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Nativité de Jean Baptiste – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Luc 1, 57-66.80

 

« Il s’appellera Jean : ’Dieu fait grâce !’»

 

Au cours de l’histoire du peuple hébreux, plusieurs enfants sont nés de mères stériles par l’intercession de Dieu, alors qu’elles ne pouvaient pas biologiquement avoir d’enfant. Il y a eu Sara qui mit au monde Isaac, la femme de Manoah qui mit au monde Samson, Anne et son fils Samuel. Et les trois enfants ont marqué l’histoire d’Israël.

Les habitants du village de Zacharie et d’Élisabeth savaient tout cela, et le mutisme soudain de Zacharie amenant un questionnement supplémentaire, quand Élisabeth enfanta, « ses voisins et sa famille se réjouirent avec elle parce que Dieu avait manifesté sa miséricorde », et tous s’attendaient à ce que cet enfant ait un destin non ordinaire. Aussi, le jour de la circoncision, jour où on donnait le nom à l’enfant, quand les deux parents dirent ou écrivirent que son nom est Jean, ce fut la stupéfaction et l’interrogation : « Que sera cet enfant ? »

Parce que « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! », ce fut une surprise, un changement non compris, une rupture dans la tradition familiale. Pourquoi cette nouveauté : « Dieu fait grâce ! »

A qui ?

A Élisabeth d’abord, cela est évident, parce que « le Seigneur a fait pour moi, en ces jours où il a posé son regard pour effacer ce qui était ma honte devant les hommes. » (Lc 1,25), en ces temps où la stérilité était considérée comme une punition de Dieu.

Au peuple d’Israël, parce que cette première rupture annonce une autre rupture beaucoup plus importante qui sera amenée par Jésus, celui que Jean(-Baptiste) aura la charge d’annoncer : – avec la Parole de Dieu donnée, non par les prophètes comme auparavant, mais par Dieu lui-même en la personne de Jésus,

– avec une nouvelle alliance entre Dieu et les hommes qui se manifeste par une offrande suprême : non pas un animal comme auparavant, mais par Dieu lui-même en la personne de Jésus, qui met ainsi fin à tous les sacrifices offerts à Dieu : « Jésus Christ, au contraire, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu … Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie. » (He 10,12.14). Mais sacrifice dont on fait mémoire par le partage du pain et du vin, institué par Jésus à la veille de sa mort, comme nourriture et boisson afin que « [ nous ayons] la vie en [nous] » (Jn 6,53).

La mission de prophète de Jean-Baptiste sera aussi l’occasion d’une autre rupture : contrairement aux autres prophètes, il ne va pas vers les gens : « Vers tous ceux à qui je t’enverrai, tu iras, et tout ce que je t’ordonnerai, tu le dira s. » (Jr 1,7), mais il va au désert, lieu de solitude, lieu où l’on fait l’expérience de sa petitesse, mais aussi de la miséricorde de Dieu et de son pardon, là où se révèle le vrai visage de Dieu. Et ce sont les gens qui viennent à lui, « de Jérusalem, de toute la Judée et de toute la région du Jourdain » (Mt 3,5). Retournement de situation, rupture, il devient le premier prophète d’un temps nouveau.

Les circonstances de sa naissance, son nom, son départ au désert, tout pourrait laisser croire que Jean-Baptiste est le Messie tant attendu, mais celui-ci s’est toujours gardé de cette aura dont on voulait l’entourer en précisant : « Je ne suis pas le Christ » (Jn 1,20), l’oint, le Messie, « mais le voici qui vient après moi, et je ne suis pas digne de retirer les sandales de ses pieds. » (2° lecture).

Humilité, petitesse devant celui qui vient après lui, il refuse d’être mis en lumière, mieux même, il refuse d’être « la lumière des nations » comme Dieu le dit à Isaïe (1° lecture) car « il était là pour rendre témoignage à la Lumière » (Jn 1,8).

Méditons sur ce destin de Jean-Baptiste, ‘Le plus grand de tous les prophètes’ (cf Mt 11,11), qui s’est toujours considéré comme tout petit par rapport à Jésus, celui qui se disait seulement « une voix qui crie dans le désert ».

Pour nous qui voulons souvent tant paraître, qui nous croyons souvent supérieurs aux autres, et parfois même à Dieu, Jean-Baptiste nous donne une bonne leçon et nous rappelle que Dieu fait grâce, que Dieu fait miséricorde.

Seigneur Jésus,

tu nous montres Jean-Baptiste

comme le plus grand des prophètes.

Peut-être parce qu’il n’avait de cesse

de se diminuer pour que toi,

tu grandisses.

C’est ce que tu veux que nous fassions,

se diminuer, se renier à soi-même, se faire serviteur,

comme toi tu l’as fait pour nous,

pour pouvoir entrer dans le Royaume des Cieux.

 

Francis Cousin

                      

 

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Nativité de Jean le Baptiste – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 1, 57-66.80)

« Choisir d’habiter la confiance…« 

(Lc 1,57-66.80)

 

          Quand fut accompli le temps où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils.
Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle.
Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père.
Mais sa mère prit la parole et déclara : « Non, il s’appellera Jean. »
On lui dit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! »
On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler.
Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Jean est son nom. » Et tout le monde en fut étonné.
À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu.
La crainte saisit alors tous les gens du voisinage et, dans toute la région montagneuse de Judée, on racontait tous ces événements.
Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui.
L’enfant grandissait et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il se fit connaître à Israël.

                         

         Un jour, Zacharie était monté à Jérusalem pour y exercer son ministère de prêtre et un Ange lui était apparu : « Ta femme Elisabeth te donnera un fils et tu l’appelleras du nom de Jean » (Lc 1,13). Mais Elisabeth était stérile et tous les deux avancés en âge ! Aussi, commença-t-il par ne pas croire en cette Parole et il demanda un signe… Celui qu’il reçut dut le surprendre : il ne pouvait plus parler… « Le Père des Miséricordes » (2Co 1,3) a de l’humour… Plutôt que de dire des bêtises, Zacharie, cet homme de bonne volonté, était invité désormais à se taire, à prier, à méditer sur l’Amour de Dieu dans le secret de son cœur…

Et c’est bien ce qu’il fit jusqu’à la naissance de son fils. Selon la tradition, le premier né devait porter le nom de son père… Mais contre toute attente, Elisabeth, sa mère, déclara : « Son nom est Jean », un nom qui signifie « Dieu fait grâce ». En le confirmant, Zacharie manifesta enfin sa pleine adhésion au projet de Dieu… Son mutisme avait été le signe de son manque de foi ? Maintenant, il croit et ne sera que louange… « Sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et bénissait Dieu »…

Juste après notre passage, il chantera cette Miséricorde déjà à l’œuvre autrefois avec « nos pères », mais qui sera très bientôt manifestée avec une intensité inégalée lorsque naîtra de la Vierge Marie Jésus, le Fils du Très Haut, « le Verbe fait chair »… Il est en effet « l’Astre d’en haut qui nous a visités dans les entrailles de Miséricorde de notre Dieu » « pour donner à son peuple », à tous les hommes, « de faire l’expérience du salut par la rémission de ses péchés ». Tout ce qu’il dira, tout ce qu’il fera sera ainsi révélation de l’Amour Miséricordieux du Père qui « veut que tous les hommes », ses enfants, « soient sauvés » (1Tm 2,4). Aussi se proposera-t-il de lutter encore et encore avec eux et pour eux contre tout ce qui s’oppose au plein accomplissement de son projet sur chacun d’entre eux : qu’ils participent tous, selon leur condition de créature, à la Plénitude de sa Lumière, de sa Vie et de sa Paix… La seule attitude qu’il attend de nous se résume alors en un seul mot : confiance…

                                                                                                                      DJF




Rencontre autour de l’Évangile – Nativité de Saint Jean Baptiste — Solennité

« La naissance de

Jean le Baptiste « 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Lc 1, 57-66.80)

Au tout début de l’Evangile selon St Luc (Lc 1,5-25), Zacharie, prêtre, alla au Temple de Jérusalem pour y exercer son ministère. Lui et sa femme « n’avaient pas d’enfant, car Élisabeth était stérile, et tous deux étaient âgés ». Mais « l’Ange du Seigneur » se manifesta à lui et lui dit : « Ta femme Élisabeth te donnera un fils, et tu le nommeras Jean ». Zacharie ne crut pas en cette Parole et il demanda un signe… Le Seigneur a de l’humour : plutôt que de dire des bêtises, il devint muet !

