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Mariam Baouardy, « la petite arabe »…

Cette histoire peut paraître ancienne, datant de 1958, mais elle n’est pas contestable de par les recoupements effectués.

Il s’agit de Mariam BAOUARDY née en 1846, de famille pauvre, très croyante (de rite grec-melkite catholique) en Palestine, en Galilée.

Entrée à l’âge de 20 ans au carmel de Pau, elle prend le nom de Soeur Marie de Jésus crucifié, mais dénommée par ses sœurs la petite Arabe, très humble (elle-même se disant le petit rien), elle reste toute sa vie « sœur converse » vu son ignorance, son incapacité à lire, à écrire, à étudier, à chanter à l’office.

Pratique, les pieds sur terre, Mariam fut robuste bâtisseuse, à l’origine du Carmel de Mangalore en Inde, puis du Carmel de Bethléem où elle mourut à l’âge de 33 ans (le 26 août 1878) des suites d’un accident.

Sa biographie réalisée par plusieurs auteurs sûrs, à commencer par le Père ESTRATE, son père spirituel qui a mis par écrit tout ce qu’il a connu d’elle sur l’ordre de l’Evêque de Bayonne de l’époque, Mgr. LACROIX. Son histoire vient du livre du Père Amédée BRUNO, Mariam, la petite arabe. Sœur Marie de Jésus crucifié. Edition Salvator, 1981.

Orpheline à l’âge de trois ans, ses parent adoptifs partent se fixer en Egypte à Alexandrie et, dès l’âge de 13 ans, suivant la coutume, sans la consulter, veulent la fiancer à un oncle. Mariam refuse absolument. L’oncle furieux, choisit de la traiter comme une esclave pendant trois mois. Personne ne cède.

Voulant rejoindre son petit frère ainé resté en Galilée, elle se sauve un soir pour rejoindre un ancien domestique de la famille, un musulman qui s’apprête partir pour Nazareth. Celui-ci cherche à la faire abandonner sa foi catholique pour devenir musulmane. C’est est trop pour ce tempérament de feu qui rejette avec véhémence cette idée. Furibond de se voir remis en place par cette petite chrétienne, l’homme ne se retient pas, dégaine son cimeterre et tranche la gorge de l’adolescente. Il l’enveloppe dans son grand voile et, aidée de sa mère et de sa femme, dépose son corps ensanglanté dans une ruelle obscure.

Ce drame se passe dans la nuit du 7 au 8 septembre 1858.

Voici le récit du Père BRUNOT : « Obligée, plus tard, par obéissance, de raconter son martyre, Mariam affirmera qu’elle était vraiment morte. A sa maîtresse des novices de Marseille, qui lui demandera si elle avait subi le jugement particulier, elle répondra :

« Oh, non, mais je me suis retrouvée au Ciel. J’ai vu la Sainte Vierge, les anges, les saints m’accueillir avec une grande bonté, et je voyais aussi mes parents en leur compagnie.

Je voyais le trône éclatant de la très sainte Trinité,  Jésus-Christ notre Seigneur en son humanité. Point de soleil point de lampe ; mais tout était brillant de clarté. Alors quelqu’un me dit : « Vous êtes vierge, c’est vrai, mais votre livre n’est pas achevé. »

 La suite mérite d’être racontée. La vision éteinte, Mariam se trouve dans une grotte. Près d’elle une religieuse aux vêtements d’azur.

Celle-ci lui dit l’avoir ramassée dans la ruelle, l’avoir portée dans cet abri et lui avoir recousu le cou tranché. Cette mystérieuse sœur de la charité aux habits bleus se montre d’une délicatesse extraordinaire. Elle parle très peu, elle humecte les lèvres de l’enfant avec du coton, elle la fait dormir, lui donne une soupe délicieuse pour la revigorer. Elle ne ressemble à aucune autre religieuse (…)

Quand la blessure est cicatrisée, la religieuse fait sortir Mariam de la grotte ; elle la conduit dans l’Eglise Sainte Catherine, desservie par des Franciscains ; elle appelle un confesseur. Quand Mariam sort du confessionnal, elle se retrouve seule. L’infirmière aux vêtements d’azur a disparu !

Qui donc était-elle ? En 1874, en la fête de la nativité de Notre Dame, anniversaire du martyre et du miracle, Mariam dira en extase : En pareil jour, j’étais avec ma Mère. En pareil jour, j’ai consacré ma vie à Marie. On m’avait coupé le cou et demain Marie m’avait prise.

Un peu plus tard, en août 1875, alors qu’elle naviguait vers la Palestine, racontant ses souvenirs au Père ESTRATE, elle précisera : Je sais à présent que la religieuse qui m’a soignée après mon martyre était la sainte Vierge.

Au cours de l’escale d’Alexandrie avec l’essaim de carmélites parties fonder le Carmel de Bethléem, Mariam conduira cette petite caravane pour visiter l’Eglise Sainte-Catherine et la petite grotte transformées en salles par les grecs catholiques.

Et le Père Brunot de poser une question essentielle :

Quelles garanties avons-nous pour admettre un tel merveilleux ?

Il est sûr que nous n’avons qu’un témoignage : celui de Mariam. Le meurtrier ne s’est évidemment jamais fait connaître. La religieuse qui s’occupa de cet enfant n’a jamais révélé son identité : on devine pourquoi ! Quant aux parents de l’orpheline, ignorant tout de la tragédie, ils pensèrent que Mariam s’était enfuie pour échapper aux mauvais traitements et, peut-être, pour se livrer au désordre dans la ville d’Alexandrie. Ils avaient tout intérêt à faire silence sur cette malheureuse ! Elle ne pouvait leur procurer que du déshonneur.

Il reste donc le témoignage de Mariam.

Celui-ci est confirmé par le sérieux, la sincérité et l’humilité de toute se vie, comme l’attestent les témoins.

Plusieurs détails seront, plus tard, confirmés par son frère Boulos : il reçut en effet la fameuse lettre de sa sœur. Il répondit à l’appel en faisant le voyage d’Alexandrie, mais, n’ayant pas retrouvé sa sœur chez l’oncle, il repartit pour la Galilée.

Un fait sera irrécusable : la cicatrice du cou.

Elle sera constaté au cours des nombreuses maladies de Mariam par des médecins et des infirmières tant à Marseille qu’à Pau, à Magalore et, enfin, à Bethléem. Cette cicatrice mesurait 10 cm de long sur 1 cm de large : elle marquait tout le devant du cou ; la peau y était plus fine et plus blanche. Il manquait plusieurs anneaux de la trachée-artère, comme le constatera le médecin de Pau, le 2 juin 1875.

