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Initiation aux textes « APOCRYPHES »

A la découverte des textes inconnus

du christianisme primitif

Conférence donnée par Yannick Leroy,

Historien des Origines du Christianisme,

Intervenant au Sedifop

Le samedi 8 juin 2019 à la Maison Diocésaine

36 rue de Paris, St Denis, de 14h 00 à 17h 00.

Entrée libre

 

Pour accéder à l’affiche, cliquer sur le titre ci dessous :

Affiche Conférence Apocryphes




Audience Générale du Mercredi 22 Mai 2019

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 22 Mai 2019


Frères et sœurs, au terme du cycle de catéchèses sur le “Notre Père”, nous pouvons dire que la prière chrétienne naît de l’audace de nommer Dieu, “Père”. Il ne s’agit pas tant d’une formule que de l’expression d’une intimité filiale dans laquelle nous sommes introduits grâce à Jésus. Ainsi, en lisant les Évangiles, nous découvrons que les expressions utilisées par Jésus pour prier le Père rappellent le texte du “Notre Père”, et cela jusque dans l’expérience de la nuit de Gethsémani. Nous constatons aussi que Jésus exhorte ses disciples à une prière insistante et confiante, à cultiver un esprit de prière qui garde mémoire des frères, en particulier dans les relations difficiles. Avec cela, l’ensemble du Nouveau Testament nous montre que le premier protagoniste de toute prière chrétienne est l’Esprit Saint : c’est lui qui nous fait prier dans le sillon creusé par Jésus pour nous et qui nous fait entrer dans le dialogue d’amour de la Sainte Trinité. Ainsi, porté par l’amour de Jésus qui a été jusqu’à éprouver l’abandon de Dieu, nous pouvons prier dans toutes les situations “mon Dieu” parce qu’il est notre Père. Et nous sommes appelés à lui confier sans cesse nos frères et sœurs en humanité, pour qu’aucun d’eux, en particulier les pauvres, ne reste sans consolation et sans une part de cet amour.

Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France et d’autres pays francophones, en particulier des paroissiens d’Hérouville-Saint-Clair et de Roanne et des jeunes de divers collèges de France, ainsi qu’un groupe de pèlerins du Cameroun. Dans les situations de joie et de peine, que l’Esprit Saint nous aide à entrer dans la prière de Jésus, et avec lui, par lui et en lui, comme des enfants pleins de confiance, à prier “Notre Père”.  Je voudrais aujourd’hui faire mémoire avec vous de Sœur Inès Nieves Sancho, âgée de 77 ans, éducatrice des jeunes filles pauvres depuis des années, qui a été tuée de manière barbare en Centrafrique, à l’endroit même où elle enseignait aux jeunes filles à coudre. Une femme de plus qui donne sa vie pour Jésus dans le service des pauvres. Prions en silence – [silence puis Ave Maria…] Que Dieu vous bénisse !




6ième Dimanche de Pâques ( Jean 14, 23-29) :  « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. » (Francis Cousin)

« Si quelqu’un m’aime,

il gardera ma parole. »

Le premier verbe est au présent, le second au futur. Au futur, comme une implication, une conséquence obligatoire de la première partie de la phrase.

Ce qui veut dire que le plus important est le début de la phrase, et son verbe : aimer.

Aimer, qui est la motivation principale, et sans doute la seule, de toutes les actions du Père : la création du monde, de l’homme à son image, de son alliance faite avec les hommes, d’abord avec le peuple hébreu puis avec tous les hommes quand il envoya son Fils sur la terre : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » (Jn 3,16).

Et Jésus, le Fils, « fait pareillement ce qu’il voit faire par le Père » (cf Jn 5,19), car « le Père et moi nous sommes UN. » (Jn 10,30).

Mais il y a un si.

Dieu, Jésus, nous laissent toujours libres de nos actions.

« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. »

Garder la Parole, ce n’est pas simplement l’entendre, l’apprendre, la connaître (au sens d’une leçon apprise), la mettre dans sa poche avec son mouchoir par-dessus, ou dans une boite bien serrée. C’est bien plus que cela : c’est faire que cette Parole devienne le moteur de notre vie, la référence de nos actions, de telle manière que l’on puisse dire : « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi. » (Ga 2,20).

Et c’est là où nous devons nous remettre en question.

Parce que vivre ainsi, comme saint Paul, nous avons du mal à nous en sentir capable, même si « rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1,37), et bien souvent, nous en sommes loin.

C’est d’autant plus important de réfléchir à cette situation quand on lit la phrase suivante : « Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. » qu’on pourrait lire aussi comme « celui qui ne garde pas mes Paroles ne m’aime pas ! » (cf Jn 14,21). Or, nous aimons Jésus ! Ou tout au moins, nous voulons l’aimer ! …

Serait-ce que nous n’ayons que l’illusion d’aimer Jésus ?

Sans doute non !

Mais cela veut dire que nous sommes sur un chemin, sur le chemin qui est Jésus, qui nous amène vers son Père, vers la vie éternelle … et que nous avons encore à nous perfectionner, peu à peu, pas après pas sur ce chemin de sainteté, sur ce chemin de perfection : « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait ! » (Mt 5,48).

