27ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis Cousin
Évangile selon Saint Matthieu 21, 33-43
« Le Royaume de Dieu vous sera enlevé … »
La parabole de Jésus de ce dimanche ne pouvait laisser les auditeurs indifférents. Dès le début, ils ne manquent pas de faire le parallèle avec le texte d’Isaïe qu’ils connaissent parfaitement (1° lecture). Ils n’ont pas besoin d’explications, et ils savent que le propriétaire de la vigne, « l’homme », représente Dieu, et la vigne le peuple hébreux, la « maison d’Israël ».
Mais la fin n’est pas la même. En Isaïe, c’est le raisin, le fruit de la vigne qui est mauvais : il n’y a plus de droit, plus de justice, la loi du Seigneur est bafouée, avec pour conséquence l’enlèvement de la clôture, de la protection du peuple juif par Dieu et l’annonce de l’envahissement de Canaan et de la déportation à Babylone.
Dans l’Évangile, la situation est différente. Ce n’est pas la vigne, le raisin qui est mauvais, mais les vignerons engagés par le maître pour s’occuper de la vigne qui sont mauvais. Le maître qui avait tout préparé avant de partir : la plantation, la clôture, le pressoir, la tour de garde … ils n’avaient qu’à entretenir la vigne et assurer la vendange. Mais le maître était loin. Et ils se sont dit que ce serait bien de s’approprier la vigne. Alors quand le maître envoie des émissaires, ils les battent, ou les tuent. Même le propre fils du maître qu’ils ne voient que comme l’héritier ! C’est l’égoïsme, le désir de puissance, de pouvoir, l’argent … qui amènent la violence !
Alors Jésus leur demande de donner la conclusion de la parabole, à eux, les chefs des prêtres, les anciens du peuple, des pharisiens. Et la réponse est terrible : « Le maître les fera périr misérablement ! ». On reste dans le domaine de la violence. La violence qui entraîne la violence.
Réaction bien humaine, mais qui n’est sans doute pas celle que Jésus attendait. C’est lui le fils du maître, de Fils de Dieu. « Mais le monde de l’a pas reconnu » (Jn 1,10), les chefs des prêtres, les anciens, ne l’ont pas reconnu ! Mais Jésus ne veut pas la violence, il est venu pour les pécheurs, pour les amener à reconnaître leurs fautes, pour les pardonner.
Mais eux ne parlent que de mise à mort ! Eux qui seront à l’origine de la mise à mort de Jésus sur la croix ! Ils n’ont pas compris que la parabole les concernait, eux qui se comportaient comme les vignerons en se prenant comme les propriétaires du peuple juif, fixant les règles de ce qu’il faut faire ou ne pas faire, se mettant loin de Dieu.
Vraiment, « les pensées de Dieu ne sont pas celles des hommes » et vice-versa.
Jésus fait alors une autre référence à l’Écriture : « La pierre qu’on rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux. ». Cette pierre qui est Jésus, déjà rejetée et qui le sera encore plus par la suite lors de sa Passion. Elle sera la pierre d’angle de l’Église lorsque Jésus sera ressuscité par son Père, elle sur qui se fonderont tous les apôtres : « Jésus le Nazaréen, … Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort » (Ac 2,24).
Et il continue : « Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits ».
Et il n’y a pas de date pour cette prédiction, ni qu’elle ne sera utilisée qu’une seule fois concernant le peuple juif.
Peut-être que cela concerne aussi notre propre Église locale, mais aussi toutes les Églises d’Europe, voire de l’hémisphère nord. Peut-être trop de certitudes dans nos Églises qui sont peut-être trop sûres d’elles, peut-être trop hautaines …Elles sont encore vivantes, différemment d’autrefois, mais on sent bien le problème du manque de vocations, principalement sacerdotales. Alors que dans d’autres régions du globe, les vocations ne diminuent pas, et même augmentent. Dans les Églises d’Afrique, d’Amérique du Sud ou de l’Asie. Quand on lit il y a un mois que le Diocèse de Manado, en Indonésie, qui compte 106 600 catholiques, dispose de 157 prêtres pour 61 paroisses, que le grand séminaire avait 81 élèves l’an dernier, plus de cent cette année, et prévoit 190 élèves en 2018-2019, au point de devoir s’agrandir, on se dit qu’ils ont bien de la chance.
Sans doute, mais il faudrait aller plus loin, et ne pas se contenter d’un constat. Prions, non pas pour que Dieu appelle des jeunes de chez nous, ça il le fait tout le temps, mais pour que de nombreux jeunes acceptent de répondre à son appel, pour que les parents acceptent les désirs vocationnels de leurs enfants, pour que de nombreuses personnes soient des incitateurs de vocations (et pas seulement les prêtres ou les religieuses).
En ce mois d’octobre, dédié à Notre-Dame du Rosaire, n’ayons pas peur de demander l’aide de Marie pour susciter des vocations de prêtres, religieux, religieuses. C’est elle qui a dit à Pontmain : « Mais priez, mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon fils se laisse toucher. »
Seigneur Jésus,
tu viens à nous comme un frère,
et nous, nous agissons
comme si nous étions supérieurs à toi,
nous prenant comme les propriétaires de ton Église.