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2ième Dimanche de l’Avent – par Francis COUSIN (Mt 3, 1-12)

Lecture du livre du prophète Isaïe : 11,1-10

 

       « Un rameau sortira de la souche de Jessé. »

Souvent, quand on prend les lectures du dimanche, on s’intéresse en priorité à la lecture de l’évangile, à ce qui s’est passé après la naissance de Jésus … à la Parole de Jésus … dans le nouveau testament …

Fort bien !

Et il ne faut pas s’en priver !

Mais le nouveau testament n’est nouveau que parce qu’il y en avait un autre avant, celui qu’on appelle ’’l’ancien testament’’ ou le ’’premier testament’’, et que les deux sont liés … et on s’en rend bien compte en cette période de l’avent, charnière entre les deux.

Le texte d’Isaïe de ce jour est d’une très grande beauté, de par les images qu’il propose, mais aussi par ce qui est sous-jacent à ces images …

« Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. ». Et cela nous parle particulièrement en ce moment où, après les premières pluies apparues après tant de mois de sécheresse, sortent dans nos jardins des pieds, bien frêles encore, de tomates, d’ambrosades, de bissap ou de palmistes … Pieds minuscules, pieds fragiles … mais appelés à grandir si on prend soin d’eux

Prendre soin des plus petits … des pauvres … leur permettre de grandir … c’est déjà l’annonce du programme de Jésus … lui qui est issu d’un rejeton, d’un petit rameau de la souche de Jessé …

« Sur lui reposera l’esprit du Seigneur. », avec ses sept dons …

« Il ne jugera pas sur l’apparence. » : pensez à la veuve aux deux piécettes … (Mc 12,43)

« Il ne se prononcera pas sur des rumeurs. » : pensez à la femme infidèle… (Jn 8,3+)

« Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. » : C’est toute l’action de Jésus …

« Du bâton de sa parole, il frappera le pays ». Quelle belle image ! la force de la Parole qui est comme un bâton qui assomme ceux qui l’entendent. Certaines paroles de Jésus ne nous font-elles pas, parfois, le même effet … Paroles qui nous poussent dans nos retranchements les plus profonds … et qui font mal à entendre …

« Du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant. ». Le souffle des lèvres, ce n’est pas un souffle puissant, mais un souffle qu’on ne perçoit pas généralement … et pourtant … quelle force en lui ! Oh Jésus n’a jamais fait mourir personne, fut-il méchant ! Mais sa Parole a fait mourir en lui ce qu’il y avait de méchant … si tant est qu’il ait compris le sens des Paroles ! Combien de rédemption à l’écoute de ses Paroles … ?

Et en cette période de l’avent, c’est bien de rédemption dont il s’agit … pour chacun de nous … de conversions … de retournements … pour nous tourner vers Jésus, vers Dieu …

Certains parlent de métanoïa … de repentance …

C’est curieux, quand même !

Avoir autant de mots différents pour dire un comportement semblable … et qu’on ait autant de mal à le mettre en pratique

Nous qui sommes des humains, avec une intelligence que Dieu nous a donnée, comment se fait-il que nous n’arrivions pas à faire ce qu’Isaïe dit qu’il arrivera aux animaux … se supporter ensemble, différents, le fort avec le faible, l’omnivore avec le carnivore …

On ne parle que trois fois de personnes humaines : « un petit garçon les conduira … Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. ».

Et à chaque fois, ce sont des petits, des faibles, des pauvres : petit garçon, nourrisson, enfant !

On pense tout-de-suite à la parole de Jésus : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. » (Mt 18,3-4).

Changeons nos attitudes, changeons nos cœurs … c’est le seul moyen d’entrer dans le Royaume des cieux … et de vivre heureux sur terre …

Seigneur Jésus,

On ne peut pas comprendre les prophètes

si on ne connaît pas ton Évangile,

Et on ne peut pas bien comprendre ton Évangile

si on ne connaît pas les prophètes.

Ancien et nouveau testament

s’expliquent l’un l’autre.

 Fais que nous fassions l’effort

de les connaître tous deux.

Francis Cousin

    

 

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Image dim Avent A 2°




2ième Dimanche de l’Avent – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 3, 1-12)

« Repentez-vous ! »

(Mt 3,1-12)

 

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée :
« Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »
Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : ‘Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.’
Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage.
Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui,
et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés.
Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ?
Produisez donc un fruit digne de la conversion.
N’allez pas dire en vous-mêmes : “Nous avons Abraham pour père” ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham.
Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.
Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »

 

                      La première parole de Jean-Baptiste est identique à celle que Jésus dira au tout début de son ministère : « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche » (Mt 4,17).

            Le verbe grec employé ici, « métanoéô », signifie littéralement « connaître après », « prendre conscience de »… Et cette prise de conscience est la conséquence directe du fait que « le Royaume des Cieux est tout proche », ce qui est vrai depuis la création du monde. L’Ancien Testament l’affirme, en effet, dès le neuvième chapitre de la Genèse en présentant Dieu comme vivant en « Alliance éternelle avec toute chair » (Gn 9,8-17).

            Or, avec Jésus et par Jésus, le Fils, il nous est donné de pouvoir prendre conscience que « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16), ce qui se traduit dans la relation éternelle Père – Fils par ce fondement exprimé par St Jean : « Le Père aime le Fils et il a tout donné, il donne tout en sa main » (Jn 3,35), tout ce qu’il a (Jn 16,15 ; 17,10), tout ce qu’Il Est. Et c’est par ce Don total de Lui-même que le Père engendre éternellement le Fils en « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière » (Crédo). Nous découvrons ainsi, avec le Fils, le propre de l’Amour : être Don total et gratuit de Lui-même pour la seule vie de l’autre, pour son seul bien… Ainsi, de toute éternité, le Père dit au Fils : « Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime » (Is 43,4). Et puisque je t’aime, je me donne totalement à toi, gratuitement, pour ton seul bien, pour la Plénitude de ta vie, pour ta joie… Tel est le fruit concret de l’Amour du Père que le Fils accueille de toute éternité, un Don qui l’engendre en Fils, qui lui donne d’Être ce qu’Il Est, et Il Est Dieu, « exultant de joie dans l’Esprit Saint », et ne cessant de dire « Je te bénis Père » pour ce que Tu Es, pour ton Amour (Lc 10,21)…

            Or St Jean nous dit aussi « Dieu Est Lumière » (1Jn 1,5). L’Amour étant Don gratuit de Lui-même, Dieu est donc, depuis le commencement du monde, « la Lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1,9)… Grâce à elle, l’homme de bonne volonté peut « prendre conscience » du mal qui habite sa vie, de son cœur qui n’est pas totalement tourné vers son Créateur et Père. Et si tel est le cas, il ne peut pas bien sûr accueillir pleinement ce Don qui ne cesse de jaillir de l’Amour, il ne peut pas être pleinement heureux car nous avons tous été créés pour trouver le vrai bonheur en nous laissant combler par ce Don de l’Amour. « Le Père Lui-même vous aime »… « Si tu savais le Don de Dieu » (Jn 16,27 ; 4,10)…

            Alors, « repentez-vous », détournez-vous du mal, tournez-vous vers votre Dieu et Père, car il n’a qu’une seule Parole à nous dire : « Je t’ai créé gratuitement, par Amour. Je ne désire et ne poursuis que ton bien. Et tu le trouveras si tu acceptes de te détourner du mal et donc, au même moment, de te tourner vers moi de tout cœur pour te laisser combler par l’Amour, par le Don gratuit de l’Amour, par le Don de l’Esprit Saint. Telle est toute la mission de Jésus exprimée ici par Jean Baptiste : « Il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le Feu » (Mt 3,11)…                                                                                DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 2ième Dimanche de l’Avent (Mt 3, 1-12)

« À travers le désert, une voix crie :

Préparez le chemin du Seigneur,

aplanissez sa route. »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mt 3, 1-12)

Nous sommes au début du ministère public de Jésus. Le passage que l’Eglise offre à notre méditation pour le deuxième dimanche de l’Avent se situe juste avant le baptême de Jésus.

