12ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN
Jésus vient de prononcer un discours sur les persécutions qui attendent les disciples en mission. La cause en est leur union au Christ. Et Jésus leur demande de ne pas craindre en trois fois.
Après la première invitation à ne pas craindre, il nous dit qu’il faut oser parler : « dites au grand jour, proclamez sur les toits » tout que Jésus nous dit « dans les ténèbres », c’est-à-dire ce qu’il nous chuchote à l’oreille, ce qu’il nous dit dans le secret de notre âme. Ainsi Dieu nous parle au fond de nous-mêmes, et il a un lieu privilégié qu’est l’Eucharistie ou encore le Saint Sacrement. A sœur Faustine, Jésus lui dit : « tu considéreras Mon amour dans le Saint Sacrement. Ici Je suis tout entier à ta disposition, Ame, Corps et Divinité, comme ton Epoux. Tu sais ce qu’exige l’amour : une seule chose, la réciprocité… ». L’Eucharistie ou le Saint Sacrement devient ainsi le lieu de rencontre avec le Christ. Il nous faut alors dialoguer avec Dieu, un dialogue de vérité avec le Christ qui se manifeste à nous dans l’Eucharistie (à la messe), à l’adoration du Saint Sacrement, à l’Heure Sainte où il est présent d’une manière spéciale, avec la vision de son corps vivant qu’est la sainte Hostie. Ne nous laissons pas détourner l’attention du Christ par ce qui se passe autour de nous, par les petites gloires entre amis, et Thérèse d’Avila nous dit (Chemin de la Perfection – Ch.XV –P.23 et 104s ) : « Une forme particulièrement affligeante de l’orgueil est le manque de jugement. Les personnes qui en sont affectées s’estiment plus sages que tout le monde. C’est là, à mon avis, un mal incurable, et il est bien rare qu’il ne soit pas accompagné de malice ». Restons centrés sur le Christ et uniquement sur Lui car lui seul est Vérité. Si cela nous est difficile, demandons Marie de nous aider à fixer notre regard sur son Fils, et à dialoguer avec Lui. Là encore, pas besoin de chapelet, pas besoin d’un livre de prières car aucune personne ne va à la rencontre de la personne qu’il aime avec une lettre d’amour écrite par quelqu’un d’autre. Dans ce moment de rencontre avec le Seigneur, nous avons à dialoguer avec Lui – non pas à réciter ou à lire des prières – mais à Lui dire tout ce que nous avons sur le cœur sans réfléchir, même nos révoltes, même nos doutes, même la vie difficile que nous pouvons avoir. La vérité à l’état pur. Parler ainsi à Dieu, c’est de la prière, prière qui vient directement du fond de notre cœur. Et nous apprendrons beaucoup de choses venant de Dieu lui-même, cela nous le verrons par les fruits que nous aurons au fur et à mesure, dans votre vie. Nous deviendrons alors témoins du Christ vivant parce qu’il nous aura changés, transformés, surtout dans nos rapports avec les autres et non pas figés dans nos mauvaises attitudes, comme si on était cloué par nos propres péchés. Alors, nous pourrons proclamer, sans aucune crainte et sans honte, notre foi, notre témoignage que Christ est vivant et qu’il nous aime tous. « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le au grand jour; et ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits ». Témoigner de sa vie de chrétien fera grandir le Corps mystique qu’est l’Église. Ajoutons ce que nous dit Thérèse d’Avila (« Chemin de la Perfection P.113-114 et 120) : « Que vous importera, une fois que vous serez entre les bras de Dieu, que le monde entier vous condamne? Il est puissant, et il peut vous délivrer de toutes les épreuves….Ne craignez pas qu’Il consente à ce que l’on parle contre vous, à moins que ce ne soit pour votre plus grand bien; car il ne saurait répondre si médiocrement à l’amour qu’on a pour Lui. …Tout notre mal vient de ce que nous n’avons pas le regard fixé sur le Seigneur… -… La première chose que fait le Seigneur, s’il les trouve faibles, c’est de leur donner du courage et de les rendre intrépides au milieu de toutes les croix ».
