Évangile selon Saint Matthieu 22, 15-21
« Rendez à César ce qui est à César,
et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Certains ont voulu voir dans cette affirmation de Jésus une volonté de séparation entre ce qu’on appelle le domaine temporel et le domaine spirituel. Et c’est une idée qui prend de plus en plus d’importance.
Nous vivons dans un monde où certains voudraient que le monde politique soit totalement séparé du Royaume des Cieux ou de l’Église, un monde où on voudrait opposer la vie publique et la vie privée, la vie communautaire et la vie personnelle, la vie sociale et la vie spirituelle.
Or c’est impossible ! On ne le peut pas, aussi bien personnellement, pour chacun, que collectivement, pour la paroisse ou l’Église.
Parce que chacun d’entre nous vit sa vie privée à l’intérieur de la vie publique, avec d’autres personnes, et que notre foi doit rejaillir dans tout ce que nous faisons, c’est-à-dire y compris ce que nous faisons avec ceux qui ne croient pas en Dieu, ou à notre Dieu.
Il en est de même pour notre vie communautaire, en paroisse ou en mouvements. Elle se vit aussi dans l’espace public, et on ne peut rester côte à côte comme des « chiens de faïence », sans se parler ou faire des choses ensemble. Nous sommes obligés de travailler avec les autres, pour les autres, y compris avec ceux qui représentent le fonctionnement du monde : les hommes politiques, les élus, les administrations.
Combien de paroisses du diocèse ont mis en place des « groupes » de solidarité, ouverts à tous, parfois même mis en place conjointement par la paroisse et la commune, utilisant les locaux de la paroisse, et tous travaillant en lien avec les Caisses Communales d’Actions Sociales …
Combien de mouvements s’occupent de personnes en difficulté, des chômeurs, des drogués, des alcooliques, des personnes en perte de repères, des personnes seules, des familles quelques soient leurs « liens » … y compris des mouvements classés comme « mouvement en prière » !
Le Secours Catholique aide les personnes en difficulté qui viennent les voir, mais ne demande pas leur certificat de baptême … et son action est reconnue par les pouvoirs publics puisque beaucoup de CCAS y envoient des personnes, et que depuis quelques années les bénévoles sont invités à participer au défilé du 14 juillet.
De même les écoles catholiques et les aumôneries … qui acceptent ceux qui viennent les voir, et qui cheminent avec eux, remplissant leurs rôles formels mais étant aussi des témoins et des missionnaires vis-à-vis de ceux qui ne croient pas à notre Dieu.
On ne peut pas, et on ne doit pas, vivre côte à côte sur des chemins parallèles. Cela ne peut pas exister, parce qu’il y a trop d’interconnections, de points communs, de carrefours entre le monde ‘public’ et le monde catholique. D’autant que parmi les hommes (femmes) politiques il y a des catholiques, que dans les administrations publiques il y a des catholiques … Nous ne pouvons pas vivre les uns sans les autres.
Ce qui ne veut pas dire que nous devons accepter n’importe quoi, histoire de ne pas ’’froisser’’ ceux qui ne pensent pas comme nous.
Parce que pour nous, Dieu est premier. Comme le disait sainte Jeanne d’Arc : « Messire Dieu, premier servi ». Et on pourrait reprendre pour chacun de nous les paroles de saint Paul dans la deuxième lecture, en les mettant sous forme impérative : « Que votre foi soit active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tienne bon en notre Seigneur Jésus-Christ, en présence de Dieu notre Père … avec la puissance, l’action du Saint-Esprit. ».
Ce qui nous oblige parfois à affirmer notre différence, comme par exemple pour dire notre opposition à la Procréation Médicalement Assistée (PMA) non médicale, mais de confort, pour avoir droit à un enfant même si c’est impossible biologiquement … Pour dire notre opposition à la Grossesse Pour Autrui (GPA) parce que c’est réduire un enfant à une marchandise qui se paye, au lieu d’être le fruit d’un amour de deux personnes complémentaires … Pour dire notre opposition à l’avortement et à l’euthanasie parce que c’est supprimer une vie …
Et dire cela, et il faut le dire haut et fort, c’est aussi d’une certaine manière être missionnaire … et c’est important de la rappeler en cette fin de semaine missionnaire !
Seigneur Jésus,
si ta phrase peut surprendre,
elle ne veut pas dire qu’il n’y a aucun lien
entre le monde de César et celui de ton Père.
On peut vivre dans le monde
sans être du monde.
L’important est de mettre Dieu en premier
pour le bien de tous.
Francis Cousin
Pour accéder à une prière illustrée, cliquer sur le titre suivant : Prière dim ord A 29° A6
Si vous désirez une illustration du texte d’évangile commenté ce jour cliquer sur le lien suivant : Parole d’évangile semaine 17-43