 

Et soulignons les mots importants 

Jean “ le Baptiste ” : Savons-nous pourquoi on donnait ce “ surnom ” à Jean, le cousin de Jésus ?

“ Préparez le chemin du Seigneur ” : De quel chemin s’agit-il ?

“ Convertissez-vous ” : Comment comprendre ce message de Jean ? Et pourquoi il est urgent de se convertir ?

“ Le Royaume des cieux est tout proche ” : Par qui le Royaume de Dieu s’approche ?

 “ Se faisaient baptiser ” : Quel sens les gens donnaient à cette démarche ? 

 “ La colère qui vient ” : Que peut bien signifier cette expression dans la bouche de Jean ?

“ Produisez un  fruit qui exprime votre conversion ” : A quoi voit-on que quelqu’un s’est converti ?

“ Nous avons pour père Abraham ” : Pour Jean, qui est le vrai fils d’Abraham ?

“ Lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu ” : A quoi nous fait penser cette expression ?

“ vanner- nettoyer- amassera le grain- brûlera la paille ” : tous ces verbes expriment de façon imagée la réalité d’un “ jugement ” nécessaire pour que notre vie soit purifiée de ses imperfections.

Pour l’animateur  

Jean est appelé “ le Baptiste ” : au moment où Jésus commence son ministère, il y avait plusieurs groupes qui pratiquaient le baptême dans l’eau, rite de purification qui s’accompagnait de l’espérance en la venue prochaine du Règne de Dieu. Jean avait avec lui tout un groupe de disciples dont Jésus avait fait partie. Il est le dernier prophète, qui oriente toute sa vie et sa prédication par rapport à celui qui doit venir.

Jean Baptiste est la voix et Jésus est la Parole. La voix crie dans le désert : “ préparez le chemin ” pour celui qui vient et qui dira “ Je suis le chemin ”

“ Convertissez-vous ”, ce mot résume le message : il s’agit de changer de vie. La raison décisive : c’est qu’avec Jésus le Royaume des cieux est déjà parmi les hommes. Se convertir n’est pas dire ou penser des choses justes sur le vrai Dieu, mais faire ce que Dieu attend de l’homme. Le vrai fils d’Abraham est justement celui qui fait la volonté de Dieu. Celui qui prépare le chemin pour accueillir Celui qu’il envoie.

La conversion que Jean réclame de tous doit s’exprimer dans des actes. C’est qu’il appelle “ le fruit ”.

L’accusation “ engeance de vipère ” est forte et s’adresse aux pharisiens et aux sadducéens : Jésus les accuse d’être fils du serpent ; il dénonce leurs pratiques comme fourberie de vipère, des marques de complicités avec l’attitude fausse et rusée du tentateur. (une allusion au serpent de la Genèse qui a produit chez Adam un fruit de péché et de mort) ;  mais cette expression signifie aussi la bouche dont on ne peut sortir que du poison.. A l’opposé, saint Paul parlera du “ fruit de l’Esprit ” (Gal 5, 22) des fruits de vie que nous produisons en devenant frère du nouvel Adam, le Christ.

L’expression “ la colère de Dieu ” est biblique : elle veut dire le jugement. Notre Dieu n’est pas un dieu de colère, mais le Dieu de la miséricorde, qui invite à la conversion. C’est une manière de dire que la sainteté de Dieu ne peut faire bon ménage avec le péché.

Et le baptême de Jean (tout comme celui de Jésus) ne sauve pas l’homme sans une démarche de changement de vie (“ produire du fruit ”).. Le vrai disciple de Jésus “ celui qui est baptisé dans l’Esprit-Saint et le feu ” (nous pensons à ce qui s‘est passé à la Pentecôte) c’est celui qui fait la volonté de Dieu.

Me faire baptiser, c’est accepter de donner à Dieu le droit de juger ma vie selon ses vues à lui, et non en fonction du simple titre de baptisé. On ne peut pas être chrétien à peu de frais ! Les verbes “ vanner ”, “ nettoyer ”, “ amasser dans le grenier, la paille qui brûle ” exprime  cette purification que Dieu fait dans notre vie, parce qu’il n’a qu’un désir : nous faire participer à sa sainteté.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Une voix crie “ Préparez le chemin du Seigneur ”. Ce chemin qui doit conduire Jésus le Sauveur jusqu’au cœur de tous les hommes.

Une voix crie pour être entendue. “ Produisez un fruit exprime votre conversion ”.

Une voix crie dans le désert :  “ Attention au tentateur. Ne soyez pas ses complices ”.

Seigneur, donne-nous un cœur qui écoute.

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

“ Convertissez-vous ”,“ préparez les chemins du Seigneur ”

Ces appels veulent dire la même chose : Comment y répondre concrètement, aujourd’hui, dans notre vie de tous les jours ?

Il peut arriver que nous nous disons chrétiens, alors que dans la vie nous acceptons des complicités avec des injustices, des “ la di la fé ”, des mensonges, avec des comportements contraires à l’Évangile de Jésus : le divorce, l’avortement… et autres désordres indignes des disciples de Jésus. 

Quel fruit produisons- nous vraiment ? Quelle transformation de notre cœur l’Évangile a produit ? En quoi notre vie est changée par notre appartenance au Christ ?

Acceptons-nous que Jésus, par son Evangile et son Eglise, ait un droit de jugement sur notre vie, non pour nous condamner, mais pour nous inviter à nous “  convertir ” quand il y a eu des dérapages 

 

 

ENSEMBLE PRIONS 

Chant : Aube nouvelle p. 150 (carnet des paroisses)

Tu viens sans cesse, notre Dieu incarné.
Tu viens de jour, tu viens de nuit.
On t’attend par la porte, tu viens par la fenêtre,

On t’attend dans la joie, tu arrives avec ta croix.

Tu viens quand tu es désiré, et tu surgis quand on ne t’attendait pas.
Tu viens par ta Parole et ton Eucharistie.

Tu viens par tous ces visages rencontrés au long des heures.

Tu viens à chaque instant, mais mes yeux sont empêchés de te reconnaître,

Un jour tu viendras me prendre en ton Royaume. Amen

 

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1er Dimanche Avent

 




2ième Dimanche de l’Avent – Homélie du Père Louis DATTIN (Mt 3, 1-12)

Préparez-vous

Mt 3,1-12

« Frères, tout ce que les livres Saints nous ont dit, est écrit pour nous instruire afin que nous possédions l’Espérance ».

Cette parole de Paul, entendue tout à l’heure, nous invite aujourd’hui à une écoute attentive de l’Ecriture. Or, les textes d’aujourd’hui sont bien rudes, celui de l’Evangile en particulier : « Convertissez-vous ! Convertissez-vous ! » Celui qui martèle cet ordre sans échappatoire est un homme austère qui se contente d’une nourriture frugale ; il donne libre cours à sa colère contre les juifs bien- pensants :

« Engeance de vipère », leur dit-il.

A Jean-Baptiste, tout de suite, pour nous justifier, nous disons : « Je n’y peux rien, c’est mon caractère, je suis comme ça ! ». C’est ainsi que nous nous disculpons du mal qu’il nous arrive de commettre.