Dieu nous prend tels que nous sommes, et il nous fait avancer avec lui sur ce chemin de perfection, et il est toujours avec nous pour nous aider, nous faire prendre les bonnes décisions …

Et Jésus nous l’a dit, à plusieurs reprises. Notamment dans l’évangile de ce jour : « Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. », pour que nous puissions prendre les bonnes décisions au bon moment.

Ainsi, ce sont les trois personnes de la Trinité qui sont toujours avec nous, à chaque instant de notre vie.

Et Jésus ajoute encore : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. »

Jésus veut que nous soyons dans la paix. Tout le temps ! Une paix profonde ! Une paix intérieure ! C’est d’ailleurs la première chose qu’il dira à ses apôtres quand il leur apparaitra ressuscité !

Alors essayons de faire de notre mieux pour garder la Parole de Jésus et la mettre en pratique (Mt 7,24), même si c’est parfois difficile, même s’il nous fait faire des efforts pour y arriver …

Ce sera notre manière de lui montrer que nous l’aimons, malgré tout, malgré nos imperfections …

 

Seigneur Jésus,

Je suis comme saint Pierre,

toujours prêt à te répondre :

« Tu sais bien que je t’aime ! »,

parce que je le crois.

Mais bien souvent, je suis obligé d’admettre

que je ne mets pas toujours en pratique ta Parole.

Que ton Esprit m’aide à le faire.

Francis Cousin    

 

 

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5ième Dimanche de Pâques ( Jean 13, 31-45) :     « Amour, Gloire … et Jésus. » (Francis Cousin)

 « Amour, Gloire … et Jésus. »

 

Même si Jésus est beauté (parce qu’il est bon…), il ne s’agit pas ici de l’amour et de la gloire dont on nous parle dans ce feuilleton télévisé.

C’est la fin pour la vie terrestre de Jésus. Judas a pris le pain tendu par Jésus, et il est parti pour livrer Jésus.

On pourrait penser que Jésus soit dans une grande tristesse, dans un désespoir on ne peut plus fort, après avoir envoyé Judas faire « ce qu’il devait faire ». Lui seul savait alors ce qu’il allait faire : le trahir pour trente pièces d’argent.

Et bien non !

On a l’impression qu’en fait, cela lui a redonné du courage, et qu’il voit tout ce qui va lui arriver sous un aspect positif (?). Il sait que c’est la fin, et ce qui va arriver : la trahison, l’abandon des disciples, l’humiliation, la torture, la croix …

Mais il voit aussi plus loin que la croix … Il voit la résurrection dont son Père va lui faire bénéficier, parce qu’il sait que le Père ne peut pas l’abandonner. Il sait qu’il peut compter sur l’amour de son Père, un amour fort et réciproque. Il le sait parce que « Le père et moi, nous sommes Un. » (Jn 10,30).

Il l’avait d’ailleurs dit lui-même auparavant : « Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » (Jn 12,27-28), c’est-à-dire, ’’en me glorifiant par ma résurrection, c’est toi qui est glorifié, parce que tu montres que tu as pouvoir sur la mort et la vie’’.

Et le Père lui répond alors, par une voix qui vient du ciel : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » (Jn 12,28).

C’est cet amour entre le Père et Jésus, connu depuis le baptême de Jésus (« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. » Mt 3,17) qui est le moteur de l’action de Jésus et qui lui fait dire : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. » (Jn 15,9).

C’est pour cela que Jésus va donner à ses apôtres un nouveau commandement : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. ». Ce n’est pas un simple conseil que l’on peut suivre ou pas, mais un commandement, une obligation pour ceux qui veulent le suivre.

C’est un changement radical par rapport à la loi de Moïse qui disait : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Lv 19,18) , mais une obligation d’aimer (agapé) les autres à l’image de l’amour du Père et du Fils.

Et c’est un commandement nouveau parce qu’il n’y a que Jésus, Fils de Dieu, qui peut le dire ainsi : « Comme je vous ai aimés », ce qui est équivalent à « comme le Père m’a aimé, aimez-vous les uns les autres. ».

L’amour du prochain devient celui du Christ, celui de Dieu. Ce commandement nouveau nous entraîne sur une voix qui nous mène à la vie éternelle, celle d’un « ciel nouveau et d’une terre nouvelle » où « Dieu demeure avec les hommes » (2° lecture).

Alors bien sûr, on sait très bien, malheureusement, qu’on n’arrive pas (pour la plupart d’entre nous) à aimer tous les autres comme Dieu nous aime. Et même dans l’Église, on sait que ce n’est pas toujours une réalité.

Comment faire pour aimer comme Jésus ? Se laisser aimer par Jésus.

Cela paraît facile … Mais ce n’est pas si simple qu’on le pense. Être aimer, oui ! Se laisser aimer, c’est plus difficile ! Surtout s’il nous arrive de faire des choses que l’on sait mauvaises ! Accepter malgré cela d’être aimé par Jésus … cela met mal à l’aise …

Trop souvent dans nos relations avec Dieu, nous voulons faire ceci ou cela. Nous voulons être actifs, et on a plein de projets … Alors que Dieu nous demande d’abord d’être passifs, de se laisser aimer par lui … « en ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui, le premier, nous a aimés. » (1 Jn 4,10).

