Rencontre « Accompagnement des malades » au Carmel des Avirons (Samedi 29 février)
Cette année, plus d’une vingtaine de personnes se sont inscrites dans le sud pour le parcours proposé par Noéline Fournier, « L’accompagnement des malades, avec Mère Teresa ». La première rencontre avait lieu samedi 29 février au Carmel des Avirons dans une salle repeinte à neuf et équipées de fenêtres et portes fenêtres elles aussi toutes neuves… Et lors de la pause, une participante a sorti un gâteau au chocolat… dont on ne dira pas plus en temps de carême !!!!!
Première journée Cycle Long à l’Etang Salé (Samedi 22 février)
A la Salette, Marie me dit de reconstruire ma famille…
Je me présente, Marcel 56 ans à ce jour, marié un enfant.
J’ai grandi dans une famille catholique. Je suivais les traditions religieuses (Messes, chorale) sans vraiment connaître Dieu. Je rencontre ma femme dans la chorale.
Après 18 ans de mariage, notre couple traverse une période troublée, on se sépare. Je me perds un peu, je rencontre d’autres femmes, espérant retrouver le bonheur perdu. Je retrouve des joies éphémères mais pas ce que j’attendais. Après 10 ans de séparation je demande le divorce, pour être vraiment libre et reconstruire ma vie.
Six mois après notre divorce mon ex-épouse et moi nous nous retrouvons à nouveau. On s’aime toujours. Je lui fais comprendre, sérieusement, que je ne me marierai plus… Une fois ça va !.
On fait un pèlerinage Marial en métropole et là, à Notre-Dame de la Salette en Isère, je me vois en songe prosterné devant l’autel en pleurant, et Marie me dit de reconstruire ma famille.
Au retour du voyage je fais ma demande de mariage sans réfléchir. On repasse devant Mr le maire et nous renouvelons nos vœux. Six mois après, notre fille nous annonce qu’elle va se marier elle aussi.
Je me rends compte aujourd’hui que je ne connaissais pas Jésus et sa miséricorde, Lui qui frappait à la porte de mon cœur fermé. Marie est intervenue pour me guider.
Depuis, on suit des formations pour approfondir notre foi, et par notre témoignage faire connaître Jésus.
Tout ce qu’on doit faire, c’est tout donner à Jésus. Qu’on le laisse entrer dans notre cœur et il fera le reste…
Marcel.
Fiche n°11 : Jésus « Pain de Vie » par sa Parole et par sa chair offerte (Jn 6). (1)
Comme le chapitre 5, le chapitre 6 de l’Evangile selon St Jean est construit en deux grandes parties : deux signes (I) et un discours (II) qui s’éclairent mutuellement.
La multiplication des pains (Jn 6,1-15)
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D’après Jn 2,23-25, comment Jésus regarde-t-il ceux qui viennent à Lui uniquement « à la vue des signes qu’il opérait sur les malades » (Jn 6,2) ? Que peut-on dire de leur foi ? Et pourtant, à quoi servent les signes (cf. Jn 11,42 ; 20,30-31 ; 2,11 ; 4,46-54) ? Aussi que va faire Jésus : rejeter cette foule qui vient à Lui avec une foi imparfaite ? Que lui donnera-t-il au contraire ? Et qu’espèrera-t-il à nouveau (cf. Jn 14,8‑11 ; 1Jn 1,1-4 ; 1Jn 4,9 avec 4,14‑16) ?
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Où Jésus va-t-il en Jn 6,3 ? Dans la Bible, ce lieu est traditionnellement celui de la prière, de la rencontre avec Dieu qui « se tient au ciel » (Ps 12,1). Symboliquement, on se rapproche ainsi de lui… Symboliquement, car le ciel n’est « pas un lieu » mais un état, et par suite « une manière d’être » (Catéchisme de l’Eglise Catholique & 2794). Le ciel, « le Royaume des Cieux » est en effet « justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Il est Mystère de Communion avec Dieu dans l’unité d’un même Esprit. C’est pour cela que, mystérieusement, dans la foi, il est déjà commencé dès ici-bas par le Don de l’Esprit. Elisabeth de la Trinité, Carmélite, écrivait : « C’est si bon cette Présence de Dieu ! C’est là, tout au fond, dans le Ciel de mon âme, que j’aime le trouver puisqu’Il ne me quitte jamais… J’ai trouvé le ciel sur la terre puisque le ciel c’est Dieu et Dieu est dans mon âme… Vous êtes vous-mêmes la retraite où Il s’abrite, la demeure où il se cache ». Il est en effet possible, dès ici-bas, de reconnaître, de percevoir « quelque chose » de cette Vie du Ciel qui nous est promise en plénitude par-delà notre mort. En effet, Jésus a dit à Nicodème : « L’Esprit souffle où il veut et tu entends sa voix. Mais tu ne sais pas ni d’où il vient, no où il va » (Jn 3,8)… « Tu entends sa voix »… « La vie est bien mystérieuse », écrivait Ste Thérèse de Lisieux. « Nous ne savons rien, nous ne voyons rien, et pourtant, Jésus a déjà découvert à nos âmes ce que l’œil de l’homme n’a pas vu. Oui, notre cœur pressent ce que le cœur ne saurait comprendre, puisque parfois nous sommes sans pensée pour exprimer un « je ne sais quoi » que nous sentons dans notre âme ». C’est ce « je ne sais quoi », synonyme de densité de vie et de paix profonde qu’il s’agit de « voir », « d’entendre », de reconnaître… Jésus aurait pu dire en regardant Ste Thérèse et la Bienheureuse Elisabeth de la Trinité : « Quant à vous, heureux vos yeux parce qu’ils voient ; heureuses vos oreilles parce qu’elles entendent » (Mt 13,16). Tel est le fruit de la prière, dans la foi…
Mais en indiquant ce lieu précis en Jn 6,3, St Jean veut comparer Jésus à une grande figure de l’Ancien Testament, laquelle (cf. Ex 19,20) ? Ce parallèle était déjà intervenu au tout début de l’Evangile (Jn 1,17), puis dans la présentation de Jésus (Jn 1,45), puis en Jn 3,14-15, juste avant de résumer le cœur de sa mission (Jn 3,16-17), et enfin en Jn 5,45-46, quelques lignes avant le début de notre chapitre 6, où nous le retrouverons en Jn 6,32… Il est vrai que nous allons beaucoup parler de pain en Jn 6 : que s’était-il donc passé pendant l’Exode du Peuple d’Israël de l’Egypte vers la Terre Promise vers 1250 avant JC (cf. Ex 16,11-16)…
St Jean insiste sur ce parallèle. En effet, quelle prophétie Moïse avait-il faite en Dt 18,15 et 18,18 ? Qui accomplira, une fois de plus, cette prophétie (cf. Jn 4,19) ? Et de fait, que dira la foule en Jn 6,14 ?
