L’évangile de ce jour est une partie de la grande prière que Jésus adresse à son Père avant sa Passion.
« L’heure est venue. Glorifie ton Fils… ». Pourquoi ? Pour que le Fils puisse rendre gloire à son Père, ce qu’il a fait tout au long de sa vie sur la terre.
A vue humaine, c’est une raison qui n’est pas une raison, et qui ne nous satisfait pas vraiment. Si Jésus avait tout fait auparavant pour la gloire de son Père, pourquoi demander maintenant qu’il soit glorifié dans ce but, et surtout en quoi ce qui va suivre, sa Passion, va le glorifier ? La gloire de Jésus sera montrée quand, jusqu’au bout, il aura tout fait par amour pour les hommes : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13) : c’est sa Passion, ses souffrances, sa mort sur la croix qui vont donner du poids à sa vie, qui vont faire qu’il n’est pas un simple philosophe et qu’on pourra croire en lui, après la manifestation de la gloire de Dieu le Père qui le ressuscitera : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrit cela pour entrer dans sa gloire ? » (Lc,24,26).
La gloire de Jésus se manifestera dans son abaissement, basé sur l’amour et le don de soi, jusqu’à l’ultime, basé que la justice et la vérité. Ce qui est tout le contraire de notre vision de la gloire dans le monde : la gloire, pour beaucoup, c’est quand on se met au-dessus des autres, par des événements futiles, sans lendemain, quitte parfois à utiliser des moyens frauduleux, le mensonge ou la triche … et on en a un bel exemple avec la plupart de ceux qui se présentent actuellement aux élections législatives, ou d’autres faits divers. Jésus bâtie sa gloire sur sa relation avec son Père, sur la transcendance. Les hommes sur l’évanescence (pas tous …).
Faut-il faire alors comme le Christ ?
Être dans l’abaissement, dans l’humilité : oui. Rechercher la gloire : non. Rechercher la souffrance comme le Christ lors de sa Passion : non !
C’est dans ce sens qu’il faut entendre le passage de saint Pierre dans la deuxième lecture. « Bien-aimés, dans la mesure où vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera ». Il s’agit ici de la gloire du Christ, qui se révélera à la fin des temps, et pas de la nôtre. On retrouve ici la dernière Béatitude : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5,11). D’ailleurs, Pierre ne parle pas d’une quelconque gloire qui rejaillirait sur les personnes concernées, mais de la gloire de Dieu qu’il invite à remercier : « Mais si c’est comme chrétiens … qu’il rende gloire à Dieu ».
La gloire n’est jamais pour nous.
La gloire est toujours pour Dieu. Car c’est lui qui nous fait agir comme chrétiens.
Rendre gloire à Dieu dans la prière. On voit combien pour les premiers chrétiens, la prière, la relation à Dieu était importante. Ainsi, dans la première lecture : « Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière ».
Il faut dire qu’avec Jésus, ils avaient appris combien est importante cette relation avec le Père : « Tout ce que vous demandez dans la prière, croyez que vous l’avez obtenu, et cela vous sera accordé. » (Mc 11,24).
La prière avant l’action, pour demander. La prière pendant l’action, pour demander l’aide de l’Esprit, la prière après l’action, pour remercier Dieu de son aide.
Jésus était tellement sûr que son Père accueillerait sa prière qu’il le remerciait même avant que l’action ne soit réalisée, notamment avant que Lazare ne fut revenu à la vie : « Je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours » (Jn 11, 41-42).
Cette certitude, cette foi en la réponse de Dieu à nos prières, est-ce que nous l’avons toujours ?