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Un mot, une piste de réflexion : REPENTANCE (Joëlle et Roger GAUD)

REPENTANCE

– REPENTANCE. En Français, la repentance, c’est le fait de se repentir, c’est-à-dire de regretter sincèrement quelque chose. « Je me repens d’avoir fait confiance à Untel qui m’a trahi et ruiné » c’est-à-dire « Je regrette amèrement de lui avoir accordé ma confiance.»

Au sens chrétien du terme, ça va plus loin ! Et ça évoque, bien sûr, en premier lieu, le regret sincère de son péché qui a blessé l’autre et Dieu !

–  Donc : se repentir, ce serait synonyme de regretter ?

–  Oui ! Mais pas que ça ! C’est regretter … et avoir le désir de changer !

Il faut que la reconnaissance et le regret de mon péché s’accompagnent du désir de changer, de s’améliorer !

Dans « l’Acte de contrition », on dit bien (selon la formule traditionnelle) :

 « Je prends la ferme résolution, …, de ne plus Vous offenser »

 

Et : Attention ! On vient de dire regret « sincère » !

Il va de soi que le regret du péché, la repentance doit être sincère ! Une confession, même sacramentelle, sans repentance sincère, c’est un simulacre. (On pourra éventuellement tromper le prêtre mais pas le Bon Dieu).

En outre, il ne s’agit pas de regretter du bout des lèvres (du bout du cœur) en se trouvant mille et une excuses à ce qu’on a fait. Il ne faudrait pas confondre un vrai repentir avec un discours du style : « Bon, Seigneur, oui ! Je regrette mon attitude avec telle ou telle personne, mais avoue qu’il l’a bien cherché et que je n’ai fait que me défendre ! »

–         « Regretter son péché » disais-tu … Mais on a souvent l’impression que notre société a peur du mot péché … et préfère parler d’erreur, de faute, d’infraction, ou encore d’imperfection.

Peut-être peux-tu en profiter pour nous rappeler ce qu’est un péché ?

–         Un péché c’est « quelque chose » (un acte, une pensée, une parole …) qui va blesser la relation qu’il y a entre Dieu et moi : c’est une entorse à l’alliance d’amour entre Dieu et moi. On pourrait aussi dire que le péché c’est « passer volontairement à côté » de l’amour de Dieu.

Du point de vue étymologique, le mot péché signifie « manquer sa cible » (en grec, on emploie te terme « amartia ») : La cible, c’est Dieu et son amour. Et le péché c’est donc passer volontairement à côté de l’amour de Dieu.

On voit bien que c’est autre chose qu’une simple erreur !

– À t’entendre, on aurait pourrait donc penser que, dans une vraie démarche de repentance, je dois demander à Dieu que je ne m’enferme pas dans le déni, c’est-à-dire dans le refus de reconnaître mes péchés ou de les minimiser de façon excessive !

D’accord ! Mais il ne faudrait pas non plus tomber dans l’excès inverse !

 – En effet ! Car la difficulté, qu’on rencontre souvent avec le repentir, est la même qu’on rencontre également dans d’autres domaines de notre cheminement spirituel : c’est une question de discernement ! Tu te souviens que nous avions dit à propos de l’humilité que c’était un juste équilibre entre l’orgueil et le mépris de soi.

Eh bien, avec le repentir, c’est un peu la même chose ! Notre regret doit être sincère, sans minimiser à l’excès notre responsabilité .. mais sans pour autant sombrer dans un excès de culpabilité, dans le remords !

Le Père Verlinde a écrit : « Le remords est aussi stérile que nos prétentions absurdes à l’autojustification ». Ce qu’il veut dire, c’est que devant un péché, de même qu’il est absurde de vouloir se justifier ou minimiser (comme si on pouvait manipuler le Bon Dieu !), de même, il serait stérile (et contre-productif) de s’enfermer dans le remords (qui nous paralyse et qui va à l’encontre de la volonté de Dieu). 

– Dis-moi : Est-ce que tu pourrais nous expliquer ce que c’est que « la douloureuse joie du repentir »?

– Ce sentiment est un des premiers fruits d’une repentance sincère. C’est un sentiment où cohabitent la douleur d’avoir blessé l’Amour de Dieu ; et en même temps la joie de se savoir pardonné. D’où l’expression « douloureuse joie de la repentance. »

 

–  Finalement : Pourquoi est-il si important de demander au Saint Esprit de nous montrer où est notre péché et de nous donner en même temps le désir de nous repentir ?

– Parce que la Repentance, c’est une porte vers la liberté !

 

Je m’explique : La repentance commence par le regret de nos péchés ; elle nous pousse à prendre la décision de ne plus recommencer ; et elle nous permet alors d’obtenir le pardon de Dieu, pardon  qui est une source de joie, de paix et de liberté  !

C’est en ce sens qu’on peut dire que la Repentance, c’est une porte vers la liberté !

–  Super ! On va essayer de franchir cette porte!




Le père Marie-Joseph Lagrange (+1938) et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face (+1897) par Fr. Manuel Rivero O.P

Le père Marie-Joseph Lagrange (+1938) et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face (+1897)

Fr. Manuel Rivero O.P., président de l’association des amis du père Lagrange

Dans son Journal spirituel1, le père Lagrange cite à deux reprises sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. La première fois, le 30 septembre 1924, alors que Thérèse vient d’être béatifiée par le pape Pie XI l’année précédente, pour lui confier une intention de prière : « Bienheureuse Thérèse de l’Enfant-Jésus, je vous recommande instamment cette bonne Madame Cauvin… Vous voulez passer votre ciel à faire du bien : assistez cette pauvre femme, si abandonnée… ».
L’année suivante, le 16 octobre 1925, Thérèse a été canonisée peu avant par le même pape Pie XI, le père Lagrange écrit : « Lu la vie de sainte Thérèse de Lisieux par elle-même. Première impression étrange. Elle parle tant d’elle, de ses goûts, des signes qu’elle a demandés et obtenus, de sa sainteté… avec tant de fleurettes, de jouets. On se sent si loin de saint Augustin ou de sainte Thérèse d’Avila… Mais le sens de tout cela est ama et fac quod vis. Dans l’immense clarté d’amour divin où elle vivait, elle se voyait si peu de chose qu’elle pouvait parler d’elle sans le moindre amour-propre. Admirable leçon qu’elle donne plus que tout autre saint, avec un abandon d’enfant gâtée… ».
Il faudrait évoquer aussi les commentaires du frère dominicain Ceslas Lavergne à la synopse des quatre évangiles qui date de 1927, dont la traduction du grec relève du père Lagrange. Les trois premiers évangiles, Matthieu, Marc et Luc, sont appelés synoptiques car leurs ressemblances facilitent leur présentation en colonnes parallèles qu’il est possible de regarder « d’un coup d’oeil », ensemble. Le père Lagrange avait composé une synopse en langue grecque2 des trois évangiles synoptiques plus celui de saint Jean. Son disciple et ami, le père C. Lavergne3 a publié la traduction française de la synopse grecque des quatre évangiles du père Lagrange en reprenant les traductions et certains commentaires des quatre évangiles du fondateur de l’École biblique de Jérusalem.

