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« Christ est Ressuscité ! Le crois-tu ? »
(Luc 24, 13-35)
Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem,
et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.
Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.
Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.
L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple :
comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.
Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.
À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau,
elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit !
Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin.
Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna.
Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.
Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :
« Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »
À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
Après les événements de la Passion et de la mort de Jésus, deux disciples quittent Jérusalem pour un village appelé Emmaüs, distant d’environ une douzaine de kilomètres. Ils sont « tout tristes ». Mais le Christ Ressuscité les rejoint, et il entame la conversation avec eux… C’est bien lui, mais dans une condition « tout autre », insaisissable par nos seuls sens corporels. Pour le reconnaître, il faut un regard de foi, un regard du cœur…
Pour l’instant, ce n’est pas le cas… Ils ont pourtant bien entendu le témoignage des « femmes de leur groupe » qui les « ont remplis de stupeur. Dès l’aurore, elles sont en effet allées au tombeau et elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont ensuite venues leur dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant ». Mais ils ne les ont pas crues… Les Apôtres eux aussi avaient trouvé leurs propos « délirants » !
« Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau », lui disent-ils, « et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. » Et comme eux, ils n’ont toujours pas cru…
Le Christ « leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait ». Et pendant qu’il leur parlait, l’Esprit Saint, « l’Esprit de Vérité, lui rendait témoignage » (Jn 16,26), en communiquant à leur cœur un « quelque chose » propre à Dieu, un « quelque chose » de l’ordre de sa Vie, de sa Paix, de son Amour (1Jn 5)… Plus tard, ils s’en souviendront en disant : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
Mais pour l’instant, s’ils vivent bien ce « quelque chose », ils ne le comprennent pas encore… Et pourtant quel bonheur d’être avec lui… Aussi, quand Jésus fit mine d’aller plus loin, ils le supplièrent : « Reste avec nous, le soir tombe »… Jésus n’attendait que cela… Comme lors de son dernier repas, juste avant sa Passion, « il prit le pain, prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. » Cette fois, « leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards ». Qu’importe ! Ils ont reconnu l’impensable : Christ est Ressuscité, il est avec eux jusqu’à la fin du monde. Et leur regard de foi, leur regard du cœur, désormais bien ouvert, saura reconnaître dorénavant sa Présence à leurs côtés, bien au delà des seules apparences… DJF
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Thomas 8 ans
Comment Jésus ressuscité peut être présent,
en personne, partout en même temps ?
Père Antoine DENNEMONT
Rassure-toi, Jésus n’est pas un magicien ! Ce que tu dois savoir, c’est que Jésus ressuscité n’est pas revenu à sa vie d’avant ! Quand il était avec ses disciples, avant sa mort, il ne pouvait pas être en même temps à Jérusalem et à Nazareth ! Il était comme toi et moi. Mais le Seigneur Jésus ressuscité est en Dieu avec son corps de gloire. Il est en dehors du temps ; il n’est plus limité dans un endroit ! Là où des chrétiens se réunissent en son nom, il est présent. Là où il y a une hostie consacrée à la messe, il est là. Ainsi, dans le tabernacle de nos églises. Mais Jésus ressuscité n’est jamais « prisonnier » !
Chacun de nous peut être avec lui. N’est-ce pas merveilleux !
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PAPE FRANÇOIS
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 19 Avril 2017
Frères et sœurs, dans la lumière de Pâques, l’Apôtre Paul nous rappelle que le christianisme n’est pas une idéologie mais un chemin de foi qui part d’un évènement attesté par les premiers disciples de Jésus. Et, cet évènement n’est pas seulement la mort de Jésus mais plus encore sa résurrection, car c’est au matin de Pâques que naît notre foi. Paul lui-même a été saisi par cet évènement sur le chemin de Damas. Ainsi, même si nous sommes pécheurs, nous sommes appelés comme chrétiens à reconnaître avec étonnement et joie ce que Dieu réalise pour nous au matin de Pâques : son amour pour nous a vaincu notre plus implacable ennemi. Comme le proclame l’Apôtre Paul : « O mort, où est ta victoire ? O mort, où est ton aiguillon ? » (1 Co 15, 55). En ces jours de Pâques, nous proclamons nous aussi que Jésus est vivant au milieu de nous. Le Christ ressuscité est notre espérance.
Je suis heureux de saluer les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes collégiens, lycéens et étudiants, ainsi que les fidèles des paroisses venus de France et de Suisse. Que l’Esprit Saint fasse grandir notre foi en Jésus ressuscité pour que l’amour de Dieu parvienne à vaincre en nous le péché et la mort. Que notre vie témoigne avec joie de l’espérance qui naît du tombeau ouvert au matin de Pâques. Que Dieu vous bénisse !
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L’Eglise, lieu de naissance de notre foi
« Thomas appelé le Jumeau n’était pas avec les douze ou avec les Onze quand Jésus était venu au soir de sa Résurrection ». Ce petit détail dans le récit peut nous paraître anecdotique ou comme le ressort littéraire qui fait le lien entre la première apparition et la seconde. Cette absence de Thomas nous paraît mentionnée ici naturellement puisqu’il faut bien rendre compte du fait qu’il était incrédule et que lors de la seconde apparition, en voyant Jésus, parce qu’il était à ce moment-là au milieu des douze, il a accueilli la grâce même de la foi au Christ ressuscité. Pourtant ce petit détail en apparence banal me paraît propre à nous faire réfléchir sur la manière dont nous croyons.