Le sens des mots

  • « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8), et il n’est qu’Amour. Il poursuit inlassablement le bien de tous les hommes qu’il aime, et il ne cesse de désirer le meilleur pour chacun d’eux (Mt 5,43-45). Mais dans l’Ancien Testament on pensait, à tort, qu’il récompense les justes et punit les pécheurs. Avoir des enfants étant considéré comme « une bénédiction de Dieu », comment regardait-on ceux qui n’en avaient pas ? Aussi, quand Elisabeth, âgée et stérile, aura un fils, que dira-t-on de l’attitude de Dieu à son égard ?

  • La Loi était considérée  comme l’expression de la volonté de Dieu.     Or, elle disait : « Au huitième jour, on circoncira le prépuce de l’enfant » (Lv 12,3). Que font ici Zacharie et Elisabeth ? Quelle vertu, vis-à-vis de Dieu, mettent-ils donc en pratique ? Et de quoi la circoncision était-elle le signe ?

  • Tout fils premier-né devait porter le prénom de son père. Mais, contre toute attente, Elisabeth et Zacharie décident de l’appeler « Jean ». En se rappelant ce que l’Ange avait dit à Zacharie dans le Temple, quelle vertu vis-à-vis de Dieu mettent-ils à nouveau en pratique ?

  • Zacharie n’avait pas cru à la Parole que Dieu lui avait dite par l’Ange ; il n’était donc pas prêt, de cœur, à lui obéir… Son attitude est celle de tout homme pécheur. « Sa bouche s’ouvrit… » Comment était-elle donc avant ? « Sa langue se délia »… Comment était-elle donc avant ? Mais par la bouche et la langue, c’est l’homme tout entier qui s’exprime… En reprenant ces verbes et leurs contraires, que nous disent-ils de la situation de l’homme pécheur et de l’œuvre que Dieu veut accomplir en lui et pour lui ? Donner d’autres exemples dans les Evangiles qui illustrent ce désir de Dieu pour chacun d’entre nous…

  • Croire en Dieu, c’est lui obéir… Préciser à chaque fois ce qu’Il attend de nous quand il se présente en son Fils comme « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », « le Médecin », « le Semeur », « le Pain de Vie », « le Chemin »…

Pour l’animateur

  • « C’est moi qui fais mourir et qui fais vivre ; quand j’ai frappé, c’est moi qui guéris » (Dt 32,39). Non, Dieu ne fait pas mourir ! La mort physique appartient à son projet sur l’homme ; elle est passage, naissance à la Plénitude de la Vie : « Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie » (Ste Thérèse de Lisieux) ! La mort spirituelle, elle, est la conséquence du péché (Rm 6,23). Dieu est Vie (Jn 1,4). Il ne désire, il ne veut que la Vie, et il est venu en son Fils donner la Vie, gratuitement, par amour et en surabondance, à tous ceux et celles qui l’avaient perdue par suite de leurs fautes (Jn 10,10). Si, parfois, Dieu est présenté dans l’Ancien Testament comme frappant, châtiant, punissant, ces passages appartiennent à ce qui, dans ces livres, est « imparfait et provisoire » (Concile Vatican II ; Dei Verbum & 15).

  • Dans ce contexte, la stérilité d’Elisabeth était perçue comme une malédiction (Dieu ne maudit jamais, il ne sait que bénir !), un châtiment envoyé par suite d’un péché (Dieu ne châtie pas, il pleure les conséquences de nos fautes). Le fait qu’elle enfante, dans sa vieillesse, ne pouvait donc qu’être perçu comme une action de Dieu manifestant l’infinie générosité de sa Miséricorde. Si le point de départ est « imparfait », la conclusion, elle, est parfaite !

  • Zacharie et Elisabeth ne font qu’obéir à Dieu. Leur bonne volonté, leur docilité libre et responsable, Lui permettent d’accomplir dans leur vie ses merveilles d’Amour et de Bonté, la joie de ses créatures faisant toute sa Joie !

  • La circoncision était avant tout le signe par lequel on acceptait d’entrer dans l’Alliance que Dieu avait conclue avec son Peuple Israël (Gn 17), une Alliance particulière destinée à manifester à l’humanité tout entière l’Alliance que Dieu vit avec tout homme depuis le commencement du monde (Gn 9,8-17). Dieu a en effet appelé Israël à être les serviteurs de son Alliance pour que sa bénédiction soit accueillie par toutes les familles de la terre (Gn 12,1-4).

  • Et en appelant leur fils premier-né non pas Zacharie mais « Jean », Elisabeth et Zacharie continuent d’obéir à Dieu…

  • Bouche fermée, langue liée, autant d’images bien concrètes qui renvoient au pécheur, enfermé dans son orgueil et son égoïsme, fermé de coeur à Dieu et aux autres, lié par toutes sortes d’esclavages… Dieu veut le libérer de tout cela pour lui donner d’être pleinement lui-même, ouvert à Dieu et aux autres, comblé de sa Lumière et de sa Vie… « Ouvre-toi » (Mc 7,31-37 ; Lc 7,22) ! Qu’elle soit « déliée de ce lien » (Lc 13,10-17) ! « Tout ce que vous délierez sur la terre sera tenu au ciel pour délié » (Mt 18,18 ; 16,19 ; Jn 20,23 ; 8,31-36)…

  • Croire en Dieu c’est obéir à l’Amour qui ne cherche que notre bien et donc lui offrir notre péché pour qu’il l’enlève, nos blessures pour qu’il les guérisse, accueillir sa Parole et son Pain de Vie pour recevoir avec eux la Vie, s’engager à sa suite, avec sa Force, sur le chemin de l’Amour, de la Justice, de la Vérité…

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur notre Dieu, tu prends plaisir à nous prodiguer ta Miséricorde pour que règne dans nos cœurs ton Esprit de Vie, de Lumière et de Paix… Avec lui et par lui, gratuitement, par Amour, tu te proposes inlassablement de nous « délier » de tout ce qui nous retient dans les ténèbres de nos égoïsmes, de nos volontés de puissance, de nos misères de toutes sortes… Ta Joie est de voir l’homme, ton enfant, debout, « ouvert » de cœur à toi et aux autres… Tu peux alors le combler de ton Amour, de ta Douceur, de ta Tendresse. Et avec toi, le pécheur peut enfin découvrir le vrai Bonheur. Désormais, il ne cessera de te remercier, de te bénir, de te louer…

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

  • « Pour vous, qui suis-je ? » demandait Jésus à ses disciples… Et pour nous, qui est-il ?
    Un Dieu dominateur qui exige d’être obéi, un Dieu qui impose toutes sortes d’obligations et de contraintes, un Dieu sévère qui punit lorsqu’on lui désobéit, un Dieu finalement inhumain ?

  • Ou un Dieu de Tendresse qui ne cherche que le vrai bonheur de tous ses enfants, un Dieu qui pleure lorsque l’homme s’obstine à courir sur des chemins qui ne peuvent que le conduire à la ruine, un Dieu qui se révèle finalement en Jésus Christ comme le plus humain qui soit ?

