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23ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 7, 31-37)

 

Évangile selon saint Marc 7, 31-37

 

« Il a bien fait toutes choses :

il fait entendre les sourds et parler les muets. »

 

Les personnes qui s’exclament ainsi après la guérison du sourd qui parle avec difficulté ne sont pas les apôtres, dont on ne parle absolument pas dans ce passage, ni des disciples de Jésus. Ce sont des païens, des non-juifs qui habitent la Décapole, une région aux contours mal définies, principalement à l’est du Jourdain.

On sait que Marc écrit pour les habitants de Rome, qui sont aussi des païens, et cela lui permet de montrer que d’autres païens louaient Dieu, qui « a bien fait toutes choses », allusion à Genèse 1,31 : « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. », et aussi  louaient Jésus, reconnu comme le Messie annoncé par Isaïe : « Voici votre Dieu … Il vient lui-même et va vous sauver. Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. » (Is 35,4-5).

Cela veut dire aussi que Jésus était connu hors des frontières de la Galilée et de la Judée comme guérisseur, puisque ce sont ces personnes qui « amènent un sourd … supplient Jésus de poser la main sur lui. ».

La première chose que Jésus fait est d’emmener le sourd ’à l’écart, loin de la foule’. Pour s’ouvrir à la Parole de Dieu – et c’est ce que va faire Jésus en permettant au sourd de l’entendre -, il faut s’éloigner de la foule, se mettre dans le silence. C’est d’ailleurs ce que Jésus dit : « Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » (Mt 6,6). Toute conversion, et nous avons besoin de nous convertir chaque jour, nécessite une rencontre personnelle avec Jésus, avec Dieu.

Cet homme qui est amené à Jésus connaît son handicap, comme toutes les malades qui lui sont amenés ou qui viennent à lui d’eux-mêmes. Comme l’aveugle-né, à la suite de la guérison duquel Jésus dira aux pharisiens : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : “Nous voyons !”, votre péché demeure. » (Jn 9,41).

Et nous, nous sommes bien souvent comme ces pharisiens. Pour la plupart, nous n’avons pas de handicap physique, mais nous sommes tous des handicapés de cœur.

Et nous n’en avons pas conscience !

Nous sommes des aveugles du cœur, car nous ne voyons pas le mal qui est autour de nous, la tristesse, la misère, le mensonge …

Nous sommes des sourds du cœur, car nous n’entendons pas les cris qui montent vers nous  pour parler de tout cela …

Nous sommes des muets du cœur, car nous n’avons pas le courage de réagir à l’injustice qui existe en ce monde …

Nous sommes des handicapés moteurs, car nous préférons notre « canapé [plutôt qu’] une paire de chaussures qui [nous] aidera à marcher, sur des routes jamais rêvées et même pas imaginées, sur des routes qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons, capables de propager la joie, cette joie qui naît de l’amour de Dieu, la joie que laissent dans [nos] cœur[s] chaque geste, chaque attitude de miséricorde. » (Pape François, JMJ Cracovie, veillée du 30 juillet 2016)

Demandons à Jésus de pouvoir reconnaître combien nous avons besoin de la guérison de notre cœur, combien nous sommes des handicapés spirituels.

Après nous pourrons lui dire : « Fais que je vois, fais que j’entende, fais que je parle, fais que je marche … »

Et Jésus nous dira : « ’Effata !’, c’est-à-dire : ’Ouvre-toi !’. Ouvre ton cœur à mon amour et à ma miséricorde. »

Seigneur Jésus,

notre cœur est malade, handicapé,

et nous ne le savons pas !

Aide-nous à en prendre conscience,

et guéris-nous en disant :

« Ouvre-toi !

Ouvre-toi à ma présence en toi !

Ouvre-toi à mon amour qui est de toujours. »

 

Francis Cousin

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22ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN

 

22e dimanche ordinaire – Marc 7 1–23

En ce qui concerne les repas, les Pharisiens et le Scribes appliquent la Loi de Moïse. « Pour les Juifs, très soucieux de pureté légale, tout contact physique avec les pécheurs publics était interdit et cela constituait une souillure grave, punie d’exclusion. La société juive du temps de Jésus rangeait sous le nom de pécheurs des gens de toutes sorte : ceux des transports (âniers, chameliers, voituriers, matelots), ceux du commerce (boutiquiers, bouchers, médecins). Sont aussi moralement douteuses les professions ayant un rapport avec les femmes (blanchisseurs, colporteurs, tisserands, etc…). Enfin sont classés dans une liste de personnes à ne pas fréquenter ceux qui pratiquent des tâches répugnantes (tanneurs, fondeurs, ramasseurs d’ordures, …etc..). On voit donc que par un jeu de discriminations plus sociales que morales, c’est un vaste monde qui se trouvait exclu des relations humaines et religieuses. Et voilà donc que les pharisiens et les scribes s’étonnent de voir que quelques disciples de Jésus prennent leur repas avec des mains impures, c’est à dire « non-lavées ». Le lavage des mains avant le repas ne se fait pas ici parce que les mains sont sales, mais parce que c’est un rituel, un geste religieux que l’on doit observer avant tout repas. Le rituel juif n’est donc pas respecté par les disciples de Jésus. Et la question est posée : Pourquoi tes disciples prennent-ils leur repas avec des mains impures ? Au lieu de répondre à la question, Jésus dénonce l’attitude des responsables religieux. Et il donne un exemple de détournement de la loi de Moïse. Moïse a dit « Honore ton père et ta mère », « Que celui qui maudit son père ou sa mère soit puni de mort ».11 Mais vous, vous dites : Si un homme dit à son père ou à sa mère : Je déclare korbân (c’est-à-dire offrande sacrée) les biens dont j’aurais pu t’assister, 12 vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère 13 et vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous vous êtes transmise. Et vous faites bien d’autres choses du même genre ». Ainsi donc les Pharisiens et les scribes disaient aux fidèles qu’au lieu de subvenir directement aux besoins de leurs parents, il suffit de déclarer Korbân leurs offrandes normalement destinées aux parents et d’emmener leurs offrandes à Dieu (donc au Trésor du Temple). Les parents sont privés du soutien de leurs enfants et en réalité, cela enrichit les pharisiens et les scribes. Il y a donc détournement du commandement de Dieu à leur propre profit. D’où la réaction de Jésus : « hypocrites ! Ce peuple m’honore des lèvres mais leur cœur est loin de moi.  7 Vain est le culte qu’ils me rendent, les doctrines qu’ils enseignent ne sont que préceptes humains. 8 Vous mettez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. 9 Et il leur disait :  Vous annulez bel et bien le commandement de Dieu pour observer votre tradition ». Jésus désire que nous respections la Parole de Dieu. A l’exemple du Christ vis-à-vis des Pharisiens et des scribes, le Pape François, dès son élection à la papauté, a réagi de la même manière vis-à-vis de la Curie romaine. Il a remis de l’ordre chez certains responsables religieux qui, visiblement, ne menaient pas une vie conforme à la volonté de Dieu. Le Pape François le dit tout haut dans la « Joie de l’Évangile » :  « je désire une Eglise pauvre pour lespauvres » (§198).