Seigneur Jésus,

Tu sais comme il est difficile

pour un humain d’être passif.

Nous voulons toujours faire quelque chose,

pour montrer ce que l’on sait faire,

pour paraître aux yeux des autres.  

Et toi, tu nous demandes d’accepter

 d’être aimé par toi en premier,

pour pouvoir mieux aimer les autres …

comme toi tu nous aimes !

Francis Cousin    

 

 

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Audience Générale du Mercredi 8 Mai 2019

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 8 Mai 2019


Frères et sœurs, je suis rentré hier d’un voyage en Bulgarie et en Macédoine du Nord et je rends grâce à Dieu. Le peuple Bulgare est appelé à faire un pont entre Europe centrale, orientale et méridionale, et j’ai invité chacun à marcher sur le chemin de la fraternité. Sur ce chemin, les chrétiens ont vocation à être des signes d’unité. C’est pourquoi je suis resté en prière devant l’image des Saints Cyrille et Méthode, patrons de l’Europe, qui, avec créativité et passion, ont évangélisé cette région. A leur suite, j’ai renouvelé la communauté catholique dans son espérance et le don d’elle-même. La Macédoine du Nord accueille diverses appartenances ethniques et religieuses. J’ai béni la première pierre d’un sanctuaire dédié à Mère Térésa de Calcutta, qui est née et a reçu la foi dans ce pays. Cette sainte, petite mais remplie de la force de l’Esprit Saint, représente bien l’Eglise accueillante de ce pays. J’ai exhorté les jeunes à s’impliquer, répondant à la voix de Dieu qui se fait entendre dans la prière et dans la chair de pauvres.  La messe célébrée dans la capitale a renouvelé, en cette périphérie de l’Europe, le miracle de Dieu qui rassasie la faim des multitudes.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier un groupe du diocèse de La Rochelle, accompagné de son évêque Mgr Georges Colomb, ainsi que des pèlerins de Côte d’Ivoire. Je recommande à votre prière le présent et l’avenir des peuples que j’ai visités lors de mon récent voyage afin qu’ils puissent s’ouvrir à de nouveaux horizons sans perdre leurs racines. Que l’Evangile y rejoigne tous ceux qui ne le connaissent pas encore. Que Dieu vous bénisse.




4ième Dimanche de Pâques ( Jean 10, 27-30) :   « Mes brebis écoutent ma voix … et elles me suivent. » (Francis Cousin)

 

« Mes brebis écoutent ma voix …

et elles me suivent. »

 

Ce dimanche est appelé le dimanche du Bon Pasteur. C’est aussi celui où l’on prie plus particulièrement pour les vocations sacerdotales ou religieuses.

Mais cet évangile ne concerne pas seulement ces vocations particulières, il concerne la vocation de tous les hommes.

« Mes brebis écoutent ma voix ». L’utilisation de l’adjectif possessif montre que ce n’est qu’une partie des brebis, et qu’il en existe d’autres, des personnes qui ne font pas partie de ses disciples. Mais il ne s’agit pas pour Jésus d’une situation définitive. Il le dit lui-même : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. » (Jn 10,16).

Bien sûr, Jésus n’est plus là sur terre, et on constate que tout le monde ne le suit pas encore. Cela ne veut pas dire que Jésus s’est trompé. Cela veut dire que maintenant, c’est à nous, qui le suivons déjà, de faire en sorte que, par nos paroles et nos actes, nous soyons de vrais témoins de Jésus, comme l’on fait Paul et Barnabé : « Beaucoup de Juifs et de convertis qui adorent le Dieu unique les suivirent. » (1° lecture), et beaucoup d’autres par la suite.

« Mes brebis écoutent ma voix ». On ne peut pas être chrétien si on n’écoute pas la voix du Seigneur. On peut l’écouter dans son cœur, dans la prière … ou l’entendre sans qu’on s’y attendre, comme Samuel. Mais ça reste quand même exceptionnel. Le plus simple est de lire la Parole de Dieu dans la bible, et surtout dans le nouveau testament. Une lecture intelligente, réfléchie, qui permette que l’on s’en imprègne pour pouvoir la redire aux autres. « Ouvre la bouche, et mange ce que je te donne. Puis, va ! Parle à la maison d’Israël.  … Je le mangeai, et dans ma bouche il fut doux comme du miel. » (Ez 2,8-3,3).