  • Jean signifie « Dieu fait grâce », « Dieu fait miséricorde »… Il préparera le chemin à Celui qui est venu nous visiter « dans les entrailles de Miséricorde de notre Dieu pour donner à son Peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés ». Est-ce que j’accepte de faire la vérité dans ma vie en regardant en face mes faiblesses, mes manques ? Est-ce que j’accepte de me remettre en question en accueillant notamment les remarques qui peuvent m’être faites ? Le sacrement de la réconciliation est un trésor de guérison et de force : quand l’ai-je reçu pour la dernière fois ?

  • « Heureux les miséricordieux »… Suis-je vraiment une femme, un homme de douceur et de miséricorde dans mes relations quotidiennes ?

ENSEMBLE PRIONS   

Père des Miséricordes, Dieu de Tendresse, que ta Parole transforme nos cœurs de pierre en cœur de chair. Heureux de goûter à quel point tu es bon, nous pourrons devenir de plus en plus les témoins et les serviteurs de ton Amour pour tous les hommes. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils, notre Seigneur. Amen

 

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11ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN

11e dimanche ordinaire- Année B – Marc 4 26–34

Le thème de l’Évangile d’aujourd’hui est le Royaume de Dieu. Quand on parle de Royaume, le même mot grecque « basileia » désigne deux choses : il peut désigner un espace géographique, un territoire dans lequel on peut entrer, on va l’appeler le Royaume de Dieu, et il peut aussi désigner l’exercice d’une autorité qui gouverne un royaume, d’un pouvoir qu’on peut dénommer comme « royauté » ou encore « règne de Dieu » que l’on doit accueillir. Le Royaume dont parle Marc dans ce texte d’Évangile c’est d’abord cet espace dans lequel on peut entrer. Entrer non pas après la mort, mais maintenant. Toute personne peut entrer dans ce Royaume aujourd’hui même tout en étant encore vivant sur terre. Le Royaume de Dieu, qui est à notre portée de main, de notre vivant, porte en lui-même un principe de développement, une force secrète qui l’amènera à son complet achèvement.

« 26 Il en est du Royaume de Dieu comme d’un homme qui aurait jeté un grain en terre : qu’il dorme et qu’il se lève, nuit et jour, la semence germe et pousse, il ne sait comment. 28 D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, puis plein de blé dans l’épi ». La croissance silencieuse et continue de la semence échappe à l’observation. Pourtant, le semeur sait que la graine germera et portera des fruits, c’est ce qui se passe pour de nombreuses plantes qui n’ont pas besoin de grands soins et qui demandent même très peu d’eau. Autrement dit, le semeur a une totale confiance en la croissance de la plante qui, « d’elle-même produit d’abord l’herbe, puis l’épi, puis plein de blé dans l’épi ». Il attend donc patiemment le précieux fruit de la terre … jusqu’à la fin de la saison agricole, juste avant la nouvelle récolte. Cette parabole nous enseigne l’existence d’une force, secrète et mystérieuse, qui, quoi qu’il arrive, permet la croissance de la graine jusqu’à porter des fruits. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, puis plein de blé dans l’épi. Il y a donc des étapes et il faut de la patience. Dieu, dans sa générosité, sème partout sa Parole. Mais pour donner des fruits, il est nécessaire que la semence de Dieu, sa parole, tombe dans la bonne terre qui est la seule qui soit capable d’incorporer la semence et porter du fruit » (Mc 4,20). Chacun de nous doit travailler à devenir une bonne terre afin que la Parole de Dieu puisse pénétrer en nous et porter des fruits le plus efficacement possible, car la Parole divine est efficace et souvent agit dès qu’elle est dite. : « Dieu dit…et il en fut ainsi », « Silence! Tais-toi et la tempête s’apaise » (Mc 4,39), « lève-toi et marche » et le paralytique marche (Mc 2,9).

« …quand le fruit s’y prête, aussitôt il y met la faucille, parce que la moisson est à point ». La moisson symbolise l’établissement définitif du règne de Dieu qui, pour un individu, arrive à son terme au moment de la mort. C’est ainsi que la moisson peut arriver plus tôt que prévu parce que le fruit s’y prête comme nous l’explique Sg 4,7-14 sur la mort prématurée du juste, toujours douloureux pour les parents : « 7 Le juste, même s’il meurt avant l’âge, trouvera le repos. 8 La vieillesse honorable n’est pas celle que donnent de longs jours, elle ne se mesure pas au nombre des années; 9 c’est cheveux blancs pour les hommes que l’intelligence, c’est un âge avancé qu’une vie sans tache ». Et effectivement, c’est toujours difficile aux parents d’un jeune, ou d’un bébé, de comprendre pourquoi il est mort si jeune. D’où parfois la colère de certains parents qui s’élèvent contre Dieu et même perdent la foi. Le livre de la Sagesse (4,10-15) nous dit : « 10 Devenu agréable à Dieu, il a été aimé, et, comme il vivait parmi des pécheurs, il a été transféré. 11 Il a été enlevé, de peur que la malice n’altère son jugement ou que la fourberie ne séduise son âme; 13 Devenu parfait en peu de temps, il a fourni une longue carrière. 14 Son âme était agréable au Seigneur, aussi est-elle sortie en hâte du milieu de la perversité. Les foules voient cela sans comprendre, et il ne leur vient pas à la pensée 15 que la grâce et la miséricorde sont pour ses élus et sa visite pour ses saints ». Si un jeune meurt, ce n’est pas parce Dieu veut punir ni lui, ni ses parents, car jamais Il ne nous punit, au contraire Dieu veut que personne ne se perde. Dieu, dans sa miséricorde, a fait grâce à ce jeune de le prendre maintenant dans son Royaume afin de lui éviter d’être un jour corrompu par le péché s’il devait rester dans ce monde terrestre. Toujours, Dieu veut nous ramener à Lui. On a beau faire toutes les bêtises du monde, tous les péchés possibles, Dieu, parce qu’il nous aime d’un amour incompréhensible, sera toujours prêt à nous les pardonner, Il nous attend, les bras ouverts, comme Il l’a fait pour le fils prodigue ; si nous avons apostasié, renié l’Eglise et ses dogmes, renié notre propre foi, Dieu viendra encore pour nous ramener à Lui comme Il l’a fait pour Osée qui lui avait été infidèle et au lieu de lui faire du mal à celle qui lui a été infidèle, Dieu va de nouveau séduire Osée avec beaucoup de tendresse et d’amour jusqu’à ce qu’elle revienne à Lui. Parce qu’Il nous traite délicatement, Dieu est obligé de régler le degré ou la quantité d’amour qu’il nous accorde selon ce que notre cœur est capable de recevoir, car s’il nous donnait tout son amour, nous mourrons immédiatement sous le poids de son amour. C’est ce que nous dit aussi sœur Faustine (Petit Journal – §§717) : « Tu ne supporterais pas l’immensité de Mon amour si ici, sur la terre, Je te le découvrais dans toute sa plénitude…Mon amour et ma Miséricorde ne connaissent pas de bornes ». Dieu est si proche de nous, et souvent en nous, que nous avons du mal à nous en apercevoir. Si vous écoutez les musulmans qui se sont convertis au christianisme, ils découvrent qu’ils peuvent discuter directement avec Dieu – ce qu’ils ne peuvent pas faire dans l’Islam – et immédiatement presque sentir sa présence autour d’eux, en eux, dans leur corps comme dans leur âme, ils découvrent que Dieu est vivant en nous, que sa Parole agit, qu’il nous demande de pardonner, d’aimer son ennemi, tout cela n’existe pas dans leur religion. Nous avons de la chance d’être catholiques mais nous sommes souvent aveugles et sourds, et nous devons apprendre à redécouvrir les merveilles de Dieu en nous.  Chaque jour, Dieu nous accorde d’innombrables grâces, des signes de son amour, que nous finissons souvent par mettre à la poubelle, parce que nous sommes ou bien des ignorants, ou bien plongés dans le monde, le monde du plaisir, le monde orgueilleux, le monde de l’argent, du pouvoir et des honneurs. Il nous faut nous désencombrer de tout cela pour devenir une bonne terre. Nous devons apprendre à utiliser ce que Dieu nous donne : nos yeux sont faits pour voir les merveilles et les beautés du monde, création de Dieu, et en même temps pour dénicher nos propres défauts afin de nous en débarrasser pour ne causer de tort à personne ; notre langue, nous devons l’ouvrir pour annoncer la Bonne Nouvelle, rendre les gens heureux, louer le Seigneur, prier en toutes circonstances et non pas pour diviser les groupes, dire des mensonges et des calomnies comme le fait l’Esprit du Mal ; notre volonté doit faire place à la volonté divine par l’obéissance aux commandements de Dieu, faire ce que Dieu veut: aimer Dieu et son prochain, et ainsi de suite. Si nous méditons un peu chaque jour sur nos sens, notre intelligence, notre volonté, notre savoir, notre corps, notre esprit, notre intelligence et bien d’autres, nous finirons par comprendre que tout cela nous est donné par Dieu pour être à son service à travers notre prochain. Nous sommes créés par Dieu et nous retournons à Dieu. Et entre les deux, du début à la fin, nous avons le devoir du chrétien, enfant de Dieu, de fixer notre être entier, corps, cœur, âme, esprit sur le Christ afin de vivre dans la paix, la joie sereine, le plus simplement du monde. Nous avons le pouvoir, parce que Dieu nous donne la liberté, de choisir Dieu, en notre être et dans nos actes.

