La loi du talion, l’amour des ennemis, voilà un passage de l’évangile qui a souvent été interprété de façon catastrophique. La loi du talion d’abord, on a dit tout simplement jusqu’à maintenant que le Dieu de l’Ancien Testament était un Dieu de vengeance, il tenait des comptes, il fallait rendre exactement la monnaie de la pièce à tous ceux qui vous avaient fait du mal, mais nous, les chrétiens, avec le Christ, nous n’avons plus à nous venger, à régler nos comptes, ou à faire qu’on renvoie à chacun la monnaie de sa pièce, ou le chien de sa chienne. Donc, on voit là le progrès manifeste de la religion. L’Ancien Testament, c’est la crainte, la vengeance, le calcul, la méchanceté mesurée, et le Nouveau Testament, c’est la béatitude de l’amour qui va tout seul.
Ce que Jésus veut nous faire percevoir dans le bien, c’est le côté de la surabondance. Il y a une chose que l’on peut toujours percevoir dans l’acte bon, c’est qu’on a été véritablement plus que soi-même, et tout est dans le « plus ». On n’a pas été simplement quelqu’un comme on dit parfois, qui obéit à sa conscience, même si à certains moments il faut passer par un processus de formation de la conscience pour savoir ce que l’on doit faire et trouver la meilleure solution. C’est très utile, mais il faut quand même le pratiquer, ne serait-ce que pour faire du bien intelligemment ce qui est plus agréable que lorsque ce n’est pas fait intelligemment. Donc, il y a une dose de discernement de conscience, d’éducation, et c’est pour cela qu’il faut éduquer la conscience des enfants et des jeunes à la perception de cela. Mais en même temps, il faut savoir qu’au moment même où je pose un acte de bien, non seulement je ne me laisse pas ficeler comme lorsque le mal diminue et étreint ma liberté, mais au contraire je me laisse grandir et ouvrir, et je me laisse devenir plus grand par la force du bien qui part de moi.