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A l’occasion de quelle grande fête Jésus mourra-t-il sur une Croix pour le salut du monde (cf. Jn 13,1 ; 18,28.39.19,14.31.42) ? En quels termes parlera-t-il alors de son offrande (cf. Jn 6,51 ; Mt 26,26-29) ? C’est donc pour évoquer sa Passion prochaine, là où toutes ses Paroles s’accompliront pleinement, que St Jean mentionne cette fête au tout début de ce récit de la multiplication des pains (Jn 6,4). Il nous met ainsi déjà sur la voie : ce pain multiplié représentera Jésus lui-même… A son époque, la Pâque commémorait la libération de l’oppression d’Egypte et le départ du Peuple hébreu vers la Terre Promise… Nous pouvons relire cette histoire ancienne et l’appliquer à nos vies en pensant non plus au Pharaon d’Egypte mais au prince des ténèbres, non plus à la Terre Promise mais au Royaume des Cieux déjà offert à notre foi par le Don de l’Esprit Saint. Le péché et le mal sont en fait des tyrans qui nous plongent dans « le mal-être », « la souffrance, l’angoisse » (Rm 2,9)… Un pécheur est donc avant tout un souffrant, un malheureux au plus profond de lui-même, un esclave de toutes sortes de plaisirs qui se révèlent en fait mensongers et destructeurs… Et voilà justement ce que Dieu ne supporte pas : tout ce qui abîme sa créature… Il est donc venu avec son Fils Jésus Christ et par lui, pour nous combler de tout ce dont nous étions privés par suite de nos fautes (Relire Rm 3,23 puis Jn 17,22). L’Exode de notre vie sera donc de quitter petit à petit le mal, ce qui nous rend mal, ce qui nous blesse, pour découvrir avec le Christ la Plénitude de l’Être et de la Vie (cf. Jn 8,31-36 ; 8,12 avec 12,46 ; Colossiens 1,13-14 et Ac 26,15-18 ; Jn 3,3 et 3,5 avec 14,1-4 et 17,24 ; et finalement Jn 5,24 avec 6,49-51 et 6,58)…
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La foule demande-t-elle quelque chose à Jésus ? Qui prendra l’initiative de la multiplication des pains et pourquoi (cf. Mc 8,1-3 ; Mt 15,32) ? Que retrouve-t-on ici très concrètement (cf. Mt 6,8 et Lc 12,29-31) ? Et d’après Hb 13,8, qu’en est-il pour nous, dans l’aujourd’hui de notre vie ? Mais bien sûr, cela demande un regard de foi… D’où l’appel répété de Jésus dans les Evangiles : « Veillez, priez »…
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Puis Jésus dit à Philippe : « Où achèterons-nous des pains pour que mangent ces gens ? » Puisque Jésus est venu « accomplir les Ecritures » (Jn 17,12 ; 19,23-37) et qu’il ne se préoccupe pas habituellement « d’argent » ou « d’achats », à quoi Philippe aurait-il pu penser (Is 55,1‑3 ; Jn 7,37-39) ? De plus, Philippe remarque bien que « deux cents deniers de pain ne suffisent pas pour que chacun en reçoive un petit morceau » (Jn 6,7 où un denier correspond au salaire journalier d’un ouvrier agricole). Et il savait que Jésus et ses disciples ne marchaient pas sur les routes de Palestine avec une somme pareille ! Là encore, cette simple constatation aurait dû éveiller son attention, car Jésus ne parle jamais pour ne rien dire ! Enfin, où se trouvent-ils (Mc 6,35-36) ? Etait-il donc concrètement possible de faire ce que Jésus semblait suggérer : « acheter du pain pour la foule » ? Encore une fois, Jésus ne le savait-il pas ? Et malgré tout cela, le déclic que Jésus attendait de Philippe n’arrivera pas…
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En Is 55,2b-3, « manger » a une portée symbolique, laquelle : quelle est « la réalité » qu’il faut manger d’après le verset 3 (cf. Am 8,11 ; Dt 8,3 ; Ne 9,29 ; Ez 3,1-3) ? Et qu’est-ce que Jésus est venu nous donner (cf. Jn 17,7-8 ; 5,24 ; 6,63 ; 6,68) ? Voilà notre nourriture par excellence… En effet, la lecture de la Parole de Dieu est « nourriture de vie éternelle », car l’Esprit se joint à elle pour lui rendre témoignage au plus profond des cœurs : « Celui que Dieu a envoyé prononce les Paroles de Dieu, car », en les prononçant, « il donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34). Et, « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). Ainsi, ouvrir son cœur à la Parole de Dieu, c’est s’ouvrir à l’Esprit. Et sa Présence en nos cœurs sera « vie », « vie nouvelle », « vie éternelle »… C’est pour cela qu’on ne se lasse pas de lire la Parole de Dieu : avec elle, il nous est donné de vivre de la vraie vie, celle qui nous attend en Plénitude par-delà notre mort… « Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie » (Ste Thérèse de Lisieux)…
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En 6,9, un enfant a cinq pains et deux poissons. Est-il humainement possible de nourrir une foule de cinq mille hommes avec cela ? Quelle attitude « raisonnable » aurait-il pu adopter ? Et pourtant, que fait-il ? Quelle leçon nous donne-t-il ?
Le mot « orge » n’intervient qu’ici dans les Evangiles, et une seule autre fois dans le Nouveau Testament en Ap 6,6. St Jean a ainsi précisé par deux fois la nature de ces pains (Jn 6,9.13) pour faire allusion à la multiplication des pains opérée par Elisée (2R 4,42-44). Quelles informations sur Jésus peut-on retirer de ce parallèle ?
Qu’était ce pain d’orge d’après 2R 4,42 ? Il était utilisé dans un cadre liturgique, en obéissance à la Loi de Moïse, la Loi de l’Alliance (Si 39,8 ; 44,20) pour rendre grâce à Dieu à l’occasion d’une nouvelle récolte (Dt 26,1-11). Ce « pain d’orge » symbolise donc ici pour St Jean « l’Ancienne Alliance », et sa manière de faire, selon la Loi de Moïse. Ce pain d’orge va maintenant passer dans les mains de Jésus, être transformé, multiplié et distribué à toute la foule. Jésus prend ainsi « le pain de l’Ancienne Alliance » pour le transformer en « pain de la Nouvelle Alliance », ce pain que nous recevons encore aujourd’hui au cours de nos Eucharisties. Nous constatons ainsi une fois de plus que Jésus ne détruit pas l’Ancienne Alliance ; au contraire, il la mène à sa perfection, il lui permet d’atteindre ce qu’elle annonçait (Mt 5,17 ; Hb 8,6-13 ; 9,15) : l’Alliance Nouvelle et éternelle que Dieu veut vivre avec tout homme. A nous maintenant de lui dire oui ! Dans le miracle des Noces de Cana (Jn 2,1-12), la symbolique était identique. Jésus avait employé l’eau qui servait habituellement aux ablutions rituelles dans le cadre de l’Ancienne Alliance, en obéissance à la Loi de Moïse. En transformant cette eau-là, il montrait que l’Ancienne Alliance est accomplie et qu’il est venu en établir une Nouvelle. « L’eau de la Loi » cède alors la place au « bon vin de l’Esprit Saint », cadeau par excellence de l’Alliance Nouvelle (cf. Lc 11,9-13)…
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« Alors Jésus prit les pains et, ayant rendu grâces, il les distribua (En grec : « diadidômi » ; donner se dit « didômi ») aux convives… Quand ils furent repus, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux (littéralement : les « rompus ») en surplus, afin que rien ne soit perdu » » (Jn 6,11-12). Comparer les verbes employés en ces deux versets avec ceux utilisés en Lc 22,19 : à quoi St Jean fait-il ici allusion ?
De plus, le texte grec officiel a, comme la TOB, en Jn 6,23 : « … près de l’endroit où ils avaient mangé le pain après que le Seigneur eut rendu grâces » ; quel verbe retrouve-t-on ici ? Et « rendre grâces » se dit en grec « eukharistéô »…
Dans les récits de multiplication des pains en St Matthieu (14,16.19 ; 15,36), St Marc (6,37.41 ; 8,6) et St Luc (9,13.16), qui distribue le pain à la foule ? Et ici, en St Jean, qui le fait ? St Jean prépare ainsi le discours qui suivra où Jésus donnera à ce pain une signification toute nouvelle : cf. Jn 6,35 (6,48). Que représente donc ce pain multiplié en Jn 6,1-15 ? Et lorsque nous vivons une Eucharistie, c’est le Christ Ressuscité en personne qui continue à venir se donner mystérieusement à nous pour nous communiquer sa vie. Et il le fait par les serviteurs qui nous distribuent le pain de vie.
De quoi le rassasiement des convives en 6,12 est-il le signe (cf. Jn 6,35 ; 10,10 ; Col 2,9-10) ?
Puis Jésus dit : « Rassemblez les morceaux en surplus afin que rien ne soit perdu ». Quel est le sens premier, immédiat, de cet ordre ? Mais ce verbe « perdre » (apollumi en grec), traduit parfois par « périr », a une connotation toute particulière en St Jean ; d’après les contrastes employés en Jn 3,16 ; 6,39-40 ; 10,10 ; 10,27-28 ; 12,25 que signifie « être perdu » pour St Jean ? A la lumière de cette petite enquête, quel sens nouveau prend l’expression « afin que rien ne soit perdu » ? Comment l’Eucharistie est-elle alors présentée ?