Est-il vrai qu’on ne peut pas changer, qu’on ne peut pas se convertir ? Est-il vrai que chacun de nous est enfermé dans sa génétique, son passé, ses habitudes ? Si cela est vrai, alors où est la liberté de l’homme ? En tous cas, aujourd’hui, Jean-Baptiste, avec une violence inouïe, nous dit le contraire :

« Vous pouvez changer ! Vous pouvez vous améliorer ! Vous le devez ! Il le faut ! »

Il nous dit : « Dieu va faire irruption dans notre monde. C’est bientôt ! C’est proche ! », et cette arrivée de Seigneur exige une conversion urgente. Jean-Baptiste n’est pas tendre pour ceux qui voudraient considérer la venue du Messie comme une bonne petite fête bien tranquille ou insignifiante car c’est la « colère « , le  » jugement  » qui vient !

« Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits (c’est nous, les arbres) sera jeté au feu et déjà la cognée est à la racine ! ».

Cette phrase décrit le moment précis où le bûcheron calcule son geste en posant sa hache à l’endroit où il va frapper … tant est grande la proximité du jugement et l’urgence de la conversion.

Une deuxième image vient renforcer cette nécessité de la conversion : Dieu vient pour faire un tri, pour séparer le blé de la balle : « Il tient une pelle à vanner dans la main et il va nettoyer son aire à battre le blé : il va séparer la balle qu’il va jeter au feu et mettre le blé dans son grenier ».

Ainsi, l’irruption de Dieu, c’est sérieux. Avec Jean-Baptiste, nous sommes loin des mièvreries de la crèche autour du « petit Jésus » et encore plus loin des cadeaux et des préparatifs gastronomiques qui envahissent les médias et les vitrines en ces jours qui précèdent Noël. Le « petit Jésus  » de la crèche, c’est quelqu’un ! Quelqu’un avec qui il va falloir compter ! Quelqu’un devant qui, il faudra prendre parti.

Quand le vanneur prend sa pelle pour trier le bon grain de la paille, c’est bien sûr une bonne nouvelle pour le blé qui va être nettoyé, purifié mais c’est une catastrophe pour la paille qui va être brûlée au feu ! Sommes-nous capables d’entendre ces paroles ?

 Nous voilà bien loin de la gentillesse superficielle d’une fête de Noël édulcorée ! Parmi les juifs qui allaient voir Jean-Baptiste, il semble qu’il y ait eu deux types de fidèles :

 –  les uns, très ordinaires sans doute, venaient confesser leurs péchés pour se préparer à la visite de celui que tout Israël attendait. On les devine, sortant de l’eau, résolus à porter du fruit, les fruits de leur vraie conversion.

–  les autres, pharisiens et sadducéens, viennent accomplir le rite avec un cœur encombré de leur fausse sécurité de « gens en règle « . Il n’y a rien de pire que des gens qui se croient  » en règle « . Puisqu’ils sont en règle, pourquoi changeraient-ils ? Pourquoi se convertiraient- ils puisqu’ils se croient déjà convertis ?! Ils peuvent donc se dispenser d’une demande personnelle de conversion.

Chacun de nous le sait très bien, il ne s’agit, pas seulement de quelques petites modifications dans mon style de vie, mais d’un changement radical. Il s’agit de passer des belles théories à la rude réalité de la pratique. Certains convertis ont avoué qu’il leur a fallu parfois des années pour passer de l’éclair de la vérité à l’engagement dans une vie vraiment nouvelle ! Et surtout, surtout ne nous excusons pas de ne pas nous convertir en pensant que nous ne sommes déjà pas si mal que ça ! Pourtant, lequel d’entre nous oserait dire qu’il n’a plus de progrès à faire ? Toujours, nous sommes en dessous de ce que le Christ attend de nous.

Aujourd’hui, Jean-Baptiste, comme un ouragan, nous crie que nous sommes capables d’aller plus loin, que nous avons tort d’être habitués, blasés, lassés.

« Allons ! Debout ! Avance ! Tu fais la révision de ton moteur, fais la révision de ta vie ! Repars à neuf ! Tu peux améliorer ta façon de vivre ! Renonce à ta médiocrité ! Deviens un bon arbre qui produit, pas simplement des feuilles mais de bons fruits » ; « Convertissez-vous ! Préparez le chemin du Seigneur ! Rendez droits ses sentiers car le Royaume de Dieu est proche ! »

  • Se convertir signifie se retourner, changer de mentalité ; ce qui suppose la transformation radicale de celui qui, renonçant aux sécurités antérieures et extérieures (l’orgueil, le pouvoir, le bien-être) se lance dans l’aventure de la foi. Il ne s’agit pas seulement de repeindre la chaloupe du bateau ni même de monter une voile supplémentaire, mais à ce bateau lui faire changer de cap!

  • Se convertir, c’est mettre totalement sa confiance dans un maitre dont les exigences n’ont pas d’autres justifications que l’amour qu’il nous porte. Au catéchuménat, la cellule d’église qui prépare les adultes au Baptême, j’ai entendu des mots très forts pour le dire : « Dieu est entré dans ma vie », me disait l’un d’eux ; et un autre, qu’on félicite de sa démarche, protestait : « Mais ce n’est qu’un commencement ! On n’est pas converti une fois pour toutes ! »

Je me demande parfois si certains, dans l’Eglise depuis leur berceau, ne se sont jamais convertis, une seule fois ? Et pire encore, s’ils se convertiront un jour ?… Il en est de notre foi au Christ comme des amours humaines : le jour du mariage, chacun des époux s’engage avec ferveur dans une vie nouvelle. Il est résolu à se confier totalement à l’autre tandis que l’autre se confiera totalement à lui.

Or, tous les vieux époux vous le diront, le tissu conjugal doit être remaillé au gré des saisons pour garder sa solidité. Le tissu de notre vie chrétienne, lui aussi, doit être remaillé à chaque saison.

Attention, à l’approche de Noël, ne nous contentons pas de bonnes intentions sinon nous aurons raté le Noël de cette année. Avant de parler, il faut poser des actes. Jean-Baptiste, lui a changé son style de vie ; il part au désert, il s’habille et mange de façon frugale : poils de chameau, miel sauvage, sauterelles frites.
Après quoi, il peut parler, et nous, prédicateurs d’homélies, catéchistes, chargés du message de Dieu, parents soucieux de l’éducation de leurs enfants, militants engagés dans la réforme de la société, n’est-il pas fréquent que nous nous contentions de beaux discours qui interpellent les autres, alors que nous n’avons pas, nous-mêmes, produit des fruits de conversion ? Où en sommes-nous en ce deuxième dimanche de l’Avent ? Quels fruits avons-nous porté ces derniers jours ?

Jésus veut demeurer chez nous : faisons-lui place !

En vérité, il nous accueille bien mieux que nous ne l’accueillons :

il nous convertit bien plus que nous ne nous convertissons.

Sachons, au moins, travailler avec lui !     AMEN




1er Dimanche de l’Avent – Père Rodolphe EMARD (St Mt 24, 37-44)

Homélie du premier dimanche de l’Avent / Année A

 

*Textes de référence : Rm 13, 11-14a ; Mt 24, 37-44

Ce dimanche, nous débutons une nouvelle année liturgique, l’année A, durant laquelle, nous entendrons davantage l’Évangile de Matthieu. Cette nouvelle année liturgique débute avec le temps dit de l’Avent.

Le Missel romain précise ce qu’est le temps de l’Avent : « Le temps de l’Avent a une double caractéristique : c’est à la fois un temps de préparation aux solennités de Noël où l’on commémore le premier avènement du Fils de Dieu parmi les hommes, et un temps où, par ce souvenir, les âmes sont tournées vers le second avènement du Christ à la fin des temps. Le temps de l’Avent se présente donc, pour ces deux raisons, comme un temps de prière et joyeuse attente » (voir n°39, Normes universelles de l’année liturgique).