La synopse du père Lagrange a été la première à placer saint Luc suivi de saint Marc et de saint Matthieu, en raison de la valeur historique de saint Luc et de sa juste chronologie.
Dans l’avertissement qui ouvre son ouvrage, le père C. Lavergne explique la méthode utilisée : « Enfin, mon cher maître, m’ayant encouragé à appuyer discrètement sur la note de piété, j’ai eu recours à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Dans un temps où l’Évangile n’occupe pas la place qui lui est due dans les lectures et les méditations des chrétiens, n’est-il pas admirable que cette chère petite sainte, qui paraît si uniquement envahie du pur amour de Dieu, se soit si visiblement complue à cette divine lecture. C’est elle-même qui nous l’a dit : ‘ Puisque Jésus est remonté au ciel, je ne puis le suivre qu’aux traces qu’il a laissées. Ah ! Que ces traces sont lumineuses ! Qu’elles sont divinement embaumées ! Je n’ai qu’à jeter les yeux sur le saint Évangile : aussitôt je respire le parfum de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir4’ . ‘Et elle ajoutait : ‘C’est par-dessus tout l’Évangile qui m’entretient pendant mes oraisons ; là je puise tout ce qui est nécessaire à ma pauvre petite âme. J’y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux’.5 »
C’est ainsi que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui ne disposait pas d’une synopse évangélique copiait dans sa cellule du carmel de Lisieux les passages concordants des évangiles et de la Bible remarquant les ressemblances et les divergences des traductions. Elle aurait aimé pouvoir étudier le grec et l’hébreu pour lire les Écritures dans leur langue originale.


Au terme et sommet de sa vie, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus avait écrit : « Pour moi, je ne trouve plus rien dans les livres, si ce n’est dans l’Évangile. Ce livre-là me suffit ».
Qu’il est beau de retrouver la même expérience mystique fondée sur la révélation évangélique chez le père Lagrange, bibliste, et chez la carmélite, docteur de l’Église.
Le père Ceslas Lavergne enrichit la présentation de l’Ascension de Jésus au Ciel en citant sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « C’est toi, qui remontant vers l’inaccessible lumière, restes caché dans notre vallée de larmes sousl’apparence d’une blanche hostie, et cela pour me nourrir de ta propre substance, Ô Jésus ! laisse-moi te dire que ton amour va jusqu’à la folie … ». Le cardinal Joseph Ratzinger, le 21 septembre 1993, dans le document issu de la Commission biblique pontificale sur l’Interprétation de la Bible dans l’Église, avant de devenir pape en 2005, a mis en valeur l’apport des exégètes à l’interprétation de la Bible. Il a cité le père Lagrange : « Bien que leurs travaux n’aient pas toujours obtenu les encouragements qu’on leur donne maintenant, les exégètes qui mettent leur savoir au service de l’Église se trouvent situés dans une riche tradition, qui s’étend depuis les premiers siècles, avec Origène et Jérôme, jusqu’aux temps plus récents, avec le Père Lagrange et d’autres, et se prolonge jusqu’à nos jours. En particulier, la recherche du sens littéral de l’Écriture, sur lequel on insiste tant désormais, requiert les efforts conjugués de ceux qui ont des compétences en matière de langues anciennes, d’histoire et de culture, de critique textuelle et d’analyse des formes littéraires, et qui savent utiliser les méthodes de la critique scientifique. En plus de cette attention au texte dans son contexte historique originel, l’Église compte sur des exégètes animés par le même Esprit qui a inspiré l’Écriture, pour assurer « qu’un aussi grand nombre que possible de serviteurs de la Parole de Dieu soient en mesure de procurer effectivement au peuple de Dieu l’aliment des Écritures » (Divino Afflante Spiritu, 24 ; 53-55 ; EB 551,567 ; Dei Verbum. 23 ; Paul VI, Sedula Cura 19711). Un sujet de satisfaction est fourni à notre époque, par le nombre croissant de femmes exégètes qui apportent, plus d’une fois, dans l’interprétation de l’Écriture, des vues pénétrantes nouvelles et remettent en lumière des aspects qui étaient tombés dans l’oubli. » Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus n’a pas été une exégète professionnelle et scientifique. Néanmoins elle a apporté à l’interprétation des évangiles son expérience de Dieu nourrie de la méditation de la Bible. Le pape Benoît XVI dans l’Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini, publiée en 2010, a mis en lumière la contribution des saints à l’interprétation de l’Écriture. Il n’a pas hésité à souligner le rôle de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, « qui découvre l’Amour comme sa vocation personnelle en scrutant les Écritures, en particulier les chapitres 12 et 13 de la première Lettre aux Corinthiens ; c’est la même sainte qui décrit la fascination qu’exercent les Écritures : ‘ Je n’ai qu’à jeter les yeux sur le saint Évangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir (Histoire d’une âme, Ms C, f.35 verso)’ . » (n° 48).

Saint-Denis (La Réunion), le 8 septembre 2021, en la fête de la Nativité de la Vierge Marie.

1 Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, Paris, Cerf, 2014.

2 Synopsis Evangelica. Textum graecum quattuor Evangeliorum recensuit et juxta ordinem chronologicum Lucae praesertim et Iohannis concinnavit. R.P. Maria-Josephus Lagrange, O.P., sociatis curis R.P. Ceslas Laverge, ejusdem ordinis. 1 volume in-4°, Paris. Gabalda.

3 Synopse des quatre évangiles en français d’après la synopse grecque du R.P. M.-J. Lagrange O.P. par le R.P. C. Lavergne, O.P. Trente-huitième mille. Paris. Librairie Lecoffre. J. Gabalda et Cie, Éditeurs. Rue Bonaparte. 90. 1942.

4 Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Histoire d’une âme, écrite par elle-même, ch. XI.

5 Ibidem, chapitre VIII.

6 Saint Thérèse de ‘Enfant Jésus. Novissima verba, 15 mai 1897.




Neuvaine 2021 à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face (+30 septembre 1897) par Fr. Manuel Rivero O.P

Neuvaine 2021 à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face (+30 septembre 1897) 

Fr. Manuel Rivero O.P. assistant religieux de la Fraternité apostolique Jésus miséricordieux


Premier jour

« Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre. Après ma mort, je ferai tomber une pluie de roses. » (sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus)
Partie vers le Seigneur, sainte Thérèse ne disparaît pas. Son intercession auprès du seul Sauveur Jésus-Christ, nous attire une pluie de grâces symbolisées par les pétales des roses. Le chrétien, disciple de Jésus, ne peut pas dire « c’est fini » ou « c’est trop tard ». Dans la lumière du Christ ressuscité, ce n’est jamais fini et ce n’est jamais trop tard.