Le semeur est aussi moissonneur. Autrement dit, Dieu est le Semeur. C’est Lui qui sème dans notre cœur la graine qui va nous faire entrer et grandir dans le Royaume. La graine semée en nous c’est la Parole de Dieu, et la Parole c’est le Fils envoyé par le Père, Il est le Verbe incarné, Parole de Dieu devenue chair. Il est aussi la Résurrection et la Vie (Jn 11,25).  Jn 6,63 : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie ». La Parole divine contient en elle-même la Vie et l’Esprit qui met en mouvement. Une Vie divine qui va travailler en nous à la fois comme un extracteur de mauvaises herbes et une force vitale qui nous mène à porter des fruits. Ez 11,19 -20 : « 19 Je leur donnerai un seul cœur et je mettrai en eux un esprit nouveau : j’extirperai de leur chair le cœur de pierre et je leur donnerai un cœur de chair. 20 afin qu’ils marchent selon mes lois, qu’ils observent mes coutumes et qu’ils les mettent en pratique. Alors ils seront mon peuple et moi je serai leur Dieu. ». L’expression « ils seront mon peuple et moi je serai leur Dieu » n’est rien d’autre qu’un pacte entre Dieu et nous, et qui nous est offert gratuitement de sa propre initiative parce que Dieu connaît nos faiblesses, et dorénavant, il sera lui-même notre guide. Dieu, qui est Parole Vivante en son Fils incarné, est cette force secrète et mystérieuse qui fait pousser la plante qui paraît grandir d’elle-même parce qu’on ne voit pas l’action mystérieuse de Dieu en nous. Que l’on dorme ou qu’on soit actif, nuit et jour, la parole de Dieu fait son travail. Is 55,10-11 : « 10 De même que la pluie et la neige descendent des cieux et n’y retournent pas sans avoir arrosé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer pour fournir la semence au semeur et le pain à manger, 11 ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j’ai voulu et réalisé l’objet de sa mission ». Nous sommes déjà, maintenant, dans le Royaume de Dieu. Si nous acceptons cette situation, quoi qu’il arrive dans notre vie, la Parole de Dieu fera son chemin et nous fera grandir, et d’elle –même, elle nous procurera des fruits. Alors ce sera la récolte : Dieu fera la récolte après avoir semé son Esprit dans notre cœur, et nous serons dans son Royaume, car c’est là qu’il engrange sa récolte.

Cette parabole est aussi une consolation pour ceux qui prêchent la Bonne Parole « dans le désert », car si la Parole de Dieu semble couler parfois comme « de l’eau sur feuille songe » pour certaines personnes rebelles à Dieu, qui n’entendent pas ou ne veulent pas entendre sa Parole, volontairement sourdes, parce qu’elles ne désirent pas les mettre en pratique, parce qu’elles ne veulent pas se convertir et changer d’attitude ou de vie, la Parole semée, comme un boomerang, atteindra efficacement sa cible tôt ou tard. La Parole de Dieu est toujours efficace.

Le Royaume de Dieu est encore comme un grain de sénevé qui, lorsqu’on le sème sur la terre, est la plus petite de toutes les graines qui sont sur la terre. C’est une toute petite graine qu’on peut à peine voir lorsqu’on vous la dépose dans le creux de la main. Eh bien, le Royaume de Dieu est comparable à ce grain de moutarde. Au début, ce Royaume de Dieu sur terre est tout petit, il paraît très fragile. Mais cette situation ne doit pas nous tromper. Il faut être patient et confiant car il est promis à une réussite exceptionnelle vu l’ampleur de la croissance: le grain de sénevé devient la plus grande de toutes les plantes potagères. Ainsi, malgré les faiblesses de l’Eglise primitive au temps de Jésus, elle est plus active que jamais et s’étend de plus en plus dans le monde entier. Personne ne pourra rien pour contrer l’œuvre de Dieu. On pourra le freiner mais pas l’arrêter.

Avec Marie, louons le Seigneur et remercions-Le de nous inviter à vivre par Lui, avec Lui et en Lui.




11ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Marc 4, 26-34

 

« … Nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève,

la semence germe et grandit, il ne sait comment. »

 

Cette image du règne de Dieu est encore vraie aujourd’hui, même si cela fait déjà quelques années que l’homme ne se contente pas de semer : il met de l’engrais (pas toujours naturel …), il arrose ou abrite de la pluie, dans certaines serres on met du chauffage, des lampes pour éclairer et donner l’illusion que c’est le soleil …, quand on ne rajoute pas des OGM pour que les produits recherchés soient plus gros, plus beaux, voire même stériles, des fois que certains aient l’idée de semer les graines sans les acheter au prix fort ! Quel scandale ce serait !

Or, le scandale se trouve plutôt dans la volonté de l’homme de tout maîtriser dans le processus de la pousse des légumes, des fleurs, des céréales ou des autres végétaux que le nature nous propose.

Volonté de puissance, de domination, de richesse …

Des volontés qui ne sont pas celles qui permettent la venue du règne de Dieu.

Et nous sommes tous plus ou moins partie prenante de ce système !

Et pourtant, tout ceux qui ont un jardin potager savent qu’une fois la graine semée, il faut attendre, … et que le résultat n’est pas toujours celui escompté, parfois en plus, parfois en moins, pour des raisons qu’on ne connaît pas, mais dont on se dit que « Dieu seul les sait ! ».

Et d’une certaine manière on retrouve ce que nous dit Jésus dans l’évangile de ce jour.

Que nous demande Jésus ?

Finalement peu de choses : simplement semer ! Le reste est l’affaire de Dieu.

Or, nous les hommes, nous voulons tout faire. Dès que nous faisons quelque chose, nous voulons être les maîtres de tout le processus, depuis le début jusqu’à la fin. Nous voulons semer et moissonner. Mais Jésus nous dit : « L’un sème, l’autre moissonne » (Jn 4,37). Et dès que quelqu’un veut mettre ‘son grain de sel’ dans nos affaires, on a l’impression d’être amoindri et cela tourne à la jalousie ou la bataille.

