La première lecture nous raconte la venue de l’Esprit Saint sur les disciples de Jésus : les douze apôtres (Matthias remplaçant Judas), quelques femmes dont Marie, la mère de Jésus, et quelques frères dans la foi. C’était le jour de la Pentecôte, une grande fête juive pour célébrer le don de la loi par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï, qui rassemblait des juifs venus de tout le bassin Méditerranéen. Soudain, un grand bruit, du vent, et des langues de feu qui se posent sur chacun des présents dans la salle haute, et aussitôt, ils parlent en d’autres langues. C’est la venue de l’Esprit Saint sur les disciples, promis par Jésus avant qu’il ne monte vers son Père. Enhardi par la force de l’Esprit, les disciples annoncent la Bonne Nouvelle de Jésus ressuscité, et tout le monde peut les comprendre. L’Évangile est pour tous, de toute langue et de toute nation, de toute catégorie sociale, juifs, païens, esclaves, hommes libres, tous sont destinataires de la Bonne Nouvelle, grâce à l’Esprit qui conduit chacun « dans la vérité toute entière » (Jn 16,13).
L’Évangile nous ramène cinquante jours en arrière, le soir de Pâques. Les disciples étaient enfermés dans la salle haute, « par peur des juifs », quand Jésus ressuscité se trouve au milieu d’eux : « La paix soit avec vous », il se fait reconnaître par ses blessures, et tout de suite trois moments :
1- « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Jésus a été envoyé pour faire la volonté de son Père, pour dire et faire ce qu’il voulait ; de la même manière, Jésus envoie les disciples pour qu’ils fassent sa volonté, c’est-à-dire annoncer la Bonne Nouvelle. Et comme le Père était avec Jésus, celui-ci sera avec ses apôtres.
2- « Il souffla sur eux et leur dit :’’Recevez l’Esprit Saint’’ ». On assiste à une re-création de l’homme, à l’image de la Genèse : « Dieu insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant » (Gn 2,7), et comme l’avait dit Ézéchiel : « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau » (Ez 36,26). Comme si Jésus voulait remettre les disciples dans l’état d’avant le péché originel, avec la force de l’Esprit Saint.
3- « A qui vous remettrez les péchés, ils seront remis… ». Les disciples sont envoyés dans le monde pour annoncer que Jésus est ressuscité, mais surtout pour expliquer pourquoi Jésus est venu sur terre : pour montrer la grandeur de l’amour de Dieu pour tous les hommes et pour les sauver du péché, pour dire à tous que, vraiment, Dieu est un « Dieu plein d’amour et de miséricorde » (cf Ps 85,5), pour dire que « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jn 13,1) et que sur la croix, il versa son « sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude en rémission des péchés. » (Mt 26,28).
Le pardon des péchés est une preuve d’amour de Dieu pour les hommes.
Tous les péchés ont pour origine un manque d’amour, pour Dieu ou pour les hommes. Pardonner les péchés, c’est remettre de l’amour, d’abord dans le cœur de celui qui a péché, mais aussi dans le cœur de ceux qui ont ‘subi’ le péché par la réconciliation.
On comprend alors que ce soit la première mission qui soit donnée aux disciples : pardonner les péchés, pour que chacun puisse se tourner vers le Père et soit accueilli par lui dans son paradis.
Mais il n’y a pas que les prêtres qui peuvent pardonner les péchés. Sacramentellement, oui, au nom de la Trinité. Mais pour le pardon ordinaire (même si souvent cela n’a rien d’ordinaire…), cela concerne tout le monde, et pas seulement les chrétiens.
Et non seulement il faut pardonner les fautes des autres et demander le pardon des nôtres, mais il nous faut aussi prier pour la conversion des pécheurs, ainsi que nous le rappelle Marie lors des apparitions de Lourdes ou de Fatima, ou comme on le dit dans le Je confesse à Dieu.
Que l’Esprit Saint nous aide à devenir ‘pleins d’amour et de miséricorde’, à l’image de Dieu, dans la paix et dans la joie de Pâques … qui dure tout le temps.