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30ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 22, 34-40) – Francis COUSIN)

« Le grand commandement. »

 

Le grand commandement … et non pas le plus grand commandement, comme on le dit parfois à tort et même comme le traduisent quelques bibles.

Le grand commandement … parce qu’il est le seul à être grand, il est unique.

Ce grand commandement, c’est celui qui a été donné par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Dt 6,5).

Toutes les religions ont été créées par les hommes pour répondre aux grandes questions de la vie, principalement sur ce qu’il y a avant et après la vie …

C’est le besoin de transcendance entre les hommes et Dieu ou les dieux …, entre la terre et le ciel …

Pour les Juifs et ensuite les Chrétiens, c’est différent : la relation est inversée, c’est le ciel qui s’adresse à la terre. C’est Dieu qui s’adresse aux hommes, d’abord dans des songes (Noé, Abraham …), puis directement aux hommes, par l’intermédiaire de Moïse (Ex 3,3-4), puis en Ex 20, 22 : « Le Seigneur dit à Moïse : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : “Vous avez vu que je vous ai parlé du haut des cieux … »

Et ce Dieu d’amour demande aux hommes une réciprocité d’amour : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur ».

On est toujours dans la dimension verticale, mais celle-ci prend naissance en Dieu, et surtout, elle est basée sur l’amour, et non sur la peur !

L’envoi de Jésus sur la terre va modifier cette relation, en l’élargissant, suivant la parole de Jésus : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17), et cet accomplissement va se traduire par un amour qui s’étend à tous les hommes : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. ».

On reste cette fois-ci au niveau des hommes : c’est la dimension horizontale de l’amour …

Cette dimension n’est pas moindre que la première. D’ailleurs Jésus lui-même le dit : « Le second [commandement] lui est semblable ». Il est au même niveau.

D’ailleurs, pour bien montrer que les deux dimensions sont de même niveau, saint Jean nous dit, dans sa première épitre : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère» (1Jn 4,20-21)

Jésus, fils de Dieu, vrai Dieu et vrai homme, à la charnière des deux dimensions, a accompli ces deux dimensions verticale et horizontale de l’amour en donnant sa vie pour les hommes sur la croix, pour leur permettre de se rapprocher de Dieu … pour l’éternité.

À chaque fois que nous faisons le signe de la croix, nous devrions penser à cette dimension de l’amour, à ces deux commandements semblables de l’amour entre Dieu et les hommes (dimension verticale) et entre les hommes (dimension horizontale) …

Et ce qui fait le lien entre les deux dimensions, c’est Jésus-Christ qui est venu accomplir la dimension verticale de l’Ancien Testament pour y ajouter la dimension horizontale, magnifiée par son sacrifice sur la croix : « Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : « J’ai soif. » (…) Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. » (Jn 19,28.30).

Seigneur Jésus,

tu es venu accomplir la relation d’amour

entre Dieu et les hommes

en l’élargissant à tous les hommes entre eux.

C’est bien difficile,

car nous nous pensons souvent

meilleurs que les autres.

Aide-nous à suivre ton commandement.

Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim ordinaire A 30°




Audience Générale du Mercredi 14 Octobre 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 14 Octobre 2020


Catéchèse – 10. La prière des Psaumes. 1

Chers frères et sœurs, bonjour!

En lisant la Bible, on trouve sans cesse des prières de divers genres. Mais on trouve également un livre composé seulement de prières, un livre qui est devenu la patrie, le terrain d’exercice et la maison d’innombrables orants. Il s’agit du Livre des Psaumes. Il y a 150 psaumes pour prier.

Il fait partie des livres sapientiels, car il communique le “savoir prier” à travers l’expérience du dialogue avec Dieu. Dans les psaumes, nous trouvons tous les sentiments humains: les joies, les douleurs, les doutes, les espérances, les amertumes qui colorent notre vie. Le Catéchisme affirme que chaque psaume  «est d’une sobriété telle qu’il peut être prié en vérité par les hommes de toute condition et de tout temps» (CEC, n. 2588). En lisant et en relisant les psaumes, nous apprenons le langage de la prière. Dieu le Père, en effet, les a inspirés avec son Esprit dans le cœur du roi David et d’autres orants, pour enseigner à chaque homme et femme comment le louer, comment le remercier et le supplier, comment l’invoquer dans la joie et dans la douleur, comment raconter les merveilles de ses œuvres et de sa Loi. En synthèse, les psaumes sont la parole de Dieu que nous, les humains, nous utilisons pour parler avec Lui.

Dans ce livre, nous ne rencontrons pas de personnes éthérées, des personnes abstraites, des gens qui confondent la prière avec une expérience esthétique ou aliénante. Les psaumes ne sont pas des textes nés à un bureau ; ce sont des invocations, souvent dramatiques, qui jaillissent du vif de l’existence. Pour les prier, il suffit d’être ce que nous sommes. Nous ne devons pas oublier que pour bien prier, nous devons prier tels que nous sommes, sans maquillage. Il ne faut pas maquiller son âme pour prier. «Seigneur, je suis ainsi», et se présenter devant le Seigneur tels que nous sommes, avec les belles choses et aussi avec les choses laides que personne ne connaît, mais que nous, à l’intérieur, nous connaissons. Dans les psaumes, nous entendons les voix d’orants en chair et en os, dont la vie, comme celle de tous, est remplie de problèmes, de difficultés, d’incertitudes. Le psalmiste ne conteste pas de manière radicale cette souffrance: il sait qu’elle appartient à la vie. Dans les psaumes, cependant, la souffrance se transforme en question. De la souffrance à la question.

Et parmi les nombreuses questions, il y en a une qui reste suspendue, comme un cri incessant qui traverse le livre entier de part en part. Une question, que nous répétons tant de fois: “Jusqu’à quand, Seigneur? Jusqu’à quand?”. Chaque douleur réclame une libération, chaque larme invoque une consolation, chaque blessure attend une guérison, chaque calomnie une sentence d’absolution. «Jusqu’à quand, Seigneur, devrais-je endurer cela? Ecoute-moi, Seigneur !»: combien de fois avons-nous prié ainsi, avec «Jusqu’à quand ?», cela suffit Seigneur!

En posant sans cesse des questions de ce genre, les psaumes nous enseignent à ne pas nous habituer à la douleur, et ils nous rappellent que la vie n’est pas sauvée si elle n’est pas guérie. L’existence de l’homme est un souffle, son histoire est fugace, mais l’orant sait qu’il est précieux aux yeux de Dieu, c’est pourquoi crier a un sens. Et cela est important. Quand nous prions, nous le faisons parce que nous savons que nous sommes précieux aux yeux de Dieu. C’est la grâce de l’Esprit Saint qui, de l’intérieur, suscite en nous cette conscience: d’être précieux aux yeux de Dieu. Et pour cette raison, nous sommes poussés à prier.

La prière des psaumes est le témoignage de ce cri: un cri multiple, car dans la vie la douleur a mille forme, et prend le nom de maladie, haine, guerre, persécution, méfiance… Jusqu’au “scandale” suprême, celui de la mort. La mort apparaît dans le Psautier comme l’ennemie la plus déraisonnable de l’homme: quel délit mérite une punition aussi cruelle, qui comporte l’anéantissement et la fin? L’orant des psaumes demande à Dieu d’intervenir là où tous les efforts humains sont vains. Voilà pourquoi la prière, déjà en elle-même, est une chemin de salut et un début de salut.

Tous souffrent dans ce monde: aussi bien celui qui croit en Dieu que celui qui le repousse. Mais dans le Psautier, la douleur devient relation, rapport: un cri d’aide qui attend d’intercepter une oreille attentive. Elle ne peut pas rester sans sens, sans but. Même les douleurs que nous subissons ne peuvent pas être seulement des cas spécifiques d’une loi universelle: ce sont toujours “mes” larmes. Pensez à cela: les larmes ne sont pas universelles, ce sont «mes» larmes. Chacun a les siennes. «Mes» larmes et «ma» douleur me poussent à aller de l’avant avec la prière. Ce sont «mes» larmes, que personne n’a jamais versées avant moi. Oui, beaucoup de personnes ont pleuré, beaucoup. Mais «mes» larmes sont les miennes, «ma» douleur est la mienne, «ma» souffrance est la mienne.