Mais Dieu nous demande de le laisser mettre son ‘grain de sel’ dans nos affaires.

Semer, et laisser Dieu faire le reste. C’est ce que disait Jeanne d’Arc quand on lui disait qu’elle n’avait pas les moyens de se lancer dans la bataille, elle répondait : « Dieu y pourvoira ! », reprenant la réponse d’Abraham à Isaac concernant l’animal du sacrifice : « C’est Dieu qui pourvoira à l’agneau pour l’holocauste, mon fils » (Gn 22,8).

Dieu nous demande de débuter l’action, et après il se charge du reste (en nous demandant parfois un petit coup de main).

Semer …, mais quelle graine ?

Semer, ce n’est pas construire une cathédrale ou un orphelinat. C’est tout simple…

Certains disent qu’il faut avoir la main, la main verte ! Mais ce qu’il faut, c’est surtout aimer les plantes et bien préparer le terrain.

Il en est de même pour la Parole de Dieu, que nous avons à semer : il faut l’aimer, et donc aimer Dieu. Il faut aussi bien préparer le terrain, c’est-à-dire avoir un minimum de connaissances religieuses (mais pas trop ! certaines personnes sont des exemples pour les autres sans avoir jamais rien appris !).

Et il faut aussi aimer les gens, ce qui veut dire que nous devons éviter d’être égoïste, vantard, m’as-tu vu, etc …

Malheureusement, combien de personnes se sont éloignées de l’Église et de Dieu, parfois pour une simple phrase mal venue d’un prêtre ou d’une autre chrétien qui a parlé d’une situation matrimoniale plutôt bancale au regard de l’Église de parents qui voulaient faire baptiser leur enfant, au lieu de les accueillir et de les accompagner sur un chemin de vie à la lumière de l’Évangile. Ou par le mauvais exemple de chrétiens : « Hein, li sa va la messe, et li l’est pire que nous dans sa vie ».

Si nous voulons mettre en œuvre le règne de Dieu sur cette terre, nous devons semer, aimer Dieu, aimer les autres, et surtout avoir confiance en Dieu, jusqu’au bout, même quand tout semble perdu, comme l’a fait Abraham sur le mont Morrya.

C’est cette confiance absolue en Dieu qui nous permettra de construire le règne de Dieu, comme le fit le centurion de l’armée romaine demandant la guérison de son fils et à qui Jésus répondit : « Va, ton fils est vivant. » (Jn 4,42-54).

Acceptons de n’être qu’un simple semeur, semeur d’idée, semeur de rêve, semeur d’action, et laissons faire Dieu. Acceptons de n’être que « de simples serviteurs [qui] avons fait ce que nous devions faire » (Lc 17, 10).

Et redisons avec Sœur Faustine : « Jésus, j’ai confiance en toi ! »

Seigneur Jésus,

nous voulons toujours faire quelque chose

qui vienne de nous,

de bout en bout.

Et toi, tu nous dis qu’il nous suffit de semer,

et que tu feras le reste…

Te laisser faire,

accepter de te laisser faire,

te faire entièrement confiance,

voila ce qui est dur pour un humain !

Aide-nous à devenir ton serviteur.

 

Francis Cousin

                      

 

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Fête de St Barnabé, Apôtre (Mt 5,1-12)

Aujourd’hui nous entendons le sermon sur la montagne. Jésus, après avoir appelé les premiers disciples, commence son ministère en Galilée. Nous le voyons aujourd’hui enseigner les Béatitudes. Jésus vient nous apprendre le projet du Père : Dieu a créé l’homme pour le bonheur.

« Quel est l’homme qui veut voir des jours heureux ? » demande saint Benoît dans sa Règle en citant un psaume. N’est-ce pas le désir de chacun d’entre nous ?

Mais Jésus ne profite pas de sa popularité pour faire de la démagogie, pour proposer des joies faciles, des faux-bonheurs. Le bonheur qu’il propose n’est pas celui qu’on attendait ; le bonheur pour Jésus, c’est celui d’un homme qui lutte, qui grandit, qui ne se laisse pas abattre ; c’est le bonheur réservé aux pauvres, aux doux, aux persécutés…une sorte de renversement des propositions courantes du monde ; un bonheur qui est la participation à celui de Jésus. Un bonheur qui vient de notre union à Jésus, doux et humble de cœur.

Puis, dans le prolongement des Béatitudes, Jésus va lancer l’appel à être sel de la terre et lumière du monde. Comme si, après avoir interpellé ses disciples sur le bonheur, Jésus les encourageait à témoigner de ce bonheur. Parce qu’à travers ces deux images du sel et de la lumière, c’est bien de témoignage qu’il s’agit. Le point commun entre le sel et la lumière c’est que tous deux ont un rôle de révélateur.

Le Seigneur nous appelle, en tant que baptisés, à révéler le véritable sens de l’existence, à lui donner encore plus de saveur. En cherchant à vivre selon l’Évangile nous sommes appelés, par notre présence,  à rendre le monde encore meilleur.

Devenir lumière du monde cela signifie parler, agir, se comporter de manière éclairante pour les autres. C’est un appel à rayonner de la joie de l’Évangile, à laisser briller notre espérance. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus y a vu le rayonnement de la charité.

En nous appelant à être sel de la terre et lumière du monde le Christ vient nous dire que nous  ne pouvons pas laisser notre baptême dans notre poche ou sous le boisseau, mais au contraire, que notre foi doit transparaître dans toute notre vie.

Avec l’humilité de ceux qui ont conscience de leur faiblesse, il s’agit de garder vive la conviction que nous avons quelque chose à apporter au monde. Notre manière de regarder les événements, notre attitude vis-à-vis de ceux qui sont rejetés, sont autant de moyens concrets de révéler au monde l’amour de Dieu et son œuvre de salut. C’est en ce sens que Saint Jean-Paul II aimait citer Sainte Catherine de Sienne : « Si vous devenez ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde entier. »

Ma vie dit-elle Dieu, en qui j’ai mis ma foi et qui rayonne à travers moi ?

P. Antoine Dennemont

 

 




10ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN

 

 

« Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ? »

 

Réaction surprenante de Jésus ! Et surtout quand il dit à ceux qui l’entourent : « Voici ma mère et mes frères. »

Comment peut-il ne pas reconnaître sa mère et sa parenté ?

Il sait bien tout ce qu’il doit à sa mère depuis qu’il est tout petit, tout ce qu’elle a fait pour lui, l’initiant au fur et à mesure de sa vie à la vie familiale, la vie sociale et surtout à la vie religieuse des juifs, l’emmenant avec Joseph à Jérusalem pour la Pâque …

Déjà quand il avait douze ans, resté au temple avec les docteurs de la loi, il avait fait une réponse surprenante à sa mère : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » (Lc 2,49), qui mettait déjà en premier sa parenté spirituelle avant celle de sa famille humaine.

Ici encore, Jésus sépare sa famille humaine et sa famille spirituelle, et il met en avant ce pour quoi il est venu sur terre : faire de tous les hommes une grande famille autour de son Père et de lui (été du Saint Esprit).

La réponse qu’il donne ce jour là n’est véritablement pour sa famille humaine, parce qu’il sait très bien combien Marie a fait la volonté de Dieu depuis que l’ange Gabriel l’a visité à Nazareth, ainsi que Joseph ; mais sa réponse est donnée en priorité pour tous ceux qui l’écoutent, et qui étaient nombreux ce jour-là, au point « qu’il n’était même pas possible de manger. ».