L’essentiel nous est ici précisé pour saisir le vrai sens de l’Avent. Il nous prépare à célébrer la nativité du Fils de Dieu qui a pris chair de la Vierge Marie, par l’action de l’Esprit Saint. Nous pointons ici le mystère de l’incarnation de Dieu. L’Avent nous rappelle aussi que toute l’Église est dans l’attente de la venue du Christ dans la gloire. Le temps de l’Avent, nous devons enfin le vivre dans une attitude de prière et de joie.

Accueillir la venue du Christ, le Sauveur du monde, appelle à la conversion. L’extrait de la lettre de saint Paul aux Romains et celui de l’Évangile nous donnent des balises pour vivre pleinement ce temps de l’Avent.

Paul nous invite à « sortir de [notre] sommeil » car le « salut est « plus près de nous maintenant (…) La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. » Jésus est bien celui qui apporte le salut à toute l’humanité. Nous devons nous réveiller pour l’accueillir vraiment dans nos vies et désirer son salut pour nous.

 

Il y a un appel à sortir de nos routines, de nos habitudes parfois automatiques, surtout celles qui nous éloignent vraiment du chemin du Christ et de son Église. De quels « sommeils » devons-nous nous réveiller ? Chacun est interrogé personnellement…

Saint Paul dresse également des attitudes à adopter :

  • Rejeter « les œuvres des ténèbres » et revêtir les « armes de la lumière ». La lutte contre le péché et contre le mal est ici évoqué : ceux que nous commettons et ceux des autres…

  • Se conduire honnêtement. L’honnêteté est la qualité d’une personne honnête, c’est-à-dire qui agit avec droiture et loyauté et de façon vertueuse. L’honnêteté nous rappelle aussi le sens du devoir et de la responsabilité. Nous avons tous manqué d’honnêteté dans des actes de nos vies. Nous n’avons pas toujours le sens moral dans l’entreprise de certaines situations. Le risque serait de nous habituer à nos malhonnêtetés.

Que ce temps de l’Avent nous donne vraiment de répondre à cet appel de Paul à se conduire honnêtement, « sans orgies ni beuveries, sans luxure ni débauches, sans rivalité ni jalousie ». Chacun sait en conscience sur quels points il a à travailler et à se convertir…

  • Paul nous invite enfin à revêtir le Christ. Il s’agit de nous laisser envelopper par le Christ, d’entrer dans une intimité profonde avec lui, lui consacrer du temps dans la prière et la méditation de la Parole de Dieu. Revêtir le Christ pour pouvoir porter un regard de bienveillance sur notre prochain et un regard d’espérance sur notre monde. Revêtir le Christ, c’est laisser ses sentiments et son amour nous animer afin de pouvoir porter ces regards.

Dans l’Évangile, Jésus évoque clairement sa venue dans la gloire. Il nous invite à deux attitudes : veiller et se tenir prêt. Veiller, car nous ne savons pas quel jour le Seigneur viendra. Ce jour, nul ne peut le prédire ou le calculer. Se tenir prêt, car ce sera au moment où nous ne le penserons pas que le Christ fera sa venue dans la gloire. Ce jour, nul ne peut le prévoir ou le déterminer.

L’Évangile invite à une vigilance profonde. Tout peut arriver à tout moment. Nous sommes appelés à être éveillés en discernant les signes de l’Esprit Saint à l’œuvre en ce monde, y compris lorsque nous sommes heurtés par les difficultés de la vie.

Jésus nous exhorte à veiller. La liturgie dominicale est l’expression de cette veille de l’Église : « Nous attendons ta venue dans la gloire », proclamons-nous dans l’anamnèse à chaque eucharistie. Ne négligeons pas l’Eucharistie durant ce temps de l’Avent.

Demandons au Seigneur que nous puissions tirer leçon des enseignements qui nous sont faits en ce dimanche. À tous et à chacun, bon temps de l’Avent et belle marche vers Noël.




1er Dimanche de l’Avent – par Claude WON FAH HIN (St Mt 24, 37-44)

Commentaire du samedi 26 et Dimanche 27 Novembre 2022

 

Isaïe 2,1–5 ; Romains 13,11–14 ; Matthieu 24,37–44

L’avènement du Fils de l’Homme, c’est le retour du Christ sur terre et dans toute sa gloire (Mt 24,30 : « On verra le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire ». Ce fait à venir a une portée dès ici-bas et détermine le comportement du croyant, selon sa foi. Comme la date de sa venue est inconnue, (v.42 ) « vous ne savez pas quel Jour va venir le Maître », chacun vit sa vie de chrétien selon sa façon de voir les choses. Et Matthieu nous met en garde en comparant notre époque à celle du temps de Noé : « 37 Comme les jours de Noé, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme. 38 En ces jours qui précédèrent le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche,  39 et les gens ne se doutèrent de rien jusqu’à l’arrivée du déluge, qui les emporta tous. Tel sera aussi l’avènement du Fils de l’homme ». Comme au temps de Noé, les gens, même chez les catholiques, vivent dans une grande insouciance, se disant que tout cela est encore loin, on ne connaît pas la date, alors on va profiter de la vie au plus vite, oubliant même que tout nous vient de Dieu. Se pose alors, pour les chrétiens, le problème de la vigilance tout en essayant de vivre du mieux que l’on peut, sans jamais oublier Dieu dans notre vie. Et c’est le combat de la vie du chrétien. En permanence, nous devons faire le choix de Dieu. Le Pape François nous rappelle dans « Gaudete et Exsultate » que « (§158) La vie chrétienne est un combat permanent. Il faut de la force et du courage pour résister aux tentations du diable et annoncer l’Évangile. Cette lutte est très belle, car elle nous permet de célébrer chaque fois le Seigneur vainqueur dans notre vie. (159) Il ne s’agit pas seulement d’un combat contre le monde et la mentalité mondaine qui nous trompe, nous abrutit et fait de nous des médiocres, dépourvus d’engagement et sans joie. Il ne se réduit pas non plus à une lutte contre notre propre fragilité et contre nos propres inclinations (chacun a la sienne : la paresse, la luxure, l’envie, la jalousie, entre autres). C’est aussi une lutte permanente contre le diable qui est le prince du mal. Jésus lui-même fête nos victoires. Il se réjouissait quand ses disciples arrivaient à progresser dans l’annonce de l’Évangile, en surmontant les obstacles du Malin, et il s’exclamait : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair » (Lc 10, 18). (160) Nous n’admettrons pas l’existence du diable si nous nous évertuons à regarder la vie seulement avec des critères empiriques, c’est-à-dire basés sur notre seule expérience, et qui sont approximatifs, confus, imprécis, routiniers et sans le sens du surnaturel. Précisément, la conviction que ce pouvoir malin est parmi nous est ce qui nous permet de comprendre pourquoi le mal a parfois tant de force destructrice… De fait, quand Jésus nous a enseigné le Notre Père, il a demandé que nous terminions en demandant au Père de nous délivrer du Mal. Le terme utilisé ici ne se réfère pas au mal abstrait et sa traduction plus précise est « le Malin ». Il désigne un être personnel qui nous harcèle. Jésus nous a enseigné à demander tous les jours cette délivrance pour que son pouvoir ne nous domine pas. (161)…(Si) nous baissons la garde, (et vivons dans l’insouciance), il en profite pour détruire notre vie, nos familles et nos communautés, car il rôde « comme un lion rugissant cherchant qui dévorer » (1P 5, 8). (164) – Le chemin de la sainteté est une source de paix et de joie que nous offre l’Esprit, mais en même temps il demande que nous soyons avec « les lampes allumées » (Lc 12, 35) et que nous restions attentifs : « Gardez-vous de toute espèce de mal » (1Th 5, 22). « Veillez donc » (Mt 24, 42; Mc 13, 35). « Ne nous endormons pas» (1 Th 5, 6). Car ceux qui ont le sentiment qu’ils ne commettent pas de fautes graves contre la Loi de Dieu peuvent tomber dans une sorte d’étourdissement ou de torpeur. Comme ils ne trouvent rien de grave à se reprocher, ils ne perçoivent pas cette tiédeur (cette mollesse ou indifférence) qui peu à peu s’empare de leur vie spirituelle et ils finissent par se débiliter (par s’affaiblir) et se corrompre. (165) La corruption spirituelle est pire que la chute d’un pécheur, car il s’agit d’un aveuglement confortable et auto-suffisant où tout (ce qui est mal) finit par sembler licite, autorisé, toléré, permis (comme par exemple) : la tromperie, la calomnie, l’égoïsme et d’autres formes subtiles « de faire référence à soi-même », puisque « Satan lui-même se déguise en ange de lumière» (2Co il, 14)…Dans un épisode, Jésus nous met en garde contre cette tentation trompeuse qui nous fait glisser vers la corruption: il parle d’une personne libérée du démon qui, pensant que sa vie est (devenue) pure, finit par être possédée par sept autres esprits malins (Lc 11,24-26).

