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Rencontre autour de l’Evangile – 5ième dimanche du Temps Ordinaire

 

 

« Le soir venu on lui amenait tous les malades »

jésus malade

TA PAROLE SOUS NOS YEUX 

Ensemble lisons (Mc 1, 29-39)

 

Jésus commence sa mission. L’évangéliste Marc nous montre Jésus en pleine activité. Nous verrons comment son temps est rempli.

Retenons des mots importants

La synagogue de Capharnaüm : ces mots reviendront souvent.

Jacques et Jean, Simon et André

Que se passe-t-il chez Simon ?

Notons tous les gestes de Jésus.

Noter qu’il s’agit de la fièvre.

Dès que la femme fut débout, « elle les servait » .

Nous pouvons lire cette page d’évangile à un double niveau :

            – Premier niveau : l’action de Jésus chez Simon.

Quel serait le deuxième niveau ?

Relever tous les mots qui montrent que Jésus connaît un réel succès auprès des foules.

Comment est-il considéré par les gens ?

En fait, quelle est la préoccupation de Jésus et pourquoi il empêche de dire qui il est ?

Suivre Jésus qui se lève bien avant le jour… Peut-on deviner le contenu de sa prière ?

« Tout le monde te cherche » : pourquoi cette parole des  disciples à Jésus ?

Regarder la réponse de Jésus : Pour lui quel est l’essentiel de sa mission ? »

« C’est pour cela  que je suis sorti »: que veut dire Jésus ?

« Il parcourut toute la Galilée  ».

 

POUR L’ANIMATEUR

 La synagogue est le lieu de réunion et de prière des juifs.  Chaque sabbat, Jésus se rend dans l’assemblée pour prêcher la Bonne Nouvelle. Capharnaüm est la ville où il habite : il réside dans la maison de Simon.

Jacques et Jean sont souvent nommés ensemble. Avec Pierre, ils forment un trio qui sera proche de Jésus aux grands moments de sa vie.

Nous apprenons que Simon est marié. Il est question de sa belle mère. (On parle pas de son épouse. Est-elle morte ou absente? L’évangile ne dit rien).

Jésus  fait  une guérison discrète sur la malade : il la prend par la main, et la fait se lever. (c’est une verbe de résurrection) Pas de paroles ou de formules comme chez les guérisseurs de l’époque. Des gestes humains qui manifestent la proximité et remettent debout

La fièvre dans la bible est une maladie qui a une origine démoniaque. La guérison de cette maladie est un signe qui montre la maîtrise de Jésus sur les forces du Mal et de la Mort.

Ce sera le sens de toutes les guérisons ou « exorcismes » faits par Jésus. N’oublions pas qu’au temps de Jésus, toutes les maladies étaient plus ou moins signes de la présence d’un esprit mauvais. Les gestes de guérisons de Jésus sont donc des signes qu’il est venu libérer notre monde de tout ce qui défigure l’homme : Jésus est le Sauveur, et non un guérisseur.

C’est pourtant bien comme un guérisseur que les foules le regardaient : ce qui explique son succès. Mais Jésus reste libre. Il ne se laisse pas piéger. C’est pourquoi il empêche les « esprits mauvais » et ceux qui sont guéris de divulguer le titre de Messie ou de Fils de Dieu qu’on lui donne. S’il sort de grand matin pour se retrouver dans la solitude, le silence, on peut deviner facilement que dans sa  réflexion et sa prière, il ne veut pas céder au raz de marée provoqué par ses miracles. Il a besoin de réfléchir à la gravité et au sérieux de sa mission

Les apôtres ne comprennent pas. Jésus leur rappelle que ce qui est au cœur de sa mission, c’est l’annonce joyeuse du salut. Son but n’est pas de faire des miracles. Ils ne sont que des signes  de puissance qui accompagnent la Bonne Nouvelle : c’est pour cela qu’il est « sorti » de Dieu et qu’il parcourt la Galilée, cette terre de mission ouverte à tous.

Nous sommes invités à lire cette page d’évangile à deux niveaux : le premier niveau, c’est l’action de Jésus entrant dans l’histoire des hommes voici deux mille ans pour inaugurer le Règne de Dieu.