On peut parfois être comme Jérémie, et se dire qu’on n’est pas capable de parler de Dieu aux autres : « Je ne sais pas parler, je suis un enfant ! » (Jr 1,6). Mais ce n’est que compter sur soi, et non sur Dieu : « Ouvre la bouche, moi, je l’emplirai » (Ps 80,11), et avec l’Esprit Saint, on a tout ce qu’il faut ! Mais souvent, nous sommes trop craintifs, nous avons peur de parler. Avec ceux qui croit en Dieu Trinité, cela peut encore aller, … mais avec les autres … ceux des ‘périphéries’, des autres religions …

Parmi les brebis de Jésus, il y en a parfois qui se perdent … Des fois à cause des paroles de Jésus, parce qu’ils ne la comprennent pas, qu’ils la trouvent trop « rude », « À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. » (Jn 6,66). Des fois à cause des paroles ou des actes des hommes … parfois de religieux … Mais Jésus ne les laisse pas tomber. Au contraire ! Il va à la recherche de « celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve. Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux. » (Lc 15,4-5), parce que « personne ne les arrachera de ma main. »

Mais qu’elle est la source qui nous permet de devenir des brebis du Seigneur ?

C’est toujours la même chose : l’amour de Dieu pour les hommes. Et à cet amour, chaque humain est appelé à répondre librement : « J’accepte ton amour et je t’aime » ou « Je vois que tu m’aimes, mais il y a d’autres choses que j’aime davantage que toi ». C’est accepter « d’aimer Dieu comme il nous a aimé », c’est-à-dire par-dessus tout !

C’est la question que pose Jésus à Pierre dans l’évangile de dimanche dernier : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? », « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. », « Sois le berger de mes brebis. » (Jn 21,15.17), c’est-à-dire sois mon représentant sur terre : « J’ai été le ‘Bon Berger’, maintenant c’est à toi de guider mes disciples ».

Et pour nous, c’est la même chose : nous devons répondre à l’amour de Dieu par un amour pour lui.

A contrario, le jeune riche qui voulait savoir ce qu’il fallait faire pour avoir la vie éternelle (ce que Jésus promet à ceux qui le suivent : « Je leur donne la vie éternelle ».), l’évangéliste nous dit que Jésus l’aima, mais le jeune homme riche n’a pas répondu à son amour, lui préférant ses « grands biens ».

Aimons Dieu, entretenons notre relation avec lui par la prière et la lecture de la Parole, et cessons d’être craintifs. Avec l’aide de l’Esprit Saint, soyons témoins de Jésus ressuscité afin que « le troupeau parvienne, malgré sa faiblesse, là où son Pasteur est entré victorieux » (prière d’ouverture), c’est-à-dire dans la vie éternelle

Seigneur Jésus,

Nous voulons tous faire partie de ton troupeau,

mais ton exigence d’amour envers toi

plus que toute autre chose

est parfois difficile pour nous.

Tant de tentations s’offrent à nous !

Heureusement que tu viens vers nous

pour nous ramener dans ton troupeau !

Francis Cousin    

 

 

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Audience Générale du Mercredi 1er Mai 2019

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 1er Mai 2019


Frères et sœurs, nous arrivons maintenant à l’avant dernière invocation du “Notre Père” : « ne nous laisse pas entrer en tentation » (Mt 6,13). Malgré les difficultés à traduire de manière exacte l’expression du texte grec des Évangiles, il existe un point de convergence : Dieu ne se tient pas en embuscade pour tendre des pièges à l’homme. Les chrétiens n’ont rien à voir avec un Dieu jaloux, qui s’amuserait à mettre l’homme à l’épreuve. Bien au contraire : le Père n’est pas l’auteur du mal et il se tient aux côtés de l’homme pour le combattre et l’en libérer. Et, c’est dans ce sens que nous prions le “Notre Père”. Ainsi, l’épreuve et la tentation ont été présentes dans la vie de Jésus lui-même. Dans cette expérience, Le Fils de Dieu s’est fait notre frère et en lui, Dieu s’est manifesté comme le “Dieu-avec-nous”. De fait, Jésus a déjà combattu pour nous la tentation du pouvoir absolu sur tout et sur tous. De même, à l’heure de l’agonie, si l’homme dort alors que Dieu, en Jésus, lui demande de ne pas l’abandonner, Dieu lui veille quand l’homme est confronté à cette épreuve. Il descend jusque dans nos abimes et nos souffrances. C’est notre réconfort à l’heure de l’épreuve : savoir que cette vallée n’est plus désolée, mais qu’elle est bénie par la présence du Fils de Dieu qui ne nous abandonnera jamais.

Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France et d’autres pays francophones, en particulier les pèlerins de Troyes, les membres de l’Aumônerie Hmong de France et ceux des Foyers de Charité, ainsi que les jeunes venus de Carcassonne, Laval, Montpellier, Paris. A l’heure de l’épreuve et de la tentation, que le Seigneur nous manifeste sa présence et qu’il nous aide à nous abandonner confiants dans l’amour du Père. Que Dieu vous bénisse !