 

Il nous faut donc rester vigilant dès maintenant et ne pas attendre en fin de vie pour se dire qu’à ce moment-là, je vais tout regretter, et tout cela rentrera dans l’ordre. Saint Augustin nous dit : « Il ne vous servira de rien dans les derniers moments de votre vie de demander pénitence quand vous n’aurez plus ni le temps ni la force de faire pénitence. « Le repentir d’un malade est faible comme celui qui l’exprime…Celui d’entre vous qui veut trouver miséricorde devant Dieu, qu’il fasse pénitence dès maintenant, dans la force de l’âge, afin d’entrer aussi sain dans l’éternité ! » (Serm. 57, De Tempore) « Parce que vous vous êtes confessé, parce que vous avez reçu l’ab­solution, vous croyez pouvoir mourir en sécurité : et moi, je vous dis que je suis beaucoup moins sûr que vous de votre avenir !… Vous n’avez songé à vous repentir que lorsque vous ne pouviez plus pécher (puisque vous attendez d’être en fin de vie pour vous repentir) : c’est donc le péché qui vous délaisse, ce n’est pas vous qui l’avez rejeté. Tenez la chose certaine : votre salut reste incertain ! ». Cornelius a Lapide (Jésuite belge, théologien et bibliste de renom) : « On dira que tous reçoivent les Sacrements à la fin de leur vie. …Même parmi ceux qui les reçoivent, beaucoup les reçoivent mal et n ‘expient donc pas leurs péchés : beaucoup en effet souffrent d’une ignorance crasse en ce qui concerne les articles de foi qu’il faut connaître et auxquels il faut croire explicitement, clairement, ainsi qu’en ce qui concerne les Sacrements; ils ignorent en particulier qu’il faut le ferme propos de ne plus pécher pour être capable de recevoir l’abso­lution; ils ignorent qu’une résolution forte et constante de l’âme est requise, nécessaire,  pour que le ferme propos soit considéré comme absolu et efficace. D’autres savent ce qui est nécessaire pour le salut, mais ils vivent sans se soucier de leur salut personnel, entièrement occupés à amasser richesses et dignités, à construire des maisons, à aménager des jardins, des vignes, etc. de sorte qu’ils ne pensent que rarement ou jamais à Dieu, à la vie éternelle, à leur conscience, sauf au moment de Pâques ; encore ne le font-ils alors, que pour cette seule raison qu’ils sont obligés par un précepte de l’Eglise à se confesser et à communier (au moins une fois par an) ; aussi, (une fois) passées la Communion Pascale et la confession, retourne-t-on bientôt à ses passions, à ses habitudes perverses, à ses péchés, comme le font aussi beaucoup de ceux qui se sont confessés à l’article de la mort (au moment l’agonie) et qui, le danger écarté (et donc ayant un regain de bonne santé), retombent dans toutes leurs misères. Ce retour au mal montre bien qu’on ne s’était converti que par obligation ou par peur de la mort, mais qu’il n ‘y avait réellement rien de sérieux ni de profond. Saint Antoine Marie Claret (P.166) nous fait aussi la remarque : « quand on voit comment vivent les gens, quand on les voit en très grand nombre vivre de façon stable et habituelle en état de péché mortel, on peut dire qu’il ne se passe pas de jour sans qu’augmente le nombre de leurs fautes. Ils pêchent aussi facilement qu’on boit un verre d’eau, comme par jeu et pour rire. Ces malheureux vont, de leur propre mouvement, en enfer ». En ce 1er dimanche de l’Avent, chacun doit prendre la bonne résolution de changer de cap, direction le Christ toujours et partout.

L’Avent c’est le temps d’attente, pour tous les chrétiens, du retour du Christ glorifié. Mais nous dit Saint-Paul (2 Th 2,7) : « 3 Que personne ne vous séduise d’aucune manière. Il faut que vienne d’abord l’apostasie (= le reniement du Christ et de l’Eglise) et que se révèle l’Homme de l’impiété (= l’homme du péché), le Fils de la perdition, 4 celui qui se dresse et s’élève contre tout ce qu’on appelle Dieu ou qu’on adore, au point de s’asseoir en personne dans le temple (ou sanctuaire ) de Dieu. 8 Alors se révèlera l’Impie, que le Seigneur Jésus détruira du souffle de sa bouche et anéantira par l’éclat de sa venue. 9 Quant à la venue de l’Impie, marquée par l’activité de Satan, elle se manifestera par toutes sortes d’œuvres puissantes, de miracles, de prodiges trompeurs ( inutile, donc, de vous déplacer pour aller voir tout cela) 10 comme de toutes les tromperies du mal, à l’adresse de ceux qui sont voués à la perdition pour n’avoir pas accueilli l’amour de la vérité qui leur aurait valu d’être sauvés. 11 Voilà pourquoi Dieu leur envoie une influence qui les égare, qui les pousse à croire le mensonge, 12 en sorte que soient condamnés tous ceux qui auront refusé de croire la vérité et pris parti pour le mal ». Saint-Paul, dans le 2ème texte d’aujourd’hui nous le rappelle : « C’est l’heure désormais de vous arracher au sommeil;  le salut est maintenant plus près de nous… 12 La nuit est avancée. Le jour est arrivé. Laissons là les œuvres de ténèbres et revêtons les armes de lumière. 13 … conduisons-nous avec dignité : point de ripailles ni d’orgies, pas de luxure ni de débauche, pas de querelles ni de jalousies. 14 Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ et ne vous souciez pas de la chair pour en satisfaire les convoitises ». Si nous suivons un peu les actualités, nous voyons que les forces du mal agissent en France contre le catholicisme en particulier : Interdiction partielle de sonner les cloches à Angoulême; pas d’arbre de noël à Lyon, Bordeaux et probablement à Strasbourg où on peut vendre des crucifix « sous réserves » au Marché de Noël; déboulonnage de la statue de Saint Michel aux sables d’Olonne. Et je ne parle pas de toutes les lois sorties contre les valeurs chrétiennes : divorce, euthanasie, mariage pour tous, baptême républicain ( sans passer par l’Eglise), laïcité, le gender, destruction de la famille, interdiction d’instruire les enfants chez soi (2/10/2021), on ne dira plus « les fêtes de Noël, mais les fêtes de fin d’année » proposent certains etc… C’est pour cela qu’il faut être vigilants non seulement à titre individuel contre les péchés et nos faiblesses, mais aussi par rapport aux valeurs chrétiennes partout dans le monde. Mais rassurons-nous malgré tout car, l’homme ne pourra jamais détruire l’œuvre de Dieu. Dieu a planté des valeurs chrétiennes en nous, probablement comme un grain de sénevé ou comme la petite source de Siloé, qui fera son chemin quoi qu’il arrive. Gardons-notre foi en Jésus-Christ. Isaïe nous le rappelle: « la montagne de la maison de Yahvé sera établie en tête des montagnes et s’élèvera au-dessus des collines…Toutes les nations afflueront vers elle, 3 alors viendront des peuples nombreux. Dieu jugera entre les nations, il sera l’arbitre des peuples nombreux, on ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à faire la guerre. Présence de Dieu, présence de paix, aussi bien chez l’individu que dans les nations. « Tous sont appelés à se rendre à la montagne de la maison de Dieu », royaume de Dieu (Isaïe). Il nous faudra « veiller » parce que nous ne savons pas quand le maître va arriver. Veiller c’est renoncer au sommeil, c’est lutter contre la torpeur et la négligence. Le chrétien ne doit pas se laisser gagner par le sommeil et rester sur ses gardes pour rester avec le Seigneur à tout moment parce qu’il est « enfant de lumière ». Ce qui fait disparaître le péché, c’est encore l’enseignement du Christ : aimer Dieu et aimer son prochain, le tout dans la plus simple humilité. « La charité couvre une multitude de péchés » et nous ouvre les bras du Seigneur. En ce temps de l’Avent, tournons-nous vers le Christ, vers la préparation spirituelle de Noël car c’est toujours un moment important de fêter sa venue parmi les hommes, nous apportant toujours la paix, l’amour, la fraternité à un moment où la France va mal dans son intérieur même. Que Marie soit toujours avec nous pour nous aider à nous tourner constamment vers son Fils.