La maîtresse des novices écrira : « Un célèbre docteur de Marseille, qui l’avait soignée, avait confessé, quoique ce fut un athée, qu’il devait y avoir un Dieu, car, naturellement, elle ne pouvait vivre. » A la suite de cette entaille profonde, Mariam gardera une voix brisée.

Le Père Brunot conclut : Le martyre de la petite Arabe n’avait pas été un rêve. Il restait inscrit dans sa chair.

Elle a été béatifiée par Jean-Paul II en 1983 et canonisé le 17 mai 2015 par le Pape François.




Cycle Long St Denis Samedi 4 et Dimanche 5 mars

Groupe St Denis Samedi avec Fr Benoît Joseph Colonial,

ce 4 mars, de 8h 00 à 17h 00 à la Maison Diocésaine…

 

 

Et Mario au bilan de la journée…

 

Groupe St Denis Dimanche, avec D. Jacques Fournier

ce 5 mars, de 8h 00 à 17h 00 à la Maison Diocésaine…

Debout, Sylvie Marpiga, responsable de l’équipe de Service, avec Jean Yves, son mari.

Noéline Fournier, venue nous rejoindre après avoir visité les malades à l’hôpital

Deux des cinq carrefours de l’après midi sur « l’Eglise, Mystère de Communion ».

Et nous vous proposons ici le résumé de la journée précédente réalisé par une équipe de participants… Il vous suffit de cliquer sur le titre ci-après pour avoir accès au document PDF :

Le projet de Dieu pour l’Homme (Résumé 1)

 

 




2ième Dimanche de Carême par Francis COUSIN

 

 

« Relevez-vous et soyez sans crainte ! »

 

L’évangile de ce dimanche nous narre la Transfiguration de Jésus. L’épisode est bien connu ; aussi, attachons-nous seulement à trois points.

« Jésus prit avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne. »

Jésus n’emmène pas tous les apôtres. Il fait un choix. Il appelle.

Comme il appelle chacun d’entre nous, à un moment ou à un autre, pour une mission … qui n’est pas nécessairement extraordinaire, ce peut être simplement d’offrir un sourire à une personne qui a besoin de réconfort. Pour d’autre, c’est plus fort, notamment les prêtres et les religieux(ses).

Il appelle, et il mène à l’écart. En ce temps de carême, Dieu nous appelle tous à l’écart, à prendre du recul sur notre vie quotidienne, à nous éloigner pour avoir un point de vue différent, un autre regard sur notre vie à la lumière de son Évangile. La semaine dernière, Jésus allait au désert ; cette semaine, il emmène sur la montagne, qui est parfois un désert, enneigé ou pas, mais qui est aussi le lieu de la rencontre avec Dieu. Et pendant ces quarante jours de carême, Dieu nous invite à l’écart, sur la montagne, en sa présence.

« Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. » Abraham a quitté son pays … Dieu ne nous en demande pas autant, mais saurons-nous accepter de le suivre, pour le rencontrer, pour l’écouter, pour agir avec lui, dans le désert de nos vies, de nos villes, de nos églises, de notre travail … ou de notre chambre, là où Dieu nous voit dans le secret.

« Il est bon que nous soyons ici … Je vais dresser ici trois tentes … »

Comme on comprend Pierre. Nous avons certainement tous fait l’expérience d’un moment où nous avons senti la présence de Dieu dans notre cœur, soit lors d’une adoration, soit lors de la rencontre avec quelqu’un dont la joie de vivre en Dieu était tellement manifeste qu’on sentait la présence de Dieu dans notre conversation, ou en voyant d’autres personnes agir avec détermination pour que la Parole de Dieu soit mise en application. Et on aimerait tant avoir toujours en soi le sentiment de la présence de Dieu en nous, se construire une tente, un petit cocon, pour maintenir ce moment.

Mais ce n’est pas ce que Dieu veut. Il ne veut pas de gens qui restent avec un souvenir béat et qui restent là, sur place ; il veut des hommes en marche, qui bougent, qui se bougent et qui font bouger autour d’eux. Des personnes qui savent que Dieu est toujours là, auprès d’eux, et qu’il va les aider.

« Relevez-vous et soyez sans crainte. »

Jésus reprend les trois apôtres. Après sa manifestation comme Fils de Dieu, il les relève, les remet debout, les ressuscite : « Ma mission n’est pas fini, et la vôtre non plus. Mais n’ayez pas crainte, je serai toujours avec vous. Mais avant, il me faut souffrir ma passion et être crucifié. Mais le troisième jour, mon Père me ressuscitera. Il nous faut maintenant descendre de la montagne. »

Nous sommes dans le temps de l’espérance, de l’attente de la Pâques, et d’un avenir promis de bien-être et de louange dans la vie éternelle. Mais avant, il y a la Croix, et il y a nos croix que nous devons porter. Nous ne devons pas rester dans notre petite bulle, mais descendre de la montagne, retrouver notre vie de tous les jours, et ’’mouiller notre maillot’’, oser nous salir les mains, les mettre ’’dans le cambouis’’ pour annoncer l’évangile de Jésus ressuscité : « Si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’as ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. » (Rm 10,9). Et c’est le but que nous devons tous avoir : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile » (1Co 15,14).

 

Quittez vos basses eaux, les steppes de vos bagnes,

ras-de-terre et tombeaux, venez sur la montagne !

 

aujourd’hui j’étais mort : j’entends la vie qui craque,

j’entends la vie qui sort, je choisis une Pâque.

Suis-je donc assez fou pour croire une présence :

Dieu comme un rendez-vous, l’homme comme une chance ?

        Jean Debruynne

Francis Cousin

 




2ième Dimanche de Carême – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Faisons trois tentes

 

« Seigneur, il nous est bon d’être ici. Si tu le veux, faisons-y trois tentes, une pour Toi, une pour Moïse, une pour Elie ! »

Frères et sœurs, que de fois, lorsque nous rencontrons le Christ dans notre vie, lorsqu’Il est venu au-devant de nous dans la lumière et la gloire, dans la tendresse de son amour, nous avons réagi comme Pierre : « Seigneur, il nous est bon d’être ici sur la montagne. Dressons-y une maison à ton prophète Élie, à celui qui a annoncé ta Parole, à celui que tu as envoyé à Israël pour lui dire de se convertir. Dressons-lui une maison pour qu’il demeure près de Toi. Et à ton saint prophète Moïse, celui qui a suscité le peuple, celui qui l’a libéré de l’Égypte à cause de ton appel, à cause de ta force, celui qui a parlé avec Toi, celui qui s’est tenu devant Toi, dressons-lui aussi une tente ».

