Jésus et quatre de ses disciples – Simon, André, Jacques et Jean – entrent à Capharnaüm, une ville cosmopolite située au Nord-Ouest de la mer de Galilée, appelée encore Lac de Tibériade ou encore Lac de Gennésareth. C’est un lieu chargé d’histoire qui a été le théâtre de pêches miraculeuses, de la tempête apaisée, et c’est sur ces eaux que Jésus et Pierre ont marché, c’est sur une montagne environnante que Jésus a proclamé les Béatitudes. C’est déjà une église, en train de se constituer, qui se déplace pour évangéliser Capharnaüm, lieu symbolique de la « Galilée des païens ». L’évangélisation tient une place très importante dans la Bible et dans la mission de l’Eglise. Dans l’Ancien Testament, Dieu envoyait déjà des prophètes pour dire la parole de Dieu, annoncer la Bonne Nouvelle du salut par la conversion et le repentir, rappeler au peuple hébreux qu’il faut mettre en pratique les commandements du Dieu unique, faisant comprendre qu’il ne faut pas se tourner vers des idoles ainsi que nous le rappelle l’épisode du « Veau d’or » démoli par Moïse alors qu’il venait de recevoir les tables de la Loi. Devant la résistance de ce peuple à la « nuque raide », le premier texte d’aujourd’hui nous dit: « Yahvé ton Dieu suscitera pour toi, du milieu de toi, parmi tes frères, un prophète comme moi, que vous écouterez ». « Je leur susciterai, du milieu de leurs frères, un prophète semblable à toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai. 19 Si un homme n’écoute pas mes paroles, que ce prophète aura prononcées en mon nom, alors c’est moi-même qui en demanderai compte à cet homme ». Dieu parle ainsi à la manière des hommes pour les mettre en garde, mais pour ceux qui veulent mieux connaître ce Dieu en lisant la Bible, en se formant, par exemple à un institut d’étude catholique ou au Sedifop, un service de formation bien de la Réunion, et qui est affiché à l’entrée de l’église, ils apprendront qu’il ne faut jamais avoir peur de Dieu, car Dieu qui est Amour est aussi d’une Miséricorde infinie. C’est pour cela que les expressions telles que « Dieu va punir à ou », ou bien « ou va partir en enfer » n’ont pas lieu d’être. C’est la personne qui s’éloigne de Dieu qui fait lui-même son propre malheur, justement parce qu’il s’éloigne de Dieu. Si Dieu nous envoie un prophète, c’est que nous avons besoin d’un médiateur, et le médiateur par excellence est Jésus, porte-parole parfait de Dieu auprès des hommes et porte-parole parfait des hommes auprès de Dieu. –
Jésus, dès qu’il arrive à Capharnaüm, se dirige directement, comme à son habitude, à la synagogue. Dans l’évangile d’aujourd’hui, figurent en quatre fois le mot « enseigner – enseignement ». Pour Jésus, ce qui est premier c’est d’enseigner. Marc nous révèle rarement le contenu des enseignements de Jésus, mais il insiste sur l’originalité de l’enseignement de Jésus : son savoir surpasse largement celui de ces gens savants, de ces rabbins célèbres, de ces spécialistes des Ecritures que sont les Pharisiens et des scribes. Jésus enseigne avec autorité. C’est-à-dire qu’il enseigne en faisant grandir ceux qui l’écoutent, mais en même temps, ils surclassent tous les prédicateurs de l’époque et c’est ce qui frappait l’auditoire. Faire connaître Dieu et ses commandements, voilà ce qui importe. Jésus enseigne donc et c’est seulement après qu’il va s’occuper de l’homme possédé du démon. D’abord Dieu et ensuite on s’occupera du démon. C’est pour cela que lorsque nous avons des tentations de toutes sortes, et nous en avons à chaque instant de notre vie, il ne faut pas s’occuper du démon en premier, il faut d’abord recourir à Dieu par la prière et demander son aide pour ne pas succomber à la tentation. Dieu d’abord, ensuite le démon disparaîtra de nos pensées, de nos paroles, de nos mauvais sentiments, de nos coeurs avec l’aide de Dieu, de la Parole de Dieu, de Marie, de l’ange gardien etc…Evangéliser, c’est aussi témoigner de sa vie, de son combat, de la manière d’être ou de rester avec Dieu par une prière continuelle, de la façon dont on peut faire pour repousser l’action du mal en nous, de ne pas passer son temps à épier les défauts des autres, mais plutôt de chercher en profondeur nos propres défauts pour les offrir à Dieu. Il faut penser aux autres pour les aimer, pour les aider, pour les soutenir, pour les faire grandir, et penser à soi pour reconnaître nos petites misères et faiblesses, nos propres défauts profondément enracinés en nous, difficiles à détecter parfois, pour les dénicher et les terrasser afin d’être purifiés et libérés par le Christ qui nous apprend à aimer même ceux qui ne nous aiment pas, ceux qui luttent à mort contre nous. C’est l’exemple même du Christ au moment de sa Passion : jamais il n’a eu de la haine pour ses adversaires. Il a connu toutes sortes d’humiliation sans broncher. C’est cela qui fait aussi sa grandeur et c’est un exemple pour nous tous. Ce qu’il faisait à ce moment-là : il priait le Père. Sœur Faustine nous dit (P.68 – §92) : « l’humiliation est ma nourriture de chaque jour…Je tâche de me taire, car je me méfie de ma langue qui, en de tels moments, est encline à parler de soi, alors qu’elle doit me servir à louer Dieu pour tant de bienfaits et de dons accordés. Quand je reçois Jésus dans la Sainte Communion, je Le prie avec ferveur de guérir ma langue pour que par elle, je n’offense ni Dieu, ni le prochain. Je veux qu’elle ne cesse de rendre gloire à Dieu. Les fautes que commet la langue sont graves. L’âme ne parviendra pas à la sainteté si elle ne maîtrise pas sa langue ». Maitriser sa langue c’est maîtriser sa pensée, son cœur, ses actions. S’il y a encore des chrétiens qui ne comprennent pas la valeur de l’humiliation, il leur faudra souvent méditer sur la Passion du Christ, ou même sur l’attitude de Padre Pio lorsqu’un faux rapport sur ses authentiques stigmates a été remis au Pape. Padre Pio n’a pas dit un seul mot pour se défendre contre le faux rapport, et malgré les sanctions subies, il est resté d’un calme parfait, comme si de rien n’était, c’est ce que l’on appelle « l’obéissance silencieuse ». Comme pour le Christ et Padre Pio, il faut savoir rester digne dans l’humiliation alors qu’on est accusé à tort. Une victime est souvent comme un agneau, il ne peut rien pour se défendre, mais en même temps il ressemble à l’Agneau, l’Autre, Celui qui enlève le péché du monde.
De même, dans toutes les situations difficiles, ayons recours à Marie, notre Sainte Mère, à qui le Seigneur a confié la charge de nous protéger et de nous guider.