Pourquoi Thomas était-il resté incrédule ? C’est tout simplement parce qu’il n’était pas avec les autres disciples, parce qu’on ne peut pas avoir la foi tout seul, et qu’on ne peut pas être croyant en roulant pour son propre compte. Thomas était incrédule parce qu’il n’était pas avec la communauté croyante.
Et, comprenez-moi bien, cela ne signifie pas que quand on est ensemble, « on se chauffe », pour croire plus facilement. Il ne s’agit pas d’un processus de « dynamique de groupe » appliqué à l’Église et à la foi. Il s’agit vraiment de la foi. On ne peut pas être croyant si l’on est en dehors de l’Église. Thomas ne pouvait pas croire au Christ ressuscité, car il n’y a pas d’autre lieu que l’Église où le Christ ressuscité se donne à croire aux hommes.
Thomas n’ayant donc pas été saisi par le Christ au moment même où Il apparaissait pour la première fois à la petite communauté des disciples qu’Il rassemblait dans la puissance de l’Esprit saint en soufflant sur eux, ne faisait pas partie de la communauté croyante que le Christ venait de créer car c’est cela que signifie la parole du Christ : « Recevez l’Esprit Saint », ce qui peut se traduire : « Vous tous qui êtes là au soir de ma Pâque, désespérés, Je vous fais la communauté porteuse de ma présence, je vous crée comme Église ».
Par conséquent Thomas, en dehors de ce petit groupe dont Jésus s’emparait pour en faire la base, le fondement même de l’Église, ne pouvait pas croire. Et c’est la raison pour laquelle il affiche son incrédulité, et non pas parce qu’il a lu Descartes ou les philosophes modernes du soupçon. Il ne doute pas parce qu’il pense qu’une résurrection est impossible. Mais la foi étant le don même de l’Esprit, il ne peut pas croire. Et ce premier aspect de l’histoire de Thomas répond déjà à une de nos questions : pourquoi « les autres » ne croient pas ? Ce n’est pas parce qu’ils sont sceptiques ou blasés, ou parce que les découvertes de la science moderne leur ont appris que la résurrection serait une affaire capable d’intéresser les hommes naïfs ou crédules. Non, les gens ne croient pas parce qu’ils ne sont pas encore le cœur même de l’Église, parce qu’ils ne sont pas encore partie prenante de ce peuple sur lequel le Christ a envoyé son Esprit Saint. L’incrédulité n’est pas d’abord un péché, elle est le fait de ne pas être encore membres du peuple de Dieu. C’est cela la première réalité.
Allons plus loin : Thomas revient dans la semaine, les disciples lui disent : « Nous avons vu le Seigneur », ils ne disent pas : « Nous avons revu Jésus », ils disent : « Nous avons vu le Seigneur ». La communauté porte déjà le vrai témoignage de la foi. Et maintenant, Thomas est au milieu de l’Église, et pourtant il dit : « Je ne peux pas encore y croire ». Et vous voyez qu’ici encore, nous nous retrouvons devant des problèmes tout à fait contemporains. Il y a des gens qui font partie de l’Église, ils ont été baptisés, ils sentent plutôt « de ce côté-là », ils sont « plutôt croyants mais pas pratiquants », comme on dit si bien, mais en fait ils n’ont pas trouvé le vrai lieu de la foi. Car l’Église à elle seule ne suffit pas à susciter la foi, l’Église toute seule, même si elle est parfaitement « huilée », parfaitement « rodée » dans son fonctionnement, et Dieu sait qu’on n’en est pas là si l’on voit toutes les critiques qui lui sont adressées, mais l’Église par elle seule n’est pas suffisamment consistante, elle n’a pas par elle-même la force indispensable, elle ne suffit pas. Et précisément, ici encore, les disciples ont beau dire : « Mais nous, nous avons vu le Seigneur », Thomas ne peut pas croire sur ce seul témoignage.
Comprenez bien ! Ce n’est pas de la mauvaise volonté par rapport à ses compagnons qu’il connaît bien, il sait bien que Jean et Pierre ne vont pas lui conter des histoires ou des sornettes, « Mais, dit-il, si je ne vois pas, je ne croirai pas », comme si le témoignage de l’Église par elle-même, vue uniquement comme la communauté, ne suffisait pas. Et nous abordons ici des problèmes qui touchent à vif notre conscience de chrétiens modernes : combien de fois n’avons-nous pas dans nos milieux ecclésiaux ou ecclésiastiques, si vous voyez la nuance, essayé de cultiver cette mauvaise conscience ? Si souvent nous nous interrogeons : mais pourquoi notre témoignage n’est-il pas plus rayonnant ? Pourquoi n’arrive-t-on pas à convertir les autres ? A l’intérieur d’une famille : « Pourquoi mon conjoint ne croit-il pas ? » Alors on culpabilise. Pensez à Thomas. C’étaient pourtant les plus grands témoins qui étaient autour de lui c’étaient Pierre, Jacques et Jean. Or quand Thomas n’avait affaire qu’à Pierre, Jacques et Jean, il ne croyait pas. Il posait encore des conditions, il n’arrivait pas à être convaincu. Donc l’Église à elle-même, si on la regarde comme ce peuple qui proclame la venue de Dieu, qui proclame le salut en Jésus-Christ, qui accomplit les sacrements, envisagée purement sur ce plan humain de sa réalité ne suffit pas.