C’est à eux que s’adresse cette phrase, pour leur dire : « il ne suffit pas de m’écouter. Il faut aussi changer vos cœurs et vos manières de faire pour mettre en pratique tout ce que je vous enseigne. Alors vous pourrez faire partie de ma famille spirituelle, et vous pourrez dire que vous êtes ‘pour moi un frère, une mère’, et vous pourrez aussi dire à mon Père qu’il est votre Père. »

Et plutôt que de se scandaliser des paroles vis-à-vis de sa mère, il nous fait nous mettre parmi tous ceux qui écoutaient Jésus ce jour-là, et prendre pour nous cette phrase, nous interrogeant en nous même : « Est-ce que je fait véritablement la volonté de Dieu ? » ou bien est-ce que me contente de réciter des prières en se disant : « Je suis un bon chrétien, je fais ma prière tous les jours et je jeûne quand il le faut… »

N’oublions pas ce que Jésus a dit : « Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7,21).

N’en restons pas à une foi de surface, mais allons vers une foi incarnée qui nous oblige à nous changer, qui nous pousse de l’avant avec et pour les autres. Comme le dit l’apôtre Jacques : « Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? Sa foi peut-elle le sauver ? Supposons qu’un frère ou une sœur n’ait pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l’un de vous leur dit : « Allez en paix ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim ! » sans leur donner le nécessaire pour vivre, à quoi cela sert-il ? Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. » (Jc 2,14-17).

Ne restons pas sur le bord de la route, devant la maison où se trouve Jésus, en l’appelant pour qu’il vienne vers nous. Au contraire, allons nous-même vers lui, dans sa ‘maison’, pour faire corps avec lui et ceux qui sont déjà auprès de lui.

Entrons concrètement dans la famille de Dieu. Et cela demande que nous « mettions les mains dans le cambouis ».

Seigneur Jésus,

souvent nous nous disons chrétiens,

mais nous ne pensons qu’à notre relation

 avec ton Père et toi.

Mais si nous voulons être de ta famille,

 il nous faut regarder vers les autres,

 et mettre ta Parole en œuvre vis-à-vis d’eux,

 les considérer comme notre ‘prochain’

 et avoir de l’amour envers eux.

Donne-nous de ne pas l’oublier.

 

Francis Cousin

                      

 

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Le Saint Sacrement – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Marc 14, 12-16.22-26

 

« Où veux-tu que nous allions

faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? »

 

On peut être surpris par cette demande des disciples qui ne disent pas : ’’Pour que nous mangions la Pâque », mais qui s’adressent directement à Jésus, en insistant sur « Pour que Tu manges la Pâque. »

Sans doute Marc veut montrer que cette Pâque, ce dernier repas de Jésus avec ses disciples, ce repas au cours duquel il va laver les pieds de ses disciples (cf Évangile de Jean), et pour les trois auteurs synoptiques, où il va partager le pain et le vin avec eux, que cette Pâque là, ce n’est pas la Pâque comme le font les autres juifs (dont ses disciples), mais que Jésus va utiliser les rituels de la Pâque juive pour les transformer en un ’’nouveau signe’’, non pas tant pour se souvenir de l’ancien temps, de la libération de l’esclavage des Égyptiens et du dernier repas avant le départ, mais pour donner à ses disciples une force inestimable pour les accompagner sur leur chemin de vie, pour qu’ils puissent aller, avec lui, sur la voie de la vie éternelle.

On ne parle pas de l’agneau, qui est pourtant le mets principal du repas pascal, parce que le véritable agneau pascal, c’est Jésus lui-même qui, à l’issue de ce repas, s’offrira pour mourir afin que tous les hommes puissent vivre de la Vie éternelle.

Qu’est-ce qui est nécessaire pour que l’homme vive ? Manger et boire ! (et dormir).

Jésus va prendre deux éléments du repas pascal : le pain sans levain et le vin.

Comme tous les chefs de famille, Jésus suit la tradition juive ; il refait les gestes des anciens, il prononce les bénédictions, partage le pain entre les convives, et fait circuler la coupe de vin à plusieurs reprises. Mais il va apporter une nouveauté au rituel : le pain qu’il partage, il va dire que c’est son corps, donné pour ses disciples, et pour la coupe de vin, il va dire que c’est son sang, signe de l’alliance nouvelle. En ajoutant, « faites ceci en mémoire de moi. »

Le pain était un élément essentiel de la nourriture de l’époque. De ce fait, le pain était synonyme de vie ; on disait « gagner son pain » pour dire « gagner sa vie ». Consommer le pain partagé par Jésus, c’est aussi ‘gagner’ sa vie, sa vie sur la terre, et surtout la vie éternelle. Jésus avait dit : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » (Jn 5,51).  

Le vin était un des éléments essentiels de toutes les fêtes, « le vin qui réjouit le cœur de l’homme. » (Ps 103,15), qui « égaie la vie » (Qo 10,19). Jésus va l’assimiler à son sang, le sang qui est nécessaire à la vie : si on perd son sang, on perd la vie. « La vie de toute chair, c’est son sang. » (Lev 17,14). Et lors des sacrifices d’expiation des péchés, on versait le sang de l’animal sacrifié sur les personnes qui avaient péché. En assimilant le vin à son sang versé pour la multitude, il montre aux juifs que son sacrifice sur la croix est fait pour le pardon des péchés de cette multitude.

Dans le discours à la synagogue de Capharnaüm, Jésus dit : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6,56).

C’est pourquoi participer au partage du pain et du vin est appelé communion : communion de chacun avec Jésus, mais aussi, par ce fait même, communion entre tous ceux qui participent à l’eucharistie. C’est sans doute un aspect qui est souvent oublié, parce que nous sommes de plus en plus individualistes, pour ne pas dire égoïstes. Pour beaucoup, les gens communient sans se préoccuper des autres, sans penser que cela devrait changer nos relations avec les autres paroissiens, sans penser que nous faisons alors partie d’un même corps, unis dans une démarche commune, chacun avec ses qualités (et ses défauts) pour avancer et faire avancer l’Église dont nous faisons tous partie.

Communier au corps du Christ, c’est vouloir lui ressembler, vivre comme lui a vécu, préoccupé des pauvres et des petits, préoccupé de justice et de paix, en mettant l’amour de Dieu et des autres au centre de notre vie. C’est suivre l’exhortation de saint Augustin : « Devenez ce que vous recevez ». C’est faire de petits pas sur le chemin de la sainteté.

Seigneur Jésus,

avant de partir vers ton Père,

tu nous as donné ton corps et ton sang

pour être nourriture et boisson de nos âmes,

et nous permettre de nous réunir en une seule Église,

invitée au festin des noces de l’Agneau Pascal.

 

Francis Cousin

                      

 

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La Sainte Trinité – Claude WON FAH HIN

La Sainte Trinité

(Matthieu 28 16–20)

Aujourd’hui, c’est la fête de la Sainte Trinité : Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint Esprit et les trois forment un seul et unique Dieu. Pas la peine d’essayer de comprendre ce mystère car personne n’y arrivera. Sœur Faustine aussi a essayé de le comprendre, et voici ce qu’elle raconte : « 30. Un jour je réfléchissais sur la Sainte Trinité, sur l’Essence divine. Je voulais absolument approfondir et connaître ce mystère de Dieu… Subitement mon esprit fut ravi dans l’autre monde. Je vis une clarté inaccessible où brillaient comme trois sources de lumière, que je ne pouvais comprendre. Il en sortait des paroles sous la forme de foudre, qui encerclaient le ciel et la terre. Ne comprenant rien, j’étais toute triste. Soudain de cette mer de lumière inaccessible, je vis apparaître notre bien-aimé Sauveur, d’une beauté inconcevable. Ses plaies étaient brillantes. Et de cette clarté une voix se fit entendre: « Ce qu’est Dieu dans son être, personne ne peut le saisir en profondeur, ni l’esprit angélique, ni l’esprit humain ». Jésus me dit : « Fais la connaissance de Dieu par la contemplation de ses attributs. » Puis Jésus, de la main, traça le signe de la croix et disparut ». Voilà qui est clair : il n’y a pas à chercher à comprendre et encore moins à essayer de percer le mystère de la Sainte Trinité. Par contre, nous pouvons connaître Dieu en partie par la contemplation de ses attributs, ses prérogatives, ses privilèges, de quoi il peut être content ou mécontent etc…. Ainsi, c’est à travers la Bible que nous apprenons que Dieu est bon, miséricordieux, patient et qu’il ne retient pas nos fautes, qu’il nous pardonne, et surtout qu’il est Amour. Pour connaître Dieu, il faudra donc lire la Bible.