Oui, que de fois nous avons voulu construire, par nous-mêmes, construire une maison pour le Dieu de salut qui venait au-devant de nous ! Que de fois nous avons voulu enfermer Dieu aux dimensions de nos demeures humaines, de nos désirs humains ! Que de fois nous avons ainsi défiguré le visage même de Dieu ! Que de fois nous avons défiguré Jésus transfiguré ! Que de fois nous en avons fait simplement un homme, une sorte de révolutionnaire, un homme qui marche au-devant de l’humanité mais qui se confond avec elle, qui nous ressemble tellement ! Un homme à la mesure de nos limites et de nos petits désirs humains. Ou que de fois encore nous avons voulu en faire un simple thaumaturge, quelqu’un qui nous sortirait de toutes les difficultés dans lesquelles nous nous trouverions, un Dieu à notre mesure, un Dieu merveilleux qui ne nous a pas rencontrés vraiment parce que tout simplement nous avons voulu le mettre à l’abri, sous des tentes humaines, sous des demeures humaines, à l’image de nos désirs.

Et comme Pierre, nous ne savons pas très bien ce que nous disons à ce moment-là, car  aussitôt, la réponse de Dieu c’est la nuée qui se précipite sur  les disciples pour les envelopper de sa lumière. Oui, si le Fils de Dieu est apparu sur notre terre, s’Il a manifesté en ce jour-là sa gloire à ses disciples, à travers cet éclat d’une lumière qui jaillissait comme du plus profond de Lui-même, pour manifester sa véritable nature divine, incarnée, prise dans notre chair, en même temps la nuée a reposé sur les disciples. Et la nuée, c’est cette lumière de la présence de Dieu qui guidait le peuple à travers le désert.

Non, ce n’est pas à nous de construire une maison pour notre Dieu. C’est au Seigneur Lui-même de nous construire cette maison nouvelle. Cette maison n’est pas fixe, à l’image de nos demeures humaines. Une maison qui n’est pas fichée dans la terre par les piquets de nos tentes. Une maison qui est une nuée, c’est-à-dire à la fois ce lien entre le ciel et la terre, la nuée étant toujours ce qui se tient entre le ciel et la terre, et en même temps, la nuée était un lieu mobile, ce qui se déplace, ce qui est léger, ce qui tourbillonne, ce qui nous emporte dans un souffle, au souffle de l’Esprit. La réponse de Dieu, lorsque les disciples voulaient saisir la gloire de Dieu et l’enfermer dans la maison de leur propre humanité ce fut précisément cette nuée lumineuse qui les a saisis.

Alors ils ont été saisis de frayeur et de panique parce qu’ils ont compris que maintenant, la lumière que le Christ était venu apporter dans le monde, cette lumière qui jaillissait du plus profond de Lui-même était en train de les envahir et de les amener, à leur niveau, à une transfiguration, à une transformation complète de leur être. Oui, maintenant  ce n’était plus comme au temps de Moïse où l’on ne pouvait pas regarder Dieu face à face.  Il n’y avait plus ce voile sur la face de Moïse. Il était tombé pour qu’on puisse regarder la gloire de Dieu. Il y avait une lumière qui, jaillie du cœur  de Dieu, vient jusqu’au cœur de l’homme, qui le saisit et l’emporte. Il n’y avait plus une lumière venue des tables de la Loi gravée dans la pierre, mais une lumière qui veut se graver au plus profond de notre chair. Maintenant la Loi n’est plus extérieure à nous. La Loi est une Loi nouvelle. C’est la présence même de Dieu, la fulgurance et la transparence de cette présence de Dieu qui est inscrite au plus profond de notre cœur.

Et maintenant, il n’y a plus à rester quarante jours sur la montagne ; il n’y a désormais ni repos ni trêve, car il va falloir marcher dans la nuée de Dieu et marcher vers la Pâque. Lorsqu’ils étaient sur le Thabor, les disciples n’ont pas pu saisir la présence de Dieu pour la domestiquer à la mesure de leurs prétentions, de leurs désirs. Ils ont été aveuglés et maintenant ils sont pris, ils sont emportés comme par un souffle. Ils sont pris dans cette nuée lumineuse de la gloire de Dieu et il faut qu’ils s’avancent, avec Lui, vers Jérusalem.

Si la liturgie a choisi de nous arrêter aujourd’hui sur le Mont Thabor, avec les disciples, dans cette vision de gloire, ce n’est pas simplement pour y rester. C’est d’abord pour que nous comprenions que si le Seigneur a été transfiguré et nous a montré dans son humanité la gloire du Fils, c’est parce que, nous aussi, nous devons en vivre. En vivre, c’est-à-dire, en l’écoutant, de vivre pleinement ce qu’Il a vécu. Puisque Lui s’est manifesté comme transfiguré, comme porteur de la gloire qu’Il tient de son Père de toute éternité, il faut maintenant que nous sachions que le sens profond de notre vie chrétienne c’est de porter au fond de notre cœur et de laisser transparaître peu à peu par notre vie cette lumière que Dieu a déposée en nous, et de nous laisser transfigurer par la grâce de notre baptême. C’est aussi pour que nous apprenions ceci. Cette démarche n’est pas une halte, un arrêt, une oasis. Le Christ transfiguré prend les disciples dans cette nuée qui va les conduire, qui va les emporter comme la nuée a conduit le peuple à travers le désert, qui va les emporter comme le Christ de ce monde à son Père. Elle va les conduire du Thabor à Jérusalem pour y contempler le Seigneur de gloire mis à mort, pour y être témoin du Seigneur de gloire ressuscité, qui va les emporter, comme le Christ, à travers le monde pour proclamer l’évangile et qui va, à travers leur propre mort, les emporter dans le sang du Christ ressuscité, dans la gloire et la lumière.

Oui, tel est le sens de notre vie, tel est le sens de notre baptême. Non pas une lumière qui jaillirait de l’extérieur, mais une lumière qui transparaît du plus profond de nous-mêmes, qui apparaît pour nous transfigurer, pour nous rendre de plus en plus fils de Dieu, et pour nous emporter, pour nous saisir, pour faire de nous des témoins de l’évangile, des témoins de la Résurrection, pour appeler l’univers à passer de ce monde, à travers ce monde, à travers le péché de ce monde, à travers les échecs de notre humanité et du quotidien de notre vie, l’appeler à l’espérance de contempler la gloire de Dieu, à laisser transparaître en nous la gloire de Dieu qui nous conduira auprès du Père. Amen.