1er Dimanche de l’Avent – par Francis COUSIN (Mt 24, 37-44)

 

« Veillez … » 

À quoi ?

Nous sommes au début de l’Avent, au début d’une nouvelle année liturgique, dans une période de préparation à la fête de Noël … Alors veillez à faire la liste des cadeaux ou le menu de Noël … ?

Non !

Noël, l’avènement de Jésus sur terre s’est déjà passé il y a plus de deux mille ans …

Alors, veillez à quoi ? Veillez pour les autres avènements de Jésus … d’abord celui de notre propre mort … où nous pourrons peut-être le rencontrer … et surtout, le dernier, celui où nous serons sûrs de le rencontrer : celui du retour de Jésus sur terre pour le jugement final.

Avec un aspect particulier : il ne sera pas annoncé … pas d’ange Gabriel (ou un autre) … pas de maternité … il viendra à l’improviste, sans qu’on s’y attende …

Comme le déluge du temps de Noé …

Comme le voleur qui vient chez nous …

Et curieusement, ce n’est pas tellement la fin de temps qui nous préoccupe … mais le voleur … on installe chez soi des serrures renforcées, maintenant avec cinq points d’ancrage … pour pouvoir être remboursé par les assurances … certains installe même des systèmes d’alarme connectés au téléphone portable ou à une société spécialisée …

Mais notre mort …mais la fin des temps … C’est loin ! …

Ou du moins le pense-t-on …

« Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. »

Un jour, des pharisiens avaient demandé à Jésus quand le Royaume de Dieu viendrait, et il avait dit : « le royaume de Dieu est au dedans de vous. » (Lc 17,21).

Le Royaume de Dieu n’est pas un territoire … sur terre ou une autre planète !

Le Royaume de Dieu est spirituel … et on peut, et même on doit en faire déjà parti … C’est un état d’esprit auquel nous pouvons participer dès maintenant.

On n’y pense pas souvent … ou du moins pas assez, tellement nous sommes préoccupés par les choses de la vie courante : la guerre en Ukraine … et toutes ses répercussions dans notre vie de tous les jours : le pouvoir d’achat, l’inflation, les pénuries de certains articles … mais aussi le réchauffement climatique, nos petits problèmes familiaux, de santé …

Et nous oublions l’essentiel … la relation à Dieu, sous toutes ses formes : dans la prière, mais aussi, et surtout, dans les actes : « Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte … Vous voyez bien : l’homme devient juste par les œuvres, et non seulement par la foi. » (Jc 2,17.24).

C’est d’ailleurs par les œuvres, celles qu’on appelle les œuvres de miséricorde, que nous serons jugés, ainsi que Jésus nous le dit en parabole : « Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? “ … Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” » (Mt 25,34-37.40).

Mais Dieu nous laisse libres, comme toujours : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3,20). Comme toujours, l’amour de Dieu fait le premier pas.

Entendrons-nous cette voix du Seigneur ?

Lui ouvrirons-nous la porte de notre cœur ?

Profitons de ce temps de l’avent pour réfléchir et répondre à ces questions, … pour accueillir Dieu dans nos vies par l’intermédiaire des autres.

Seigneur Jésus,

Nous nous préparons à la joie de Noël,

quand tu es venu pour nous sortir

de la mort éternelle.

Aide-nous à écouter les Paroles

que tu nous as dites sur terre,

pour ne pas manquer

l’accès à la Vie Éternelle.

 

Francis Cousin 

    

 

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1er Dimanche de l’Avent – Homélie du Père Louis DATTIN (Mt 24, 37-44).

Attente

Mt 24,37-44

Cette semaine, après le dîner, le téléphone sonne : il s’agissait d’un jeune couple que j’avais marié il y a quelques mois et qui m’annonçait la grande nouvelle. La femme était toute émue, on le sentait au timbre de sa voix et le mari, lui aussi, parlait à son tour avec une voix plus grave qu’à l’ordinaire : « Père, ça y est, nous attendons un enfant ». On sentait dans cette annonce une joie contenue, une gravité dans l’importance de la nouvelle. Une vie, en eux, allait grandir, s’épanouir et l’on devinait que ces quelques mois qui les séparait du jour où ils allaient enfin le voir, serait une période privilégiée : un temps d’attente active, de préparation commune à la venue de ce petit qu’ils entouraient déjà de leur affection avant même qu’il ne soit visible à leurs yeux.

Reposant l’écouteur sur le téléphone, je me suis dit que j’allais vous annoncer la nouvelle à vous aussi, car aujourd’hui, nous les chrétiens, nous nous trouvons dans la même situation !  Un enfant nous est annoncé et pas n’importe lequel ! Et pas dans neuf mois ! Dans moins d’un mois ! La voix des anges nous réveillera comme les bergers et nous entendrons leurs chants joyeux :

 « Un enfant vous est né, un Sauveur-vous est donné », « Voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple », « Aujourd’hui vous est né un sauveur », « Il est le Messie, le Seigneur ! Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire », et il y eut avec l’ange, un groupe céleste qui chantait et louait Dieu en disant :

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».

Alors qu’allons-nous faire pour attendre cet enfant que Dieu nous envoie et qui est son fils ? Comment allons-nous vivre ce mois qui nous sépare de Noël ? Est-ce un mois comme les autres où nous ne changerons rien à nos habitudes, comme si cet enfant ne nous concernait pas, comme s’il n’y avait pas de naissance dans notre famille, comme si cette naissance du Sauveur n’était pas désirée ? Ou au contraire, allons-nous faire de ce mois, un temps de préparation, un temps d’affection, un temps d’activité pour que sa naissance, le 25 décembre, soit non seulement une fête mais un accueil, un évènement, une date dans notre vie et dans la sienne ?