Demandons au Seigneur par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de l’espérance.

Deuxième jour

« J’allais derrière mon lit dans un espace vide qui s’y trouvait et qu’il m’était facile de fermer avec le rideau … et, là, je pensais. Je comprends maintenant que je faisais oraison sans le savoir et que déjà le bon Dieu m’instruisait en secret. » ; « Quelquefois j’essayais de pêcher avec ma petite ligne, mais je préférais aller m’asseoir seule sur l’herbe fleurie : alors, mes pensées étaient bien profondes et, sans savoir ce que c’était de méditer, mon âme se plongeait dans une réelle oraison. (…) La terre me semblait un lieu d’exil, et je rêvais le Ciel. » (sainte Thérèse)
L’oraison est le coeur à coeur avec Dieu. En silence, nous écoutons Dieu qui parle à notre âme. L’oraison est un mot d’origine latine qui veut dire « bouche ». Faire oraison équivaut à partager le souffle de Dieu, le bouche à bouche avec Dieu où nous recevons l’Esprit Saint. Véritable conversation avec Dieu, la prière représente une promenade avec Dieu dans le Paradis.
Demandons au Seigneur par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de l’oraison qui nous unit à Dieu.


Troisième jour

« Jésus a mis devant mes yeux le livre de la nature et j’ai compris que toutes les fleurs qu’Il a créées sont belles, que l’éclat de la rose et la blancheur du lys n’enlèvent pas le parfum de la petite violette ou la simplicité ravissante de la pâquerette … J’ai compris que si toutes les petites fleurs voulaient être des roses, la nature perdrait sa parure printanière, les champs ne seraient plus émaillés de fleurettes … Ainsi en est-il dans le monde des âmes qui est le jardin de Jésus. » (Sainte Thérèse)
« Chacun va à Dieu par un chemin virginal », a écrit le poète espagnol Léon Felipe (+1968). Dieu aime l’unité mais pas l’uniformité.
Demandons au Seigneur par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de respecter et d’apprécier l’altérité, la différence des personnalités et des chemins pour arriver à Dieu.

Quatrième jour

« En sortant du confessionnal, j’étais si contente et si légère que jamais je n’avais senti autant de joie dans mon âme. Depuis je retournai me confesser à toutes les grandes fêtes et c’était une vraie fête pour moi à chaque fois que j’y allais. » (Première confession de sainte Thérèse à sept ans)
Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de vivre le sacrement de la réconciliation.

Cinquième jour

Femme de miséricorde, sainte Thérèse intercède pour Pranzini, condamné à mort et exécuté le 31 août 1887. Juste avant sa mort, Pranzini saisit le crucifix présenté par l’aumônier. Thérèse y vit le fruit de sa prière. Elle appela ce condamné « son premier enfant ». Enfant de sa maternité spirituelle.
Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, la grâce de la miséricorde et de la prière pour les pécheurs.

Sixième jour

Elle avait déclaré au chanoine Delatroëtte qui lui demandait « Pourquoi êtes-vous venue au Carmel ? » : « Je suis venue pour sauver les âmes et surtout afin de prier pour les prêtres ».
Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, la grâce de vivre la miséricorde envers les prêtres et de prier pour eux.

Septième jour

En apprenant que son père est hospitalisé en psychiatrie, sainte Thérèse s’est exclamée : « Notre grande richesse ». Elle sait que cette maladie terrible demandera à la famille de s’unir davantage au Christ dans sa Passion. Il leur faudra davantage d’amour. Mais le Seigneur ne laisse pas les malades sans sa grâce.
Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, de discerner la présence du Christ Jésus dans les malades et de leur témoigner de notre foi et de notre solidarité dans la souffrance.

Huitième jour

Poème envoyé par sainte Thérèse à l’abbé Roulland parti missionnaire en Chine :
« Vivre d’amour, ce n’est pas sur la terre
Fixer sa tente au sommet du Thabor.
Avec Jésus, c’est gravir le Calvaire,
C’est regarder la Croix comme un trésor !
Au Ciel, je dois vivre de jouissance
Alors l’épreuve aura fui pour toujours
Mais exilée je veux dans la souffrance
Vivre d’amour. »
« À lui de traverser la terre,
De prêcher le nom de Jésus.
À moi, dans l’ombre et le mystère,
De pratiquer d’humbles vertus.
La souffrance, je la réclame,
J’aime et je désire la Croix …
Pour aider à sauver une âme
Je voudrais mourir mille fois. »
Poème envoyé le 16 juillet 1896, en la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel.

Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, copatronne des missions avec saint François-Xavier, la grâce de devenir disciples-missionnaires de Jésus ressuscité.

Neuvième jour

Malade, Thérèse, à l’infirmerie, chante les miséricordes du Seigneur à son égard. Elle avoue à mère Agnès : « Dites bien, ma Mère, que si j’avais commis tous les crimes possibles, j’aurais toujours la même confiance : je sens que toute cette multitude d’offenses serait comme une goutte d’eau jetée dans un brasier ardent. »
Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, la grâce d’une bonne mort dans la foi en sa miséricorde.

Saint-Denis/La Réunion, le 7 septembre 2021.




25ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 9, 30-37)

« Qui est le plus grand ? »

 

Il faut bien le dire : dès que deux ou trois personnes sont réunies se pose souvent cette question : Qui est le plus grand ? Qui est le plus important ? Qui est le leader ?

Tentation bien humaine ! …

Pourquoi cette question ? Désir de pouvoir, désir de puissance … dû à l’orgueil de chacun, à la jalousie entre les personnes … qu’on rencontre bien souvent, dans tous les milieux : politique, économique, social, sportif … etc …

Tout le monde, ou presque, veut être le premier en quelque chose …

C’est presque inscrit dans la ’’formation’’ (?) humaine … et dès le plus jeune âge : Les parents ne cessent de pousser leurs enfants à être les meilleurs … à l’école, en sport, dans les activités artistiques …

Après, c’est la société qui prend le relais, avec les championnats, les médailles d’or ou d’argent, les concours divers avec leurs premiers prix dont on fait la publicité, la télévision qui n’a de cesse de créer de nouveaux ’’jeux’’ pour trouver le meilleur de la catégorie … jeux où parfois de mêlent des intrigues, des bassesses qui sont moralement indignes (comme dans Koh Lanta par exemple) … et que l’on retrouve aussi dans la vie de tous les jours …

Qui est le plus grand ?