 




2ième Dimanche de Carême par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Jésus transfiguré, révélation vivante du Royaume des Cieux (Mt 17,1-9) « 

 

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne.
Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »
Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte.
Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! »
Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul.
En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »

                    

                            Jésus vient d’annoncer pour la première fois à ses disciples sa Passion, sa mort et sa résurrection désormais toute proches (Mt 16,21-23). Eux qui croyaient siéger un jour à droite et à gauche de son trône dans le palais royal de Jérusalem (Mc 10,37) ! Et pour ce qui est de la résurrection, ils n’y comprennent rien (Mc 9,32) ! De plus, Jésus les a invités à prendre eux aussi leur croix à sa suite ! Et il a ajouté juste après : « Il en est d’ici présents qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venant avec son Royaume » (Mt 16,24‑28). Jésus est donc bien Roi, avec un Royaume, mais quel est-il ?

            L’épisode de la Transfiguration répond à toutes ces questions. La Lumière qui semble jaillir de son visage et de ses vêtements est celle-là même qui resplendira dans les ténèbres du tombeau au jour de la Résurrection. Elle est la Lumière de l’Esprit qui, au sommet de cette « haute montagne », « a resplendi aussi dans le cœur des disciples pour faire briller la connaissance de la gloire de Dieu qui est sur la face du Christ » (2Co 4,6). « Par ta Lumière, nous voyons la Lumière » (Ps 36,10)…

« Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5), et le Fils est « de même nature que le Père » en tant que « Lumière né de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo). De toute éternité, il est « engendré » par le Père, il reçoit du Père la Plénitude de la nature divine qui est « Esprit » et « Lumière ». Au moment de la Transfiguration, le Père comble également les disciples de ce même Esprit qui va alors « illuminer les yeux de leur cœur pour leur faire voir ces trésors de gloire » (Ep 1,17-21) qui sont dans le Fils mais aussi, en cet instant, en eux… Ils voient « le Fils de l’homme venant avec son Royaume », ils le voient, ils le vivent, car ils sont unis à Lui dans la communion d’un même Esprit… Et « le Royaume des Cieux est » justement « paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17).

« Le fruit de l’Esprit est joie » (Ga 5,22). « Il est donc heureux que nous soyons ici », de cœur, expérimentant, en le vivant, cette unité d’Esprit avec Dieu… Et c’est toujours ce même Esprit qui, au moment de la Passion, donnera à Jésus la force de vaincre le mal par le bien (Rm 12,21), en répondant à la haine par l’Amour et le Don de soi pour ceux-là même qui le tuaient… « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). Et c’est ce même Esprit qui se proposera à la foi des disciples pour les soutenir aux jours où, eux aussi, devront porter leur croix à la suite de leur Maître (Mt 10,17-20)… Avec lui et grâce à lui, le temps de la croix sera aussi celui de la Lumière, de la Gloire et de la Joie…         DJF




Audience Générale du Mercredi 1 Mars 2017

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 1 Mars 2017


Frères et sœurs, aujourd’hui, nous entrons dans le temps du Carême, qui est une période de pénitence, non pas comme une fin en soi, mais comme un chemin destiné à nous faire ressusciter avec le Christ, à renouveler notre identité baptismale, à renaître de l’amour de Dieu.  Pour cette raison, le Carême est un temps d’espérance. Le sens nous en est donné dans l’expérience fondamentale de l’exode des Israélites depuis l’Egypte vers la Terre promise. C’est un chemin de l’esclavage vers la liberté, un chemin d’espérance s’inscrivant dans le plan de salut de Dieu qui veut pour son peuple la vie et non la mort. Ainsi, la Pâque de Jésus, son exode, nous ouvre la route vers la vie éternelle : par le don de sa vie, nous sommes sauvés de l’esclavage du péché. Mais, le don de notre salut est une histoire d’amour, d’où la nécessité de notre « oui » et de notre participation. Si Jésus nous donne l’eau vive de son Esprit, il nous incombe d’aller boire à sa source dans les sacrements, dans la prière, dans l’adoration. Alors, à la lumière de l’espérance de la Vierge Marie qui, dans la nuit de la passion et de la mort de son Fils, continue à espérer en la victoire de l’amour de Dieu, commençons avec joie ce chemin d’espérance.

Je suis heureux de saluer les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes de Paris, Pignan, Saint Cloud et de Suisse ainsi que les fidèles venant de Belgique. Que le Carême soit pour nous un chemin de joie et d’espérance, grâce à la force de l’amour miséricordieux du Seigneur et l’aide de la Vierge Marie, afin que nous puissions ressusciter avec le Christ. Que Dieu vous bénisse !

 




1er Dimanche de Carême – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

 

De l’Eden au désert : l’histoire du cœur humain

Frères et sœurs, je voudrais vous raconter l’histoire du cœur de l’homme.

Au commencement, on devrait presque dire ici : « Il était une fois », au commencement, le cœur de l’homme était un jardin. Car, vous l’avez bien compris, ce jardin dont nous parlait tout à l’heure le récit de la Genèse, ce n’est pas un jardin dans lequel l’homme vivait mais c’est le cœur de l’homme qui était le jardin, un jardin plein de vie, un jardin rempli de fruits, un jardin de paix, un jardin dans lequel l’homme vivait dans la présence de son Dieu. Car ce jardin d’Eden c’était le cœur de l’homme que Dieu avait choisi pour venir s’y promener le soir à la brise, pour venir dialoguer avec l’homme. Ce jardin avait l’ombre des feuillages et des arbres, il avait la paix de ces dialogues entre l’homme et Dieu, ce jardin était le face à face de l’homme et de Dieu.

Plus encore, Dieu émerveillé de ce dialogue avec sa créature voulait que l’homme ait un vis-à-vis qui lui soit assorti. Et dans ce jardin d’Adam, dans ce cœur de l’homme, Il avait façonné, avec la propre chair de l’homme, une femme. Si bien que le cœur de l’homme était devenu le jardin de Dieu et de l’amour de son épouse tandis que le cœur de la femme était le jardin de l’homme. Et tous les deux étaient l’un pour l’autre un jardin de joie, de paix, de vie et d’amour partagé.