Après la deuxième invitation à ne pas craindre, il nous dit que ce ne sont pas les persécuteurs qu’il faut craindre, mais Dieu lui-même, parce que nous pouvons fermer notre cœur à son amour, à sa miséricorde, parce que nous pouvons refuser Dieu lui-même, préférer le péché à la pureté, en restant dans nos mauvaises habitudes. Les persécuteurs peuvent tuer notre corps, mais pas notre âme qui est tournée vers Dieu, tandis que se fermer à Dieu à l’exemple du persécuteur, refuser l’amour de Dieu qui est péché contre l’Esprit Saint, cela peut nous faire perdre notre âme, et donc la vie éternelle. Beaucoup d’entre nous peuvent se dire : « mais je ne me ferme à pas à l’amour de Dieu, et la preuve c’est que je prie, je viens à la messe, je communie, je participe… ». Il s’agit savoir si j’aime Dieu en actes, en agissant bien envers mon prochain. Avoir de la haine pour son prochain, c’est refuser Dieu. Si un chrétien persiste dans le mal, il faut aller se confesser. Il faut très attentif à soi-même, dans la lutte contre ses propres tentations. Demandons à Jésus et à Marie, la grâce d’être vigilant envers soi-même, d’être capable de discerner les tentations et la force de lutter immédiatement contre telle ou telle tentation détectée.
La crainte de Dieu n’est pas la peur de Dieu. La crainte de Dieu implique de garder une distance de respect envers Dieu, car Il est toujours le Dieu transcendant, mais en même temps si proche de nous. Personne ne doit avoir peur de Dieu et si vous êtes dans ce cas, cela signifie que vous ne le connaissez pas suffisamment et que vous devez acquérir une meilleure connaissance de Dieu. 1Jn 4,7-8 : « quiconque aime …connaît Dieu, celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu ». Ainsi, si vous n’aimez pas, vous ne pouvez pas connaître Dieu. Lorsque l’on prie, il faut avoir confiance en Dieu et comme nous le dit Saint Louis Grignion de Monfort : « Il ne faut pas faire comme la plupart des personnes qui demandent à Dieu quelque grâce. Quand ils ont prié pendant quelque temps considérable, comme des années entières, et ne voient pas que Dieu exauce leurs prières, ils se découragent et ils cessent de prier, croyant que Dieu ne veut pas les exaucer ; et par là ils perdent le fruit de leurs prières et ils font injure à Dieu, qui n’aime qu’à donner, et qui exauce toujours les prières bien faites, soit d’une manière, soit d’une autre. Quiconque veut obtenir la Sagesse (le Christ) ou une grâce doit la demander jour et nuit, sans se lasser et sans se rebuter. Bienheureux mille fois sera-t-il, s’il l’obtient après dix, vingt, trente années de prières, et même une heure avant [de] mourir. Et, s’il la reçoit après avoir passé toute sa vie à la rechercher et à la demander et à la mériter par toutes sortes de travaux et de croix, qu’il soit bien persuadé qu’on ne la lui donne pas par justice, comme une récompense, mais par pure miséricorde, comme une aumône ». Par pure bonté de Dieu.