Avant d’entrer dans la salle, j’ai rencontré les parents de ce prêtre du diocèse de Côme qui a été tué; il a précisément été tué dans son service pour aider. Les larmes de ces parents sont «leurs» larmes et chacun d’eux sait combien il a souffert en voyant ce fils qui a donné sa vie dans le service aux pauvres. Quand nous voulons consoler quelqu’un, nous ne trouvons pas les mots. Pourquoi? Parce que nous ne pouvons pas arriver à sa douleur, parce que «sa» douleur est la sienne, «ses» larmes sont les siennes. C’est la même chose pour nous: les larmes, «ma» douleur est la mienne, les larmes sont «les miennes» et avec ces larmes, avec cette douleur, je m’adresse au Seigneur.

Pour Dieu, toutes les douleurs des hommes sont sacrées. C’est ainsi que prie l’orant du psaume 56: «Toi, tu tiens le compte de chacun des pas de ma vie errante, et mes larmes même tu les gardes dans ton outre. Leur compte est inscrit dans ton livre» (v. 9). Devant Dieu, nous ne sommes pas des inconnus, ou des numéros. Nous sommes des visages et des cœurs, connus un par un, par leur nom.

Dans les psaumes, le croyant trouve une réponse, Il sait que, même si toutes les portes humaines étaient fermées, la porte de Dieu est ouverte. Même si tout le monde avait prononcé un verdict de condamnation, en Dieu se trouve le salut.

“Le Seigneur écoute”: quelquefois dans le prière, il suffit de savoir. Les problèmes ne se résolvent pas toujours. Celui qui prie n’est pas un naïf: il sait que de nombreuses questions de la vie d’ici-bas restent sans solution, sans issue; la souffrance nous accompagnera et après une bataille gagnée, il y en aura d’autres qui nous attendent. Mais si nous sommes écoutés, tout devient plus  supportable.

La pire chose qui puisse arriver est de souffrir dans l’abandon, sans qu’on se souvienne de nous. La prière nous sauve de cela. Car il peut arriver, et même souvent, de ne pas comprendre les desseins de Dieu. Mais nos cris ne stagnent pas ici-bas: ils montent jusqu’à Lui, qui a un cœur de Père, et qui pleure Lui-même pour chaque fils et fille qui souffre et qui meurt. Je vais vous dire quelque chose: cela me fait du bien, dans les mauvais moments, de penser aux pleurs de Jésus, quand il pleura en regardant Jérusalem, quand il pleura devant la tombe de Lazare. Dieu a pleuré pour moi, Dieu pleure, il pleure pour nos douleurs. Car Dieu a voulu se faire homme – disait un auteur spirituel – pour pouvoir pleurer. Penser que Jésus pleure avec moi dans la douleur est une consolation: il nous aide à aller de l’avant. Si nous restons dans la relation avec Lui, la vie ne nous épargne pas les souffrances, mais elle s’ouvre à un grand horizon de bien et se met en marche vers son accomplissement. Courage, allons de l’avant avec la prière. Jésus est toujours à nos côtés.


Je salue cordialement les personnes de langue française. Alors que l’humanité souffre encore de la pandémie, je vous invite à lire et à prier les psaumes, assurés que Dieu nous écoute et qu’il n’abandonne jamais ceux qui mettent leur confiance en lui. En ce mois du Rosaire, que la Vierge Marie vous garde et vous protège !


Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Frères et sœurs, dans les Psaumes nous trouvons tous les sentiments humains : les joies, les souffrances, les doutes, les espérances, les amertumes qui colorent notre vie. En lisant les psaumes nous apprenons le langage de la prière. Ils sont la parole de Dieu que nous utilisons pour parler avec lui. Ils sont des invocations, souvent dramatiques, qui surgissent du vif de l’existence. Pour les prier, il suffit d’être ce que nous sommes. En eux la souffrance se transforme en demande. Celui qui prie sait qu’il est précieux aux yeux de Dieu, pour qui crier a un sens. La prière des psaumes est le témoignage de ce cri. Celui qui prie les psaumes demande à Dieu d’intervenir là où tous les efforts humains sont vains. Et alors la souffrance devient relation : c’est l’appel à l’aide qui attend d’être intercepté par une oreille qui entende. Pour Dieu, toutes les douleurs des hommes sont sacrées. Devant lui nous ne sommes pas des inconnus ou des numéros. Nous sommes connus chacun par notre nom. Sa porte est toujours ouverte. Parfois, il suffit de savoir qu’il écoute. Celui qui prie sait que bien des questions de la vie demeurent sans solution. Mais si nous sommes écoutés, tout devient plus supportable. Le pire c’est de souffrir abandonnés. La prière nous sauve de cela. La vie ne nous épargne pas les souffrances, mais si nous demeurons en relation avec Dieu, elle s’ouvre à un large horizon de bien et s’achemine vers son accomplissement.




29ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 22, 15-21) – Francis COUSIN)

« César et/ou Dieu ? »

 

Cet évangile est court, mais il entraîne des conséquences importantes pour chacun de nous.

Car ce passage nous invite à aller plus loin qu’une lecture superficielle qui s’arrêterait à la conclusion que Jésus a joué un bon tour à ses interlocuteurs, qui sont avant tout les pharisiens qui, pour l’occasion, amènent avec eux des hérodiens, pourtant leurs ’’ennemis’’, pour tendre un piège à Jésus.

Les pharisiens sont en effet des partisans de l’observation stricte de la Loi de Moïse, et bien souvent s’en orgueillissaient ; Ils ne pouvaient accepter que leur pays soit envahi par les romains. Par contre les hérodiens étaient prêts à collaborer avec les romains par opportunité bien souvent économique.

Les pharisiens avaient bien préparé leur coup : ils avaient trouvé une ‘bonne’ question, amené des hérodiens, et commencé par ’’passer de la pommade’’ à Jésus : « tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne » de manière à ce qu’il réponde en leur faveur.

« Donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? ». Si Jésus dit ’oui’, il se met à dos les pharisiens et réjouit les hérodiens ; s’il dit ’non’, c’est l’inverse. Dans les deux cas, on arrive à une pagaille …

Jésus a bien compris l’hypocrisie de la phrase. Il demande à voir une pièce de l’impôt, donc romaine, sur laquelle il est inscrit « César », et dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

Cette phrase est devenue comme un proverbe … et elle est souvent utilisée, à tort la plupart du temps, par certains hommes politiques, principalement ceux qui croient davantage en l’homme qu’en Dieu (ou qui ne croient pas du tout en Dieu …), et qui veulent, au nom d’une laïcité mal comprise, séparer totalement le domaine spirituel et le domaine temporel … Le domaine spirituel étant relégué dans la sphère privée, alors que le domaine temporel, le domaine politique, peut être mis sur la place publique …

Or, on sait bien que ce n’est pas possible : le temporel au sens large, la vie temporelle, avec toutes ses composantes, dépend de nos pensées, de ce que nous croyons, de notre foi. C’est ce que disait le père Yves de Montcheuil, sj : « Aucune opinion n’est imposée par l’Église aux chrétiens, mais bien l’obligation de s’en faire une à la lumière de leur foi. », position qui est toujours reprise par les responsables de l’Église, et pas seulement dans le domaine politique …

De tout temps les chrétiens ont été des moteurs de la vie publique, que ce soit au niveau éducatif, avec les écoles catholiques, les patronages … au niveau de la santé, avec les hospices, les maisons de retraites, les cliniques, tenus par des ordres religieux spécifiques … au niveau familial avec les Centres de Préparation au Mariage, les Associations Familiales Catholiques, les Équipes Notre-Dame … au niveau social, avec le Secours Catholique, les conférences Saint Vincent de Paul … au niveau économique, avec les différents groupes d’Action Catholique, des syndicats ou groupes chrétiens pour les salariés et les chefs d’entreprise …Tous ces mouvements qui ont été créés à partir de nos convictions religieuses pour être une aide aux personnes, mais aussi pour être une aide à la décision des responsables politiques (au sens de ceux qui s’occupent de la nation : maire, conseiller municipal, -départemental, -régional, député, sénateur, ministre … ).

Alors la question est de savoir si mes opinions, dans quelque domaine que ce soit, sont définies par la rumeur … par un journal, une radio, une chaîne de télévision, … par un parti ou un groupe de pression (internet …) … ou par la réflexion à partir de l’évangile de Jésus-Christ !