JUSTIN DE NEAPOLIS

         Né au début IIème siècle à Flavia Neapolis (actuelle Naplouse en Cisjordanie), Justin est l’un des auteurs majeurs de la pensée chrétienne antique. Appelé également Justin Martyr ou Justin le philosophe, il voit le jour dans une famille polythéiste et se décrit lui-même comme incirconcis et d’ascendance samaritaine (bien qu’il ne manifeste aucune connaissance des rites samaritains). Il est considéré parmi les plus grands apologètes de la littérature patristique. Son œuvre parvenue jusqu’à nous se compose de deux ouvrages essentiels : les Apologies et le Dialogue avec Tryphon. Ayant créé une école de philosophie chrétienne à Rome dans les années 150, Justin reste célèbre pour avoir notamment formé Tatien – auteur du Diatessaron (fusion des Évangiles en un unique ouvrage) et d’un Discours aux Grecs – demeuré lui-même connu pour avoir versé dans l’hétérodoxie dite « encratite » répugnant à tout acte charnel et prônant l’abstinence absolue. Justin est jugé et condamné à la décapitation – probablement en 165 – par le Préfet Junius Rusticus à Rome, ainsi que six de ses probables disciples.

         L’œuvre de Justin est d’une remarquable richesse et permet de placer la défense de la foi chrétienne sur deux plans distincts : la démonstration auprès de l’Empire (notamment Antonin le Pieux et Marc-Aurèle) et la démonstration auprès du judaïsme pharisien (représenté par le personnage de Tryphon). Ses écrits ont laissé deux traces fort importantes pour l’appréciation des historiens, à savoir la séparation quasi-définitive entre christianisme et judaïsme et la plus ancienne description connue de la célébration eucharistique. En tant que défenseur, Justin ne s’est pas contenté d’exonérer les Chrétiens des accusations portées contre eux ; il a également démontré de manière philosophique (en se référant notamment à Platon) que la foi dans le Christ était l’aboutissement parfait de la connaissance du Divin, par la pratique de la justice dans la foi et non par une attitude passive. D’autre part, on estime qu’il est à l’origine de la définition de ce qu’est la succession apostolique. D’autres œuvres de Justin sont connues mais perdues, telles que le Syntagma, le probable premier catalogue de croyances déviantes (« hérésies ») au sein du christianisme de cette époque. Il convient également de souligner que des œuvres ont été faussement placées sous son nom (Pseudo-Justin).

         La lecture des ouvrages de Justin est indispensable à toute personne souhaitant développer ses connaissances sur le christianisme antique au moment où celui-ci peut être considéré comme détaché de ses racines judéennes. Pour le croyant, ces écrits sont une source inépuisable d’arguments permettant de consolider les fondements spirituels de la foi, notamment aux yeux des détracteurs du Christ.

Bibliographie élémentaire

 

  • JUSTIN DE NEAPOLIS, Apologie, C. Munier (éd. et trad.), Paris, Cerf, 2006.

  • JUSTIN DE NEAPOLIS, Dialogue avec Tryphon, B. Pouderon (éd. et trad.), in Premiers écrits chrétiens, La Pléiade, Paris, Gallimard, 2016, pp. 400-573.

  • E. NORELLI, C. MORESCHINI, Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine, T. I, Genève, Labor et Fides, 2000 pp. 240-246.

  • S.-C. MIMOUNI, P. MARAVAL, Le Christianisme, des origines à Constantin, Paris, PUF, 2006, pp. 395-396.

Extraits

 

[…] Après la présentation du pain et d’une coupe d’eau, comme le font les adeptes de Mithra, désormais nous nous remémorons toujours ces choses entre nous ; ceux qui ont du bien viennent en aide à tous ceux qui sont dans le besoin, et nous nous sommes toujours entre nous. Pour toute nourriture que nous prenons, nous bénissons le créateur de l’univers par son Fils Jésus-Christ et par l’Esprit saint. Au jour que l’on appelle « jour du Soleil », tous, qu’il demeure en ville ou à la campagne, se réunissent en un même lieu ; on lit les Mémoires des Apôtres ou les écrits des prophètes, aussi longtemps que c’est possible. Puis, quand le lecteur a fini, le président de l’assemblée prend la parole pour nous admonester et nous exhorter à imiter ces beaux enseignements. Ensuite, nous nous levons tous ensemble et nous adressons (à Dieu) des prières ; et, comme nous l’avons dit plus haut, lorsque nous avons achevé la prière, on apporte du pain, du vin, et de l’eau, et le président, pareillement, fait monter prières et actions de grâce, de son mieux, et le peuple exprime son accord en proclamant l’Amen. Puis on fait pour chacun la distribution et le partage de l’eucharistie ; on envoie leur part aux absents par l’intermédiaire des diacres. Ceux qui ont du bien et qui le veulent donnent librement ce qu’ils veulent, chacun selon son gré ; ce qui est recueilli est mis en réserve auprès du président

Apologie I, 67.