Après la troisième invitation à ne pas craindre, Jésus promet qu’il prendra notre défense auprès de son Père si nous-mêmes, nous nous déclarons pour Lui devant les hommes, si nous l’avons reconnu comme étant notre Seigneur au même titre que son Père. Se déclarer pour Jésus devant les hommes, c’est montrer qu’on aime son prochain, et c’est également ne pas se déclarer pour un autre soi-disant « dieu » qui n’existe pas puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, Celui que Jésus nous enseigne en Mc 12,29 : « … le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur » ; et le scribe répond Mc 12,32 : « Fort bien, Maître, tu as eu raison de dire qu’ Il est unique et qu’il n’y en a pas d’autre que Lui ». Il n’y a donc aucun autre Dieu, Il est l’unique Dieu. – Parfois, cela peut être difficile, à certains, de dire qu’il est catholique pratiquant, par honte ou par peur de dérision de son entourage. Le mieux dans ce cas, c’est de se former pour mieux connaître le Dieu Unique à travers la vie de Jésus et de l’Eglise, et ne pas se contenter de connaître Dieu par bribes selon les dires des uns et des autres, parfois elles-mêmes mal informées. C’est ce que propose de nombreuses formations catholiques de l’île et, entre autres, Sedifop. Une formation qui nous fera comprendre que nous sommes nombreux à vouloir connaître le Christ et notre Église. Tous, nous avons besoin de mieux connaître qui est Jésus et ce qu’est l’Église. Cela réduirait bon nombre de nos propres défauts, de nos comportements qui divisent, division qui est signe de la présence de l’Esprit du Mal, et surtout de connaître les moyens pour aller vers Jésus. Et notre foi en sortira certainement grandie et mieux armée pour aller davantage vers une union plus intime avec Jésus. Alors, vous pourrez affirmer, par la suite, peut-être de nombreuses années après, que vous adhérez pleinement à Jésus et que c’est terminé les idoles et les folies de toutes sortes : mauvais films à la télé, alcool, drogue, mauvais caractères, mauvais sentiments, avoir une deuxième religion et donc un deuxième « dieu », tout cela disparaîtra au fur et à mesure et « sans secousse », de manière naturelle car vous-mêmes vous aurez changé au plus profond de vous-mêmes. Et vous vous trouverez mieux dans votre vie nouvelle, à condition de rester continuellement avec le Christ et avec Marie par la prière, les sacrements, la parole de Dieu et les bonnes relations. C’est par la prière continuelle que vous résisterez à tout, que vous surmonterez les difficultés de toutes sortes. Jésus et Marie, qui nous aiment infiniment plus que n’importe quelle autre personne, nous aideront toujours d’une manière ou d’une autre pour notre bien, mais pas forcément de la manière dont nous aimerions qu’ils nous aident. Et la façon dont Jésus ou Marie nous aidera sera toujours bien mieux que ce que nous aurons pensé, même si parfois, en apparence, nous pourrons avoir l’impression qu’ils nous abandonnent. Alors que notre raison nous dira « Jésus ne fait rien, ou bien Marie ne fait rien », sachez que ce raisonnement ne vient pas de Dieu mais de l’Esprit du mal qui veut enlever la paix de notre cœur pour y remplacer par l’angoisse, l’inquiétude, ou encore le doute, et c’est alors que notre foi nous dira : « Jamais, Marie n’a abandonné personne » ou « Jamais Jésus n’a abandonné personne ». Au contraire, même après notre mort, Il peut encore nous sauver parce qu’il est lui-même la Miséricorde. Puisque Jésus ne nous abandonne jamais, parce que son amour pour nous est infini, nous n’avons pas à avoir peur de témoigner pour Lui afin de le faire connaître au monde, à d’autres personnes. Déjà, même ceux qui ne sont pas à la suite du Christ sont aimés de Lui, même s’ils l’ignorent. S’ils savaient qui est Jésus, ils feraient tout pour se mettre à sa suite, comme nous tous nous l’avons fait même si c’est loin d’être parfait.. Jn 4,7 : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : « Donne-moi à boire », c’est toi qui l’aurait prié et il t’aurait donné de l’eau vive ». Jésus donne de l’eau vive à toute personne qui la lui demande, et ce don, cette eau vive n’est rien d’autre que Dieu lui-même en la personne de l’Esprit Saint, don par excellence qui va nous conduire vers Jésus, et donc vers le Père. Nous sommes appelés à devenir saint, à partager la vie même de Dieu, pas seulement quand nous serons au ciel, mais dès maintenant sur terre en se laissant transformer par le Christ pour être à sa ressemblance. C’est pourquoi, les vaines glorioles, les petits compliments entre amis, la haine, les disputes ne servent à rien sinon à nous faire perdre du temps devant Dieu et à nous éloigner de Dieu. Au contraire, tous, nous avons à nous déclarer pour le Christ devant les hommes, fiers de notre foi, même si nous devons l’améliorer avec la grâce de Dieu sachant qu’Il ne nous abandonne jamais. Soyons heureux d’être catholiques pratiquants car le Christ lui-même se déclarera pour nous devant son Père. Paix de Dieu à tous !