foi en Dieu, mais ils sont incapables de voir l’action de Dieu dans les paroles de Jésus. En fait, leur foi est fausse (ou faussée). Leur foi est une non-foi.

Comme les pleureuses qui se moquaient de Jésus dans l’évangile de la semaine dernière.

Attention ! Leurs réactions sont humaines, et on aurait tort de les blâmer. C’étaient des juifs fidèles et pratiquants ; on aurait peut-être eu les mêmes réactions à leur place.

Nous disons croire en Dieu, nous allons à la messe … mais sommes-nous capables de voir l’intervention de Dieu dans notre vie, de manière positive pour nous et inopinée, sans qu’on lui demande quoi que ce soit ? …

Par contre, quand il nous arrive quelque chose de négatif : « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive cela ? ». Là, on pense à Dieu … mais en reproche …

Quelle est notre foi ? Une ’’foi’’ en des rites, des prières … ou une foi en Dieu, une foi en Jésus, fils de Dieu ?

On comprend alors que Jésus n’ait pas pu faire de miracles.

Car le miracle nécessite la foi, foi en Dieu qui peut tout car « rien n’est impossible à Dieu » (Lc1,37), ou foi qui advient parce qu’un miracle a eu lieu : reconnaissance de l’intervention de Dieu dans notre vie (ou celle des autres).

C’est pourquoi Jésus ne fit que quelques guérisons « en leur imposant les mains ».

Guérisons qui ne sont pas des miracles, car il n’y a pas la foi. Ce que l’évangéliste indique en disant que Jésus « s’étonna de leur manque de foi » dans la traduction liturgique, mais qu’il serait plus correct de traduire par leur « incroyance » ou leur « non-foi ».

Seigneur Jésus,

nous croyons en toi, fils de Dieu,

vrai homme et vrai Dieu.

C’est du moins ce que nous disons !

Mais quand un miracle a lieu,

on ne voit pas ton intervention

et on cherche des explications humaines !

Et quand on aimerait que tu fasses un miracle,

on le demande, mais avec un doute !

Et pourtant, tu nous as dit :

« Tout ce que vous demanderez au Père en  mon nom,

il vous le donnera. »

                                     Francis Cousin

 

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Prière dim 14° TOB




14ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 6, 1-6)

« Chercher la Vérité au-delà

des seules apparences ….. »   

 (Mc 6, 1-6)

 

          En ce temps-là,  Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent.
Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?
N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet.
Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »
Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains.
Et il s’étonna de leur manque de foi. Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

                   

Jésus est à Nazareth, le pays qui l’a vu grandir… Le sabbat, il va à la synagogue, comme autrefois. On lui demande de faire la seconde lecture et le commentaire qui suit. Il obéit et « se mit à enseigner ». Et là stupéfaction : ce sont « des paroles pleines de grâce qui sortent de sa bouche » (Lc 4,16-22), des paroles pleines de « l’Esprit de grâce » (Hb 10,29). En effet, « celui que Dieu a envoyé prononce les paroles de Dieu, car il ne mesure pas le don de l’Esprit » (Jn 3,34). Accueillir sa Parole de tout cœur, c’est accueillir avec elle le Don sans mesure de l’Esprit dont le fruit est vie (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), Plénitude de vie (Ep 5,18 ; Col 2,9-10), bonheur profond… « Tu as les paroles de la vie éternelle », disait Pierre à Jésus (Jn 6,68), car il avait « accueilli, lui aussi, la Parole avec la joie de l’Esprit Saint » (1Th 1,5-6). « Heureux ceux qui croient » (Jn 20,29), car « tu mets dans mon cœur plus de joie, que toutes leurs vendanges et leurs moissons » (Ps 4).

« Père, les paroles que tu m’as données, je les leur ai données » (Jn 17,8)… Et l’on pourrait dire aussi : « Père, l’Esprit que tu m’as donné, et qui m’engendre en Fils de toute éternité, je le leur ai donné… Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22), et avec lui, cette Plénitude de Paix, de Joie, de Vie que l’on ne peut expérimenter que dans le cadre d’une relation de cœur avec Dieu…  Ses auditeurs, ici, reconnaissent « la sagesse qui lui a été donnée ». Ils ont aussi entendu parler « des grands miracles qui se réalisent par ses mains ». Tout cela ne fait aucun doute… Et pourtant, leur question – « D’où cela lui vient-il ? » – restera sans réponse… Ils n’arriveront pas à aller plus loin que ce « fils de Marie » qu’ils croient si bien connaître, d’autant plus que ses « frères » et « sœurs », c’est-à-dire ses cousins et ses cousines, sont toujours parmi eux : « Jacques (le petit) et José », fils d’une autre Marie (Mc 15,40.47), « Jude et Simon »…