Et c’est la seule bonne question qu’on doit se poser !

Quant au titre de ce commentaire : « César et/ou Dieu ? », il est évident que maintenant il devient : « César et Dieu » … ou plutôt, par ordre de nos pensées : « Dieu et César », ou même « Dieu, puis César » !

Seigneur Jésus,

nos comportements sont souvent

influencés par l’opinion publique,

ou par des groupes d’amis, ou par la famille,

alors que nous devrions d’abord

les définir en fonction

de ce qui est rapporté dans les évangiles,

car ‘tu enseignes le chemin de Dieu en vérité’.

Aide-nous à faire ainsi.

 

Francis Cousin

 

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Prière dim ordinaire A 29°




Audience Générale du Mercredi 7 Octobre 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 7 Octobre 2020


Catéchèse – 9. La prière d’Elie

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous reprenons aujourd’hui les catéchèses sur la prière, que nous avons interrompues pour passer à la catéchèse sur la sauvegarde de la création, et maintenant nous reprenons ; et nous rencontrons l’un des personnages les plus passionnants de toute l’Ecriture Sainte : le prophète Elie. Il transcende les frontières de son époque et nous pouvons déceler sa présence également dans certains épisodes de l’Evangile. Il apparaît aux côtés de Jésus, avec Moïse, au moment de la Transfiguration (cf. Mt 17, 3). Jésus lui-même fait référence à sa figure pour accréditer le témoignage de Jean-Baptiste (cf. Mr 17, 10-13).

 

Dans la Bible, Elie apparaît à l’improviste, de façon mystérieuse, provenant d’un petit village tout à fait marginal (cf. 1 R 17, 1) ; et à la fin, il sortira de scène, sous les yeux du disciple Elisée, sur un char de feu qui le conduit au ciel (cf 2 R 2, 11-12). Il s’agit donc d’un homme sans origine précise, et surtout sans but, enlevé au ciel : c’est pourquoi son retour était attendu avant l’avènement du Messie, comme un précurseur. Ainsi l’on attendait le retour d’Elie.

L’Ecriture nous présente Elie comme un homme à la foi limpide : dans son nom même, qui pourrait signifier « Yahvé est Dieu », est contenu le secret de sa mission. Il en sera ainsi tout au long de sa vie : homme intègre, incapable de compromis mesquins. Son symbole est le feu, image de la puissance purificatrice de Dieu. Il sera le premier à être mis à dure épreuve, et demeurera fidèle. Il est l’exemple de toutes les personnes de foi qui connaissent les tentations et les souffrances, mais qui ne trahissent pas l’idéal pour lequel elles sont nées.

La prière est la sève qui alimente constamment son existence. C’est pourquoi c’est l’un des personnages les plus chers à la tradition monastique, au point que certains l’ont élu comme père spirituel de la vie consacrée à Dieu. Elie est l’homme de Dieu, qui s’élève au rang de défenseur du primat du Très Haut. Et pourtant, lui aussi est contraint à se mesurer avec sa propre fragilité. Il est difficile de dire quelles expériences lui furent les plus utiles : avoir vaincu les faux prophètes sur le mont Carmel (cf. 1 R 18, 20-40), ou bien l’égarement au cours duquel il constate « n’être pas meilleurs que ses pères » (1 R 19, 4). Dans l’âme de celui qui prie, la conscience de sa faiblesse est plus précieuse que les moments d’exaltation, quand il semble que la vie est une chevauchée de victoires et de succès. Dans la prière il arrive toujours ceci : des moments de prière qui nous élèvent, nous donnent de l’enthousiasme, et des moments de prière ou nous ressentons de la douleur, de l’aridité, de l’épreuve. La prière est ainsi : se laisser porter par Dieu et se laisser frapper aussi par de mauvaises situations et également par les tentations. C’est l’une des réalités que l’on retrouve dans de nombreuses autres vocations bibliques, également dans le Nouveau Testament, pensons par exemple à saint Pierre et à saint Paul. Même leur vie était ainsi : des moments d’exaltation et des moments d’abattements, de souffrance.

Elie est l’homme de la vie contemplative et, dans le même temps, de la vie active, préoccupé par les événements de son temps, capable de se dresser contre le roi et la reine  après qu’ils ont fait tué Nabot pour s’emparer de sa vigne (cf. 1 R 21, 1-24). Combien avons-nous besoin de croyants, de chrétiens zélés, qui agissent face à des personnes qui ont des responsabilités de direction avec le courage d’Elie, pour dire : « Cela ne va pas ! Cela est un assassinat ! ». Nous avons besoin de l’esprit d’Elie. Il nous montre qu’il ne doit pas y avoir de séparation dans la vie de celui qui prie : on se tient devant le Seigneur et l’on va à la rencontre de ses frères auxquels Il nous envoie. La prière ce n’est pas se renfermer avec le Seigneur pour se maquiller l’âme : non, cela n’est pas la prière, c’est une fausse prière. La prière est une confrontation avec Dieu et se laisser envoyer pour servir nos frères. Le banc d’essai de la prière est l’amour concret pour le prochain. Inversement, les croyants agissent dans le monde après s’être tus et avoir prié ; autrement, leur action est impulsive, elle est privée de discernement, c’est une course effrénée sans but. Les croyants se comportent ainsi, ils commettent de nombreuses injustices, parce qu’ils ne se sont pas présentés devant le Seigneur pour prier, pour discerner ce qu’ils doivent faire.

Les pages de la Bible laissent supposer que la foi d’Elie a elle aussi connu un progrès : lui aussi a grandi dans la prière, il l’a affinée peu à peu. Le visage de Dieu est devenu pour lui plus clair au cours du chemin. Jusqu’à atteindre son point culminant dans cette expérience extraordinaire, quand Dieu se manifeste à Elie sur le mont (cf. 1 R 19 ; 9-13). Il se manifeste non pas dans la tempête impétueuse, non pas dans le tremblement de terre ou dans le feu dévorant, mais dans « le bruit d’une brise légère » (v. 12). Ou mieux encore, une traduction qui reflète bien cette expérience : dans un courant de silence sonore. Ainsi se manifeste Dieu à Elie. C’est à travers ce signe humble que Dieu communique avec Elie, qui à ce moment est un prophète en fuite qui a égaré la paix. Dieu va à la rencontre d’un homme fatigué, un homme qui pensait avoir échoué sur tous les fronts, et avec cette brise légère, avec ce courant de silence sonore, il fait revenir le calme et la paix dans son cœur.

Telle est l’histoire d’Elie, mais elle semble écrite pour nous tous. Certains soirs, nous pouvons nous sentir inutiles et seuls. C’est alors que la prière  viendra frapper à la porte de notre cœur. Nous pouvons tous saisir un pan du manteau d’Elie, comme son disciple Elisée a saisi la moitié du manteau  Et même si nous avions commis des erreurs, ou si nous nous sentions menacés et effrayés, en revenant devant Dieu avec la prière, la sérénité et la paix reviendront aussi comme par miracle. C’est ce que nous enseigne l’exemple d’Elie.


Je suis heureux de saluer les personnes de langue française. Demandons par l’intercession de Notre-Dame du Rosaire la grâce d’être des hommes et des femmes intègres et dignes de foi, afin que, dans la prière, le Seigneur rejoigne chacun de nous dans sa vie et lui donne la paix et la sérénité.

Que Dieu vous bénisse !




28ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 22, 1-14) – Francis COUSIN)

« Le vêtement de noce. »

 

Après les paraboles sur la vigne, la parabole de ce jour reprend en partie celle de dimanche dernier, mais en élargissant les personnes concernées, qui ne sont plus seulement les pharisiens mais tout le monde, et aussi en ajoutant une perspective sur le Royaume de Dieu.

Le début du passage nous indique tout de suite le but de Jésus : « Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils. », et on fait le rapport entre la venue de Jésus sur terre et son but ultime : donner le Salut aux humains et les inviter au festin des « noces de l’Agneau » (Ap 19,7).

