Lecture : Matthieu 16, 21-27
« Il se mit à leur montrer qu’il fallait que le Fils de l’Homme monte à Jérusalem pour y souffrir de la part des anciens, pour être tué et pour, le troisième jour, ressusciter. – Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Qui veut sauver sa vie, la perdra, qui accepte de perdre sa vie, la sauvera ! »
« Il fallait » veut dire : « Il faut absolument que, dans mon amour de Dieu, de Fils éternel, Je vous mène à l’accomplissement de toute chose. Je ne suis pas venu ici pour subir une contrainte, Je suis venu ici pour vous proposer l’accomplissement réel du dessein de mon Père ». Ce n’est pas une nécessité, c’est la plus haute exigence de la liberté. « Il fallait » signifie que si nous voulons un jour parvenir au cœur du Père, il faut que tout soit accompli dans l’ultime don de soi qui va jusqu’à la mort, et d’abord la mort du Christ. C’est pourquoi, loin d’être une fatalité qui s’abat sur le Christ, c’est au contraire le début de la délivrance et de la véritable manifestation de notre liberté et de celle qui est au cœur du Christ.
Il ne nous fait pas de concession. Dans ce regard que nous devons avoir sur nous-mêmes, c’est le Christ qui regarde notre propre destinée dans notre cœur. Et parce que son regard se pose sur nous, II nous fait voir notre vie et son accomplissement comme Lui-même voit sa vie et son accomplissement : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renonce ou qu’il se renie lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ! » Il n’y a pas d’autre accomplissement de nous-mêmes que d’entrer dans la mort avec le Christ. Au moment même où le Christ explique à ses disciples le sens de l’accomplissement de toute chose par sa mort, il leur explique en même temps qu’ils ne pourront pas faire de détour, ni éviter ce chemin-là et que tout chemin réel de rencontre du Royaume de Dieu ne peut passer que par la mort.