« Seigneur, fais que je vois ! »

 

Le passage de l’Évangile de ce jour se passe à la sortie de la ville de Jéricho, sur le chemin qui mène à Jérusalem. C’est la dernière fois que Jésus emprunte ce chemin.

Quelque temps après, Jésus entrera à Jérusalem pour y être acclamé, le jour des rameaux, et ensuite y subir sa Passion, y mourir, et y ressusciter.

C’est la dernière action de Jésus, dans l’évangile de Marc, lors de son ministère itinérant.

Que s’est-il donc passé à la sortie de Jéricho ?

Imaginons un chemin, en terre battue, où passaient de temps en temps des charrettes ou un âne, mais le plus souvent des gens qui marchaient à pieds … et sur le côté du chemin, un homme, un mendiant, seul … un aveugle.

Mais pas n’importe quel mendiant aveugle … Il a un nom, contrairement à la plupart des personnes guéries par Jésus, l’évangéliste a retenu son nom, et même son ascendance : Bartimée, fils de Timée … et comme on nous dit à la fin qu’il « suivait Jésus sur le chemin », on peut penser qu’il a fait partie des disciples lors de la dernière semaine de Jésus sur terre … et même après …

Mais il est seul sur le bord du chemin … on ne parle pas de son père qui semble l’avoir abandonné. On ne parle pas d’amis non plus …

Il est aveugle, … mais pas sourd … et il sait ce qui se passe dans les environs … il a entendu parler de Jésus, un homme que beaucoup considéraient comme le Messie … Le fils de David … et qui guérissait des personnes …

Alors, quand ce jour-là, il entendit une foule qui passait devant lui et qui parlait de Jésus, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! ».

Et il dut parler fort, plusieurs fois.

À tel point que ceux qui suivaient Jésus en étaient incommodés. « Vas-tu te taire, tu nous dérange. Nous voulons écouter le Maître. ».

Ils n’avaient aucune empathie pour Bartimée, celui-là même qui demandait qu’on prenne pitié de lui … Ils ne pensaient qu’à eux …

Mais Bartimée criait encore plus fort : « Fils de David, prends pitié de moi ! ».

Cette fois-ci, Jésus l’entend. Il s’arrête, et demande qu’on le fasse venir …

« Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. » (Ps 33,7)

Jésus a entendu l’appel au secours ; plus rien d’autre n’a d’importance que de venir en aide à celui qui l’appelle. Dieu répond toujours à celui qui l’appelle et il nous écoute avec attention … même si sa réponse n’est pas toujours celle que nous attendons … mais c’est toujours celle qui est la meilleure pour nous …

On assiste alors à un retournement de situation : Ceux qui voulaient faire taire Bartimée s’empressent auprès de lui, l’encouragent, se mettent de son côté : c’est le maître qui l’appelle …

Mais Bartimée n’a pas besoin d’encouragement : il jette son manteau, il sait qu’il n’a plus besoin de lui, (c’était sa ’’demeure’’), il sait déjà qu’il sera guéri, il est dans l’espérance d’une nouvelle vie, il bondit comme un voyant et cours vers Jésus …

Vous avez déjà vu un aveugle bondir et courir sans aucune aide ? Jamais !

C’était son acte de foi …

Attiré par Jésus comme par un aimant … attiré par l’Amour de Jésus pour lui !

Et Jésus, humblement, lui demande : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ».

Cela parait incongrue comme demande … Que peut désirer le plus un aveugle ? ce qui lui manque depuis toujours : la vue ! cela semble évident … Mais Jésus, en demandant cela, se fait proche de Bartimée : c’est pour lui, à sa demande qu’il agit.

Et Bartimée l’a bien comprit qui lui répond affectueusement : « Rabbouni, que je vois ! »

Il en fut ainsi … et Bartimée suivit Jésus sur le chemin … et non plus à côté !

Aie pitié de moi, Seigneur,

qui ne te vois pas sur le bord du chemin.

Aie pitié de moi, Seigneur,

pour mon manque de foi.

Aie pitié de moi, Seigneur,

qui n’ose pas t’interpeller.

Aie pitié de moi, Seigneur,

quand je rabroue les autres.

 

Aie pitié de moi, Seigneur,

quand je ne vois pas ton amour pour moi.

Aie pitié de moi, Seigneur,

quand j’ai peur de partir à ta suite.

Aie pitié de moi, Seigneur.

 

Francis Cousin          

       

       

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