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Un dernier point sur la symbolique des chiffres. La première partie des Ecritures Hébraïques s’appelle « la Torah » (la Loi). Elle est composée de cinq Livres (Gn ; Ex ; Lv ; Nb ; Dt) où ont été rassemblés tous les textes de Loi qui régissent la vie d’Israël. Tout le Peuple de Dieu se devait alors d’obéir à la Loi pour vivre en Alliance avec Dieu (cf. Ex 24,7-8) et trouver ainsi le chemin de la vie (cf. Ps 119(118),25.37.93.107 ; Dt 30,15-20 ; Ac 7,37-38) ? « Mille » évoque en hébreu « la multitude ». Les « cinq mille hommes » représentent ainsi dans notre texte « la multitude » du Peuple d’Israël appelée à trouver le chemin de la vie en obéissant aux cinq livres de la Loi. Et le cœur de la Loi est composé des « Dix commandements » (Ex 20,1-17), plus précisément dans l’hébreu de l’Ancien Testament, « les Dix Paroles ». En multipliant « cinq pains », Jésus suggère à nouveau par ce chiffre « cinq » que désormais, ce n’est plus la Loi qui sera la référence première, mais la Parole du Père qu’il est venu nous transmettre, ce Père qui avait déjà donné à Moïse « les Dix Paroles ». Mais avec le temps, les hommes les avaient surchargées de toutes sortes de préceptes et de commandements qui n’étaient bien souvent que des traditions humaines allant jusqu’à trahir parfois l’intention même de la Loi (cf. Mc 7,6-13). Jésus est donc venu la purifier en la recentrant sur l’essentiel : l’amour de Dieu et du prochain (Mt 22,34-40). Maintenant, le disciple du Christ est invité à aimer « comme » le Christ a aimé (Jn 15,12). S’il le fait, il accomplira « les Dix Paroles » car « celui qui aime autrui a de ce fait accompli la Loi. En effet, le précepte : Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas, et tous les autres se résument en cette formule : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. La charité ne fait point de tort au prochain. La charité est donc la Loi dans sa plénitude » (Rm 13,8-10).
Mais reconnaissons-le, laissés à nous‑mêmes, à nos propres forces, nous n’arrivons pas à aimer « comme » Jésus a aimé. Aussi avons-nous besoin du secours de Dieu : le Don de l’Esprit Saint qui est avant tout une force d’aimer. Avec lui et grâce à lui, en tant que nous le recevons par la prière, il devient alors possible d’aimer « comme » le Christ a aimé, car le disciple a alors part à l’Amour même qui remplit le cœur de Dieu. En effet, « l’Amour de Dieu », l’Amour avec lequel Dieu nous aime, « a été versé en nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). Et « le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,25)…
Enfin, le chiffre « douze » renvoie aux douze tribus d’Israël, un symbole qui rejoint les « cinq » pains de la Loi, nourriture de vie pour la multitude du Peuple de Dieu. Mais maintenant, une nouvelle symbolique se dessine : chaque Apôtre, et ils sont Douze, recevra bientôt une de ces corbeilles pleines avec pour mission d’aller offrir ce pain de vie à la multitude des hommes appelés au salut… C’est ce que l’Eglise continue de faire jour après jour, au Nom de son Seigneur…
La marche sur la mer (Jn 6,16-21)
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A l’époque de Jésus qui, pensait-on, habitait dans la mer (cf. Is 27,1 ; Ps 74,13‑14 ; 148,7 ; Lc 8,30-33) ? Et dans l’Evangile de Jean, « la nuit » représente souvent elle aussi les forces du mal (cf. Jn 13,21-30; 8,12 ; 12,35)… Dans quelle situation se trouvent donc les disciples en pleine « nuit » au cœur de « la mer » ?
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Mais contrairement à St Marc (6,45-52) et à St Matthieu (14,22-33), St Jean ne s’attarde pas sur le péril qui les menace, car c’est le Christ qui l’intéresse. Dans quelle attitude ce dernier apparaît-il en 6,19 ? Or, d’après Jb 9,8 (cf. Ps 77(76),20), qui est Celui-là seul qui peut « fouler les hauteurs de la mer » ? Et qu’est-ce que cela signifie ? Que suggère donc l’attitude de Jésus (1), et que préfigure-t-elle (cf. 1Co 15,20-28) ?
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Les disciples « ont peur » de Jésus, et ce sera la seule et unique fois dans l’Evangile de Jean où cela se produira. Dans quel contexte cette « peur » intervient-elle très souvent dans l’Ancien Testament (Gn 3,10 ; 28,16-17 ; Ex 3,6 ; 20,18 ; Is 2,10.20‑21 ; Lc 9,34) ? Et que dit Dieu à chaque fois (Gn 15,1 ; 26,24 ; Jg 6,22-24 ; Dn 10,7-12 ; cf. Lc 1,12-13 ; 2,9-10 ; Mc 9,6…) ? A la lumière de tous ces textes, que suggèrent la peur des disciples et la réponse de Jésus (2) ?
En Jn 6,20, dans le contexte immédiat des relations de Jésus avec ses disciples, toutes nos Bibles ont choisi de traduire la parole de Jésus par : « C’est moi ! ». Mais St Jean a écrit littéralement en grec : « Égô éïmi », une expression que l’on retrouve dans la Traduction Grecque du Livre de l’Exode, lorsque Dieu révèle son Nom à Moïse : « Je Suis » (Ex 3,14). Or, le Nom dans la Bible renvoie directement au mystère de la personne qui le porte. « Je Suis » évoque donc le mystère de Celui-là seul qui peut se nommer ainsi… Que suggère donc, en deuxième lecture, ce « Égô éïmi » dans la bouche de Jésus (cf. Notes de nos Bibles) (3) ? Retrouver la réponse avec Jn 8,56-58 ; 8,23-30 ; 1,1-2 ; 20,28…
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Dès que les disciples sont disposés à le prendre dans la barque, St Jean écrit que « le bateau, aussitôt, toucha terre là où ils se rendaient »… Ils avaient pourtant ramé 25 ou 30 stades (1 stade = 185m) et l’historien juif Flavius Josèphe décrit le lac de Tibériade comme long de 140 stades, et large de 40… Ils étaient donc « en plein cœur de la mer »… Cette arrivée subite et inopinée « là où ils se rendaient » est une allusion au Ps 107(106),23-32. Mais, dans le Psaume, qui conduit ces marins « au port de leur désir » (BJ) ? Même question avec l’Evangile de Jean. Que suggère alors ce parallèle (4) ? Or, quel est le grand « désir » qui habite le cœur de tout homme ? Si les disciples de Jésus arrivent tout de suite « au port de leur désir » en accueillant Jésus avec foi et confiance, qu’est-ce que cela signifie : que trouvent-ils avec lui dès qu’ils acceptent de l’accueillir dans la barque (cf. Jn 15,11 ; Mt 13,16 ; Jn 20,29…) ? Ainsi en est-il pour chacun d’entre nous, dès que nous acceptons de le recevoir dans la barque de notre cœur, de notre vie…
En récapitulant les réponses (1), (2), (3), (4), quel est donc le message premier de cette marche de Jésus sur la mer. Quelle expression apparaît alors comme étant centrale ? La reprendre et l’associer à la révélation principale sur Jésus exprimée en actes par la multiplication des pains ; le résultat est repris par deux fois dans le discours qui suit, en Jn 6,35 et 6,48, au début de chacune des deux grandes parties qui le constituent… Nous percevons mieux avec quel soin ce passage a été écrit…
D. Jacques Fournier
Correction de la fiche N°11
CV – 11 – Jn 6,1-21 correction
Fiche n°12 : Jésus « Pain de Vie » par sa Parole et par sa chair offerte (Jn 6,22-47). (2)
Après avoir étudié la première partie de ce chapitre 6 (les deux signes de « la Multiplication des Pains » et de « la Marche de Jésus sur la Mer »), nous allons maintenant aborder la seconde, « le Discours de Jésus dans la Synagogue de Capharnaüm » où il dira par deux fois : « Je Suis le Pain de Vie » (Jn 6,35.48). Nous avons vu qu’avec « la Marche sur la Mer », Jésus s’est révélé comme étant Celui qui peut pleinement dire de Lui-même « Je Suis », comme Dieu autrefois dans le Buisson Ardent (Ex 3,14). Et avec « la Multiplication des pains », il s’est présenté comme étant « le Pain » que Dieu offre à l’humanité pour lui donner de participer à sa Vie. En mettant ces deux expressions ensemble, « Je Suis », et « le Pain », nous retrouvons l’affirmation centrale du discours qui suivra, « Je Suis le Pain de Vie ». Cette constatation est d’autant plus forte que St Jean reprendra dans ces deux versets l’écriture grecque particulière utilisée dans la révélation du Nom divin : « Égô éïmi, Je Suis » (Ex 3,14)… En effet, en grec, pour dire « je suis », « éïmi » suffit… Ainsi, Dieu se révèle en son Fils comme étant « Pain », c’est-à-dire un Etre totalement donné pour la Vie de celui qui acceptera de le recevoir, un Etre qui n’existe que pour le bien de l’autre…
Les préliminaires du discours de Jésus (Jn 6,22-34)
En Jn 6,22-25, quel problème se pose à cette foule qui a vécu la multiplication des pains ? De quoi Jésus se désole-t-il en 6,26 ? La foule a-t-elle reconnu qu’un miracle venait de se produire (cf. Jn 6,30 !) ? Quelle invitation lance ici Jésus (Voir aussi Lc 12,29-31 car Lc 12,32 ! Lc 12,33 ; Mt 13,44-46 ; Ep 5,18 ; Col 3,1-4 ; 1Jn 2,15‑17) ? Et comment se présente-t-il en Jn 6,27 ? Les bases de tout ce qui suivra sont déjà posées :
1 – Quel est le grand don que Jésus est venu nous communiquer (Jn 10,10) ?