Les trois textes d’aujourd’hui nous parlent des lois à mettre en pratique. Il ne s’agit pas de choisir seulement les lois qui nous plaisent comme par exemple d’aimer Dieu seulement. Il nous semble plus facile d’aimer Dieu que d’aimer son prochain, tout simplement parce que Dieu est parfait, sans défauts, sans péché et semble rester silencieux malgré nos mauvaises attitudes et nos mauvais comportements. Alors que lorsque nous nous tournons vers les hommes, nous les jugeons d’abord et les critiquons plutôt que de les aimer malgré leurs faiblesses et leurs défauts comme le Christ le fait envers chacun de nous. De plus, on se fera des ennemis.

De nos jours, de nombreux fidèles pensent qu’il suffit de venir régulièrement à la messe pour faire la volonté de Dieu et lui plaire. C’est déjà très bien de venir à la messe mais, en réalité, cela n’est pas suffisant. Il faut encore se tourner vers notre prochain, ce qui nous semble le plus difficile, parce qu’ayant nous-mêmes de nombreux défauts, au lieu de se tourner vers lui pour se mettre à son service, nous nous tournons vers lui pour lui montrer ses défauts ou ses faiblesses, ou encore l’utiliser pour en tirer un profit. Voici ce que dit le Pape François : « Pape François : Gaudete et Exsultate » – P.72 – §104 – Nous pourrions penser que nous rendons gloire à Dieu seulement par le culte et la prière ou uniquement en respectant certaines normes éthiques – certes la primauté revient à la relation avec Dieu – et nous oublions que le critère pour évaluer notre vie est, avant tout, ce que nous avons fait pour les autres. La prière a de la valeur si elle alimente un don de soi quotidien par amour. Notre culte plaît à Dieu quand nous y mettons la volonté de vivre avec générosité (donc en partageant avec les autres son temps, son argent, ses connaissances…) et quand nous laissons le don reçu de Dieu se traduire dans le don de nous-mêmes aux frères. 105 – Pour la même raison, la meilleure façon de discerner si notre approche de la prière est authentique sera de regarder dans quelle mesure notre vie est en train de se transformer à la lumière de la miséricorde. En effet, « la miséricorde n’est pas seulement l’agir du Père, mais elle devient le critère pour comprendre qui sont ses véritables enfants ». Elle est le pilier qui soutient la vie de l’Eglise. Ainsi, nous pourrons en déduire que la prière que nous faisons depuis des années est efficace lorsque notre vie s’en trouve transformée comme Dieu le voudrait : que nous soyons remplis d’amour et de rien d’autre.  Et si notre vie a changé dans nos rapports aux autres, c’est bien parce que nous avons accepté que la miséricorde divine nous transforme et nous sanctifie pour faire de nous de véritables enfants de Dieu. Et lorsque nos rapports aux autres n’ont pas changé dans le sens de l’amour du prochain, alors on peut déduire que notre approche de la prière – dont la messe – n’est pas authentique, elle s’apparente plus à celle des pharisiens et des scribes. On fait le culte pour le culte mais le cœur n’y est pas. « Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi » nous dit Jésus. La 1ère lecture d’aujourd’hui nous dit que « 27 La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste en ceci : visiter les orphelins et les veuves dans leurs épreuves, se garder de toute souillure du monde ». Autrement dit, d’abord accomplir au moins une des œuvres de miséricorde de Dieu. Saint Thomas d’Aquin (Gaudete et Exsultate – §106 – Pape François) quand il examinait quelles sont nos actions les plus grandes, quelles sont les œuvres extérieures qui manifestent le mieux notre amour de Dieu, il a répondu sans hésiter que ce sont les œuvres de miséricorde envers le prochain, plus que les actes de culte. Rappelons les quatorze œuvres de Miséricorde: 1 Nourrir ceux qui ont faim; 2 Donner à boire à ceux qui ont soif; 3 Vêtir ceux qui sont nus; 4 Recueillir les étrangers; 5 Visiter les malades et les prisonniers; 6 Apporter le salut aux prisonniers; Ensevelir les morts. Les oeuvres de miséricorde spirituelles : 7 Instruire les ignorants; 8 Conseiller ceux qui doutent; 9 Consoler les affligés; 10 Reprendre les pécheurs; 12 Pardonner les offenseurs; 13Supporter avec patience les personnes ennuyeuses; 14 Prier pour tous les vivants et les morts. Et le Pape François poursuit (§107 – Gaudete Et Exsultate) : « Celui qui veut vraiment rendre gloire à Dieu par sa vie, celui qui désire réellement se sanctifier pour que son existence glorifie le Saint, est appelé à se consacrer, à s’employer, et à s’évertuer à essayer de vivre les œuvres de miséricorde ».

Et si vous ne pratiquez aucune de ces œuvres, il serait peut-être temps d’aimer Dieu sincèrement, au plus profond de vous-même.  Pour cela, nous dit Saint Jean de la Croix (« Œuvres complètes » – Tome II – P.1018), « efforcez-vous d’être constamment en oraison, ne la délaissant pas même au milieu de vos exercices corporels. Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous parliez, ou que vous traitiez avec les séculiers (les non-religieux, les laïcs), ou que vous fassiez quelque autre chose, désirez Dieu sans cesse et dirigez vers lui l’amour de votre cœur, car c’est une chose très nécessaire pour la solitude intérieure. Celle-ci demande que l’âme ne s’arrête à aucune pensée qui ne soit dressée à Dieu (autrement dit ne pas arrêter sa pensée sur autre chose que Dieu), et qu’elle laisse dans l’oubli toutes les choses qui existent et qui passent en cette brève et misérable vie. En aucune ma­nière, ne cherchez à savoir autre chose que la manière dont vous pourriez servir Dieu davantage et mieux obser­ver les devoirs …d’enfants de Dieu ». Un Jésuite Belge, théologien et bibliste de renom du 16-17ème siècle, Cornelissen van den Steen (Cornelius a Lapide), nous dit : Combien vivent dans l’ivresse, la fornication sous toutes ses formes, les disputes, le parjure, les médisances, sans vouloir rien abandonner de ces coupables habitudes : ou s’ils en ont l’intention, ils ne prennent aucun des moyens nécessaires pour s’arracher des vices enracinés. Par-dessus tout, l’orgueil et la luxure dominent les hommes sous leur pouvoir, et plus que tout autre vice, ces deux-là remplissent l’enfer. Il rejoint en partie ce que dit l’Évangile d’aujourd’hui : Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. 21 Car c’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres, 22 adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison. 23 Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme.  Et Cornelissen dénonce alors l’attitude des chrétiens : On redresse sa conduite une fois l’an, à l’occasion de Pâques, et on se confesse parce qu’on se sent comme contraint par les monitions du prêtre : ce bon mouvement est presque arraché par le sentiment d’une obligation au lieu d’être libre et spontané …. Aussi, passées la Communion Pascale et la confession, retourne-t-on bientôt à ses passions, à ses habitudes perverses, à ses péchés, comme le font aussi beaucoup de ceux qui se sont confessés à l’article de la mort, c’est-à-dire quand il se trouve à l’agonie et pense qu’il va mourir, et qui, le danger écarté, retombent dans toutes leurs misères. Ce retour au mal montre bien qu’on ne s’était converti que par obligation ou par peur de la mort, mais qu’il n ‘y avait réellement rien de sérieux ni de profond. Ne nous contentons pas de prier, de lire ou d’écouter la Parole de Dieu, de se confesser et de communier, désirons avec force et détermination à vouloir absolument nous convertir du fond du cœur pour changer de cap dans notre vie de chrétien, et à vouloir sans cesse, avec l’aide de Marie, nous unir sincèrement et constamment au Christ afin qu’il nous transforme et nous sanctifie.




