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Première journée Cycle Long 2020 à St Benoît

Dimanche 23 février, une cinquantaine de participants se sont retrouvés à St Benoît pour la première rencontre Cycle Long de l’année…

Eglise de St Benoît et Calvaire à droite de l’Eglise

Eglise et sur la droite, la salle paroissiale

Cure de St Benoît

L’autre côté de la salle paroissiale et après la prière du matin, les Laudes,  le petit déjeuner

Après ce meilleur moment de la journée (…), nous avons commencé notre thème d’année, le Mystère du Christ, en regardant, notamment avec l’Evangile selon St Jean, le Christ vrai Dieu et vrai homme, toujours « tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18), dans l’Amour…

Après la rencontre, le repas, avec P. Fabrice Ellama, curé de St Benoît…

Après le repas, Noéline Fournier a proposé une introduction à la Liturgie des Heures (Prière du Temps Présent) à celles et ceux qui le désiraient…

Pendant ce temps là, Renéa et Elie, responsables de l’équipe de Service de St Benoît, faisaient le bilan de la journée, rangeaient la cuisine avec Elsie, et Jacques préparait la suite…

 

Et dans la cour, un Martin se demandait si ces champignons étaient bien comestibles…

L’après midi a repris avec notamment un temps de carrefours…

Et nous avons conclu notre journée par la prière des Vêpres… Rendez-vous maintenant le 22 mars pour la seconde étape. Et comme ce sera le jour des élections municipales, nous arrêterons un peu plus tôt, vers 16h 30…




Fiche n°15 : Le Christ Miséricordieux, Lumière du Monde (Jn 8,1-12)

1 – Jn 8,1 : l’unique mention du « Mont des Oliviers » en St Jean…

            Lire Jn 7,53-8,2 (cf. Lc 21,37-38 ; 22,39) ; conclusion à la lumière de Lc 9,58. C’est la seule fois où apparaît, dans l’Evangile de Jean, la mention du Mont des Oliviers ; que prépare-t-elle (cf. Jn 18,1-2) ? Elle intervient aussi chez le prophète Zacharie (vers 500 avant JC) en Za 14,4 : lire Za 14,1-11. Cette prophétie annonce de suite la venue du « Jour du Seigneur » (14,1). Dans l’Ancien Testament, il renvoie à une intervention décisive de Dieu en personne, notamment pour mettre en place le jugement qui sera « combat » contre l’injustice et le mal (14,3)… Pour l’évoquer et souligner sa portée, son impact, les auteurs ont souvent recours aux images des bouleversements cosmiques. Nous les retrouvons ici en 14,4-5. Certes, la Toute Puissance de Dieu sera à l’œuvre… Mais nous sommes encore dans l’Ancien Testament, magnifique mais si souvent imparfait… Cette Puissance se manifestera en Jésus Christ comme étant avant tout Douceur, Humilité (Mt 11,29 ; Lc 9,51-56), Tendresse, Miséricorde, Force d’Amour capable de répondre au mal par le bien… « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). Et lorsque Pierre s’adressera à ceux-là même qui avaient contribué à crucifier le Christ, il leur dira : « C’est pour vous d’abord que Dieu a ressuscité son Serviteur et il l’a envoyé vous bénir, du moment que chacun de vous se détourne de ses perversités » (Ac 3,26). Dieu, dans sa Toute Puissance d’Amour, offre ainsi aux « puissants » de ce monde une apparence qu’ils qualifient de faiblesse (2Co 13,4), de « pauvreté » (2Co 8,9). Mais c’est Lui qui, en silence, sans bruit, dans la discrétion, la douceur et la paix, se révèle être finalement le plus fort (1Co 1,25)… C’est ce que Jésus manifestera ici avec l’épisode de la femme « surprise en adultère »…

            Qui foulera le Mont des Oliviers d’après Zac 14,4 ? Mais qui le foule en Jn 8,1 ? Ce parallèle, fréquent dans les Evangiles, montre que la promesse de la venue de Dieu s’est accomplie avec le Christ. Cela ne peut que poser la question de son identité… Mais qui est-il donc pour qu’il en soit ainsi ? D’autant plus que « Dieu, Yahvé, LE SEIGNEUR (TOB) » dans l’Ancien Testament renvoient le plus souvent à Celui que nous appelons dans le Nouveau Testament « Dieu le Père »… Et le Père n’est pas le Fils ! Et le Fils n’est pas le Père ! Et pourtant, la venue du Père s’accomplit avec celle du Fils… Nous retrouvons indirectement la grande affirmation de Jn 10,30 : « Moi et le Père », dit Jésus, « nous sommes UN ». Et souvenons-nous, St Jean a bien pris soin, dans le grec des Evangiles, de ne pas écrire « UN » au masculin singulier (eis), qui renverrait à une personne de sexe masculin… Il n’emploie pas bien sûr le féminin singulier (mia), qui renverrait à une personne de sexe féminin, mais il utilise le neutre (en) qui désigne en général, les réalités inanimées… Le Père et le Fils sont « UN » car ils partagent tous les deux la même nature divine qui est tout à la fois « Esprit » (Jn 4,24), « Amour » (1Jn 4,8.16), « Lumière » (1Jn 1,5)… « Qui m’a vu a vu le Père », dira Jésus (Jn 14,9)… La Lumière, l’Esprit, l’Amour… qui remplit le cœur du Père est identique à la Lumière, l’Esprit, l’Amour… qui remplit le cœur du Fils car « le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,34), tout ce qu’Il Est… Alors, par ce Mystère de Communion unique en son genre que le Fils vit avec le Père dans l’Amour, là où est le Fils, là est le Père. Qui écoute le Fils, écoute le Père… Qui voit les signes accomplis par Jésus voit « les œuvres du Père » (Jn 10,37-39 ; 5,36)… La venue du Fils parmi les hommes accomplit donc toutes les promesses faites dans l’Ancien Testament de la venue de Dieu parmi les hommes, un Dieu par le Fils qui se révèlera comme étant « mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu »… Avec le Fils, « le jour de Dieu » est arrivé… Constater d’ailleurs que Jésus reprend cette notion de « jour » en Jn 8,56 pour se l’appliquer à lui-même… Le jour de Dieu est aussi son jour… D’autant plus que lui aussi est « Dieu » (cf. Jn 1,1), au sens où il partage pleinement, et de toute éternité, la même nature divine que son Père…

            Qu’arrivera-t-il ce Jour-là, d’après Zac 14,7-9 ? Relire ce texte à la lumière des passages suivants de St Jean et préciser ainsi comment il s’accomplira :

1 – Zac 14,7 avec Jn 8,12 ; 12,46… C’est ainsi que grâce au Christ et par Lui, St Jean peut faire l’affirmation de 1Jn 2,8, car le grand cadeau que le Christ est venu proposer à tous les hommes est celui décrit en 1Th 4,8… Sans jamais oublier           Jn 4,24 et 1Jn 1,5…

2 – Zac 14,8 avec Jn 19,33-35 et 7,37-39 ; 4,10-14.

3 – Zac 14,9 avec Jn 18,37 ; et, une fois ressuscité, il promettra à ses disciples d’être toujours avec eux (Mt 28,19-20). L’affirmation de Mt 4,17 s’accomplit alors pleinement avec lui et par lui, d’autant plus que … Lc 22,29 ! Le Christ désire donc faire de chacun de nous des reines et des rois en nous partageant ce qui est à la racine du Mystère de sa Royauté : le Don de son Esprit (cf. Rm 14,17), Lumière qui règne sur les ténèbres (Jn 1,5), grâce de Miséricorde qui règne sur nos péchés pour la vie (Rm 5,21), force qui règne dans notre faiblesse (2Co 12,7-10), paix qui règne dans nos cœurs (Col 3,15)… Heureux alors les pécheurs qui acceptent cette démarche de repentir à laquelle le Christ nous appelle tous, en le laissant tout simplement régner dans nos cœurs, dès maintenant, dans la foi (Jn 20,29).

2 – La femme surprise en flagrant délit d’adultère (Jn 8,1-11)

En Jn 8,2, où est Jésus (cf. Lc 2,49) ? Ces simples circonstances géographiques sont bien le signe que, par le Fils, Dieu le Père lui-même s’adresse aux hommes dans « sa Maison » (Jn 2,16), le Temple (Jn 8,28-29 ; 12,49-50 ; 14,10-11 ; 14,24 ; 17,7-8)…

Bien repérer en Jn 8,1-11, les positions des différents personnages :

            1 – Comment est Jésus et « le peuple » en Jn 8,2 ? Il ne faudra jamais oublier ce « peuple » qui sera témoin silencieux de tout ce qui suivra…

            2 – Comment sont les scribes, les Pharisiens et la femme surprise en flagrant délit d’adultère ?

            3 – Le geste de Jésus décrit en 8,6 suppose qu’il s’est levé pour les accueillir ; et là, justement, que fait-il donc ?

            4 – Puis que fera-t-il en Jn 8,7 ? La parole prononcée en cette occasion en aura d’autant plus de force…

            5 – Puis, que fait-il de nouveau en Jn 8,8 ?

            6 – Enfin, même question en Jn 8,10… Mais cette fois, il reste Jésus, la femme, et tout le peuple qui est resté assis du début jusqu’à la fin…

« Les scribes et les Pharisiens » arrivent donc avec « une femme surprise en adultère ». A propos, où est l’homme qui était avec elle ? Pourtant que dit la Loi en pareil cas (cf. Lv 20,10 ; Dt 22,22-24) ? Noter déjà l’injustice de la situation…

La question des scribes et des Pharisiens est un piège pour Jésus, quelque soit sa réponse :

1 – En effet, s’il dit « Oui ! Il faut appliquer la Loi », il perdra vis-à-vis des foules sa réputation de Bonté, de Douceur, de Miséricorde et de Tendresse… De plus, ils pourront le dénoncer aux Romains en disant qu’il pousse Israël à se rebeller contre l’ordre établi par Rome, car seul Ponce Pilate, Procurateur de Judée, d’Idumée et de la Samarie, de 26 à 36 après JC avait le droit de mettre à mort, « le droit du glaive »…

2 – S’il dit : « Non ! Il est écrit : « Tu ne tueras pas ! » (Ex 20,13 ; Dt 5,17), sans aucune autre précision… », ils pourront toujours l’accuser de pousser le Peuple à désobéir à tous ces préceptes rajoutés au fil des siècles à « la Loi de Moïse », et qui ne sont finalement que « tradition des hommes ». Et quiconque pousse à désobéir à la Loi mérite la mort (cf. Dt 13 ; Dt 17,1-7)…

Mais Jésus va déjouer leur piège… En venant avec cette femme surprise « en adultère », ils étaient dans l’attitude de juges qui ne peuvent que prononcer une condamnation à la lumière de la Loi… Jésus s’était baissé, refusant d’entrer dans une telle discussion, et manifestant, par son attitude corporelle, qu’il se retirait de ce débat. Mais comme « ils persistaient à l’interroger », il va se lever, revenir dans la conversation, et leur dire : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre. » Or, la Loi disait justement que « les témoins mettront les premiers la main à l’exécution du condamné » (Dt 17,7). Jésus s’adresse donc tout spécialement aux témoins de cet adultère qui, les premiers, auraient dû, en dehors de la juridiction romaine, lapider cette femme. Mais il élargit ici la notion de témoin. Certes, certains ont pu être « les témoins » du péché commis par cette femme, mais n’ont-ils pas été aussi « les témoins » d’autres méfaits, notamment dans leur vie ? Et ceux-là, comment vont-ils les juger ? Avec la même dureté, la même rigueur implacable ?

Et là, surprise, ils se révèlent être des juges d’une clémence extraordinaire ! Et ce sont « les plus vieux » qui partiront les premiers, eux qui ont eu tout le temps de faire l’expérience de cette faiblesse humaine qui nous est commune à tous… Certes, il n’est pas dit qu’ils ont eux aussi commis ce péché là, mais ils en ont fait d’autres, ils ne sont pas « sans péché »… Et ils seront « ces témoins qui, les premiers, ne mettront pas la main à l’exécution du condamné. » Puis les plus jeunes feront de même, aidés dans cette démarche de vérité par l’exemple de leurs aînés… Nous retrouvons, en actes, cette phrase de Jésus en St Luc : « Du jugement dont vous jugez on vous jugera, et de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous » (Mt 7,2). Et St Jacques écrira : « Le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde ; mais la miséricorde se rit du jugement ».

Par son intervention, Jésus les a donc aidés à « faire la vérité » dans leur vie, et « quiconque fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3,21), cette Lumière qui, en Dieu, est celle de la Miséricorde et du Pardon…

Une note de la Bible de Jérusalem indique à propos de Jésus se baissant et écrivant avec son doigt sur le sol : « Le sens de ce geste reste obscur ». Mais St Ambroise, St Augustin et St Jérôme ont proposé de l’interpréter à la lumière de Jr 17,13 : « Espoir d’Israël, SEIGNEUR, tous ceux qui t’abandonnent seront honteux, ceux qui se détournent de toi seront inscrits dans la terre, car ils ont abandonné la source d’eaux vives, LE SEIGNEUR ». Jésus écrirait donc sur le sol le nom de ces scribes et de ces Pharisiens qui accusaient cette femme… Imaginons la scène et la stupeur de ceux qui voyaient leur nom s’inscrire dans la poussière, alors qu’ils savaient bien ne l’avoir jamais dit à Jésus ! Nous assistons alors à un beau renversement… « Toi qui te reposes sur la Loi, qui te glorifies en Dieu, qui connais sa volonté, qui discernes le meilleur, instruit par la Loi, et ainsi te flattes d’être toi-même le guide des aveugles, la lumière de qui marche dans les ténèbres, l’éducateur des ignorants, le maître des simples, parce que tu possèdes dans la Loi l’expression même de la science et de la vérité » (Rm 2,17-20), toi qui penses donc être le meilleur, le saint, ta situation est peut-être pire que celle de cette femme « surprise en adultère »… Oui, « malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi ; c’est ceci qu’il fallait pratiquer, sans négliger cela » (Mt 23,23). La dureté de leur cœur, froid comme la pierre, manifeste à quel point ils ont abandonné depuis longtemps « la Source d’Eaux Vives, le Seigneur » Tendre, Miséricordieux et Doux… Or, « le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 6,23) ? Leurs noms ne peuvent donc qu’être « inscrits dans la terre », comme ceux des morts…

Puis Jésus se redresse et, cette fois, il s’engage pleinement dans la relation avec la seule personne qui soit restée, la femme. Tous se sont ainsi reconnus coupables, mais une seule entendra la Parole libératrice de Jésus, avec tout le Peuple, ne l’oublions pas, qui est demeuré assis, à l’écoute du Christ, en témoin silencieux de la scène… Cette Parole libératrice en Jn 8,11 se divise en deux parties, lesquelles ? Que nous dit la première sur le Mystère de Dieu (cf. Jn 3,16-18 ; 5,22 ; Ez 18,23 ; 33,11 ; 1Jn 2,1-2 ; Rm 8,31-39 ; 9,16 ; Ep 2,4-10…) et la seconde sur ce que Dieu attend de l’homme (cf. Mt 3,2 ; 4,17 ; Lc 5,32 ; 24,46-48 ; Ac 2,38 ; 3,19). Mais l’homme laissé à ses seules forces d’homme est incapable de répondre à cet appel de Dieu. Il a besoin pour cela de sa grâce, de son soutien, de sa force qui lui permettra de s’arracher à ses ténèbres… Il s’agit donc avant tout pour lui de s’abandonner activement à cette Présence de Dieu qui l’accompagne sans cesse et s’offre à son cœur, à sa foi (cf. Ap 3,20). S’il consent à elle, il recevra avec elle la grâce de « la repentance et de la rémission des péchés » (Ac 5,30‑31 ; 11,18). Car c’est Dieu qui, le premier, avec le Christ et par le Christ, vient à nous en Bon Pasteur qui cherche sa brebis perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve. Et quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules et la ramène à la maison, la maison du Père (Lc 15,4-7 ; Jn 14,1-3). Il suffit alors de lui dire « Oui ! », ou du moins, de ne pas lui dire « Non ! »…  Et sa grâce nous apprendra, patiemment, petit à petit, jour après jour, « à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde pour vivre en ce siècle présent dans la réserve, la justice et la piété » (Tt 2,11-14). Nous expérimenterons alors la vraie Paix (Jn 14,27) et la vraie Joie (Jn 15,11), en un mot, la vraie Vie (Jn 10,10), celle pour laquelle Dieu nous a tous créés…

Ainsi, tout est grâce mais rien ne se fera sans le consentement libre et responsable de notre liberté, sans notre réponse personnelle, profonde (cf. Lc 15,18-20), à cet appel que Dieu ne cesse de nous lancer pour que nous acceptions enfin de revenir à Lui (Is 44,22 ; Jr 3,12-14 ; 15,19 ; 31,21-22 ; Os 1,2-4 ; Si 17,24-26) Le salut jaillit ainsi de la rencontre de deux libertés, celle de Dieu qui désire l’homme, sa vie et son bonheur, et celle de l’homme qui, en cherchant le bonheur dans l’obscurité de ce monde, cherche finalement Dieu, le plus souvent à tâtons… Car « tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi » (St Augustin).

Mais soulignons que Dieu devance toujours l’homme (cf. 1Jn 4,19) : c’est Lui qui a pris l’initiative de créer ce monde et de nous créer, tels que nous sommes… C’est Lui qui accompagne jour après jour sa création à son plein accomplissement, même si l’humanité a du mal à se tourner vers son Créateur et Père et à le reconnaître tel qu’il est : « Esprit » (Jn 4,24) et « Amour » (1Jn 4,8.16), invisible à nos yeux de chair mais présent à notre cœur en « densité » de Vie et de Paix… Et puisqu’il ne poursuit que notre Plénitude (il nous a tous créés pour que nous partagions la sienne), c’est encore Lui qui en venant à nous, jour après jour, va nous aider à prendre conscience de nos pas malheureux qui ne nous conduisent pas au vrai bonheur, à la vraie vie… Puis il va nous aider encore à les lui offrir, et c’est Lui qui, par son pardon, effacera tout et nous donnera de connaître enfin le but de notre vie : sa Vie… Ainsi, tout vient de Lui, mais rien ne se fera sans notre « oui » libre et responsable…

2 – Jésus Lumière du monde (Jn 8,12)

            Cette déclaration arrive juste après le récit mettant en scène cette femme surprise en flagrant délit d’adultère, juste après cette phrase que Jésus lui adresse : « Je ne te condamne pas. Va, désormais, ne pèche plus. » Ainsi, la Lumière dont parle Jésus est celle qui jaillit des « entrailles de Miséricorde » de notre Dieu, ce Dieu qui en Jésus Christ est venu courir après les pécheurs pour leur proposer son pardon, et avec lui, la vraie Paix, la vraie Joie, la vraie Vie (cf. Lc 1,76-79).

            Faisons deux remarques. La première : St Jean a écrit ici « Je Suis » comme dans la traduction grecque d’Ex 3,14 (relire Ex 3,13-15). Avec le Fils et par Lui, Dieu se révèle… Avec « le Verbe fait chair » (Jn 1,14) et par Lui, il se dit…

            De plus, Dieu se présente souvent dans l’Ancien Testament comme étant Lumière : Ps 27(26),1 ; 36(35),10 ; 84(83),12 ; 89(88),16 ; Ha 3,3-4 ; Is 2,5 ; 60,1 ; 60,19-20 ; Ba 5,9… En disant de lui-même « Je Suis », comme en Ex 3,14, et en reprenant cette image de la lumière, nous constatons une nouvelle fois que Jésus, indirectement, discrètement, à la « lumière » des Ecritures, se présente comme étant pleinement Dieu (cf. Jn 1,1 ; 20,28)… Mais seuls ceux qui l’accueillent de tout cœur sauront reconnaître qu’il dit vrai (cf. Mt 11,15 ; 13,9 ; 13,15-16 ; 13,43 ; Ap 2,7 ; 2,11 ; 2,17 ; 2,29 ; 3,6 ; 3,13 ; 3,22)…

            Quelle association retrouve-t-on à la fin de ce verset 12 (cf. Ps 36,10 ; Jn 1,4) ? La retrouver en combinant les versets suivants : Jn 4,24 ; 1Jn 1,5 ; Ga 5,25 ; Jn 6,63 (Bible de Jérusalem : « c’est l’Esprit qui vivifie ») ; 2Co 3,6 ; Rm 8,11. D’après Lc 4,1, de quoi Jésus est-il rempli ? Et quel est le don qu’il est venu communiquer aux hommes (cf. 1Th 4,8 ; Jn 1,33 ; 7,37-39) ? Le retrouver en associant Jn 10,10 avec Jn 6,63 ; Jn 14,27 et 15,11 avec Ga 5,22 ; Lc 12,49 avec Lc 3,16 ; Col 2,9-10 avec Ep 5,18. En quel Mystère nous entraînera-t-il alors (cf. 1Jn 1,3 ; 1Th 5,9-10 ; 1Co 6,17 ; Jn 17,20‑23) ? Pour recevoir ce « don de Dieu » (cf. Jn 4,10 ; Ac 8,19-20), quelle est la seule attitude qu’il nous demande (Reprendre les différents verbes employés en Is 45,22 ; Jr 3,12 ; Ac 2,38 ; Jn 20,31 ; Ac 5,32) ? Cette attitude est-elle accomplie une fois pour toutes ? Par quel verbe est-elle exprimée en Jn 8,12 ? Par quelle autre expression peut-on la décrire (Jn 8,51 ; 12,47 ; 14,15 ; 14,21 ; 14,23-24 ; 15,10 ; 17,6) ? Quelle autre expression Jésus emploie-t-il en Mc 13,33‑36 ? Cela revient à faire quoi d’après 1Th 5,16-22 ? Nous retrouvons ainsi l’importance de la prière, prière du cœur nourrie par l’écoute de la Parole de Dieu, car lire la Parole de tout cœur, c’est accueillir l’Esprit Saint qui se joint toujours à elle (Jn 3,34), un Esprit qui, en nous, sera Vie, Lumière et Paix… Heureux alors, bienheureux, tous ceux et celles qui l’accueillent…

                                                                                                                             D. Jacques Fournier

Correction de la fiche N°15 :

CV – 15 – Jn 8,1-12 correction

 




Fiche N°16 : La révélation de la divinité de Jésus (Jn 8,12-59)

Souvenons-nous… Au tout début de ce chapitre, les scribes et les Pharisiens ont amené à Jésus une femme surprise en flagrant délit d’adultère pour lui tendre un piège… Mais Jésus l’a déjoué et il a révélé en cette occasion « les entrailles de Miséricorde de notre Dieu » (Lc 1,78). « Je ne te condamne pas », lui a-t-il dit. « Va, désormais ne pèche plus ». Et juste après il a déclaré : « Je Suis la lumière du monde »…

En effet, avec Lui et par Lui, la Lumière de la Miséricorde est venue éclairer tous les pécheurs que nous sommes… Et si nous acceptons de la recevoir, elle nous purifiera, jour après jour, et par elle le projet de Dieu sur chacun d’entre nous s’accomplira : « Que nous soyons tous saints et immaculés en sa présence dans l’Amour » (Ep 1,4). Et « être dans l’Amour », c’est « être dans la Lumière », car « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), et il est aussi « Lumière » (1Jn 1,5). Nous retrouvons ainsi par ces parallèles que la Lumière dont nous parlons est celle de l’Amour. Etre dans la Lumière, c’est ouvrir son cœur à l’Amour, c’est accepter de se laisser aimer tels que nous sommes. Et cette aventure est toujours possible, car Dieu, de son côté, ne cesse de nous aimer, quelque soit l’état de notre misère. Dieu, en Jésus Christ, s’est en effet révélé comme étant « Pur Amour » : il ne désire, il ne veut, il ne cherche que notre bien… C’est ainsi que face à la misère du péché, l’Amour prend le visage de la Miséricorde qui aime le pécheur tel qu’il est, désirant encore et toujours son seul bien… Si le péché nous prive de la Plénitude de la Vie, le meilleur qu’il puisse arriver à un pécheur est de se repentir, de renoncer au mal qu’il commet pour justement pouvoir accueillir cette Plénitude dont il est privé par suite de ses fautes et que Dieu désire toujours pour Lui… C’est pourquoi le Fils est venu dans le monde comme « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29) en proposant « le pardon des péchés » (Lc 5,20) et avec lui « la vie en surabondance » (Jn 10,10). Il suffit juste de consentir de tout cœur à ce Pur Amour, instant après instant, en se laissant aimer tels que nous sommes… Et « si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (2Tm 2,13). Alors, de pardon en pardon, de guérison intérieure en guérison intérieure, « ce qui est impossible pour les hommes » se réalisera, « car tout est possible à Dieu » (Mc 10,27)…

 

Le témoignage de Jésus (Jn 8,13-59)

Jésus vient donc de dire « Je Suis la Lumière du monde ». Pourquoi les Pharisiens, en Jn 8,13, n’acceptent-ils pas son témoignage (cf. Dt 17,6 ; 19,15 ; Nb 35,30) ? Pourtant, que ne cesse de dire Jésus (cf. Jn 8,45-46) ? Et que se passe-t-il alors (cf. Jn 15,26 ; 1Jn 5,6) ? Or 1Jn 5,6 renvoie à 1Jn 5,9-10 ; conclusion (cf. Jn 5,36-38 ; 8,54). Mais pour accueillir l’action de ce dernier, que faut-il faire ? Que prouve alors le refus de croire des Pharisiens (cf. Jn 8,47) ? En quels termes Jésus en parle-t-il en Jn 8,19 ? Ils sont donc dans les ténèbres, privés de la Lumière de Dieu sans laquelle on ne peut reconnaître la Lumière…

Ces Pharisiens prétendent qu’ils sont « des fils d’Abraham » (cf. Jn 8,33.39), que Dieu est leur Père (cf. Jn 8,42), mais quel est en fait le maître à qui ils obéissent (cf. Jn 8,44) ? Noter toutes ses caractéristiques (voir aussi Jn 8,50 ; 10,10) ; puis, en en prenant systématiquement le contre pied, retrouver l’attitude qui caractérise Jésus (1 – Jn 4,34 ; 6,38-40 ; 14,31 ; 2 – Jn 10,10 ; 6,33-35 ; 6,47-48 ; 6,54.57 ; 20,30-31 ; 3 – Jn 14,6 ; 4 ‑ Jn 8,26.28-29 ; 5,19-20), et donc celle de tout fils de Dieu…

En Jn 8,21, où va donc Jésus (cf. Jn 14,12.28 ; 16,10.17.28) ? Or que désire-t-il (cf. Jn 17,24) ? Mais pour que ce désir s’accomplisse, qu’attend-il des hommes (cf. Jn 14,1) et pourquoi (cf. Lc 18,26-27 ; 15,1-7 ; 14,3) ? En effet, quel est le seul désir de Dieu (cf. 1Tm 2,3-6) ? Que va-t-il mettre en œuvre pour arriver à ses fins (cf. Jr 32,41) ? En tout ce qu’Il Est – Lui qui s’appelle « Je Suis » ! – qu’Est-il alors pour chacun d’entre nous (cf. Jn 4,42 et donc 8,51 ; Lc 1,47 ; 2,11 ; Ac 5,31 ; 13,23 ; Ph 3,20 ; 1Tm 1,1 ; 4,10 ; 2Tm 1,8-11) ? Et s’il est ainsi, qu’Est-il alors en Lui-même (cf Tt 3,4‑7 ; 1Jn 4,8.16 ; et donc 2Co 1,3) ? Que se passera-t-il donc pour celui qui refuse de s’ouvrir à la Révélation que Dieu fait de Lui-même en Jésus Christ (cf. Jn 8,24 ; 3,16-18) ?