Et c’est alors qu’on arrive au troisième moment de l’évangile. Thomas, au cœur de l’Église, rencontre le Christ ressuscité, ou plus exactement le Christ ressuscité vient, au cœur de l’Église, au-devant de Thomas. Il faut donc trois choses pour qu’il y ait la foi. Il faut qu’il y ait un homme appelé par Dieu, il faut qu’il y ait une communauté qui l’accueille et qui soit là pour proclamer : « Nous avons vu le Seigneur », mais il faut que le Seigneur Lui-même, en personne, vienne et dise : « Thomas, voici mes mains, voici mes pieds ». Comme dit l’admirable formule de saint Augustin : « Je connais tes blessures et j’ai gardé pour toi ma cicatrice ». Il faut qu’il y ait ce mouvement même de Dieu qui vient au-devant de l’homme, dans sa singularité personnelle. Et à ce moment-là, Thomas peut vraiment reprendre à son compte ce mouvement par lequel, au cœur même de l’Église, au cœur même des disciples rassemblés autour de lui, il confesse effectivement : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Thomas n’a rien inventé, il redit la même chose que ses frères lui avaient dite, mais maintenant il la dit autrement, il la dit parce qu’il croit, il la dit parce qu’il a été saisi lui-même, comme dit saint Paul. Et c’est effectivement l’ultime et troisième démarche de la foi, ce moment où le Christ dit : « Me voici, J’ai souffert pour toi, Je suis ressuscité pour toi et Je Me manifeste à toi ».
Que conclure de tout ça ? Plusieurs réflexions que je livre à votre jugement et à votre désir de vivre en membres de l’Église. La première, c’est qu’il ne faut jamais désespérer de l’Église, ni la surestimer. Et cela aujourd’hui, est très difficile. Il ne faut pas désespérer de l’Église parce que, comme vous l’avez remarqué, Jésus n’est pas apparu à Thomas tout seul. Et vous savez d’ailleurs que le seul témoin qui ait eu une apparition pour lui seul c’est Marie-Madeleine. La plupart des autres apparitions sont des apparitions collectives, ils sont au moins deux comme les disciples d’Emmaüs, et il y a peut-être une apparition à Pierre seul dont on ne sait rien, parce qu’elle ne nous est pas rapportée par les évangiles, et donc on ne sait pas si elle a été donnée à Pierre seul ou à Pierre en présence des autres disciples. En tout cas pour nous aujourd’hui, c’est la raison pour laquelle nous ne devons jamais désespérer de l’Église, car il n’y a pas d’autre lieu où nous puissions reconnaître le Christ ressuscité. C’est pourquoi l’Église est infiniment précieuse au cœur du monde et qu’on ne peut pas se passer d’elle. L’Église c’est le lieu même de la rencontre, un peu comme une famille est pour un enfant le lieu même normal de la découverte de sa propre identité et de l’identité des autres êtres humains qu’il apprendra à aimer et à connaître comme des humains. L’Église est le milieu naturel de la reconnaissance du Christ ressuscité. Et il faut toujours se méfier de toute forme de discours qui voudrait nous expliquer le Christ ressuscité en dehors de l’Église, soit par des fausses sciences, des fausses connaissances, des gnoses qui foisonnent aujourd’hui. Mais en même temps il ne faut pas la surestimer.
Qu’est-ce que je veux dire par là ? L’Église par elle-même ne peut pas établir, à elle seule, la foi au Christ ressuscité dans le cœur des croyants. Et aujourd’hui, nous devons être particulièrement attentifs à cet aspect des choses. Jamais l’Église dans son histoire, je vous le dis comme je le pense, n’a été aussi « nombriliste » qu’aujourd’hui, jamais l’Église ne s’est autant interrogée sur elle-même, sur ses structures, et là je vous passe les détails, surtout les structures de l’appareil où nous n’avions comme rival que le défunt parti communiste, sur tous les moyens qu’il faut mettre en œuvre pour « conscientiser » les masses et le monde. Jamais l’Église n’a été autant préoccupée et soucieuse d’elle-même. Et tout cela ce n’est pas très juste, ça ce n’est pas très sain. L’Église n’a pas à se soucier d’elle-même. L’Église doit être ce lieu même de la transparence au Christ ressuscité, car elle n’a pas à affirmer un pouvoir, elle n’a pas à affirmer une force, elle a simplement à exister en disant pour la vie de chacun de ses membres : « Nous avons vu le Seigneur », mais il faut en même temps qu’elle laisse le Seigneur travailler dans le cœur des hommes qui cherchent et qu’elle ne vienne pas là, à certains moments, s’interposer comme une sorte d’écran, de filtre ou de « transformateur » de la puissance même du Christ ressuscité.