C’est une question qui ne date pas d’hier !…

On le voit dès le début de la Genèse, initiée par le Satan qui prend la forme d’un serpent : « Le serpent dit à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » (Gn 3,4-5) … Tentation du pouvoir

Qu’on retrouve aussi un peu plus loin : « Au temps fixé, Caïn présenta des produits de la terre en offrande au Seigneur. De son côté, Abel présenta les premiers-nés de son troupeau, en offrant les morceaux les meilleurs. Le Seigneur tourna son regard vers Abel et son offrande, mais vers Caïn et son offrande, il ne le tourna pas. Caïn en fut très irrité et montra un visage abattu (…) Caïn dit à son frère Abel : « Sortons dans les champs. » Et, quand ils furent dans la campagne, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua. » (Gn 4,3-5.8). Jalousie

C’est ce que dit saint Jacques : « Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre. » (Deuxième lecture). Mais il donne le remède : « La sagesse qui vient d’en haut est d’abord pure, puis pacifique, bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits, sans parti pris, sans hypocrisie. ».

Jésus nous explique ce que la sagesse propose : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. ».

Les douze n’ont pas compris qu’en disant cela, il parlait aussi de lui comme un exemple … Pourtant, il venait pour la deuxième fois d’annoncer sa mort et sa résurrection … lui, le saint de Dieu … « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » (Ph 2,5-8).

Et si les douze n’ont pas compris, il n’est pas sûr que nous aussi nous l’ayons compris. Chaque fois que nous voulons être le meilleur, le premier, pour notre satisfaction personnelle ou pour ’’se faire voir’’, nous ne pensons plus qu’à nous … et nous oublions Dieu et le prochain … nous n’agissons plus en chrétiens … nous ne sommes que des pêcheurs … qui attendons la miséricorde de Dieu.

Alors, pour essayer de mieux se faire comprendre, Jésus prend un enfant et le met au milieux d’eux : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. ».

Cela a dû être un choc pour les douze : mettre un enfant au milieu d’une discussion d’adulte, l’embrasser … cela ne se faisait pas … Les enfants n’étaient pas considérés comme importants à l’époque, et n’avaient pas voix au chapitre …

Alors, dire qu’accueillir un enfant, c’est accueillir Jésus … mieux, c’est accueillir le Père … cela a dû les choquer …

Quelle humiliation ont-ils ressenti !

Alors qu’en fait … il fallait comprendre « Quelle humilité faut-il avoir pour vivre vraiment en chrétien ! »

Et c’est encore pire si on prend la phrase que rapporte saint Matthieu : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. » (Mt 18,3)

Et c’est encore valable pour nous aujourd’hui !

 

Me voici Seigneur,

comme un enfant qui marche sur la route,

(…) que n’effleure aucun doute. (…)

Comme un enfant [qui] tient la main de son Père,

sans bien savoir où la route conduit. (…)

Comme un enfant qui s’est rendu coupable

mais qui sait bien qu’on lui pardonnera, (…)

 [et qui] vient se jeter dans vos bras.

Odette Vercruysse    P 125

 

                                     Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant :

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25ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 9,30-37)

« La grandeur du serviteur »

(Mc 9,30-37)

 

    En ce temps-là, Jésus traversait la Galilée avec ses disciples, et il ne voulait pas qu’on le sache, car il enseignait ses disciples en leur disant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger.
Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? »
Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.
S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »               Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »

     

         Jésus annonce de nouveau sa Passion et sa Résurrection prochaines… Mais dès qu’il parle de résurrection, les disciples ne comprennent pas… Comment est-il possible de revenir de la mort ? « Je vous le dis maintenant, avant que cela n’arrive, pour qu’au moment où cela arrivera, vous croyiez » (Jn 14,29). Et en effet, après le bouleversement provoqué par les évènements de la Passion, « quand il fut relevé d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à la parole qu’il avait dite » (Jn 2,22). Jésus construit donc ici la foi future de ses disciples, car ils auront à vivre toute leur mission dans la foi…

            Pour l’instant, ils ne comprennent pas et pensent toujours que Jésus sera le prochain roi d’Israël… Qui donc, parmi eux, aura alors la meilleure place ? « Qui est le plus grand », se demandent-ils ? Voilà bien l’échelle de valeurs qui règne dans le monde… Mais « mon Royaume n’est pas de ce monde », dira Jésus… Certes, « je suis Roi » (Jn 18,33-37), mais « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mc 10,45). Or « le serviteur n’est pas plus grand que son maître. Il suffit pour le disciple qu’il devienne comme son maître » (Mt 10,24-25). C’est pourquoi, dit-il ici, « si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ». C’est ce qu’il fit Lui-même tout au long de sa vie, touchant un lépreux, l’être le plus impur qui soit à l’époque (Mc 1,40-45), mangeant au milieu des pécheurs (Mc 2,15-17), pour finalement mourir au milieu de deux « brigands » (Mc 15,27), à la dernière place… Jésus est en effet « l’Astre d’en haut qui nous a visités dans les entrailles de Miséricorde de notre Dieu » (Lc 1,78), se mettant tout entier au service des hommes, et tout spécialement des pécheurs, ces « perdus » (Lc 15,1-7), ces souffrants (Rm 2,9), avec comme unique but, leur bien, leur salut…

            « Si donc quelqu’un me sert, qu’il me suive et là où je suis, là aussi sera mon serviteur » (Jn 12,26). Ici, nous le voyons avec un « petit enfant », qu’il embrasse. Or, à l’époque, l’habitude des « bien pensants », des « sages », des « intelligents » (Lc 10,21-22), était de les mépriser. Mais non… Bien au contraire, « ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 26,40), dira Jésus. Il nous montre ainsi le Chemin de la vraie Vie… A nous maintenant de le suivre… DJF




Audience Générale du Mercredi 9 Septembre 2021

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 9 Septembre 2021


Catéchèse sur la Lettre aux Galates – 8. Nous sommes fils de Dieu

Frères et sœurs, bonjour!

Nous poursuivons notre itinéraire d’approfondissement de la foi — de notre foi — à la lumière de la Lettre de saint Paul aux Galates. L’apôtre insiste auprès de ces chrétiens pour qu’ils n’oublient pas la nouveauté de la révélation de Dieu qui leur a été annoncée. En plein accord avec l’évangéliste Jean (cf 1 Jn 3, 1-2), Paul souligne que la foi en Jésus Christ nous a permis de devenir réellement fils de Dieu et également ses héritiers. Nous chrétiens considérons souvent comme évidente cette réalité d’être fils de Dieu. Il est bon au contraire de se souvenir toujours avec reconnaissance du moment où nous le sommes devenus, celui de notre baptême, pour vivre avec une plus grande conscience le grand don reçu.

 Si je demandais aujourd’hui: qui de vous connaît la date de son baptême?, je crois qu’il n’y aurait pas beaucoup de mains levées. Et pourtant, c’est la date à laquelle nous avons été sauvés, c’est la date à laquelle nous sommes devenus fils de Dieu. A présent, que ceux qui ne la connaissent pas demandent à leur parrain, marraine, à leur père, leur mère, leur oncle, leur tante: «Quand ai-je été baptisé? Quand ai-je été baptisée?»; et rappeler chaque année cette date: c’est la date à laquelle nous sommes devenus fils de Dieu. D’accord? Vous le ferez? [les fidèles répondent: oui!]. C’est un «oui» un peu comme ça, hein? [rires] Poursuivons….