Nous retrouvons donc ici « la Vérité » de Dieu qui vient se révéler et s’offrir en Jésus Christ à notre vérité ; si nous acceptons ainsi de faire la vérité sur nous-mêmes à la lumière de cette Vérité de Dieu, que se passera-t-il d’après Jn 8,31-36 (cf. Lc 4,18-19 ; Ga 5,1.13) ? Et de quelle Présence sera-t-elle le fruit (cf. 2Co 3,17) ? Retrouver ainsi la racine de l’expression employée en 8,32 : « connaître la vérité » (mettre ensemble Jn 17,3 ; 6,63a ; 16,13).

Noter enfin une des plus belles affirmations de la divinité du Christ en Jn 8,56-58 ; ses auditeurs hostiles ne s’y sont pas trompé : comment jugent-ils cette Parole et que font-ils aussitôt (cf. Mt 9,3 ; 26,65-66) ? Mais en agissant ainsi, que révèlent-ils à nouveau (cf. Jn 8,47 car Ps 36,10) ? Et que fera encore et toujours le Seigneur par son Eglise (cf. Ac 3,12-26) ? Comment répondra-t-il en effet à tout le mal qu’ils lui ont fait (cf. Ac 3,26) ? Car Dieu est le Père de tous les hommes, sans exception (cf. Jn 20,17‑18), et il n’a qu’un seul désir : qu’ils soient tous sauvés…

                                                                                                                     Diacre Jacques Fournier

Correction de la fiche N°16 :

CV – 16 – Jn 8,12-59 correction




Fiche N°17 : La guérison de l’aveugle né (Jn 9)

« En passant » (Jn 9,1)… Une fois de plus, Jésus est en marche, pour aller vers les uns et vers les autres et leur annoncer en paroles et en actes la Bonne Nouvelle de cette Vie éternelle que Dieu veut communiquer à tous les hommes… A la piscine de Bethzatha, quelle détresse Jésus avait-il su remarquer (cf. Jn 5,5-6) ; et ici (cf. Jn 9,1.8) ? Nous retrouvons ainsi un Jésus tout spécialement attentif à ceux et celles qui connaissent la souffrance. Et ici encore, par amour, c’est lui qui va prendre l’initiative de la rencontre avec cet aveugle-né, pour son bien, pour sa vie…

D’après la question des disciples, comment comprennent-ils la maladie, d’où vient-elle pour eux (Voir Fiche n°8 : « Jn 3,22-36 ») ? Souvenons-nous et résumons : cette conception s’enracine dans les temps les plus anciens de l’histoire d’Israël… Lors de la libération d’Egypte, Israël vit la Toute Puissance de Dieu à l’œuvre. Mais comme leur foi était en train de naître, ils en eurent une conception naïve et imparfaite : ils ont pensé que Dieu était tellement « tout puissant » que rien ne pouvait lui échapper, pas même le mal… Ils le voyaient donc derrière toute chose, directement impliqué dans tout ce qui pouvait leur arriver dans la vie… Notons que cette conception existe encore aujourd’hui : « Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour qu’il m’arrive une chose pareille ? »

A côté de cela, ils avaient aussi une intuition vive de la justice de Dieu : « Dieu » est « le juste » (Ps 7,10) par excellence, la source de toute justice. Si donc un mal arrive à quelqu’un, et si ce mal vient de Dieu, puisque Dieu est juste, cette personne devait donc le mériter : elle avait dû faire quelque chose de mal… Et voilà comment Israël s’est représenté Dieu : un « juste Juge » (Ps 7,12 ; 9,5 ; 58(57),12 ; Gn 18,25 ; Tb 3,2) qui punit celui qui fait le mal et qui récompense celui qui fait le bien. « Toi, écoute au ciel et agis ; juge entre tes serviteurs : déclare coupable le méchant en faisant retomber sa conduite sur sa tête, et justifie l’innocent en lui rendant selon sa justice » (1R 8,32). Mais non ! Dieu n’est pas ainsi ! Et la mission première de Jésus sera de nous révéler son vrai visage de Père, rempli de tendresse, et désirant toujours le meilleur pour tous ses enfants.

Telles étaient donc les croyances en ce Dieu « Juste Juge », des croyances toujours vives à l’époque de Jésus… Et cela d’autant plus que d’après le cœur même de la Loi (Le Décalogue, « les Dix paroles », Ex 34,28 ; Dt 4,13 ; 10,4), Dieu « punit la faute des pères sur les enfants, les petits enfants et les arrières petits enfants » (Ex 20,5). Et si l’on ajoute à cela que l’on pensait qu’il était possible de pécher dès le sein de sa mère (cf. Gn 25,21-22), on comprend la question des disciples à Jésus : «  Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? »… En effet, si cet homme est aveugle depuis sa naissance, sa cécité ne peut que venir de Dieu en punition d’un mal. Mais alors, qui a commis ce mal, lui ou ses parents ?

Quelle est la réponse immédiate de Jésus ? Voilà qui répond clairement à beaucoup d’interrogations de nos contemporains, nous l’avons vu : « Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour qu’il m’arrive tout cela ? » Rien… dirait le plus souvent Jésus. Dans le jeu complexe des relations humaines, des interdépendances de toutes sortes, nous sommes loin de pouvoir rendre compte de tout… Et nous nous retrouvons dans la position de Job qui après toutes ses accusations lancées contre Dieu, tous ses cris de colère si compréhensibles, accepte de ne pas avoir une réponse pleinement satisfaisante au problème du mal et de la souffrance car il découvre à quel point Dieu est présent à sa vie, à quel point il veille sur lui et prend soin de lui… Alors il s’abandonne à cette Présence Bienveillante… « Lui », il sait tout et il est Dieu… Cela lui suffit, il fait confiance… Notons enfin que Dieu n’a pas fait semblant en créant l’homme libre de ses choix, et c’est Lui le premier qui, par ses prophètes, lui court après en lui demandant : « Après tous les bienfaits dont je t’ai comblés, pourquoi m’abandonnes-tu ? » (cf. Is 5,4 ; Jr 2,29 ; 2,31 ; 8,5 ; 8,19 ; 8,22). Et quand Jérémie regarde la terre et toutes ces destructions, il semble lui aussi en être désorienté : «  Pourquoi le pays est-il perdu, incendié comme le désert où nul ne passe ? » (Jr 9,11). Et la réponse vient aussitôt, soulignant la responsabilité de nos actes qui peuvent, parfois, avoir des répercussions collectives inouïes : « Le Seigneur dit : C’est qu’ils ont abandonné ma Loi, que je leur avais donnée ; ils n’ont pas écouté ma voix, ils ne l’ont pas suivie ; mais ils ont suivi l’obstination de leur cœur, ils ont suivi les Baals (les idoles) que leur pères leur avaient fait connaître » (Jr 9,12-13 ; notons la responsabilité des parents dans l’éducation de leurs enfants et la transmission ou non de valeurs ou de contre-valeurs…).

La détresse de ce mendiant aveugle va donc donner à Jésus l’occasion de poursuivre sa mission : « Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils Unique-Engendré, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jn 1,18). Mais nous retrouvons ici les fondements de la vie du Fils (cf. Jn 5,19-20). En effet, sa guérison est déjà présentée ici comme étant l’œuvre de qui (Jn 9,3-4) ? Jésus est bien le Serviteur du Père (Mt 12,18 ; Lc 22,27 ; Ac 3,13 ; 3,26 ; 4,27 ; 4,30), qui agit avec Lui et par Lui pour manifester sa Miséricorde et sa Tendresse infinies (2Co 1,3).

Une image est employée en Jn 9,4-5, laquelle ? N’oublions pas que la nuit, « les ténèbres », représentent souvent dans la Bible les conséquences du mal, du péché (cf. Dt 28,15 avec 28,28-29 ; 1Sm 2,9 ; Si 11,16 ; Pr 20,20 ; Job 5,13-15 ; Is 29,15 ; Jr 23,10-12 ; Ac 13,6-12 ; 2Co 6,14 ; Ep 6,12 ; 2P 2,4…). N’oublions pas aussi que Jésus parle aux hommes en les prenant tels qu’ils sont, avec un langage qu’ils peuvent comprendre, en tenant compte de leurs croyances, même si elles sont inexactes… D’après la conception des disciples sur l’origine de la cécité de cet homme, quelle sera, dans un tel contexte, la signification de sa guérison (cf. Jn 1,4-5 ; 12,46 avec 8,12 ; Col 1,12-14 ; Ep 5,5-9 ; 5,14…) ?

Tout ceci sera redit avec l’image de la boue : que représente-t-elle (cf. 2P 2,1‑3 et 2,17-22 ; Is 57,20 ; Ps 106(105), 39) ? Que symbolise donc cet aveugle-né aux yeux recouverts de boue (cf. Ez 12,2 ; Jr 5,20-25 repris en Mc 8,17-18 ; Is 6,9-10 repris en Mt 13,10-15 et en Jn 12,37-40) ? N’oublions donc pas par la suite que sa situation nous représente tous : elle est comme une image visible de notre réalité spirituelle invisible… Quelle invitation Jésus lui adresse-t-il ? St Jean donne lui-même la signification de « Siloé » en hébreu : « Envoyé ». A qui ce terme renvoie-t-il dans son Evangile (cf. Jn 3,17.34 ; 4,34 ; 5,22‑24.30.36.37.38…) ? « Va te laver à la piscine de l’Envoyé »… Que jaillira-t-il donc de lui en Jn 19,34 ? Ce « visible » qui semble jaillir de son cœur de chair transpercé est à nouveau une image de la réalité spirituelle invisible qui remplit son cœur, son intériorité : quelle est-elle d’après Jn 7,37-39 (Voir aussi Lc 4,1) ? Que se passera-t-il donc au cœur de ceux et celles qui, comme cet aveugle-né, accepteront de répondre à l’invitation de Jésus (cf. Ez 36,24-28 ; 1Co 6,9‑11) ? Et tout ceci arrivera notamment à quelle occasion (cf. Ac 2,37-39) ? Cette occasion a-t-elle été inventée par l’homme ou est-elle demandée par le Seigneur (cf. Mc 16,15-16 ; Mt 28,16‑20) ? Si tel est le cas, quelle est la seule attitude que Dieu attend de nous (cf. Rm 10,16 ; Ac 5,29.32 ; 1P 1,1-2 ; 1,22 ; Rm 6,15-19 ; 15,18 ; 16,19 ; 2Co 9,13 ; 10,4-5) ? Quelle expression apparaît d’ailleurs en Ac 6,7 ; Rm 1,5 ; 16,26 ? Quel pourrait donc être un synonyme du verbe « croire » ? Que fait d’ailleurs ici l’aveugle né ? Cela suppose, bien sûr, de la confiance envers celui qui nous invite à accomplir une telle démarche. Mais, « c’est par la confiance et rien que la confiance que l’on va à l’Amour » (Ste Thérèse de Lisieux). Et de tout cœur, on s’abandonne à Lui, tels que nous sommes… Le vase blessé, abîmé, souillé se remet entre les mains de son potier (Is 64,7) qui fera alors « toutes choses nouvelles » (Is 43,19 ; Jr 18,1-6). Le pécheur, dans ses mains, est alors « un vase de miséricorde » auquel Dieu va accorder toute son attention (Lc 15,4-7) et en qui il va déployer la toute puissance de sa bonté, pour le guérir intérieurement et le rendre ainsi capable de recevoir l’insondable richesse de son Esprit. Et cet Esprit est la réalité spirituelle qui « remplit » le Père, et qui « remplit » aussi le Fils, car le Fils la reçoit du Père de toute éternité… Et c’est cette même réalité spirituelle que reçoivent tous ceux qui font confiance à Jésus, qui répondent concrètement à son invitation de recevoir le baptême et tous les sacrements, de lire sa Parole en essayant, avec sa grâce, d’y conformer leur vie… Noter les expressions employées par Sr Paul en Rm 8,9 à propos de ces chrétiens qui essayent de vivre leur foi : « L’Esprit de Dieu habite en vous. Qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas »… « L’Esprit de Dieu », c’est l’Esprit de Dieu le Père, l’Esprit qui remplit le Père, l’Esprit qui constitue le Père… Et l’on s’attendrait ensuite à lire : « Qui n’a pas l’Esprit de Dieu ne lui appartient pas »… Mais non… St Paul écrit non pas « l’Esprit de Dieu » mais « l’Esprit du Christ », car, si le Père n’est pas le Fils, c’est un même Esprit qui les remplit, qui les constituent, qui fait qu’ils sont ce qu’ils sont… Et cet Esprit, le Père, dans son Amour, le donne au Fils de toute éternité, et c’est ainsi qu’il l’engendre en Fils… Et voilà ce que le Père est venu nous offrir en Plénitude par son Fils, pour que nous aussi nous devenions des fils et des filles de Dieu (Jn 1,12), à l’image du Fils (Rm 8,29), vivants du même Esprit qui remplit le cœur du Fils… Cette réalité spirituelle invisible à nos yeux de chair se propose dès ici‑bas à notre foi, pour être, par la Miséricorde de Dieu, le fondement de notre vie (Ga 5,25 ; Rm 8,11) et de notre paix intérieure, envers et contre tout…

Et notre passage révèle à quel point tout jaillit ici de l’initiative et de la gratuité de Dieu, car cet homme ne connaît pas encore Celui qui lui parle. Sa réponse ne peut donc pas être ce « oui » libre et responsable au Christ reconnu comme étant vraiment le Fils envoyé par le Père pour notre salut… Mais sa bonne volonté a suffi à l’accomplissement de celle de Dieu pour lui… Qui était-il d’ailleurs prêt à reconnaître en Jésus Christ (cf. Jn 9,17) ? A qui, à travers lui, attribuait-il donc déjà sa guérison (cf. Jn 9,33 ; 3,2) ? Et puis, un peu plus tard, qui sera une nouvelle fois à l’origine de son cheminement vers une foi plus parfaite (cf. Jn 9,35) ? Quelle question lui posera-t-il ? Que désire donc le Christ à notre égard (cf. Jn 6,28-29 ; 20,30-31) ? Mais d’après la réponse de l’aveugle guéri, que faut-il pour croire ?

Même si le texte ne le dit pas explicitement, nous pouvons deviner ce qu’il s’est passé en cet instant. En effet, « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), invisible à nos yeux de chair. Et il est aussi « Lumière » (1Jn 1,5), Lumière spirituelle… Et nul ne peut « voir » cette Lumière si elle n’éclaire pas déjà son cœur, car c’est « par ta lumière que nous voyons la lumière » (Ps 36(35),10). Au tout début, cet homme, ne connaissant pas Jésus, ne pouvait pas croire en lui. Mais il était de bonne volonté, et il a tout simplement accepté d’obéir au Christ et d’aller se laver à la Piscine de l’Envoyé. Autrement dit, cet homme était disposé à ouvrir son cœur à la vérité… Or, le « Dieu de vérité » (Is 65,16 ; Ps 31(30),6) « est Esprit » (Jn 4,24) et il est aussi « Lumière » (1Jn 1,5). Le Psalmiste le disait déjà avec l’image du soleil : « le Seigneur Dieu est un Soleil : il donne la grâce » (Ps 84(83),12), la grâce de l’Esprit, cet Esprit qui est Lumière… Alors, par la Lumière de l’Esprit que sa bonne volonté a su accueillir, cet homme peut voir la Lumière spirituelle qui jaillit de Jésus « Lumière du monde » au moment où il lui dit : « Tu l’as vu et tu le vois : celui qui te parle, c’est lui » (Jn 9,37). Il la reconnaît en ce Jésus et peut donc la « confesser » par son acte de foi : « Je crois, Seigneur »… Nous retrouvons ainsi ce principe de St Paul : « Nul ne peut dire « Jésus est Seigneur », si ce n’est par l’Esprit Saint » (1Co 12,3) qui « illumine les yeux du cœur » et permet de « voir les trésors de gloire » (Ep 1,17-20) qui habitent le Christ, « insondable richesse » (Ep 3,8) qui est celle de Dieu lui-même… Cet aveugle-né, guéri, a donc vécu ici comme une Transfiguration : le Mystère spirituel du Christ, vrai homme mais aussi vrai Dieu, invisible aux yeux de chair, s’est révélé au regard de son cœur… Et il l’a reconnu … En se souvenant du parallèle que St Jean fait entre « vie » et « lumière » (« En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes » Jn 1,4 ; « la lumière de la vie » Jn 8,12), nous pouvons relire le début de sa première Lettre, car voilà ce que cet aveugle-né a vécu lui aussi… Il a reçu l’Esprit du Christ en son cœur, l’Esprit qui, par sa Présence, lui a communiqué la Vie de Dieu. Et il l’a perçue en termes de vie nouvelle, d’intensité de vie. Dans cette « vie », il a donc vécu la rencontre avec le Christ. Mais au même moment, cette Vie était Lumière en son cœur, perception nouvelle d’une réalité qui échappe à l’emprise de nos sens… Et alors, il a vu… St Jean dira : « Nous avons vu la Vie »… Il l’a perçue par tout son être, en la vivant, et au même moment, il a aussi perçu comme une Lumière qui rayonnait du Christ… « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; – car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue – ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Tout ceci, nous vous l’écrivons pour que notre joie soit complète » (1Jn 1,1‑4).

Le Nom divin « Je Suis » (Ex 3,14) est très souvent appliqué au Christ dans l’Evangile selon St Jean pour exprimer le Mystère de sa Divinité, de sa pleine participation à la nature divine (cf. Jn 8,24.28.58 ; 8,12 ; 6,35.48 ; 14,6…). En grec, il a une forme particulière, « Égô éimi ». Nous l’a trouvons ici appliquée à un homme, et cela pour la seule et unique fois dans tout l’Evangile. Dans le contexte des relations entre cet homme et ceux qui s’interrogent sur son identité, elle est traduite en général dans nos Bibles par « C’est moi ! » ou « C’est bien moi ! » (Jn 9,9). Nous retrouvons la même traduction lorsque Jésus marche sur la mer et s’adresse à ses disciples : « C’est moi ! » (Jn 6,20). Pourtant, nous l’avons vu, il vaudrait mieux traduire en cette circonstance « Je Suis » car Jésus révèle en cet instant le Mystère de sa Divinité en faisant ce que Dieu seul peut faire : marcher sur la mer, c’est-à-dire, dans le contexte de l’époque, dominer le mal… Appliquer cette même expression « Égô éimi » à un homme ouvre donc une interprétation possible que St Pierre énoncera explicitement dans une de ses lettres : Dieu nous appelle tous, par grâce, à participer à ce qu’Il Est par nature. « Sa divine puissance nous a donné tout ce qui concerne la vie et la piété : elle nous a fait connaître Celui qui nous a appelés par sa propre gloire et vertu. Par elles, les précieuses, les plus grandes promesses nous ont été données, afin que vous deveniez ainsi participants de la Divine Nature, vous étant arrachés à la corruption qui est dans le monde, dans la convoitise » (2P 1,3-4). La TOB a comme traduction : « … pour que vous entriez en communion avec la nature divine »… Comment parler de cette « nature divine » ? Tout simplement en reprenant les grandes affirmations de St Jean : « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5), « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16). En nous donnant « l’Esprit » (1Th 4,8), Dieu nous donne d’avoir part à sa propre nature…

« Vous étant arrachés à la corruption qui est dans le monde, dans la convoitise » : notons bien que l’homme n’est pas capable de s’arracher par lui-même à cette « convoitise » : c’est Dieu qui le fera, avec sa collaboration (cf. Col 1,11-14). Et ces « grandes promesses » dont parle St Pierre sont toutes accomplies dans le Don de « l’Esprit de la Promesse », l’Esprit promis, l’Esprit Saint (Cf. Ep 1,13 ; Ga 3,14 ; Ac 2,32-33 ; 2,37-41), cet Esprit que le Christ a répandu en Fleuves sur cette terre (Jn 7,37-39) en mourant pour chacun d’entre nous sur la Croix.

