On sent bien, à travers l’évangile de ce jour, que nous nous approchons de l’Ascension (« D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus. ») et de la Pentecôte ([Le Père] vous donnera un autre Paraclet … l’Esprit de vérité.).
« Si vous m’aimez …». Il ne s’agit pas ici d’aimer de manière sentimentale. Jésus n’a que faire des fans ou des groupies, ou du nombre de ‘j’aime’ sur un compte facebook ; L’amour qu’on a pour lui doit se traduire dans nos comportements, pour nous-mêmes et envers les autres : « … vous garderez mes commandements », « …vous garderez mes paroles ». Et garder, cela ne veut pas dire mettre dans un placard, ou enfouir dans la terre comme le ‘mauvais serviteur’ de la parabole des talents. Il s’agit de faire fructifier ces paroles, les garder pour les redonner, pour les mettre en pratique.
Et pour Jésus, c’est tellement important qu’il redit la même chose d’une autre manière : « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ». Et il va encore le redire, en positif et en négatif un peu plus loin. L’amour qu’on a pour Jésus ne peut se manifester que dans l’observance de ses commandements.
Et ses commandements sont principalement : « Aimez-vous les uns les autres », « Faites cela en mémoire de moi », « Allez ! De toutes les nations faites des disciples » (Mt 28,19), qui sont tournés vers les autres.
Pour aider ses disciples, Jésus demandera au Père de nous envoyer « un autre Paraclet qui sera toujours avec vous : l’Esprit de vérité ».
Un autre Paraclet, l’Esprit-Saint, qui vient pour soutenir les humains dans leur démarche de témoins de Jésus, envoyé à la demande de celui-ci, qui est le premier Paraclet venu dans le monde par la volonté du Père et la puissance du Saint Esprit. Le premier Paraclet, Jésus, nous a donné la Bonne Nouvelle, par sa Parole et pas ses actes, et il est « avec [nous] tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,20). Le second est là qui « [nous] enseignera tout, et [qui nous] fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14,26).
L’un et l’autre Paraclet, le Fils et l’Esprit, sont toujours avec nous, avec ceux qui aiment Jésus, avec ceux qui croient en lui, tous les deux envoyés par le Père. Jésus dit : « Je suis en mon Père, (que) vous êtes en moi, et moi en vous. », et que l’Esprit « sera en vous ». Alors cela revient à dire que les disciples de Jésus deviennent pratiquement les Temples de la Trinité. Lourde responsabilité !
Parce que si les deux Paraclets sont avec nous, en nous, UN avec le Père, ce n’est pas pour qu’on se dire ‘Je suis bien’, pour qu’on ne pense qu’à soi, mais qu’au contraire nous nous tournions vers les autres pour annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, en paroles et surtout en actions. Et il est important que tous les chrétiens soient, non seulement baptisés, ayant avec eux le premier Paraclet, mais qu’ils soient aussi confirmés pour recevoir en plénitude l’Esprit de Dieu en eux.
Comme ce fut le cas avec le diacre Philippe dans une ville de Samarie (1° lecture) où les gens « entendaient parler des signes qu’il accomplissait, ou même les voyaient », mettant « dans cette ville une grande joie ». Il n’avait pas eu peur d’aller dans une région où les habitants étaient mal vus des juifs qui considéraient leur religion comme bâtarde, mélange de paganisme et de judaïsme, et il avait eu grand succès, baptisant beaucoup de personnes. Mais celles-ci n’avaient pas reçus la plénitude de l’Esprit, que seuls les apôtres, ancêtres des évêques, avaient la possibilité de donner. C’est pourquoi Pierre et Jean allèrent dans cette ville pour leur donner l’Esprit par l’imposition des mains.
Il est vrai qu’il n’est pas toujours facile d’avoir l’audace d’affirmer sa foi. Même si c’est sans doute moins dangereux que dans les premiers temps de l’Église. Encore que, dans certains pays, il faut vraiment avoir la foi pour oser s’affirmer chrétien, au risque de se retrouver en prison, ou pire, de trouver la mort. C’est pour encourager ces premiers chrétiens que Pierre (2° lecture) leur demande d’être fermes dans la foi, avec « une conscience droite », leur demandant d’être « prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous (…) Car mieux vaudrait souffrir en faisant le bien, si c’était la volonté de Dieu, plutôt qu’en faisant le mal. »
Voilà des recommandations que nous avons sans doute du mal à entendre, parce que nous sommes bien trop englués dans notre train-train quotidien, avec son confort et ses mirages. Nous avons oubliés que « le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête » et que la plupart des apôtres sont morts en martyrs.
C’est une grande invitation à nous bouger, à nous remuer, à quitter nos ‘basses eaux’, … en fait, à être de vrais chrétiens !