Au commencement du cœur de l’homme, au commencement de notre vie, il y a tout simplement ce jardin. Et plus tard, beaucoup plus tard, qu’est devenu ce cœur de l’homme ? Beaucoup plus tard, c’est un désert. Car dans ce jardin du paradis, il y avait eu cette présence, cette ombre sournoise du mal qui se faufilait à l’intérieur de la fraîcheur des arbres. Et voici que se manifestait cette fragilité fondamentale du cœur de l’homme et de sa liberté. Le jardin du cœur de l’homme, sa liberté et sa joie d’être avec Dieu, voici que tout cela s’était subitement dégradé et brisé. Et le cœur de l’homme est devenu un désert. C’est la soif et la faim, c’est le soleil qui tape, c’est le sable brûlant et les pierres qui coupent les pas de l’homme qui s’avance. Le désert, c’est ce lieu de silence, ce lieu où les cris ne rencontrent plus qu’un écho vide, car le jardin n’est plus le jardin de personne, mais il est le désert du vide et du silence. Le cœur de l’homme est devenu désert. Il n’y a plus que le ciel implacable et son soleil brûlant, il n’y a plus que l’immensité du vide qui résonne autour de lui, il y a la soif, il y a la faim et cette lumière aveuglante et miroitante qui fait les mirages et qui fait les idoles et qui fait les erreurs et qui fait le mensonge.

Quelle idée Dieu pouvait-Il donc avoir d’envoyer son peuple au cœur de ce désert ? Car Dieu s’était choisi un peuple et pour le mettre à l’épreuve, pour le passer au feu de la tentation, avait choisi de le mener quarante ans dans le désert. Et là le peuple avait connu les multiples tentations de l’existence. Dans ce désert qui est le cœur de l’homme, qui est le cœur même de ce peuple, voici que l’homme était invité à le parcourir en tous sens et à découvrir au fond de chacun de ces recoins de désert, dans ces replis de montagne, de découvrir tout le poids de la souffrance, des désirs et de l’échec humain. Le peuple s’était heurté à sa soif et il avait crié. « Est-ce que Dieu nous a conduits ici dans le désert pour nous faire mourir de soif ? » Alors il avait contesté Dieu aux eaux de Mara et de Mériba dans le désert et ce lieu s’était appelé le lieu même de la tentation. Et Dieu avait répondu : « Il ne faut pas tenter le Seigneur, ton Dieu ». Et le peuple avait connu sa faim, la faim de son désir qui le travaillait et le torturait. Et alors l’homme avait crié dans son désir et dans son cœur et dans le désert de son cœur : « Est-ce que Dieu est capable de nous donner quelque chose à manger ? » Alors Dieu lui avait répondu : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».

Et l’homme, au cœur de ce désert, avait été confronté à la tentation de toutes les fausses fictions, de tous les faux objets de son désir qu’il essayait de se créer et de se fabriquer, l’homme dans le désert avait fait l’épreuve de la sécheresse et de la dureté de son cœur qui se fabrique des idoles pour se soutenir dans sa marche et se donner l’illusion qu’il a un avenir, l’homme s’était fabriqué un veau d’or et Dieu lui avait dit, sur les tables de la Loi : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et Lui seul ».

Le cœur de l’homme, de jardin qu’il était, voici qu’il était devenu ce désert dans lequel nous errons pas à pas, sans trouver quoi que ce soit pour étancher notre soif et notre faim, en proie à tous les mirages et à toutes les idoles que nous nous fabriquons. Dans cet immense désarroi, dans cette solitude et cette longue marche, voici que Dieu Lui-même est venu de son pas d’amour et de miséricorde. Il est venu arpenter ce grand espace du désert. Mais qu’est-il donc venu à l’idée de Dieu pour envoyer son Fils dans le désert du cœur de l’homme ? Et c’est le récit de la tentation que nous venons d’entendre. Jésus vient dans le cœur des hommes comme dans un désert, Jésus qui vient découvrir l’homme, le chercher dans le plus grand abandon et la plus grande solitude. Jésus poussé par l’Esprit qui va pour ainsi dire arpenter ce désert de long en large, dans toute sa solitude et dans tout son désarroi. Et qui va-t-Il trouver au fond de ce désert, au fond de ce désert du cœur de l’homme ? Le prince de ces lieux. Vous pensez bien qu’il n’avait aucune envie qu’on occupe son territoire. Le premier qui s’approche de Jésus, c’est donc le tentateur lui-même, le prince de ce monde, et il demande à Jésus ce qu’Il vient faire là. Mais là où l’homme avait échoué, là où l’homme avait succombé, là où il avait crié contre Dieu à cause de sa soif, à cause de sa faim, là où l’homme s’était fabriqué des idoles, voici que Lui, l’homme véritable, Il entre dans ce cœur désertique de l’homme, Il entre dans sa soif et dans sa faim, non plus pour se révolter, mais pour nous ouvrir un chemin de liberté.

« Si Tu es le Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent du pain ». Mais le Christ sait bien qu’Il ne peut pas conquérir la liberté de l’homme simplement en le gavant, en étouffant son désir, en brimant sa liberté, en la contentant à bon compte. « Si Tu es le Fils de Dieu, fais un coup d’éclat, jette-Toi du haut du Temple ». Mais Jésus sait bien qu’il ne faut pas tenter le Seigneur son Dieu, et Il sait bien qu’il faut que son pied se heurte à quelques pierres, ces cailloux coupants de nos péchés et de la dureté de nos cœurs sur lesquels encore aujourd’hui sa chair de Fils de l’homme vient se briser à cause de notre dureté de cœur et de notre dureté de vie. « Si Tu veux, prosterne-Toi devant moi et je Te donnerai tous ces royaumes. Accepte que je fournisse aux hommes les quelques idoles et les quelques faux espoirs dont ils ont besoin. Accepte d’étouffer en eux ce désir de liberté pour qu’ils se vautrent dans n’importe quoi, dans la fabrication de leurs désirs ». Mais Jésus ne peut pas dire autre chose que : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu ». Il veut que l’homme soit en face de la réalité de Dieu et non pas toujours en train de s’amuser comme un gamin avec ses idoles et ses faux-semblants illusoires.

Le Christ a visité le vaste désert du cœur de l’homme. Et là où le Peuple d’Israël avait succombé à toutes les tentations, voici qu’Il en ressort victorieux et vainqueur. Ce combat face-à-face avec la puissance du mal, ce combat aux prises avec le désir de l’homme qui ne cesse de se fabriquer des faux-semblants, voici qu’il continue encore aujourd’hui, voici que le Christ, depuis le désert jusqu’à maintenant, ne cesse d’arpenter le désert du monde, ce Sahel spirituel dans lequel nous nous trouvons. Et le Christ, jour après jour, va à la rencontre de l’homme, Il affronte toutes ses tentations.