St Paul de son côté écrit : « En lui », le Christ, « habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité », la Plénitude de l’Esprit qu’il reçoit de toute éternité de son Père. « Et vous vous trouvez en lui associés à sa Plénitude » (Col 2,9-10)…

St Pierre parle donc de « devenir participants de la Divine Nature » ; St Paul d’être « associés à sa Plénitude ». St Jean le dira avec le vocabulaire de la gloire. Dans la Bible, ce mot « gloire » vient d’un verbe qui signifie « peser, être lourd ». La gloire renvoie donc à ce qui donne du poids à un être. Pour les hommes, cela peut être la richesse (Gn 13,2 : Abraham « très riche », littéralement « très glorieux »), ou une haute position sociale (La gloire du roi), ou un talent particulier… Pour Dieu, l’expression renvoie directement à son Être. « La gloire de Dieu est la splendeur de l’Etre par excellence. Dieu seul possède par lui-même valeur et puissance » (P. Deseille). « Le fondement de cette gloire, c’est l’essence divine elle‑même, laquelle est la perfection absolue » (A. Michel).  La Gloire de Dieu est donc la manifestation, d’une manière ou d’une autre, de ce que Dieu Est en lui-même. Tout comme il n’y a pas de feu sans lumière et chaleur, de même il n’y a pas de gloire sans Dieu Lui-même, sans ce que Dieu est en Lui-même… Autrement dit, quand Jésus donne la Gloire, il donne ce que Dieu Est en Lui-même, c’est-à-dire « l’Esprit » « nature divine » puisque « Dieu est Esprit ». « Donner la Gloire », c’est donc donner de « devenir participant de la Nature Divine » (St Pierre), c’est « associer à la Plénitude » divine (St Paul)… Jésus dit ainsi en parlant de ses disciples : « Père, je leur ai donnés la Gloire que tu m’as donnée » « parce ce que tu m’as aimé avant la fondation du monde ». Ainsi, le monde reconnaîtra que « tu les as aimés comme tu m’as aimé » (cf. Jn 17,22.24.23).

Ste Thérèse de Lisieux disait : « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même ». C’est ce que le Père fait de toute éternité pour le Fils : il l’aime et lui donne tout, tout ce qu’Il est en lui-même… Et c’est ainsi que le Fils est « Dieu né de Dieu, Lumière né de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré non pas créé, de même Nature que le Père » (Crédo). Alors, si le Père nous aime comme il aime le Fils de toute éternité, il ne cesse donc de se donner à chacun d’entre nous, gratuitement, par amour, avec une intensité d’autant plus forte que nous pouvons être blessés, pécheurs, spirituellement malades (Lc 5,31-32)… « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). Et voilà que la grâce de l’Esprit surabonde pour les pécheurs, pour les arracher à leurs ténèbres (Col 1,13), leur donner la vie (Jn 10,10) et leur permettre d’être par grâce, par amour, ce que Dieu Est par nature… « Tu les as aimés comme tu m’as aimé », tu t’es donné à eux comme tu te donnes à moi de toute éternité, tu leur communiques cette Plénitude de l’Esprit dont tu me combles depuis toujours et pour toujours… Mais ce n’est que par-delà notre mort que nous découvrirons pleinement tout cela : « Voyez quelle manifestation d’amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes ! (…) Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’il est » (1Jn 3,1-2). Pour l’instant nous sommes dans la foi. « Nous voyons, à présent, dans un miroir, en énigme, mais alors ce sera face à face. À présent, je connais d’une manière partielle ; mais alors je connaîtrai comme je suis connu » (1Co 13,12). « Car notre salut est objet d’espérance ; et voir ce qu’on espère, ce n’est plus l’espérer : ce qu’on voit, comment pourrait-on l’espérer encore ? » (Rm 8,24).

Cet aveugle-né est donc guéri… Les faits sont là… Mais quelle est à nouveau la pierre d’achoppement sur laquelle butent les scribes et les Pharisiens (cf. Jn 9,14 ; Lc 13,14) ? Pourtant, quelle invitation, en des circonstances semblables, le Christ leur avait-il déjà lancée (cf. Jn 7,20-24 ; Lc 6,6-11) ? Quelle conclusion les Pharisiens en tirent-ils (cf. Jn 9,16) ? Mais à quelle autre conclusion le Pharisien Nicodème était-il arrivé (cf. Jn 3,1-2) ?

Ces Pharisiens n’arrivent donc pas à accéder au monde de la foi… Un verbe intervient souvent dans notre chapitre à leur égard en Jn 9,20.21.24.29.31, quel est-il ? Il leur est tout spécialement bien adapté ici car il illustre le problème principal qui est le leur : lequel (voir aussi Lc 18,9-14 ; et leur déclaration en Jn 9,41 ; cf. Jr 13,15-17) ? Pour vaincre cet obstacle, avec la grâce de Dieu, quelle attitude Jésus nous propose-t-il (cf. début de Jn 3,21) ? Et nous sommes tous des pécheurs, des blessés (Rm 3,19 ; 3,23). Si nous acceptons cette démarche, quelle vérité allons-nous aussitôt découvrir avec le Christ (cf. Jn 1,29 ; 3,16-17 ; Lc 1,76-79 ; 5,31-32) ? Et alors, que se passera-t-il (cf. Jn 9,39) ? En effet, noter à chaque fois les conséquences du péché en Rm 3,23 ; 6,23 ; Jn 3,19 ; Rm 2,9 et celles de l’agir du Christ Sauveur en tous ceux et celles qui acceptent de s’abandonner avec confiance, tels qu’ils sont, entre ses mains : Jn 17,22 ; 6,47 ; 12,46 et 8,12 ; 14,27 et 15,11. Tel est le fruit de l’agir du « Père des Miséricordes et du Dieu de toute consolation » (2Co 1,3) qui ne poursuit qu’un seul but : que nous soyons tous comblés de la Plénitude de sa Vie par le Don de son Esprit…

Nous pouvons alors relire en conclusion (Lc 10,21-22) :

« Jésus tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint et il dit :

« Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre,

d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits.

Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir.

Tout m’a été remis par mon Père,

et nul ne sait qui est le Fils si ce n’est le Père,

ni qui est le Père si ce n’est le Fils,

et celui à qui le Fils veut bien le révéler » »…

Jacques Fournier

 

Correction de la fiche N° 17 :

CV – 17 – Jn 9 correction




Fiche N° 18 : Jésus, le Bon Pasteur venu donner la Vie (Jn 10,1-21)

Dans l’Ancien Testament, Dieu lui-même a été appelé très tôt « Pasteur d’Israël », mais il est intéressant de noter que ce titre n’intervient explicitement que quatre fois (Gn 48,15; 49,24 ; Ps 23,1 ; 80,2). Le Psaume 23 était un des textes préférés de Ste Thérèse de Lisieux :

Ps 23(22 ; traduction liturgique) :

1 –     Le Seigneur est mon berger :

je ne manque de rien.

2 –     Sur des prés d’herbe fraîche,

il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles

3 –     et me fait revivre ;

il me conduit par le juste chemin

pour l’honneur de son nom.

4 –     Si je traverse les ravins de la mort,

je ne crains aucun mal,

car tu es avec moi :

ton bâton me guide et me rassure.

5 –     Tu prépares la table pour moi

devant mes ennemis ;

tu répands le parfum sur ma tête,

ma coupe est débordante.

6 –     Grâce et bonheur m’accompagnent

tous les jours de ma vie ;

j’habiterai la maison du Seigneur

pour la durée de mes jours.

Si le titre de Pasteur n’intervient donc que quatre fois pour Dieu, l’image est par contre très souvent reprise pour décrire le soin attentif de Dieu, « gardien d’Israël » (Ps 121,4), qu’il regarde comme le « troupeau de son bercail » (Ps 79,13; 95,7; 100,3) : il marche devant lui (Ps 68,8), il le conduit (Ps 28,9) par la main de Moïse et d’Aaron (Ps 77,21), il l’amène vers son saint territoire (Ps 78,52s)…

Le mouvement prophétique reprendra ce thème en des textes où transparaît toute la tendresse de Dieu pour les hommes (Is 40,10-11) :

Is 40,10-11 : Voici le Seigneur, il vient avec puissance…

(11)                Comme un pasteur, il paîtra son troupeau ;

par son bras, il rassemblera les agneaux

et réconfortera les brebis qui doivent mettre bas.

            Le prophète Jérémie (Vocation : 627 av JC) avait déjà employé cette image (23,3 ; cf 31,10) et dénoncé les pasteurs à qui Dieu avait confié son peuple : ils ne se sont pas occupés du troupeau. Pire, ils ont chassé les brebis et les ont dispersées (Jr 23,2) ; Ezéchiel (vers 590 av JC) reprendra et développera cette critique sévère : les pasteurs n’ont fait que rechercher leurs propres intérêts sans se soucier de celui du troupeau qu’ils ont régi avec violence et dureté, frappant des reins et de l’épaule, donnant des coups de cornes à toutes les brebis souffrantes (34,1-6.21) de telle sorte qu’elles se sont éparpillées, faute de pasteur ; elles sont devenues la proie de toutes les bêtes sauvages, et nul ne se met à leur recherche (34,6.22) ! Ils se sont ainsi nourris de lait, ils se sont vêtus de laine, ils ont sacrifié les brebis les plus grasses (34,3), et non contents de se repaître dans de bons pâturages, non contents de boire une eau limpide, ils ont foulé aux pieds ce qu’il pouvait rester d’herbe tendre et souillé l’eau pure… Aussi, les quelques brebis qui sont restées auprès de ces pasteurs infidèles doivent-elles brouter ce que leurs pieds ont foulé et boire l’eau que leurs pas ont troublée (34,17‑19). C’est pourquoi, annonce Ezéchiel, le Seigneur va leur reprendre son troupeau, il va arracher ses brebis de leur bouche afin qu’elles ne soient plus pour eux une proie (34,7-10). Désormais, « ainsi parle le Seigneur Dieu » (Ez 34,11-16 (TOB)):

            «  Je viens chercher moi-même mon troupeau pour en prendre soin.

(12)    De même qu’un berger prend soin de ses bêtes

le jour où il se trouve au milieu de ses brebis éparpillées,

ainsi je prendrai soin de mon troupeau ;

je l’arracherai de tous les endroits

où il a été dispersé un jour de brouillard et d’obscurité.

(13)    Je le ferai sortir d’entre les peuples,

je le rassemblerai des différents pays et je l’amènerai sur sa terre ;

je le ferai paître sur les montagnes d’Israël,

dans le creux des vallées et dans tous les lieux habitables du pays.

(14)    Je le ferai paître dans un bon pâturage,

son herbage sera sur les montagnes du haut pays d’Israël.

C’est là qu’il pourra se coucher dans un bon herbage

et paître un gras pâturage, sur les montagnes d’Israël.

(15)    Moi-même je ferai paître mon troupeau,

moi-même le ferai coucher – Oracle du Seigneur DIEU.

(16)    La bête perdue, je la chercherai ;

celle qui se sera écartée, je la ferai revenir ;

celle qui aura une patte cassée, je lui ferai un bandage ;

la malade, je la fortifierai.

            Mais la bête grasse, la bête forte, je la supprimerai ;

            je ferai paître mon troupeau selon le droit. »

            L’avant dernière ligne fait allusion notamment à ces faux Pasteurs qui « s’engraissaient » au détriment du troupeau qui leur était confié… La justice et le droit finiront toujours par triompher…

            Voilà donc quelques aspects de ce contexte général de la notion de pasteur, appliquée à Dieu dans l’Ancien Testament… Jésus la reprendra largement… « En débarquant, il vit une foule nombreuse et il fut bouleversé jusqu’au plus profond de lui-même, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger, et il se mit à les enseigner longuement » (Mc 6,34). Et à ces scribes et à ces Pharisiens qui refusaient d’entrer dans la fête des pécheurs pardonnés, Jésus leur adressera cette parabole, largement inspirée du prophète Ezéchiel (Lc 15,4-7) : « Lequel d’entre vous, s’il a cent brebis et vient à en perdre une, n’abandonne les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour s’en aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée ? Et, quand il l’a retrouvée, il la met, tout joyeux, sur ses épaules et, de retour chez lui, il assemble amis et voisins et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue ! C’est ainsi, je vous le dis, qu’il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes, qui n’ont pas besoin de repentir ». En parlant ainsi, Jésus espérait que ces spécialistes des Ecritures, qu’il appelle indirectement « ses amis et ses voisins » reconnaîtraient dans sa Parole, dans sa vie, dans ses actions, l’accomplissement de la volonté de Dieu et qu’ils accepteraient enfin de se joindre eux aussi à la fête…

            Jn 4,34 : « Ma nourriture » disait Jésus

« est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé

et de mener son œuvre à bonne fin. »

 

Introduction au chapitre 10 de St Jean (Jn 10,1-6)

Jn 10,1-6 (TOB) : «  En vérité, en vérité, je vous le dis,

celui qui n’entre pas par la porte dans l’enclos des brebis

mais qui escalade par un autre côté,

celui-là est un voleur et un brigand.

(2)       Mais celui qui entre par la porte est le berger des brebis.

(3)       Celui qui garde la porte lui ouvre,

et les brebis écoutent sa voix ;

les brebis qui lui appartiennent,

il les appelle, chacune par son nom,

et ils les emmène dehors.

(4)       Lorsqu’il les a toutes fait sortir,

il marche à leur tête et elles le suivent parce qu’elles connaissent sa voix.

(5)       Jamais elles ne suivront un étranger ;

bien plus, elles le fuiront parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »

(6)       Jésus leur dit cette parabole, mais ils ne comprirent pas la portée de ce qu’il disait.

            Qu’est-ce qui caractérise les faux pasteurs, les faux prophètes (cf. Jr 23,21 et 23,32 ; Jn 7,18 ; l’attitude contraire de celle indiquée en 1Co 10,24, 10,33 et 13,5) ? Quelle expression Jésus emploie-t-il en Jn 10,1 pour les décrire ? Ces faux pasteurs, d’après Jn 8,44, font le jeu de qui ? Et quelle en est la conséquence la plus grave ? La retrouver en Jn 10,10 ; et d’après ce même verset, pourquoi le Fils s’est-il fait chair, pourquoi est-il venu en ce monde ? Retrouver les deux dernières réponses en Rm 6,23, en n’oubliant jamais que nous parlons ici de vie spirituelle, d’intensité de vie, d’accomplissement de toutes les potentialités de vie que Dieu désire voir s’épanouir en nous, la signature de son action étant la paix du cœur (cf. Col 3,15 ; Ph 4,7 ; Rm 16,20).

            Jésus est donc « le berger des brebis » et « il entre par la porte » « dans l’enclos des brebis ». St Luc reprend cette image de la porte en l’appliquant à St Paul et à son apostolat : « À leur arrivée, Paul et Barnabé réunirent l’Église et se mirent à rapporter tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux païens la porte de la foi » (Ac 14,27). Obéissant à la mission qui lui avait été confiée (Ac 26,15-18), « envoyé en mission par le Saint Esprit » (Ac 13,4), guidé sur les routes par ce même Esprit (Ac 16,6‑8), Paul annonçait l’Evangile. Dieu agissait avec lui par la puissance de l’Esprit car « nul ne peut dire « Jésus est Seigneur » si ce n’est par l’Esprit Saint » (1Co 12,3). C’est ainsi que « Dieu ouvrait aux païens » qui l’écoutaient « la porte de la foi ». Nous en avons un exemple avec Lydie :

            Ac 16,11-15 : « Nous gagnâmes Philippes, cité de premier rang de ce district de Macédoine et colonie. Nous passâmes quelques jours dans cette ville, puis, le jour du sabbat, nous nous rendîmes en dehors de la cité, sur les bords de la rivière, où nous pensions qu’il y avait un lieu de prière. Nous étant assis, nous adressâmes la parole aux femmes qui s’étaient réunies. L’une d’elles, nommée Lydie, nous écoutait ; c’était une négociante en pourpre, de la ville de Thyatire ; elle adorait Dieu. Le Seigneur lui ouvrit le cœur, de sorte qu’elle s’attacha aux paroles de Paul. » Et sur le champ, elle fut « baptisée ainsi que les siens »…

            Il en est de même ici, dans l’Evangile selon St Jean… Lorsque Jésus annonce la Parole de Dieu, lorsqu’il redonne à ceux et celles qui l’accueillent les Paroles qu’il a lui-même reçues de son Père (Jn 17,8), que fait le Père (cf. Jn 5,37) ? Et par qui le Père agit-il (cf. Jn 15,26) ? N’oublions jamais que Dieu est un Mystère de Communion de Trois Personnes distinctes, unies l’une à l’autre dans la communion d’un même Esprit (Jn 4,24) qui est tout à la fois Amour (1Jn 4,8 et 4,16), Lumière (1Jn 1,5), Paix, Vie… Les Trois agissent toujours ensemble, l’un avec l’autre, l’un par l’autre et c’est l’Amour qui est le secret de leur unité dans la diversité de ces Trois Personnes divines… Souvenons-nous également que si l’expression « Esprit Saint » peut être employée comme nom propre pour désigner la Troisième Personne de la Trinité, ces deux mots « Esprit » et « Saint » peuvent aussi évoquer la nature divine, c’est-à-dire ce que Dieu est en lui-même, ce que chacune des Trois Personnes divines est en elle-même… Lorsque Jésus nous donne la Parole de son Père, ce dernier lui rend ainsi témoignage par l’action de l’Esprit Saint Personne divine. Et cette action se déploie dans nos cœurs… Quel est son contenu, en quoi consiste-t-elle ? Elle est communication, d’une manière ou d’une autre, selon « l’insondable richesse » de Dieu (Ep 3,8), de ce que Dieu est en lui-même, de « sa nature divine » : Esprit, Amour, Lumière, Vie, Sainteté, Paix… « Les précieuses, les plus grandes promesses nous ont été données, afin que vous deveniez ainsi participants de la divine nature, vous étant arrachés à la corruption qui est dans le monde, dans la convoitise » (2P 1,4). Nous retrouvons avec la fin de ce verset la nécessité de la conversion, aussi ferme que possible, et toujours offerte par ce « Père des Miséricordes » (2Co 1,3) qui, face au péché, n’a qu’une seul désir : l’enlever pour nous en purifier, et nous communiquer au même moment ce dont il nous privait, sa Vie, sa Paix, sa Lumière… A nous d’accepter de nous laisser faire, de nous laisser prendre par Dieu, de nous laisser détourner du mal par la Puissance de son Esprit pour recevoir de ce même Esprit la grâce d’être comblés de toutes les richesses de l’Esprit !

            A ceux et celles qui acceptent ainsi avec bonne volonté d’ouvrir leur cœur et leur vie au Fils, le Père rend témoignage à la Parole de son Fils par l’action de l’Esprit Saint Personne divine qui communique à ces cœurs un Don qui est de l’ordre de la nature divine : Esprit, Amour, Lumière, Vie, Paix… En écoutant la Parole de Jésus ils vivent alors au même moment « quelque chose » d’unique qui vient de l’Esprit : ils vivent comme ils n’avaient encore jamais vécu, ils expérimentent une Paix insoupçonnée, leur cœur peut parfois brûler d’un Amour (Lc 24,32) et d’une Douceur dont ils ne voudraient plus jamais être privés… Mais sur cette terre, nous cheminons dans la foi et non dans la claire vision, il faut l’accepter (1Co 13,12). St Paul, qui a vécu de telles expériences (cf. 2Co 12,1-4 ; 43 ap JC), bien après celle de sa conversion (Ac 9,1-19 ; vers 34 ou 36 ap JC), n’hésitait pas à écrire que s’il ne tenait qu’à lui, il préfèrerait « s’en aller et être avec le Christ »… « Je me sens pris dans cette alternative : d’une part, j’ai le désir de m’en aller et d’être avec le Christ, ce qui serait, et de beaucoup, bien préférable ; mais de l’autre, demeurer dans la chair est plus urgent pour votre bien. Au fait, ceci me persuade : je sais que je vais rester et demeurer près de vous tous pour votre avancement et la joie de votre foi » (Ph 1,23-25)…

Résumons-nous :

1 – Envoyé par le Père, Jésus n’est pas un voleur ou un brigand… Il ne cherche pas son propre intérêt, mais la Gloire de Dieu et le vrai bien de tous ceux et celles qu’il rencontre…

2 – Pour cela, il va leur annoncer la volonté du Père sur tous les hommes : qu’ils soient sauvés et qu’ils participent gratuitement, par amour, à la Plénitude de sa vie.

3 – Jésus accomplit donc sa mission d’envoyé du Père chargé d’annoncer la volonté du Père, c’est-à-dire ce que le Père veut faire pour chacun d’entre nous. Alors, « le portier lui ouvre » : le Père rend témoignage à sa Parole par l’Esprit Saint Personne divine. Et l’action de l’Esprit sera, au cœur de tous ceux et celles qui consentent à accueillir le Fils, synonyme de participation à cette nature divine qui est Vie, Paix, Douceur, Lumière… Cette Vie est unique : c’est celle de Dieu Lui-même. Et nous pourrions dire la même chose de sa Paix, de sa Lumière…

4 – Telle est donc « la voix » de Jésus. Tous ceux et celles qui l’accueilleront avec simplicité et bonne volonté feront avec lui une expérience unique. En « écoutant sa voix » de chair, ils percevront au même moment en leur cœur « la voix » de l’Esprit Saint, synonyme de Vie, de Paix, de Douceur et de Lumière. « L’Esprit souffle… et tu entends sa voix » (Jn 3,8) en vivant cette Vie, en expérimentant cette Paix, en percevant « quelque chose », dans la foi, de la Lumière d’en haut… « Jamais homme n’a parlé comme cela », diront les soldats venus arrêter Jésus (Jn 7,46). « Tu as les Paroles de la Vie éternelle », lui disait St Pierre (Jn 6,68), car au moment où il l’écoutait, il vivait « quelque chose » de cette Vie, « quelque chose » d’unique qui faisait tout son bonheur et toute sa joie… Et c’est bien pour cela qu’il avait tout quitté pour le suivre (Mc 10,28)…

5 – C’est ce que St Jean appelle ici « connaître la voix » de Jésus : l’expérience spirituelle unique d’un « quelque chose » insaisissable qui vient de l’Esprit et qui remplit le cœur de Paix profonde et de Joie lorsqu’on écoute Jésus… Dieu seul est à l’origine d’une telle expérience de foi. Mais si quelqu’un parle sans avoir été envoyé par Dieu, s’il cherche sa propre gloire, son propre intérêt, s’il proclame le mensonge et non la vérité, Dieu, bien sûr, ne pourra pas lui rendre témoignage et sa parole sera vide de cette Présence de l’Esprit. « Le portier » (BJ), le Père, ne lui ouvrira pas la porte… Il ne le peut pas car il n’est que Lumière et Vérité, « en lui point de ténèbres » (1Jn 1,5). C’est ainsi qu’ « il garde la porte », simplement parce qu’Il Est ce qu’Il Est et que le mal ne peut tenir en sa Présence, tout comme les ténèbres en Présence de la Lumière… Les deux sont radicalement incompatibles. Impossible à celui qui fait le mal d’entrer dans le Royaume de l’Amour et de la Paix… C’est pourquoi, dit Jésus, les brebis qui l’écoutent « ne suivront pas cet étranger ; elles le fuiront au contraire, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers », une voix qui est vide de la Présence de l’Esprit. Tout ceci demande bien sûr vigilance et discernement, en Eglise, à la Lumière de ce même Esprit, car le mensonge déploie tous ses talents à nous tromper (cf. Mt 24,23-25)… Aussi, écrit St Paul, « priez sans cesse » pour accueillir cette Lumière de l’Esprit qui ne cesse de jaillir de Dieu, et n’éteignez pas cette Lumière par des actions qui lui seraient contraire : « N’éteignez pas l’Esprit… mais vérifiez tout : ce qui est bon, retenez-le ; gardez-vous de toute espèce de mal » (1Th 5,19-22).