2 – Où s’enracine le mystère de ce don (Jn 5,26 ; 6,57 ; 17,1-2) ? Retrouver la réponse en Jn 6,32-33 : que dit ici Jésus avant de se présenter comme étant « le Pain de Vie » ? Noter dans ce dernier texte les temps des verbes : conclusion ?
3 – A qui renvoie l’image du sceau (2Co 1,22 ; Ep 1,13-14 ; 4,30) ? Par qui le don de Dieu nous sera-t-il donc concrètement transmis (Jn 6,63 TOB ; 7,37-39 ; Rm 8,9-11 ; 2Co 3,6 ; Ga 5,25) ?
4 – Et, de notre côté, que nous demande Jésus pour le recevoir (Jn 6,47) ? En Jn 6,27, Jésus dit littéralement : « œuvrez »… Ce vocabulaire sera repris en Jn 6,28 dans le sens de « faire une œuvre », selon la logique de la Loi. Mais quelle est la seule œuvre que Jésus nous presse d’accomplir en Jn 6,29 ? Avec elle, en effet, tout commence… Ce verset peut d’ailleurs être compris de deux façons : trouver le second sens à la lumière de Jn 6,37 ; 6,44 ; 6,65 ; 1Co 12,3 et le début de 1Co 12,9.
Un détail sera important pour la suite : en Jn 6,32, le verbe donner est conjugué en grec au parfait, un temps qui renvoie à une action passée dont les conséquences se font toujours sentir dans le présent du texte : « Non, ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain qui vient du ciel, ce pain que vous avez toujours aujourd’hui »… Or Moïse a vécu vers 1250 avant Jésus Christ ! Et il était bien clair, depuis longtemps, que « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur » (Dt 8,3). « Vivifie-moi par ta parole », demande le psalmiste (Ps 118(118),37), et il constate, comme en action de grâce : « Ta Loi fait mes délices » (Ps 119(118),72.77.92). Ainsi, la Loi, dont le cœur était constitué par « les Dix Paroles » données par Dieu à Moïse au sommet du mont Sinaï (Ex 20,1-17 ; Dt 5,6‑22), était-elle considérée depuis longtemps comme un « Pain de Vie ». Quiconque l’écoutait et lui obéissait trouvait avec elle un chemin de vie… « Prêtez l’oreille et venez vers moi, écoutez et vous vivrez, dit le Seigneur » (Is 55,3). Et cette Loi était toujours en vigueur à l’époque du Christ. C’est donc à elle que Jésus fait allusion lorsqu’il évoque « ce pain qui vient du ciel », « donné autrefois par Moïse » et qui est toujours pour eux un « Pain de vie »…
I – Jésus « Pain de Vie » par sa Parole (Jn 6,35-47)
Nous la trouvons au tout début de la première partie de ce discours, et au tout début de la seconde (Jn 6,48). Cette première partie se divise en deux sections séparées par un murmure des auditeurs (Jn 6,41-42) ; et comment sera construite la seconde partie (Jn 6,48-58 ; cf. 6,52) ?
a) Un appel à la foi pour accueillir Jésus Pain de Vie par sa Parole (6,35-40)
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Nous avons vu en 6,32 le sens symbolique donné à l’époque de Jésus à « ce pain qui vient du ciel », « donné par Moïse ». En se présentant dans la foulée comme étant « Pain de Vie », quel est, dans un premier temps, le sens que prendra ce mot « Pain » dans la bouche de Jésus (cf. Jn 6,68 ; Ph 2,16) (1) ? Et d’où vient-il (cf. Jn 17,7-8 ; 8,28 ; 12,49-50 ; 14,10‑11.24) ? A-t-il la même origine que pour Moïse (Ex 20,1 ; Jos 24,26 ; Ba 4,12) ? Conclusion : celui qui croit en Moïse peut-il ne pas croire en Jésus (Jn 5,45‑47) ? Que révèle donc le non-accueil de Jésus pour ceux qui prétendaient être « les disciples de Moïse » (Jn 8,47 ; 9,28-29) ?
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A part les verbes « être » et « avoir » quels sont les deux verbes qui reviennent le plus souvent en Jn 6,35-40. A la lumière du parallèle en Jn 6,35, sont-ils équivalents ? La présence prédominante de ces deux verbes conforte-t-elle le premier sens du mot « pain » mis en lumière précédemment (1) ? Combien de fois interviennent-ils tous les deux ? Or si « sept » symbolise dans la Bible la perfection, « trois » est « le chiffre de Dieu en tant qu’il agit » ; l’action décrite par ces deux verbes est donc avant tout le fruit d’une œuvre de Dieu ( Se souvenir de Jn 6,37 ; 6,44 ; 6,65 ; 1Co 12,3 et 1Co 12,9).
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En Jn 6,36 et 6,40 (2), le verbe « voir » est associé à un autre verbe, lequel ? Quel est donc ici le sens de « voir » pour St Jean (cf. Notes de la Bible de Jérusalem pour 6,40, et de la TOB pour 6,30 et 6,36 ; voir aussi Jn 1,32 ; 14,6-11.18-20) ?
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Nous avons vu avec Jn 6,12 que le verbe « perdre » décrit en St Jean la situation de celui qui est privé de la vie éternelle par son refus de croire. Il est ici mis en parallèle avec « jeter dehors » (3) ; quel est donc ce « dedans » où le Christ désire que nous entrions tous (cf. Jn 14,1-4 ; 17,24 avec 17,20-23 ; 1Co 1,9 ; 2Co 13,13 ; Ph 2,1-2 ; 1Jn 1,3.7 ; retrouver ce verbe « entrer » en Mt 19,17 ; Mc 9,43-47) ?
• A la lumière des deux points précédents (2), (3), repérer les répétitions en symétrie en Jn 6,35-40, et trouver l’expression placée en son cœur, en inclusion. Elle est centrale pour St Jean : qu’affirme-t-elle indirectement (Jn 1,1)? Et les auditeurs de Jésus ne s’y tromperont pas : cette expression sera au cœur de leur murmures en 6,41-42 (Regarder comment ces deux versets sont à nouveau construits) ? Combien de fois intervient-elle d’ailleurs en Jn 6,32-58 ; conclusion ? |
A – v. 35-36 : …………………..B – v. 37 : ……………………C – v. 38 : ……………….B’ – v. 39 : ………………….A’ – v. 40 : …………………….. |
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Quelle est « la volonté de Dieu » d’après Jn 6,39. La préciser à la lumière de Jn 3,14-17 ; 4,42 ; 12,46-47 ; 17,1-2 ; 1Jn 2,2) ? Retrouve-t-on l’affirmation de 1Tm 2,3‑6 ? Mais quelle est la condition pour que ce projet de Dieu puisse s’accomplir de la meilleure façon possible (Jn 3,14-15 ; 3,18…) ? Qu’est-ce qui est alors nécessaire d’après Rm 10,11-17, un principe illustré en Ep 1,13-14 ? Quelle devrait donc être notre première préoccupation à tous ? Et de fait, qu’est-ce que le Christ demande à son Eglise, et que lui promet-il (cf. Mt 28,18-20 ; Mc 16,15-20 ; avec Ac 14,3.27 ; 15,4 ; 16,14 ; 21,19 ; Rm 15,17-19 ; 1Co 2,1-5) ?