Il a même fallu qu’Il transforme radicalement ce désert. Oh ! Apparemment le désert d’aujourd’hui, la sécheresse du cœur et du désir de l’homme d’aujourd’hui, ressemblent étonnement à ceux que Jésus a dû rencontrer sur les chemins d’Israël et dans tous ces regards qu’Il portait sur le cœur de l’homme. Apparemment le cœur de l’homme est toujours aussi désertique et desséché, il n’y a pas de fleuve qui ait coulé pour l’irriguer et y faire surgir la vie au milieu du désert. Pourtant il y a dans ce désert un arbre étrange, quelque chose qu’on ose à peine nommer un arbre car il ressemble curieusement à un poteau télégraphique, un bout de bois dressé au cœur de ce désert du cœur de l’homme, avec une traverse horizontale. Depuis deux mille ans, nous appelons cela la croix de Jésus-Christ. Le désert du cœur de l’homme est toujours aussi sec, toujours aussi assoiffé et desséché, toujours rempli d’idoles et d’illusions, et pourtant mystérieusement au cœur de ce désert commence à pousser cet arbre apparemment si sec, si dur qui se dessine plus durement sur l’horizon que les rochers dans le ciel du désert. Et cet arbre, c’est la seule chose qui nous reste.

Nous qui sommes chrétiens, nous croyons que le désert refleurira, que de la croix l’eau jaillira, que du Seigneur la vie renaîtra, que la croix, cet arbre mort, est en réalité arbre de vie, car Jésus Lui-même a voulu prendre la géométrie de cette croix.

Notre cœur est apparemment toujours aussi sec qu’un désert. Et pourtant parce que l’arbre de la croix y a été planté, parce que la mort du Fils de l’homme y a éclaté comme un cri et comme un éclair, désormais, au milieu de la solitude et du désespoir, voici que la croix est devenue ce lieu où le destin de l’homme et le destin de Dieu sont irrémédiablement noués, Dieu mourant debout, les pieds dans la terre et la tête dans le ciel, et les bras écartés, si grands et si larges qu’Il veut embrasser tous les hommes, embrasser l’immensité de ce cœur désertique, non seulement tout le cœur de l’homme, mais le cœur de tout homme. Jésus qui se fait le point de rencontre de l’homme et de Dieu. Et il faut que nous-mêmes nous refassions le même geste, il faut que nous aussi nous soyons avec Lui, il faut que nous passions par là. Même si nous avons peur et si nous rechignons, c’est par la croix que nous passons nous aussi, les pieds sur terre et la tête dans le cœur même de Dieu et les bras ouverts pour étreindre cet Amour de Dieu trop grand pour nous afin que désormais les deux morceaux de bois de la croix, Dieu et l’homme, soient inséparables.

Alors, au cœur même de ce désert jaillit un signe de vie et d’espérance, celui-là même que Dieu nous a donné en son Fils Jésus Christ. Si nous creusons au plus intime de notre cœur pour y découvrir la source vivante de la grâce de notre baptême, nous ne trouvons rien d’autre, au milieu de notre désert et de notre aridité, que cette croix plantée dont nous avons été marqués aux premiers jours de notre existence chrétienne, au jour de notre baptême. Elle est source de vie dans nos déserts, elle est fleuve d’allégresse et de joie au cœur des épreuves, elle est la résurrection au cœur de notre mort. Amen.

 




1er Dimanche de Carême par le Diacre Jacques FOURNIER

«  Dans la vie du Fils, le Père est à la première place « (Mt 4,1-11) 

En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable.
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
Mais Jésus répondit : « Il est écrit : ‘L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.’ »
Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple
et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : ‘Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre.’ »
Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : ‘Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.’ »
Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire.
Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. »
Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : ‘C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte.’ »
Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.           

                    

             « Jésus fut conduit au désert par l’Esprit » et donc par Dieu son Père qui fait tout pour son Fils par l’Esprit. Jésus est docile, obéissant : « J’aime le Père et je fais comme le Père m’a prescrit » (Jn 14,31). Le but visé ici est de manifester la victoire de Dieu sur le mal car si « le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,14) par l’Esprit (Lc 1,35), c’est pour « arracher » tous les hommes « à l’empire des ténèbres et nous transférer dans son Royaume » (Col 1,13-14) de Lumière et de Paix, par le Don de ce même Esprit. Au désert, la Lumière du Christ va donc briller dans les ténèbres et celles-ci ne pourront rien contre elle (Jn 1,5). Cette victoire est appelée désormais à devenir la nôtre si nous acceptons de l’accueillir par le libre consentement de notre foi… « Il faut les laisser faire là haut » (Ste Thérèse de Lisieux)…

Jésus jeûne « quarante jours et quarante nuits »… Vrai homme, il est fragilisé, il a faim… Le démon le sait. Pour soulager sa faiblesse, et il va l’inviter à adopter l’image pervertie de Dieu qui est la sienne : un Dieu Tout Puissant qui utilise sa Force pour Lui même, pour son propre avantage… Logique de l’égoïsme… Mais telle n’est pas celle du Fils qui demeure dans l’Amour du Père (Jn 15,10) et qui, jour après jour, attend tout de sa Bonté… Aux pains destinés à entrer dans « sa » bouche, Jésus oppose « la parole qui sort de la bouche » du Père pour lui dire tout son Amour : « Tu es mon Fils bien‑aimé, en toi j’ai mis tout mon amour » (Mc 1,11). Elle est son Pain de Vie, car cette Parole est un acte : le Don éternel de l’Esprit par lequel le Père engendre le Fils de toute éternité en Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, lui donnant ainsi de partager sa Plénitude d’Être, de Vie, de Joie et de Paix…

            Puis le démon, en citant par ruse la Parole de Dieu, va inciter Jésus à se mettre à la première place en sommant le Père d’agir pour lui… Mais le Fils n’a pas besoin de le provoquer pour savoir qu’Il est là avec Lui (Jn 8,29), invisible mais actif, et cela toujours pour son bien… « Le Seigneur fait tout pour moi, Seigneur, éternel est ton Amour, n’arrête pas l’œuvre de tes mains » (Ps 138(137),8).