C’est le deuxième niveau qui est le plus important : nous relisons ces faits et gestes de Jésus dans notre communauté chrétienne où Jésus ressuscité est présent aujourd’hui et agit. Il est le Seigneur toujours à l’œuvre dans son Église et dans le monde. A nous d’accueillir sa Bonne Nouvelle aujourd’hui et de le reconnaître par la foi dans les gestes et les signes par lesquels ils nous apportent le salut de Dieu.

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

 Aujourd’hui Jésus enseigne  et annonce la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu dans et par son Eglise : quelles sont les occasions ou les moyens qui sont à notre disposition  pour l’entendre ?

Aujourd’hui, Jésus guérit, Jésus libère : Quels sont les « signes » par lesquels il nous offre aujourd’hui guérison et libération ? Passons en revue tous les sacrements qui sont des gestes du Christ. Il agit aussi par tous ceux qui font des gestes qui soignent, qui remettent debout, qui guérissent…

 Jésus est libre : Gardons-nous cette même liberté à l’égard de notre famille, de nos amis, de l’opinion publique, de nos groupes quand il faut s’opposer à eux au nom de l’évangile : par exemple, refuser des attitudes racistes, ne pas salir un adversaire, privilégier la personne humaine et non le profit, respecter le dimanche comme jour du Seigneur etc…

Jésus prie : Dans l’agitation des activités, savons-nous nous arrêter pour prier, prendre du recul, nous recueillir, quand il s’agit de prendre des décisions importantes, ou bien de réorienter notre action ?

ENSEMBLE PRIONS

Ref. Gloire à toi Seigneur, gloire à Toi !

Pour tous ceux qui te donnent un visage, Seigneur Jésus, en répandant ton amour dans le monde, nous te bénissons.

Pour tous ceux qui te donnent des mains, Seigneur Jésus, en faisant le bien à l’égard de leurs frères, nous te bénissons.

Pour tous ceux qui te donnent une bouche, Seigneur Jésus, en prenant la défense du faible et de l’opprimé, nous te bénissons.

Pour ceux qui font des gestes de bonté, de compassion, pour guérir, soigner, réconforter leurs frères, Seigneur Jésus, nous te bénissons.

Pour tous les sacrements de ton Eglise qui sont tes gestes pour nous guérir, nous fortifier, nous sauver, Seigneur Jésus, nous te bénissons.




4ième dimanche ordinaire B par P. Claude TASSIN (Spiritain)

 

Commentaires des Lectures du dimanche 1 février 2015

Deutéronome 18, 15-20 (Moïse annonce le prophète des temps à venir)

Au temps où Israël a adopté le régime monarchique, le Deutéronome (c’est-à-dire « Seconde Loi ») met à jour les anciennes lois de Moïse. Après des règles destinées aux juges, aux rois et aux prêtres, il s’intéresse ici aux prophètes. Les auteurs du Deutéronome confèrent une autorité sans appel à leurs paroles, puisqu’ils les attribuent à Moïse en personne.

Au sens premier, le texte dit qu’à chaque époque, Dieu suscitera au moins un prophète pour veiller à l’héritage spirituel de Moïse. Devins et prophètes pullulaient dans les pays d’Orient. Mais on précise le rôle du vrai prophète. Revêtu de l’autorité de Moïse, il est, comme lui, le porte-parole de Dieu (comparer Exode 4, 14-16). Aucune institution humaine ne le limite, et il peut même se dresser contre le roi. Il faut donc l’écouter, mais s’il parle vraiment au nom de Dieu. Et cela, les croyants doivent le vérifier, distinguer entre *vrais et faux prophètes. S’il dévie de la tradition de Moïse et du vrai culte, on l’éliminera. La prophétie se poursuit dans l’Église, mais elle est toujours objet de discernement : « N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les prophéties ; mais discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal » (1 Thessaloniciens 5, 19-22).