En effet, une fois «venue la foi» dans le Christ (v. 25), se crée la condition radicalement nouvelle qui fait entrer dans la filiation divine. La filiation dont parle Paul n’est plus celle générale qui touche tous les hommes et les femmes en tant que fils et filles de l’unique Créateur. Dans le passage que nous avons écouté, il affirme que la foi permet d’être fils de Dieu «dans le Christ» (v. 26): telle est la nouveauté. C’est ce «dans le Christ» qui fait la différence. Pas seulement fils de Dieu, comme tous: nous tous hommes et femmes sommes enfants de Dieu, tous, quelle que soit notre  religion. Non. Mais «dans le Christ» est ce qui fait la différence chez les chrétiens et cela n’a lieu que dans la participation à la rédemption du Christ et en nous dans le sacrement du baptême, c’est ainsi que cela commence. Jésus est devenu notre frère, et par sa mort et sa résurrection, il nous a réconciliés avec le Père. Qui accueille le Christ dans la foi, à travers le baptême est «revêtu» de Lui et de la dignité filiale  (cf. v. 27).

Dans ses Lettres, saint Paul fait référence à plusieurs reprises au baptême. Pour lui, être baptisé équivaut à prendre part de façon effective et réelle au mystère de Jésus. Par exemple, dans la Lettre aux Romains, il arrivera même à dire que, dans le baptême, nous sommes morts avec le Christ et ensevelis avec Lui pour pouvoir vivre avec Lui (cf. 6, 3-14). Morts avec le Christ, ensevelis avec Lui pour pouvoir vivre avec Lui. C’est la grâce du baptême: participer à la mort et à la résurrection de Jésus. Le baptême n’est donc pas un simple rite extérieur. Ceux qui le reçoivent sont transformés profondément, au plus profond d’eux-mêmes, et possèdent une vie nouvelle, précisément celle qui permet de s’adresser à Dieu et de l’invoquer  par le nom d’«Abbà», c’est-à-dire «papa». «Père»? Non, «papa» (cf. Ga 4, 6).

L’apôtre affirme avec une grande audace que l’identité reçue avec le baptême est entièrement nouvelle, au point de prévaloir sur les différences qui existent sur le plan ethnique et religieux. Il l’explique ainsi: «il n’y a ni Juif ni Grec»; et aussi sur le plan social: «il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme» (Ga 3, 28). On lit souvent ces expressions trop à la hâte, sans saisir la valeur révolutionnaire qu’elles contiennent. Pour Paul, écrire aux Galates que dans le Christ, «il n’y a ni Juif ni Grec» équivaut à une authentique subversion ethnique et religieuse. Le juif, du fait d’appartenir au peuple élu, était privilégié par rapport au païen (cf. Rm 3, 17-20), et Paul lui-même l’affirme (cf. Rm 9, 4-5). Il n’est donc pas surprenant que ce nouvel enseignement de l’apôtre puisse sembler hérétique. «Mais comment cela, tous égaux? Nous sommes différents!». Cela semble un peu hérétique non? La deuxième égalité aussi, entre «libres» et «esclaves», ouvre des perspectives troublantes. Pour la société antique, la distinction entre esclaves et citoyens libres était vitale. Ces derniers jouissaient selon la loi de tous les droits, tandis que l’on ne reconnaissait pas même la dignité humaine aux esclaves. Cela arrive aujourd’hui aussi: beaucoup de gens, dans le monde, beaucoup, des millions, qui n’ont pas le droit à l’alimentation, n’ont pas le droit à l’éducation, n’ont pas le droit au travail: ce sont les nouveaux esclaves, ce sont ceux qui se trouvent aux périphéries, qui sont exploités par tous. Aujourd’hui aussi, il y a l’esclavage. Pensons un peu à cela. Nous nions à ces gens la dignité humaine, ils sont esclaves. Ainsi, à la fin, l’égalité dans le Christ dépasse la différence sociale entre les deux sexes, en établissant  entre l’homme et la femme une alliance alors révolutionnaire  qu’il faut réaffirmer aujourd’hui aussi. Il faut la réaffirmer aujourd’hui aussi. Combien de fois entendons-nous des expressions qui méprisent les femmes! Combien de fois avons-nous entendu: «Mais non, ne fais rien, [ce sont] des histoires de femmes». Mais les hommes et les femmes ont la même dignité, et il y a dans l’histoire, aujourd’hui aussi, un esclavage de femmes: les femmes n’ont pas les mêmes opportunités que les hommes. Nous devons lire ce que dit Paul: nous sommes égaux en Jésus Christ.

   Comme on peut le voir, Paul affirme la profonde unité qui existe entre tous les baptisés, quelle que soit la condition à laquelle ils appartiennent, que ce soit des hommes ou des femmes, égaux, parce que chacun d’eux, dans le Christ, est une créature nouvelle. Toute distinction devient secondaire par rapport à la dignité d’être fils de Dieu, qui à travers son amour, réalise une véritable et importante égalité. Tous, à travers la rédemption du Christ et le baptême que nous avons reçu, sommes égaux: fils et filles de Dieu. Egaux.

 Frères et sœurs, nous sommes donc appelés de façon plus positive à vivre une nouvelle vie qui trouve dans la filiation avec Dieu son expression fondatrice. Egaux parce que fils de Dieu, et fils de Dieu parce que Jésus Christ nous a rachetés et nous sommes entrés dans cette dignité à travers le baptême. Il est décisif également  pour nous tous aujourd’hui de redécouvrir la beauté d’être fils de Dieu, d’être frères et sœurs entre nous parce qu’insérés dans le Christ qui nous a rachetés. Les différences et les contrastes qui créent la séparation ne devraient pas exister entre les croyants dans le Christ. Et l’un des apôtres, dans la Lettre de Jacques, dit: «Faites attention avec les différences, parce que vous n’êtes pas justes quand dans l’assemblée (c’est-à-dire à la Messe), quelqu’un entre qui porte un anneau d’or et est bien habillé: “Ah, entrez, entrez!” et ils le font s’asseoir au premier rang. Puis, s’il entre une autre personne qui, la pauvre, peut à peine se couvrir, et on voit qu’elle est pauvre: “oui, oui, assied-toi là, au fond”». Ces différences, ce sont nous qui les faisons, souvent, de façon inconsciente. Non, nous sommes égaux. Notre vocation est plutôt celle de rendre concret et évident l’appel à l’unité de tout le genre humain (cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. Lumen gentium, n. 1). Tout ce qui exacerbe les différences entre les personnes, en provoquant souvent des discriminations, tout cela, devant Dieu, n’a plus de consistance, grâce  au salut réalisé dans le Christ. Ce qui compte est la foi qui opère selon le chemin de l’unité indiqué par l’Esprit Saint. Et notre responsabilité est de marcher de façon résolue sur ce chemin de l’égalité, mais l’égalité qui est soutenue, qui a été réalisée par la rédemption de Jésus.