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 7, 1-8.14-15.21-23)

Évangile selon saint Marc 7, 1-8.14-15.21-23

 

Le respect de la tradition … ou être proche de Dieu ?

 

La tradition dans l’Église va commencer formellement quand Dieu va donner à Moïse les dix paroles, écrites sur des tables de pierres. Paroles que Moïse va décliner en « décrets et ordonnances … pour que vous les mettiez en pratique » (1° lecture). Paroles données par Dieu qui est « proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ».

Moïse ajoute : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne, et vous n’y enlèverez rien… [Gardez-les] tels que je vous les prescrits. ». Mais ce ne fut pas tout à fait le cas.

Quand Jésus vint, il donna « un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34).

Attention, ce n’est pas les bizounours ! Ce n’est pas « Tout le monde, il est beau, il est gentil » ! Ce n’est pas simplement entre soi, mais avec tout le monde, toujours en lien avec Jésus : « Comme je vous ai aimés ». Comme Jésus, c’est-à-dire, en esprit et en vérité. C’est aimer comme le Père nous a aimés.

Dans tout ce qui concerne la religion, la question qu’on doit se poser n’est pas de savoir s’il faut se laver les mains avant de manger, mais plutôt « Qu’est-ce qui est agréable à Dieu ? ».

Ce ne sont pas les sacrifices ni les holocaustes (cf Ps 50,18). C’est faire comme Jésus, aller vers les humbles, les pauvres, les faibles. Vers ceux qui sont dans des difficultés financières, morales, ceux qui sont malades, sans emplois, sans toit …  Ce que le prophète Isaïe dit : « (Ce) qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? » (Is 58,6-7).

« Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé » (Ps 50,19). Non pas un esprit cassé, foutu, anéanti, inutile … mais un esprit dont l’enveloppe est brisée, fendue, pour que Dieu puisse y pénétrer et pour laisser passer ce qui est en lui : l’amour que Dieu y a déposé, pas simplement pour lui, mais aussi pour les autres ; la compassion pour les autres, pas en paroles, mais en actes … et c’est ça qui est le plus dur…

Nous venons d’entendre « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6,58). Mais sommes-nous vraiment conscients de cette présence de Dieu en nous ? Bien souvent nous communions, mais nous ne laissons pas Dieu agir en nous, nous faisons comme si de rien n’était. Acceptons-nous de laisser briser notre cœur pour laisser passer l’amour de Dieu dans notre vie … et par là dans celle des autres ?

Combien de fois sommes-nous interpellés dans notre cœur par des images, des informations, des reportages, à la télévision ou dans les journaux ? On a le cœur chaviré … mais cela ne dure souvent que le temps de l’émission … et le train-train, la routine reprend le dessus …

Nous en sommes tous là (ou presque),  et on se donne de bonnes raisons : on ne peut rien faire de concret, ça nous dépasse, on n’est pas compétant, c’est trop loin … Mais n’y a-t-il pas des injustices à réparer autour de nous ?

Attention à ne pas recevoir de Jésus ce qualificatif : « hypocrites … Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »

Écoutons saint Jacques : « Mettez la Parole en pratique (ce que disait déjà Moïse et Jésus), ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. » (2° lecture).

Illusion d’être dans les ’’bons chrétiens’’ !

Mais ce n’est pas à nous d’en juger. C’est le rôle du Fils de l’Homme, Jésus, de le faire (cf Mt 25,31 ss). Et il le fera sur son commandement d’amour. Ce que nous rappelle saint Jean de la Croix : « Au soir de cette vie, vous serez jugés sur l’amour. ».

Prions pour que tout ce qui sort de notre cœur soit fondé sur l’amour, envers Dieu et envers le prochain. Pour cela, il nous faut répéter sans cesse cette prière du Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation. ».

Seigneur Jésus,

tu nous remets vigoureusement

au centre de notre relation à Dieu :

ce qui compte, ce ne sont pas les pratiques,

mais la qualité de notre manière de vivre,

en esprit et vérité,

vis-à-vis de Dieu et de notre prochain.

Aide-nous à résister à la tentation du monde et du Malin

pour être toujours des témoins de ton amour.

 

Francis Cousin

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21ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Jn 6, 60-69)

Évangile selon saint Jean 6, 60-69

 

« Seigneur, à qui irions-nous ?… »

 

Après le discours de Jésus sur le pain de vie donné dans la synagogue de Capharnaüm, source de plusieurs incompréhensions, beaucoup de questions se posaient à ses disciples : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? ».

C’est la première des interrogations de ce court passage de l’évangile de ce jour. Trois autres vont suivre : la seconde est de Jésus : « Cela vous scandalise (que je dise :’ Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.’) ? » à l’adresse de tous ses disciples. Apparemment oui, et on peut les comprendre … et ‘beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner’.

Troisième interrogation de Jésus aux douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » à laquelle répondra Pierre par une autre question : « Seigneur, à qui irions-nous ? » et il explique :     «  Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. », c’est-à-dire le Messie.

On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec cet autre passage des évangiles synoptiques, que les auteurs situent dans les environs de Césarée de Philippe peu après l’exécution de Jean-Baptiste, où Jésus demande aux douze : « Mais pour vous, qui suis-je ? » à laquelle répond encore une fois Pierre, au nom des douze, « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » (Mt 16,15-16). Par ses réponses, Pierre manifeste l’ascendant qu’il a sur les autres apôtres, ce qui aura pour conséquence que Jésus changera son nom de Simon en Pierre, le roc sur lequel on peut bâtir, et lui confiera son Église future, bien que peu avant il l’avait qualifié « d’homme de peu de foi » (cf Mt 14,11).

Les deux réponses de Pierre vont dans le même sens : la reconnaissance que Jésus est le Messie et le Fils de Dieu. Et dire que Jésus à les paroles de la vie éternelle, c’est dire qu’il vient de Dieu pour retourner (avec nous) vers Dieu. C’est la foi en la parole de Jésus : « celui qui voit le Fils et croit en lui [a] la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn  6,39-40).