Dès le 2e siècle avant notre ère, les Juifs ont lu dans ce texte l’annonce d’un être singulier, un nouveau Moïse, « le Prophète » qui, à la fin des temps, avec un nouvel Élie (voir Malachie 3, 23-24), précédera la venue du Messie. Maintes allusions du Nouveau Testament attestent que les premiers chrétiens ont vu Jésus lui-même dans ce Prophète. D’autant plus que, dans l’expression « je ferai se lever », le grec permettait de comprendre « je ressusciterai » (cf. Actes 3, 22 ; 7, 37). Et, si les scribes juifs se couvraient de l’autorité de Moïse, tandis que Jésus parlait de sa propre autorité (évangile), n’était-il pas le nouveau Moïse ?

* Vrais et faux prophètes. « Avant tout, celui qui a l’esprit de Dieu, l’esprit qui vient d’en haut, est doux, paisible et humble : il fuit le mal et tous les vains désirs de ce siècle ; il se met au-dessous de tout le monde ; il ne répond à aucune question et ne parle jamais en secret : l’Esprit Saint ne prend pas la parole au gré de l’homme, il ne parle que quand Dieu le veut. (…) Éprouve donc, d’après ses actes et sa vie, l’homme qui se dit porteur de l’Esprit. Toi, aie confiance en l’Esprit qui vient de Dieu et qui a de la puissance, mais n’aie pas du tout confiance en l’esprit terrestre et vide, car il n’y a pas de puissance en lui » (Hermas, Le Pasteur, 2e siècle).

1 Corinthiens 7, 32-35 (La virginité pour le Seigneur)

« Au sujet de ce que vous dites dans votre lettre, certes, il est bon pour l’homme de ne pas toucher la femme… » (verset 1). Ainsi commençait la réponse de Paul aux chrétiens de Corinthe. Il dit ensuite que le mariage est la condition normale (versets 2-7), et conclut (verset 7) que mariage et célibat sont tous deux un « charisme », un don de Dieu accordé à chacun pour le bien de la communauté.

Il en vient ici à sa propre expérience, celle du célibat, avec un préliminaire prudent : à ce sujet, « je n’ai pas un ordre du Seigneur, mais je donne mon avis… » (verset 25). Le *célibat a cet avantage, selon Paul, qu’il dégage des soucis de la vie conjugale en vue d’une disponibilité plus grande « aux affaires du Seigneur ». Ce disant, l’apôtre souligne l’exigeante beauté du mariage : plaire à sa femme ou à son mari, lui consacrer son corps et son esprit. D’autre part, il connaît des couples, dont Aquilas et Prisca, tout à fait dévoués à la mission chrétienne (cf. 1 Corinthiens 16, 19).

Simplement, Paul dit que son état de célibataire est un atout pour son apostolat. Certains philosophes stoïciens pratiquaient le célibat pour situer leur mission au-dessus de la mêlée du commun des mortels. Paul rejette ce ton hautain et ne veut pas tendre de piège à qui ne supporterait pas cette condition de vie. Mais il dit qu’elle n’est pas réservée à une élite. C’est un don de Dieu proposé à certains pour une disponibilité plus grande. Encore faut-il que la communauté chrétienne comprenne que ce don est à son service et qu’elle soutienne positivement, celles et ceux qui ont fait ce choix.

* Le célibat. Matthieu 19, 10-12 semble dire que l’Église syrienne traitait d’eunuques ceux qui avaient choisi le célibat en vue de la mission. Sous sa plume, leur cas est suivi de celui des enfants à accueillir (versets 13-15). Pour l’Orient ancien, celui qui n’exerce pas sa sexualité reste une sorte d’enfant. Le célibat, toujours fragile, « en vue du Royaume », a besoin du soutien de la communauté chrétienne qui bénéficie de ce « charisme ».

Marc 1, 21-28 (Jésus est le Prophète qui enseigne avec autorité)

Jésus entre dans *Capharnaüm, qui sera sa base opérationnelle en Galilée, avec les quatre disciples qu’il vient d’appeler (évangile du 3e dimanche). Marc situe les faits le jour du sabbat, caractérisé par la réunion des Juifs à la synagogue. Nous lirons dimanche prochain la fin de cette visite. Certes, ce sabbat que l’on appelle « la journée de Capharnaüm » présente les débuts de la mission de Jésus. Mais elle veut décrire aussi une journée-type de l’activité du Maître : enseignement, exorcismes et guérisons (Marc 1, 21-39).