Le début est semblable : invitation d’un roi au repas de noces de son fils, refus de la part des personnes invitées (les membres du peuple élu, du peuple d’Israël), pour diverses raisons, mais qui montrent toutes un désintérêt pour le royaume de Dieu, pour la vie éternelle, et une préoccupation pour les biens de ce monde … qui semblent vitaux pour eux : leurs champs, leur commerce, la vie économique … allant même pour certains jusqu’à molester ou tuer ceux qui les invitaient à participer au repas royal … comme les vignerons de dimanche dernier …

Alors le roi se fâche ; et sa réaction est terrible : il fait tuer et incendier …

Bien sûr, c’est une image ; Dieu qui est bon, plein d’amour, ne fait pas cela … mais c’est pour montrer que, par leur refus d’assister aux noces de son fils, ils s’excluent définitivement du Royaume des Cieux …

Par contre, il envoie ses serviteurs vers les autres personnes, ceux qui n’avaient pas été choisis au départ, c’est-à-dire vers les autres nations qu’Israël, et là on invite tout le monde, « les mauvais comme les bons », les pécheurs comme les vertueux … et ils répondent présents …

La salle est remplie …

On voit bien dans ce passage la dimension universelle de l’annonce du Salut, qui n’est plus réservée aux seuls juifs, mais à tous. Le monde entier est invité au repas de noces, au festin messianique : « Heureux les invités aux repas du Seigneur ! »

Mais si tout le monde est invité, … tout le monde n’est pas accepté …

Il y a une condition : revêtir « le vêtement de noce » …

C’est quoi « le vêtement de noce » ? On ne sait pas précisément …

Dieu, ni Jésus, n’a donné aucun ’’dress code’’ comme on dit maintenant, et ce n’est certainement pas un ’’vêtement’’ particulier, mais plutôt un vêtement spirituel, une manière de vivre …

Il faut d’abord pratiquer la justice, être considéré comme ’’juste’’ devant Dieu : « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car il m’a vêtu des vêtements du salut, il m’a couvert du manteau de la justice. » (Is 61,10).

Mais c’est saint Paul qui nous en parle le plus.

Bien entendu, il faut croire en Jésus, avoir la foi, mais aussi être baptisé. C’est le baptême qui concrétise notre foi : « Tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. » (Ga 3,26-27).

Mais le baptême n’est pas une condition suffisante. Il faut tous les jours renouveler cet acte de foi en vivant comme le Christ nous a demandé de le faire dans son évangile, et ne pas se laisser aller à vivre comme les gens du monde : « revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ ; ne vous abandonnez pas aux préoccupations de la chair pour en satisfaire les convoitises. » (Rm 13,14).

Et il précise : « Il s’agit de vous défaire de votre conduite d’autrefois, c’est-à-dire de l’homme ancien corrompu par les convoitises qui l’entraînent dans l’erreur. Laissez-vous renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée. Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité. » (Ep 4,22-24).

Et on peut terminer avec les trois vertus théologales : « Mettons la cuirasse de la foi et de l’amour et le casque de l’espérance du salut. » (1 Th 5,8).

On remarquera que la plupart du temps, Paul utilise l’impératif, insistant sur les différentes manières de revêtir le vêtement de noce.

Et effectivement, nous sommes tous concernés, par le vêtement de noce, mais surtout par le salut qui nous est donné par Jésus, par l’entrée dans le royaume de Dieu.

Et il faut le reconnaître, qui véritablement se soucie de son avenir après la mort ?

C’est trop loin … On y pense peu ! … ou on ne veut pas y penser … peut-être par superstition …

Et pourtant, quant à la mort, Jésus nous dit : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. » (Mt 25, 13) … et cela peut être : « cette nuit même ton âme te sera redemandée. » (Lc 12,20).

Par contre, on se préoccupe de notre bien-être matériel … des mesures sanitaires … qui nous empêchent de faire ce qu’on voudrait !

Mais, en même temps, on fustige celles qui facilite l’entrée des voyageurs à l’entrée à La Réunion en n’obligeant pas un strict contrôle de la ’’septaine’’ … parce qu’on a peur de la maladie du Covid-19 et de la mort possible …

On voit de moins en moins de monde à la messe dominicale, non pas parce que les gens refusent la messe, mais parce qu’ils préfèrent suivre la messe à la télévision ou sur les réseaux sociaux, chez eux, sans bouger, bien confortablement assis dans le canapé … Certains prétextent que le port du masque les gène, … disent qu’ils ont peur d’être contaminés … qu’ils ne sont pas sûr d’avoir une place dans l’église … Mais ils oublient l’essentiel : la messe est l’assemblée des fidèles qui prient ensemble, qui écoutent ensemble la parole de Dieu et son explication, et qui communient au corps du Christ.

Question : Sommes-nous des chrétiens de la peur ? … ou des chrétiens qui vivent dans l’espérance du royaume des cieux ? … dans l’espérance de la rencontre avec Dieu … ?

Père éternel,

tu nous invites à partager

le repas de noce de l’Agneau, ton Fils,

avec son Église,

mais bien souvent, nous ne faisons pas

un compte avec cette demande.

Et nous ne nous préparons pas à cette rencontre.

Nous pensons que c’est automatique,

alors que cela demande de notre part

un effort de conversion !

Francis Cousin

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Prière dim ordinaire A 28°




28ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Invités aux noces

Mt 22, 1-14

L’Évangile est un grand livre d’images : quand on voit le succès des retransmissions télévisées des mariages princiers d’aujourd’hui, que ce soit à Londres ou à Monaco, l’image employée par Jésus n’a pas tellement vieillie : un roi qui célébrait les noces de son fils.

Essayons d’en retenir l’essentiel : lisons cette parabole en transparence. Jésus, là encore, veut nous parler du Royaume des cieux et nous pensons tout de suite à ce que le prêtre nous rappelle au moment de la communion : « Heureux les invités au repas du Seigneur ».

La réalité, c’est que Dieu rêve d’une fête éternelle pour l’humanité. C’est la plus belle histoire du monde, c’est la plus belle histoire d’amour. Il était une fois un Dieu heureux, tellement heureux qu’il voulut faire partager son bonheur. Ce Dieu là vit d’amour : « 3 personnes » qui s’aiment, qui se donnent les uns aux autres, une joie infinie, dans une totale transparence, dans un partage absolu, un bonheur sans mélange, durable, éternel.

Quand on éprouve tant de bonheur, comment ne pas avoir envie de partager encore plus ce bonheur ? Alors, Dieu décide de créer l’humanité pour l’introduire dans sa famille, dans sa vie, dans son amour et ce fut l’incarnation du Fils.

« Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils ».

Oui, Dieu marie son Fils : Jésus est amoureux de l’humanité, il nous aime passionnément. Cette image des noces court comme un fil d’or tout au long de la Bible : Osée, Isaïe, Ezéchiel proclament cette union de Dieu avec les hommes : le Cantique des Cantiques, les évangélistes, l’Apocalypse, …

Oui, Dieu, d’un bout à l’autre de la révélation, nous déclare son amour et ses relations avec les hommes ne sont qu’alliance et épousailles.

Entre nous, qu’est-ce-qui changerait dans ma religion ? Beaucoup, sans doute, si j’arrivais à la considérer comme une belle histoire d’amour ?

Cette parabole nous révèle tout d’abord que Dieu invite, que Dieu appelle et que l’homme est libre de répondre  ̏oui  ̋ou  ̏non ̋.

 

« Heureux les invités au repas du Seigneur » : la messe n’est pas une bonne petite dinette entre copains. C’est Dieu qui invite tel jour, telle heure : le prince héritier célébrera ses noces. Vous êtes cordialement invités au festin qui suivra, sans engagement avec les hommes,  » Répondre SVP « .

 

 

L’événement est de taille ! Pourtant, ici, la parabole devient tragique, comme tant de paraboles de la fin de la vie de Jésus : on va se heurter à la liberté de l’homme.

« Mon repas est prêt. Venez, venez à mon repas d’amour ».

« Mais les invités n’en tiennent aucun compte. Ils n’ont pas le temps ! »

La description de l’inconscience de ces invités est d’une brûlante actualité.

« Comment voulez-vous que j’aille au repas de Jésus ? Je n’ai que mes dimanches pour faire du foot ou du tennis », dit l’un.

« Quand j’ai dansé toute la nuit du samedi au dimanche, comment voulez-vous que je participe au repas de Jésus ? ».

« Moi, mon père, je vais à la messe le mardi au Chaudron, le dimanche, c’est le jour où nous allons à la plage ».

Comment se fait-il qu’il nous arrive ainsi de préférer nos petites affaires à l’invitation de Dieu ?