Par exemple, lorsque nous venons dans notre communauté paroissiale, dans une assemblée, c’est parce qu’effectivement nous savons que, tout seuls, nous ne pouvons pas croire et que nous avons besoin d’être accueillis les uns les autres, pour nous affermir, pour nous dire : « Oui, c’est vrai, le Seigneur est ressuscité », et que, ne sous-estimant ni ne surestimant l’Église, nous sachions qu’en réalité seul est Celui-là même qui nous fait exister pour Lui, qui nous fait être Église. Il faut donc qu’aujourd’hui, nous reprenions pour notre propre compte la parole de Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu », que nous en voyions toute la force, la manière même dont cette parole nous enracine et dans l’Église et dans le Christ, et que les deux choses ne sont ni à opposer ni à séparer, mais qu’en entrant dans la communauté chrétienne, nous n’entrons pas dans cette communauté pour elle-même, comme si elle était une fois en soi mais pour le Christ qui en est le Seigneur.
Ce que nous voyons c’est notre assemblée, mais ce que nous voyons ne suffit pas, ce que nous voyons est la porte ouverte à ce que nous croyons, « le Christ vivant, Premier-né d’entre les morts ». Amen.
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« La paix soit avec vous ! »
On comprend bien que, pour les apôtres, voir Jésus se tenir devant eux, alors que toutes les ouvertures sont fermées, ’’par crainte des juifs’’, les a interloqués, abasourdis. Jésus tente donc d’apaiser l’émotion, la peur, qui s’empare des apôtres à sa vue inattendue. Il faut dire qu’il y a de quoi être interloqué par cet événement imprévisible.
Jésus le redit une deuxième fois : « La paix soit avec vous ! ». Ce n’est pas seulement un souhait de bienvenue comme on le faisait à l’époque, mais c’est de la part de Jésus une preuve d’amour envers les apôtres, eux qui pourtant l’ont abandonné lors de son arrestation au jardin de Gethsémani, qui l’ont renié comme Pierre, avant que le coq ne chante, et qui étaient absents au pied de la croix, hormis saint Jean pour accueillir Marie, la mère de Jésus, comme sa propre mère (et nous aussi à travers lui).
« La paix soit avec vous ! En ce jour où mon Père m’a ressuscité, je vous pardonne tous vos manquements, particulièrement ceux de ces derniers jours, parce que je vous aime, parce que je suis le Fils de Dieu, le miséricordieux, qui fait tout comme le Père. »
C’est la paix du ressuscité, de celui qui tout au long de sa vie a voulu être celui qui est le plus proche des pauvres, des petits, des rejetés, des malades, pour leur donner un nouveau sens à leur vie, et qui voit dans les apôtres des petits, des faibles, des hommes perdus qui ont besoin qu’on les ‘rebooste’ pour leur redonner l’espérance qu’ils ont perdus avec la mort de Jésus.
« La paix soit avec vous ! N’ayez pas peur ! Soyez sans crainte ! C’est bien moi, Jésus, qui a été crucifié ! Voyez mes mains et mes pieds, regardez les traces de mes souffrances ! Je suis là pour vous annoncer une grande nouvelle dont je vous avais parlé : le Père m’a ressuscité, je suis vivant au milieu de vous, et je resterai tout le temps auprès de vous jusqu’à la fin des temps pour vous aider à remplir votre mission : celle d’annoncer à tous que je suis vivant pour l’éternité auprès de mon Père ! »
« N’ayez pas peur ! Soyez dans la paix ! J’ai donné ma vie pour vous et pour tous ceux qui croiront en moi par la suite, pour que vous ayez la vie qui ne s’éteint pas avec la mort. Même si vous devez souffrir pour moi, à un moment ou à un autre, ayez foi en moi ! J’ai vaincu la mort, et je vous emmènerai avec moi auprès de mon Père, dans les cieux, pour la vie éternelle ! Avec moi, ressuscité, vous ressusciterez vous aussi ! »
Cette paix que Jésus veut instaurer dans le cœur des apôtres, et par là-même, dans notre cœur, est la source de cette espérance qui est en chacun des baptisés : quelle que soit ta vie, plus ou moins bonne, tu es appelé à être auprès de Dieu, avec Jésus, pour l’éternité, même si tu n’as pas vu Jésus.
« Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! »
Seigneur Jésus,
tu nous surprends toujours,
mais tu es prévenant :
« N’ayez pas peur,
que votre cœur soit en paix.
Je vous aime.
C’est bien moi qui suis là,
et je serai toujours avec vous. »
Francis Cousin
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« Mon Seigneur et mon Dieu »
TA PAROLE SOUS NOS YEUX
Situons le texte et lisons (Jn 21, 1-11)
Après la visite de Pierre et de Jean au tombeau, Jésus se fait reconnaître à Marie Madeleine et l’envoie annoncer la nouvelle aux disciples. Le passage que nous allons méditer rapporte la rencontre de Jésus avec le groupe des disciples le soir du même jour et une deuxième rencontre huit jours plus tard.