6 – « Les brebis qui appartiennent » à Jésus, sont donc celles qui ont accueilli de tout cœur sa Parole, et avec elle l’action vivifiante de l’Esprit. Comme démarche concrète attestant leur foi, elles ont reçu le baptême : elles ont été marquées d’un sceau par l’Esprit Saint (cf. Ep 1,13 ; 4,30 ; 2Co 1,22). Et ce sceau, dans le contexte de l’époque, évoque la marque que les propriétaires de troupeaux mettaient sur chacune de leurs brebis. Par ce « Oui ! » donné librement au Christ lors du sacrement du baptême, ces brebis ont reçu le sceau de l’Esprit du Christ, elles lui « appartiennent » désormais comme l’écrit St Paul : « Qui a l’Esprit du Christ lui appartient » (Contraire de Rm 8,9). Ainsi, nous qui croyons au Seigneur, « nous appartenons au Seigneur » (Rm 14,8) car « l’Esprit » nature divine que nous avons reçu au jour de notre baptême est le même qui remplit son Cœur en Plénitude. Jésus, en regardant ses disciples, reconnaît en eux la Présence de cette Lumière et de cette Vie qu’il reçoit lui aussi de toute éternité du Père. Enfants du même Père, ils sont, selon leur statut de créature, comme d’autres lui‑même sur lesquels il veillera (Jn 17,12), pour lesquels il priera (Jn 17,9 ; 14,16 ; Lc 22,31-32 ; 1Jn 2,1-2)…

7 – Le Christ Pasteur « appelle » ensuite chacune de ses brebis « par son nom », prenant soin de chacune d’entre elles en particulier… Puis « ils les emmène dehors », ce qui suppose un « dedans » de ténèbres pour passer ensuite « dehors », dans la Lumière. Nous sommes ici au cœur de l’Evangile : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4,18-19). Ce programme de Jésus, St Jean l’exprime avec les notions de « ténèbres » (conséquences du péché, fermeture, repli sur soi) et celles de « Lumière » (retour à Dieu, ouverture de cœur à sa Présence et donc aux autres)… « Moi, Lumière, je suis venu dans le monde pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres » (Jn 12,46). « Qui me suit ne marchera donc pas dans les ténèbres, mais il aura la Lumière de la Vie » (Jn 8,12).

Le discours du Christ Bon Pasteur (Jn 10,7-18)

Jn 10,7-18 (BJ) : Alors Jésus dit à nouveau :

« En vérité, en vérité, je vous le dis, Je Suis la porte des brebis.

(8)       Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ;

mais les brebis ne les ont pas écoutés.

(9)       Je Suis la porte.

Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ;

il entrera et sortira, et trouvera un pâturage.

(10)    Le voleur ne vient que pour voler, égorger et faire périr.

Moi, je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait surabondante.

(11)    Je Suis le bon pasteur ;

le bon pasteur dépose sa vie pour ses brebis.

(12)    Le mercenaire, qui n’est pas le pasteur et à qui n’appartiennent pas les brebis,

voit-il venir le loup, il laisse les brebis et s’enfuit,

et le loup s’en empare et les disperse.

(13)    C’est qu’il est mercenaire et ne se soucie pas des brebis.

(14)    Je Suis le bon pasteur ;

je connais mes brebis et mes brebis me connaissent,

(15)    comme le Père me connaît et que je connais le Père,

et je dépose ma vie pour mes brebis.

(16)    J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ;

celles-là aussi, il faut que je les mène ;

elles écouteront ma voix ;

et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur ;

(17)    c’est pour cela que le Père m’aime,

parce que je dépose ma vie, pour la reprendre.

(18)    Personne ne me l’enlève; mais je la dépose de moi-même.

J’ai pouvoir de la déposer et j’ai pouvoir de la reprendre ;

tel est le commandement que j’ai reçu de mon Père.

            Comment Jésus se présente-t-il en Jn 10,7 et 10,9 ; puis en 10,11 et 10,14 ? Noter à chaque fois le singulier ; de quoi ce singulier est-il synonyme d’après Jn 10,16 ? Retrouver la réponse en ce qui concerne Jésus en 1Tm 2,5 et noter le terme nouveau qui le désigne en ce verset, un terme que l’on retrouve en Hb 8,6 ; 9,15 ; 12,24…

            Nous remarquons à nouveau que l’expression « Je Suis », écrite ainsi, en majuscules, intervient dans notre passage. Cette expression renvoie à Ex 3,14 où Dieu révèle son Nom à Moïse. Nous l’avons déjà souvent rencontrée. Dans la traduction grecque, ce « Je Suis » s’écrit de façon particulière, « Égô éimi », une particularité que reprend ici St Jean. C’est pour lui une façon d’évoquer indirectement le Mystère de la divinité de Jésus. « Le Verbe fait chair » (Jn 1,14) « est Dieu », de toute éternité (Jn 1,1), ce que confessera Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20,28). Alors, en tant que « Dieu », Jésus peut dire de Lui-même, comme le Père et l’Esprit Saint : « Je Suis »… Noter combien de fois cette expression intervient dans notre passage (Jn 10,7-18). Quatre étant un symbole d’universalité, que retrouve-t-on ainsi indirectement ? Cette réponse transparaît encore en Jn 10,16, éclairé par l’expression employée en Jn 4,42 pour décrire la mission de Jésus déjà évoquée en Jn 3,16-17.

            Ainsi, dans son Mystère de vrai Dieu et de vrai homme, Jésus est la Porte et il n’y en a pas d’autre… Et cette Porte est celle que le Père ouvre pour que tous les hommes puissent entrer dans sa Maison. Bien plus, cette Porte est toujours ouverte au sens où le Christ lui-même ouvre les bras à tout homme pour l’accueillir dans sa Lumière et dans sa Vie. Et c’est le Père qui, par l’action de l’Esprit Saint, nous pousse vers Lui (Lc 2,27), nous attire à Lui (Jn 6,44 ; 6,65). Et Jésus fera bon accueil à tous les pécheurs qui se seront laissés attirer vers Lui : « Tout ce que me donne le Père viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors ; car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or c’est la volonté de celui qui m’a envoyé que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour » (Jn 6,37-40).

            Dans ce même Mystère, il est le Bon Pasteur, et là encore, il n’y en a pas d’autre… Et toute la mission du Bon Pasteur est de conduire les brebis dont il a reçu la charge à bon port. Et quel est-il ? Une fois de plus, la Maison du Père, « chez lui » comme l’écrit St Luc dans la Parabole de la brebis perdue déjà citée précédemment… Nous retrouvons d’ailleurs en Jn 14,1-3 ce travail du Bon Pasteur qui cherche sa brebis perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve. Puis, il la prend, la charge sur ses épaules et la ramène « chez lui », dans « la Maison de son Père » : « Que votre cœur cesse de se troubler ! Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, je vous l’aurais dit ; je vais vous préparer une place. Et quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi, afin que, là où je suis, vous aussi, vous soyez ».

            Et dans les versets suivants, Jésus se présentera comme étant « le Chemin », et à nouveau, comme pour l’image de « la Porte » et du « Bon Pasteur », il n’y en a qu’un seul : « Et du lieu où je vais, vous savez le chemin. Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin ? » Jésus lui dit : « Je Suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père sinon par moi » » (Jn 14,4‑6). Et c’est toujours dans son Mystère de vrai Dieu et de vrai homme qu’il est le Chemin. Nous sommes tous invités en effet à devenir par grâce ce qu’il est par nature. Certes, nous sommes des créatures. Lui existe depuis toujours et pour toujours. Mais par‑delà notre mort, nous sommes tous appelés, grâce à son Amour et à sa Miséricorde infinie, à devenir comme Lui en participant nous aussi à sa nature divine… Lui-même est donc la Porte qui nous introduit dans ce Mystère car toute sa mission consiste à nous communiquer ce qu’il reçoit de son Père de toute éternité : la Plénitude de l’Esprit qui est tout en même temps Paix, Amour, Lumière et Vie… Il est « le Bon Pasteur » qui nous conduit pas à pas, de pardon en pardon, de chute en relèvement, à ce mystère de Communion avec le Père, dans l’unité d’un même Esprit… Et il est aussi lui-même « le Chemin » qui nous y conduit, si nous marchons à sa suite, si nous le prenons comme exemple, si nous essayons, par sa grâce, de vivre comme il vit… Nous n’y arriverons jamais vraiment, mais il nous appartient par contre de recommencer sans cesse…

            Voilà donc le but que nous présente le Christ en St Jean : « à ceux qui croient en son nom, il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12), fils comme Lui est Fils… « Va trouver mes frères et dis-leur : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » », dira-t-il à Marie de Magadala juste avant de disparaître à l’immédiateté de son regard (Jn 20,17)… Et ces Paroles, en considération de sa Fidélité et de la Toute Puissance de sa Miséricorde, nous ouvrent cette espérance :

            1Jn 3,1-2 : « Voyez quelle manifestation d’amour le Père nous a donnée

pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes ! (…)

Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu,

et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté.

Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables,

                        parce que nous le verrons tel qu’il est ».

            « En toi est la Source de Vie. Par ta Lumière nous voyons la Lumière » (Ps 36,10). « Je Suis la Lumière du monde », disait Jésus (Jn 8,12)… Il faut donc être « Lumière » pour le voir, c’est-à-dire participer à sa Lumière grâce au Don qu’il nous en fait, gratuitement, par Amour, et avec d’autant plus d’intensité que nous pouvions en être privés par suite de nos fautes… Telle est la logique de la Miséricorde… « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondée » (Rm 5,20). Si nous l’acceptons humblement, si nous y consentons, ce sera toujours la Miséricorde qui aura le dernier mot… Et cette espérance, « nous lui serons semblables » devient alors possible…

            Nous pouvons reprendre ici la définition du Concile de Chalcédoine, qui date du 22 octobre 451, pour percevoir grâce à cette présentation du Mystère du Christ vrai Dieu et vrai homme, ce à quoi nous sommes tous appelés selon notre statut de créatures :

            « Suivant les Saints Pères, nous enseignons tous d’une seule voix un seul et même Fils, Notre Seigneur Jésus Christ, le même parfait en divinité, le même parfait en humanité, le même Dieu vraiment et homme vraiment, (fait) d’une âme raisonnable et d’un corps, consubstantiel au Père selon la divinité (C’est-à-dire : « de même nature que le Père selon la divinité »), consubstantiel à nous selon l’humanité, semblable à nous en tout hors le péché, engendré du Père avant tous les siècles quant à sa divinité, mais aux derniers jours, pour nous et pour notre salut, (engendré) de Marie la Vierge la Theotokos (Mère de Dieu) quant à son humanité, un seul et même Christ, Fils, Seigneur, Fils unique, que nous reconnaissons être en deux natures, sans confusion ni changement, sans division ni séparation ; la différence des natures n’est nullement supprimée par l’union, mais au contraire les propriétés de chacune des deux natures restent sauves, et se rencontrent en une seule personne ou hypostase ; (nous confessons) non pas (un fils) partagé ou divisé en deux personnes, mais un seul et même Fils, Fils unique, Dieu, Verbe, Seigneur, Jésus Christ, comme autrefois les prophètes l’ont dit de lui, comme le Seigneur Jésus Christ lui-même nous en a instruits, et comme le Symbole des Pères nous l’a transmis ».

            Le Pape Paul VI et le patriarche orthodoxe Shenouda III s’inspireront de la formulation de ce Concile de Chalcédoine dans leur déclaration commune de foi signée le 10 mai 1973 :

            « En accord avec nos traditions apostoliques transmises à nos Eglises et conservées en elles, et en conformité avec les trois premiers Conciles œucuméniques, nous confessons une seule foi en l’unique Dieu un en trois Personnes, la divinité du Fils unique incarné de Dieu, deuxième Personne de la Sainte Trinité, Verbe de Dieu, splendeur de sa gloire et image fidèle de sa substance, qui s’est incarné pour nous en prenant pour Lui-même un corps réel avec une âme raisonnable, et qui avec nous a partagé notre humanité, à l’exclusion du péché. Nous confessons que notre Seigneur et Dieu, Sauveur et Roi de nous tous, Jésus Christ, est Dieu parfait pour ce qui est de sa divinité, et homme parfait pour ce qui est de son humanité. En Lui sa divinité est unie à son humanité ; cette union est réelle, parfaite, sans mélange, sans commixtion, sans confusion, sans altération, sans division, sans séparation. Sa divinité n’a été séparée de son humanité à aucun instant, pas même pendant un clin d’œil. Lui, qui est Dieu éternel et invisible, est devenu visible dans la chair et a pris la forme de serviteur. En Lui sont conservées toutes les propriétés de la divinité et toutes les propriétés de l’humanité, unies d’une façon réelle, parfaite, indivisible et inséparable.

            La vie divine nous est donnée et est alimentée en nous par les sept sacrements du Christ dans son Eglise »

            Concluons… Avec le Christ et par le Christ que reçoit-on, dans quelle mesure et par quel moyen (cf. Jn 10,10 ; 7,37-39) ? « Il entrera et sortira »… De quoi cette formule est-elle synonyme (cf. Jn 8,32) ? Que peut-on dire de la notion de « pâturage » en Jn 10,9 à la lumière du Psaume 23(22) cité au tout début… Quelle attitude de cœur fondamentale Jésus attend-il de chacun d’entre nous (cf. ¬ Jn 20,30-31 ; 6,47 ; 5,24 ; ­ Mt 9,2 ; 9,22 ; Mt 14,27 ; Mc 10,49 ; 2Co 1,9 ; Ep 3,11-12) ? Et jusqu’où ira Jésus pour que nous puissions vivre tout cela (cf. Jn 10,11 ; 10,15 ; 10,17-18 ; 15,13 ; 13,1 ; 1Jn 3,16 ; Rm 5,6-8 ; 1Tm 2,6) ? De plus, que nous apprennent, en contraste, les verset 12 et 13 sur l’attitude de Jésus lorsque ses disciples connaissent l’épreuve ? Et si c’est effectivement Jésus qui agit, quel sera le résultat (cf. Jn 1,5 ; 12,31 ; 16,33 ; 10,28-29 ; 1Jn 2,13-14 ; 4,4 ; Ap 12,10-11 ; 1Co 15,24-28) ? Et par quel moyen agit-il (cf. Mt 12,28) ? Quel appel ne cesse-t-il donc de nous lancer (cf. Mt 26,41 ; Ep 6,18 ; Lc 21,36 ; 1P 5,6-9) ? Et de fait, que recevra-t-on alors (cf. Lc 11,13 ; Jn 4,10 avec le symbolisme expliqué en Jn 7,37-39) ?

Le verbe « connaître » intervient quatre fois en Jn 10,14-15. Nous l’avons déjà rencontré : « connaître », dans la Bible, c’est avant tout « vivre » quelque chose, « faire l’expérience » de quelque chose… L’aspect « vie » est premier ; la nuance de « connaissance » par l’intelligence n’intervient que comme une des conséquences de ce qui est vécu… La Bible de Jérusalem donne en note pour Jn 10,14 : « Dans la Bible, « la connaissance » procède, non d’une démarche purement intellectuelle, mais d’une « expérience » d’une présence ; elle s’épanouit nécessairement en amour ». Et la TOB : « Dans la tradition biblique, la connaissance entre personnes implique l’amour : la connaissance qui lie Jésus et les siens trouve sa source et sa plénitude dans l’amour qui lie le Fils et le Père. » Or, nous l’avons déjà vu, l’amour qui lie le Fils et le Père est Mystère de communion dans l’unité d’un même Esprit, un lien vital qui unit ces deux Personnes divines… En effet, le Fils vit du Père (Jn 6,57) car il reçoit de Lui, de toute éternité, son Être et sa Vie (Jn 5,26). La « connaissance » que le Fils a de son Père est la conséquence de ce Mystère de Communion qui l’unit à son Père, un Mystère vital car l’Esprit « nature divine » qu’il ne cesse de recevoir de Lui est Vie… « Dieu est Esprit » et « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 4,24 ; 6,63)… Et cette Vie du cœur, accueillie et reconnue avec attention par l’intelligence, devient « connaissance »… Ainsi, « connaître » c’est avant tout « vivre » de cet « Esprit qui vivifie », l’Esprit qui jaillit du Père et que le Fils reçoit de toute éternité, un Esprit qui l’engendre en Fils et qu’il est venu nous communiquer pour que nous soyons des fils à son image (Rm 8,29)… « L’Esprit vivifie », et c’est cette « vie » qui est source de « connaissance » pour l’intelligence attentive : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jn 17,3). En effet, celui ou celle qui « connaît » « Dieu » le Père par cette vie de l’Esprit ne peut que « connaître » au même moment « Jésus Christ » puisque celui-ci est comblé par le Père de toute éternité de ce même Esprit ! C’est pourquoi Jésus disait à ses adversaires : « Vous ne connaissez ni moi ni mon Père ; si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père », il ne peut en être autrement (Jn 8,19). En effet, lorsque Jésus dit « Je Suis la Lumière du monde » (Jn 8,12), c’est en Fils qu’il parle, « engendré non pas créé, de même nature que le Père » car il est « Dieu né de Dieu, Lumière né de la Lumière » (Crédo) et cela de toute éternité. « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5) : sa nature est Esprit et Lumière. Le Père est Esprit et Lumière, et Jésus est « de même nature » que le Père : il est Esprit et Lumière, le même Esprit, la même Lumière, alors que Lui est Fils et non pas Père… Alors quiconque voit « la Lumière » du Fils, ne peut que voir, au même moment, « la Lumière » du Père, car cette Lumière est celle de l’Esprit que le Père et le Fils possèdent en commun, le Fils pour le recevoir du Père de toute éternité…

Et pour nous, voir « la Lumière » n’est possible qu’en accueillant de tout cœur cette même Lumière : « En toi est la Source de Vie, par ta Lumière, nous voyons la Lumière » (Ps 36(35),10). Or cette Lumière est celle de l’Esprit, l’Esprit qui vivifie, l’Esprit qui est Vie… Autrement dit, voir « la Lumière » c’est vivre de l’Esprit. Alors, l’intelligence attentive saura reconnaître cette Vie nouvelle. Telle est la connaissance évoquée par St Jean… Elle ne peut être vécue que dans le cadre d’une relation à Dieu, une relation de cœur, tourné vers Lui pour recevoir de Lui le Don de l’Esprit… Mais se tourner vers Dieu, Lumière et Vérité, c’est au même moment se détourner du mal, des ténèbres, du mensonge… C’est se convertir et accepter de faire la vérité dans sa vie, vérité de notre misère, de nos faiblesses, de nos limites dans la Lumière de la Miséricorde de Dieu qui veut inlassablement notre vrai bien plus que nous-mêmes… Alors, grâce à Lui, cette vérité devient possible, acceptable, car elle se fait dans sa Tendresse… Notre péché reconnu et offert sera enlevé par « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29) et qui, au même moment, nous remplit de tout ce dont nous étions privés par suite de nos fautes : son Esprit qui est Lumière et Vie… Alors, « ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père et vous en moi et moi en vous » (Jn 14,20), unis l’un à l’autre dans la communion d’un même Esprit… Mais ici‑bas, cette « connaissance » sera toujours de foi, bien réelle mais insaisissable, « en énigme » (1Co 13,12), le « je ne sais quoi » de Ste Thérèse de Lisieux…

Notons qu’en Jn 10,14, le premier à « connaître » entre Jésus et ses brebis, c’est Jésus… Il nous « connaît » tous à fond… « Comme il était à Jérusalem durant la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il faisait. Mais Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et qu’il n’avait pas besoin d’un témoignage sur l’homme : car lui-même connaissait ce qu’il y avait dans l’homme » (Jn 2,23-25). Et si nous acceptons de nous laisser connaître tels que nous sommes, si nous ouvrons nos cœurs au Christ Miséricordieux qui nous connaît mieux que nous‑mêmes, alors il agira en nous par son Esprit et, petit à petit, il nous purifiera, il nous transformera, il nous vivifiera. Et nous ne pourrons que constater les conséquences de son action par cette dimension nouvelle, discrète, paisible mais irrésistible, qui commencera à régner dans nos vies… « Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent » grâce à l’Esprit « Eau Vive » que je leur donne : « Si tu savais le Don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’Eau vive » (Jn 4,10). Et les brebis connaissent Jésus « comme le Père me connaît et que je connais le Père ». Remarquons que si Jésus est pour nous à la première place, « je connais mes brebis et mes brebis me connaissent », pour lui, c’est le Père qui est à la première place, « le Père me connaît et je connais le Père »… Si la connaissance que les disciples ont de Jésus vient de Jésus et du Don que leur fait Jésus de l’Esprit, la connaissance que le Fils a du Père vient du Père et du Don de l’Esprit que le Père lui fait de toute éternité…

Et Jésus, le Fils, cette Personne divine par qui l’univers fut créé (Jn 1,3) et qui, à un instant du temps s’est fait chair (Jn 1,14) pour nous rejoindre, va donner sa vie pour que nous puissions vivre grâce à Lui ce qu’il vit grâce à son Père ! « Le poids » de ce don n’est en rien comparable au « poids » de celui ou celle qui le reçoit… Folie de Dieu qui veut de tout son Être, infini, notre salut et notre vie. Et ceci est valable pour tout être humain qui a vécu, qui vit et qui vivra sur cette terre… « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » par le Don de « l’Esprit de Vérité » (Jn 16,13), « l’Esprit qui vivifie » et qui sauve en donnant la vie, l’Esprit qui permet de « connaître la vérité » du « Dieu véritable » (Jn 17,3) en communiquant cette Vie même de Dieu… Et Jésus est « l’unique médiateur entre Dieu et les hommes » ; « il s’est livré en rançon pour tous », afin que la volonté du Père s’accomplisse : « que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,3-6)… C’est pourquoi il déclare ici : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur » (Jn 10,16)…

Enfin, Jésus affirme pour la troisième fois « je donne ma vie » en précisant : « J’ai pouvoir de la donner et j’ai pouvoir de la reprendre ». Or, en St Jean, tout pouvoir du Fils vient du Père : « le pouvoir d’exercer le jugement » (Jn 5,27), « le pouvoir sur toute chair de donner la vie éternelle » (Jn 17,1-2)… Ici, Jésus va donner sa vie et c’est le Père qui va lui donner de se donner… C’est ainsi que le Père nous donne son Fils : « Le Pain qui vient du ciel, le vrai, c’est mon Père qui vous le donne… Je Suis le Pain de Vie » (Jn 6,32-35). Et Jésus dit un « Oui ! » de tout cœur à son Père, pour la vie du monde, pour notre vie à tous… Il participe pleinement, en toute liberté, à ce don : « Je Suis le pain vivant, descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra pour toujours. Et le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde » (Jn 6,51). Le Père lui donnera de se donner, il accepte et il mourra sur la Croix pour notre salut. « Je donne ma vie pour mes brebis… Personne ne me l’enlève ; mais je la donne de moi‑même. J’ai pouvoir de la donner », un pouvoir reçu du Père, « et j’ai pouvoir de la reprendre », là encore un pouvoir reçu du Père car c’est le Père qui va ressusciter son Fils d’entre les morts, par la puissance de l’Esprit Saint (cf. Ac 2,24 ; 2,32 ; 3,15 ; 3,26 ; 4,10 ; 5,30 ; 13,30-37; Rm 6,4 ; 8,11 ; 10,9 ; 1Co 6,14 ; 15,15 ; Ga 1,1 ; Col 2,12 ; 1Th 1,9-10). Puis il lui donnera encore de pouvoir se montrer à ses disciples (Ac 10,40) et c’est toujours le Père qui « emportera » son Fils au jour de son Ascension (Lc 24,51). « Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux sur la terre et sous la terre et que toute langue proclame que le Seigneur c’est Jésus Christ à la gloire de Dieu le Père » (Ph 2,9-11). Le Nom, dans la Bible, renvoie au Mystère de celui qui le porte… Nous retrouvons ici que tout ce qu’est Jésus, tout ce qu’il vit, tout ce qu’il fait, il le reçoit de son Père…

Jésus vient de se présenter comme « le seul » « Bon Pasteur » qui, bientôt, donnera sa vie pour le salut du monde… Certains accepteront de le croire, secoués notamment par les signes magnifiques qui s’opéraient par ces mains, mais d’autres resteront dans les ténèbres de leur péché, avec cette terrible logique du démon qui accuse l’autre de ce qui, en fait, le concerne en premier… « Il a un démon », disent-ils du Fils Unique Lumière du monde ! Mais non, ce sont eux qui sont dans les ténèbres et qui se révèlent, par leur attitude, des « fils du diable » : « Si ton œil est malade, ton corps tout entier sera ténébreux. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres ! » (Mt 6,23) En effet, pour eux, même le Christ Lumière du monde est ténèbres ! « Vous êtes du diable, votre père, et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir » (Jn 8,44)…

Ainsi, certains croient dans le Christ, d’autres refusent. « Il y eut de nouveau une scission »… Et tel est, en St Jean, le jugement… Ce n’est pas Dieu qui condamne, c’est l’homme qui se condamne lui-même en refusant de croire en Jésus, l’unique Sauveur du monde… Rappelons-nous Jn 3,16-18 :

« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, l’Unique-Engendré,

afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle.

Car Dieu n’a pas envoyé le Fils dans le monde pour juger le monde,

mais pour que le monde soit sauvé par son entremise.