« Eux, sans en tenir compte, s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ».

On essaie si naturellement de placer les moments de rencontre avec Dieu, dans les temps morts, dans les heures ou les jours où l’on n’a rien à faire, après le travail, les occupations quotidiennes, les loisirs même. Et, très vite, il ne reste plus de temps libre. On commence par avoir mauvaise conscience et puis on trouve des excuses :  » travailler, c’est prier « .

Petit à petit, on ne prie plus : « Mon père, je n’ai plus le temps de prier ». Jésus-Christ dérange : « J’avais mes petits projets et voici qu’il m’invite ». Mais le repas de noces ne peut rester en souffrance et Dieu continue d’inviter.

« Ces serviteurs s’en allèrent par les chemins et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent : mauvais et bons ».

L’appel de Dieu est universel : il s’adresse à tous, à chacun de nous et surtout aux pécheurs. Il faut que la salle de noces soit remplie. L’entrée est gratuite : tous peuvent y accéder.

Mais Dieu nous respecte trop pour nous y forcer : il faut s’engager positivement. Il ne veut pas faire de nous des mendiants, des assistés. Nous devons être responsables pour une part, de notre participation à la vie éternelle. Le Salut n’est pas automatique. Il faut correspondre librement à l’invitation de Dieu.

Allons-nous répondre à l’invitation ? C’est une histoire d’amour. Nous avons parfois une conception élitiste de l’Église : le sentiment qu’elle devrait éliminer de son sein tous ceux qui ne mènent pas une vie évangélique !… Mais ne serais-je pas alors le premier à devoir en sortir ?

C’est vrai que l’Église, n’étant pas une secte, accueille plutôt largement et que cela ne satisfait pas ceux qui voudraient qu’elle donne une image sans bavure.

Serait-ce bon d’ailleurs que l’Église veuille donner une telle image ?

Ne serait-ce pas la route ouverte à l’hypocrisie, comme pour les pharisiens ?

Il est vrai que la fin de la parabole parle d’un tri qui doit se faire. Mais attention ! Pas tout de suite ! Mais « à la fin des temps  » « lorsque le roi viendra pour regarder les convives ».

C’est également ce que disaient les paraboles de l’ivraie et du bon grain : « Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges surviendront et sépareront les mauvais d’avec les justes ». Qui veut entrer au festin doit porter le vêtement de noces !

L’entrée au festin du Royaume ne dépend pas de la race, de l’appartenance à un peuple mais de la conversion, du changement de vie, des œuvres bonnes, …

En recevant le vêtement blanc du Baptême : nous avons été invités à « garder intacte la dignité des fils de Dieu « .

Le vêtement du peuple nouveau, le vêtement de noce :

  • C’est le Christ que nous avons revêtu,

  • C’est notre dignité de chrétiens,

  • C’est la grâce de Dieu,

  • C’est une invitation à mener une vie à la hauteur de ce que nous avons reçu.

Dieu ne conçoit pas l’Église de son Fils comme une communauté parfaite tout de suite, mais comme une collectivité extrêmement mélangée où se rencontrent toutes les races et toutes les conditions sociales.

Tous les hommes sont invités, blancs ou noirs, riches ou pauvres, israéliens, palestiniens, bien portants autant que les malades, et même les mauvais autant que les bons : c’est un festin universel ! Et le Seigneur est là qui attend et qui veille.

D’où vient alors que certains risquent d’être rejetés ? Ils n’ont pas le « vêtement de noce » : ils ont cru qu’il suffisait d’être appelés, mais ils n’ont pas répondu à l’offre de Dieu, ils n’ont pas revêtu le « manteau de la grâce ».

Les « noces de l’agneau » sont un pur chant de fête. Une seule exigence : « Oui, Seigneur, tu m’invites ; j’arrive tout de suite… » AMEN




Audience Générale du Mercredi 30 Septembre 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 30 Septembre 2020


Chers frères et sœurs, bonjour!

Ces dernières semaines, nous avons réfléchi ensemble, à la lumière de l’Evangile, sur la façon de guérir le monde qui souffre d’un malaise que la pandémie a souligné et accentué. Il y avait un malaise: la pandémie l’a souligné davantage, l’a accentué. Nous avons parcouru les voies de la dignité, de la solidarité et de la subsidiarité, des voies indispensables pour promouvoir la dignité humaine et le bien commun. Et en tant que disciples de Jésus, nous nous sommes proposés de suivre ses pas en optant pour les pauvres, en repensant l’usage des biens et en prenant soin de la maison commune. Au milieu de la pandémie qui nous frappe, nous nous sommes ancrés aux principes de la doctrine sociale de l’Eglise, en nous laissant guider par la foi, par l’espérance et par la charité. Nous avons trouvé là une aide solide pour être des agents de transformation qui rêvent en grand, qui ne s’arrêtent pas aux mesquineries qui divisent et blessent, mais qui encouragent à engendrer un monde nouveau et meilleur.

Je voudrais que ce chemin ne finisse pas avec mes catéchèses, mais que nous puissions continuer à avancer ensemble, «en gardant le regard fixé sur Jésus» (He 12, 2), comme nous avons entendu au début; le regard sur Jésus qui sauve et guérit le monde. Comme nous le montre l’Evangile, Jésus a guéri des malades de tous les types (cf. Mt 9, 35), il a rendu la vue aux aveugles, la parole aux muets, l’ouïe aux sourds. Et quand il guérissait les maladies et les infirmités physiques, il guérissait aussi l’esprit en pardonnant les péchés, parce que Jésus pardonne toujours, ainsi que les “douleur sociales” en incluant les exclus (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 1421). Jésus, qui renouvelle et réconcilie chaque créature (cf. 2 Co 5, 17; Col 1, 19-20), nous offre les dons nécessaires pour aimer et guérir comme Il savait le faire (cf. Lc 10, 1-9; Jn 15, 9-17), pour prendre soin de tous sans distinctions de race, de langue ou de nation.

Afin que cela arrive réellement, nous avons besoin de contempler et d’apprécier la beauté de chaque être humain et de chaque créature. Nous avons été conçus dans le cœur de Dieu (cf. Ep 1, 3-5). «Chacun de nous est le fruit d’une pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun de nous est aimé, chacun est nécessaire» (Benoît XVI, Homélie pour le début du ministère pétrinien,  24 avril 2005); cf. Enc. Laudato si’, n. 65). En outre, chaque créature a quelque chose à nous dire du Dieu créateur (cf. Enc. Laudato si’, nn. 69. 239). Reconnaître cette vérité et rendre grâce pour les liens intimes de communion universelle avec toutes les personnes et avec toute les créatures, met en œuvre «une protection généreuse et pleine de tendresse» (ibid., n. 220). Et nous aide également à reconnaître le Christ présent dans nos frères et sœurs pauvres et qui souffrent, à les rencontrer et à écouter leur cri et le cri de la terre qui s’en fait l’écho (cf. ibid., n. 49).

Intérieurement mobilisés par ces cris qui réclament que nous prenions une autre route (cf.  ibid., n. 53), qui réclament que nous changieons, nous pourrons contribuer à la guérison des relations avec nos dons et nos capacités (cf. ibid., n. 19). Nous pourrons régénérer la société et ne pas revenir à la soi-disant “normalité”, qui est une normalité malade, et d’ailleurs malade depuis même avant la pandémie: la pandémie l’a soulignée! «A présent revenons à la normalité»: non, cela ne va pas, car cette normalité était malade d’injustices, d’inégalités et de dégradation environnementale. La normalité à laquelle nous sommes appelés est celle du Royaume de Dieu, où «les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont guéris et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres» (Mt 11, 5). Et que personne ne fasse l’innocent en regardant d’un autre côté. C’est ce que nous devons faire, pour changer. Dans la normalité du Royaume de Dieu, le pain arrive à tous et il en reste, l’organisation sociale se base sur la contribution, le partage et la distribution, pas sur la possession, l’exclusion et l’accumulation (cf. Mt 14, 13-21). Le geste qui fait avancer une société, une famille, un quartier, une ville, tout le monde, est celui de se donner, de donner; ce n’est pas faire l’aumône, mais c’est une manière de se donner qui vient du cœur. Un geste qui éloigne l’égoïsme et l’angoisse de posséder. Mais la manière chrétienne de faire cela n’est pas une manière mécanique: c’est une manière humaine. Nous ne pourrons jamais sortir de la crise que la pandémie a soulignée, mécaniquement, avec de nouveaux instruments – qui sont très importants, qui nous font aller de l’avant et dont il ne faut pas avoir peur –  en sachant que pas même les moyens les plus sophistiqués pourront faire beaucoup de choses, mais il y a une chose qu’ils ne pourront pas faire: donner de la tendresse. Et la tendresse est le signal propre de la présence de Jésus. Cette manière de s’approcher de son prochain pour marcher, pour guérir, pour aider, pour se sacrifier pour l’autre.