Soulignons les mots importants
Les disciples avaient verrouillé les portes : Pourquoi ? Quelle est le sens profond de ces portes fermées quand nous pensons aux disciples ? (Pensons au tombeau fermé de Jésus, il a fallu l’intervention de Dieu pour qu’il soit ouvert)
Jésus vint et il était là au milieu d’eux : Quelle est cette présence de Jésus alors que les portes sont fermées ?que veut nous dire l’évangéliste ?
La paix soit avec vous : Que signifie cette première parole de Jésus ressuscité ? Quel est le sens de cette paix ?
Il leur montra ses mains et son côté : Quelle est l’importance de ce geste de Jésus pour ses amis ?
Comme le Père m’a envoyé : Quel est le sens de ce mot « comme »
Moi aussi je vous envoie : Quelle sera la mission des apôtres ?
Il répandit sur eux son souffle : à quel événement important ce geste de Jésus nous renvoie ?
Recevez le Saint-Esprit : quel sera le premier « pouvoir » que l’Esprit-Saint permettra aux apôtres d’exercer au nom de Dieu ?
Si je ne vois pas…si je ne mets pas mon doigt …non, je n’y croirai pas : Comment nous réagissons devant l’attitude de Thomas ? Et quelle est l’attitude de Jésus envers lui ?
Mon Seigneur et mon Dieu : Qui Thomas a devant lui pour faire une telle profession de foi ? Qu’en pensons-nous ?
Heureux ceux qui croient sans avoir vu : Pour qui cette béatitude ?
Pour l’animateur
Les disciples avaient verrouillé les portes : les disciples vivent dans la peur et l’enfermement. Leur cœur n’est pas encore ouvert au Ressuscité.
C’est dans ce milieu clos que Jésus se rend présent : il n’est plus soumis aux lois physiques comme nous le sommes avec notre corps terrestre. II n’est pas dit qu’il traverse les murs : l’évangile dit simplement qu’il peut se rendre présent autrement que les humains.
La paix soit avec vous (Shalom) : ce n’est pas une simple salutation. C’est vraiment le Salut que Jésus apporte : il est paix et joie. La venue de Jésus est source de paix. La peur disparaît.
Il leur montra ses mains et son côté : les traces de la crucifixion montrent bien que Jésus n’est pas un fantôme, même si sa manière d’être présent est toute nouvelle. Il est bien le crucifié qu’ils ont vu mourir sur la croix. Il est bien le Jésus qu’ils ont connu et aimé.
Il souffla sur eux…recevez l’Esprit-Saint : l’apparition du Ressuscité n’est pas une fin en soi : elle débouche sur une mission. Comme Dieu a insufflé son esprit de vie sur Adam, comme l’Esprit est descendu sur Jésus, à sa Résurrection Jésus, que Dieu a fait Seigneur, peut donner l’Esprit à ses disciples pour pardonner les péchés au nom de Dieu. On pourrait dire « tout homme à qui vous remettrez…Dieu remettra ses péchés ».
Tout cela se passe « le Jour du Seigneur » c’est le jour privilégié de la présence du Ressuscité au milieu de ses disciples.
Si je ne vois pas…si je ne mets pas mon doigt…L’incroyance de Thomas est fortement soulignée. Sa faute est double : il ne croit pas au témoignage des apôtres, et ensuite il doute de Jésus ressuscité.
Mon Seigneur et mon Dieu : En fait, en passant de l’incrédulité à la foi, Thomas va beaucoup plus loin que les autres disciples : Thomas est le premier à reconnaître que l’homme Jésus, celui qui a ri et bu aux noces de Cana, celui qui a pardonné à la femme adultère, celui qui a pleuré sur la tombe de son ami, et dont il touche le corps blessé, est « Seigneur et Dieu ». C’est le sommet de l’Evangile de Jean « Mon Seigneur et mon Dieu ».
La béatitude finale est une conclusion de tout l’évangile de Jean : nous sommes bienheureux, nous qui n’avons pas vu, si par le témoignage des apôtres nous adhérons au Christ et devenons croyants.
TA PAROLE DANS NOS CŒURS :
Seigneur Jésus, il a fallu la puissance de ta Résurrection pour faire passer tes disciples de la tristesse de la mort et de la peur à la joie et à la paix. Nous remercions d’être là au milieu de nous, lorsque chaque dimanche nous nous rassemblons pour célébrer l’eucharistie en mémoire de Toi. Donne-nous la joie de croire sans te voir, comme tu l’as promis aux croyants de tous les temps.
TA PAROLE DANS NOS MAINS :
La Parole aujourd’hui dans notre vie
Qui est Jésus-Christ pour moi ?
Suis-je capable de lui dire, comme Thomas, « Mon Seigneur et mon Dieu ».
« Heureux ceux qui croient sans avoir vu » : Sommes-nous vraiment heureux de croire que le Christ est ressuscité ? Qu’il nous offre sa paix et son pardon ? Qu’il nous promet de ressusciter avec lui ?
