Se reposer ou danser avec le Christ ?
« Le Fils de l’Homme n’a pas une pierre où reposer sa tête ». Frères et sœurs, vous connaissez peut-être cette boutade hélas authentique. A Jérusalem, au début du vingtième siècle, un musée religieux présentait dans une vitrine, un caillou, avec la mention : « La pierre que Jésus n’avait pas pour reposer sa tête » ! C’est une manière comme une autre d’attirer du public.
Autrement dit, cette parole et celles qui suivent sur les exigences des disciples nous remettent exactement devant le problème central de Jésus. Jésus ne pouvait pas rester en place et ne pouvait pas rester en repos dans sa création. Pourquoi ? Parce que pour lui, la création telle qu’il est venu la visiter ne pouvait pas être un but. Non seulement il était en marche, mais il fallait qu’il mette le monde en marche. Non seulement il ne se reposait pas, mais d’une certaine manière, il fallait qu’il communique à notre monde l’inquiétude, c’est-à-dire la mise en mouvement vers un ailleurs. Le principal défaut de notre création, de notre monde, c’est souvent de nous dire : « On s’arrête là ». Nous trouvons des milliers de pierres pour reposer notre tête, nous en faisons des maisons de quatre cents, cinq cents mètres, un kilomètre de haut. Là, nous sommes en train de vouloir reposer notre tête. C’est parfois un peu d’orgueil, c’est parfois un peu de vanité, quelquefois c’est seulement la nécessité de se loger, mais c’est vrai que nous avons tendance à vouloir accumuler les pierres en croyant pouvoir y reposer notre tête. Mais le monde et la création ne sont pas faits pour rester immobiles dans une sorte de repos de cimetière. Le monde a parfois trop envie d’être mort pour enterrer ses morts. Le monde trop souvent a une sorte de nostalgie et trop souvent il vit d’un passé un peu facile. Mais ce n’est pas cela que nous devons vivre. La création, le monde, ont été redynamisés de l’intérieur par la présence du Christ.