Alors, pour cela, écoutons de nouveau la voix de St-Paul qui nous clame : « Frères, vous le savez, l’heure est venue de sortir de votre sommeil car le salut est plus près maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants. La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche ».

Le Christ « Soleil levant » va bientôt se lever pour une aube nouvelle et définitive.  C’est à  partir de maintenant, d’aujourd’hui, que  nous   devons préparer Noël. Oh ! Pas seulement en préparant la fête proprement dite ! Les jouets des enfants, la commande des huîtres, ou la préparation du boudin blanc ou la confection de guirlandes à mettre sur un sapin !

Non ! Préparer Noël, ce n’est pas cela, c’est d’abord pour les chrétiens, pour l’Eglise  » attendre l’enfant qui doit naître  » : attente active, intérieure, affective pour accueillir cet enfant au moment de sa naissance.

 

 

Pour Noël, le matériel compte peu : Jésus est né à l’improviste, dans une étable, sur de la paille, dans le froid. On ne peut pas dire que l’intendance qui ait suivi était au point. Ce qui doit être au point : c’est notre cœur, c’est notre amour, c’est notre accueil, c’est notre joie.

L’Eglise, c’est-à-dire nous tous, doit avoir le cœur d’une maman qui attend prochainement son enfant. Voilà la disposition qui doit être la nôtre. Une mère qui attend son enfant ne vit déjà plus seule ; elle vit à deux, avec celui qui doit venir. Elle pense à lui, elle lui parle intérieurement, elle prend des précautions pour qu’il s’épanouisse en elle et son mari est plein de prévenances pour celui qu’elle porte en elle.  Voilà l’attitude de l’Eglise pendant ce temps de l’Avent : elle vit à l’avance avec celui qui doit venir.  Nous ne vivons plus seuls : nous savons qu’il va venir. Nous pensons à lui qui va venir parmi nous, dans notre famille, dans notre communauté.

Nous pensons à lui qui doit se développer et grandir dans le cœur de chacun et de chacune d’entre nous. Nous lui parlons intérieurement et c’est la prière qui doit se renouveler et s’intensifier pendant ce mois.  Et nous aussi, nous modifions notre vie : nous vivons davantage selon l’Evangile pour que le jour venu, celui de Noël, notre cœur soit à l’unisson de celui qui naîtra parmi nous. Qu’il y ait entre nous et lui cet accord parfait qu’il devait y avoir entre le cœur de Vierge Marie et le cœur de celui qu’elle venait de mettre au monde.

L’approche de Noël doit nous reposer cette question :

« Est-ce que nous sommes chrétiens par habitude, un peu endormis par la routine ? Notre attente est-elle passive ? Notre désir de l’Avent est-il émoussé ? Peut-être même nous n’attendons rien de la vie ? »

Alors, c’est le temps de nous secouer, de nous frotter les yeux. Notre vie, à nous chrétiens, n’est pas derrière nous, elle est devant et l’avenir est dix fois plus important que tout ce que nous avons vécu jusque-là : un enfant attendu, c’est une vie nouvelle.  Noël, pour chaque chrétien, c’est une naissance et chaque fois que nous désirons quelque chose, ou encore mieux, quelqu’un, cette attente nous ouvre un avenir.  Nous sommes projetés en avant au lieu de rêver d’un bon vieux temps qui n’existe que dans des souvenirs que nous avons idéalisés.

Le secret de notre jeunesse intérieure, quel que soit l’âge que nous avons, c’est de vivre l’avenir, de ce qui va arriver, de préparer le futur.  Est vieux que celui qui se complait dans le passé et qui prend la vie qui vient comme une mauvaise suite de ce qu’il a vécu auparavant :

« Ah ! De mon temps ! Tout était mieux ! Tout était bien ! Tout le monde était beau ! Il était gentil ! »

Pour un chrétien, le temps, le vrai, est devant. Il vit dans l’espérance, dans l’à-venir, dans l’avant. Jésus-Christ est toujours devant nous et nous préparons sa venue. Cet enfant qui s’annonce est pour chacun d’entre nous le temps de la préparation, le temps de l’accueil, un temps qui nous permettra de faire des choses que nous ne faisions pas avant ; en un mot : créer du neuf. Or, l’enfant, c’est tout cela : c’est une page blanche, une histoire nouvelle qui commence, un avenir ouvert.

Vivons cet avant pour vivre Noël.     AMEN




1er Dimanche de l’Avent – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 24, 37-44)

« Veillez  et priez »

(Mt 24,37-44)…

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme.
En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ;
les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme.
Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé.
Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée.
Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.
Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra.

        

            Jésus évoque ici sa venue au dernier Jour du monde ou de notre vie… « Alors, on verra le Fils de l’Homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire ». Et il insiste sur la soudaineté imprévisible de cet évènement : on ne « se doute de rien jusqu’à » son arrivée… « Vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra », « c’est à l’heure où vous n’y pensez pas » qu’il arrivera…

            Tout est donc centré sur Lui : c’est Lui que tous les hommes découvriront, resplendissant de Lumière, car « Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes ». Nous verrons alors « le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis‑je ? ressuscité, qui est à la droite de Dieu et qui intercède pour nous » (Rm 8,34 ; 1Jn 2,1-2) car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés ». « Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur » (1Tm 2,3-6)… Jésus, vrai homme et vrai Dieu, l’exprimait lui aussi dans sa prière à son Père, juste avant sa Passion, alors qu’il regardait ses disciples et à travers eux tous les hommes : « Père, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi » (Jn 17,24)…

            Mais cette réalité du ciel que nous attendons dans l’espérance se propose chaque jour à nos cœurs dans la foi. En effet, Jésus disait encore : « Que votre cœur ne se trouble pas. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures, sinon je vous l’aurais dit ; je vais vous préparer une place. Et quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi afin que là où je suis, vous aussi vous soyez » (Jn 14,1-3). Et où est Jésus, le Fils ? Uni de toute éternité à son Père dans la communion d’un même Esprit. Et c’est cet Esprit qu’il est venu nous communiquer gratuitement, par Amour, au nom de son Père, pour qu’en le recevant nous puissions « être » nous aussi « là où il est »… « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui », par l’Esprit et dans l’Esprit (Jn 14,23 et 17).

            Or cet Esprit est un Esprit de Lumière et de Paix… « N’éteignez donc pas l’Esprit… Vérifiez tout : ce qui est bon, retenez-le ; gardez-vous de toute espèce de mal » (1Th 5,19‑20), « veillez ! ». « Vivez dans la prière ; priez en tout temps dans l’Esprit ; apportez-y une vigilance inlassable » (Ep 6,18). Et si « notre cœur venait à nous condamner », nous nous abandonnerions aussitôt entre les mains du « Père des Miséricordes », « car il est bien plus grand que notre cœur et il connaît tout » (1Jn 3,20).

DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 1er Dimanche de l’Avent (Mt 24, 37-44)

« Veillez donc, car vous ne connaissez pas l’heure où votre Seigneur viendra»

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mt 24, 37-44)

Avec ce premier dimanche de l’Avent nous commençons une nouvelle année liturgique : l’Année A, avec la lecture continue de l’Evangile selon saint Matthieu. Nous allons méditer un extrait du discours de Jésus sur la fin au chapitre 24 : la parabole du Déluge.

 

Et soulignons les mots importants 

« Avènement du Fils de l’Homme » : Nous commençons à préparer Noël, et voilà que l’Evangile nous parle de « l’avènement du Fils de l’homme »: de quoi s’agit-il ? Et qui est ce « Fils de l’homme » ?

