Mes chers amis, aujourd’hui « je vais tout vous dire », tout ce que vous auriez aimé savoir, tout ce que vous vous demandez au sujet la vie intime de Marie et de Joseph et que vous n’avez jamais osé demander. Vous savez en effet les innombrables questions que pose le récit que nous venons d’entendre.
En réalité, l’expression « homme juste » désigne « un homme qui vit pour Dieu ». C’est là le véritable homme juste selon l’Ancien Testament, non pas simplement celui qui respecte toutes les observances de la Loi, mais celui qui voit plus large, qui cherche à comprendre et à répondre au dessein de Dieu. L’homme juste est celui qui vit dans l’amitié et l’intimité divines. Et donc, il ne peut pas dévoiler ce qu’il sait, c’est-à-dire le « mystère » qui a surgi dans l’existence de Marie, le fait qu’elle est enceinte. Donc, si nous regardons le texte à la loupe, nous nous apercevons que Joseph savait. Qui l’avait mis au courant ? Était-ce Marie ? Un membre de la famille de Marie ? Peu importe. Et s’il ne voulait pas dévoiler le mystère, Joseph reconnaissait donc que « cela » venait de Dieu, qu’elle était effectivement enceinte de l’Esprit Saint. Mais comme il était juste et respectait le plan de Dieu, il ne voulait pas contrecarrer ce vouloir divin sur Marie, d’où la décision de s’en séparer secrètement, c’est-à-dire faire que le contrat juridique n’ait pas de suite et qu’il n’y ait pas de vie commune entre eux. C’est tout. Voilà le projet d’avenir de Joseph, cette réaction nous montre que cet homme n’était pas du tout quelqu’un qui n’aimait plus Marie ou qui la soupçonnait de l’avoir trahi. Il savait ce qui était arrivé à Marie. Et en homme juste, respectueux du dessein de Dieu et respectueux de Marie par la même occasion, il conclut simplement : « Si Dieu veut cela de Marie, je me retire, je n’ai plus rien à faire dans cette histoire ». Tel est le véritable problème de la paternité de Joseph. Et d’ailleurs quand on y réfléchit un peu, c’est l’évidence : si véritablement le contrat de mariage juridique avait l’importance que j’ai dite dans la tradition juive, il est peu vraisemblable qu’ils aient vécu complètement étrangers l’un à l’autre. Au contraire il y avait déjà une réelle intimité de cœur, d’affection entre eux. Et cet état de fait venait d’être complètement bouleversé par la conception virginale de Marie.
Or, c’est précisément parce qu’il a pris cette décision que Joseph a ce songe dans lequel l’ange lui parle de façon extrêmement claire et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas » c’est-à-dire : « Ne recule pas comme tu es en train de le faire devant le mystère qui s’accomplit en Marie ! Ne mets pas à exécution le dessein auquel tu as pensé ! » En réalité l’ange lui dit : « car certainement ». Ici le mot a été souvent très mal traduit, on interprète habituellement que c’est à ce moment-là que Joseph apprend que Marie est enceinte de l’Esprit Saint. Mais l’ange ne fait que confirmer ce que Joseph sait déjà de Marie. « Très certainement, ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint ». Autrement dit, Joseph n’a pas appris par l’ange ce qui était arrivé à Marie. L’ange est venu pour confirmer le fait. Mais, l’ange ajoute : « Elle enfantera un Fils et tu lui donneras le nom de Jésus ». C’est la caractéristique essentielle des pères : pour être père, il faut « la petite graine » et donner le nom. Les mères se chargent du reste. Bien sûr, ici il n’est question que du nom. Mais il y a le nom. Autrement dit, l’ange dit à Joseph : « Cet enfant, d’une certaine manière, est bien à toi, Il n’est pas de toi, mais Il est à toi ». Et c’est donc comme si l’ange lui suggérait alors : Joseph, ne romps pas le contrat de mariage car ce qui vient d’arriver entre dans le projet de Dieu. Tu aurais pu croire que toi, tu avais une idée et que Dieu en avait une autre et que Dieu était en train de te retirer celle que tu aimes tant. En réalité, le plan de Dieu se coule dans ce que vous avez décidé ensemble antérieurement. Il n’y a pas d’opposition fondamentale entre ce que vous aviez projeté ensemble (que tu la prennes pour épouse), et d’autre part ce que Dieu a accompli en elle (qu’elle soit enceinte de l’Esprit Saint) ».