Merci. Et n’oubliez pas, quand vous rentrerez chez vous: «Quand ai-je été baptisé? Quand ai-je été baptisée?». Demander, pour avoir toujours cette date à l’esprit. Et également la célébrer quand arrivera la date. Merci.


A l’issue de l’audience générale, le Pape a salué les fidèles francophones:

Je salue cordialement les pèlerins de langue française.

En ce jour où nous célébrons la Nativité de la Vierge Marie, demandons à notre Mère de nous aider à redécouvrir la beauté de notre condition d’enfants de Dieu, et, dépassant les différences et les conflits, de nous aider à vivre comme des frères.

Que Dieu vous bénisse.




Un mot, une piste de réflexion : RECONNAISSANCE (Joëlle et Roger GAUD)

RECONNAISSANCE

–         Être reconnaissant, manifester de la reconnaissance, savoir remercier, ou, pour employer un terme chrétien, savoir « rendre grâce », ça peut a priori paraître naturel ! Dire merci est d’ailleurs une des premières choses qu’on apprend aux enfants ! Alors ? Pourquoi s’arrêter aujourd’hui sur ce mot de « reconnaissance » ?

–         J’ai envie de te répondre pour au moins deux raisons : La première, c’est que ce n’est peut-être pas aussi évident qu’il n’y paraît ! Et la seconde, c’est que beaucoup ne savent plus de quoi il faudrait dire merci, ni comment le faire !

–         Savoir être reconnaissant, ce serait donc une grâce à demander au Seigneur ?

–         Oui ! Oui ! Tout à fait !

Tu sais, il y a des gens qui sont « naturellement » reconnaissants. C’est dans leur tempérament. Ils sont comme ça ! Chez eux c’est comme naturel d’être reconnaissant ! Quelle chance ils ont ! Ils arrivent toujours à poser sur les événements un regard positif … et ça les rend optimistes !

–         Tu veux dire que devant une bouteille remplie à moitié, ces gens-là arrivent toujours à la voir à moitié pleine, alors que d’autres diraient qu’elle est à moitié vide !

–         Mais il y a, hélas, des personnes chez qui c’est juste le contraire : Ils n’arrivent pas à voir le côté positif des choses et ne retiennent que le négatif ! C’est désolant ! Car ils finissent par passer à côté de plein de merveilles sans même s’en apercevoir !

–         Tu veux dire qu’ils sont ingrats ?

–         Oui, mais ce n’est pas toujours de leur faute : ça dépend souvent de leur éducation ; ça dépend aussi des gens qui les entourent aujourd’hui … et des difficultés auxquelles ils doivent faire face actuellement !

–         Mais, on ne peut pas nier que le contraire de la reconnaissance, c’est l’ingratitude ! Ou que le contraire d’un esprit reconnaissant, c’est un esprit blasé qui ne sait plus reconnaître tous les bienfaits dont il est l’objet, comme si tout lui était dû !

 

 

–         Oui ! Je te l’accorde bien volontiers, mais je crois que ces gens-là sont surtout malheureux !

–         Comment ça ?

–         Voir toujours le côté négatif des choses, passer à côté de plein de merveilles sans même s’en apercevoir (comme je le disais tout à l’heure), ça ne peut que vous rendre pessimiste, sans espérance, voire même aigri … En un mot : malheureux !

–         Tu sembles dire qu’arriver à être reconnaissant, ça va nous rendre heureux ? Que ce serait une clé du bonheur ?

–         Parfaitement ! Quand on sait regarder, en soi et autour de soi, tout ce qu’il y a de positif, ça aide incontestablement à aborder différemment la vie (y compris avec les difficultés qu’elle comporte – et qui peuvent parfois être très lourdes !)

–         Concrètement, pour un Chrétien, comment faire pour être reconnaissant ? Pour remercier ceux qui nous aident, en général on voit assez bien comment il faut s’y prendre ! (Rires – J’ai envie de dire : c’est la moindre des politesses !) Mais pour remercier Dieu, ça peut paraître plus compliqué ! Alors, comment faire ?

–         Je crois qu’il y a mille et une façons de témoigner à Dieu notre reconnaissance, de Le remercier, de Lui rendre grâce ! L’Esprit Saint saura nous montrer ce qu’il faut que nous fassions !

–         Tu peux nous donner quelques pistes ?

–         Les exemples ne manquent pas : Consacrer à Dieu un peu plus de temps dans notre journée ; partager avec ceux qui sont dans le besoin ; visiter les malades ; écouter ceux qui se sentent seuls ; et mille et une autres actions concrètes que l’Esprit Saint nous indiquera …

–         Pour en revenir à cet esprit de reconnaissance qui semble – hélas – si étranger à certains, ne devrait-il pas habiter le cœur de chaque Chrétien ?

–         Oui ! Bien sûr ! Car, en le cultivant, nous serons de plus en plus attentifs à tous ces cadeaux que Dieu ne cesse de nous faire … ce qui renforcera notre foi et notre espérance … et ce qui nous aidera donc à ne pas sombrer dans la morosité ambiante …

–     Oui ! Et être optimiste, c’est un facteur d’évangélisation !

–     Oui ! Il y a un lien indéniable entre « reconnaissance », « optimisme » et « évangélisation » !

L’optimisme (nous l’avons dit) est un des fruits de la reconnaissance ! Et l’optimisme (comme tu le dis) est un facteur puissant d’évangélisation :             Il va de soi que ceux qui ne connaissent pas le Seigneur auront du mal à suivre des Chrétiens pessimistes ou défaitistes !

–     Je comprends bien, qu’à tous points de vue, savoir être reconnaissant, c’est vraiment une grâce à demander au Seigneur !




24ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 8, 27-35)

« La foi et les œuvres. »

 

Le passage de la lettre de saint Jacques qui constitue la deuxième lecture de ce dimanche est tout à fait décapant !

Et c’est un passage qui est à relire … à relire … souvent.

Souvent on a une idée faussée de la foi.

« Je crois en Dieu, … je crois en Jésus-Christ, … je crois en l’Esprit-Saint … »

On connaît notre credo par cœur …

On ’’fait’’ ses prières régulièrement, on ’’va’’ à la messe chaque dimanche, parfois en semaine …

Mais, qu’est-ce que Jésus pour nous ? (C’est la question de l’évangile).

C’est le Christ, bien évidemment, … le Messie que les juifs attendaient, …

Celui qui a donné sa vie pour nous sur la croix, …

Celui qui nous a donné son corps à manger dans le pain de l’eucharistie, …

Celui que Dieu a ressuscité et qui nous ouvre le chemin du Paradis …

On a tout bon ! … On peut être fier ! …

Comme le pharisien de la parabole qui disait : « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes … Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. » (Lc 18,11-12)

Saint Jacques nous dit : « Supposons qu’un frère ou une sœur n’ait pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l’un de vous leur dit : « Allez en paix ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim ! » sans leur donner le nécessaire pour vivre, à quoi cela sert-il ? ».

