« Es-tu le roi des Juifs ? »
Prenons les textes de ce jour sans l’ordre chronologique des évènements.
Dans le livre du prophète Daniel, celui-ci voit, au cours de ses visions, « comme un fils d’homme », qui reçoit d’un vieillard « domination, gloire et royauté (…) Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. »
Souvent Jésus reprendra cette appellation, « le fils de l’homme », en se l’appliquant à lui-même. Et notamment quand il sera interrogé devant les chefs des prêtres et le sanhédrin juste après son arrestation. « Le grand prêtre lui dit : ’’Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si c’est toi qui es le Christ [le Messie], le Fils de Dieu.’’ Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! En tout cas, je vous le déclare : désormais vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel. » (Mt 26,63-64).
Jésus ne répond pas ’’Oui’’, mais « C’est toi-même qui l’as dit ! », laissant au grand prêtre la paternité de sa parole ; mais il ajoute ce que nous disons dans le credo : « … est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts … ».
Jésus répond à des juifs, qui connaissent les Écritures, et parler du Fils de l’homme, qui reçoit domination éternelle et royauté pour toujours, est une manière de dire oui, même s’il ne dit pas que cela s’applique à lui.
Un peu plus tard, quand Pilate lui demande « Es-tu le roi des Juifs ? », on n’est plus sur le même terrain : on parle d’un royaume terrestre, d’un pouvoir politique, qui peut s’opposer au pouvoir romain représenté par Pilate. Ce n’est pas ce que veut Jésus ; il l’avait montré lorsque, après la multiplication des pains, les gens voulaient le faire roi, il s’était retiré seul dans la montagne. Il répond par une autre question : ’’Ta question, elle vient de toi, ou d’autres te l’ont soufflée ?’’. Pilate admet que ce sont les grands prêtres …
« Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. », et non pas aux romains …
Pilate ne sait plus quoi penser : Jésus n’est pas contre les romains, donc pour lui, pas de danger … mais il parle de Ma royauté … pas de ce monde …
Pour Pilate, Jésus passe pour un illuminé … (ce qu’il est en réalité, puisqu’il est la lumière du monde …)
« Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. ». Même réponse que devant le sanhédrin …
« Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. ».
La vérité, c’est Jésus lui-même : « Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie. » (Jn 14,6) …
« Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. ». La vérité n’est plus le seul fait des juifs, elle est pour tous (s’ils le veulent !). Cela veut dire que tous les habitants du monde peuvent écouter la voix de Jésus, et le suivre (s’ils le veulent !).
Mais cela n’empêchera pas ceux qui ne le suivent pas d’être avec Jésus dans son royaume de gloire : « tout œil le verra, ils le verront, ceux qui l’ont transpercé ; et sur lui se lamenteront toutes les tribus de la terre. » (Deuxième lecture).
Alors, quel est ce roi que nous fêtons aujourd’hui ?
Ce roi est avant tout le Christ Serviteur, celui « qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père. », celui que nous espérons rencontrer à la fin des temps, « Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers. »
Celui que nous devons imiter dans son abaissement.
Seigneur Jésus,
tu deviens roi en montant sur la croix,
devenant le plus humble de tous,
toi le plus grand,
par amour pour nous,
pauvres pécheurs.
Francis Cousin
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