 

On nous dira peut-être : « Donnez-vous tous la mort à vous-mêmes. C’est le chemin pour aller à Dieu : vous nous épargnerez la besogne. » Je dirai pourquoi nous n’agissons pas ainsi et pourquoi nous confessons sans crainte notre foi devant les tribunaux. Notre doctrine nous enseigne que Dieu n’a pas fait le monde sans but, mais pour le genre humain : il aime ceux qui cherchent à imiter ses perfections, comme nous l’avons dit antérieurement ; il déteste ceux qui font le mal en parole ou en œuvre. Si nous nous donnons tous la mort, nous serons cause, autant qu’il est en nous, qu’il ne naîtra plus personne, qu’il n’y aura plus de disciples de la loi divine, et même qu’il n’y aura plus d’hommes. Agir ainsi, c’est aller contre la volonté de Dieu. Devant les juges, nous ne nions pas, parce que nous avons conscience de n’être pas coupables ; nous regardons comme une impiété de ne pas dire en tout la vérité ; car c’est là ce qui plaît à Dieu : nous désirons aussi vous délivrer de vos injustes préjugés

Apologie II, IV

 

— La philosophie fait-elle le bonheur ?
— Oui, lui dis-je, elle seule.
— Qu’est-ce donc que la philosophie, reprit-il, et le bonheur qu’elle procure ? Dis-le moi, si c’est possible.
— La philosophie, répliquai-je, c’est la science de l’être et la connaissance du vrai ; et le bonheur, c’est le prix de cette science et de cette sagesse.
— Mais qu’appelles-tu donc Dieu ? dit-il.
— Ce qui est toujours identique en soi et qui donne l’être à tout le reste, voilà Dieu.
— Mais connaître Dieu et l’homme, est-ce la même chose que savoir la musique, l’arithmétique, l’astronomie ou quelque chose de semblable ?
— Pas du tout.
— C’est donc que tu ne m’as pas bien répondu, reprit-il. Celles-ci, nous les acquérons par l’étude ou quelque genre de travail, mais pour le reste, nous en avons la science par l’intuition. Si l’on venait te dire qu’il y a en Inde un animal qui ne ressemble à aucun autre, qu’il est de telle ou telle manière, qu’il est multiforme et multicolore, tu ne pourrais cependant le connaître avant de l’avoir vu et tu n’en pourrais même pas parler si tu n’avais entendu celui qui l’a vu.
— Non, certes, dis-je.
— Comment donc, reprit-il, les philosophes peuvent-ils avoir sur Dieu une idée juste et une parole vraie, alors qu’ils n’en ont pas la science, puisqu’ils ne l’ont ni vu, ni entendu ? La force de notre esprit est-elle d’une telle nature et si grande, qu’elle le rende aussi prompt à connaître que le sens ? Ou bien l’esprit de l’homme verra-t-il jamais Dieu sans être revêtu de l’Esprit Saint ? Pouvons-nous avec notre esprit saisir le divin et dès à présent trouver le bonheur ?

Dialogue avec Tryphon III, 4.

Il est facile de se convaincre que personne au monde n’est capable d’effrayer un véritable Chrétien et d’en faire un vil esclave de la crainte. Qu’on nous frappe du glaive, qu’on nous crucifie, qu’on nous livre aux bêtes, aux flammes, à toutes les autres tortures : on ne peut nous empêcher de confesser le nom de Jésus-Christ, ainsi que vous le voyez. Plus on nous fait souffrir, plus on nous persécute, plus il naît au nom de Jésus des Chrétiens fidèles et dévoués. Nous ressemblons à la vigne dont le fer coupe quelques branches fécondes, et qui répare cette perte par d’autres branches plus belles et plus fécondes encore. La vigne plantée par le Dieu tout-puissant et par le Dieu sauveur, c’est le peuple qu’il s’est formé. Pour le reste de la prophétie, il aura son effet au jour du second avènement.

Dialogue avec Tryphon CX, 4-5

                                                                      Yannick LEROY




Comme c’est beau ce que je vois !

Voici un témoignage du Père Hubert LELIEVRE :

« J’entre dans la chapelle et trouve un homme à genoux, effondré.

Je m’approche de lui. Il s’assoit. Je fais de même.

Je reste en silence.

Il pleure. Longuement.

J’ai l’impression qu’à côté de moi le monde vient de s’écrouler sur les épaules d’un homme. Presque physiquement, le poids du monde semble ne s’être déchargé « que » sur ses épaules. Il est là. Totalement abattu, anéanti.

Je pose ma main sur son épaule et demeure en silence. Je prie.

Je demande à la Vierge Marie de l’envelopper de sa tendresse de Mère.

Après plus d’une demi-heure, j’entends le son de sa voix :

« Pour une nuit… Une nuit » martèle-t-il ! Il pleure à nouveau.

Puis il reprend : « Tu te rends compte ?… une nuit ! »

Avant de poursuivre : « Merci d’être là. »

Comment t’appelles-tu ?

« Luigi… Tu sais ce qui m’arrive ? »

Non.

« Depuis un moment, je n’étais pas bien. Alors j’ai fait des examens de sang. Et le médecin m’a proposé de faire le test du sida. Je l’ai fait. »

Et maintenant ?

« Je sors de chez le médecin. Il vient de m’annoncer que j’ai le sida. C’est terrible. Pour une nuit… Ça me coûte cher ! »

Luigi pleure à nouveau.

Veux-tu qu’on en parle ?