Qui croit en lui n’est pas jugé ;

qui ne croit pas est déjà jugé,

parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils Unique-Engendré de Dieu ».

« Qui me rejette et n’accueille pas mes paroles a son juge :

la parole que j’ai fait entendre, c’est elle qui le jugera au dernier jour » (Jn 12,48).

Et la Parole que Jésus a fait entendre et continue de faire entendre à tous les pécheurs que nous sommes est :

« Je ne te condamne pas ; va, désormais ne pêche plus » (Jn 8,11)…

Puissions-nous, jour après jour, « ne jamais désespérer de sa Miséricorde » (St Benoît)…

Jacques Fournier

Correction de la fiche N° 18 :

CV – 18 – Jn 10,1-21 corrige




1er Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (St Matthieu 4, 1-11)

 « Alors le diable le quitte. »

 

Oh ! comme nous aimerions qu’il en soit de même pour nous !

Pèche, colère, emportement, rixe, mensonge, fausseté …, « en pensée, en parole, par action et par omission », oui, vraiment, nous sommes pécheurs, et plus souvent qu’on ne le voudrait.

La plupart du temps, on le regrette aussitôt, mais parfois le mal est fait, … et il est bien difficile de revenir à l’état antérieur d’unité, de respect de l’autre, d’amour, envers Dieu et envers les autres …

Mais si le diable a quitté Jésus, au bout des quarante jours que celui-ci a passé dans le désert, en communion avec son Père, avant même qu’il n’entame sa vie publique, il n’en n’a pas pour autant fini avec lui … et il n’aura de cesse d’attiser la haine dans le cœur des ’’bons juifs’’, les docteurs de la loi, les scribes, les pharisiens … pour contrer Jésus, essayer de le déstabiliser, … et enfin en les décidant à mettre Jésus à mort.

Et pendant la Passion, Il se vengea en instrumentalisant Judas : « Et, quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui. » (Jn 13,27), le sanhédrin, des faux témoins, même Pierre qui renie Jésus … et jusqu’à Jésus dans l’esprit duquel il « met le trouble » pour l’empêcher d’aller jusqu’au bout de sa mission : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! » (Mt 26,39a), ou encore : « Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? » (Jn 12,27a).

Mais la tentation de Jésus n’est que fugace, et il n’entre pas en elle, et vite il se reprend : « Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » (Mt 26,39b) et « Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! » (Jn 12,27b).

Cela n’a pas eu d’influence sur Jésus parce qu’à chaque fois, il s’en remet à son Père et à sa mission. Il n’empêche que Jésus a connu la tentation, comme nous, et de ce fait, il peut compatir à nos faiblesses : « En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. » (He 4,15). C’est la relation constante avec son Père, l’unité entre lui et son Père, qui permet à Jésus de déjouer les désirs du Démon ; c’est son obéissance à son Père qui lui donne raison : « De même que par la désobéissance d’un seul être humain la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle rendue juste. » (deuxième lecture).

Il en était de même lors de la tentation au désert.

« Si tu es le Fils de Dieu … »

La tactique préférée du Malin est de mettre le doute dans l’esprit des gens. Et il en fait de même avec Jésus. Or le Père venait juste de dire à Jésus, juste avant qu’il entre au désert, à l’issu de son baptême : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. » (Mt 3,17), et tous ceux qui étaient là l’avait entendu.

Mais Jésus reprend le Malin en utilisant une phrase de la Torah, mettant par là-même toute son action dans la ligne définie par Dieu à travers la Loi.

Au début de ce carême qui nous mène vers Pâques, prenons conscience des tentations qui sont mises devant nous, et pour certaines desquelles nous ne pensons même pas que ce sont des tentations. Mais chacune peut être assimilée à l’une de celles qu’a subi Jésus :

– La tentation de notre bien-être personnel. Nécessaire, mais qui peut aussi amener à de la suffisance envers les autres, à l’égoïsme …

– La tentation de la richesse, du pouvoir … qui concerne tout le monde, et pas seulement ceux qu’on appelle les ’’grands de ce monde’’. On la trouve dans les couples, dans nos familles, dans les paroisses, dans nos quartiers, dans notre vie sociale, politique, ou économique …

– la tentation de vouloir être comme des dieux (première lecture), qui existe encore, qui est peut-être plus sournoise. Notamment avec le développement des connaissances et les avancées de la science, avec tous les problèmes liés à la dignité de l’homme : eugénisme, euthanasie, réalité augmentée, PMA, GPA … mais pas seulement … quand on demande à Dieu de faire nos volontés.

Les tentations existent pour tous. Et d’un sens, heureusement, car elles nous permettent de réfléchir sur ce que nous devons faire, d’avancer … dans un sens ou dans l’autre, en souhaitant que ce soit dans le sens de la dignité, de l’amour ’’vrai’’ des autres et non pas égoïste.

C’est ce que nous dit saint Jacques : « Considérez comme une joie extrême, mes frères, de buter sur toute sorte d’épreuves (de tentations). Vous le savez, une telle vérification de votre foi produit l’endurance, et l’endurance doit s’accompagner d’une action parfaite, pour que vous soyez parfaits et intègres, sans que rien ne vous manque. » (Jc ,1,2-4), ou encore saint Antoine, le père des moines : « Supprimez les tentations, et personne ne sera sauvé. ». En effet, alors il n’y aurait plus de remise en causes de nos actions, d’adhésion réelle à l’enseignement du Christ, de désir de vouloir être sauvé.

Alors, quand vous ressentez une tentation devant vous, un seul remède, se mettre en face de Dieu et le prier de nous aider, « prenez l’humilité comme tenue de service. En effet, Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce. Abaissez-vous donc sous la main puissante de Dieu, pour qu’il vous élève en temps voulu. Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, puisqu’il prend soin de vous. Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui avec la force de la foi, car vous savez que tous vos frères, de par le monde, sont en butte aux mêmes souffrances. » (1P 5,5-9).

La prière est la seule solution. D’ailleurs Jésus le disait à ses apôtres : « Priez pour ne pas entrer en tentation. » (Lc 22,40.46).

Seigneur Jésus,

Tu as été tenté par le Démon,

mais tu n’as jamais succombé

parce que tu étais toujours en lien

avec ton Père qui te soutenait.

Fais qu’à chaque fois que nous sommes tentés

 nous ayons le réflexe de nous mettre

 en relation avec ton Père,

qui saura bien nous aider.

 

Francis Cousin

 

  

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Prière dim carême A 1°




1er Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 4, 1-11).

Dans la vie du Fils,

le Père est à la première place …

 

En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable.
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
Mais Jésus répondit : « Il est écrit : ‘L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.’ »
Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple
et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : ‘Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre.’ »
Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : ‘Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.’ »
Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire.
Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. »
Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : ‘C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte.’ »
Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.

« Jésus fut conduit au désert par l’Esprit » et donc par Dieu son Père qui fait tout pour son Fils par l’Esprit. Jésus est docile, obéissant : « J’aime le Père et je fais comme le Père m’a prescrit » (Jn 14,31). Le but visé ici est de manifester la victoire de Dieu sur le mal car si « le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,14) par l’Esprit (Lc 1,35), c’est pour « arracher » tous les hommes « à l’empire des ténèbres et nous transférer dans son Royaume » (Col 1,13-14) de Lumière et de Paix, par le Don de ce même Esprit. Au désert, la Lumière du Christ va donc briller dans les ténèbres et celles-ci ne pourront rien contre elle (Jn 1,5). Cette victoire est appelée désormais à devenir la nôtre si nous acceptons de l’accueillir par le libre consentement de notre foi… « Il faut les laisser faire là haut » (Ste Thérèse de Lisieux)…

Jésus jeûne « quarante jours et quarante nuits »… Vrai homme, il est fragilisé, il a faim… Le démon le sait. Pour soulager sa faiblesse, et il va l’inviter à adopter l’image pervertie de Dieu qui est la sienne : un Dieu Tout Puissant qui utilise sa Force pour Lui même, pour son propre avantage… Logique de l’égoïsme… Mais telle n’est pas celle du Fils qui demeure dans l’Amour du Père (Jn 15,10) et qui, jour après jour, attend tout de sa Bonté… Aux pains destinés à entrer dans « sa » bouche, Jésus oppose « la parole qui sort de la bouche » du Père pour lui dire tout son Amour : « Tu es mon Fils bien‑aimé, en toi j’ai mis tout mon amour » (Mc 1,11). Elle est son Pain de Vie, car cette Parole est un acte : le Don éternel de l’Esprit par lequel le Père engendre le Fils de toute éternité en Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, lui donnant ainsi de partager sa Plénitude d’Être, de Vie, de Joie et de Paix…

            Puis le démon, en citant par ruse la Parole de Dieu, va inciter Jésus à se mettre à la première place en sommant le Père d’agir pour lui… Mais le Fils n’a pas besoin de le provoquer pour savoir qu’Il est là avec Lui (Jn 8,29), invisible mais actif, et cela toujours pour son bien… « Le Seigneur fait tout pour moi, Seigneur, éternel est ton Amour, n’arrête pas l’œuvre de tes mains » (Ps 138(137),8).

            Troisième tentation, celle du pouvoir. Pour le démon, la puissance sert à dominer, à écraser, à s’imposer pour se glorifier aux dépends d’autrui. Jésus le sait : il est le Messie, le Roi promis par les prophètes. Il a reçu du Père « les nations en héritage », pour les sauver (cf. Lc 3,21-22 et Ps 2,7-8 ; Jn 3,16-17 ; 4,42). En lui mentant, car c’est « Dieu » seul qui « donne au roi ses pouvoirs » (Ps 72,1 ; Jn 19,11), le démon va essayer de faire naître en lui la convoitise pour le pousser à accomplir sa vocation selon sa logique à lui… « Tout cela, je te le donnerai »… Mais non, ce n’est pas le démon qui donne quoique ce soit ; lui, il ne sait que « voler, égorger et faire périr » (Jn 10,10). C’est le Père qui, dans son Amour, ne cesse de se donner entièrement à son Fils, de Lui donner tout ce qu’Il Est, lui donnant ainsi d’être « Lumière née de la Lumière », une Lumière qui est Plénitude de Vie et de Joie. « Moi, je suis sûr du Seigneur. Ton amour me fait danser de joie » Ps 31(30),7-8). C’est donc Lui que Jésus écoute, « tu es mon Fils bien-aimé », c’est vers Lui qu’il se tourne (Jn 1,18), se laissant combler par le Père (Jn 5,26) qui, de son côté, ne cherche, ne désire et ne poursuit que le meilleur pour son Fils… A nous, maintenant, de faire de même…                                DJF

 




Fiche N° 19 : Jésus se déclare Fils de Dieu (Jn 10,22-42)…

Cet entretien est le dernier de Jésus avec ceux qui, parmi les Juifs, refusaient de croire en lui… St Jean les appelle « les Juifs », mais nous avons toujours à bien interpréter le contenu d’une telle expression…

            « La scène se passe dans le Temple, lors de la fête de la Dédicace. Celle-ci commémore la nouvelle consécration, en décembre 164 avant JC, de l’autel du sanctuaire qui avait été profané trois ans auparavant par Antiochus Epiphane. D’où son nom hébreu « hannuka, consécration », en grec « egkainia, renouvellement ». Sa liturgie qui s’étend sur huit jours, ressemblait à celle de la fête des Tentes, car, durant cette dernière solennité, avait eu lieu la Dédicace du premier Temple par Salomon »[1] (970-931 avant JC).

            Nous sommes donc « vers la fin de décembre », d’après une note de la TOB. C’est l’hiver, il fait froid, « Jésus allait et venait dans le Temple sous le portique de Salomon » pour se réchauffer. « Le portique de Salomon, sur le côté Est du Temple, était l’une des galeries à l’air libre, délimitée par des colonnades, qui entouraient la grande esplanade et qu’une muraille abritait du vent. C’était un lieu fréquenté par la foule, qui s’y rassemblait pour entendre l’enseignement de la Loi ». Mais avec Jésus, « le Verbe fait chair », ils entendront la Parole du Père qu’il est venu nous transmettre…

            Noter la liberté de Jésus en Jn 10,23. Que se passe-t-il au verset suivant ? Sur quel point précis se centre la question de ses interlocuteurs ? N’oublions pas que le terme employé vient du grec « khriô, oindre » ; quel autre terme, venant cette fois de l’hébreu, lui est synonyme (cf. Jn 1,41 ; 4,25 ; on le retrouve en Ps 2,2 ; 20(19),7 ; 28(27),84(83),10 ;  132(131),10.17 ; Dn 9,25-26 ; noter qu’il apparaît en tout dix fois dans la Bible, un chiffre qui renvoie à la Parole de Dieu (les « Dix Paroles » d’Ex 20,1-17). Et tout s’accomplira avec Jésus, « la Parole faite chair » (Jn 1,14) !) ? Toutes les Ecritures annonçaient sa venue (cf. Mt 2,1-8 et tout spécialement les versets 4-6 qui citent Mi 5,1 ; cf. Mt 21,1-11 qui cite Za 9,9-10 ; cf. Lc 4,16-22 où Jésus se présente avec un extrait du prophète Isaïe (61,1-2) comme étant celui que « le Seigneur a consacré par l’onction » ; enfin, voir Lc 24,44-48). Et qu’est-ce que Jésus a dit ouvertement en Jn 5,39 ?

            Mais pour les aider à croire, Jésus va les inviter à reprendre le chemin emprunté autrefois par Nicodème, un Pharisien spécialiste des Ecritures, bien connu parmi les Juifs… Noter en Jn 3,1-2 qu’il part des « œuvres » accomplies par le Christ pour reconnaître que « Dieu est avec lui » et qu’il « vient de la part de Dieu comme un Maître »… C’est un premier pas vers la pleine reconnaissance de son Mystère…

            Jésus repart donc ici des œuvres, des signes… Bien noter les expressions employées aux versets 25, 32, 37, 38 puis, relire Jn 5,19-20, un texte unique dans l’Evangile de Jean où Jésus nous révèle son Mystère de Fils. Qui donc accomplit tous ces signes ? Comment Jésus se comprend-il (cf. Ac 3,13.26 ; 4,27.30) ? Les expressions relevées précédemment suggèrent au moins deux points vis-à-vis de Jésus :

            1 – Comment se présente-t-il en Jn 10,36 ; 11,42 ; 12,44 ; 5,37 ; 6,38… ?

                        Est-il à l’origine de sa venue dans le monde (cf. Jn 7,28) ?

           2 – Que vit-il, instant après instant, au plus profond de lui-même (cf. Hb 5,8 ; Rm 5,19) ? Cette notion est à la racine de l’expression « au nom de… » qui intervient en Jn 5,43 et 10,25. En tout ce qu’il vit (cf. Jn 6,57), en tout ce qu’il dit (cf. Jn 8,40 ; 12,49-50), en tout ce qu’il fait (cf. Jn 5,19-20), Jésus n’a qu’un seul souci, lequel (cf. Jn 4,34) ? Dans ce dernier texte, le mot « œuvre » intervient également en une expression très large qui englobe toute la mise en « œuvre » du salut : de quel pronom possessif est-il précédé ? Autrement dit, cette « œuvre » que Jésus accomplit, est-ce la sienne ?

            Insistons bien sur cette disposition de cœur qui l’habite continuellement, car, si nous désirons nous mettre à sa suite, nous devrions être habités nous aussi par la même disposition…

           La réalité de ces actes concrets qui se mettent en œuvre dans son ministère lui rendent donc témoignage : il est vraiment l’Envoyé du Père, le Serviteur du Père avec qui et par qui le Père agit pour le salut du monde… Mais ces œuvres, ces signes, « visibles », renvoient à leur cause « invisible » : le Père qui « est Esprit » (Jn 4,24). « L’Esprit » en effet est par nature « invisible » et « insaisissable ». Celui qui n’accepte pas la possibilité de son existence cherchera toujours une autre raison susceptible d’avoir produit ces œuvres, ces signes. En effet, un signe, un miracle est « un fait extraordinaire où l’on croit reconnaître une intervention divine, bienveillante, auquel on confère une signification spirituelle » (Définition du Petit Robert). Notons bien tous les termes. « Où l’on croit reconnaître une intervention divine » : un signe, un miracle ne peut qu’être accueilli par la foi. Celui qui refuse de croire et donc d’envisager la possibilité d’une « intervention divine » ne pourra jamais reconnaître un miracle comme tel… Mais celui qui, de bonne volonté, acceptera une telle éventualité, pourra examiner avec toute la rigueur nécessaire les faits survenus et il constatera qu’aucune explication « naturelle » n’est satisfaisante… Cette conclusion, qui ne dit toujours rien de la cause du miracle, pourra alors l’aider à faire le saut de la foi… En effet, « guérison ou pas, miracle ou pas, un tel événement a d’abord et avant tout valeur de signe, ni plus ni moins. Et un signe s’adresse obligatoirement à notre liberté, sinon ce n’est plus un signe ; ce qui fait qu’un signe ne se prouve pas : ce ne serait plus un signe ! Et un signe religieux – dans la mesure où il s’effectue dans un contexte religieux – est fait pour éprouver la foi de tout un chacun, non pour contraindre quiconque à croire ! », écrit le Docteur Patrick Theillier, responsable du Bureau médical de Lourdes[2]. Et Dieu ne contraindra jamais qui que ce soit à croire en Lui et en son Fils : il nous a tous créés libres, il nous veut libres, et sa grande œuvre accomplie par son Fils est justement de travailler à ce que nous soyons vraiment libres. Car ce n’est qu’au cœur de notre liberté pleinement vécue que naîtra dans nos cœurs un Amour vrai, pour Lui et pour nos frères… Nul ne peut contraindre qui que ce soit à aimer, pas même Dieu !

            Souvenons-nous de Jn 8,31-36 où Jésus s’adresse à ceux qui, parmi les Juifs, avaient accepté de croire en Lui : « Jésus dit alors aux Juifs qui l’avaient cru : Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, et vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libérera… En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave. Or l’esclave ne demeure pas à jamais dans la maison, le fils y demeure à jamais. Si donc le Fils vous libère, vous serez réellement libres ». Indirectement, nous retrouvons ici toute l’œuvre du Père accomplie par le Fils : nous faire « connaître » par sa Parole « la vérité » de son Amour qui, pour nous pécheurs, ne cesse de prendre le visage de la Miséricorde. Dieu poursuit inlassablement notre bien, désirant faire disparaître de nos cœurs tout ce qui les tourmente, les blesse, les abime, les souille. Tant qu’il y aura encore du péché dans nos vies, son seul mouvement sera de l’enlever pour que nous retrouvions vite avec Lui la Plénitude de sa Paix… « Demeurer dans sa Parole » revient donc en fait à demeurer exposé de cœur à cet Amour de Miséricorde pour qui rien n’est jamais perdu… Alors il agira et nous aidera petit à petit, par cette Présence douce, discrète mais victorieuse de l’Esprit, à sortir de nos ornières, ce péché ayant le redoutable pouvoir de faire de nous ses esclaves… « Quiconque commet le péché est esclave du péché, mais si le Fils vous libère, vous serez réellement libres »… De plus, l’esclave du péché et des ténèbres ne peut pas « demeurer dans la Maison » « du Père des lumières, chez qui n’existe aucun changement, ni l’ombre d’une variation » (Jc 1,17). Sa Miséricorde inaltérable est toujours prête à accomplir le meilleur pour chacun d’entre nous… Alors, si « l’esclave du péché » accepte de se laisser aimer, le meilleur arrivera pour lui : sa libération de l’emprise des ténèbres pour expérimenter enfin cette liberté intérieure qui fera de lui, en toutes circonstances, un homme libre. « Si le Fils vous libère, vous serez réellement libres », profondément libres… Telle est donc l’œuvre que le Père désire accomplir pour chacun d’entre nous par son Fils sur la seule base de sa Miséricorde qui ne cesse de nous proposer le pardon de toutes nos fautes pour que nous puissions connaître le seul vrai bien qui soit : être en communion de cœur avec Lui dans la Plénitude et la Paix de son Esprit. Et c’est de ce bonheur intérieur reçu gratuitement, par amour, que naîtra notre « merci ! » : « Avec joie, vous remercierez le Père qui vous a mis en mesure de partager le sort des saints dans la lumière. Il nous a en effet arrachés à l’empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés » (Col 1,12-14). Et notre joie fera la joie de Dieu… « Il y a plus de joie au ciel pour un seul pécheur qui se convertit que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion » (Lc 15,7).

            Le Petit Robert parlait d’un signe comme « une intervention divine, bienveillante, auquel on confère une signification spirituelle ». Le but de tout signe est ainsi de renvoyer au-delà de lui-même, vers une réalité qu’il « signifie »… Il s’agit donc face à un signe de chercher sa « signification spirituelle », ce qu’il veut dire… Le signe, le miracle, n’est donc pas un point d’arrivée mais au contraire le début d’un cheminement vers plus de vie, de joie intérieure, de paix…

            Avec le Christ, cette « signification spirituelle » est toute centrée sur l’homme. Sa Parole et son action n’ont d’autre but que son plein accomplissement : qu’il soit pleinement lui-même ! Or tout homme est un être à la fois :

                    1 – De chair et de sang, avec son corps.

                    2 – Mais aussi avec une dimension d’intériorité : son âme qui englobe de multiples aspects : sa volonté, sa sensibilité, son intelligence, sa mémoire…

               3 – Et les racines de son être, ce qu’il fait qu’il est ce qu’il est, une personne humaine unique, sont à chercher du côté de « l’esprit ». Chacun de nous, en ses racines les plus profondes, « est esprit »…

            St Paul reprend ces trois aspects en 1Th 5,23-24 : « Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie totalement, et que votre être entier, l’esprit, l’âme et le corps, soit gardé sans reproche à l’Avènement de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, celui qui vous appelle : c’est encore lui qui fera cela ».

