En se détournant des idoles qui ne sont rien, et qui ne peuvent qu’apporter en retour du « rien », du « vide », du « néant », de « l’amertume », du « désespoir », et en se tournant vers Dieu, Israël ne pourra que se tourner vers l’Amour qui est éternellement recherche du seul bien de l’autre, de son bonheur, de sa Plénitude… C’est ce que déclare St Paul dans la seconde lecture : « le Christ a aimé l’Église », et à travers elle l’humanité tout entière : « il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier », elle, la pècheresse, « en la purifiant », elle, la souillée, « par le bain d’eau qu’une parole accompagne », c’est-à-dire le baptême et avec lui le Don de l’Esprit Saint. « Car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée » (Ep 5,25-27). Or, « le fruit de l’Esprit est joie, paix » (Ga 5,22), c’est-à-dire bonheur profond et durable, plénitude… Dieu veut notre bonheur, plus que nous-mêmes…
Et il est « avec nous », « tout proche » (Mc 1,15), et cela « jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20) pour nous aider à faire les bons choix, à nous détourner des idoles pour nous tourner vers lui… Et il sait à quel point, pour nous, pécheurs, l’attrait de ces idoles peut être fort, irrésistible même, si nous sommes laissés à nos pauvres forces qui ne se révèlent finalement qu’être faiblesses… Le Don gratuit de l’Esprit Saint, reçu au baptême, renouvelé à chaque eucharistie, nous est justement proposé pour que, avec Lui et grâce à Lui, nous puissions, jour après jour, encore et encore, faire le bon choix, celui non pas de l’égoïsme mais de l’Amour, non pas du repli sur soi mais de l’ouverture aux autres, non pas du « tout pour soi » mais aussi du don pour les autres… Renoncer à nos égoïsmes, aux idoles de ce monde, aux plaisirs éphémères qu’elles peuvent apporter, d’une manière ou d’une autre, telle est la seule vraie Croix : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix chaque jour, et qu’il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera. Que sert donc à l’homme de gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? » (Lc 9,23-25).
Et avec cette démarche de renoncement à l’égoïsme, à la seule recherche de soi, à l’orgueil, nous ne pouvons que passer de l’esclavage à la liberté (Jn 8,31-32; Ga 5,1), du mal-être à la perception, bien réelle car elle est « vie » et « paix », d’une Plénitude qui n’est pas de ce monde : « Que le péché ne règne donc plus dans votre corps mortel de manière à vous plier à ses convoitises. Ne faites plus de vos membres des armes d’injustice au service du péché; mais offrez-vous à Dieu comme des vivants revenus de la mort et faites de vos membres des armes de justice au service de Dieu. Car le péché ne dominera pas sur vous : vous êtes sous la grâce » (Rm 6,12-15), sous « l’Esprit de la grâce » (Hb 10,29), sous « l’Esprit Saint », « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63), le Don gratuit de ce Dieu qui est Amour, qui n’est qu’Amour et donc « Don de Lui-même » pour notre seul vrai bien… « Ils m’ont abandonné, moi la Source d’Eau Vive, pour se creuser des citernes, citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau »… Alors, « si quelqu’un a soif », nous dit Jésus, « qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! selon le mot de l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui » (Jn 7,37-39)…