Cette normalité du Royaume de Dieu est donc importante: que le pain arrive à tous, que l’organisation sociale se base sur la contribution, le partage, la distribution, avec tendresse, pas sur la possession, l’exclusion et l’accumulation. Car à la fin de notre vie nous n’emporterons rien dans l’autre vie!

Un petit virus continue à causer des blessures profondes et démasque nos vulnérabilités physiques, sociales et spirituelles. Il a mis à nu la grande inégalité qui règne dans le monde: l’inégalité des opportunités, des biens, de l’accès à la santé, à la technologie, à l’éducation : des millions d’enfants ne peuvent pas aller à l’école, et la liste continue ainsi. Ces injustices ne sont pas naturelles ni inévitables. Elles sont l’œuvre de l’homme, elles proviennent d’un modèle de croissance détaché des valeurs plus profondes. Le gaspillage des restes d’un repas: avec ce gaspillage on peut donner à manger à tous. Et cela a fait perdre l’espérance à de nombreuses personnes et a augmenté l’incertitude et l’angoisse. C’est pourquoi, pour sortir de la pandémie, nous devons trouver le remède non seulement pour le coronavirus – qui est important! –  mais également pour les grands virus humains et socio-économiques. Il ne faut pas les cacher, en passant un coup de peinture pour qu’ils ne se voient pas. Et assurément nous ne pouvons pas nous attendre à ce que le modèle économique qui est à la base d’un développement inique et non durable résolve nos problèmes. Il ne l’a pas fait et il ne le fera pas, parce qu’il ne peut pas le faire, même si certains faux prophètes continuent à promettre  “l’effet en cascade” qui n’arrive jamais (“Trickle-down effect” en anglais, “derrame” en espagnol; cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 54) ). Peut-être avez-vous entendu parler du théorème du verre: l’important est que le verre se remplisse et ainsi le contenu se répand sur les pauvres et sur les autres, et ils reçoivent des richesses. Mais il se produit un phénomène : le verre commence à se remplir et quand il est presque plein, il grandit, il grandit et grandit encore, et la cascade n’a jamais lieu. Il faut faire attention.

Nous devons nous mettre à travailler urgemment pour générer de bonnes politiques, définir des systèmes d’organisation sociale où soient récompensés la participation, le soin et la générosité, plutôt que l’indifférence, l’exploitation et les intérêts particuliers. Nous devons avancer avec tendresse. Une société solidaire et équitable est une société plus saine. Une société participative – où les “derniers” sont tenus en considération comme les “premiers” – renforce la communion. Une société où l’on respecte la diversité est beaucoup plus résistante à tout type de virus.

Plaçons ce chemin de guérison sous la protection de  la Vierge Marie, Mère de la Santé. Que Celle qui porta Jésus dans son sein nous aide à être confiants. Animés par l’Esprit Saint, nous pourrons travailler ensemble pour le Royaume de Dieu que le Christ a inauguré dans ce monde, en venant parmi nous. C’est un Royaume de lumière au milieu de l’obscurité, de justice au milieu des nombreux outrages, de joie au milieu des multiples douleurs, de guérison et de salut au milieu des maladies et de la mort, de tendresse au milieu de la haine. Que Dieu nous accorde de “viraliser” l’amour et de mondialiser l’espérance à la lumière de la  foi.


Je salue cordialement les personnes de langue française.

Frères et sœurs, sous la protection de la Vierge Marie, mettons-nous à l’œuvre, chacun selon nos moyens, pour réaliser autour de nous une société où les derniers sont pris en considération au même titre que les premiers. Que Dieu vous bénisse !


 

 




27ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 3 Octobre et dimanche 4 Octobre 2020

27e dimanche ordinaire :
Isaïe 5 1–7 ; Philippiens 4 6–9 ; Matthieu 21 33–43

 

A l’époque d’Isaïe, les propriétaires avaient une préférence pour la culture de la vigne. Isaïe, en partant de la réalité de la vie quotidienne, nous explique, de manière allégorique, comment Dieu se conduit envers son peuple. Mon « Bien-aimé, c’est Dieu, et la vigne est le peuple choisi par Dieu. Dieu prend soin de sa vigne : Il bêche, il enlève les pierres, il plante du raisin vermeil, il bâtît une tour à la place d’une hutte faite de branchages, creuse un pressoir. Il attendait de beaux raisins de cette vigne, mais elle donna des raisins sauvages. Ce peuple choisi par Dieu n’a pas tenu compte de toutes ces petites attentions de Dieu à son égard. Dieu en attendait la pratique du droit et de la justice, il récolte l’iniquité, l’injustice. Ce thème se retrouve dans l’Evangile selon Matthieu. Comme d’habitude, Jésus évoque une parabole, qui est construit également comme une allégorie, en partant de la réalité de l’époque. Les propriétaires des vignes les confiaient à des vignerons contre une rémunération. Et pendant qu’ils travaillaient la vigne, les propriétaires partaient au loin, parfois à l’étranger. Mais ces propriétaires avaient également des émissaires, c’est-à-dire des personnes chargées d’une mission plus ou moins secrète qu’ils envoyaient auprès des vignerons. Selon le droit juif de l’époque, si le propriétaire d’un terrain mourait sans héritier ce terrain appartenait à celui qui l’occupait le premier. D’où cette réflexion des vignerons : « Celui-ci est l’héritier : venez ! tuons-le, que nous ayons son héritage ». Dans une allégorie, chaque mot important a une signification propre : Le propriétaire de la vigne c’est Dieu, et la vigne est le peuple de Dieu, Israël. V.34 : « Quand approcha le moment des fruits, il envoya ses serviteurs aux vignerons pour en recevoir les fruits ». Les serviteurs sont les prophètes envoyés auprès des vignerons (homicides), c’est-à-dire des Juifs qui ne croient pas en Dieu afin de les convertir. « 35 Mais les vignerons se saisirent de ses serviteurs (les prophètes), battirent l’un, tuèrent l’autre, en lapidèrent un troisième. 36 De nouveau Dieu envoya d’autres prophètes, plus nombreux que les premiers, et ils les traitèrent de même ». C’est ici l’histoire de l’Ancien Testament, où Dieu envoie ses prophètes pour conduire son peuple selon ses commandements, mais le peuple n’est pas fidèle à Dieu et préfère se tourner vers les idoles, comme c’était le cas pour le veau d’or. Les prophètes sont maltraités.

« 37 Finalement Dieu leur envoya son fils, en se disant : Ils respecteront mon fils. 38 Mais les vignerons homicides (ceux qui ne croient pas en J.C.), en voyant le fils, se dirent par-devers eux : Celui-ci est l’héritier : venez ! tuons-le, que nous ayons son héritage. 39 Et, le saisissant, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent ». Et voilà le Fils de Dieu, cloué sur la croix par tous les juifs incrédules. Disons toute de suite que ce ne sont pas les Juifs, en tant que Juifs, qui ont tué le Christ, mais plutôt les pécheurs du monde entier. CEC 598 : « L’Église… n’a jamais oublié que  » les pécheurs eux-mêmes furent les auteurs et comme les instruments de toutes les peines qu’endura le divin Rédempteur  » (Catech. R. 1, 5, 11 ; cf. He 12, 3). Tenant compte du fait que nos péchés atteignent le Christ Lui-même (cf. Mt 25, 45 ; Ac 9, 4-5), l’Église n’hésite pas à imputer aux chrétiens la responsabilité la plus grave dans le supplice de Jésus…: « Nous devons regarder comme coupables de cette horrible faute, ceux qui continuent à retomber dans leurs péchés. Puisque ce sont nos crimes qui ont fait subir à Notre-Seigneur Jésus-Christ le supplice de la croix, à coup sûr ceux qui se plongent dans les désordres et dans le mal  » crucifient de nouveau dans leur cœur, autant qu’il est en eux, le Fils de Dieu par leurs péchés et le couvrent de confusion  » (He 6, 6). Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de l’apôtre,  » s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne l’auraient jamais crucifié  » (1 Co 2, 8). Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains meurtrières (Catech. R. 1, 5, 11). S. François d’Assise ajoute : « Et les démons, ce ne sont pas eux qui L’ont crucifié ; c’est toi qui, avec eux, L’as crucifié et Le crucifies encore, en te délectant dans les vices et les péchés (S. François d’Assise, admon. 5, 3).