Relever enfin les temps des verbes en Jn 6,35-40. Que pouvons-nous vivre et recevoir dès maintenant, et que pouvons-nous espérer « au dernier jour » ?
b) Le murmure des auditeurs de Jésus (Jn 6,41-42)
La notion de « murmure » n’intervient dans l’Ancien Testament qu’en Ex 15,24 ; 16,2.7.8.9.12[1] ; 17,3 ; Nb 14,2.27.29.36 ; 16,11 ; 17,6.20.25. Où se trouve le Peuple d’Israël dans tous ces textes ? Et dans le Livre de l’Exode, à part la première et la dernière référence où la soif est à l’origine des murmures, dans quel contexte apparaissent toutes les autres ? Les compter : conclusion ? A quel parallèle sommes-nous donc à nouveau invités en Jn 6,41-42 avec cette notion de murmure ?
Qu’est-ce qui, en St Jean, en est à l’origine (cf. Mt 13,53-58) ? L’affirmation en Jn 6,42 est-elle parfaitement exacte (cf. Lc 1,26-38) ? Retrouver une situation semblable en Jn 7,45-52 : les Pharisiens connaissent Mi 5,1, Lc 2,39-40.51-52[2] et 4,16, mais ils ignorent Lc 2,1-7. Comment peut-on qualifier une telle attitude ? Une réalité demeure en tout cas invisible à leurs yeux et à leur cœur, laquelle (cf. Jn 14,10-11) ? Conclusion : à travers ces murmures, qui est en fait rejeté (Ex 16,7-8 ; Lc 10,16 ; 1Jn 5,10) ?
c) Celui qui écoute le Père vient à Jésus (Jn 6,43-47)
• Les versets 6,43-47 sont à nouveau très bien construits, avec des éléments qui se répondent en A et A’, et au cœur une affirmation centrale. Une seule citation explicite de l’Ancien Testament apparaît d’ailleurs en Jn 6,35-47 : où est-elle ? |
• v. 43 :Jésus rebondit sur la notion de murmure.A – v. 44 : ………………………B – v. 45 ab : …………….A’ – v. 45cd : ………………….• v. 46 : Précision suite à l’affirmation du v. 45cd• v. 47 : Conclusion de la 1° partie. |
Quel est le personnage central de ce passage ? Que fait-il en Jn 6,44 ? Et que se passera-t-il alors (Jn 17,7-8 ; 7,16-17 ; 3,33-34) ? Qui sera à nouveau l’acteur principal (Jn 6,45ab) ? Que fera-t-il (Jn 5,37 ; 1Jn 5,9) et par qui (Jn 15,26 ; 1Jn 5,6) ? Quelle attitude est alors nécessaire du côté de l’homme (Jn 1,12 ; 10,37-38 ; 20,30-31) ? Et quel sera le fruit de cette action en son cœur (1Jn 5,11 ; Jn 6,63TOB ; Ga 5,25) ? La conclusion, Jésus la donne en 6,47… Et tout ceci s’accomplira dans l’invisible de la foi, car un homme a-t-il déjà « vu » Dieu (Jn 1,18 ; 5,37 ; 6,46 ; 1Jn 4,12 ; Ex 33,20) ? D’ailleurs, qui est Dieu d’après 1Jn 4,8 et 4,16 ? N’avons-nous jamais vécu cette réalité dans nos relations humaines ? Et pourtant, là aussi, l’avons-nous déjà vue ?
« Nul n’a jamais vu Dieu » : nous sommes dans la foi… Mais d’après (Jn 1,18 ; 8,19 ; 14,7) qu’est-ce qui est possible, pour nous, dès maintenant? En quels autres termes peut-on en parler d’après Jn 17,3 et 14,19-20) ? Nous retrouvons que ce qui ne se voit pas avec nos yeux de chair se vit… C’est donc en vivant la rencontre avec Dieu que nous reconnaîtrons sa Présence et son action en nos vies… L’important, c’est la vie…
Jn 6,45b cite Is 54,13 où « les enfants de Jérusalem » sont les Israélites évoqués par le biais de leur capitale ; comparer le texte écrit par St Jean avec celui qui se trouve dans le Livre d’Isaïe lui-même : au-delà des traductions toujours aléatoires, existe-t-il une différence, une expression qui manque, et si oui, peut-on deviner pourquoi St Jean a‑t-il introduit cette modification ?
D’après ce même verset, Jn 6,45, suffit-il « d’écouter » Jésus pour répondre à son attente (cf. Mt 7,21-23 ; Lc 6,46 ; Jc 1,22-25 ; Jn 8,51 ; 14,15-17.21-24 ; 15,10-11) ?
Ainsi se termine la première partie de ce discours de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm : il se présente comme étant « Pain de Vie » par sa Parole. Autrefois, la Loi donnée par Moïse, avec en son cœur « les Dix Paroles », était « le Pain » que Dieu avait donné à son Peuple pour lui indiquer le Chemin de la Vie. Mais toute cette période n’était qu’une préparation à la venue du Fils qui, en donnant les Paroles reçues de son Père, s’est présenté comme étant « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). La révélation commencée avec la Loi de Moïse a atteint maintenant sa perfection avec Jésus, le Fils Unique, « la Parole fait chair » (Jn 1,14). Ce même message est dit de façon différente par St Matthieu lorsqu’il présentela Loi Nouvelle du Royaume des Cieux, les Béatitudes (Mt 5,1-12). Cette Loi nouvelle n’annule pas la précédente, mais l’accomplit (Mt 5,17-19). Puis, Jésus reprend quelques points importants des Dix Paroles et de la Loi (Mt 5,20-48) pour nous entraîner plus loin : « Vous avez entendu qu’il a été dit… Eh bien ! Moi, je vous dis »… Il s’agit de dépasser une obéissance qui ne pourrait s’en tenir qu’aux apparences, pour aller jusqu’aux racines du cœur… Autrement dit, suivre Jésus nous engage tout entier…
La prochaine fois, nous verrons comment Jésus se présente comme étant « Pain de Vie » par sa chair offerte… Nous retrouvons ainsi les deux grandes parties de la Messe : la proclamation de la Parole, puis le Pain Consacré sur l’autel… Dans les deux cas, Jésus nous donne d’avoir part à sa Vie si nous nous tournons vers Lui de tout cœur pour l’accueillir dans la foi… Cette Vie ne se voit pas, elle se vit… Et « heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20,29) car ils vivent déjà « quelque chose » de cette éternité qui nous attend tous, par delà notre mort…
Jacques Fournier
Correction de la Fiche N°12
CV – 12 – Jn 6,22-47 correction
[1] N’oublions pas que cette manière d’écrire renvoie aux versets 2, 7, 8, 9 et 12 du chapitre 16 du Livre de l’Exode.
[2] Sont concernés ici les versets 39, 40 et les versets 51, 52 du chapitre 2 de l’Evangile selon St Luc.
La Passion du Christ
LA PASSION DU CHRIST
Histoire, traditions et spiritualité
Conférence donnée par Yannick Leroy,
Historien des Origines du Christianisme,
Intervenant au Sedifop
Le samedi 18 Avril 2020 à la Maison Diocésaine
36 rue de Paris, St Denis, de 14h 00 à 17h 00.
Entrée libre
Pour accéder à l’affiche, cliquer sur le titre ci dessous :
La Passion du Christ, conférence YL
2ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (St Matthieu 17, 1-9)
« Écoutez-le ! »
Tout ceux qui ont eu l’occasion de monter « sur une haute montagne » ont ressenti une joie intérieure en arrivant au sommet ; non pas tant pour être arrivé au bout, mais par la beauté du paysage qu’on y peut voir. Et certains ne peuvent s’empêcher de penser à Dieu qui nous a fait cadeau d’une si belle création. Et ce n’est pas pour rien que très souvent on y voit des croix.