Le récit suit un schéma concentrique. Au début, qui situe la scène dans une localité galiléenne (Marc 1, 21), répond la fin, qui évoque le renom de Jésus dans toute la région (Marc 1, 39). La double mention de l’enseignement de Jésus encadre le fait central : un exorcisme.

L’exorcisme

Les esprits mauvais ou « impurs » pullulaient dans l’Orient ancien. Il est impossible aujourd’hui de distinguer si les phénomènes rapportés sont des maladies ou des possessions démoniaques. Selon le langage de leur temps, les évangélistes mêlent les deux aspects (ainsi Marc 9, 17-27), car toute maladie était supposée due à un démon et l’homme Jésus dépend lui aussi de ces représentations de l’homme et du monde qu’il ne met pas en cause. Des *exorcistes et guérisseurs existaient, même parmi les pharisiens (cf. Matthieu 12, 27). Le premier acte public de Jésus ne tient donc pas son originalité de l’exorcisme lui-même, mais d’un dialogue étonnant.

L’esprit mauvais identifie d’emblée Jésus de Nazareth et il reconnaît (« je sais qui tu es ») en lui « le Saint de Dieu », c’est-à-dire au moins un homme consacré par Dieu, ou même le Messie (comparer Jean 6, 69), vainqueur des forces du mal. Ce démon n’est pas seul en cause. Il parle au pluriel, représentant de toutes les puissances obscures et néfastes : « Es-tu venu pour nous perdre ? » Selon la belle expression de J. Delorme, « les hommes s’interrogent. Les démons savent ». Ces derniers identifient d’emblée l’envoyé de Dieu qui anéantit leur puissance, tandis que les humains, eux, sont remis à leur liberté inaliénable (« qu’est-ce que cela veut dire ? »), celle d’accueillir ou non « le Saint de Dieu ».

La violente secousse et le grand cri de l’esprit mauvais soulignent à la fois l’emprise du mal sur l’homme et la puissance de Jésus. Que ce démon résume en lui les forces multiformes du mal, on le voit dans le fait que Jésus s’exprimera de la même manière lorsqu’il musellera la tempête, en termes d’exorcisme : « Il gronda le vent et dit à la mer : Tais-toi ! Silence » (Marc 4, 39).

L’enseignement nouveau

Au début du récit, Jésus enseigne, sans doute par une homélie, comme en Luc 4, 16-27. Mais Marc est laconique sur le contenu des enseignements du Maître (ainsi aussi en Marc 6, 34). Simplement, les auditeurs s’étonnent de l’autorité de Jésus. Les scribes s’honoraient de ne point avancer leur propre autorité, mais de se référer à l’autorité des Écritures et de Moïse. Jésus, lui, est le nouveau Moïse (cf. 1ère lecture) et délivre son message « avec autorité ».

L’auditoire revient sur l’enseignement de Jésus après l’exorcisme. Marc y voit un enseignement « nouveau », en cela que, quel qu’en soit le contenu, il a le pouvoir de s’imposer aux forces mauvaises et de les vaincre. Dès le début de sa mission, ces dernières savent qui est Jésus et pressentent leur défaite. Les humains, répétons-le, s’interrogent  : « Qu’est-ce que cela veut dire ? »

À son Église et à nous-mêmes, Marc délivre ce message : Jésus nous enseigne aujourd’hui. Peut-être ne comprenons-nous pas toujours qui il est et ce qu’il nous dit. Mais nous le découvrons réellement quand il fait reculer, en nous et dans le monde, l’emprise du mal.

* Capharnaum (selon l’hébreu, peut-être « ville de Nahoum) était un poste de douane pour les produits de de pêche du lac de Galilée. Pierre semble y avoir eu sa résidence familiale. Avant que se développe une hostilité à l’égard de Jésus (Matthieu 11, 23), celui-ci fit de cette bourgade prospère le centre de son ministère galiléen, alors qu’il ne fréquentait pas les nouvelles cité hellénisées (et paganisées !) telles que Sepphoris ou Tibériade.