Le problème est que bien souvent, on ne dit pas la première partie de la phrase … on ne voit pas que les gens ont froid … on ne voit pas que les gens ont faim … on ne dit rien, on ne fait rien.

Bien sûr, ’’on ne peut pas soulager toute la misère du monde’’ … mais on peut essayer de faire quelque chose …

Mais souvent, on reste indifférent … (quand on ne dit pas : ’’Ils n’ont qu’à travailler’’ ! …).

A l’inverse, il ne s’agit pas de mettre en valeur ce que l’on fait … Comme Jésus l’a dit : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. » (Mt 6,1).

Faire quelque chose pour les autres … les œuvres dont parle Jacques, qu’elles soient matérielles (corporelles) ou spirituelles (voir les quatorze œuvres de miséricorde), cela fait partie aussi de ce que Jésus appelle « prendre sa croix » …

Et ce n’est pas une croix trop difficile à porter …

Si nous ne faisons rien, on risque fort de se faire interpeller par Jésus comme l’a fait avec Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Essayons, à tout le moins, de dire avec foi, comme le publicain de la parabole : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !” » (Lc 18,13) … car alors Jésus pourra dire : « [Celui-là est] devenu un homme juste ! ».

Seigneur Jésus,

aide-nous à renoncer à nous-même,

et à penser aux autres.

Aide-nous à porter nos croix,

certaines sont faciles à porter,

d’autres beaucoup moins …

Alors nous pourrons te suivre

en vérité !

                                     Francis Cousin

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Prière dim 24° TOB




23ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 7, 31-37)

« Effata ! »

 Jésus fait un long voyage … surtout quand on le fait à pied !

Il part de la région de Tyr, territoire païen (non-juif) à l’ouest de la Galilée, pour aller directement dans la Décapole, autre territoire païen, à l’est de la Galilée … sans que Marc ne parle de son passage en Galilée …

Peut-être pour montrer que le discours et les actes de Jésus ne concernent pas que les Juifs, mais tout le monde …

À Tyr, c’est une maman qui vient voir Jésus pour qu’il guérisse sa fille.

En Décapole, ce sont des gens qui lui amène un sourd-muet pour qu’il lui impose la main.

Ce sont d’autres personnes que les malades … qui avaient entendu parler de Jésus et qui avaient cru en son pouvoir … qui avaient foi en lui !

Cela les avait mis en route … pour rencontrer Jésus

Cela a l’air tout simple …

Mais nous, qui avons entendu parler de Jésus, à la maison, au catéchisme, à l’église, ou ailleurs … Est-ce que cela nous a mis en route pour rencontrer Jésus ?

Il ne suffit pas d’entendre ! Il faut aussi écouter, … manger la Parole de Jésus (cf Ez 3,1-3) … pour qu’elle nous fasse changer nos comportements …

Entendre Dieu … avec son cœur

Facile ?

Certainement non pour la plupart d’entre nous …

On dit souvent : « Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ! » …

Et c’est bien souvent notre cas. On entend ce qu’on veut bien entendre … ce qui ne nous touche pas …ce qui ne nous dérange pas … ou ce qui nous arrange … mais on reste bien souvent sourd à la Parole de Jésus, parce qu’elle nous oblige à changer …

« Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! » (Mt 11,15) … avec son cœur …

Et on pourrait dire la même chose pour d’autres sens … C’est d’ailleurs de que dit Jésus aux pharisiens après la guérison de l’aveugle-né : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : “Nous voyons !”, votre péché demeure. » (Jn 9,41).

Ce passage de l’évangile nous est lu au moment où ont lieu les jeux paralympiques, après les jeux olympiques. Et chacun aura pu constater la différence de traitement entre ces deux « jeux » au niveau de l’information : une information en continu sur plusieurs chaînes de télévision du matin au soir et des pages nombreuses dans les journaux et les magazines pour les sportifs dits « normaux » … et quelques bribes d’informations pour les personnes handicapés …

Ce qui pose la question : « Quel est le regard de la société sur les personnes porteuses de handicap ? » … mais aussi la question : « Quel est mon regard sur les personnes porteuses de handicap ? ».

Ceux qu’on voit à la télévision … c’est-à-dire ceux qui gagnent des médailles … on est de tout cœur avec eux, on les admire …

Mais les autres … ceux qui restent chez eux … ceux qui boitent, qui n’ont qu’un bras, qui sont en fauteuil roulant, les muets … les trisomiques, les malades mentaux … Au mieux, on les plaint, ou on plaint leur parents … mais quand on les rencontre au supermarché (ou ailleurs), on a du mal à les regarder, on fait comme si on ne les voyait pas …

Cela nous renvoie à la deuxième lecture : « Cela, n’est-ce pas faire des différences entre vous, et juger selon de faux critères ? Écoutez donc, mes frères bien-aimés ! Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi, et des héritiers du Royaume promis par lui à ceux qui l’auront aimé ? »

Au jour du jugement, où nous serons jugés sur l’amour … Qui passera devant ? …

Seigneur Jésus,

ouvre mes yeux !

Fais que j’entende …

d’abord ta Parole …

et puis les plaintes des autres,

leurs questionnements,

leurs désirs, leurs envies …

Effata !

Ouvre mon cœur, Seigneur,

aux merveilles de ton amour …

                                     Francis Cousin

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Prière dim 23° TOB




Audience Générale du Mercredi 1er Septembre 2021

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 1er Septembre 2021


Frère et sœurs, bonjour!

Nous poursuivrons l’explication de la Lettre de saint Paul aux Galates. Ce n’est pas une chose nouvelle, cette explication, quelque chose qui vient de moi: ce que nous étudions est ce que dit saint Paul, dans un conflit très sérieux, aux Galates. Et c’est également la Parole de Dieu, parce qu’elle est entrée dans la Bible. Ce ne sont pas des choses que quelqu’un invente, non. C’est quelque chose qui a eu lieu à cette époque et qui peut se répéter. Et, de fait, nous avons vu que dans l’histoire, cela s’est répété. Il s’agit simplement d’une catéchèse sur la Parole de Dieu exprimée dans la Lettre de Paul aux Galates: ce n’est pas autre chose. Il faut toujours garder cela à l’esprit. Dans les catéchèses précédents, nous avons vu que l’apôtre Paul montre aux premiers chrétiens de Galatie combien il est dangereux de quitter le chemin qu’ils ont commencé à parcourir en accueillant l’Evangile. Le risque, en effet, est de tomber dans le formalisme, qui est l’une des tentations qui nous conduit à l’hypocrisie, dont nous avons parlé l’autre fois. Tomber dans le formalisme et renier la nouvelle dignité qu’ils ont reçue: la dignité des rachetés par le Christ. Le passage que nous venons d’entendre introduit la deuxième partie de la Lettre. Jusque là, Paul a parlé de sa vie et de sa vocation : de la façon dont la grâce de Dieu a transformé son existence, la plaçant entièrement au service de l’évangélisation. A présent, il interpelle directement les Galates: il les place devant les choix qu’ils ont accomplis et devant leur condition actuelle, qui pourrait rendre vaine l’expérience de grâce vécue.