Oui, la Parole de Jésus est rude, ardue, exigeante, difficile à comprendre et à vivre … mais cette Parole est encore écoutée, presque deux mille ans après avoir été prononcée, … et suivie par beaucoup de personnes.

Cela veut dire que, au-delà de la parole, il y a quelque chose de plus, qui est intimement liée à cette parole, qui est l’amour de Dieu pour les hommes, qui est de toujours et pour toujours, et qu’on ressent dans les paroles de Pierre : « Tu as les paroles de la vie éternelle … »

Qu’est-ce qui nous est demandé, à chacun de nous, dans cet évangile ?

Sans aucun doute reprendre à notre compte les dernières phrases de Pierre : « Quant à nous, … quant à moi, je crois, et je sais que tu es le saint de Dieu. »

Et il nous est demandé d’être témoin de Jésus auquel nous adhérons, de répercuter cette ’’parole qui est rude’’, et sans doute encore plus rude maintenant dans le monde dans lequel nous vivons.

Mais pour cela, il nous faut être crédible. Il faut que notre vie et nos paroles soient ancrés aux paroles de Jésus, qui est la vérité et la vie.

N’ayons pas peur ! Ayons confiance en Dieu ! Il nous donnera toujours les moyens de réaliser ce qu’il veut que nous fassions pour lui.

Mais pour cela, il nous faut demander ces moyens dans la prière et dans l’adoration, et se laisser porter par le souffle du Saint Esprit.

Seigneur Jésus,

ta Parole est difficile,

et beaucoup refusent de l’entendre.

Parce qu’elle est exigeante,

et qu’elle demande que nous laissons parler

l’amour que tu as mis dans nos cœurs,

au lieu de ne penser qu’à notre propre personne.

Aide-nous à nous laisser

mener par ton Esprit.

 

Francis Cousin

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19ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN

 

19e dimanche ordinaire – Année B – Jean 6 41–51

 

Après avoir montré la puissance de Yahvé face au dieu Baal au Mont Carmel, le prophète Élie est découragé parce que l’épouse du roi Achab, Jézabel, qui a introduit le culte des idoles en Israël, veut sa mise à mort. C’est pourquoi Élie s’enfuit dans le désert. Il souhaita mourir et dit :  C’en est assez maintenant, Yahvé! Prends ma vie… ». C’est ce qui passe aussi aujourd’hui, lorsque des personnes gravement malades, isolées et abandonnées par leur famille, ou d’autres personnes qui viennent de connaître une séparation, ou d’autres cas de personnes endettées, alcooliques, droguées etc.. se découragent. Pourtant, pendant que le prophète Élie s’endort, Dieu n’arrête de prendre soin de lui en envoyant un ange le nourrir en deux fois : « Lève-toi et mange ». Les expressions « se coucher et s’endormir » s’opposent à « lève-toi et mange » et font penser à la « mort et résurrection du Christ ». Dieu n’abandonne jamais les siens. Un chrétien n’a pas à se décourager, parce que Dieu prendra toujours soin de lui, à sa manière, pour nous ramener à Lui. Uni à Dieu, un chrétien, quelle que soit sa vie, même malade, même très âgée, même abandonnée des siens, est toujours en mission, à l’exemple de Marthe Robin qui, paralysée pendant plus de cinquante ans sur son lit, ne recevant qu’une hostie par jour, a sauvé, par la conversion, de nombreuses personnes qui venaient la visiter. Dans le découragement, cela ne sert à rien de se révolter contre Dieu. Au contraire, refugiez-vous en Lui avec l’aide de Marie.  Saint-Paul nous dit « Ne contristez pas l’Esprit Saint de Dieu, qui vous a marqués de son sceau pour le jour de la rédemption. 31 Aigreur, emportement, colère, clameurs, outrages, tout cela doit être extirpé de chez vous, avec la malice sous toutes ses formes. 32 Montrez-vous au contraire bons et compatissants les uns pour les autres, vous pardonnant mutuellement ». L’expression « les Juifs se mirent à murmurer » signifie que la foule manque de foi envers Jésus, tout simplement parce qu’elle connaît Jésus : « c’est le fils de Joseph dont nous connaissons le père et la mère ». Jusqu’à présent, Jésus apparaissait comme quelqu’un qui n’a rien d’exceptionnel. C’est quelqu’un du village comme n’importe qui. Les gens l’ont jugé sur son apparence extérieure, sans savoir qu’il était fils de Dieu. Il y a ainsi des gens anonymes qui sont des saints en devenir et que nous ignorons parce qu’ils ne font rien d’exceptionnel mais qui, également, ne contristent pas l’Esprit Saint de Dieu, extirpant de chez eux tout ce qui déplaît à Dieu : aigreur, emportement, colère, clameurs, et la malice sous toutes ses formes. Ce sont souvent des gens authentiquement  simples ou non pas ceux qui se croient simples, capables de se montrer bons et compatissants, capables de pardonner, acceptant même l’humiliation en silence comme le Christ dans sa Passion. Ils ont pour ainsi dire « aplani le chemin de Dieu » en leur propre cœur pour mieux se mettre au service des autres, aussi sont-ils centrés sur le Christ et uniquement sur Lui pour mieux se tourner vers les autres. Le Pape François (Gaudete et Exsultate – §112) nous dit : « la première des grandes caractéristiques de la sainteté, c’est d’être centré, solidement axé sur Dieu qui aime et qui soutient. Grâce à cette force intérieure, il est possible d’endurer, de supporter les contrariétés, les vicissitudes de la vie, et aussi les agressions de la part des autres, leurs infidélités et leurs défauts », montrant ainsi que la force de Dieu qui nous anime réside justement dans cette capacité à combattre nos propres défauts, car nos défauts sont nos véritables ennemis, causés par l’esprit du Mal.

Le peuple de Dieu libéré de l’esclavage d’Egypte avait aussi murmuré contre Moïse et Aaron. Mais cette fois-ci, il murmurait parce qu’il avait faim et soif et aurait préféré retourner en Egypte en tant qu’esclave pour pouvoir manger à leur faim. Et Dieu leur donne la manne en plein désert pour les soutenir dans leur traversée du désert. Dieu vient toujours au secours de son peuple affaibli.