On constate que les chrétiens souvent ne respirent pas la joie ; Pourquoi ? Serait-ce parce que beaucoup de baptisés ne connaissent pas vraiment que Jésus Christ est Ressuscité ? En quel Dieu croient-ils ?
Où est-il possible de faire l’expérience aujourd’hui de la présence du Ressuscité ?
Nos eucharisties, nos messes du dimanche, sont-elles des assemblées fraternelles et joyeuses de la présence du Ressuscité ?
Ensemble prions
Seigneur Jésus, tu t’es manifesté à tes apôtres après la résurrection et tu as rempli leur cœur de joie lorsque tu leur dis : « La paix soit avec vous ». Viens aussi au milieu de notre communauté qui t’appartient. Apporte-lui la paix de ta présence, et que la joie envahisse nos cœurs. Alors, avec Thomas, ton apôtre nous t’acclamerons en te disant avec joie : « Mon Seigneur et mon Dieu !»
Chant : Au matin dans la clarté p.208
ou Tu porteras les espoirs de la terre p.206
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Domitille, 10 ans
« Les Romains ont-ils tué Jésus ?
Père Antoine DENNEMONT
SELON LES ÉVANGILES, Pilate, le gouverneur romain, a mis à mort Jésus. Les Romains ne voulaient pas d’un autre chef en Palestine. Certains voyaient en Jésus une menace pour le pouvoir de Rome. Mais les Romains ne sont pas les seuls coupables ! Prenons Judas. A-t-il trahi pour l’argent ? Était-il déçu de voir que son maître ne se rebellait pas contre les Romains ? Mais même sans lui, les chefs des prêtres auraient sans doute trouvé un moyen de faire condamner Jésus. Ils le haïssaient. Ils ne voulaient pas de cet enseignement qui risquait de diminuer leur autorité et ils étaient scandalisés que Jésus se déclare fils de Dieu. Pour autant, ce n’est pas le peuple juif qui est responsable ! Finalement, il y a de nombreux responsables. Le plus important c’est que Jésus est mort par amour pour nous…
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« L’ESPRIT DU SEIGNEUR EST SUR MOI ! »(Isaïe 61,1)
La liturgie d’aujourd’hui nous a fait entendre deux passages de l’Ecriture presque pareils. Un passage du prophète Isaïe et un passage de l’Evangile selon saint Luc où Jésus reprend les paroles d’Isaïe. Il faut donc aller voir le texte d’Isaïe pour comprendre ensuite où Jésus veut nous conduire.
Isaïe, c’est 740 ans avant Jésus-Christ. Son pays, le Royaume de Juda est prospère, mais il y a l’étalement du luxe alors qu’une classe de propriétaires accapare toutes les terres et écrase les pauvres. Puis il y aura l’occupation du pays par l’Assyrie qui fera tomber Israël. Le prophète voit dans cette épreuve la colère de Dieu pour ramener le peuple dans le chemin de la fidélité. Isaïe, prophète, fera l’expérience de l’échec humain à la fin de sa vie (cf. TOB).
Jésus reprend les paroles d’Isaïe dans la synagogue de Nazareth, Nazareth où il avait grandi. Providentiellement, il tombe sur le texte d’Isaïe. Tout le monde l’écoute, dans l’admiration. Israël est sous l’occupation des Romains. Enfin un libérateur. Il est vraiment de chez nous. Félicitations. Hé, tu as fait des miracles à Capharnaüm, fais pareil chez nous ! Alors là, Jésus évite le piège de l’enfermement dans sa patrie et dans les flatteries. Il ne dépend de personne et va montrer que sa patrie c’est son Père Lui-même. L’Amour du Père n’a pas de limites, ce n’est pas seulement pour les enfants d’Israël mais pour les étrangers qui ne sont pas des étrangers pour Dieu : la veuve de Sarepta, Naaman le Syrien.
Et Jésus a dit juste auparavant « Aujourd’hui s’accomplit cette Parole de l’Ecriture que vous venez d’entendre ». Il réalise la bonne nouvelle proclamée par Isaïe. Ceux qui sont dans la synagogue font le rapprochement entre les compliments qu’ils ont adressés à Jésus et l’enseignement par Jésus de l’amour sans limite de Dieu. Dieu n’est pas pour un seul groupe, pour une seule bande, pour un parti, pour une collusion politico-religieuse. Il est pour que tous, par Lui, puissent connaître de quel amour ils sont aimés du Père. La synagogue se révolte. Ils jettent Jésus dehors et même en dehors de la ville. Ils veulent le tuer en essayant de le balancer dans le vide, du haut d’un escarpement.
Isaïe commence sa grande litanie de guérisons et de libération par « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction ». Jésus reprend la formule d’Isaïe, il reprend ses paroles. L’onction est une marque sur la personne pour dire un choix, une élection, une mission donnée par une autre personne. Mais l’expérience d’Isaïe et l’expérience de Jésus sont différentes. Jésus n’a pas besoin de recevoir une onction d’huile.
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Souvenons-nous : Jésus a été conçu de l’Esprit-Saint en Marie qui a entendu les paroles de l’ange « L’Esprit Saint viendra sur toi et te couvrira de son ombre» (Lc 1,15).