            Troisième tentation, celle du pouvoir. Pour le démon, la puissance sert à dominer, à écraser, à s’imposer pour se glorifier aux dépends d’autrui. Jésus le sait : il est le Messie, le Roi promis par les prophètes. Il a reçu du Père « les nations en héritage », pour les sauver (cf. Lc 3,21-22 et Ps 2,7-8 ; Jn 3,16-17 ; 4,42). En lui mentant, car c’est « Dieu » seul qui « donne au roi ses pouvoirs » (Ps 72,1 ; Jn 19,11), le démon va essayer de faire naître en lui la convoitise pour le pousser à accomplir sa vocation selon sa logique à lui… « Tout cela, je te le donnerai »… Mais non, ce n’est pas le démon qui donne quoique ce soit ; lui, il ne sait que « voler, égorger et faire périr » (Jn 10,10). C’est le Père qui, dans son Amour, ne cesse de se donner entièrement à son Fils, de Lui donner tout ce qu’Il Est, lui donnant ainsi d’être « Lumière née de la Lumière », une Lumière qui est Plénitude de Vie et de Joie. « Moi, je suis sûr du Seigneur. Ton amour me fait danser de joie » Ps 31(30),7-8). C’est donc Lui que Jésus écoute, « tu es mon Fils bien-aimé », c’est vers Lui qu’il se tourne (Jn 1,18), se laissant combler par le Père (Jn 5,26) qui, de son côté, ne cherche, ne désire et ne poursuit que le meilleur pour son Fils… A nous, maintenant, de faire de même…

                                                                                                                                              DJF

                      




1er Dimanche de Carême par Francis COUSIN

 

 

« Arrière, Satan ! »

Nous voici au début du carême, ce temps qui nous est donné par l’Église pour préparer notre cœur pour ce grand jour qu’est Pâques, but de la venue de Jésus sur la terre : Dieu le ressuscite, et par cela il refait le lien entre les hommes et lui, le lien d’amour que les hommes ont rompu par le péché d’Adam et Ève et que Jésus en offrant sa vie pour nos péchés renoue, nous permettant d’avoir accès à la Vie Éternelle.

On comprend donc que la première lecture soit le récit de la tentation d’Ève par Satan. Satan, rusé et menteur, commence par dire que Dieu a interdit de manger de tout arbre du jardin d’Éden ; Non, répond Ève, seulement l’arbre du milieu ; C’est parce que, si vous en mangez, ’’vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal’’. Et Ève et Adam, succombe à la tentation de tout connaître, d’être comme des dieux, de pouvoir vivre sans Dieu.

L’évangile nous parle des tentations de Jésus au début de la vie publique. Juste après son baptême au cours duquel la voix du Père se fait entendre :’’Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie‘’, Jésus est poussé par l’Esprit au désert, lieu de l’épreuve et du combat comme le mal, mais aussi lieu de la rencontre avec Dieu. Il y reste quarante jours, sans manger ni boire, comme Moïse au Sinaï avant qu’il ne reçoive les tables de la loi.

Alors le diable vient le voir et commence par une provocation :’’Si tu es Fils de Dieu…’’, sous-entendu, tu peux donc faire des miracles, ’’change ces pierres en pain’’. Mais Jésus ne veut pas utiliser ses capacités pour son propre profit, de manière égoïste ; il réserve les miracles pour les autres, les petits, les malades, les faibles.

Il l’emmène ensuite au sommet du temple :’’Saute, les anges viendront te porter’’, mais Jésus ne veut pas mettre à l’épreuve son Père, l’obliger à faire un miracle à son profit pour qu’il en tire vanité.

En dernier lieu, Satan emmène Jésus sur une montagne. ’’Je te donne tout cela si tu te prosternes devant moi’’. C’est le but de la mission de Jésus : rassembler toutes les nations pour qu’elles croient en Dieu et aient la Vie éternelle, mais pour lui, la fin ne justifie pas tous les moyens, surtout s’ils ne sont pas bons et vont à l’encontre de ce qui est voulu. Et pour la troisième fois, Jésus répond par une phrase du Deutéronome :’’Arrière, Satan ! … C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte’’.

Les trois tentations que Jésus a subies sont encore d’actualité aujourd’hui, même si elles prennent d’autres formes. Dans notre société de consommation, nous pouvons être tentés par tout un tas de choses qui nous sont présentés par la publicité, la télévision ou internet, et que nous voulons pour nous, de manière égoïste, tout de suite, et pas seulement des biens matériels, mais aussi la drogue, le sexe, les enfants par Grossesse Pour Autrui, voire mourir ’’dans la dignité’’ par euthanasie, …

Il y a aussi la tentation de vouloir avoir des ’’preuves’’ de l’existence de Dieu, ou de se tourner vers l’ésotérisme, les horoscopes, les diseuses de bonne (?!) aventure … pour combler la soi-disante absence de Dieu.

Et puis aussi la tentation de l’argent facile, plus ou moins licite, ou des ‘trucs’ pour payer moins d’impôts ou ne pas payer ses contraventions. Et aussi celle du pouvoir sur les autres.

Les tentations sont toujours là, et elles sont nombreuses. Parce que Satan est toujours là, et qu’il ne cesse de nous tenter. C’est pourquoi, dans le Notre Père, nous disons ’’Ne nous laisse pas entrer en tentation’’.

Et  nous ne pouvons le faire qu’avec l’aide de Dieu. En faisant comme Jésus, quand nous sentons arriver une tentation mauvaise, en disant : « Arrière, Satan ! ».

Seigneur Jésus,

comme tu l’as été,

nous sommes souvent

tentés par le Démon.

Aide-nous à résister au démon

et à ne pas entrer en tentation.

Francis Cousin




Rencontre autour de l’Évangile – 1er Dimanche de Carême

« Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre… »

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Mt 4, 1-11)

Aussitôt après son baptême, qui a été pour Jésus une révélation lumineuse de son identité de Fils bien-aimé du Père et de sa mission. De Serviteur, Jésus est poussé par l’Esprit-Saint au désert, et là, le Fils de Dieu fait homme est sérieusement mis à l’épreuve par l’Adversaire de Dieu. 

Soulignons les mots importants       

Après son Baptême : rappelons-nous ce qui s’est passé au baptême et la signification de la démarche de Jésus.

désert : Rappelons-nous l’histoire du peuple Hébreu au désert : a quelle tentation il avait succombé ? Quelle est la signification spirituelle du désert ?

pour être tenté : Quelle pouvait être la tentation principale de Jésus, lui le Fils du Dieu Saint ?

par l’Esprit : De quel Esprit s’agit-il ?

le démon : qui est ce personnage qui se met en travers de la route de Jésus ?

quarante : ce chiffre revient plusieurs fois dans la Bible : on peut chercher ensemble ?

Le tentateur: c’est le même que celui de la Genèse avec Adam et Eve. Son but avec Jésus est toujours le même : lequel ?