Jn 6,32-33 : « 32 ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain qui vient du ciel; mais c’est mon Père qui vous donne le pain qui vient du ciel, le vrai; 33 car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde ». Le Pain de vie est un homme envoyé par le Père : Jésus. Il se présente à nous de deux manières : le Verbe de Dieu ou Parole de Dieu- et le Pain sous forme d’hostie. Et nous avons besoin des deux. Mt 4,4 : « Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Sg 16,26 : « ce ne sont pas les diverses espèces de fruits qui nourrissent l’homme, mais c’est ta parole qui conserve ceux qui croient en toi ». La Parole est si importante qu’une personne qui ne peut pas communier à l’hostie peut le faire à la Parole de Dieu. Et cette communion à la Parole est parfois bien plus importante que celle à l’hostie : lorsque l’on communie à la Parole, il y a souvent un échange entre la Parole de Dieu et celui qui l’écoute attentivement, et cela devient une oraison, une prière face à face avec Dieu. Marthe Robin nous dit (« Marthe Robin – J.Jacques Antier – P.326-327 ) : «  Si on me demandait que vaut-il mieux faire, l’oraison (prière en tête à tête avec Dieu) ou la communion, je répondrai l’oraison. « Priez, priez sans cesse ! » Or, il est difficile de bien prier et de prier sans cesse si le cœur ne se remplit pas de bonnes pensées, fruits de la méditation. La communion ne suppose pas toujours la vertu. On peut communier et se rendre coupable. L’oraison de chaque jour ne veut pas dire qu’on soit vertueux ; elle est une preuve qu’on tend à le devenir. On trouve des chrétiens qui communient tous les jours et qui sont en état de péché mortel. Mais on ne trouve jamais une âme qui fasse oraison tous les jours et qui demeure dans le péché ». Il est en effet impossible à quiconque de faire une fausse prière à Dieu : ou bien il prie du fond du cœur, ou bien il ne prie pas, mais il ne peut pas faire semblant. Alors que pour la communion à l’hostie, Marthe Robin le dit : « il y a des chrétiens qui communient tous les jours alors qu’ils sont en état de péché mortel ». Il est nécessaire de communier au Christ des deux manières : Parole et Pain. Prenez un soin particulier pour la communion au Pain, à l’hostie. Ce n’est pas parce que vous mangez l’hostie que vous êtes forcément en communion avec le Christ, cela peut être aussi un moment de scandale devant Dieu même si vous voulez sauver les apparences devant les hommes. Centrons-nous sur le Christ, avec un véritable esprit de pureté ou un grand désir de pureté, au moment de communier à l’hostie. Voici ce que Jésus dit à deux grandes saintes : Marguerite Marie Alacoque et Sainte Gertrude.

Un jour que sainte Marguerite-Marie se préparait à la sainte communion, elle entendit une voix qui disait : « Regarde, ma vie, le mauvais traitement que je reçois dans cette âme qui vient de me recevoir. Elle a renouvelé toutes les douleurs de ma passion… Je veux que, lorsque je te ferai connaître le mauvais traitement que je reçois de cette âme, tu te prosternes à mes pieds après m’avoir reçu, pour faire amende honorable à mon Cœur, offrant à mon Père le sacrifice sanglant de la croix, à cet effet, et tout ton être pour rendre hommage au mien et réparer les indignités que je reçois dans ce cœur. » La sainte fut surprise d’entendre ces paroles sur une âme qui venait de se laver dans le sang précieux ; Notre-Seigneur lui dit : « Ce n’est pas qu’elle soit dans le péché, mais la volonté de pécher n’est pas sortie de son cœur, ce que j’ai le plus en horreur que l’acte du péché, car c’est appliquer mon sang par mépris sur un cœur corrompu, d’autant que la volonté du mal est la racine de toute corruption ».  A ces mots, la sainte souffrit de grandes peines, demandant miséricorde pour cette âme ; Notre-Seigneur lui dit : « J’ai oui ton gémissement, et j’ai incliné ma miséricorde sur cette âme. » (Éd. Gauthey, 1, p. 112.)

Jésus avait montré à Sainte Gertrude comment la gloire d’une âme s’accroît par la fréquente réception de l’Eucharistie. Oh ! mon Bien-Aimé, soupirait-elle, combien les prêtres nous dépasseront dans la gloire, car ils ont la joie de communier tous les jours » lui dit alors Gertrude. Jésus consola cette plainte amoureuse en expliquant à Sainte Gertrude que le désir de Le recevoir compense largement les nombreuses communions d’habitude, tièdes et peu ferventes : « une ferveur plus grande peut compenser la participation moins fréquente au divin banquet. Pourvu qu’on approche, convenablement disposé à la table sainte (c’est-à-dire « bien disposé à recevoir le Christ parce qu’on le désire ardemment), on aura un accroissement de la grâce propre à ce sacrement, dont les effets et les fruits diffèrent selon la pureté de la préparation…Nulle de ces joies ne sera le partage de ceux qui célèbrent le Saint Sacrifice avec froideur et routine ».

Il faut donc un grand désir de recevoir Dieu au moment de la communion, et donc de se préparer sérieusement à la messe afin d’avoir ce « désir du Christ », et ne pas s’approcher du Seigneur sans une ferveur profonde et vraie en sa vie intérieure. Approchons-nous du Seigneur en toute humilité, sans aucune honte, avec le cœur d’un enfant, heureux d’avancer vers le Père (toute la messe s’adresse au Père) par un grand désir du Christ. Il en sera de même pour les personnes qui ne peuvent pas communier au Corps du Christ mais veulent une bénédiction du Père : qu’ils désirent au plus profond d’elles-mêmes s’unir ardemment au Christ.  Mais il nous sera difficile de venir à la communion à La Parole de Dieu ou au Corps du Christ le samedi ou le dimanche si on ne s’est pas préparé pendant toute la semaine : avec Marie, prions Dieu, chaque jour de la semaine, de nous donner ce désir ardent d’être en communion avec le Christ tous les jours de la vie et particulièrement à chaque messe au moment de la communion à la Table de la Parole et à la Table de l’Eucharistie.




19ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

 

« Lève-toi, mange, marche… »

Jn 6, 41-51

 

Un homme à bout, titubant de fatigue, dans le désert, son corps n’en peut plus, il est au bout du rouleau. Son âme aussi n’en peut plus, il est complètement découragé :

il n’a plus le moral. Trop, c’est trop ! Et pourtant cet homme-là, c’est Elie, le grand Elie, celui qui a maintenu la foi d’Israël dans un monde complètement paganisé : le vainqueur devant les cent prêtres de Baal qui criaient pour que Dieu incendie leur autel alors que, seul, celui d’Elie, reçut le feu du ciel.

Hélas ! Ce n’est plus le grand Elie, c’est le pauvre Elie, l’ombre de lui-même, épuisé, la bouche sèche, l’estomac creux, avec des muscles qui lui font mal et qui ne répondent plus… il s’écroule de fatigue à l’ombre d’un buisson : « Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie. Je ne vaux pas mieux que mes pères ».

Il tira un pan de manteau sur sa tête et s’endormit.

Cet Elie, comme il nous ressemble à certains moments de notre vie ! Rappelez-vous, vous aussi, ces étapes difficiles, quand vous étiez à plat,  » à zéro » comme on dit, dans la déprime, le marasme, que tous les horizons étaient bouchés et que vous aviez si peu de courage, que vous n’aviez même plus envie de continuer, « C’en est trop ! Reprends ma vie », envie de fuir la vie pour un temps ou la mort pour toujours, le sommeil lourd qui aide à fuir, pour un temps, les dangers et les désarrois qui assaillent la vie. Mais un ange, c’est-à-dire un messager de Dieu le tire de son sommeil : Dieu n’aime pas l’homme écroulé, l’homme prostré, abattu par le mal comme l’arbre par la tempête ; il le tire de son sommeil et lui parle : « Lève-toi et mange ».