** Un exorciste juif. « J’ai vu un certain Éléazar de ma race qui (…) délivrait des gens possédés des démons. Le mode de guérison était celui-ci : il approchait du nez du démoniaque un anneau dont le chaton enfermait une des racines indiquées par Salomon, puis, le faisant respirer, il extrayait l’esprit démoniaque par les narines ; l’homme tombait aussitôt et Éléazar adjurait le démon de ne plus revenir en lui, en prononçant le nom de Salomon et les incantations composées par celui-ci » (Flavius Josèphe, Antiquités juives, VIII, 45-47).

 

 




3e dimanche ordinaire B par P. Claude TASSIN (Spiritain)

 

Commentaires des Lectures du dimanche 25 janvier 2015

Jonas 3, 1-5.10  (Á l’appel du prophète, les païens se convertissent)

 Dieu avait ordonné à Jonas d’annoncer à Ninive sa destruction. « Jonas », en hébreu, signifie *« pigeon » (ou « colombe »), avec la dose de naïveté que nous conférons en français à ce mot. Jonas a voulu fuir sa mission pour ne pas être « pigeonné ». En vrai prophète, il a compris d’avance qu’il perdrait la face, puisque Dieu n’exécuterait pas sa sentence : « Je savais bien que tu es un Dieu tendre et miséricordieux… renonçant au châtiment » (4, 2). Mais un prophète n’échappe pas au Seigneur. Un poisson l’a miraculeusement ramené au point de départ de sa mission.

  Effectivement, Jonas prononce un oracle de condamnation : « Ninive sera détruite. » Effectivement, les Ninivites se sont convertis, et Dieu revient sur sa décision. Le lecteur de ce conte prophétique apprend ainsi qu’il n’y a plus de condamnation inconditionnelle : Dieu n’est pas tenu de donner raison à ses envoyés (comparer la plainte de Jérémie 20, 7-9). Il n’est tenu qu’à sa propre parole, qui est tendresse et miséricorde.

  Jonas a prononcé « un kérygme », un slogan résumant le message dont Dieu charge ses envoyés. Tout kérygme invite à la conversion. Jésus prononce le kérygme du règne de Dieu : « convertissez-vous et croyez à l’Évangile. Il parlera du « signe de Jonas » (Luc 11, 29-30). Les Ninivites n’ont eu pour signe que la parole de Jonas ; de même, Jésus n’a à donner que sa parole qui nous invite à la conversion.

 * Jonas, « le pigeon ». Dans l’histoire de Jonas, tous les païens sont sympathiques, les marins dans la tempête, qui s’excusent auprès du Seigneur de se débarrasser de leur passager néfaste, et les Ninivites, qui font même jeûner les animaux (3, 7). Seul Jonas reste grincheux de bout en bout. Avec un humour digne du récit biblique, les commentateurs juifs ont ajouté ce nouveau trait : en vrai prophète, Jonas savait que les Ninivites allaient se convertir au premier appel et que Dieu reviendrait sur sa menace pourtant catégorique. Ce qui faisait injure au peuple d’Israël qui, comme chacun le sait, a rarement répondu aux appels au repentir lancés par les prophètes. Or, un vrai prophète doit livrer sa vie pour son peuple. Voilà pourquoi, afin de ne pas faire honte à Israël, Jonas avait voulu fuir sa mission.

  1 Corinthiens 7, 29-31 (Le monde passe : vivons ce temps pour le Seigneur)

Depuis 1 Corinthiens 7, 1, Paul répond à des questions concrètes qu’on lui a posées par courrier. Il s’agissait notamment de savoir si, dans l’attente de la venue glorieuse du Christ au terme de notre histoire, le célibat était préférable au mariage. Sans cacher son estime pour le célibat qu’il pratique, l’Apôtre invitait à une prudence qui considère le mariage comme la règle générale. à présent, il élargit les perspectives en suggérant l’attitude fondamentale qui doit gouverner la vie chrétienne, quel que soit le genre de vie adopté.

  *Le temps est, littéralement, « cargué » (limité), comme la voile du navire rentrant au port. Le texte s’achève par la même idée : la forme de ce monde-ci s’effrite parce que la puissance du Christ ressuscité illumine déjà l’horizon de l’histoire. Cette catéchèse reviendra dans la 1ère lettre de Jean : « Le monde avec ses désirs est en train de disparaître. Mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure pour toujours » (1 Jean 2, 17).

