Il m’avait été dit : »Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre, c’est Lui qui baptisera dans l’Esprit ! » et moi je baptise dans l’eau.
Si on y réfléchit, le baptême du Christ, c’est exactement cela. Il y a conjonction entre la voix du Père et le fleuve du Jourdain. La « voix du Père retentit sur les eaux » et les eaux du Jourdain, habituellement symbole de la mort, de la désorganisation, de la menace, de l’inorganique, sont subitement maîtrisées. Parce que la voix du Père résonne sur les eaux du Jourdain, la conjonction des deux éléments s’opère. Mais, alors que dans les autres créations, création du monde, création du peuple, la terre était l’élément intermédiaire qui apparaissait entre les deux, ici, entre les deux c’est la chair du Christ qui se présente. Le peuple n’entre plus dans la Terre Promise, mais ce qui est à la jonction de la voix du Père, de l’Esprit qui tombe et de l’eau, c’est la personne, c’est la chair du Christ, c’est le Messie. Autrement dit, le baptême c’est notre création messianique, c’est la re-création messianique de l’univers. Et c’est pour cela que ce baptême est si central. C’est le premier moment où l’univers surgit, par la chair du Christ, à l’existence messianique. On comprend qu’alors la personne même de Jésus devient le centre de convergence d’une part du Jourdain symbolisant l’inorganique avec la tête du dragon qu’Il est en train de piétiner dans les eaux, et d’autre part de la voix du Père qui tombe du ciel, « des cieux qui s’ouvrent » et du souffle de l’Esprit qui s’empare de la chair du Christ pour qu’Il devienne Celui qui va annoncer à tout homme que la création recommence. Maintenant, c’est l’aventure de la nouvelle création. Et au lieu qu’apparaisse simplement une terre sèche, comme au début du monde, au lieu qu’apparaisse simplement une terre pour le passage de l’Exode, au lieu qu’apparaisse simplement une terre qui est promise par le passage du Jourdain, ici, la nouvelle terre, c’est la personne même du Fils de Dieu incarné.