 « Lève-toi  » : combien de fois, Jésus lui aussi, a dit cela aux grabataires qu’on lui présentait sur leurs brancards,

– à Lazare : « Lève-toi et sors »

– à la fille de Jaïre : « Je te le dis : lève-toi »

– au fils de la veuve de Naïm : « Lève-toi ».

Se lever : c’est la position du vivant alors que l’homme couché est déjà prémonitoire de l’homme mort. Rappelez-vous l’hymne pascal : « Lève-toi, ressuscité d’entre les morts ».

Se lever, se relever, c’est le signe d’un nouveau départ.

« Lève-toi et mange » : manger est le signe que la vie est là, en train de revenir. Lorsque l’on dit d’un malade : « Ça y est ! Il s’est mis à manger ! Aujourd’hui, il a pris un petit quelque chose », c’est le signe que ça va mieux, que tous les espoirs sont permis. « Il y avait là, près de la tête d’Elie un pain cuit sur la braise et une cruche d’eau : du pain et de l’eau, le minimum vital en temps de famine.

Une deuxième fois, Elie se couche et s’endort : ne pas se croire trop vite sorti de l’épreuve. Une 1ère communion ne suffit pas : tout comme dans la journée, un seul repas ne suffit pas. Il faut recommencer : la communion fréquente. De nouveau, le messager de Dieu le touche et le fait se lever pour manger, boire donc pour vivre.

Se lever, manger et boire puis marcher : sont les actes essentiels, primordiaux du vivant. Elie, en se levant, a expérimenté dans son corps, dans sa chair, le passage, le don de Dieu : « Lève-toi et marche » après « Lève-toi et mange ».

L’Eucharistie, pour le chrétien, aura également pour but de nous mettre debout, de nous faire prendre des forces puis de repartir, nous, chrétiens, qui sommes des gens en route, des marcheurs de Dieu, des pèlerins qui ne s’arrêtent qu’à des étapes provisoires jusqu’à la grande arrivée, la grande rencontre, jusqu’à l’Horeb : la montagne de Dieu.

Oui, c’est cela un chrétien, un homme qui se lève donc un homme debout, un homme qui prend des forces que Dieu lui donne tout au long de son parcours puis qui se met en marche vers l’horizon que Dieu lui indique.

 Lui, aussi, il est souvent dans le désert.

Lui, aussi, il a faim et soif d’autre chose.

Lui, aussi, il est capable de se décourager, de chuter en route, de se coucher par terre en disant: « Seigneur, je n’en peux plus ».

Mais le Seigneur est là, invisible, qui l’accompagne, qui est à côté de lui et qui a chaque instant lui répète : « Moi, je suis le pain de vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne et ils sont morts mais ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne mourra pas ! Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ! Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde ».

Dans cette liturgie d’aujourd’hui, nous retrouvons les trois mots clés de la vie chrétienne : 

1Mange : le chrétien est un homme qui se nourrit et il en a besoin. Il se nourrit de la Parole de Dieu (c’est toute la 1ère partie de la messe). Il se nourrit du pain vivant descendu du ciel : le Christ qui se donne lui-même en nourriture, sa chair donnée pour la vie du monde. Il se nourrit aussi de la volonté de Dieu sur sa vie : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de mon Père ! ». Pas de vie chrétienne possible sans ces trois aliments : Parole de Dieu, pain du ciel, volonté du Père, pas plus qu’il n’y a de vie physique possible sans repas. Pas de vie spirituelle sans lecture de la Parole, communion, accueil de la volonté du Père.

Un grand malade qui ne s’alimente plus, chacun sait qu’arrive le commencement de la fin : ce n’est plus qu’une question de temps. C’est pourquoi Dieu nous dit « Mange », c’est vital, sinon tu te coupes de la vie de Dieu. Vous trouvez normal de mettre de l’essence dans votre voiture et vous savez très bien qu’elle n’avancera plus s’il n’y en a plus. C’est aussi évident et nécessaire pour la lecture de la Parole de Dieu, la communion, la volonté de Dieu dans ma vie.

Suis-je en manque de nourriture divine ? 

2Lève-toi : une fois qu’il a mangé, le chrétien retrouve des forces, il récupère de l’énergie. Alors, il peut se lever ! Rappelez-vous, lorsque vous avez été bien malade et qu’un jour, le médecin vous a dit : « Maintenant, vous allez pouvoir vous lever ».

Se tenir debout : c’est le signe du vivant. Après cette messe, nous aussi, nous allons pouvoir nous lever, partir, sortir de cette église avec une nouvelle énergie ; autrement, comme pour Elie, le chemin serait trop long, trop dur pour nous.

L’homme debout, c’est aussi le signe du Christ ressuscité, levé d’entre les morts, non plus l’homme prostré, l’homme couché dans le tombeau du Vendredi Saint. A Pâques, Il est debout, Ressuscité ! 

3 – Marche : Si nous sommes debout, ce n’est pas pour faire du sur-place ou nous tenir au « garde à vous », nous sommes debout pour marcher, pour avancer, pour poursuivre notre mission.

Chrétiens, nous sommes des voyageurs, des nomades. Nous n’avons pas à nous installer intérieurement : toujours, nous sommes en chemin, à la suite de celui qui a dit « Je suis le chemin, la voie », « Celui qui marche dans mes pas suit le chemin de la vie ». C’est ce que nous rappelle le pèlerinage. Pas des touristes ! Nous sommes des gens en marche. Sans cesse mettre un pas devant l’autre, c’est le vrai progrès, la progression vers lui, vers le but, vers la Terre Promise, vers le Royaume de Dieu.

Mange, lève-toi, mets-toi en marche : c’est ce que le Seigneur désire de nous, c’est ce qu’il nous répète de dimanche en dimanche jusqu’à la grande rencontre ! AMEN




14ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Marc 6, 1-6

 

« N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? » 

Les relations humaines sont bien compliquées. Quelque soit l’environnement dans lequel nous évoluons (famille, collègue de travail, équipe de sport, associations diverses, paroisse …), nous trouvons toujours quelque chose à dire contre une, deux, voire plus … personnes que nous trouvons inintelligentes, maniérées, pédantes, m’as-tu vues, lèche-bottes, incapables, sournoises, incompétentes, etc … . Et nous sommes d’autant plus dures avec elles que nous les connaissons mieux. On trouve toujours un défaut à ces personnes, qui est souvent subjectif (grosse, planche à pain, mal habillée …) mais qui parfois se base sur des éléments contre lesquelles les personnes concernées ne peuvent rien, notamment les personnes handicapées moteurs (elle ne travaille pas assez vite, elle profite de son handicap pour ne pas faire ceci ou cela, elle n’a pas de rendement, …) ou mentales (il ne comprend jamais rien, il est ’’lourd’’, …).