  Paul illustre le motif par des sentences finement ciselées : le mariage est un état transitoire (cf. Romains 7, 2-3 et Luc 20, 34-36). Les événements qui procurent du chagrin ou du bonheur doivent être relativisés, de même les opérations économiques. L’Apôtre ne prêche nullement une indifférence cynique. Il invite à la liberté et à un juste discernement quiconque comprend que la vie chrétienne est un court trajet vers la rencontre avec le Seigneur ressuscité.

 * Le temps. « Le monde du temps n’est pas l’unique réalité dont nous soyons conscients. Une autre Réalité se laisse entrevoir, elle frémit et s’agite, elle nous ébranle, et cherche à nous éveiller, elle nous envahit enfin et, dans son amour, elle nous embrasse – avec toutes choses – en Elle-même. Et cette réalité est Dieu. Désormais, nous vivons à la fois sur deux plans, celui du temps et celui de l’Éternité. Ils forment un tout, et la frontière entre les deux varie » (T. Kelly).

 

Marc 1, 14-20  (Jésus invite les hommes à la conversion, et appelle ses premiers disciples)

Après le baptême et la tentation au désert (Marc 1, 12-13), Marc montre maintenant Jésus à pied d’œuvre. Deux scènes illustrent l’inauguration de sa mission : d’abord, la proclamation de son kérygme ; puis, en réponse à ce message, le départ des premiers disciples à sa suite.

Le kérygme de Jésus

 Selon Matthieu, qui a sans doute raison, le Baptiste et Jésus proclamaient le même *kérygme : « Convertissez-vous, car le royaume des cieux est tout proche » (comparer Matthieu 3, 2 et 4, 17). Mais Marc sait que les deux prédicateurs n’ont pas la même conception du « règne de Dieu ». Aussi en réserve-t-il la proclamation à Jésus seul. Car, tandis que Jean envisage la venue du règne de Dieu comme un terrible jugement (Matthieu 32, 3-7), Jésus annonce la venue de ce Règne comme une heureuse nouvelle pour ceux qui veulent bien changer de vie. Alors que Jean exerçait son ministère aux frontières du désert, Jésus enracine sa mission en Galilée, au cœur de son peuple.

  Matthieu et Marc s’accordent sur le fait que, littéralement, « le règne [ou Royaume] de Dieu [ou des Cieux] s’est fait proche », ou plus significativement encore : « .a fini son approche. » Marc précise : « Le temps est accompli », le temps que Dieu a fixé pour venir enfin régner sur l’humanité. C’est la frontière d’une nouvelle époque dont l’avènement est lié à l’accueil que lui fera l’homme par la foi et la conversion. Chaque fois que l’évangile retentit à nos oreilles et nous appelle à la conversion, nous sommes placés sur cette même frontière. L’évangéliste situe le commencement de la mission de Jésus « après l’arrestation de Jean », plus littéralement : « après que Jean eut été livré ». Derrière ce drame achevant la carrière du Baptiste se profile déjà le jour où « le Fils de l’homme sera livré aux mains des hommes » (Marc 9, 31). Car la Bonne Nouvelle de Dieu passera par la Passion de son messager et reportera la plénitude de ce règne divin dans l’ère de la résurrection, selon la parole même du Seigneur, la veille de sa mort : cf. Matthieu 26, 39 ; Marc 14, 25 ; Luc 22, 18.

L’appel des premiers disciples

Le départ des quatre premiers disciples à la suite de Jésus est une prompte réponse à sa proclamation du règne de Dieu. Le récit se subdivise en deux tableaux parallèles : l’appel de Simon et de son frère André, puis de Jacques et de son frère Jean. La seconde scène, plus simple, semble aussi la plus primitive. On y reconnaît le schéma de l’appel d’élisée par élie selon 1 Rois 19, 19-21. Puis, vu l’importance de Pierre dans l’église, la tradition a calqué sur ce modèle l’appel de Simon et d’André, en y intégrant l’écho d’un autre récit relatif à Pierre, celui de la pêche miraculeuse (cf. Luc 5, 10). Mais, à en croire Jean (évangile de dimanche dernier), la vocation de Pierre aurait eu en fait un autre cadre.