« On mangeait, on buvait, on se mariait » : En disant cela, Jésus ne parle pas de la mauvaise conduite des gens avant le Déluge. Mais qu’est ce qu’il veut souligner ?

« L’Arche » : Que symbolise l’arche de Noé ?

« Les champs, le moulin » : c’est la vie quotidienne des gens : que veut souligner encore Jésus ?

L’un est « pris », l’autre « laissé » : Pourquoi ce tri ?

« Veillez » :

« Le jour » du Seigneur : de quel jour s’agit-il ici ?

« Tenez-vous prêts » : Un cambriolage par nature est imprévisible. Et la venue du Seigneur ?

Pour l’animateur  

L’annonce de la Bonne Nouvelle du règne de Dieu qui vient, qui est déjà à l’œuvre avec Jésus paraît n’avoir rien changé dans le monde depuis Noé: hommes et femmes continuent de s’activer et de s’occuper de mille manières : manger, boire, s’amuser, se marier, travailler, courir après quoi ?

Pourtant le sens de la vie et de l’avenir du monde sont fondamentalement remis en cause par le fait que Jésus est venu et doit (re)venir. Ce que Jésus appelle l’avènement du Fils de l’Homme, ce sera sa venue dans la gloire à la fin des temps. Mais tant d’hommes ne se doutent de rien !

La venue du Fils de l’homme aura la même brutalité : elle tranchera dans les relations les plus quotidiennes (symbolisées par les hommes aux champs et les femmes entrain de moudre le grain.) L’un sera pris pour son salut, comme autrefois dans l’arche de Noé (symbole du salut) l’autre sera laissé à la perdition du déluge. On ne sait pas comment se fera le tri : ce qu’il faut c’est veiller, à cause du caractère surprenant de l’événement.

Les premiers chrétiens comparaient la venue du « jour du Seigneur », c’est à dire le Jour de son retour en gloire pour juger le monde,  à  celle d’un voleur. Et dans cet évangile, le Fils de l’homme est comparé au voleur lui-même dont la venue est imprévisible. (Il était plus facile au voleur de percer silencieusement le mur fragile des vieilles cases de l’ancienne Palestine que de s’attaquer à la porte.)

Il faut donc se trouver prêt en tout temps.

L’AVENT

Se rassembler en famille, manifester l’affection qu’on porte aux siens et aux amis par des repas festifs et des cadeaux, embellir la maison avec un arbre de Noël,  une crèche, des lumières, des fleurs, prendre conscience que d’autres sont seuls, abandonnés, démunis, ressentir la nécessité de partager, de s’inviter, de présenter des vœux et des souhaits, autant d’attitudes, de gestes, de paroles, de communications qui manifestent le désir qui nous habite de vivre dans la paix, la joie, l’amitié et la fraternité. La plupart de nos contemporains partagent aujourd’hui ces valeurs et autour de la fête de Noël, on voit les écoles, les communes, les hospices, les comités d’entreprise, les administrations, proposer des partages de solidarité et des rencontres de convivialité. Les médias sont souvent au premier rang pour se faire l’écho de toute cette vie…Les chrétiens appellent ces semaines qui précèdent Noël le temps de l’AVENT. Et curieusement ils écrivent ce mot d’une façon qui montre que sans aucun doute il ne s’agit pas seulement de vivre un « avant » la fête.

L’Avent :  Un temps tourné vers ce qui vient

La Bible présente le Dieu Vivant comme celui qui est, qui était et qui vient. Dire que Dieu vient, c’est reconnaître qu’il est du côté de l’avenir et de l’espérance.. Bien souvent on vit en traînant le passé avec ses échecs, ses amertumes au point d’en devenir dépendant. Ou bien on garde la nostalgie du « temps longtemps », la mémoire chargée de regrets. Les chrétiens sont invités à chercher le sens profond de tout ce qu’ils vivent dans la certitude que la venue-naissance parmi nous du Fils de Dieu est le commencement des derniers temps qui s’achèveront dans la venue-retour du Ressuscité. Le temps de l’Avent réveille en nous  le désir de faire toute la place dans notre vie à Celui qui est venu dans la faiblesse marcher sur nos routes afin de préparer son dernier avènement dans la Gloire. Dès le départ de l’Avent, il y a donc la prise de conscience qu’un rendez-vous est donné, qu’il faut tout faire pour ne pas le manquer, pour être présent, pour ne pas passer à côté d’un événement important.

 

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Le jour de notre baptême, nous avons reçu le cierge allumé avec la parole qui l’accompagne : « Recevez la lumière du Christ ». Depuis ce jour, nous sommes dans la lumière. Les baptisés sont des êtres de lumière, ils sont frères du Christ Jésus qui a dit : « Je suis la lumière du monde » et qui leur a dit : « Vous êtes la lumière du monde ».

Dieu notre Père que ta grâce nous tienne éveillés, de peur que notre cœur s’alourdisse dans les soucis de la vie. Donne-nous aussi de prier en tous temps afin de paraître debout lorsque viendra le Fils de l’homme.

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

Vivre le temps de l’Avent n’est-ce pas savoir bousculer nos vies, nos habitudes, nos aises pour la venue de Jésus-Christ ?  Et aussi savoir préparer nos frères à l’accueillir avec nous ?

Veiller, c’est lutter contre le sommeil, surtout qu’on a bien mangé ! Dans le sens spirituel, c’est lutter contre tout ce qui, dans cette société de consommation,  peut endormir notre conscience, notre foi, notre volonté, notre attention à la présence du Christ dans notre vie. On  se laisse  submerger par les problèmes et les soucis.

L’Avent, n’est-ce pas le moment de réagir, de « se  réveiller », de sortir de notre engourdissement, de notre sommeil ? Ne sommes-nous pas nous-mêmes envahis par le laisser-aller, la torpeur générale  d’une société de consommation ? Le témoignage de notre foi et de notre espérance en la venue du Christ et de son Royaume sont-ils assez forts pour secouer l’indifférence générale ?

Veillez ! Un mot qui invite aussi à prendre garde, qui évoque la vigilance du portier qui surveille l’entrée de la maison. Que laissons-nous entrer en nous, en notre cœur ? Si nous ne prenons pas garde, des sentiments mauvais risquent de venir y installer leur demeure : jalousies, rancune, impatience, colère, orgueil.

Etre vigilant : c’est essayer de réagir quand l’un de ces sentiments essaie de franchir la porte de notre cœur. L’Evangile ne dit pas :  « Préparez-vous » ou « commencez les préparatifs ». Non ! Il dit « Soyez prêts ». Maintenant, c’est le moment ! L’heure est venue.

En ce temps de l’Avent, la Bonne Nouvelle, c’est la venue du fils de Dieu en nos vies, de sa visite en nos cœurs, comme s’il venait rencontrer chacun de nous personnellement. Le Seigneur désire entrer chez nous pour y demeurer : Comment préparer le chemin  qui le conduira jusqu’à notre cœur ?

 

ENSEMBLE PRIONS 

Chant : Aube nouvelle p. 150 (carnet des paroisses)

Tu viens sans cesse, notre Dieu incarné.
Tu viens de jour, tu viens de nuit.
On t’attend par la porte, tu viens par la fenêtre,

On t’attend dans la joie, tu arrives avec ta croix.

Tu viens quand tu es désiré, et tu surgis quand on ne t’attendait pas.
Tu viens par ta Parole et ton Eucharistie.

Tu viens par tous ces visages rencontrés au long des heures.

Tu viens à chaque instant, mais mes yeux sont empêchés de te reconnaître,

Un jour tu viendras me prendre en ton Royaume. Amen

 

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1er Dimanche Avent