            Or, notre esprit a la mystérieuse capacité d’accueillir l’Esprit de Dieu. St Paul en parle en termes « d’union » : « Dieu ne nous a pas réservés » pour les ténèbres et les multiples tourments qui sont les conséquences de nos fautes, « mais pour entrer en possession du salut par notre Seigneur Jésus Christ, qui est mort pour nous afin que nous vivions unis à lui » (1Th 5,9-10). Ainsi, l’Esprit de Dieu, qui reste l’Esprit de Dieu, vient-il s’unir à notre esprit qui nous constitue, qui fait que nous sommes ce que nous sommes : cette personne humaine unique créée à un instant du temps… Cet Esprit est celui que la Personne divine du Fils reçoit de la Personne divine du Père de toute éternité… Et nous avons tous été créés pour que nous puissions vivre de sa Plénitude en le recevant à notre tour… St Paul l’explique en un texte unique : nous avons tous été « prédestinés à reproduire l’image du Fils, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères » (Rm 8,29). Ainsi, celui qui, par sa foi au Fils, reçoit du Père le même Esprit que reçoit le Fils de toute éternité, vit en communion avec le Fils, et bien sûr avec le Père, dans « l’unité » de ce même « Esprit » (Ep 4,3). St Paul le redit autrement : « Celui qui », par le « oui » de sa foi, « s’unit au Seigneur, n’est avec lui qu’un Esprit » (1Co 6,17). Toute l’aventure de notre vie est à creuser « par là »… C’est « là » que se trouve le vrai bonheur qu’il est possible d’expérimenter dès maintenant, dans l’invisible de la foi, en le vivant… « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20,29), car ils ont par leur foi et dans la foi, accueilli le Don de Dieu, l’Esprit que le Père des Miséricordes ne cesse de mettre dans nos cœurs en nous arrachant à toutes nos misères… Et le fruit de l’Esprit est « vie » (Jn 6,63), « paix, joie » (Ga 5,25)… St Luc évoquera cet accomplissement de l’homme avec l’expression « être rempli d’Esprit Saint » (Lc 1,15.41.67 ; 4,1 ; Ac 2,4 ; 4,8.31 ; 5,3 ; 6,3.5 ; 7,55 ; 9,17 ; 11,24 ; 13,9.52 ; voir aussi Dt 34,9 ; Si 39,6 ; 48,12) … Dieu, au plus profond de notre être, nous a créés « esprit » pour nous remplir de son Esprit. Notre « esprit » est donc une capacité spirituelle destinée à être remplie de l’Esprit de Dieu… Marie, « comblée de grâce » (Lc 1,28), nous montre le chemin. La Plénitude de la vie est à chercher par « là »… Et St Paul nous présente l’accomplissement de l’humanité, lorsque tout ce qui s’oppose à la vie n’existera plus, en ces termes : « Dieu sera tout en tous » (cf. 1Co 15,24-28). Chacun sera alors pleinement « rempli » de cet « Esprit » que le Père donne au Fils de toute éternité…

            Tel est donc le but que Jésus poursuit pour chacun d’entre nous… Tous les signes qu’il accomplit disent en actes, de manière visible, cette Plénitude de Vie qu’il est venu nous offrir par le Don de l’Esprit… Mais il faut que nous apprenions, petit à petit, à reconnaître cet Esprit déjà donné (1Th 4,8), invisible mais réellement présent à nos cœurs et à nos vies. Et la signature de sa Présence est la paix intérieure… Cette paix, nous la reconnaîtrons d’autant mieux, en contraste, lorsque Dieu, inlassablement, nous arrachera à nos misères et à ses tourments, pour nous la donner gratuitement, par amour… Telle est « la Maison du Père » dans laquelle il veut que nous entrions dès maintenant, dans la foi et par notre foi… Tel est « le Royaume de Dieu » qui, avec le Fils, s’est approché de tous les pécheurs pour qu’ils puissent enfin connaître avec lui le repos et la paix…

            Hélas, ici, en Jn 10,25-26, les interlocuteurs de Jésus ne croient pas en lui… Ils ne peuvent donc pas accueillir tout ce bien qu’il veut leur faire… Plus tard, il en pleurera : « Quand il fut proche, à la vue de la ville, il pleura sur elle, en disant : Ah ! si en ce jour tu avais compris, toi aussi, le message de paix ! Mais non, il est demeuré caché à tes yeux » (Lc 19,41‑42). Ce message de paix était « la Bonne Nouvelle de la Paix, par Jésus Christ » (Ac 10,36), cette Paix qui est celle de l’Esprit Saint, invisible à nos yeux de chair, mais que seuls nos cœurs peuvent reconnaître, en la vivant… Alors, à tous ceux et celles qui venaient à lui avec confiance, le Père, par l’Esprit, ouvrait les cœurs à sa Lumière et à sa Vie en les purifiant de tout ce qui les empêchaient de la recevoir. Tout cela était dit par signes : « Les aveugles voient, les sourds entendent, les morts ressuscitent » (Lc 7,22)…

            « Mais, vous ne croyez pas », dit Jésus, « car vous n’êtes pas de mes brebis » (Jn 10,26). « Pour croire à Jésus », explique en note la Bible de Jérusalem, « il faut lui être accordé intérieurement : « être d’en haut » (Jn 8,23), « de Dieu » (Jn 8,47), « de la vérité » (Jn 18,37), « être de ses brebis » (Jn 10,14). La foi suppose une affinité spirituelle avec la vérité (Jn 3,17‑21) ». Quelle est, en effet, la seule chose que Jésus nous demande d’après ce dernier texte, et tout spécialement le début de Jn 3,21 ? De quoi cela est-il synonyme pour nous (cf. Lc 15,18-19 ; 5,8) ? Mais si nous osons accomplir cette démarche en toute vérité, devant le Seigneur qui, de toute façon, connaît déjà notre vie mieux que nous‑mêmes, qu’entendrons-nous alors (cf. Jn 8,11 ; Lc 5,20) ? Que fera alors le Christ (cf. Jn 1,29 où le mot « péché », dans la culture biblique, renvoie non seulement à l’acte commis, mais encore à toutes ses conséquences) ? Et que nous donnera-t-il en retour au Nom de son Père (cf. Rm 6,23 ; Jn 10,10 ; 6,47) ? Quelle réalité mettra très concrètement tout cela en œuvre dans nos cœurs et dans nos vies (cf. Jn 6,63 ; Ga 5,25 ; Ez 36,25 avec Jn 7,37-39) ?

            Voilà la réalité ultime qu’accueillent tous ceux et celles qui acceptent de se présenter devant Dieu tel qu’ils sont, avec toutes leurs blessures, leurs défaillances, leurs faiblesses de toutes sortes. Ils font la vérité de leurs misères. Et cela fait longtemps que Dieu, de son côté, a fait la vérité de sa Miséricorde, Lui qui n’a qu’un seul désir : nous guérir profondément de toutes les conséquences du mal dans nos vies… « Être une brebis » de Jésus, n’est donc pas synonyme d’être parfait, sans failles… Il suffit simplement d’être vrai, et de consentir à l’œuvre de Dieu dans nos cœurs. Son pardon nous relève, nous fortifie et nous entraîne à sa suite loin de ces ornières où nous ne récoltions que la tristesse, l’amertume et le mal-être… Répétons-nous : que reçoivent aussitôt de Dieu tous ceux et celles qui acceptent de faire la vérité dans leur vie (cf. Jn 14,17 ; 15,26 ; 16,13) ? Et que pourront-t-ils faire ensuite grâce à ce Don de Dieu (cf. 1Co 12,3) ? Ils seront alors de ses brebis : ils croiront… Pour l’instant, le seul fait que les interlocuteurs de Jésus ne croient pas en lui manifeste qu’ils ne sont pas de ses brebis : « Vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis », vous n’êtes pas de la vérité… Si vous étiez de la vérité, vous croiriez, car « Je Suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6), la vérité de la Miséricorde qui donne la Vie aux pécheurs, gratuitement, par amour… Et Jésus, « le Sauveur du monde » (Jn 4,42), « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29) est le chemin par lequel Dieu est venu à la rencontre des pécheurs, et le chemin par lequel les pécheurs peuvent retrouver cette Plénitude de Vie qu’ils avaient perdue par suite de leurs fautes…

            Et souvenons-nous, d’après Jn 3,34, traduction Bible de Jérusalem (Jn 3,34 : « Celui que Dieu a envoyé prononce les paroles de Dieu, car il donne l’Esprit sans mesure » ; ce verset peut être interprété à juste titre de deux façons, cf.TOB), quelle réalité se joint toujours à la Parole donnée par Jésus ? Souvenons-nous également de l’expression employée par Jésus en Jn 3,8 : « L’Esprit souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas ni d’où il vient ni où il va ». Dans ce dernier verset, de quelle voix s’agit-il ? Conclusion : lorsque Jésus donne les Paroles qu’il a reçues du Père avec sa voix de chair, quelle « voix » se joint toujours à la sienne pour dire mystérieusement cette même Parole aux cœurs de bonne volonté qui l’accueillent ? Voilà pourquoi « les brebis » de Jésus « écoutent sa voix » : quand elles accueillent sa Parole en acceptant, à sa Lumière, de faire la vérité dans leur vie, elles s’ouvrent au même moment à « l’Esprit de Vérité » qui joint toujours « sa voix » à celle de Jésus pour dire cette Parole dans les cœurs… Et la « voix » de l’Esprit n’est rien d’autre que la Paix de Dieu, la Vie de Dieu, la Joie de Dieu… Quand Jésus nous parle de cette Paix, de cette Vie, de cette Joie, l’Esprit au même moment nous communique cette richesse de Dieu et nous donne de la vivre… Alors, si nous faisons bien attention à ce que Jésus dit, et à ce que nous vivons au même moment grâce à l’Esprit, nous pourrons dire de tout notre être : « C’est vrai, je crois, j’en suis sûr car je le vis ! » Et nous ne nous lasserons jamais de vivre cette Paix, de vivre cette Vie, de vivre cette Joie… Nous ne nous lasserons donc jamais de lire et de relire la Parole de Dieu pour « écouter » avec elle « la voix » de Jésus, qui est en fait « la voix » de l’Esprit qui, par sa simple Présence dans nos cœurs, est Vie, Lumière et Paix. Grâce à Lui, nous vivons ce que Jésus nous dit, et là est tout notre bonheur… Jean-Baptiste en a fait l’expérience avant nous, et il témoigne : « L’ami de l’époux qui se tient là et qui l’entend est ravi de joie à la voix de l’époux. Telle est ma joie et elle est complète » (Jn 3,29). En écoutant la Parole du Père donnée par Jésus, le Fils Unique, Jean-Baptiste vivait la Joie de l’Esprit, et constatait tout simplement que « là » est le vrai bonheur… Le désir de Jésus à son égard était exaucé : « Je vous ai dit cela pour que ma joie », la joie de l’Esprit que je reçois du Père de toute éternité, « soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11). « Heureux alors ceux qui croient » (Jn 20,29)…

« Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent » (Jn 10,27)… Souvenons-nous de Jn 10,1-21 : que signifie en St Jean le verbe « connaître » ?

« Je leur donne la vie éternelle » (Jn 10,28)… Rappelons-nous là aussi quelques versets de St Jean. Que donne Jésus d’après Jn 17,8 ? Et en agissant ainsi, que donne-t-il d’après Jn 3,34 (Traduction Bible de Jérusalem) lu précédemment ? Et quel est le premier fruit de ce Don d’après Jn 6,63 (TOB : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. ») et Ga 5,25 ? Mettre toutes ces réponses ensemble et la boucle est bouclée : nous voyons comment Jésus « donne la vie éternelle »… Et n’oublions jamais que tous les actes de Jésus sont aussi des Paroles de Dieu. Il se passe donc exactement la même chose lorsque l’Eglise « Corps du Christ » agit à son invitation et en son Nom et qu’elle nous donne les Sacrements…

Le verset suivant (Jn 10,29) peut être compris de deux façons, et les deux sont vraies… Littéralement, nous lisons dans le grec des Evangiles : « Mon Père qui m’a donné (et qui continue de le faire…) est plus grand que tout »… L’objet du don n’est pas précisé… Regardons les deux possibilités :

             – D’après le contexte qui précède, la réponse la plus immédiate est celle que l’on trouve également en Jn 17,9 ; qu’elle est elle ? Voir aussi Jn 6,44.65. Et par quel moyen tout ceci s’accomplit-il (cf. Lc 2,27) ?

         2 – Que donne le Père à Jésus d’après Jn 5,26 ? Et par quel moyen tout ceci s’accomplit-il (cf. Jn 6,63 (TOB) ; Ga 5,25) ?

Cette dernière réponse nous entraîne au cœur du Crédo, à la lumière de Jn 4,24. Nous l’avons déjà vu souvent : de toute éternité, le Père se donne entièrement à Jésus. Il lui donne tout ce qu’il est, et il est « Dieu », il est « Esprit » (Jn 4,24). Le Fils reçoit ainsi du Père, de toute éternité, cette Plénitude de l’Esprit qui fait que lui aussi est « Dieu »… Depuis toujours et pour toujours, « il est Dieu né de Dieu (le Père), Lumière né de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu (le Père). Engendré non pas créé, de même nature que le Père », pour la recevoir du Père de toute éternité, etc… C’est ainsi que le Père et le Fils, bien que différents l’un de l’autre, sont unis l’un à l’autre dans la communion d’un même Esprit, cet Esprit que le Père donne au Fils de toute éternité…

St Jean le dit en Jn 10,30 (Voir la fiche n°15) en un verset unique dans tout le Nouveau Testament : « Egô kai ho patêr en esmen », soit littéralement « Moi et le Père un nous sommes ». Or en grec, comme en allemand d’ailleurs, il existe trois genres : le masculin qui s’applique en général à des personnes de sexe masculin ; le féminin pour des personnes de sexe féminin ; et le neutre qui s’applique en général au domaine des choses, le tout avec beaucoup d’exceptions… Ainsi, « un » au masculin se dit « eîs » (un homme : « eîs anthropos ») ; « un » au féminin se dit « mia » (une femme : « mia gunê »). Enfin, « un » au neutre se dit « en » : un livre, « en biblion ». Ainsi, St Jean n’a pas employé le masculin en Jn 10,30, autrement il aurait dit que la personne du Père (masculin) et la personne du Fils (masculin), ne font qu’une seule et même personne. Non, le Père n’est pas le Fils et le Fils n’est pas le Père. Et pourtant, ils sont « un », « en », au neutre qui renvoie au domaine des choses… Ici, dans ce contexte, St Jean évoque « la nature divine » qui est « Esprit » (Jn 4,24), « Amour » (1Jn 4,8.16), « Lumière » (1Jn 1,5). Le Père et le Fils, bien que différents l’un de l’autre, sont « un » car ils sont tous les deux « Esprit », « Amour » et « Lumière », le Fils pour le recevoir du Père de toute éternité. Et c’est l’Amour, qui les unit constitutivement, qui fait que le Père et le Fils veulent toujours la même chose et qu’ils l’accomplissent ensemble… Nous pourrions bien sûr rajouter la Personne divine « Esprit Saint » et redire ce que nous venons de dire pour le Père et le Fils…

Nous avons vu que « les brebis » évoquées dans les versets précédents invitaient à comprendre Jn 10,29 ainsi : « Mon Père qui me (les) a données est plus grand que tous »… Et Jn 10,30 invite à comprendre ce même verset ainsi (deuxième possibilité) : « Mon Père, quant à ce qu’il m’a donné (la nature divine) est plus grand que tout ». C’est pourquoi Jésus ne peut que remporter la victoire sur les forces du mal qui tenteraient d’arracher ses disciples de sa main : « Mes brebis, nul ne les arrachera de ma main »… Et lorsque Jésus dit cela, il regarde le Père car « nul ne peut rien arracher de la main du Père ». Et comme le Père lui donne de toute éternité tout ce qu’il est, la force du Père est aussi celle du Fils et c’est pour cela que personne ne pourra arracher ses brebis de sa main…

« Moi et le Père nous sommes un »… Mais nous voyons avec quelle humilité le Fils parle ainsi : « le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35), tout, tout ce qu’il est… Ainsi, le Fils est par le Père, il vit par le Père (Jn 6,57), car le Père, qui « a la vie en lui-même, a donné au Fils d’avoir aussi la vie en lui-même » (Jn 5,26) par ce Don de tout ce qu’il est, et il est « Esprit » (Jn 4,24), un « Esprit qui vivifie » (Jn 6,63), un « Esprit » qui est « vie » (Ga 5,25). Si le Fils ne disait pas cette vérité, il serait un menteur (Jn 8,55). Alors, il dit la vérité, en toute douceur et humilité (Mt 11,29), l’humilité d’un pauvre de cœur (Mt 5,3) qui se reçoit entièrement d’un autre, le Père, et qui n’est rien sans lui…

Ses interlocuteurs qui ne croient pas en lui ne sont pas dans cette logique d’humilité. Eux plutôt, en se citant les uns les autres, reçoivent leur gloire des uns et des autres, une gloire toute humaine où chacun contribue ainsi à nourrir l’orgueil de l’autre… Et tous cherchent, à travers tout cela, leur propre gloire… « Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique » (Jn 5,44). Et « la gloire qui vient du Dieu unique » est d’un tout autre ordre que la gloire humaine puisqu’elle est le rayonnement de ce que Dieu est en lui-même : rayonnement de « l’Esprit » et de cet « Amour » qui est la vraie « Lumière »…

Les interlocuteurs de Jésus sont donc dans la logique de « l’orgueil », de la mise en avant de soi… Et que reprochent-ils justement à Jésus (cf. Jn 10,33) ? Nous retrouvons un trait caractéristique du mal : accuser l’autre d’être ce que l’on est soi-même… Et ils vont « apporter de nouveau des pierres pour le lapider » (Jn 10,31).

Jésus est face à des Docteurs de la Loi, des spécialistes des Ecritures qui raisonnaient en rapprochant les textes entre eux… Pour les convaincre, il va essayer de les rejoindre en raisonnant comme eux… Et il cite le Psaume 82(81),6 :

                                    Dans l’assemblée divine, Dieu préside ;

                               entouré des dieux, il juge.

2                                  “ Combien de temps jugerez-vous sans justice,

                               soutiendrez-vous la cause des impies ?

3                                  “ Rendez justice au faible, à l’orphelin ;

                               faites droit à l’indigent, au malheureux.

4                                  “ Libérez le faible et le pauvre,

                               arrachez-le aux mains des impies. ”

5                                  Mais non, sans savoir, sans comprendre, +

                               ils vont au milieu des ténèbres :

                               les fondements de la terre en sont ébranlés.

6                                  “ Je l’ai dit : Vous êtes des dieux,

                               des fils du Très-Haut, vous tous !

7                                  “ Pourtant, vous mourrez comme des hommes,

                               comme les princes, tous, vous tomberez ! ”

8                                  Lève-toi, Dieu, juge la terre,

                               car toutes les nations t’appartiennent.

La note de la Bible de Jérusalem précise pour Jn 10,34 : « Cette parole s’adresse aux juges, appelés « dieux » par métaphore en raison de leur charge, car « le jugement est de Dieu » (Dt 1,17 ; 19,17). Par un argument « à fortiori » de type rabbinique, Jésus va en conclure qu’il est étrange de crier au blasphème quand le Saint et l’Envoyé de Dieu se dit Fils de Dieu ». Et cela d’autant plus que le Psaume appelle un peu plus loin ces mêmes juges « des fils du Très-Haut »… Alors, si un tel titre ne pose pas de problème pour ces juges que Dieu a placés à la tête de son Peuple, pourquoi en pose-t-il pour celui que « le Père a consacré et envoyé dans le monde » (Jn 10,36) ?

Et Jésus, comme au tout début de notre passage, va en appeler à nouveau à ces œuvres qui s’accomplissent par ses mains… Souvenons-nous de la déclaration de Nicodème : « Rabbi, nous le savons, tu viens de la part de Dieu comme un Maître : personne ne peut faire les signes que tu fais, si Dieu n’est pas avec lui » (Jn 3,2), car Dieu seul peut faire de tels signes… Voilà ce que Jésus espère ici : qu’ils reconnaissent que ces œuvres ne peuvent venir que de Dieu. C’est le Père qui les accomplit. Jésus, en Serviteur du Père, ne fait que les manifester, les révéler par ses paroles et par ses actes. C’est ainsi qu’il « fait » « les œuvres de son Père », ces œuvres qui, en fait, ne sont pas les siennes… Et s’il peut servir ainsi le Père, c’est qu’il vit en communion avec lui. Jamais son regard ne se détourne de lui (Jn 1,18), et il fait toujours ce qui lui plaît (Jn 8,29). Et comme le Père dans son amour lui montre tout ce qu’il fait, Jésus lui aussi le fait (Jn 5,19-20) dans ce Mystère de Communion qui l’unit à son Père dans l’unité d’un même Esprit, cet Esprit qu’il reçoit du Père de toute éternité… C’est cela qu’ils devraient reconnaître ! « Quand bien même vous ne me croiriez pas, croyez en ces œuvres, afin de reconnaître une bonne fois que le Père est en moi et moi dans le Père » (Jn 10,38)… Hélas, ils ne croiront toujours pas en lui et chercheront à le saisir… Mais son heure n’est pas encore venue et Jésus « leur échappa des mains »…

Jacques Fournier

[1] LÉON-DUFOUR X., « Lecture de l’Evangile selon Jean » (Ed. du Seuil, Paris 1990) tome II, p. 389-390.

[2] THEILLIER P., « Lourdes, des miracles pour notre guérison «  (Ed. Presses de la Renaissance, Paris 2008) p. 88.

Correction de la fiche N° 19

CV – 19 – Jn 10,22-42 correction




Fiche N°20 : Le retour à la vie de Lazare : une invitation à croire pour recevoir le Don de la Vie éternelle (Jn 11,1-54)

Cette section comprend deux parties : le retour à la vie de Lazare (11,1-44) suivi de la décision prise à l’initiative du Grand Prêtre Caïphe de tuer Jésus (11,45-54).

            Bien lire Jn 11,1-44 et noter le nombre de fois où apparaît le verbe « croire », la notion de « gloire » (avec le verbe « glorifier ») et celle de « résurrection » (avec le verbe « ressusciter »). Et se souvenir que « sept » est symbole de perfection, « trois » renvoie à Dieu en tant qu’il agit, et « quatre » est symbole d’universalité… Conclusions.

        Feuilleter rapidement l’Evangile depuis son début et compter le nombre de signes accomplis par Jésus dans les chapitres précédents. Avec le retour à la vie de Lazare, nous arrivons à quel chiffre ? Conclusion… Et ce signe sera le dernier dans l’Evangile de Jean…

            La Bible nous rapporte plusieurs récits de « retours à la vie » : Elie et le fils de la veuve de Sarepta (1R 17,17-24), Elisée et le fils de la Sunnamite (2R 4,18‑37), un homme jeté sur les ossements d’Elisée (2R 13,21), Jésus et la fille de Jaïre (Mc 5,22‑43), Jésus et le fils de la veuve de Naïm (Lc 7,11-17), Jésus et Lazare (Jn 11,1‑44), de nombreux « saints trépassés » juste après la mort de Jésus (Mt 27,51-53), Pierre et Tabitha (Ac 9,36-42), Paul et Eutyque (Ac 20,9-12).