Ici, le premier appelé se nomme Simon. Il recevra le nom de Pierre lors de l’institution des Douze apôtres (cf. Marc 3, 13-19). L’expression « pêcheurs d’hommes » évoque le filet du pêcheur ou du chasseur. En Habacuc 1, 14-15 et Jérémie 16, 16, l’image illustre le jugement de Dieu capturant celui qui croyait lui échapper. Mais les évangiles interprètent Jérémie 16, 14-21 comme une prophétie du rassemblement des Juifs et de la conversion des païens. C’est donc une annonce de la mission chrétienne à venir. Mais, pour devenir apôtres, après la résurrection du Christ, missionnaires, les premiers appelés sont d’abord des disciples, des élèves. Comme tels, comme nous, « ils vont derrière Jésus », « ils suivent » celui qui incarne en sa personne le règne de Dieu.

* Le kérygme. Chez les Grecs, le kérygme (kèrugma) est le message de paix ou de guerre, proclamé (verbe grec kèrussô) par un héraut officiel (kèrux). Dans le Nouveau Testament, les théologiens parlent de « kérygme » lorsqu’ils rencontrent une formule brève, un slogan qui résume toute une prédication. Dans les évangiles, Jésus est le héraut de Dieu, le messager de l’avènement de son règne. Le kérygme des apôtres sera différent, se résumant souvent en ceci : Christ est mort pour nous ; Dieu l’a ressuscité. Bref, celui qui annonçait le règne de Dieu, c’est le Christ lui-même, objet lui-même du kérygme selon le message missionnaire (cf. 1 Co 15, 3-8 et Luc 24, 34), qui nous conduit vers la vie.




3e dimanche ordinaire B par D. Jacques FOURNIER (25/01)

«  Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes  » (Mc 1,14-20)

Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ;
il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs.
Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets.
Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite.

 

Nous avons ici les premières paroles de Jésus dans ce qui fut le premier Evangile jamais écrit, celui qui servira de modèle à Matthieu et à Luc : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1,15).

            « Les temps sont accomplis » : avec Jésus, Dieu est intervenu de manière décisive dans l’histoire de l’humanité. Avec lui et par lui, la Révélation de son Mystère a atteint son apogée : elle sera désormais distillée, à la Lumière de l’Esprit Saint, jusqu’à la fin des temps. « Dès lors qu’il nous a donné son Fils, qui est sa Parole, Dieu n’a pas d’autre parole à nous donner. Il nous a tout dit à la fois et d’un seul coup en cette seule Parole »… Alors, «  si je t’ai déjà tout dit dans ma parole, qui est mon Fils, je n’ai maintenant plus rien à te révéler ou à te répondre qui soit plus que lui. Fixe ton regard uniquement sur lui ; c’est en lui que j’ai tout déposé, paroles et révélations ; en lui tu trouveras même plus que tu ne demandes et que tu ne désires » (St Jean de la Croix, La Montée du Carmel, ch 20 ; cf. Ep 3,20-21).

Et que nous dit Jésus ? « Le Règne de Dieu est tout proche ». Autrement dit, Dieu est tout proche. La Bible l’affirmait déjà depuis longtemps, notamment dans le Livre de la Genèse (Gn 9,8-17), où, pour la première fois, Dieu emploie le vocabulaire de l’Alliance pour évoquer ses relations avec les hommes. Et il déclare qu’il vit en « alliance éternelle » avec « toute chair ». Dieu est donc proche de tout homme depuis que l’homme existe… « Le Seigneur ton Dieu est au milieu de toiIl a enlevé toutes tes fautes, il te renouvellera par son amour » (So 3,14-18 ; 7° s av JC). Jésus ne cessera de le répéter : « Mon enfant, tes péchés sont pardonnés » (Lc 5,20). Et toute son œuvre consistera à nous communiquer l’Esprit de Dieu, l’Esprit de Lumière et d’Amour qui, dans l’aujourd’hui de la foi, commencera à « faire toutes choses nouvelles » : « Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis » (Jn 20,22-23). Dès lors, il suffit de tout offrir à Dieu, de tout cœur, avec le réel désir de changer petit à petit de vie grâce à son soutien et à sa grâce, la grâce de l’Esprit Saint ! Voilà l’expérience de Miséricorde que vivront les disciples avec Jésus. En lui rendant témoignage, ils deviendront pécheurs d’hommes, pour que tous aient la vie ! « Le Christ Jésus » disait St Paul « est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi, je suis le premier des pécheurs. Mais s’il m’a été fait miséricorde, c’est afin qu’en moi le premier, le Christ Jésus montre toute sa patience, pour donner un exemple à ceux qui devaient croire en lui, en vue de la vie éternelle »…     DJF