Est-ce cela qu’on appelle la charité chrétienne ?

D’autant qu’il faut bien se douter que, si nous disons des choses comme celles-là sur les autres, ces autres doivent en dire autant sur nous !

C’est là qu’il faut se rappeler une phrase de l’Évangile : « Quoi ! Tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? » (Mt 7,3). Ou ce proverbe bien connu : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’ils vous fassent. », que Jésus à prononcé autrement, dans un sens positif, qui est encore plus difficile à mettre en œuvre : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux. » (Mt 7,12).

Ou encore d’autres phrases du pape François, qui reviennent régulièrement dans ses interventions, comme celle-ci : « Comprenez bien : pas de commérages, le terrorisme des commérages. Car celui qui colporte les rumeurs est un terroriste. C’est un terroriste dans sa propre communauté, car il jette comme une bombe ses paroles contre telle personne ou telle autre, et puis il s’en va tranquillement. Cela détruit ! Celui qui fait cela détruit, comme une bombe, et lui s’éloigne. » (Pape François, catéchèse du 25 septembre 2013).

Cette manière de faire (ou de dire !) est d’autant plus gênante que bien souvent nous sommes plus enclins à trouver des excuses aux personnes que l’on connaît peu, ou qu’on rencontre pour la première fois !

C’est un peu la même chose qui est arrivé à Jésus quand il revint à Nazareth, et qu’il s’exprima dans la synagogue, où il était connu de tous.

Saint Marc ne nous donne que la réaction des gens, d’abord enthousiastes : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? ». C’est la surprise, l’étonnement ! … puis ils se rappellent tout ce qu’ils connaissent de Jésus : « Mais je le connais bien, lui ! On a joué aux billes ensemble quand nous étions petits ! On a joué à cache-cache ! On a ramassé du bois ensemble pour faire la cuisine ! … Je connais bien ses parents … C’est lui qui a construit ma maison ! … ».

Il faut dire que Jésus n’avait pas utilisé la langue de bois ! Saint Luc nous raconte l’objet de son discours : « ’’L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.’’ Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : ’’Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre.’’ » (Lc 4,18-21).

Dire cela, c’est affirmer qu’on est le Messie, l’envoyé de Dieu qui vient sauver son peuple. Et on peut penser que, dans la mentalité des personnes, ce Messie viendrait d’on ne sait où (du ciel, comme un extra-terrestre …), déjà adulte et prêt à proclamer son message, dans avoir une histoire personnelle.

Ce n’est pas ce que voulait Dieu : Jésus n’est pas un extra-terrestre, mais au contraire bien un terrestre, comme tous les enfants : « Il a prit chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme » (Credo de Nicée).

C’est cette proximité que Dieu a voulu avec les hommes qui n’a pas été comprise : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. » (Jn 1,11).

Gardons-nous bien de faire comme les gens de Nazareth : ne pas reconnaître Jésus pour ce qu’il est. Parce que c’est ce que nous faisons à chaque fois que l’on fait des ’’commérages’’ sur ceux qui nous entourent. Jésus nous l’a bien dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. » (Mc 9,37). Il suffit de remplacer un enfant par mon prochain.

Dire des commérages, du mal des autres, cela revient à ne pas accueillir Dieu qui vient chez nous !

Alors, comme le dit le pape François : « S’il te prend l’envie de dire quelque chose contre un frère ou une sœur, de jeter une bombe de commérage, mords-toi la langue ! Fort ! » (catéchèse du 25 septembre 2013).

 

Seigneur Jésus,

comme nous sommes prompts

à critiquer et dire du mal des autres.

Nous avons souvent tendance

à nous croire supérieurs aux autres,

alors que …

Fais que nous soyons plus humbles,

et que nous sachions

te reconnaître dans les autres,

toi qui t’es fait homme comme nous.

  

Francis Cousin

                      

 

Pour accéder à une prière illustrée, cliquer sur le titre suivant : Prière dim ord B 14° A6

Si vous désirez une illustration du texte d’évangile commenté ce jour cliquer sur le lien suivant : Parole d’évangile semaine 18-27




Tout homme est aimé de Dieu (Mt 7,6.12-14) !

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 7,6.12-14)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré ; ne jetez pas vos perles aux pourceaux, de peur qu’ils ne les piétinent, puis se retournent pour vous déchirer.

    Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes.

    Entrez par la porte étroite. Elle est grande, la porte, il est large, le chemin qui conduit à la perdition ; et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent.
Mais elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui conduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent. »

Il ne faudrait pas conclure de cet évangile que la Bonne Nouvelle ne serait destinée qu’à une catégorie de personnes et qu’une partie de l’humanité serait donc déclarée incapable de recevoir le trésor de l’Evangile et donc d’entrer dans l’Eglise. Non. La Bonne Nouvelle du Salut en Jésus Christ doit être annoncée à tous, à temps et à contre temps, car tout homme, du fait même qu’il est homme, est appelé à l’amitié avec Dieu.

Mais en même temps, Jésus nous donne un conseil de prudence : l’Evangile est une réalité sacrée, une perle précieuse ? Jésus nous demande de ne pas le livrer inconsidérément à ceux qui sont, pour l’instant, incapables de l’accueillir. Nous ne sommes jamais dispensés d’avoir du tact et de la délicatesse pour proposer le message évangélique avec ses exigences. Leçon capitale pour ceux qui vivent dans des milieux parfaitement étrangers à la pensée chrétienne.

La deuxième parole de vie, c’est la règle d’or : «  Tout ce que voulez que les autres fassent pour vous, faites-le de même pour eux. » Ne plus être centré sur soi, mais sur autrui. Faire aux autres ce que l’on souhaite pour soi. Jésus résume tout, dans cette courte formule.

La troisième parole de vie : la porte étroite et la route resserrée qui conduisent à la vie. Autrement dit, il faut accepter l’Evangile dans sa totalité, et ne pas choisir les formules qui me plaisent. Le chemin de la médiocrité est un chemin facile. Il suffit de se laisser aller. Il faut bien le constater avec Jésus, ceux qui acceptent de vivre intégralement d’Evangile, sont le petit nombre.

Que ces mots abruptes de Jésus nous aident à changer avec courage ce qui doit être changé dans notre vie !

P. Antoine Dennemont




13ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Marc 5, 21-43

 

« Fille, ta foi t’a sauvée. »

 

Le texte de l’évangile de ce jour parle de deux miracles concernant des femmes, dont on ne connaît pas le nom.

Pour la première, une fillette de douze ans, c’est son père, un chef de synagogue, Jaïre, quelqu’un de connu et de respecté, qui tombe aux pieds de Jésus : « Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. ». On pourrait être surpris par la redondance de la demande : « être sauvée » et « vivre » : Si on est à la mort et qu’on est sauvé, c’est qu’on vit ! Peut-être qu’il y a un questionnement à se poser sur la signification des mots selon qu’on les prend au sens biologique ou au sens spirituel : sauvée biologiquement et vivante spirituellement (en vie éternelle), ou sauvée spirituellement et vivante biologiquement ? Ou vivante pour pouvoir donner la vie (alors qu’elle n’avait pas encore atteint l’âge de la fécondité) ?