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Souvenons-nous : à son baptême « L’Esprit Saint descendit sur Jésus sous une apparence corporelle comme une colombe et une voix vint du ciel « Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré» (Lc 3,21-22).
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Souvenons-nous des trois tentations : « Jésus, rempli d’Esprit Saint, a été conduit au désert, conduit par l’Esprit et il était tenté par le diable» (Lc 4,1-2). Et nous connaissons les réponses de Jésus au démon :
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« L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole sortie de la bouche de Dieu».
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« Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et c’est à Lui seul que tu rendras un culte».
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« Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu» (cf. Lc 4)
Avec Jésus « doux et humble de cœur »
Nous, dans cette église, aujourd’hui, nous entendons les paroles d’Isaïe. Nous entendons les paroles de Jésus. Nous sommes baptisés ou bien nous serons baptisés pendant la vigile pascale « Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Nous sommes « remplis de l’Esprit Saint pour que ce soit Jésus qui vive en nous. Il est notre vie. « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (cf ; Gal 2,20). Par conséquent, nous avons à mener le même combat que Jésus, dans des contextes différents « Notre Père, que ton nom soit sanctifié, délivre-nous du Mal ».
Nous aussi nous disons, chacun de nous peut dire aujourd’hui « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction ». Mais pour mener le bon combat de la vie, le combat de la foi, le combat spirituel, il nous faut être fortifiés de plus en plus par l’Esprit Saint. Etape par étape, appel, appel décisif, scrutin, baptême, confirmation, eucharistie. Il nous faut être armés et vigilants avec le secours de nos frères et de nos sœurs de la terre, avec l’appui de la communion des saints, dans la grande famille Eglise à la suite du Christ qui nous dit :
« Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos de vos âmes. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger » (Mtth 11, 28-30).
« Doux et humble de cœur ». Jésus ne travaille pas au bulldozer de l’autoritarisme. Il est plutôt comme le soigneur des athlètes, des coureurs de fond, ces soigneurs qui utilisent des liniments, de l’huile spéciale pour assouplir les muscles, pour les fortifier. Et Jésus fait ce qu’il dit par l’Eglise. D’où l’utilisation de l’huile bénite ou consacrée pour adoucir, pour soulager, pour sanctifier, pour consacrer. Huile des malades, huile des catéchumènes, saint-chrême. Nous sommes à l’inverse de la magie qui manipule les divinités et aliène ceux qui la pratiquent. Nous sommes dans une démarche de foi où le Christ ressuscité lui-même construit son Eglise dans une tendresse et une miséricorde infinies, avec notre collaboration. Tous les baptisés ensemble forment un peuple de prêtres, de prophètes et de rois :
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Peuple de prêtres pour unir la terre et le ciel. Que l’harmonie du ciel descende sur la terre.
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Peuple de prophètes pour éclairer toute la vie à la lumière de la Parole de Dieu. Quand il n’y a plus de repères, nous avons nos repères.
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Peuple de rois pour être libres de la liberté des enfants de Dieu. Nous refusons d’être les esclaves des passions mauvaises et des modes qui se démodent.
C’est pourquoi Paul VI a voulu faire de la messe chrismale la messe du peuple de Dieu, messe d’un peuple sacerdotal. « Vous serez appelés « Prêtres du Seigneur » ; on vous dira « Servants de Notre Dieu » (Isaïe 61,6)
Affirmer notre espérance
Dans ce peuple de croyants, ce peuple sacerdotal au cœur de notre peuple réunionnais, Dieu a voulu que certains membres soient ordonnés prêtres, consacrés pour rassembler les fidèles, pour proclamer la Parole, pour présider l’Eucharistie, pour pardonner les péchés, pour servir la mission de l’Eglise avec l’aide des diacres.
Chers frères prêtres, vous êtes d’origines diverses mais vous êtes tous prêtres de Jésus-Christ. Nous sommes tous prêtres de Jésus-Christ. C’est Lui notre référence absolue, Lui aimant, exigeant, miséricordieux. Nous avons dit oui à Notre Seigneur pour le suivre jusqu’au bout de l’amour. Jusqu’à la croix et la croix glorieuse. Notre époque est rude. On ne nous épargne rien. Et quand il arrive que l’un des nôtres tombe, nous sommes meurtris pour celui qui tombe, meurtris pour ceux qui sont tombés à cause de lui, meurtris pour l’Eglise dont le visage est défiguré, meurtris au plus profond de nous-mêmes. La suspicion peut s’installer dans les regards qui se posent sur nous. Quand cela arrive, nous sommes dans l’humiliation. Puisse-t-elle conduire à l’humilité.