« Vous me connaissez », mais hélas, seulement selon les apparences, « et vous savez d’où je suis », ou du moins s’arrêtent-ils à Nazareth ; « et pourtant ce n’est pas de moi-même que je suis venu, mais celui qui m’a envoyé est véridiqueJe sais d’où je suis venu et où je vais, mais vous, vous jugez selon la chair » (Jn 5,28-29 ; 8,14-16). Quand donc leur cœur s’ouvrira-t-il pour accueillir cette Plénitude d’Amour et de Vie que le Père veut communiquer à tous les hommes, ses enfants ? Jésus offrira sa vie pour cela, et juste après sa mort, beaucoup partiront en se frappant la poitrine (Lc 23,48)… Enfin !

                                                                                                        DJF




14ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 6, 1-6) – Homélie du Père Louis DATTIN

Synagogue de Nazareth

Mc 6, 1-6

Voilà donc Jésus qui revient avec ses apôtres, cette fois, à Nazareth, dans son village, son pays. C’est là qu’il a passé toute sa jeunesse, un petit bled où il y avait peut-être 150 familles. On y vivait très simplement : cultures des oliviers, la vigne, un peu de blé d’orge, quelques chèvres et le samedi, on se rendait à un local de prière, une petite « synagogue ».

 

Jésus est très marqué par son pays : toutes les paraboles sont des scènes de la vie rurale. C’est un artisan et un paysan.

Il a pris des comparaisons agricoles. On mangeait par terre, on couchait sur des nattes, à même le sol. C’était un paysan comme les autres, dépanneur de village avec quelques habiletés particulières apprises de Joseph.

Le jour du Sabbat, comme tout le monde, il va à la synagogue : il est l’un des laïcs qui savent lire. Tout mâle adulte a le droit, en Israël, de lire l’écriture et de la commenter. Il quitte donc sa place pour aller « lire » et « faire l’homélie ». Or les habitants de Nazareth sont curieux parce qu’ils croient bien connaître Jésus : c’est leur Jésus à eux, celui de Nazareth, un gars « bien de chez nous » et d’ailleurs, il a une réputation qui les étonne. Ils le connaissent mieux que personne, ils l’ont vu grandir, ils sont allés à l’école avec lui, il n’a pas le droit d’être « autrement » que ce qu’ils connaissent de lui.

Il nous arrive, nous aussi, frères et sœurs, de nous bloquer sur une certaine connaissance que nous avons de l’autre : on s’en fait une idée. On lui a collé une étiquette sur le dos : un tel ? Ah oui, il est comme ça ! Et untel ? Oh celui-là quel type !

Ce qu’on oublie le plus souvent, c’est qu’une personne a le droit d’évoluer, de changer, de n’être plus, à l’âge adulte, ce qu’elle était à l’adolescence. Et que l’adolescent lui-même, n’est plus l’enfant chéri que l’on a connu, et nous, dans nos jugements, nous refusons d’évoluer, de réviser nos avis, refus d’avancer plus loin, de découvrir du nouveau. Nous nous installons dans des idées toutes faites que nous rangeons dans le placard de notre mémoire et que nous ressortons au moment où il le faut. Mais alors, cette idée est déjà bien vieille et ne correspond plus à la réalité qui, elle, a eu le temps de changer.

« Délivre-nous, Seigneur, de nos conservatismes, de nos routines, de pensées, de nos blocages intellectuels ou spirituels ».

Actuellement, le monde évolue à toute vitesse. Si dans quelques années, vous avez les mêmes idées qu’aujourd’hui, vous serez un objet de musée, un peu comme ces vieilles grègues pour le café ou les carreaux pour repasser le linge.

« Bouscule-nous, Seigneur, sors-nous de nos habitudes confortables, de nos petits mondes bien tranquilles, pour nous accorder au monde dans lequel nous vivons ».

Nous comprenons bien les réflexions terre à terre de ces paysans juifs d’un petit hameau perdu dans la campagne. C’est la vie de clan ; l’horizon s’arrête aux collines qui entourent le village. On connaît tout le monde. « Jésus, mais c’est le fils de Marie, charpentier, comme son père Joseph ! » et l’on cite la liste de tous les cousins que, selon la mode orientale, on appelle des « frères ». Quel est ce novateur qui bouscule nos usages, qui désorganise notre petit monde ?

Enfin ! Chacun doit rester à sa place et jouer son rôle ! Sans changer tout d’un coup !

Et, nous dit-on « ils étaient profondément choqués » : il y en a parmi nous qui ont aujourd’hui, en 2015, la même attitude que celle des habitants de Nazareth. On dit : « Croire à Jésus! Oui ! Croire à l’Eglise ! Non ». Le concile nous a changé notre religion ! De mon temps, il y avait des processions, il y avait du latin, on apprenait par cœur son catéchisme… et c’est vrai que l’Eglise, tout comme Jésus, a un côté humain, très humain ! Les évêques, les prêtres, des hommes que l’on connaît bien, que l’on connaît trop !