La réponse pourrait, peut-être, être donnée par l’intermédiaire du deuxième personnage.

Il s’agit d’une femme, dont on ne connaît pas l’âge ni le nom, atteinte d’un écoulement de sang depuis douze ans, qui a dépensé tout ce qu’elle avait auprès des médecins sans résultats, et qui, ayant entendu parler de Jésus, malgré son infirmité qui la condamne à être rejetée de la société parce qu’impure (cf Lv 15,19-33, notamment le verset 25), « vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement. Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. ». Et la réponse vient de Jésus après que la femme se soit jetée à ses pieds : « Fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix et sois saine de ton infirmité ». La guérison biologique vient en réponse à la foi (spirituelle) de la personne ; et en même temps, elle rend la personne saine, c’est-à-dire sans impureté, lui rendant son statut social, et surtout lui permettant de donner la vie.

Comme toujours avec Jésus, la guérison biologique est faite en réponse à un acte de foi de la personne (ou d’une autre dans le cas de Jaïre et de sa fille). Ainsi les guérisons de Jésus permettent à la personne de retrouver toute son intégrité : physique ou biologique, sociale, et spirituelle.

Si on regarde la deuxième femme, celle qu’on appelle ‘l’hémorroïsse’ du nom de sa maladie, on pourrait dire qu’elle a tout contre elle, ou rien pour elle : elle a une maladie qui ne lui permet aucun contact avec qui que ce soit, qui la met à l’écart de la société, en quarantaine, elle n’a plus d’argent, elle souffre physiquement et psychologiquement, et cela dure depuis douze ans ! Elle est au bout du rouleau, n’en peut plus ! Entendant parler de Jésus, elle se dit : « J’ai peut-être encore une chance : si je touche son vêtement, je serai sauvée ! ». Pour elle, c’est une certitude, elle ne doute pas ! Elle sait très bien que ce qu’elle envisage est contraire à la loi de Moïse, mais elle y va quand même, se disant qu’avec la foule elle passera inaperçue, et en se mettant derrière Jésus, elle ne sera pas vue. C’est ce qui se passe : « À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. ». Elle est guérie, physiquement, mais pas encore sauvée socialement, psychiquement, moralement, spirituellement. Parce que peut-être elle a l’impression d’avoir volé sa guérison.

La réaction de Jésus est surprenante : « Qui a touché mes vêtements ? », se rendant compte qu’une ‘force’ était sortie de lui. On a presque l’impression de se trouver dans un dessin animé ou une B.D. pour enfant où le héros avec ses super-pouvoirs envoie des rayons qui guérissent (ou plus souvent tuent les méchants). Comme si Jésus avait une réserve de « pouvoirs » qui diminuerait à chaque foi qu’il s’en sert ! Comme tout un chacun, dans une foule on est touché, bousculé, sans qu’on y fasse attention, mais si quelqu’un  nous touche de manière intentionnelle, tout de suite on est alerté, on se retourne et on cherche la personne qui nous a touché. Sans doute en a-t-il été de même pour Jésus ; mais pourquoi veut-il savoir qui l’a touché ? Sans doute pas pour réprimander, au contraire, mais pour aller plus loin que la guérison, pour sauver éventuellement la personne.

Confusion de la femme. Elle est démasquée. Tout le monde va savoir qu’elle a touché l’homme qui l’a guérie, le rendant impur aux yeux de la loi de moïse. Elle a honte, elle tremble … et se jette aux pieds de Jésus lui disant « Toute la vérité ».

Et Jésus parachève la guérison en lui disant « Ta foi t’a sauvée ! ».

Combien de fois nous sommes-nous trouvé dans la situation de cette femme, ayant honte de ce que nous avons fait ?

A chaque fois que nous avons fait quelque chose de contraire à la loi, non pas de Moïse, mais de l’amour !

Plusieurs réactions possibles :

– pas vu, pas pris ! Je ne dit rien, je fais comme si il n’y avait rien eu !

– je regrette, mais en cherchant des excuses (?!!).

– je fais comme la femme (ou semblablement) : je m’agenouille devant un prêtre et je lui dis toute la vérité.

Alors le prêtre me donne l’absolution, et je peux repartir serein, dans la paix et dans la joie !

Seigneur Jésus,

tu es si bon.

Non seulement tu guéris

la femme de son infirmité,

mais tu la sauves,

lui redonnant toute son intégrité.

Donne-nous de faire comme elle,

humblement :

te demander le pardon de nos fautes.

 

Francis Cousin

                      

 

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Si vous désirez une illustration du texte d’évangile commenté ce jour cliquer sur le lien suivant : Parole d’évangile semaine 18-26




Mardi 19 juin : Aimez vos ennemis (Mt 5,43-48)

« Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien! moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

 

Il n’y a aucune phrase de l’Ancien Testament qui demande de « haïr les ennemis ». Cette expression forcée de l’original araméen signifie : « Tu n’as pas à aimer ton ennemi ». C’est l’attitude courante de l’ensemble des hommes. Jésus ici vient profondément « achever », « accomplir » ce qui était déjà en germe au cœur du judaïsme, comme au cœur de tous les hommes : l’amour, la tendresse…restant le grand vœu de l’homme.

Jésus nous invite à aller toujours plus loin dans l’amour

Mais il y a un cas où cet amour est difficile, avouons-le. C’est lorsqu’on a été soi-même victime de quelqu’un, quand on nous a fait du mal. Jésus n’y va pas par quatre chemins, il parle d’ennemi. «  Eh bien moi je vous dis : aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous énervent, pour ceux qui vous en veulent, pour ceux que vous n’aimez pas, pour ceux qui vous font du mal.

Aimer ceux qui ne nous aiment pas, c’est imiter Dieu. Faire du bien à ceux qui nous font du mal, cela demande une grande maturité. Il y a dans la vengeance quelque chose d’adolescent, un manque de maîtrise de soi. Se hausser au niveau de Dieu, c’est faire le bien à tous sans dépendre d’aucun intérêt. Avec cet enseignement sur la charité fraternelle, Jésus nous donne pour modèle le Père, qui est bon pour tous et fait lever le soleil et tomber la pluie sans faire de distinction entre les personnes. Etre disciple du Christ, c’est devenir fils en lui et adopter les mœurs du Père, riche en miséricorde.

Il y a autour de nous un cercle de gens « faciles à aimer » ceux qui nous ressemblent, qui pensent comme nous, les gens de notre milieu…Il ne faut pas s’arrêter là, c’est insuffisant, nous dit Jésus. Que le Seigneur agrandisse notre cœur pour qu’il devienne capable d’un amour sans frontières, comme le fait Dieu parfaitement !

P. Antoine Dennemont