« J’avais 20 ans lorsque je me suis laissé entraîner un soir, dans une discothèque. Je m’ennuyais. Avant, je n’avais jamais été en discothèque. Et puis, j’ai bu un verre. Puis deux, trois, etc. Tu te laisses entraîner, tu sais. Tout est fait là dedans pour te détruire, t’entraîner même là où tu ne voudrais pas aller. J’ai eu tort d’y mettre un pied. En entrant, tu te dis « ça, je ne le ferai pas ! » Mais en fait, tu te laisses prendre par l’ambiance, les couleurs, la boisson, la musique à fond. Tu n’es plus toi-même. »

Peut-être y avait-il quelque chose au fond de ton verre…

« De la drogue ? »

Oui

« Pour d’autres c’est arrivé. On me l’avait raconté.

Pour moi, je ne pense pas. Je me suis retrouvé dans les bras d’une fille, entraîné, aliéné par l’alcool… puis dans un lit. Et, le lendemain matin, j’ai trouvé sur le pare brise de ma voiture une carte de visite. »

Qu’est-ce qui était écrit dessus ?

« Bienvenue au club ! » Je ne voulais pas y croire.

Maintenant, tout s’éclaire d’un coup.

Mon Père… c’est terrible. Je suis croyant. J’ai été baptisé. J’ai fait ma première Communion. Puis, très vite, plus rien. Tu te laisses prendre par la vie, les amitiés, etc. Mais au fond de moi, je crois. J’ai toujours cru en Dieu. Mais je ne vivais pas ma foi. J’ai cependant continué de prier, même si ça fait bien longtemps que je ne vais plus à la Messe. J’ai travaillé jusqu’à ce jour. Et puis, me voilà avec le sida. Pourquoi moi »

Alors, pourquoi toi, je ne sais pas.

« Quelle aurore pour vaincre la mort »

Tu sais, Luigi, cette aurore existe. Elle porte un nom. C’est une personne : c’est Jésus.

Cette aurore est le Matin de Pâques. Jésus ayant offert Sa vie détruit la mort par Sa propre mort, définitivement. Pour nous ouvrir à la vie. Définitivement. Sa Résurrection, même si je ne peux pas tout comprendre de ce Mystère, est un fait concret qui ouvre notre cœur, notre vie quotidienne à l’Espérance.

« Confesse-moi ! »

Cette aurore, ce matin : c’est pour toi, aujourd’hui…

« Maintenant ? »

Oui

« Avec mon sida ? »

Et alors ?

« Aide-moi à me confesser. Cela fait plus de 20 ans, je crois. Voilà, je m’accuse et demande pardon à Dieu du fond de mon cœur, pour »…

Va en paix.

« Merci mon Père. Comme je suis heureux.

Tu crois que ce sera beau au Ciel ? »

Oui, j’en suis certain.

Luigi aime passer de longues heures dans la Chapelle, chaque jour. Il prie son chapelet devant la belle statue de Notre-Dame portant l’Enfant Jésus dans ses bras.

Il restait cinq à six heures chaque jour pour l’Adoration Eucharistique. Un jour, je lui ai demandé pourquoi il restait autant de temps. Il m’a répondu :

« Il me guérit. »

L’état de santé de Luigi ne cesse de s’aggraver. Je lui porte désormais la Communion dans sa chambre.

Le 13 août, l’aube est à peine levée lorsque Luigi m’appelle. Il me dit :

« Aujourd’hui, j’irai au paradis, reste avec moi. »

En fait, je reste un moment avec lui puis je fais ma tournée du matin, car d’autres malades sont à l’agonie. Je reviens un peu plus tard.

Il est 11h30. Luigi me demande de prier le chapelet.

Trois membres de sa famille sont présents. Ave après Ave nous prions la Mère de Dieu, d’être présente « maintenant et à l’heure de notre mort ». Luigi murmure les Ave, lentement. Puis, le dernier « Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit. »

Les yeux de Luigi se ferment, paisiblement.

Son visage s’éclaire de la Lumière dont son âme est désormais revêtue.

Dans mon cœur, je l’entends me dire : « Comme c’est beau ce que je vois ! »

Dehors, les cloches sonnent.

C’est l’Angélus. »

 

Extrait du livre du Père Hubert LELIEVRE, « Je veux mourir vivant », Editions de l’Emmanuel

Troisième prêtre d’une famille de 7 enfants, Hubert Lelièvre fait ses études en France et est ordonné prêtre pour le diocèse de Rome, par le Cardinal Ugo Poletti, en la fête du Rosaire, le 7 octobre 1989.
Il est nommé vicaire dans la paroisse Saint François d’Assise, dans le quartier romain d’Acilia, une paroisse pauvre et ouvrière, très touchée par la drogue. Ensuite il sera nommé vicaire dans le quartier de Cineccittà assurant les premiers pas d’une nouvelle paroisse. En septembre 1995, il rejoint l’hôpital romain des malades du Sida, et rencontre plus de 3000 visages rencontrés au cours d’une expérience unique.

Témoignage découvert et retranscrit par Noéline FOURNIER.