Ceux qui ne connaissent pas Dieu sont ceux qui peuvent aussi blasphémer et faire des sacrilèges. C’est ainsi qu’on peut voir sur les écriteaux des manifestants en France qui sont pour le divorce, l’euthanasie, le mariage entre personnes de même sexe, des blasphèmes de toutes sortes contre Dieu. Ils ne savent vraiment pas ce qu’ils font lorsqu’ils manquent ainsi de respect envers Dieu. C’est pourquoi nous devons prier et évangéliser pour la conversion du monde, et faire des disciples. Le chrétien pratiquant ne prie pas pour lui-même d’abord, mais pour les autres en premier lieu, pour des gens qu’on ne connaît pas, puis pour ceux de la famille, et enfin pour soi-même en dernier. C’est ce que l’on appelle la communion des saints qui est, avant tout, un mouvement fraternel, pour aider à sauver les âmes du monde. Les chrétiens vivant encore sur terre, les âmes du Purgatoire et les saints qui sont déjà au Ciel, tous nous prions les uns pour les autres et pour l’humanité entière, car aucune âme ne peut se sauver toute seule elle-même, dans son coin, en répétant sans cesse durant sa vie entière: « Seigneur, sauve-moi, sauve-moi, sauve-moi ». Et nous verrons cela lorsque nous serons au Ciel. C’est ce que dit le Pape François dans son dernier exhortation apostolique « Gaudete et Exsultate » (Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse ») – §8 :  Ce n’est qu’au jour où tout ce qui est caché sera manifesté que nous découvrirons aussi à quelles âmes nous sommes redevables des tournants décisifs de notre vie personnelle.  Autrement dit, ce n’est que lorsque nous serons au Ciel que nous pourrons savoir quelles sont les âmes qui ont intercédé pour nous sauver, et quelles âmes nous avons sauvé par nos prières et sacrifices. En dernier recours c’est toujours le Christ qui sauve. Si Dieu le permet, il se peut alors, qu’une âme sainte vienne voir une autre âme au Ciel pour lui dire, « c’est grâce à tes prières que je suis au Ciel », parce que le jour où je voulais me suicider, tes prières que tu faisais ce jour-là pour les suicidaires m’ont sauvé »; une autre âme pourra peut-être dire à une autre : « tu m’as sauvé de l’enfer, car je n’ai jamais prié, jamais allé dans une église de toute ma vie, jamais donné un seul centime à un pauvre, j’ai même blasphémé de nombreuses fois contre Dieu », et tes larmes versées pendant tes nombreuses prières, que tu disais avec amour, en sacrifice pour les pécheurs du monde entier, tous les jours de ta vie,  pendant des heures et des heures ont touché le cœur de Dieu qui, alors, s’est tourné vers moi dans sa grande miséricorde, et c’est ainsi que j’ai été sauvé ». C’est cela la communion des saints quand vous dites « je crois en la communion des saints ». C’est pourquoi, on ne peut pas être égoïste dans les prières au point de ne prier, pendant toute une vie, que pour soi-même et sa propre famille, comme dit le proverbe : « pour vivre heureux, vivons caché », égoïstement à deux ou en famille, sans jamais se dépenser pour les autres. Les autres n’ont cas se débrouiller. Il y a des gens qui parlent d’amour sans jamais faire un seul geste gratuit envers les autres, ne cherchant qu’à recevoir sans jamais rien donner. Le chrétien n’agit pas ainsi parce que le Christ n’a jamais agi ainsi.

Dans le premier texte d’aujourd’hui, il est dit (Dt 4,39) : « C’est Yahvé qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, lui et nul autre ». Il n’y a pas de consensus possible, car nous dit le Pape François, « du consensus se produit une dégradation, un aplatissement vers le bas ».  C’est très clair : il n’y a pas d’autre dieu que Celui que Jésus-Christ nous a appris à connaître. C’est le Christ lui-même en personne qui l’a dit et répété à travers Paul (Rm 3,30) : « Il n’y a qu’un seul Dieu » ; 1Tm 2,5 : « Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même » ; Ep 4,6 : « un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous ».  Il faut être sourd ou aveugle pour ne pas comprendre et en tirer les conclusions. Celui qui a la foi en Dieu ne peut que suivre le Christ et Lui seul. Si votre cœur n’est pas en Jésus-Christ et en Lui seul, alors vous n’avez pas la foi en Dieu car il n’y a pas d’autre dieu et nous dit saint Paul, c’est la foi en Jésus Christ qui sauve. En de nombreuses fois, Jésus dit : ta foi t’a sauvé. Il s’agit de la foi en Jésus-Christ et non pas à d’autre dieu que Lui…car il n’y en a pas d’autre. Et si nous lisons l’Ancien Testament, nous verrons qu’en de nombreuses fois, les prophètes n’ont pas cessé de dénoncer le peuple qui voulait à la fois prier plusieurs dieux dont Yahvé.  C’est pourquoi Moïse, en voyant son peuple adorer le Veau d’Or, s’est mis dans une grande colère et l’a brisé. Le chrétien ne peut pas adorer d’autres dieux que le Christ, vrai Dieu et vrai homme. Le mot « chrétien » vient du mot Christ, et si nous adorons un autre dieu (qui n’existe pas puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu), alors nous ne sommes pas à la suite du Christ et donc nous ne sommes pas chrétiens. Nous ne pouvons plus dire à Dieu que nous ne savions pas. Et en matière de spiritualité, il n’y a pas deux bons choix mais un seul. Faites le bon choix, l’unique bon choix.

 « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit ». Nous sommes donc tous appelés à aller en mission d’évangélisation. Tout le monde est d’accord là-dessus. Mais dans la réalité, mises à part les homélies du samedi ou du dimanche, le catéchisme pour les enfants en semaine, peu de personnes évangélisent les adultes dans les paroisses. De nombreuses paroisses en effet se contentent de soigner les messes du week-end avec une belle chorale et tout le monde est content. Le Diocèse a beaucoup de structures pour l’évangélisation. Pourquoi ne pas former des formateurs de catéchumènes alors qu’il y a un Service Diocésain du Catéchuménat ? Cela pourrait aider ceux que l’on appelle les « recommençants », ceux qui ont tout oublié de la religion catholique. Pourquoi ne pas faire appel à la « Petite École de la Foi » ou créer un groupe de « laïcs en mission » mis en place par le Sedifop ? Pourquoi ne pas développer le « Parcours Alpha » tout nouveau dans le diocèse et qui est une nouvelle forme d’évangélisation pour les catholiques et les non-catholiques et dont deux intervenants, venus de France, ont donné des conférences d’information du vendredi 20 Avril au dimanche 22 Avril 2018 à Saint-Denis. Mais là aussi, il y a une certaine déception car les paroisses ont été informées – même en deux fois précise le responsable –  et il n’y avait le vendredi 20 et samedi 21 que douze ou treize personnes dont seulement deux prêtres, tout en excusant bien sûr certains prêtres âgés ayant une santé fragile. Mais les autres ? De plus, on ne parle pas ici de gens à former pour la préparation au mariage, pour la famille chrétienne, et d’autres mouvements comme le Rosaire ou le secours catholique qui sont aussi des moyens d’évangélisation. Mais comment évangéliser si on n’est pas partie prenante des structures qui existent déjà au Diocèse? Dire qu’il faut évangéliser, c’est bien, le faire c’est encore mieux. Chaque chrétien doit s’impliquer pour évangéliser. Certains responsables de paroisses acceptent parfois difficilement que des intervenants viennent dans leurs paroisses.  On ne peut pas dire qu’il faut évangéliser et être soi-même un obstacle à l’évangélisation. Lc 11,23 : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi et qui ne rassemble pas avec moi disperse ». Et la dispersion, c’est la division, et la division c’est l’œuvre de l’Esprit du Mal. Le Pape François nous parle de « l’esprit d’acédie », septième des péchés capitaux et qui est une sorte de paresse spirituelle qui nous amène à ne faire que le minimum pour Dieu. Le Pape dit (dans son livre « le diable existe vraiment » sorti en 2018 – P.51) : « Nous avons souvent une sensation de fatigue, de pesanteur. C’est l’Esprit d’acédie, de paresse, qui nous tente. En outre nous voyons tout ce qu’il y a à faire, et que nous sommes peu nombreux. Comme les apôtres, nous disons au Seigneur : « Mais qu’est-ce cela pour tant de monde ? » (Jn 6,9). …Combien de fois ne ressentons-nous pas l’envie de rester tranquille sur la rive ? – (Ibid. P.77 : )  La tentation de « s’installer » est présente même dans la vie de l’apostolat…La tentation d’être à l’aise, en sécurité, de tout contrôler, même l’aspect spirituel, peut se présenter sur le chemin de notre vie et de notre ministère de catéchistes. On veut rester dans nos tentes, sur nos montagnes, sur nos rivages, dans nos paroisses, dans nos communautés qui sont si belles et si exemplaires »…et le Pape ajoute : « tout cela ne représente pas forcément un signe de dévotion et d’appartenance ecclésiale, mais plutôt de lâcheté, de confort, d’étroitesse d’esprit, de routine…et la cause principale, d’habitude,  réside dans le fait que nous n’avons pas bien écouté le Fils bien aimé de Dieu, nous ne l’avons pas contemplé, nous ne l’avons pas compris ». P.51 : « Mais le Seigneur nous appelle à prendre le large et à jeter les filets en eaux profondes (Lc 5,4). Il nous appelle à l’annoncer avec audace et ferveur apostolique, à dépenser notre vie à son service. …C’est justement là que vient s’ancrer notre force : dans l’humble confiance de celui qui aime et se sait aimé du Père, qui se sait choisi et envoyé par grâce ». En tout état de cause, continuons à faire confiance en Dieu qui agira pour que les cœurs changent et favorisent les œuvres de Dieu au sein de ce monde et des paroisses afin que davantage de personnes soient évangélisées grâce à une meilleure participation des chrétiens et des responsables à tous les niveaux. Avec Marie, prions pour que les paroisses ne s’installent pas dans leur confort mais jettent leurs filets en eaux plus profondes en mettant plus à profit les structures du Diocèse pour une meilleure évangélisation du monde chrétien et non-chrétien.




La Sainte Trinité – par Francis COUSIN

 Évangile selon saint Matthieu 28,16-20

 

« Je suis avec vous tous les jours

jusqu’à la fin du monde. »

 

On aurait pu prendre comme accroche de ce commentaire, puisque nous fêtons aujourd’hui la Sainte Trinité, une autre phrase de cet évangile : « De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » qui est la seule phrase du nouveau testament dans laquelle on dit que le baptême est donné au nom des trois personnes de la Trinité.

Jésus n’a certainement pas dit cette phrase car dans les Actes des apôtres on ne parle que du ’’baptême au nom de Jésus’’, et ce baptême était au départ réservé aux juifs qui voulaient suivre l’enseignement de Jésus, et non à des personnes de toutes les nations, qui ne sont pas circoncis. On se souvient des réticences de Pierre à frayer avec les ’’impurs’’ pour se rendre chez le centurion Corneille, et il fallut l’intervention de l’Esprit Saint pour qu’il baptise toute la maisonnée « au nom de Jésus Christ ». Et il faudra attendre la prise de Jérusalem avec la destruction du Temple en 70 puis l’expulsion des chrétiens des synagogues pour que les chrétiens se tournent vraiment vers les non-juifs.

Le baptême au nom des trois personnes de la Trinité est donc en fait la mise dans la bouche de Jésus de la pratique liturgique de la communauté de Matthieu au moment où il écrit son évangile.

Mais on peut dire aussi : « Je suis avec vous tous les jours » … Comment ?

Par sa Parole écrite dans les évangiles : C’est le Fils de Dieu qui parle, le Verbe. Mais comme le Fils ne fait rien qu’il n’ait vu faire au Père, la Parole est aussi celle du Père. Et il est aussi avec nous avec le défenseur qu’il nous a envoyé le jour de la Pentecôte, l’Esprit Saint. Et ce sont donc les trois personnes de la Trinité qui sont toujours avec nous.

Ce jour-là, les onze étaient venus « à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre », en Galilée, la Galilée des Nations. La montagne, lieu privilégié de la rencontre entre Dieu et les hommes, où Dieu donne un message et souvent envoie les personnes en mission. Soulignée ici par l’impératif « Allez ! ».

« Ils se prosternèrent » comme on le fait devant les ‘grands’ de ce monde, et surtout devant Dieu. Et ici les onze se prosternent devant Dieu, « mais certains eurent des doutes ». De quels doutes s’agit-il ? Peu importe. Ce qui compte, c’est que même les apôtres, même devant Jésus ressuscité, il y en a qui ont eu des doutes.

Alors quand on a des doutes, des questions, des questionnements, n’en n’ayons pas honte, … parce que nous ne sommes que des humains. Nous avons la foi, comme les apôtres, mais on se pose des questions. Parce qu’il y a des sujets qui nous dépassent, et qu’on ne peut que croire dans la foi (La Trinité par exemple…).

Et dans ce cas, Jésus fait la même chose que pour les apôtres : « Jésus s’approche d’eux » et leur parle. Jésus s’approche de nous et nous parle … dans la prière, dans l’adoration, par d’autres personnes … il ne nous laisse pas seul. Encore faut-il que nous nous laissions approcher par lui, que nous acceptions qu’il vienne nous parler ! Nous dire des choses que nous n’attendions pas, … et qu’il ne nous réponde pas tout de suite … ! Lui-même nous a dit : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez » (Mt 7,7). Alors demandons, cherchons … Ne permettons pas au prince des ténèbres d’avoir prise sur nous et de nous éloigner de Dieu.

Ne restons pas ‘sur place’ à attendre que nos questions trouvent réponses toutes seules. Jésus est avec nous, mais ne fait pas à notre place. Jésus veut des chrétiens pleins d’espérance, en route sur le chemin vers Dieu. Des personnes comme lui qui allait de village en village pour annoncer la Bonne Nouvelle du Salut, mais qui souvent s’éloignait pour prier Dieu son Père.

Nous avons avec nous l’Esprit Saint « qui [ne] fait [pas] de [nous] des esclaves et de [nous] ramène [pas] à la peur » (deuxième lecture), mais qui fait de nous ‘des fils’ de Dieu, nous permettant de lui dire ‘Père’. Comme Jésus le faisait.

Mais saint Paul n’oublie pas de nous rappeler qu’alors il faut que « nous souffrions avec lui (Jésus) pour être avec lui dans la gloire. ». Ce que disait Jésus : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mt 16,24)

 

Seigneur Jésus,

Vers toi je tends les bras.

Tu es toujours là prêt à m’accueillir.

Mais tu n’es jamais seul :

parce qu’avec toi se trouvent toujours

le Père et l’Esprit-Saint,

la Trinité :

Un seul Dieu en trois personnes.

Francis Cousin

                      

 

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