Si tu es le Fils de Dieu: Pourquoi le démon commence par ces mots

Il est écrit : Jésus cite les Ecritures. Le tentateur aussi. Pouvons-nous percevoir quelle est la différence d’attitude de l’un et l’autre par rapport aux Ecritures ?

Ce n’est pas seulement de  pain que l’homme doit vivre : Quel sens large pouvons-nous donner à ce mot  « pain »

Arrière, Satan ! Cette parole rappelle un passage de Jésus avec l’apôtre Pierre. A quel moment ?

 

Pour l’animateur 

A son Baptême, rempli de l’Esprit-Saint, Jésus a eu une conscience claire de sa filiation divine. C’est par là que le tentateur va l’attaquer : « si tu es le Fils de Dieu » Jésus se voit ainsi tenté de vérifier à son profit la puissance qui est la sienne comme Fils de Dieu. C’est la tentation fondamentale de Jésus : au lieu de vivre sa mission de Fils de Dieu comme une soumission confiante au Père, en prenant le chemin du Serviteur, Jésus a été tenté de réaliser sa mission en utilisant sa puissance divine pour en tirer des avantages terrestres. Si Jésus est poussé par l’Esprit Saint, c’est que Dieu veut que son Fils commence sa mission en affrontant son adversaire pour le repousser.

Autrefois au cours des quarante années au désert le peuple d’Israël avait fait l’expérience d’un pain de misère pour qu’il ait faim de la Parole ; il avait fait également la triste expérience du doute à l’égard de la puissance divine et avait succombé à l’idolâtrie. Jésus cite précisément des paroles du Deutéronome (8, 3 et 6, 16) qui rappellent les tentations du peuple Hébreu, qu’il revit personnellement mais pour les repousser.

Mais tandis que Jésus cite les Ecritures par fidélité à la Parole de Dieu, le démon utilise les Ecritures dans une intention perverse, pour pousser Jésus à s’en servir de façon magique, à son profit : pour calmer sa faim, pour que Dieu vole à son secours, (piège du prestige) pour le pousser vers l’idolâtrie du pouvoir terrestre.

Jésus comme Fils de Dieu est « Messie Royal » : le diable lui fait l’offre d’un pouvoir et d’une puissance politiques. Tentation d’un messianisme politique et terrestre, que le Messie rejette comme une infidélité à son Père et une idolâtrie : il refuse de prosterner devant les forces ambiguës du pouvoir. C’est seulement de la main de son Père qu’il acceptera de recevoir tout pouvoir, quand il sera vainqueur de la mort.

Le tentateur, Satan, n’a qu’un seul but  depuis le début : tromper l’homme, le détourner de Dieu, l’entraîner sur le chemin de la suffisance et de l’orgueil, et ainsi d’essayer de faire rater le Projet de Dieu qui veut que l’homme réussisse sa vie en communion avec lui, dans l’humilité et la confiance. Jésus, l’homme-Dieu, déjoue les pièges de Satan. 

La tentation du disciple de Jésus sera toujours de faire confiance à ses propres forces au lieu de s’en remettre à Dieu son Père. Tentation devenir esclave des nourritures terrestres (pain) (société de consommation et de confort) qui ne peuvent pas à elles seules combler le cœur de l’homme. Il lui faut le pain de la Parole de Dieu.

Il sera aussi tenté de mettre Dieu à l’épreuve pour vérifier si vraiment sa protection est assurée. « Je fais telle et telle démarche, je verrai bien si tu es vraiment Dieu ! »

Il sera aussi tenté de se prosterner devant le pouvoir humain  ou  tenté de tout sacrifier pour arriver au pouvoir et à la domination.

TA PAROLE DANS NOS COEURS :     

Jésus, tu es le Fils bien-aimé du Père. En toi, l’Esprit-Saint a toujours été à l’œuvre pour te rendre fort contre l’Adversaire et fidèle à la volonté du Père. Nous te rendons grâce, nous te bénissons pour ce chemin que tu ouvres pour nous, tes disciples, les enfants bien-aimés du Père. Garde-nous de cette tentation de vouloir abandonner cette vocation première qui est la nôtre pour prétendre trouver ailleurs la réussite de notre vie.

   

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

Comment se présentent dans nos vies, aujourd’hui, les trois tentations que Jésus a connues ? Autrement dit, comment notre vie de fils et de filles de Dieu sont mises à l’épreuve aujourd’hui ?

– épreuve du matérialisme (tentation de chercher ses sécurités dans les choses, dans les biens matériels….oubliant que  « l’homme ne vit pas seulement de pain » (à l’opposé de la recherche du vrai sens de sa vie en se nourrissant de la Parole de Dieu)

–  tentation d’utiliser à Dieu à son profit en voulant forcer son intervention en notre faveur moyennant des démarches religieuses intéressées. (à l’opposé de l’attitude filiale et confiante)

–    tentation de vouloir réussir sa vie par la domination, tentation du pouvoir pour le pouvoir, de prétendre ne pas avoir besoin de Dieu… (à l’opposé de l’humilité et du service)

La tentation la plus grave : celle de désirer prendre un autre chemin que celui où le Seigneur nous a appelés : être ailleurs que dans mon Eglise si je suis chrétien, ailleurs que dans mon foyer, si je suis marié ; ailleurs que dans ma famille religieuse si je suis religieux ou religieuse, ailleurs que dans mon ministère si je suis prêtre …ailleurs que là où mes responsabilités me demandent d’être. Ce fut la tentation de Jésus : celle d’être sur un autre chemin que celui voulu par son Père : humble Serviteur et solidaire de ses frères.

Ensemble prions

Père, ne nous laisse pas succomber aux tentations communes : celle que ton peuple a connues jadis au désert ; celles de Jésus après ses quarante jours de jeûne ; celles que nous connaissons à notre tour, quand nous piègent l’argent, le prestige ou le pouvoir.

Mais surtout garde-nous de la grande tentation de notre époque : l’athéisme qui ne pose guère la question de Dieu, le grand silence autour du Christ, de son Evangile et de son mystère pascal.

Eloigne de nous  aussi cette tentation d’appeler bien ce qui est mal et mal ce qui est bien, de l’assoupissement de notre conscience.

Garde-nous, Père de la tentation suprême : celle de l’homme qui s’est tellement grandi qu’il ne Te reste aucune place. Père, délivre-nous de l’orgueil. Amen (Cf Cardinal Daneels)

 

Chant : Le Seigneur est notre secours p.186 (carnet paroissial)

                       

 

 

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