Beaucoup de gens aujourd’hui se scandalisent de l’Eglise comme on se scandalisait de Jésus à Nazareth. L’Eglise est choquante ; Jésus est choquant profondément, nous dit l’Evangile. Une certaine familiarité peut faire écran à la profondeur des relations. Réduire Jésus à des dimensions humaines, c’est le mépriser ; la vraie proximité avec Jésus, n’est pas une proximité physique, matérielle.

Un prêtre chinois dans la cellule de sa prison peut être plus près de Jésus qu’une religieuse à trois mètres du tabernacle ! Ce qui fait la « famille vraie » de Jésus, ce ne sont pas les liens de sang, c’est la foi : « Quiconque fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère ! »

Jésus s’est fait une nouvelle famille : « ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique ». Il y a foi et foi. Ces habitants de Nazareth croyaient tous en Dieu, dur comme fer, ils avaient la « foi chevillée au corps », comme on dit. Pas la moindre hésitation, pas l’ombre d’un doute : à l’époque, il n’y avait pas beaucoup d’athées. La foi que nous réclame Dieu, ce n’est pas seulement la foi héritée du passé, c’est, tenez-vous bien, la foi en lui, le charpentier du village.

Et, en plus, la foi, ce n’était pas des croyances mais le bouleversement de l’existence : « Si quelqu’un perd sa vie à cause de moi, il la sauvera ».  Il fallait, disait-il, « pour le suivre, aimer jusqu’à ses ennemis, porter sa Croix ! ».

Allons, abattons les cartes, nous qui sommes croyants, nous qui « avons« , comme nous disons, la foi : est-ce vraiment la foi proposée par Jésus ? Attention de ne pas donner une réponse trop rapide ! La foi apparaît, trop souvent, comme une connaissance définitive, un accord précis sur des points précis et immuables, qu’il s’agit de conserver comme un trésor avec l’acharnement d’un propriétaire, la fébrilité craintive d’un possédant ! Or, la foi n’est pas d’abord une doctrine à professer ou à protéger mais quelqu’un à rencontrer, à connaître, à aimer, à servir…

 Nous aussi, comme les habitants de Nazareth, nous croyons un peu vite tout savoir de lui, ce qu’il est, ce qu’il enseigne, ce qu’il attend de nous. Chaque rencontre avec le Christ, car il s’agit d’abord de cela, est une découverte nouvelle, parfois inattendue, souvent déroutante : le Christ est toujours à découvrir, à connaître davantage, quitte à réviser nos jugements et à changer de conduite.

Que Jésus réclame-t-il de nous ? Des cours d’exégèse à la maison diocésaine de formation, ce ne serait pas si mal :

– Lire en entier le « Catéchisme de l’Eglise catholique » ? Après tout, c’est peut-être une idée ? Eh bien non ! Ce qu’il désire, en priorité, ce qu’il réclame de nous, c’est notre conversion : changer notre vie pour qu’elle devienne plus conforme à l’Evangile, plus proche de la mentalité du Christ et de ses désirs d’amour sur nous !

– Ce n’est pas tout de savoir son « code de la route », il faut aussi, et c’est le plus important : apprendre à conduire ! Que diriez-vous d’une infirmière qui n’aurait son diplôme que parce qu’elle sait « par cœur » son petit guide du parfait infirmier. C’est nécessaire, ce n’est pas suffisant ! Ce serait même dangereux ! Connaître, c’est bien ; pratiquer, c’est mieux.

Lorsque j’étais enseignant, il y avait une composition : contrôle d’instruction religieuse. J’avais un élève qui était toujours premier. C’était le seul qui n’avait pas la foi ! Connaître et agir : notre vie chrétienne ne peut se dispenser ni de l’un ni de l’autre. Les habitants de Nazareth croyaient connaître Jésus et, nous dit l’Evangile, Jésus s’étonna de leur « manque de foi« . Les habitants de Nazareth ont enfermé Jésus dans un cadre familial, villageois, aux couleurs de son origine et de son passé : ça ne pouvait pas être un prophète puisque c’était le charpentier, fils de Joseph ! Non seulement Jésus est enfermé mais il est « empêché » : « et là, à Nazareth, nous dit St-Marc, il ne pouvait accomplir aucun miracle ». Pourquoi ? Parce qu’il ne rencontre pas la foi, celle de l’hémorroïsse, cette femme qui perdait son sang et qui n’était même pas une juive, foi de Jaïre, le père de cette petite fille que Jésus a ressuscité.