Evangile du dimanche 18 Janvier

« Que cherchez-vous ? » (Jn 1,35-42)

Jn 1,35-42

« En ce temps-là, Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples.
 Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. »

 Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers la dixième heure (environ quatre heures de l’après-midi). 


André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus. 
Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ. 


André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre. »

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          Jean-Baptiste, accompagné de deux de ses disciples, regarde ici Jésus qui passe tout près d’eux… Il va alors poser sur lui un regard de foi, un regard qui l’implique tout entier, de tout cœur, et il ne peut que reconnaître en lui la Lumière de Celui qui, de toute éternité, est « Lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1,9). Mais puisque « Dieu est Amour » (1Jn 4,8), cette Lumière ne peut qu’être celle de l’Amour qui ne recherche que le seul bien de « tous les hommes qu’il aime » (Lc 2,14). Et quel bien Dieu se propose-t-il d’accomplir dans le cœur et la vie de ceux qui, par suite de leurs fautes, se sont privés eux-mêmes de sa Lumière et de sa Vie ? « Enlever le péché du monde », avec son cortège de ténèbres, de tristesse et de mort. « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29)…

            Les deux disciples entendent cette Parole de Vérité à laquelle se joint toujours le témoignage silencieux mais doux et joyeux de l’Esprit de Vérité (Jn 15,26). Ils sont de bonne volonté, leur cœur est ouvert, ils accueillent cette Joie de l’Esprit et suivent Jésus…         Pour l’instant, ils ne le voient que de dos, mais soudain, il se retourne : ils peuvent voir « sa face »… Or, dans la Bible, lorsque Dieu « montre sa face », il se révèle, il se dévoile, il se manifeste (Ps 4,7 ; 16,11 ; 17,15 ; 21,7…). Le Mystère du Fils Unique, « le Seigneur de la Gloire » (1Co 2,8), s’offre ainsi au regard de leur foi. Mais est-ce bien Lui qu’ils cherchent ? « Que cherchez-vous » ? leur demande Jésus… « Maître, où demeures-tu ? ». Oui, c’est bien Lui qu’ils cherchent… Alors, « venez et vous verrez »…

            Or « venir à » Jésus prend souvent en St Jean le sens de « croire » comme le suggère ce parallèle : « Je Suis le pain de vie. Qui vient à moi n’aura jamais faim ; qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jn 6,35). Quant au verbe « voir », « voir le Fils, c’est discerner et reconnaître qu’il est réellement le Fils envoyé par le Père » (Note Bible de Jérusalem). Il s’agit donc de porter sur lui ce regard de foi qui engage toute la personne, et notamment le cœur, pour percevoir, grâce à la Lumière de l’Esprit Saint, cette même Lumière qui l’habite en Plénitude : « Par ta Lumière, nous verrons la Lumière » (Ps 36,10)…

            « Ils vinrent donc », ils crurent, « et ils virent où il demeurait ». Mais où demeure Jésus ? Dans « la Maison du Père » qui est Mystère de Communion avec le Père dans l’unité d’un même Esprit… Puisqu’ils ont cru, et donc accueilli ce Don de l’Amour, cet Esprit de Lumière qui leur a permis de voir, ils sont donc déjà en communion avec Lui, et ils vont choisir d’y demeurer en restant, de cœur, tournés vers lui. Heureux sont-ils !

                                                                                                                DJF