3ième Dimanche de Pâques ( Jean 21, 1-19) :  « Auriez-vous quelque chose à manger ? »(Francis Cousin)

 

« Auriez-vous quelque chose à manger ? »

Jésus est là, au bord du lac de Tibériade … mais les disciples ne le savaient pas. Ils avaient passé toute la nuit à pécher … sans rien prendre. Ils étaient dans l’échec.

Jésus les hèle : « Auriez-vous quelque chose à manger ? ». Ils répondent par la négative.

Jésus leur donne alors un conseil pour la pèche. Ils auraient pu l’envoyer balader : « De quoi se mêle-t-il, celui-là ? On est des pros ! y’a rien, point barre. ». Malgré tout, désabusés, ils suivent ses conseils …

Bonne initiative ! Le filet est plein !

Mais c’est anormal. Cela ne devrait pas arriver, surtout comme cela, tout de suite. Il n’y en a qu’un qui peut faire cela : « C’est le Seigneur ! ». Jean l’a compris, et le dit.

Pierre, toujours impétueux, plonge dans l’eau et nage vers le rivage … tandis que les autres ramènent péniblement la barque freinée par le poids du filet.

En arrivant au rivage, surprise ! celui qui demandait de quoi manger a déjà mis des poissons à griller sur le feu !! Et il y a même du pain !

Mais pour que cela ne gêne pas ceux qui viennent de pécher selon ses indications, Jésus demande aux disciples de lui donner quelques-uns de leurs poissons.

On ne sait pas ce qu’ont pensé les disciples en voyant cela. Peut-être certains se sont dit : « Il se moque de nous ! Il nous demande à manger, nous fait pêcher des poissons, et quand on arrive, il y en a déjà sur le feu ! ».

En fait, ce n’était pas pour lui que Jésus demandait à manger, mais pour eux-mêmes. Jésus ne pensait pas à lui ; il pensait à eux. Comme il le fait tout le temps.

Jésus ne pense jamais à lui : il pense à son Père, et il pense aux hommes, pour donner aux hommes ce que son Père veut pour eux. Jésus fait un peu le rôle d’une interface entre le Père et nous … interface ô combien efficace … bien plus que nos modules d’ordinateur …

Puis Jésus les invite à manger : « Venez manger. ». Ils partagent le poisson grillé … et ils « partagent le pain » … que seul Jésus avait amené. Après la cène du jeudi saint, le pain partagé n’a plus tout à fait la même signification pour les disciples qu’avant …

Que retenir ?

Que Jésus est toujours là, présent, auprès de nous ; même quand on ne s’y attend pas. Même quand nous sommes au cœur de nos nuits, quand rien ne marche pour nous, quand nous sommes perdus, désabusés, déboussolés … Jésus est toujours à côté de nous … mais on n’y pense pas toujours, on l’oublie … ou alors on dit : « Seigneur, je n’en peux plus, viens m’aider, fait quelque chose pour moi ». Mais on ne l’entend pas quand il nous parle, nous donne des conseils … ou alors on les trouve superflus et inadaptés : « cela ne marchera jamais ». On attend que Jésus fasse pour nous, alors que c’est nous qui devons faire avec lui, selon ses conseils …

Que Jésus prend soin de nous, tout en nous donnant l’impression que c’est nous qui prenons soin de lui … et c’est parfois ce que nous pensons …

Que Jésus nous donne toujours plus qu’il ne faut. Il le fait par amour pour nous (Quand on aime, on ne compte pas !), et le don de Dieu n’est jamais du gaspillage. 153 poissons pour seulement 8 personnes ! C’est pareil que pour la multiplication des pains : douze paniers de restes ! Et c’étaient les mêmes ingrédients que pour ce repas-là : du pain et des poissons … même si les proportions ne sont pas les mêmes …

Que c’est lui qui nous invite à partager le repas, à l’Eucharistie, mais il nous demande de participer à l’apport des victuailles … fruits de la terre et du travail des hommes …

Jésus nous laisse une place. Il ne veut pas tout faire seul. Il veut que nous travaillons avec lui, pour lui. Que nous soyons véritablement co-créateurs. La venue du règne de Dieu sur terre, c’est notre affaire : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples … » (Mt 28,19) … enfin, pas vraiment car c’est lui qui fait presque tout, en nous aidant, en nous aiguillant, en nous aiguillonnant aussi parfois, … avec l’aide de l’Esprit Saint.

Sachons reconnaître son action, et n’ayons pas peur de dire, à l’instar de Jean, quand quelque chose d’inattendu nous arrive, qui nous guérit d’un travers ou nous sauve d’un accident (ou nous l’évite) : « C’est le Seigneur ! », ou « C’est la Providence ! Le Saint Esprit ! » … et ensuite de dire : « Merci Seigneur ! Merci mon Dieu ! »

Seigneur Jésus,

merci d’être toujours présent près de nous

dans nos nuits de désert, de tracas ;

de nous donner des conseils

tout en nous laissant libres de les suivre ;

de nous inviter à ta table maintenant

et au banquet des noces de l’Agneau.

Permet que nous entendions ta voix

et que nous te suivions.

Francis Cousin    

 

 

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Image dim Pâques C 3°