          Nous sommes donc ici à « Béthanie », « la Maison (beth) d’Ananya », Ananya signifiant : « Yahvé a fait grâce », « Yahvé s’est montré miséricordieux »… C’est là où, d’après St Luc, Jésus vivra l’Ascension. Il passera du ciel à la terre et du temps à l’éternité « en bénissant » (Lc 24,50‑53), belle révélation du Dieu Amour qui ne sait que bénir…

            Lazare est malade et comme l’aveugle-né en Jn 9, il nous représente tous (cf. Lc 5,31-32). Nous nous rappelons que la maladie était comprise à l’époque comme la conséquence du péché… Dans un tel contexte, les guérisons accomplies par Jésus manifestaient sa capacité à faire disparaître la cause directe de la maladie : le péché. Ces guérisons devenaient ainsi le signe visible de la Toute Puissance de la Miséricorde de Dieu à l’œuvre avec lui et par lui. Le récit le plus explicite à ce sujet est la guérison du paralytique (Lc 5,17-26). Ses amis le déposent aux pieds de Jésus en espérant une parole de guérison. Et là, surprise, il lui donne une parole de pardon : « Homme, tes péchés sont remis. » Certains murmurent : « Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? » Et pour bien montrer qu’il est « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29), le Fils venu manifester au monde « les entrailles de Miséricordes de notre Dieu » (Lc 1,76-79), il dira : « Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés, je te l’ordonne, dit-il au paralysé, lève-toi et marche » (Lc 5,24). La perspective ouverte par le Psaume 103 est alors pleinement accomplie : « Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son, nom très saint tout mon être ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits ! Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie »… Notons le dernier verset où « la guérison de toute maladie » suit immédiatement « le pardon de toutes les offenses », comme une conséquence incontournable de ce pardon… Avec de telles croyances, la guérison apparaissait donc comme la face visible du pardon… Et le Christ ne cherchait qu’à manifester par tous les moyens possibles, y compris les guérisons, l’Amour de Miséricorde que le Père porte à tous ses enfants blessés par leurs péchés… Aujourd’hui, même si nous savons bien que nos comportements déréglés peuvent engendrer des dérèglements corporels, personne n’établira plus de lien automatique entre maladie et péché… Pensons à Ste Thérèse de Lisieux, « la plus grande sainte des temps modernes » (Pie X), décédée à 24 ans des suites d’une tuberculose que personne ne savait soigner à l’époque… Mais si la guérison pouvait être interprétée par les contemporains de Jésus comme la conséquence du pardon des péchés, il n’en reste pas moins que l’Amour de Dieu ne vise que le bien de ceux qu’il aime… Alors si la guérison peut être bénéfique à quelqu’un, il la mettra en œuvre d’une manière ou d’une autre, gratuitement, par amour. Et ce n’est que de l’autre côté que nous découvrirons tous ces actes gratuits de Dieu…

            La maladie était comprise comme la conséquence du péché ? La mort physique apparaissait alors comme la plus grave… Là encore, nous ne pouvons que prendre des distances vis-à-vis d’une telle croyance. En effet, la Vierge Marie, l’Immaculée Conception, est bien celle qui « au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière de Dieu tout-puissant, en vertu des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, a été préservée intacte de toute souillure du péché originel » (Dogme de l’Immaculée Conception proclamé le 8 décembre 1854 par Pie IX dans la Bulle « Ineffabilis Deus »). « Préservée intacte de toute souillure du péché originel », Marie est pourtant passée par la mort, que nous appelons pour elle « la Dormition ». Mais comme elle était la toute sainte, son corps, comme le Christ, n’a pas connu la corruption (cf. Ac 2,24-32), et Dieu, comme Lui, l’a « emportée » (Lc 24,51) toute entière au ciel : c’est l’Assomption… Si l’humanité n’avait pas été blessée par le péché, nous aurions donc tous vécu ce qu’a vécu la Vierge Marie : le passage par la mort, la Dormition, suivi de l’Assomption, la saisie tout entière de notre être en Dieu, dans sa Gloire…

            Tout comme la maladie dans les Evangiles, la mort physique de Lazare va donc jouer ici le rôle d’une image, d’une parabole renvoyant aux conséquences les plus graves du péché : la mort spirituelle. Qu’elle est-elle ? Elle est « l’état » de celui qui s’est détourné de Dieu, qui l’a abandonné (Is 1,2-4)… Or Dieu est, de toute éternité, « Source d’Eau Vive » (Jr 2,13 ; 17,13), une Eau Vive que St Jean présente comme étant « l’Esprit Saint » nature divine (cf. Jn 7,37-39 ; Jn 4,24 : « Dieu est Esprit. »). Dieu apparaît donc comme une Source éternelle de ce qu’Il Est en Lui-même : une Source d’Esprit et donc une Source de Vie car « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). Et nous avons tous été créés pour être « remplis » par cet Esprit qui ne cesse de « jaillir » de Dieu, et pour trouver en lui cette Plénitude de Vie, et donc de bonheur, à laquelle nous aspirons tous… Mais comment en vivre si nous ne nous tournons pas vers Dieu pour la recevoir ? Toute l’œuvre du Fils consiste ainsi à nous inviter à nous retourner vers Dieu de tout cœur pour que nous puissions recevoir de Lui ce que nous avions perdus par suite de nos fautes : la Plénitude de la Vie… Et le premier cadeau qu’il offrira à celui ou celle qui consentira à répondre à son appel sera le pardon total et inconditionnel par lequel Dieu veut balayer toutes nos errances une bonne fois pour toutes… « Le Seigneur est plein d’amour… Il n’agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses. Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint ; aussi loin qu’est l’orient de l’occident, il met loin de nous nos péchés ; comme est la tendresse d’un père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint » (Ps 103,10-13)… Et puisque nous sommes des êtres fragiles et blessés, ce pardon nous accompagnera jour après jour pour nous aider et nous aider encore, avec le secours de sa grâce, à faire les bons choix de la Vie en demeurant tournés de cœur vers la Source de Vie…

            L’exemple le plus dramatique de « mort spirituelle » est ainsi celui de Satan, « le Prince de ce Monde » (Jn 14,30) qui, librement, en toute conscience, a décidé de dire « non » à Dieu et de se détourner de Lui… Il ne peut donc pas recevoir la Plénitude du Don de l’Esprit qui Lumière et Vie : il est désespérément « vide » de cette Vie… Telle est « la mort spirituelle », ce que nous pouvons appeler aussi « l’enfer »… Et ce sera toute l’œuvre de la Miséricorde toute Puissante de Dieu que de manifester sa victoire sur cette mort spirituelle en donnant ce signe, le plus fort de l’Evangile de Jean, du retour à la vie de Lazare… Alors, « si le salaire du péché, c’est la mort », la mort spirituelle qui est privation de la Plénitude de la Vie éternelle, « le don gratuit de Dieu, c’est la Vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » car telle est la volonté du « Père des Miséricordes » : « que tous les hommes soient sauvés » et vivent de sa Vie (Rm 6,23 ; 2Co 1,3 ; 1Tm 2,3-6 ; Jn 10,10). Noter d’ailleurs tout de suite ce qui est dit du Seigneur en Jn 11,3.5.36 (versets 3, 5 et 36 du chapitre 11) vis-à-vis de Lazare, ce « malade » qui nous représente tous… Ainsi en est-il également de chacun d’entre nous… Or aimer quelqu’un, c’est désirer le meilleur pour lui… Et le meilleur, pour un pécheur, c’est de passer des ténèbres à la lumière, de l’angoisse à la paix, de la tristesse à la joie, de la mort à la Vie (cf. Ac 26,12-18 ; Col 1,9-14 ; Rm 2,9 avec Jn 14,27 ; 2Co 7,10 avec Jn 15,11 ; Jn 10,10). A lui maintenant de collaborer jour après jour à cette œuvre de Dieu en acceptant, soutenu par sa grâce, de se détourner du mal pour se tourner vers la Source éternelle de Lumière et de Vie…

            Jn 11,2 rappelle l’épisode raconté en Jn 12,1-11. Qu’annonçait ce geste de Marie (cf. Jn 12,7) ? De telles allusions sont également présentes dans notre passage : noter Jn 11,8 et 11,16 ; comparer Jn 11,33 avec Jn 12,27 et 13,21 ; enfin, la conclusion de cet épisode sera la décision du Grand Prêtre de faire mourir Jésus (Jn 11,50-53)… Et face à Lazare dans son tombeau, Jésus le pressentait : une pleine révélation de Lumière allait provoquer la réaction la plus forte des ténèbres… Comme l’indique en note la Bible de Jérusalem pour Jn 11,4 (« Cette maladie ne mène pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu : afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle ») : « Expression à double sens : Jésus sera glorifié par le miracle lui-même ; mais ce miracle entraînera sa propre mort, qui sera aussi sa glorification. »

            Ce dernier signe accompli par Jésus dans l’Evangile de Jean, le plus éclatant en ce qui concerne la victoire de la Vie, va donc signer sa mort… Etonnante réponse des pécheurs qui ne pensent qu’à éliminer Celui qui, pourtant, ne recherche que leur bien… Et il continuera de le faire, envers et contre tout, en mourant notamment pour le salut de ceux-là mêmes qui l’auront arrêté et livré aux mains des Romains pour qu’ils le tuent (cf. Ac 3,26 après avoir lu Ac 3,13-15)… Notons tout de suite quelle fut d’ailleurs leur réaction devant ce nouveau signe. Reconnaissent-ils que Jésus fait des signes (cf. Jn 11,47) ? Se posent-ils la question, comme Nicodème (Jn 3,1-2), de la provenance divine éventuelle de ces signes ? En parfaits politiques, dans le plus mauvais sens du terme, ils n’envisagent que l’éventualité d’une réaction romaine face à un mouvement de foule qui pourrait être déclenché par Jésus, considéré sous le seul angle politique d’un libérateur terrestre… Nouvelle méprise, comme pour les disciples (Mc 9,34 ; Mt 20,20-21), sur le sens de sa messianité… Et nouvel exemple, dramatique, de ces hommes qui croient tout savoir (Jn 7,27 ; 8,52 ; 9,24.29.41) et qui jugent de tout sur la seule base de leurs pauvres lumières…

            Noter ce que Marthe et Marie envoient dire à Jésus (Jn 11,3). Lui demandent-elles quelque chose ? Se souvenir de Jn 2,3… A quelle attitude ces deux exemples nous invitent-t-il (cf. Mt 9,2 ; 9,22 ; 14,27 ; voir aussi Mt 6,8 ; 10,29-31 ; Lc 12,22-32) ? Et Lazare, demande-t-il quelque chose pour lui‑même ? Et une fois mort, la réponse ne se pose plus ! L’action du Père à son égard apparaîtra alors, avec encore plus de force, comme la révélation de la totale gratuité des Dons de Dieu pour nous. La seule raison qui les motive ? Son Amour de Père pour chacun de ses enfants à qui il a déjà donné gratuitement la vie. Et il en est de même pour le salut, la vie éternelle… « Ne crains pas, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Lc 12,32). Nous nous découvrons pécheurs, blessés ? « Ainsi parle le Seigneur : Vous avez été vendus pour rien, vous serez rachetés sans argent » (Is 52,3). En effet, « le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le trône, ainsi que par l’Agneau » (Ap 7,10). Tout ce que Dieu attend de nous, c’est que nous acceptions de nous laisser aimer ainsi, gratuitement…

            « Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare »… Et pourtant, alors qu’il vient de recevoir le message que les deux sœurs lui avaient envoyé, « Seigneur, celui que tu aimes est malade », il décide de demeurer « deux jours encore dans le lieu où il se trouvait » ! Cette réaction semble à première vue incompréhensible ! Mais pendant que le ou les envoyés des deux sœurs étaient en chemin, « Lazare est mort » (Jn 11,14)… Et Jésus, dans le secret de sa relation à son Père, le sait… Comptons les jours… Pendant le premier, Lazare meurt alors que le ou les messagers rejoignent Jésus… Il les accueille, les écoute et décide de rester encore deux jours sur place… Nous arrivons donc à trois jours en tout… Enfin, le quatrième, il se met en route et rejoint les deux sœurs… Marthe lui dira alors : « Seigneur, il sent déjà : c’est le quatrième jour » (Jn 11,39). Jésus a donc voulu arriver ce quatrième jour… Pourquoi ? Pour que ses Paroles et ses actes, qui ne visent que la Gloire du Père et la Vie de l’homme, aient le plus de poids possible dans le contexte social, culturel et religieux de son époque… En effet, Xavier Léon Dufour (Lecture de l’Evangile de Jean, tome II, p. 407) écrit : « Cette durée (de quatre jours) n’est pas choisie au hasard ; elle correspond à la croyance selon laquelle c’est à partir du quatrième jour que l’âme, qui voletait encore autour du cadavre, ne peut plus y rentrer. Il fallait que Lazare fût réellement mort et la corruption commencée pour manifester quelle est la victoire du Christ ».

            « Allons de nouveau en Judée »… Jésus décide donc enfin de partir. Qui se cache derrière cette décision (cf. Jn 5,19-20 ; 4,34) ? Jésus le sait, il le vit… Il est toujours tourné vers Lui (Jn 1,18), il demeure dans son Amour (Jn 15,10 ; 8,29), dans sa Lumière (1Jn 4,8 avec 1Jn 1,5)… Il le suit et se laisse guider par Lui… Les disciples ont peur : « Rabbi, tout récemment les Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas ! » Ils ont peur comme autrefois, lorsqu’une violente tempête les avait surpris en plein milieu du lac de Tibériade… Et Jésus dormait… Ils l’avaient alors réveillé brutalement… Et que leur avait-il dit (cf. Mt 8,26) ? Que leur reprochait-il ? Noter tout de suite pourquoi Jésus retourne ici en Judée pour accomplir ce nouveau signe (cf. Jn 11,15). Au moment de partir, il est donc dans cet Amour et cette Lumière du Père qui l’invite à avancer… Il sait que le Père s’occupe de lui, il a confiance en Lui, il ne craint pas… « Il doit travailler aux œuvres de Celui qui l’a envoyé » (Jn 9,4), c’est là toute sa vie. Son heure, celle de sa Passion et de sa mort, viendra en son temps… Pour l’instant, il doit encore accomplir ce signe, pour eux… Aussi va-t-il essayer de les encourager : « N’y a-t-il pas douze heures de jour ? Si quelqu’un marche le jour, il ne bute pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais s’il marche la nuit, il bute, parce que la lumière n’est pas en lui ». Qu’ils lui fassent donc confiance… Lui ne marche pas la nuit : la Lumière du Père est en Lui, elle l’éclaire, elle le guide. Il ne butera pas sur les obstacles que les Pharisiens et les Grands Prêtres mettent en travers de son chemin… Et les disciples acceptent de le suivre… Mais ils n’oublient pas pour autant la menace qui pèse sur Jésus et sur eux… « Allons, nous aussi, pour mourir avec lui ! ». Cette affirmation de Thomas semble bien courageuse ! Souvenons-nous de ce que Pierre, lui aussi, a dit à Jésus juste avant sa Passion (cf. Mt 26,33-35). Et qu’arrivera-t-il finalement, aussi bien pour Pierre que pour Thomas et pour tous les autres (cf. Mt 26,56) ?

            Jésus est désormais proche de Béthanie, à environ trois kilomètres au sud est de Jérusalem (15 stades, et 1 stade équivaut à 185 m). Lorsqu’elle apprend sa venue, Marthe est la première à se lever pour aller le rejoindre ; quel trait de caractère, déjà présent en Lc 10,38-42, retrouve-t-on ici ? Quelle qualité spirituelle de Marthe s’exprime en Jn 11,21-22 ? Comme en Jn 11,3, demande-t-elle quelque chose de précis ? Comment prie-t-elle : est-ce elle qui demande, ou compte-t-elle avant tout sur l’intervention de quelqu’un d’autre ? Et nous, comment prions-nous, en comptant sur l’accumulation de nos paroles (cf. Mt 6,7-8) et donc finalement sur nous-mêmes ? Les sœurs du Carmel de Lisieux invitaient Ste Thérèse à prier pour sa guérison : « Vous savez bien que moi, je ne peux pas demander… mais vous, demandez-le pour moi… Enfin, ce soir, je le demanderai tout de même au Bon Dieu pour faire plaisir à mes petites sœurs, pour que la Communauté n’ait pas de déception, mais au fond, je lui dis tout le contraire, je lui dis de faire tout ce qu’il voudra »… Et à une sœur qui l’invitait à prier pour que la Vierge Marie diminue son oppression : « Non, il faut les laisser faire là-haut »…

            « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Le contexte suggère le contenu de cette demande, mais comme l’indique la Bible de Jérusalem en note, « Marthe s’arrête comme au seuil d’une impossible prière »… Et la première réponse de Jésus ne semble pas l’encourager pour un exaucement immédiat de son désir : « Ton frère ressuscitera ». Quel est le contenu de sa foi sur cette question ? Est-il différent de celui que nous confessons dans notre Crédo ? Lorsque Jésus répond « Je Suis la résurrection et la vie », la manière d’écrire « Je Suis », en grec (« Egô eimi »), évoque le Nom divin révélé à Moïse dans le Buisson ardent (Ex 3,14). Autrement dit, Dieu se révèle tout entier ici en Jésus Christ comme étant « résurrection et vie ». Tout en Lui est « Vie »… Retrouver cette affirmation en mettant en parallèle toutes les citations suivantes : Jn 1,4 ; 4,24 ; 8,12 ; 1Jn 1,5 ; Jn 4,24 ; 6,63 avec un grand E pour esprit. Tout ce que Dieu Est, tout ce qu’Il fait, tout ce qu’Il dit va donc dans le sens de la vie… Quelle est donc sa réponse face à un homme qui serait touché par la mort : la résurrection… Mais si cette mort est provoquée par son péché, il en est responsable, « il l’a bien cherché, il n’a que ce qu’il mérite » dirions-nous aujourd’hui. Oui, mais la réponse de Dieu sera toujours « vie », une « vie » qui se décline selon les besoins et qui s’appelle « résurrection » pour quelqu’un qui est touché par la mort… Nous pressentons la réalité qui, en Dieu, s’exprime par cette « résurrection » : l’expliciter avec Dt 4,31 ; Jr 3,12 ; 2M 1,24 ; 7,23.29 ; 8,29 ; Si 2,11 ; 48,20 ; 50,19 ; Tb 3,11 ; Sg 9,1 ; 15,1…

            Nous venons de voir dans quelle direction pointe le futur de Jésus en Jn 11,23 avec la réponse de Marthe au verset suivant. Après avoir affirmé « Je Suis la résurrection et la vie », Jésus reprend cette perspective en Jn 11,25. Mais au verset suivant, en 11,26, sur quel aspect insiste-t-il ? Le retrouver en Jn 5,25 ; 6,33 ; 6,47 ; 1Jn 2,8 avec Jn 8,12 ; Ep 2,4-6. Enfin, dans la réponse de Marthe, nous retrouvons le mini-Crédo de l’Eglise primitive sur le Mystère de Jésus (Jn 20,31 ; Mc 1,1 ; Mt 16,16 ; 26,63 ; plus développé en Rm 1,1-7).

            A l’invitation de sa sœur, Marie rejoint Jésus, tombe à ses pieds et pleure… Quel visage de Jésus apparaît alors en Jn 11,33-35 (Voir aussi Jn 4,6 ; Lc 7,34 ; Mc 5,41‑43) ? Nous l’avons déjà vu, « « se troubler » appartient en St Jean au contexte de la Passion : en 12,27 Jésus dit : « Mon âme est troublée », face à l’heure qui est là, et en 13,21, il se trouble en esprit à cause de la trahison de Judas ; dans le discours d’adieu, l’âme des disciples est « troublée » à cause de la séparation d’avec Jésus qu’il leur a annoncée (Jn 14,1). Dans notre texte, l’occasion du trouble est la même que pour « frémir ». On est donc autorisé à conclure que, par la désolation de Marie qu’il aimait, puis par la remarque de ceux qui étaient là, Jésus se trouve affronté à la réalité de la mort, non seulement celle de Lazare mais la sienne, imminente selon l’orientation du récit, et il réagit par un combat intérieur »… Si ceux qui sont là « constatent les larmes et les attribuent à son amitié pour Lazare, cette explication vaut mais elle reste en deçà de la vérité : les larmes silencieuses de Jésus proviennent de l’amour du Père qui, à travers lui, va aux disciples. Ce sont les larmes de Dieu devant la mort qui sépare les êtres. Ce sont en même temps les larmes de celui qui doit consentir à l’épreuve » (Xavier Léon Dufour)…

            Jésus prend alors les choses en main… « Enlevez la pierre »… Mais la réalité de la mort est là, palpable, évidente… « Seigneur, il sent déjà, c’est le quatrième jour » lui dit Marthe. « Ne t’ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » Et que verra Marthe ? Peut-être est-ce ce passage qui a inspiré St Irénée, Evêque de Lyon au 2° siècle lorsqu’il écrivait : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme, c’est la vue de Dieu » … « On enleva donc la pierre »… Comme pour Jaïre vis-à-vis de sa petite fille qui vient de mourir (Mc 5,35-43), Marthe s’efface. Elle ne dira plus rien… Elle est dépassée et laisse Jésus agir comme il l’entend… Pour Jaïre, ce « laisser faire » sera héroïque. En effet, ses amis l’entourent et ils ont constaté la mort de sa fille. Et voilà ce Jésus qui arrive, lui qui n’était pas là au moment de sa mort, lui qui n’a pas suivi l’évolution de sa maladie et qui n’a même jamais vu l’enfant, et il leur dit : « Pourquoi ces tumultes et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte mais elle dort »… Et Jaïre laissera Jésus les « mettre dehors »…

            Jésus est le Fils Unique, un avec le Père (Jn 10,30), uni à son Père dans la communion d’un même Esprit, d’un même Amour… Son seul souci est d’accomplir la volonté du Père… Il n’est que le Serviteur du Père, il ne fait que ce que le Père l’invite à faire (Jn 5,19-20 ; 5,30). Aussi, lui rend-il grâces de l’avoir écouté (En grec : « Pater, eucharistô soi »), car il sait que ce désir qui est né au plus profond de lui‑même, dans la Paix, vient de Lui (cf. Rm 8,26-27). Mais remarquons à nouveau à quel point il s’engage dans cette démarche : « Tu m’as écouté », « tu m’écoutes toujours »… Le désir du Père est aussi le sien. Il veut de toutes ses forces ce que veut le Père, car sa volonté ne peut qu’être le meilleur pour l’homme, l’inimaginable de sa bonté (cf. Ep 3,20-21). Ce « Oui ! » à la volonté du Père, il le dira avec toute la force de son Amour pour le Père et pour nous tous, lorsqu’il s’agira de se laisser arrêter par les soldats et conduire à la Croix… Toute son humanité ne peut que se raidir face à la perspective de l’épreuve qui l’attend, mais Jésus veut de tout son être notre salut, notre vie : « Père, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi » (Jn 17,24 Lc 22,39-46)… Et c’est cela même que veut le Père depuis la création du monde (cf. Gn 2,8 ; Jn 3,16-17 ; 6,38‑40)… Mais seule la foi peut accueillir cette volonté du Père et son agir par son Fils et par l’Esprit… Alors, Jésus désire aussi notre foi, de toutes ses forces, pour que nous puissions recevoir tout ce que Dieu veut nous communiquer, ces Trésors de Paix, de Lumière et de Vie que Lui, le Fils, reçoit du Père de toute éternité (Jn 14,27 et Col 3,15 ; Jn 12,46 et 8,12 ; Jn 20,30-31 et 10,10) … « J’ai parlé pour qu’ils croient ». Et « si j’ai dit cela, c’est pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11).

           Dans d’autres épisodes, neuf fois en tout dans les Evangiles, Jésus apparaît « bouleversé au plus profond de lui-même » devant la détresse de ceux et celles qu’il rencontre. « Il s’agit d’une émotion physique, d’une authentique compassion devant l’état misérable du prochain (Lc 10,33), littéralement d’un mouvement des entrailles suscité par la vue (Lc 7,13 ; 10,33 ; 15,20) » (P. Ceslas SPICQ, Lexique théologique du Nouveau Testament (Paris 1991) p. 1409s). Et bouleversé de compassion, il agit : il guérit les aveugles, il nourrit les foules… Il ne recherche vraiment que le bien de ceux et celles dont la situation l’a remué jusqu’au plus profond de lui-même… C’est exactement ce qui arrive ici vis-à-vis de Marie, Marthe, Lazare, ses disciples et plus largement tous ceux et celles qui sont simplement là : il veut leur salut éternel…

            Alors, « Lazare, viens dehors ! », crie-t-il… Les prophéties s’accomplissent (cf. Mt 11,4-6). Lire Is 26,19 ; 29,18-19 ; 35,5-10 ; 42,6-7 ; 49,8-10 ; 61,1-3… Or, quelle figure évoque deux de ces textes : Is 42,1 et 49,5-6 ? A travers eux, que retrouvons-nous de Jésus ?

            « Le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandelettes, et son visage était enveloppé d’un suaire» Lazare revient à la vie… Ce n’est pas une résurrection proprement dite… Lorsque le Christ ressuscitera d’entre les morts, son corps disparaîtra, et tous les linges qui l’entouraient s’affaisseront à terre en gardant le souvenir de leurs places respectives sur son corps… Ressuscité, il sera à la fois le même et tout autre, ce qui est suggéré dans la difficulté des disciples à le reconnaître (Jn 20,11-18 ; 21,1-14). Mystère de cette création nouvelle où notre chair sera totalement assumée par l’Esprit…

            « Jésus leur dit : Déliez-le et laissez-le aller. » Outre le sens littéral immédiat, quelle autre perspective, intérieure, spirituelle, se laisse ici percevoir (cf. Jn 8,31-36 ; Ps 146(145),7 ; Is 58,6 ; 61,1 ; 42,6-7 ; Ga 5,1) ?

            Nous l’avons vu, Caïphe, le Grand Prêtre, va réduire le Mystère de Jésus à l’étroitesse de ses calculs politiques. Néanmoins, il va donner, sans le savoir, le sens de sa mort (cf. Jn 11,50). Le retrouver en Rm 4,24-25 ; 5,6-8 ; 8,31-32 ; 14,15 ; 1Co 15,3‑5 ; 2Co 5,14-15 ; Ga 1,3-5 ; Ep 5,1-2 ; Col 1,21-23 ; 1Th 5,9-10 ; 1Tm 2,3-6 ; Tt 2,13-14. Et St Jean va plus loin en 11,51-52 : le préciser. Retrouver cette perspective en Jn 17,20-23. En quel autre terme peut-on en parler (cf. 1Co 1,9 ; 2Co 13,13 ; Ph 2,1 ; 1Jn 1,3 ; 1,6-7) ?

            Jean-Paul II écrivait : « L’unité de toute l’humanité déchirée est voulue par Dieu. C’est pourquoi il a envoyé son Fils, afin que, mourant et ressuscitant pour nous, il nous donne son Esprit d’amour. A la veille du sacrifice de la Croix, Jésus lui-même demande au Père pour ses disciples, et pour tous ceux qui croiront en lui, qu’ils soient un, une communion vivante… Les fidèles sont un parce que, dans l’Esprit, ils sont dans la communion du Fils et, en lui, dans sa communion avec le Père : « Notre communion est communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1 Jn 1,3). Pour l’Eglise catholique, la communion des chrétiens n’est donc pas autre chose que la manifestation en eux de la grâce par laquelle Dieu les fait participer à sa propre communion, qui est sa vie éternelle » (Jean Paul II, « Ut unum sint, qu’ils soient un », 25 Mai 1995).