Jésus dit à Padre Pio : P.85 : « Mon fils, ne crois pas que mon agonie n’ait duré que trois heures, non, à cause des âmes que j’ai le plus comblées, je serai en agonie jusqu’à la fin du monde. Pendant le temps de mon agonie, mon fils, il ne faut pas dormir. Mon âme va à la recherche de quelques gouttes de piété humaine; mais hélas, je suis seul sous le poids de l’indifférence. L’ingratitude et la somnolence de mes ministres (c’est-à-dire de tous ceux qui sont au service de l’Eglise) me rendent plus pénible mon agonie. Hélas, comme ils répondent mal à mon amour ! Ce qui m’afflige le plus, c’est que ceux-ci ajoutent à leur indifférence le mépris et l’incrédulité »… « v.40 Que fera donc le maître de la vigne à ces vignerons-là ? 41 Ils lui disent : Il fera misérablement périr ces misérables, et il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en livreront les fruits en leur temps ». Le Maître de la vigne, Dieu, dit l’Évangile de Matthieu, « fera périr ces misérables ». Rappelons que Dieu est Amour, et s’Il est Amour, de Lui ne sortira que de l’amour. Dieu est Vie et ne donne que la Vie, jamais de mort. Il est venu sur terre pour nous sauver. Ceux qui, volontairement, de manière consciente, ne veulent pas suivre le Christ vont eux-mêmes à leur perte par le fait même de leur éloignement par rapport au Christ. Et comme Dieu est Miséricordieux, il faut vraiment le vouloir pour aller en Enfer. Dieu compte sur « d’autres vignerons pour avoir des fruits de la vigne ». « Le Royaume de Dieu vous sera retiré pour être confié à un peuple qui lui fera produire ses fruits ». Le peuple juif de l’époque ayant condamné le Christ à mort, c’est vers les païens que Paul se tourne pour les convertir au Christ. Et aujourd’hui, ces vignerons nouvelle génération sont ceux qui, à la suite du Christ, et avec l’aide de l’Esprit Saint, font leur maximum pour emmener avec eux tous les êtres humains, sans exception, au Royaume de Dieu. Il est vrai que la tâche du chrétien ne sera jamais facile, mais à Dieu rien n’est impossible. Le Christ, étant devenu la pierre d’angle, pierre de faîte, nous devons nous centrer sur le Christ. Le Pape François nous dit (« Amour, Service et Humilité » – P.84) : « Il nous faut toujours guerroyer sans cesse pour suivre notre Seigneur de toujours plus près.… Il y a un lien très étroit entre le fait de suivre le Seigneur, et la connaissance que nous avons de Lui. Mieux nous le connaissons, mieux nous connaissons le timbre de sa voix. P.90 : « Celui qui est disposé à recevoir le Seigneur de tout son cœur pourra Le connaître et Le suivre. En revanche, les cœurs inattentifs, dispersés, superficiels, centrés sur toute autre chose que sur l’essentiel, tuent le désir de Dieu et de communion à son Mystère…Il y a dans l’Eglise des hommes et des femmes brûlants de « grands désirs » qui, tout au long de leur vie, cherchent à suivre le meilleur des guides ». – Sainte Thérèse d’Avila nous aide dans le choix du chemin à suivre (Chemin de la Perfection – P.138) : « Le chemin qu’il s’agit de suivre est le chemin royal qui conduit au ciel. Dès lors qu’en le parcourant, on gagne un grand trésor, rien d’étonnant à ce qu’il nous semble coûter cher. Un temps viendra où vous comprendrez le peu de valeur de toutes les choses d’ici-bas, en comparaison d’un bien si précieux…A ceux qui veulent suivre ce chemin…il est pour eux d’une importance extrême, et même capitale, de prendre la résolution ferme et énergique de ne point cesser de marcher (tant) qu’ils ne soient (pas) arrivés à la source de vie. Ainsi donc, qu’ils avancent malgré toutes les difficultés, malgré tous les obstacles, malgré tous les travaux et malgré tous les murmures; que leur ambition soit d’atteindre le but ». Dieu ne conduit pas toutes les âmes par le même chemin. Pour Grignion de Monfort rien de mieux pour attirer Dieu en nous que de joindre l’oraison vocale et l’oraison mentale, en récitant le saint Rosaire et en méditant les 20 mystères qu’il renferme.

Pour Thérèse d’Avila, Le « Notre Père » et l’Ave Maria peuvent suffire à ceux et celles qui prient : « Si vous vous attachez avec zèle au Pater et si vous demeurez dans l’humilité, vous n’avez pas besoin d’autre chose…car la valeur de la prière est fonction, dans une âme, de la qualité de son comportement moral. Impossible de concevoir l’oraison comme une activité autonome qui pourrait coexister avec une vie chaotique. Les conseils ascétiques préliminaires se ramènent à trois chefs principaux: amour fraternel, détachement à l’égard des créatures, humilité veritable…(P.142) suivez seulement ceux que vous verrez imiter fidèlement la vie du Christ. Veillez à garder la pureté de la conscience, l’humilité et le mépris de tous les biens d’ici-bas. Croyez fermement ce qu’enseigne notre Mère, la sainte Eglise; et soyez assurés que vous suivez le bon chemin ».

A ceux qui auront fait un bout de chemin pour suivre le Christ, peu importe qu’il ait fait un an, deux ans, dix ans, soixante ans ou quatre-vingts ans pour certains, ou même pendant quelques secondes comme pour les derniers ouvriers de la vigne ou comme pour le bon larron, et bien qu’ils aient été imparfaits, découragés, même si à un certain moment de leur vie ils se sont éloignés du Christ, ce dernier pourra leur dire comme il l’a dit à Sœur Faustine : « §86 – Ce n’est pas la réussite que Je récompense, mais la patience et la peine prises pour Moi ». Et de manière plus personnelle, plus intime, au plus profond du cœur de chaque chrétien, il chuchotera comme il l’a fait à un moine Chartreux :« N’aie crainte ! Ce n’est pas un idéal haut, ni une morale élevée que je te propose et que tu te sais bien incapable de réaliser. Je ne te sermonne pas. Je te connais trop bien. D’accord, tu es pécheur, tu ne vaux rien, tu ne sais pas aimer ni faire de grands actes. Mais ne comprends-tu pas ? Cela n’a aucune importance. Je t’ai aimé exactement comme tu es. J’ai pris sur moi-même tes faiblesses, je les ai partagées, toutes sauf ton péché. N’en parlons plus. Tout cela est vaincu, fini. ». C’est pourquoi, Paul nous dit à son tour : « 6 N’entretenez aucun souci; mais en tout besoin recourez à l’oraison et à la prière, pénétrées d’action de grâces, pour présenter vos requêtes à Dieu. 7 Alors la paix de Dieu…prendra sous sa garde vos cœurs et vos pensées, dans le Christ Jésus ». Nous devons nous préoccuper de « tout ce qu’il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d’aimable, d’honorable, tout ce qu’il peut y avoir de bon dans la vertu et la louange humaines ». Autrement dit, ayons un moral tourné vers tout ce qui est divin, car c’est l’Esprit de Dieu qui nous guide en ce sens. Ph 4,9 : « Ce que vous avez appris, reçu, entendu de moi et constaté en moi, voilà ce que vous devez pratiquer. A nous de mettre en pratique les commandements de Dieu et les enseignements du Christ. A cause de nos faiblesses, demandons à Marie de nous accompagner à la suite du Christ.




27ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 21, 33-43) – Francis COUSIN)

« La vi(gn)e et la mort. »

 

Troisième dimanche de suite où Jésus nous parle de la vigne.