Et les termes par lesquels l’apôtre s’adresse aux Galates ne sont certainement pas de courtoisie: nous l’avons entendu. Dans les autres Lettres, il est facile de trouver l’expression «frères» ou encore «très chers», ici non. Parce qu’il est en colère. Il dit de façon générique «Galates» et, par deux fois au moins, il les appelle «sans intelligence», ce qui n’est pas un terme courtois. Sans intelligence, fous, et il peut dire beaucoup d’autres choses… Il le fait non pas parce qu’ils ne sont pas intelligents, mais parce que, presque sans s’en apercevoir, ils risquent de perdre la foi dans le Christ qu’ils avaient accueillie avec tant d’enthousiasme. Ils sont sans intelligence parce qu’ils ne se rendent pas compte que le danger est de perdre le trésor précieux, la beauté de la nouveauté du Christ. L’étonnement et la tristesse de l’apôtre sont évidents. Non sans amertume, il exhorte ces chrétiens à se rappeler de la première annonce qu’il a réalisée, à travers laquelle il leur a offert la possibilité d’acquérir une liberté jusqu’alors inespérée.    

L’apôtre adresse des questions aux Galates, dans l’intention de secouer leurs consciences: pour cela il est très fort. Il s’agit d’interrogations rhétoriques, parce que les Galates savent très bien que la naissance de leur foi dans le Christ est le fruit de la grâce reçue par la prédication de l’Evangile. Il les conduit au début de la vocation chrétienne. La parole qu’ils avaient écoutée de Paul se concentrait sur l’amour de Dieu, se manifestant pleinement dans la mort et la résurrection de Jésus. Paul ne  pouvait trouver d’expression plus convaincante que celle qu’il avait leur probablement répétée plusieurs fois lors de sa prédication: «Et ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi» (Gal 2, 20). Paul, ne  voulait rien savoir d’autre que le Christ crucifié (cf. 1 Co 2, 2). Les Galates doivent regarder cet événement sans se laisser distraire par d’autres annonces. En somme, l’intention de Paul est de mettre au pied du mur les chrétiens, afin qu’ils se rendent compte de l’enjeu et qu’ils ne se laissent pas enchanter par la voix des sirènes qui veulent les conduire à une religiosité fondée uniquement sur l’observance scrupuleuse de préceptes. Parce qu’eux, ces prédicateurs nouveaux qui sont arrivés là en Galatie, les ont convaincus qu’ils devaient faire marche arrière et  adopter également les préceptes qu’ils observaient et qu’ils portaient à la perfection avant  la venue du Christ, qui est la gratuité du salut.

Les Galates, d’autre part, comprenaient très bien ce à quoi l’apôtre faisait référence. Ils avaient certainement fait l’expérience de l’action de l’Esprit Saint dans les communautés: comme dans les autres Eglises, ainsi parmi eux aussi, s’étaient manifestés la charité et divers autres charismes. Mis au pied du mur, ils sont obligés de répondre que ce qu’ils ont vécu était le fruit de la nouveauté de l’Esprit. A l’origine de la naissance de leur  foi, il y avait donc l’initiative de Dieu, pas des hommes. L’Esprit Saint avait été le protagoniste de leur expérience; le placer à présent au second plan pour donner la primauté à leurs propres œuvres — c’est-à-dire à l’accomplissement des préceptes  de la Loi — aurait été insensé. La sainteté vient de l’Esprit Saint et est la gratuité de la rédemption de Jésus: cela nous justifie.

De cette façon, saint Paul nous invite nous aussi à réfléchir: comment vivons-nous la foi? L’amour du Christ crucifié et ressuscité demeure-t-il au centre de notre vie quotidienne comme une source de salut, ou bien nous contentons-nous d’une formalité religieuse pour avoir la conscience tranquille? Comment vivons-nous la foi, nous? Sommes-nous attachés au trésor précieux, à la beauté de la nouveauté du Christ, ou bien lui préférons-nous quelque chose qui nous attire sur le moment, mais qui nous laisse ensuite un vide à l’intérieur? L’éphémère frappe souvent  la porte de nos journées, mais c’est une triste illusion, qui nous fait tomber dans la superficialité et empêche de discerner ce qui vaut véritablement la peine de vivre. Frères et sœurs, gardons  quoi qu’il en soit la ferme certitude que, même quand nous sommes tentés de nous éloigner, Dieu continue encore d’offrir ses dons. Dans l’histoire, même aujourd’hui, il arrive toujours des choses qui ressemblent à ce qui est arrivé aux Galates. Même aujourd’hui, certains viennent nous échauffer les oreilles en nous disant: «Non, la sainteté réside dans ces préceptes, dans ces choses, vous devez faire ceci et cela» et ils nous proposent une religiosité rigide, la rigidité qui nous ôte la liberté dans l’Esprit que nous donne la rédemption du Christ. Soyez attentifs face aux rigidités que l’on vous propose: soyez attentifs. Parce que derrière chaque rigidité, il y a quelque chose de mauvais,  il n’y a pas l’Esprit de Dieu. Et c’est pour cela que cette Lettre nous aidera à ne pas écouter ces propositions un peu fondamentalistes qui nous font reculer dans notre vie spirituelle, et elle nous aidera à aller de l’avant dans la vocation pascale de Jésus. C’est ce que répète l’apôtre aux Galates en rappelant que le Père «prodigue l’Esprit et opère parmi vous des miracles» (3, 5). Il parle au présent, il ne dit pas «le Père a prodigué l’Esprit», chapitre 3, verset 5, non: il dit «prodigue», il ne dit pas «a opéré», non, «opère». Parce que, malgré toutes les difficultés que nous pouvons créer à son action, et même malgré nos péchés, Dieu ne nous abandonne jamais mais demeure avec nous à travers son amour miséricordieux. Dieu est toujours proche de nous avec sa bonté. C’est comme ce père qui montait chaque jour sur la terrasse pour voir si son fils revenait: l’amour du Père ne se lasse pas de nous. Demandons la sagesse de nous apercevoir toujours de cette réalité et de renvoyer les fondamentalistes qui nous proposent une vie d’ascèse artificielle, loin de la résurrection du Christ.  L’ascèse est nécessaire, mais l’ascèse sage, pas artificielle.


Je suis heureux de saluer les pèlerins de langue française ! Le mois de septembre marque le début de l’année scolaire et académique de nombreux étudiant et enseignants, ainsi que la reprise de travail pour beaucoup après un temps de vacances. J’invoque sur chacun de vous l’Esprit de Sagesse afin qu’au milieu de vos efforts et de vos difficultés, l’amour miséricordieux de Dieu vous accompagne toujours.

A tous, ma bénédiction !