26ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis Cousin
Évangile selon Saint Matthieu 21, 28-32
« Lequel des deux à fait la volonté du père ? »
L’évangile de ce dimanche nous parle d’une situation que tous les pères ou mères de famille connaissent bien. Combien de fois disent-ils à leur enfant « Viens mettre la table. » et entendent « J’arrive ! » sans qu’il n’y ait de réaction un quart d’heure après ! Ou qu’au contraire ils demandent à leur enfant de ranger leur chambre et s’entendre répondre : « Wouais non, elle est bien comme ça ! », et sont tout surpris de la voir bien nette quelques temps après.
Cette Parole de Jésus nous concerne tous, que nous soyons dans le rôle du père ou dans celui de l’enfant. Et quand nous sommes dans celui de l’enfant, selon les cas, nous pouvons dire « oui » et ne rien faire, ou dire « non » et faire quand même. Et nous sommes tous (ou presque) confrontés à ce genre de situation.
Pourtant nous savons que Jésus a dit : « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. » (Mt 5,37), et parlant des scribes et des pharisiens : « ils disent et ne font pas » (Mt 23,3). Serions-nous comme les pharisiens ?
Prenons l’attitude du premier enfant : il commence par dire « non » puis va à la vigne. Pourquoi ce changement d’idée ? Avant de regarder l’enfant, voyons le comportement du père. Jésus n’en dit rien, parce que justement, il ne dit rien. Il “n’engueule” pas son fils, ce qui risquerait de le conforter dans son refus, dans son obstination. Il laisse son fils devant son problème, et il continue à l’aimer, comme le père du fils prodigue : il attend qu’il revienne sur sa décision.
Devant l’amour de son père, le fils se ravise et pars à la vigne, non pas par amour de la vigne, dont il n’a sans doute que faire, mais par amour, peut-être inconscient, ou par respect pour son père. L’amour entraîne l’amour.
Pour le second enfant, il dit « oui », peut-être par habitude, sans réfléchir, peut-être sans même savoir ce que son père lui a dit. Il répond par réflexe mais se moque complètement de son père, il ne pense qu’à lui et à ses habitudes. Il n’y a aucun lien d’amour entre lui et son père.
Le passage à l’action est une réponse à l’amour du père (du Père !), est une question d’amour filial. Si celui-ci existe, l’action se fera, même après un refus. Si celui-ci n’existe pas, l’action ne se fera pas malgré une acceptation de pur formalisme, qui n’est qu’une parole sans fondement, détachée du cœur.
Une fois de plus, Jésus nous montre que les paroles ne suffisent pas, mais que l’important est l’action qui en découle : « Ce n’est pas en (…) disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7,21). Saint Jacques dit aussi la même chose : « Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. (…) par les œuvres, la foi devint parfaite. » (Jc 2,18.22).
Il faut donc mettre en conformité le dire et le faire.
La Parole de l’Évangile nous met-elle “en route”, en déplacement pour nous changer, nous convertir, nous ouvrir à Dieu et aux autres ?
Est-ce que nous nous posons la question : « Que devons-nous faire ? » comme le faisaient les auditeurs de Jean-Baptiste pour changer leur cœur, pour passer à l’action. Est-ce que nous la posons à d’autres, dans nos groupes, dans nos équipes, nos mouvements ? Est-ce que nous la posons à un prêtre ?
Que répondons-nous à Dieu qui nous dit, à nous aussi : « Va travailler à ma vigne », et qui le fait sans arrêt, comme dimanche dernier, pour que nous puissions aller dans le Royaume des Cieux ?
« N’aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ, laisse-toi regarder car il t’aime. »
Laisse-toi regarder par le Christ jusqu’au fond de ton cœur, et laisse-le faire … pas de manière passive, mais active. Alors, il changera « [ton] cœur de pierre … [en] un cœur de chair. » (Ez 36,26).