La hauteur nous rapproche spirituellement de Dieu, et en même temps nous éloigne de ce qui fait notre train-train quotidien, nos contingences matérielles. Et cela nous incite à une prière de remerciement à Dieu, pour la beauté, … pour sa bonté …
Mais ce qui est arrivé « sur une haute montagne » aux trois apôtres choisis par Jésus va les amener à une expérience encore plus forte, avec la transfiguration de Jésus, qui apparaîtra dans sa gloire, et la présence de Moïse et de Elie qui conversent naturellement avec Jésus.
On voit le lien avec l’ancien testament, la loi et les prophètes … et le nouveau testament avec Jésus.
En un instant, l’espace terrestre s’élargit de la Galilée jusqu’au Sinaï, voire même à la Galaxie avec l’ouverture des cieux, et le temps remonte jusqu’à 1300 ans en arrière !
Si on regarde les sept protagonistes de ce passage de l’évangile, que voit-on ?
– Moïse a eu une révélation divine au sommet du Sinaï : il a entendu et vu Dieu de ses yeux, mais seulement de dos, car « mon visage, personne ne peut le voir. » (Ex 33.23). Et Dieu lui a donné une Mission envers le peuple hébreu : révéler son nom et donner les dix commandements.
– Elie a eu une révélation divine au sommet de l’Horeb : il a entendu Dieu et senti sa présence par « le murmure d’une brise légère » (1 R 19,12). Et Dieu lui a donné une Mission : oindre deux rois et son successeur Élisée.
– Jésus, Fils de Dieu, n’a pas eu de révélation car il est avec Dieu depuis toujours. Mais c’est en lui que Dieu se révèle aux trois apôtres. Sa mission, il la connaît déjà.
– les trois apôtres vont avoir une double révélation divine. Par la vision glorieuse de Jésus d’une part, et d’autre part par l’écoute de la parole de Dieu venue des nuées : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé … ». Leur mission : « Écoutez-le ! » vous-même, et redonnez ce message à tous ceux que vous rencontrerez.
– Et le dernier, Dieu, qui est l’origine et la fin … et que nous devons écouter à travers son fils Jésus.
La révélation de Dieu se fait en utilisant nos sens : la vue (Moïse, les apôtres), l’ouïe (Moïse, Elie, les apôtres), le toucher (Elie, par la brise).
Et on pourrait ajouter l’odorat (l’odeur répandue par les saints) et le goût (La Parole douce comme le miel (Ez 3,3), ou l’eucharistie).
Dieu utilise tous nos sens pour nous parler, pour se faire connaître, et pas seulement notre intelligence. D’ailleurs Jésus dit de même : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Mt 11,25).
Ce message qui a été donné aux apôtres lors de la transfiguration, leur mission, elle est aussi la nôtre : « Écoutez-le ! ».
Écouter Jésus dans son enseignement, par la lecture, la méditation de sa Parole que l’on trouve dans les évangiles.
Écouter Jésus dans la prière, dans l’adoration, dans le ’’dialogue’’ avec lui en essayant de comprendre ce qu’il veut nous dire.
Écouter Jésus dans nos actions (dans le sens d’obéir), en mettant en œuvre ses paroles, notamment dans les œuvres de miséricorde. « Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7,21).
Notre mission de chrétiens est de toujours écouter la Parole de Jésus, qui est aussi la Parole de Dieu … et de la mettre en pratique. C’est ce que disait aussi Marie : « Faites tout ce qu’il vous dira ! » (Jn 2,5).
Suivre cet enseignement, c’est aussi mettre en œuvre deux des points forts que l’on demande habituellement pendant le carême : la prière et le partage (œuvres de miséricorde), mais qui sont à faire aussi en dehors du carême, tout le temps. Et comme l’évangile nous le disait le mercredi des cendres, sont à faire dans le secret ou dans la discrétion, car « ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » (Mt 6,6).
Seigneur Jésus,
bien souvent notre prière se résume
à te faire des demandes :
nous voulons ceci ou cela.
Nous avons renversé les rôles !
Ton Père nous a dit :
’’Écoutez-le’’ en parlant de toi.
Et toi tu as ajouté :
’’Et mettez mes paroles en pratique’’.
C’est notre mission de baptisés.
Francis Cousin,
Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre suivant :
Prière dim carême A 2°
Fiche n°13 : Jésus « Pain de Vie » par sa Parole et par sa chair offerte (Jn 6,48-71). (3)
Jésus « Pain de Vie » par sa chair offerte (Jn 6,48-58)
a) Du Pain « Parole » au Pain « chair » (Jn 6,48-51)
Nous assistons ici à un nouveau commencement. Quelle grande affirmation retrouve-t-on au tout début (Jn 6,48) ? Puis quelle allusion réapparaît en Jn 6,49 après être intervenue dans l’introduction du discours (Jn 6,31-32) ? Quel thème, déjà présent en cette même introduction (Jn 6,32-33) est-il ensuite repris (Jn 6,50-51ab) ? Quel mot est répété cinq fois en ces quelques lignes (Jn 6,48-51) ? Et comment sera-t-il nouvellement redéfini dans la dernière partie du v. 51 ? Compter combien de fois ce mot intervient dans cette dernière partie du discours, en Jn 6,48-58 ; en incluant Jn 6,63 qui fait allusion à cette dernière partie, à quel résultat arrive-t-on ? 7 étant symbole de perfection, conclusion ?
Et puisque nous sommes dans la symbolique des chiffres, comptez le nombre de fois où le mot « pain » apparaît dans les sections suivantes :
1 – « Le pain multiplié » (Jn 6,1-27).
2 – « Le Pain Parole de Dieu » (Jn 6,28-47),
en se souvenant, qu’à l’époque de Jésus, la manne en était venue à évoquer le don de la Loi fait à Moïse…
3 – « Le Pain Chair offerte de Jésus » (Jn 6,48-58).