Pensons que la sainteté ne consiste pas à être parfait mais à marcher vers la perfection en nous laissant aimer par le Christ non pas tels que nous le voudrions mais tels que nous sommes et tels qu’Il désire que nous soyons. Les difficultés, les contradictions, « rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ » (Rm 8,39), amour du Christ pour chacun de nous, pour nous tous, pour l’Eglise son épouse, pour l’Humanité. Demandons à l’Esprit Saint de nous donner en permanence les sentiments du Christ pour sentir les événements par Lui, avec Lui et en Lui. Sentir avec l’Eglise « sentire cum Ecclesia ». En méditant l’épître aux Hébreux, pensons à celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle opposition contre lui, afin de ne pas nous laisser accabler par le découragement (cf. Heb 12,1-13). Et puis « (…) sans fléchir, continuons à affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis. Veillons les uns sur les autres pour nous exciter à la charité et aux œuvres bonnes » (Heb 12, 1sq).
Que Dieu nous donne la grâce d’aimer le peuple qui nous est confié, avec sa culture, avec ses travers mais surtout ses possibilités. Ce peuple qui nous pèse parfois, mais ce peuple qui nous porte parce qu’il nous aime en aimant l’Eglise qui nous est confiée à nous tous ensemble : prêtres, diacres, religieux, religieuses, laïcs. Ce peuple qui est le corps du Christ. Et nous prêtres, que notre cœur de prêtre et notre regard soient aimants. Que nos attitudes soient accueillantes. Je pense aux paroles du pape François à propos de la messe chrismale (en 2014) : « Devenir de bons pasteurs à l’image de Jésus est quelque chose de trop grand, et nous sommes si petits… C’est vrai ! Nous sommes parmi les plus petits des hommes. C’est vrai, c’est trop grand ; mais ce n’est pas notre œuvre ! C’est l’œuvre de l’Esprit-Saint, avec notre collaboration. Il s’agit de s’offrir humblement soi-même, comme de l’argile à modeler, pour que le potier, qui est Dieu, la travaille avec l’eau et le feu, avec la Parole et l’Esprit. Il s’agit d’entrer dans ce que dit saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20). C’est uniquement comme cela que l’on peut être diacres et prêtres dans l’Église, uniquement comme cela que l’on peut paître le peuple de Dieu et le guider non pas sur nos voies, mais sur la voie de Jésus, ou plutôt, sur la Voie qu’est Jésus. »
Monseigneur Gilbert Aubry
Messe chrismale 2017 – En cliquant sur le titre précédent, vous accédez à l’homélie en format PDF.
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PAPE FRANÇOIS
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 12 Avril 2017
Frères et sœurs, après les acclamations de la foule lors de l’entrée de Jésus à Jérusalem, les espérances terrestres de ces gens se sont écroulées devant la croix. En réalité, notre espérance est autre que celle du monde. Jésus a porté au monde une espérance nouvelle. Comme le grain de blé tombé en terre meurt et porte beaucoup de fruit, c’est au plus profond de l’abaissement de Jésus – qui est aussi le sommet de l’amour – qu’a germé notre espérance. Elle a germé par la force de l’amour. A Pâques, Jésus a transformé notre péché en pardon, notre mort en résurrection, notre peur en confiance. Quand nous choisissons de suivre Jésus, nous découvrons peu à peu qu’il n’y a pas d’autre chemin que l’amour humble pour vaincre le mal et donner espérance au monde. C’est le chemin de Dieu, le seul qui donne du fruit. Certes cet amour passe par la croix, le sacrifice, comme pour Jésus. La croix est le passage obligé, mais ce n’est pas le but. Le but c’est la gloire, comme nous le montre Pâques. L’amour fait naître la vie et donne sens à la souffrance. L’amour est le moteur qui fait progresser notre espérance.
Je suis heureux d’accueillir les pèlerins de langue française, en particulier les participants à la rencontre UNIV et les fidèles venant de France et de Belgique. Au cours de cette Semaine Sainte, je vous invite à contempler le Crucifié, pour comprendre qu’espérer avec Jésus c’est apprendre à voir déjà la résurrection dans la croix, la vie dans la mort. Regardez-le en lui disant : Avec toi rien n’est perdu, avec toi nous pouvons toujours espérer ! Que Dieu vous bénisse !
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Yasmine, 8 ans
« Que veut dire la mort de Jésus sur la croix ? »
Père Antoine DENNEMONT
POUR NOUS CHRETIENS, « Jésus est Dieu ». Jésus ne dit pas vraiment cela mais il s’adresse à Dieu d’une façon unique qui choque les gens de son temps. Quand les apôtres lui demandent de leur montrer le Père, Jésus leur dit /« Qui m’a vu a vu le Père » (Jn14.9) Il guérit, fait des miracles, par la puissance reçue de son Père et se laisse reconnaître comme Fils de Dieu, envoyé parmi les hommes. Pour lui, Dieu est une personne, son Père. Il s’adresse à lui, le prie. Il ne se prie pas lui-même ! Quand Jésus meurt sur la croix, il s’adresse jusqu’au bout à son Père: « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » puis, « Père entre tes mains, je remets mon esprit » (Lc23.46)
Il entre dans la mort comme nous y entrerons un jour, c’est le sens de la phrase du Credo « descendu aux enfers ». Le troisième jour, Dieu l’a ressuscité montrant sa puissance de vie en son Fils. A notre baptême, Jésus ressuscité nous communique sa vie, sa vie de Dieu. Il nous sauve de la mort, et un jour il nous ressuscitera.