Jacques Fournier

Correction de la fiche N°20 :

CV – 20 – Jn 11, 1-54 correction




Fiche N°21 : La fin du ministère public de Jésus (Jn 11,55-12,50)

L’onction de Béthanie

Lire Jn 11,55 – 12,11, puis noter toutes les expressions identiques ou semblables que l’on retrouve dans les deux épisodes encadrant l’onction de Béthanie : Jn 11,55-57 et Jn 12,9-10. Quelle est l’information principale que l’on retrouve dans ces deux passages ? Elle sera la clé de l’interprétation de l’onction de Béthanie ; Jésus y fait d’ailleurs explicitement allusion en Jn 12,7-8… Quel est d’ailleurs le mot qui intervient deux fois en Jn 11,55 ; à quoi sa simple présence fait-elle déjà allusion ? En Jn 11,57, seul Jésus est visé ; mais qui l’est également en 12,10-11 et pourquoi (•) ? Retrouver ce thème, de manière plus développée, en Jn 15,18-21 ; 16,1-4 ; 16,33 ainsi que la réponse précédente (•) en Jn 15,21. A travers les disciples, qui donc est visé ? Et à travers Jésus, qui est visé (cf. Jn 15,23) ? Qui, de fait, se manifestait avec lui et par lui à travers ses Paroles (cf. Jn 14,24 ; 8,28 ; 12,50 ; 17,8) et ses Œuvres (Jn 10,37-38 ; 14,10-11) ? Et qui, maintenant, se manifeste à travers les Paroles et les Œuvres des disciples (cf. Mc 16,20 ; Ac 3,6 ; 4,8-10 ; 2Co 2,15 ; résumé général en Lc 10,16) ? Quel Mystère est à la racine des deux réponses précédentes (cf. Jn 10,30 ; 15,9-10 ; 17,20-24 ; 1Jn 1,3 ; 1Th 5,10). En reprenant le verbe qui intervient par deux fois en Jn 15,23, qu’est-ce donc que « le péché » (Voir éventuellement la note de la TOB pour ce verset) ? Ainsi, on retrouve, que ce soit à travers Jésus ou à travers ses disciples, une seule et unique attitude : l’expliciter avec Nb 11,20 ; 1Sm 10,19 ; Ez 23,35 (cf. Lc 9,22 ; 17,25). Et finalement, quelle en est la racine (Si 10,21) ?

Souvenons-nous (Voir éventuellement la note de la BJ pour Jn 12,1) : le récit historique de Jean avait commencé par « la semaine inaugurale » indiquée par les précisions d’ordre temporel du début des versets Jn 1,29 ; 1,35 ; 1,43 ; 2,1. Elle se terminait par le récit des Noces de Cana, signe au cours duquel Jésus « manifestait sa gloire » pour la première fois en changeant l’eau en « bon vin », signe du Don de l’Esprit Saint, cadeau de Dieu par excellence dans le cadre de cette nouvelle Alliance qu’il venait instaurer avec son Fils et par Lui. Ce cadre d’une semaine permettait de faire un clin d’œil au premier récit de la création (Gn 1,1-2,4a) et de mettre ainsi en parallèle le septième jour et le miracle de Cana. Ce septième jour était le premier jour complet de l’homme, créé le sixième, jour que Dieu remplit de sa bénédiction, jour où ni Lui ni l’homme ne « travaillent » pour se consacrer tout entiers à la relation qui les unit : Dieu tourné vers l’homme et se donnant entièrement à lui, l’homme tourné vers Dieu et donc pleinement comblé par cette bénédiction que Dieu lui offre en surabondance avec le Don de l’Esprit. Le projet créateur est alors accompli : Dieu a introduit l’homme dans le Mystère de sa Plénitude, de sa Communion, pour vivre une relation d’Amour avec lui, en face à face dans l’unité d’un même Esprit…

D’après Jn 12,1, le récit historique de la vie de Jésus se termine lui aussi par « une semaine finale » dont le point d’orgue sera la Résurrection du Christ où se manifestera pleinement le Mystère de cette Gloire que le Père lui a donnée « dès avant la fondation du monde, parce qu’il l’a aimé » (Jn 17,24) et qu’il l’aime de toute éternité. Cette année-là, en quel jour particulier la Pâque tombait-elle (cf. Jn 19,31) ? En comptant les « six jours » de Jn 12,1 comme des jours pleins, en quel jour eut lieu l’onction de Béthanie ? Ce jour-là, « on lui fit un repas »… Après la mort et la résurrection du Christ, que deviendra ce repas pour les chrétiens et que célèbreront-ils en cette occasion ?

Ce repas sera avant tout celui de l’amour : Amour du Christ qui donne sa vie, jusqu’à la fin, pour ce monde qu’il aime et qu’il veut sauver (cf. Jn 15,13 ; 13,1 ; 3,16‑17 ; 15,9), amour des disciples qui gardent sa Parole, lui obéissent et le célèbrent (cf. Lc 22,19-20 ; Jn 14,21-23 ; 15,9-10)… Et Béthanie signifie en hébreu « la maison d’Ananie », Ananie signifiant lui-même « Dieu fait grâce, Dieu fait Miséricorde »… Après le geste de Marie, très concrètement, Jésus sentira bon et il en sera heureux… Mais sera-t-il le seul à avoir du parfum sur lui, à sentir bon, à en être heureux ? La leçon à tirer pourrait être évoquée avec la fin d’Ac 20,35 et Lc 6,38 ; que symbolise donc en fait ce parfum ? Souligner encore l’intensité de ce geste accompli par Marie en relisant Jn 12,5 à la lumière de l’information donnée en Mt 20,2 sur la valeur d’un denier. Et ensuite « toute la maison s’emplit de la senteur du parfum » et bénéficia de sa bonne odeur… Telle devrait être « la bonne odeur » qui règne dans l’Eglise, une odeur qui, par elle, devrait se répandre dans le monde entier (Si 39,13-16 ; 2Co 2,14-16 ; Ph 4,18 ; conséquences de 1Co 12,13.27 lu avec Rm 5,5 et Ga 5,22)…

Comment parle-t-on de Judas en Jn 12,6 ? D’après Jn 10,10, à qui est-il apparenté ? Et de fait qu’adviendra-t-il en 13,2 ? « Donner aux pauvres » est une bonne action… Ainsi, outre l’hypocrisie de Judas, on se rend compte que « le mal » peut prendre le visage du « bien », en se justifiant par l’allusion à ce qui, de fait, est une « bonne » action… Et certains, en suivant l’argumentation de Judas, pouvaient être choqués par cet apparent gaspillage. Mais au-delà de toutes ces considérations sur le soi‑disant « bon usage de l’argent », quelle est en fait la seule réalité qui compte aux yeux de Dieu (cf. Jn 13,35) ?

L’entrée messianique de Jésus à Jérusalem (Jn 12,12-19)

La foule accueille Jésus en reprenant une exclamation du Ps 118(117). Lire ce Psaume. Un mot revient quatre fois dans les quatre premiers versets, lequel (répondre si possible avec la Bible de Jérusalem (BJ) puis avec la TOB et enfin, mettre les deux ensemble ; la Septante, la traduction grecque réalisée par des Juifs à Alexandrie vers le 2° s. av. JC, a « miséricorde ») ? A la lumière du contexte de l’époque – Israël envahi par les Romains -, comment pouvait-on comprendre spontanément les versets 5 à 16, et les v. 21 et 25 ? Ce Psaume était d’ailleurs lu dans l’attente du Messie Libérateur, ce roi fils de David promis par les Ecritures. La foule ne s’y est pas trompée : si elle cite en Jn 12,13 le Ps 118,25-26 pour acclamer Jésus, quel titre rajoute-t-elle juste après le verset cité ? « Hosanna » signifie « Sauve donc » ; à qui doit-on la victoire d’après le Psaume ?

Et Jésus va confirmer qu’il est bien le Messie par un geste symbolique : il entre à Jérusalem assis « sur un petit d’ânesse », comme l’annonçait la prophétie messianique de Zacharie (Za 9,9-10). Mais avec lui, de quoi les hommes seront-ils délivrés (cf. Jn 1,5 ; 10,29 ; Col 1,13…) ?

« Cela, ses disciples ne le comprirent pas tout d’abord » (Voir aussi Jn 10,6 ; Lc 9,44-45 ; 18,31-34), mais après sa mort et sa résurrection, que fera le Christ à leur égard (cf. Lc 24,44-48 et tout spécialement le v. 45) ? Et qui les aidera à faire tout ce travail de mémoire et de relecture des évènements et des Paroles de Jésus à la lumière des Ecritures (cf. Jn 14,26 qui rend possible Jn 12,16) ?

La foule qui était présente lors du retour à la vie de Lazare lui « rendait témoignage ». Mais ils avaient mal interprété ce signe : à qui était-il du (cf. Jn 5,19-20 ; 10,37-38 ; 14,10-11) et par quelle puissance avait-il été mis en œuvre (cf. Ac 1,8 ; Rm 8,11 ; 2Tm 1,7) ? Mais eux, à qui l’ont-ils attribué (cf. Lc 23,35) ? Ils pensaient donc que cette force qui s’était déployée en Lazare venait de lui et qu’il pourrait ensuite la mettre en œuvre contre l’occupant romain… Telle est la conception de la force et de la puissance selon le monde… Telle n’est pas celle du Dieu « doux et humble de cœur » (Mt 11,29) qui, devant les grands de ce monde, prend le visage d’un tout-petit (cf. Lc 22,24-27), faible (cf. 1Co 1,25 ; 2Co 13,4) et apparemment impuissant… C’est cette réalité si contraire à leur attente qu’ils rejetteront violemment lorsqu’ils verront le Christ ligoté aux mains des Romains (Mc 15,1), revêtu par dérision d’un manteau royal (Lc 23,11). Alors, ils crieront « Crucifie-le ! Crucifie-le ! », qu’il disparaisse à jamais de devant nos yeux… Et ils réclameront la grâce de Barabbas (« Le fils du père » en araméen ! Mais lu cette fois avec Jn 8,42-44), « arrêté avec les émeutiers qui avaient commis un meurtre dans la sédition » (Mc 15,7). Lui au moins utilisait la force comme il le fallait ! Mais cette force des orgueilleux n’est qu’illusion (Ps 20(19),8-9 ; 33(32),16‑17)… Ils semblent apparemment triompher ici-bas, mais Dieu « renverse les puissants de leurs trônes, et il élève les humbles » (Lc 1,52), car « ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes » (1Co 1,25)… Alors, si Dieu se présente à nous en Jésus Christ comme un « tout petit » (cf. Mt 11,11), à nous de nous engager à sa suite sur ce chemin de vérité (Jn 14,6) si souvent contraire à nos attentes ! Avec l’aide et le soutien de sa grâce qui nous précède sans cesse (cf. Sg 6,12-16), nous ne pourrons que reconnaître sa Présence dans nos vies, une Présence elle aussi « toute petite », douce, discrète et humble car … elle est déjà là ! « Le Royaume des Cieux est tout proche » (Mc 1,15), il est déjà « arrivé jusqu’à vous » (Lc 11,20). Dieu en effet est présent à la vie des hommes et du monde depuis que ce monde existe ! Telle est la réalité que le Christ est venu révéler à nos cœurs aveugles et sourds… « Jésus tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint et il dit : Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir » (Lc 10,21).

Mais cette apparente petitesse, cette apparente faiblesse de Dieu est plus « forte que les hommes » : rien ni personne ne peut empêcher l’Amour d’aimer et de se donner pour le salut et la vie de tous ceux qu’il aime, puissent-ils au même moment être en train de se déchaîner contre lui jusqu’à vouloir le tuer…

La gloire et la croix (Jn 12,20-36)

Préciser, à l’aide des notes de nos Bibles, qui sont ces « Grecs » de Jn 12,20 (cf. Ac 10,1-2). Jusqu’à présent, quelle était la nationalité de « la foule » ? En introduisant ces Grecs, que veut nous rappeler St Jean (cf. Jn 3,16-17 ; 1Tm 2,3-6) ? Quelle question posent-t-ils ? Ils ont le même désir que Zachée en Lc 19,1-4. Mais pour St Jean, quel sens profond a ce verbe « voir » (cf. Jn 6,40 avec, si possible, la note de la BJ ; Jn 14,8-11 ; réalisation de ce « voir » en Ep 1,17-19 ; car Ps 36,10 ; et comme Jn 4,24 et 1Jn 1,5 nous avons absolument besoin que s’accomplisse 1Th 5,8 pour que nous puissions « voir » au sens où St Jean le comprend…) ?

Comment Jésus répond-il aussitôt à cette demande (cf. Jn 12,23 ; Jn 17,1-2) ? Or que sous entendent ces paroles (cf. Mc 8,31 ; 9,31) ? Qu’adviendra-t-il alors du « voir Jésus avec ses yeux de chair », comme c’est le cas en Jn 12,20-22 avec ces Grecs, Philippe et André ? Et c’est à ce moment-là où viendra le temps où il sera pleinement donné de le « voir » ! Nous avons un exemple de cette logique déroutante avec l’épisode des deux pèlerins d’Emmaüs en Lc 24,13-35 : au début, ils voient le Christ Ressuscité qui se manifeste à leurs yeux sous une apparence corporelle, mais leur regard intérieur est encore fermé (cf. Lc 24,16). Et puis, au moment où Jésus rompt le pain « leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent… mais il avait disparu de devant eux » (Lc 24,31)… Leurs yeux de chair ne voient plus Jésus, mais leur regard intérieur, désormais ouvert, saura reconnaître dans la foi la Présence de Celui qui est avec eux jusqu’à la fin du monde (Mt 28,20)… Et cela ne sera possible que grâce au Don de l’Esprit Saint (Jn 20,22), Lumière spirituelle qui vient nous éclairer « de l’intérieur » et qui nous donne de percevoir ce que nous ne pourrions reconnaître par nos seules forces humaines…

A quoi Jésus fait-il à nouveau allusion en Jn 12,24 ? Que veut-il dire par « beaucoup de fruit » (cf. Jn 12,32.47 ; 3,16-17 ; 1Tm 1,15) ? Et juste après, au v. 25, est-ce toujours Jésus le sujet principal ? Quelle leçon pouvons-nous tirer de ce changement subit (cf. Lc 6,40 ; Mt 10,25) ? Expliquer ce v. 25 à la lumière de Ep 4,22‑24 ; Rm 14,7‑8 ; Ga 5,16-25 ; Lc 9,23-24 ; exemple de Paul avec Ga 2,19-20  (On peut noter que pour Jn 12,25, nos traductions emploient trois fois le mot vie ; pourtant, en grec, les deux premiers traduisent « psukhé », « l’âme, siège des désirs bons ou mauvais, du caractère, de la personnalité », « le moi profond » ; tandis que le troisième, « zôé » renvoie ici à « la Vie » éternelle de Dieu ). Conclusion : si Jésus meurt sur la Croix pour porter du fruit, que devons-nous faire à notre tour pour recevoir ce fruit (cf. Mc 1,15 ; Rm 13,12‑14 ; 8,13) ? Cette attitude de cœur est difficile, et Jésus le sait bien. Mais par amour, alors qu’il n’avait jamais péché, il a voulu vivre lui-même cette mort à l’égoïsme, cette « mort au péché » (cf. Rm 6,10) pour nous donner de pouvoir la vivre à notre tour avec lui et grâce à lui (cf. Rm 6,12-14 ; 7,14-25)… Et de fait, « qui » nous arrache aux ténèbres d’après Col 1,13-14, « qui » nous donne la repentance d’après Ac 5,31 et 11,18, et « qui » nous permet d’être avec Lui dans sa Maison d’après Lc 15,4-7 et Jn 14,1‑3 ? Si nous consentons à cette action du Dieu Père, Fils et Saint Esprit, quel cadeau recevrons-nous aussitôt (cf. Jn 6,47 ; Rm 6,23)… Essayons donc de faire attention à la « qualité » de notre vie… Qui suivrons-nous alors (cf. Jn 10,11.14.16) ? Et d’après Jn 12,26, où nous retrouverons-nous ? Mais dans St Jean, « où » est Jésus (cf. Jn 10,38 ; 14,10-11 ; 17,21) ? Et de fait, « où » veut-il que nous soyons à notre tour (cf. Jn 17,24) ? Et souvenons-nous, c’est lui-même qui rend cette aventure possible pour nous (Lc 15,4-7 et Jn 14,1-3 lus précédemment) ? Nous retrouvons ainsi à quel point « tout est grâce ». A nous maintenant de dire « Oui ! » à cette grâce, et de consentir ainsi au Salut qui nous est gratuitement donné, par amour (Ep 2,5 et 2,8)…

Nous évoquions « où » nous serions… En quels termes en parle-t-on en 1Co 1,9 ; 1Jn 1,3.6 ? Préciser ce terme avec 1Co 6,17 ; 12,13 ; Ep 2,18 ; 1Co 13,13 ; Ph 2,1 ? Ce Mystère que Jésus désire que nous vivions avec Lui, Lui, de son côté, le vivait parfaitement avec son Père (cf. Jn 10,30)… Et c’est donc par le Don de l’Esprit reçu jour après jour dans la foi et par notre foi qu’il s’accomplira…

Quel combat retrouvons-nous en Jn 12,27-28 (cf. Lc 22,39-44) ? La difficulté du chemin qu’il a emprunté manifeste l’intensité de son désir de nous voir tous « sauvés », arrachés à l’emprise du mal et de ses conséquences destructrices, vivants de sa vie… Si nous acceptons, par notre conversion quotidienne, d’accueillir le fruit de son offrande (le pardon des péchés, le Don de l’Esprit qui vivifie), il en sera le premier heureux… Nous serons alors « sa récompense » (Is 40,10-11)…

Au début du v. 28, Jésus dit « Oui ! » à la perspective de sa mort prochaine, il s’offre entièrement à l’action du Père, il s’abandonne entre ses mains, et il sait que cette action à son égard manifestera « qui » est Dieu : un Père rempli de Tendresse, qui n’abandonne jamais ses enfants et fait toujours pour eux le meilleur. « En toi, ils espéraient et n’étaient pas déçus » (Ps 22(21),5)… Et de fait, le Père répond aussitôt à cet acte d’abandon et de confiance : « Je l’ai glorifié, et de nouveau je le glorifierai »… Donner quelques exemples où le Père avait déjà « glorifié » le Fils… Et quand, bien sûr, le glorifiera-t-il de nouveau ?

En Jn 12,29, la foule a soi-disant « entendu », mais qu’est-ce que les uns et les autres ont entendu ? De quoi ces différences sont-elles le signe (cf. Jn 12,40 ; Mt 13,10-17 ; Ac 28,23-28) ? Jésus est sûr de son Père, mais c’est nous qu’il veut voir grandir dans la foi (cf. Jn 11,41-42). Alors, cette Parole du Père était avant tout pour ceux et celles qui l’entouraient (Jn 12,30)…

Jésus va maintenant présenter « le fruit » (cf. Jn 12,24) de son sacrifice ; une indication temporelle intervient deux fois en ce v. 31, laquelle ? Sur quel point Jésus insiste-t-il donc ? Et d’après le parallèle employé en ce v. 31, qu’est-ce donc que « le jugement du monde », que signifie cette expression ? Une forme passive est employée : qui est donc celui qui agit ? Or, si « le Prince de ce monde » est tel qu’il est décrit en Jn 8,44 et Jn 10,10, quelle sera pour nous la conséquence du fait qu’il soit « jeté dehors » ? Retrouver cette perspective avec Rm 6,23… Or si tel est « le jugement de ce monde », retrouver également ce que signifie pour Dieu (et pour nous !) ce verbe « juger » (cf. Jn 3,17). Alors, si Jésus est « dedans » au sens de Jn 14,10-11 et Jn 17,21, quel est donc ce « dehors » réservé au Prince de ce monde ? En effet, dans cette communion au Père dans l’unité d’un même Esprit qui est Lumière, que deviennent les ténèbres ?

Nous avons donc retrouvé ce que nous avions déjà vu aussi en Jn 5,26-27 lu à la lumière de Jn 17,1-2 : « exercer le jugement », pour Dieu, c’est « donner la Vie éternelle à toute chair », c’est-à-dire sauver l’humanité de la mort spirituelle. Et pour pouvoir donner cette Vie à « toute chair », que fera Jésus une fois qu’il sera « élevé de terre », c’est-à-dire crucifié, mort, ressuscité et exalté par la droite du Père au plus haut des cieux (cf. Jn 12,32) ? Bien noter l’universalité répétée de la perspective : par la révélation que nous apportent les Ecritures, nous prenons conscience d’une réalité qui est vraie pour tout homme, quel qu’il soit, quel que soit ou non son chemin religieux… La seule attitude qui permet à Dieu d’agir dans le secret de nos cœurs est alors tout simplement notre « bonne volonté »…

Mais la foule, une fois de plus, ne comprend pas le sens des paroles de Jésus (Jn 12,34)… Quelle est cette « lumière » évoquée en Jn 12,35 (cf. Jn 8,12 ; 12,46 ; 9,5 ; 1,9 ; 1,4-5 ; 1Jn 1,5) ? Expliquer le verbe « marcher » de Jn 12,35 avec deux derniers verbes employés en Jn 12,36 (cf. Jn 1,12 ; Ep 5,1-20 en insistant sur les v. 8 et 18 et en se souvenant pour ce dernier verset de Jn 4,24 ; 1Jn 1,5 et Jn 6,63 ; Ga 5,25). Nul doute que ces paroles ont été accompagnées d’une « épiphanie de Lumière » pour permettre aux interlocuteurs de Jésus de « voir » cette Lumière qui rayonne de Lui pour « croire en elle » et donc l’accueillir en leur cœur par leur foi. Mais, comme toute grâce spirituelle particulière, l’intensité de cette manifestation ne dura pas, et « Jésus, s’en allant, se déroba à leur vue ».

Nous arrivons maintenant à la conclusion de la première grande partie de l’Evangile de Jean où Jésus, par ces Paroles qu’il a reçues du Père et ces signes que le Père lui a donné à accomplir, a révélé le Mystère du Dieu Communion « Père, Fils et Esprit Saint », unis l’un à l’autre dans l’unité d’une même nature divine qui est Esprit, Lumière et Vie…

En Jn 12,40, St Jean va rappeler le péché et ses conséquences au cœur des hommes avec une citation du prophète Isaïe (6,9-10) que l’on retrouve en Mt 13,14-15 et Ac 28,25-27. Même idée en Jr 5,21 repris par Mc 8,17-18…

Certains ont cru en Jésus, notamment ses disciples, mais beaucoup ne croient pas en lui (Jn 12,37), ou n’ont pas encore une foi assez solide pour s’affirmer publiquement et affronter les moqueries et les injures de certains Pharisiens (Jn 12,42-43)… Et tel est « le jugement »… En Jésus, la Lumière de Dieu s’est manifestée au monde : certains lui ont dit « Oui ! », d’autres « Non ! »… Pourtant, cette Lumière est celle de la Miséricorde qui veut arracher tous les hommes aux ténèbres du péché, gratuitement, par amour… Lui dire « Oui ! », c’est être sauvé grâce à elle, et c’est essayer avec elle de marcher jour après jour au chemin de la Vie en renonçant à tout ce qui porte la trace de la mort… Lui dire « Non ! », c’est se condamner soi-même à demeurer dans ces ténèbres qui ne sont qu’absence de Plénitude spirituelle, et donc de Lumière, d’Amour et de Paix…

Et Jésus conclura en reprenant les fondements de son être et de sa mission ; les expliciter avec les références indiquées :

1 – Jn 12,49-50 et 5,19-20, et donc Jn 12,44.

2 – Jn 12,45 avec 10,30 et 1Jn 1,5.

3 – Jn 12,46 avec Jn 1,4-5 ; 8,12

et 3,16-17 répété partiellement d’ailleurs en Jn 12,47.

Tout ceci est redit avec le début de Jn 12,50 (cf. la 2° partie de Jn 10,10).

4 – Jn 12,47 avec Jn 8,11.15 et à nouveau 3,17.

5 – Jn 12,48 et 3,18.

Jacques Fournier

Correction de la fiche 21

CV – 21 – Jn 11,55-12,50 CORRECTION