Rappelons que le chiffre 7 est symbole de perfection, et 3 renvoie à Dieu en tant qu’il agit : conclusion générale pour ce chapitre 6 ? Et plus largement encore, puisque le mot pain intervient à nouveau en Jn 13,18 ; 21,9 et 21,13, combien de fois apparaît-il en tout dans l’Evangile selon St Jean ? Sachant que le chiffre 8 évoque l’infinie perfection[1], et 3 « Dieu en tant qu’il agit », quelle conclusion pouvons-nous tirer de ce résultat global sur tout l’Evangile ? St Jean y a-t-il pensé, l’Esprit Saint l’a-t-il voulu, nous leur demanderons quand nous les verrons…
Dans la Bible, « la chair » n’est pas simplement un élément constitutif de l’homme au même titre que son âme ou son esprit. L’homme est vu en effet comme un être à la fois « un » et « multiple ». Ainsi, il est tout à la fois « chair », « esprit » et « âme », autant de facettes par lesquelles on aborde un seul et même mystère : celui de l’homme… Lorsque Jésus donne sa chair pour la vie du monde, c’est donc lui tout entier qui se donne à chacun d’entre nous, ce « Verbe fait chair » qui vit et s’exprime « dans la chair » et qui finalement mourra sur la Croix pour notre salut à tous… « Chair » en St Jean, renvoie donc à Jésus Vivant tout entier. Il est ce Pain Vivant qui possède la Plénitude de la Vie car il la reçoit de son Père de toute éternité (Jn 5,26). Et il se donne tout entier en sa chair à chacun d’entre nous dans le seul but de voir grandir sa Vie au cœur de chacune de nos vies. Et notons bien tout de suite que cette Vie nous est communiquée aussi bien par « Jésus Pain de Vie par sa Parole » que par « Jésus Pain de Vie par sa chair offerte », les deux grandes parties de chacune de nos Eucharisties. Dans les deux cas, nous le verrons, cette Vie nous est communiquée par l’Esprit Saint : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les Paroles que je vous ai dites sont Esprit et elles sont Vie » (Jn 6,63). Or Dieu est Esprit (Jn 4,24). La Vie communiquée par le Don de l’Esprit est la propre Vie de Dieu, sa Vie éternelle… Voilà ce que le Christ est venu offrir gratuitement, par amour, à tous les hommes de tous les temps… Ne pas être tourné vers Celui qui est Source d’Eau Vive (Jr 2,13 ; 17,13), Source de Vie, Celui qui donne, donne et donne sans cesse la Vie, c’est se priver de la recevoir… Et « être privé de la Vie éternelle », tel est ce que le Nouveau Testament appelle « la mort ». Que ses créatures, faites pour partager sa Vie, en soient privées tout simplement parce que leur cœur n’est pas tourné vers la bonne direction, voilà ce que Dieu ne supporte pas. Aussi est-il venu en Jésus Christ nous inviter à nous détourner du mal pour nous retourner de tout cœur vers Lui. Alors, et alors seulement, nous pourrons recevoir sa Vie…
« Je suis le Pain de Vie » nous dit par deux fois Jésus dans ce discours. Et St Jean insiste en reprenant la formulation grecque particulière employée en Ex 3,14 lorsque Dieu révèle son Nom à Moïse : « Je suis ». C’est elle que nous retrouvons ici en Jn 6,35 et Jn 6,48. Autrement dit, en Jésus Christ, Dieu Lui-même se donne en nourriture… Il se fait « pain », prêt à disparaître tout entier pour que nous puissions vivre en le mangeant ! Mais si, c’est une image, nous mangeons « Je Suis », alors, nous allons devenir « Je Suis » par ce que nous recevons. Nous allons participer nous aussi à ce « Je Suis » et chacun d’entre nous, s’il accepte de recevoir Jésus, le Pain Vivant, pourra dire lui aussi pleinement, à sa mesure de créature : « Je Suis »… Tel est le projet de Dieu sur chacun d’entre nous : il nous appelle à participer à ce qu’Il Est en Lui-même… Et tout ceci n’est que le seul fruit de son Amour… Il suffit de consentir à le recevoir et le laisser nous transformer, petit à petit, de miséricorde en miséricorde…
Insistons sur ce point : Dieu nous appelle tous, sans aucune exception, à partager sa Vie. L’Eglise, dans certaines situations particulières, et nous pensons ici aux divorcés remariés, peut demander de s’abstenir de communier à « Jésus Pain de Vie par sa chair offerte ». Comme ce pain consacré est le sacrement de l’Alliance par excellence et que le sacrement du mariage est lui aussi « le sacrement de l’Alliance », elle désire seulement nous mettre en face de nos responsabilités, tout en sachant que quantité de souffrances peuvent nous atteindre sans que nous l’ayons nous-mêmes cherché… Mais ceci étant dit, nous pouvons tous, et de tout cœur, recevoir par notre foi et dans la foi, « Jésus Pain de Vie par sa Parole offerte ». Avec elle et par elle, nous est donnée la même Vie que celle qui est communiquée par « la Chair offerte », les hosties consacrées ! Nous retrouvons ainsi les deux tables de nos Eucharisties où la même nourriture nous est offerte sur chacune d’entre elles : « Jésus Pain de Vie » venu nous communiquer la Vie de l’Esprit.
Personne ne peut donc prétexter de ses misères, de ses faiblesses, de sa situation matrimoniale pour ne pas aller à Jésus « Pain de Vie » offert aux pécheurs, gratuitement, par amour, pour enlever justement le péché du monde. Et c’est bien parce que nous sommes pécheurs que nous avons besoin de le recevoir ! « Vous péchez tous les jours ? », disait St Augustin, « alors, communiez tous les jours ! »… Avec bien sûr le désir d’un repentir sincère, de tout cœur…
Répétons-nous : nous sommes tous invités à la table de l’Eucharistie, tous, sans aucune exception, pour nous nourrir de la Vie de Jésus qui nous sera transmise par son Esprit. « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, au repentir » (Lc 5,31-32). L’Eucharistie est ce remède que Jésus médecin est venu offrir au pécheur, pour les guérir petit à petit de ce mal qui, trop souvent nous domine, pour finalement nous blesser, nous opprimer, et le pire, nous priver de la Plénitude de la Vie. Et c’est bien parce que nous sommes encore trop souvent si faibles que nous avons besoin de sa force pour nous lever et grandir sur les chemins de la Vie en choisissant, librement, par amour, de dire « non » au mal…
Concluons par une remarque. Le Père intervenait très souvent en Jn 6,35-47 ; en sera-t-il de même en Jn 6,48-58 ? Sur qui le regard va-t-il donc se focaliser ? De plus, qui donnait le pain en Jn 6,32-33 ? Qui le donne maintenant en Jn 6,51 ? Autrement dit, Jésus adhère de tout cœur à la volonté du Père qui n’a d’autre but que « la vie du monde » (Jn 6,33.51)… Le Père le donne (Jn 6,32) ? Le Père lui donne la force de se donner ? Jésus dit « Oui ! », de tout cœur, et il adhère totalement à cette invitation du Père jusqu’à dire « Je »… « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde » (Jn 6,51). Ma vie, « personne ne me l’enlève, mais je la donne de moi-même » (Jn 10,18). « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne », chantons-nous, mais cela ne se fera pas sans combat (Mt 26,39 ; Mc 14,36 ; Lc 22,42 ; et Jn 14,30-31 ; 8,29 ; 4,34 ; 6,38-40)…
b) Les fruits reçus du « Pain Chair » (Jn 6,53-58)
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La seconde partie du discours de Jésus (Jn 6,48-58) est donc, comme la première (Jn 6,35-47), coupée en deux par « un murmure » des auditeurs, « une discussion violente entre eux »… St Jean reprend ici sa technique du quiproquo pour faire avancer le dialogue. Les interlocuteurs de Jésus vont prendre en effet le mot « chair» en son sens premier de « viande », une méprise semblable à celle des Juifs dans le Temple (Jn 2,18‑21), de Nicodème (Jn 3,4), de la Samaritaine (Jn 4,11-12.15)…
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Que désigne en général le couple « chair et sang » dans la Bible (Si 14,18 ; 17,31 ; Mt 16,17 ; Jn 1,13 ; 1Co 15,50 ; Ga 1,16 ; He 2,14) ? A quelle réalité renvoie donc ici « la chair » de Jésus ? De plus, que croyaient les anciens à propos du sang (cf. Lv 17,11.14 ; Dt 12,23) ? Toutes ces remarques vont dans le même sens, souligné encore par l’insistance déployée en Jn 6,53-54 : Jésus se donne tout entier à chacun de nous pour qu’en le recevant, nous puissions devenir à notre tour, tout entiers, ce que Lui seul Est… Alors, et alors seulement, nous vivrons pleinement de sa Vie… Tel est son seul but… « Je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait en surabondance » (Jn 10,10)…
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St Jean emploie ici deux verbes grecs différents pour exprimer l’idée de « manger ». Le premier, « esthiô », peut se comprendre aussi bien à un niveau concret (6,5.23.26…) que symbolique (Ez 2,8-3,3 ; Is 55,1-3). Celui qui « mange la Parole » la reçoit alors avec foi. Le second verbe, « trôgô » (Jn 6,54.56.57), signifie « manger, croquer, se mettre sous la dent » et renvoie alors clairement au « Pain chair ». Mais la démarche qui permet de recevoir le Pain-Parole est-elle différente pour le Pain-chair : qu’est-ce qui est important dans les deux cas (Jn 6,47) ? Autrement dit, notre foi s’exprime dans un premier temps par une écoute attentive de la Parole de Dieu, un cœur ouvert, abandonné, confiant… La foi accueille alors la Vie donnée… Et cette même foi s’exprime ensuite dans un deuxième temps par toute l’attitude corporelle qui consiste à se lever à l’appel de Jésus, à marcher et à ouvrir nos mains et notre bouche pour recevoir le pain consacré qui nous est gratuitement offert… Nos mains ouvertes sont alors le signe visible de ce qui, en nous, ne l’est pas : notre cœur, ouvert, abandonné, confiant… Et la foi accueille la Vie donnée… Que disons-nous d’ailleurs lorsque le pain consacré nous est présenté ? « Amen ! » C’est-à-dire, en hébreu : « C’est vrai ! ». « C’est du solide ! ». Autrement dit, nous disons : « Oui, nous croyons ! ».