Rappelons-nous que « la vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël » (Is 5,7, première lecture), et ce qui suit maintenant : l’Église.

Il y a quinze jours, le propriétaire, Dieu, ne cessait d’embaucher des ouvriers pour y travailler, et tous recevait le même salaire : la Vie Éternelle.

La semaine dernière, deux comportements contradictoires pour travailler à la vigne : l’un dit oui et fait non, l’autre dit non et répond oui.

Cette semaine on va encore plus loin dans la discussion entre Jésus et les grands prêtres et les anciens du peuple, c’est-à-dire pour la plupart des pharisiens.

Dieu est amour, et bien entendu, il montre de l’amour pour son peuple choisi : il fait tout pour qu’il puisse vivre correctement, en travaillant bien sûr, mais à l’abri et avec tout ce qu’il faut : « Il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde ». Et il la donne en location à son peuple.

Mais le peuple s’éloigne de Dieu. Des dix paroles de Dieu, ils en ont fait une loi avec 613 prescriptions, à cause de l’endurcissement de leur cœur, et certains mènent une vie contraire à cette loi. Échec de Dieu ?

Alors Dieu envoie des messagers, les prophètes, pour régler les comptes, mais ils ne sont pas écoutés par son peuple (mais parfois écoutés par les étrangers : Ninive !). Échec de Dieu ?

Dieu envoie son Fils : « Ils respecterons mon fils ! ». Mais son peuple le tue pour avoir « l’héritage ». Échec de Dieu ?

Les pharisiens, qui connaissent bien la bible, ont reconnu, en entendant Jésus, le passage d’Isaïe et le psaume de ce jour. Mais pas la mort du fils … ils ne le savaient pas encore … Alors, quand Jésus leur demande quelle sera la réaction du propriétaire de la vigne, ils répondent crânement : « Il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons. ».

Réponse à moitié fausse.

Car Dieu qui est amour ne va pas exterminer le peuple qu’il avait choisi !

Mais à moitié vraie, car il louera la vigne à ceux qui reconnaîtrons l’amour de Dieu dans le don de son Fils qui a donné sa vie pour nous, et par sa résurrection qui nous ouvre à la vie éternelle.

Échec de Dieu ? Pas vraiment, car c’est un échec apparent qui masque l’amour inconditionnel de Dieu pour les hommes, qui sans cesse se renouvelle.

Une chose sur laquelle il faut revenir : par deux fois on parle de louer la vigne. Dieu loue la vigne à des vignerons homicides, puis il l’a louera à d‘autres.

C’est pour nous les hommes un rappel : la vigne, le raisin, le produit de la terre n’est pas notre propriété. Nous n’en sommes que les bénéficiaires …

Certes, Dieu nous a confié la terre : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. » (Gn 1,28).

Et nous, avec la traduction « soumettez-la », on a compris que nous étions des « commandeurs » vis-à-vis de la terre, que nous pouvions en faire ce que nous voulions, que nous pouvions « en tirer le maximum » comme bon nous semblait …

Et ce faisant, nous nous sommes comportés comme si « nous étions ses propriétaires et ses dominateurs, autorisés à l’exploiter. » (Laudato Si’ 2).

Or l’utilisation à plein, « et le gaspillage des ressources de la Création commence là où nous ne reconnaissons plus aucune instance au-dessus de nous, mais ne voyons plus que nous-mêmes » (Benoît XVI cité en LS 6).

Nous nous sommes coupés de Dieu.

Nous sommes comme les vignerons de la parabole qui n’ont pas seulement tué le fils, mais surtout l’héritier … pour prendre pour eux la propriété du père.

Nous nous comportons comme si nous étions Dieu … mais sans l’amour que lui a pour la création …

Non seulement nous utilisons et défigurons la nature, mais nous voulons (pas tout le monde, heureusement) défigurer l’homme, image de Dieu, en voulant imposer des lois iniques sur l’avortement, la PMA, la GPA, l’euthanasie et toutes sortes de choses contraires à la nature humaine, au nom du « progrès » ( ??? ) et parce que tout le monde le fait …

Bonjour les moutons de Panurge …

En ce jour, où nous fêtons saint François d’Assise et la fin de la Saison de la Création, gardons l’humilité de nous reconnaître tous comme des éléments de la création, parmi d’autres, doués de raison, certes, mais pas toujours raisonnables

Père éternel,

tu nous as confié la terre

 pour que nous en vivions … ,

mais nous avons coupé les ponts avec toi,

et maintenant nous nous la sommes appropriée,

et nous l’exploitons sans vergogne.

Aide-nous à reconnaître,

et à faire reconnaître par les autres,

le mal que nous lui faisons.

Francis Cousin

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Prière dim ordinaire A 27°




26ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 21, 28-32) – Francis COUSIN)

« La parole et les actes. »

 

L’évangile de ce jour nous parle d’un père qui propose à ses deux enfants d’aller « travailler à la vigne ». L’un dit « oui » et n’y va pas, l’autre dit « non », puis se ravise et y va.

Deux comportements différents qu’il nous est arrivé à tous d’avoir eu … pour diverses raisons, parce que le temps entre la réponse à la question et la démarche de faire ou ne pas faire l’action, ce temps de discernement, nous a permis d’analyser la demande et de voir si celle-ci était bonne pour tout le monde, ou seulement pour nous et pas pour les autres.

Dans le passage d’évangile, la demande est plus large.

On remarquera que le père ne parle pas de « sa » vigne, ou de « notre » vigne, mais de « la » vigne … comme s’il n’y qu’une seule vigne …

Or, dans la littérature biblique, la vigne est celle du Seigneur : « La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël » (Is 5, 7), c’est le peuple élu, choisi par Dieu, … d’où les reproches fait par Jésus aux grands prêtres et aux anciens qui ne se sont « même pas repentis plus tard pour croire à la parole » de Jean-Baptiste.

C’est la vigne que ceux-ci ont voulu prendre pour eux en tuant le fils du propriétaire (parabole des vignerons homicides) … et qui sera donnée à d’autres …

… à ceux qui ont cru à la parole de Jean-Baptiste et à celle de Jésus … et à celle de ses disciples, c’est-à-dire à l’Église …

La demande du père est donc celle du Père de Jésus, celui que nous appelons « Notre Père », qui s’adresse à nous aussi : « Va travailler aujourd’hui à la vigne. », … dans mon Église …

Quelle réponse vais-je donner ?

D’abord, est-ce que j’ai envie de me mettre au service de l’Église ?

Pas nécessairement un service matériel. Ce peut être par l’exemple que je peux montrer ma foi … en répondant à des questions qu’on peut me poser sur ma foi, sur l’Église … en étant un exemple pour mes enfants …

Mais on peut me demander de rendre un service.

Ma réponse dépendra de ce qu’on me demande … de mes compétences, de ma disponibilité, … mais surtout de ce qu’il y a dans mon cœur …

Saint Paul nous donne quelques conseils pour que notre cœur corresponde à ce que veut Jésus : « Recherchez l’unité. Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres. », comme l’a fait Jésus : « Il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » (deuxième lecture).

On peut refuser au départ, et on peut avoir de bonnes et justes raisons pour le faire, … mais il peut arriver que ce soit simplement parce qu’on veut être tranquille, qu’on ne veut pas être ennuyé, parce qu’en fait, on ne s’intéresse pas véritablement aux autres … et peut-être qu’après avoir réfléchi, analysé la situation, on revienne sur sa décision … à un moment ou à un autre …

Dieu est patient … et surtout il sera très heureux de vous voir revenir travailler à sa vigne …

Car n’oublions pas : « la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. » (Jc 2,17).

Écoutons, et faisons nôtre cette prière du père Christian Delorme :

Avec toi, Ô Christ,

je me découvre un des fils bien-aimés du Père Éternel.

Il m’appelle à me mettre à la tâche.

J’entends sa voix qui vient murmurer à mon cœur.

Ce n’est pas une voix qui ordonne brutalement.

C’est jeune voix qui suggère,

une voix amicale, presque une voix qui supplie :

« Prends soin de ma vigne, me chuchote le Père.

J’ai besoin de toi et je compte sur toi ! » (…)

Toi qui n’as jamais cessé de faire la volonté du Père,

aide-moi à me montrer enfin

un bon ouvrier et un bon fils.

Francis Cousin

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Prière dim ordinaire A 26°