Souvenons-nous, frères et sœurs, que la Parole de Dieu ne devient active, efficace en nous, qu’à partir du moment où nous acceptons des changements, des ouvertures, des ruptures.

La foi n’est pas à mettre dans une boîte sous des piles de draps, dans l’armoire. Elle est à explorer au grand vent du large, à l’aventure, au risque, quitte à dire, comme les apôtres, dans la tempête : « Sauve-nous, Seigneur ». AMEN




13ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 5, 21-43) – Francis Cousin

« Deux miracles … »

 Dirions-nous de Jésus … ?

Pas vraiment ! Puisque le premier des miracles racontés dans cette épisode s’accomplit à l’insu de Jésus !

Surprenant !

On parle toujours des miracles de Jésus, et il en a fait beaucoup. Mais pas celui-ci !

Quelle est donc l’origine de ce miracle, le facteur qui a fait que celui-ci se fasse ? C’est un tout petit mot de trois lettres, mais qui a une force incommensurable : la Foi.

Cette femme qui était malade depuis douze ans, qui avait dépensé tout ce qu’elle avait en traitements médicaux sans aucune amélioration (et l’évangéliste ajoute « au contraire, son état avait plutôt empiré »), et qui avait entendu parlé de Jésus et des miracles qu’il faisait, voilà qu’elle apprend qu’il est tout près de chez elle. Mais elle a honte de son mal : on ne parle pas à un homme, et devant tout le monde, de ses pertes de sang intimes !

Alors elle se dit en elle-même : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. ».

Elle y croit dur comme fer !

Et elle se faufile dans la foule, et parvient à toucher le vêtement de Jésus.

« À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. ».

C’est sa foi seule en la puissance de Jésus qui a permis qu’elle soit guérie.

Et Jésus sentit seulement qu’une force était sortie de lui, indépendamment de sa volonté.

L’autre miracle : Jaïre, chef de synagogue, a sa fille de douze ans qui « est à la dernière extrémité. ». Il se prosterne devant Jésus et lui demande qu’il vienne lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée. Jésus accepte et pars avec lui.

Mais entretemps l’autre miracle a lieu, on perd du temps … et on annonce à Jaïre que sa fille est morte : « À quoi bon déranger encore le Maître ? ».

Mais Jésus a entendu, et il dit à Jaïre : « Ne crains pas, crois seulement. » et il part chez Jaïre. À son arrivée, ce sont pleurs et cris … Jésus dit : « L’enfant n’est pas morte : elle dort. »

On se moque de lui … c’est l’expression de la non-foi en la parole de Jésus …

Jésus entre dans la chambre de la fille avec ses deux parents et trois apôtres et dit à l’enfant : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! ».

Ce qu’elle fait aussitôt.

L’évangéliste ne nous dit rien des réactions de Jaïre … parce que sans doute, il n’a rien dit. Il s’est contenté de suivre Jésus aveuglément, en toute confiance, en grande foi.

On a, dans ce passage, deux manifestations différentes de la foi en Jésus :

– Dans le premier miracle, on voit une foi active, ou plutôt une foi qui pousse à l’action, et Jésus est passif … mais pas Dieu !

– Dans le second miracle, on voit une foi passive, ou plutôt une foi qui laisse faire Jésus, qui lui est actif.

Mais dans les deux cas, c’est la foi des personnes concernées, directement ou indirectement, qui permet que le miracle ait lieu. Une foi qui est ’’une’’, mais qui peut se manifester de manières différentes.

Le problème pour nous n’est pas de savoir si nous voulons qu’un miracle ait lieu ou pas, cela n’est pas de notre domaine, mais peut-être de nous poser la question : « Quelle est notre foi ? Comment me fait-elle me comporter ? ».

Est-ce que notre foi nous pousse à l’action ? Est-ce qu’elle nous fait sortir de notre confort (de notre canapé), pour aller vers les autres, chrétiens ou pas, pour aller vers les périphéries de l’Église, … ou même aussi dans notre Église, … il y a tellement de choses à faire … ?

Ou est-ce que notre foi est une foi de confort, d’habitude sociale, … qui risque fort de nous amener à une certaine léthargie … et qui nous fait vivre des rites, des cérémoniaux où la vraie foi a presque totalement disparue … quand elle existe encore ?

Quelle est notre relation à Dieu ?

Peut-être devrions-nous répondre à la question que Jésus posait aux apôtres dimanche dernier : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? »

Seigneur Jésus,

tu ne cesses de nous dire :

« Ne crains pas ! crois seulement ! »,

et tout ira bien !

Mais notre niveau de foi

est bien souvent faible,

ou seulement par intermittences !

Fais grandir en nous la Foi.

                                     Francis Cousin

 

 

 

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