Quels sont les trois fruits, accompagnés de verbes au présent, que le croyant est invité à recevoir dès maintenant, dans l’aujourd’hui de sa foi :
(1) Jn 6,53-54 ;
(2) Jn 6,56 ;
(3) qui précise (1) : Jn 6,57.
Et que retrouvons-nous comme objet de notre espérance « au dernier jour » (Jn 6,54) ? Néanmoins, que peut-on dire de cette Vie qui sera alors la nôtre : sera-t-elle différente, en sa nature, de celle que nous recevons dès maintenant dans la foi (Jn 6,58 ; 11,25-26) ? D’où la formidable aventure qu’il nous est possible de vivre dès maintenant, dans la foi… « Je ne vois pas trop ce que j’aurai de plus après ma mort… C’est vrai, je verrai le bon Dieu, mais pour ce qui est d’être avec lui, j’y suis déjà tout à fait sur cette terre » (Ste Thérèse de Lisieux).
C’est la première fois dans l’Evangile selon St Jean que le verbe utilisé en Jn 6,56 (2) pour décrire les conséquences de l’accueil de la chair et du sang du Christ apparaît en ce sens : à quel mystère renvoie-t-il (Jn 14,10-11.17.20.23[2] ; 15,4-10 ; 10,38 ; 17,20-26) ? Quel est donc le grand fruit de l’Eucharistie (1Jn 1,1-4 et tout spécialement le verset 3) ? Quelle conséquence immédiate en déduit-on sur le mystère de l’Eglise (1Co 10,16-17) ? Noter que ce point (2) est au cœur de notre passage ; les points (1) et (3) en précisent la nature… Il ne s’agit pas en effet d’une « communion » comme peuvent la vivre ceux qui partagent des mêmes goûts, une même passion, une même vision de la société ou du monde… Il s’agit d’une communion « existentielle » au sens où tous les disciples de Jésus sont unis les uns aux autres par une même Vie qui vient, de l’intérieur, animer, soulever, éclairer, dynamiser toute leur vie, et les lancer tous ensemble dans une seule et même direction : celle de l’Amour, de la Miséricorde, de la Vérité, de la Justice et de la Paix (Ps 85(84),11 ; Ga 5,22-23 ; Ep 5,8-11)… Cet Esprit reçu du Christ, dont la Présence est renouvelée et fortifiée à chaque Eucharistie, est donc à la racine du mystère d’Unité qui unit entre eux tous les disciples de Jésus (1Co 12,13), et plus largement encore tous les hommes de bonne volonté, tous ayant été créés « à l’image et ressemblance de Dieu » par la Présence en eux du Souffle de l’Esprit (Gn 1,26‑27 ; 2,4b‑7)…
Enfin, par rapport à la relation que le Christ vit avec son Père, que réalise en nous l’Eucharistie vis-à-vis du Christ (Jn 6,57) ? Retrouver cette dynamique en Jn 10,14-15 ; 15,5 avec 5,19 ; 15,9-10 ; 17,18.21 ; 7,37-39 avec 4,13-14.
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Jn 6,58 est la conclusion générale du discours de Jésus ; on y retrouve :
1 – Le thème principal de la première partie : Jésus « descendu du ciel » en tant qu’originaire du ciel. Il est venu accompli la volonté du Père : sauver le monde (Jn 3,16-17), « ne rien perdre » de tous les hommes…
2 – L’allusion au Livre de l’Exode et à la marche d’Israël au désert pendant 40 ans, nourri par la manne (Ex 16). Cette allusion avait ouvert le discours (Jn 6,31-32).
3 – Enfin, le but suprême poursuivi inlassablement par le Christ : que nous « vivions à jamais » en participant à sa vie…
Conclusion (Jn 6,60-61)
La clé d’interprétation de tout le discours, déjà rencontrée précédemment, est : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et elles sont Vie » (Jn 6,63).
Mais la réalité spirituelle présente en Jésus se propose à la foi et ne peut être reçue que par la foi et dans la foi… Que se passe-t-il alors, même parmi les disciples de Jésus ? Quelle confession de foi Pierre donne-t-il au nom de toute l’Eglise ? Quel thème, apparu au tout début de Jn 3,19, retrouvons-nous ici indirectement (Jn 3,18-21 ; 7,12.43 ; 9,16 ; 10,19-21) ? Et pourtant, quel est le seul désir qui habite le cœur de Dieu (Jn 5,22 ; 3,16‑17 ; 17,24…) ?
D. Jacques Fournier
Correction de la fiche N°13 :
CV – 13 – Jn 6,48-71 correction
[1] En effet, 8 c’est 7 + 1 : on ajoute « quelque chose » à la perfection, ce qui évoque « l’infinie perfection », celle qui ne peut qu’appartenir à Dieu et à Dieu seul. A chaque lettre grecque était traditionnellement affecté un chiffre. Si l’on prend ce code universel, le total des lettres de « Jésus » est : 888.
[2] Rappel : cette manière d’écrire renvoie, dans le chapitre 14, aux versets 10 et 11, puis au verset 17, au verset 20, au verset 23.
Fiche n°14 : Le Christ, Source d’Eau Vive (Jn 7)
1 – La Fête des Tentes était l’une des trois grandes fêtes de pèlerinage où les Israélites étaient invités à monter à Jérusalem (Dt 16,16). « Ces temps forts marquaient la vie du Peuple et donnaient toute son importance au Temple »[1]. D’après Lv 23,33-36 et 23,39-43, de quoi se souvenait-on lors de la fête des Tentes et combien de temps durait-elle ? Quels en étaient les jours chômés ? Tel est donc le contexte religieux du chapitre 7 sur lequel nous reviendrons au verset 37… De plus quel est le climat général qui régnait en Judée, et donc à Jérusalem sa capitale, vis-à-vis de Jésus (Jn 7,1) ?
2 – Préciser le sens du mot « frère » en :
1 – En Mc 1,16.19.
2 – En Mc 6,17, on apprend qu’Hérode Antipas, fils d’Hérode le Grand et de Malthace, avait épousé Hérodiade, la femme de Philippe « son frère ». Or Philippe était l’enfant d’Hérode le Grand et d’une certaine Cléopâtre. Quel sens précis a donc ici le mot « frère » ?
3 – D’après Mc 15,40.47, la mère de Joset est-elle aussi la Mère de Jésus ? Conclusion : quel sens donner au mot « frère » en 6,3 ?
4 – En Mc 3,34-35.
Conclusion : qui sont « les frères » de Jésus en Jn 7,3 ? Croyaient-ils en lui ? Quelle critique lui font-ils ? En Jn 7,4, ils lui disent : « Manifeste-toi au monde ». Mais Jésus peut-il faire quelque chose de lui-même pour lui‑même (cf. Jn 5,19-20.30) ? Quelle est son unique préoccupation (cf. Jn 4,34 ; 8,49 ; 14,13.31 ; 17,4) ? Et de fait, qui « manifestera-t-il » (cf. Jn 17,6 ; 1,18) ? En se manifestant lui-même, Jésus se glorifierait lui-même ; mais qui en fait le « glorifie » (cf. (1) Jn 8,54 ; 12,28 ; 17,1.5 ; et tout ceci s’accomplit par (2) : Jn 16,13-14), ou lui « rend témoignage » (cf. (1) Jn 5,37 ; par (2) Jn 15,26) ? A quel langage s’apparente donc celui des « frères de Jésus » (cf. Jn 7,18a ; Rm 8,19-21 ; 1Tm 3,6 ; Lc 4,1-4) ? Or, d’après Jn 18,37, pourquoi Jésus est-il venu dans le monde ? Face à quelqu’un qui fait le mal, que lui dira-t-il donc (Jn 8,45) et dans quel but (8,31-36 ; 12,46) ? Mais reconnaître ses erreurs demande de l’humilité, alors que le péché qui blesse le monde est justement l’orgueil… Et quelle est la première réaction de l’orgueil vis-à-vis de celui qui « témoigne que ses œuvres sont mauvaises » (Jn 7,7 ; 15,18-27) ? Quelle est donc l’attitude fondamentale que Jésus attend de nous tous (Jn 3,21 ; exemple en 4,16-18) ? Que fera-t-il alors (Jn 1,29 ; Lc 5,20) et où nous entraînera-t-il (Jn 14,1-6 ; Ep 2,18) ?