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31ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN

Commentaire du dimanche 4 novembre 2018

Marc 12 28–34

Jésus nous a appris que le « Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ». Et dans tout l’Ancien Testament, Dieu n’a pas cessé, avec l’aide des prophètes, de se révéler comme étant le Dieu unique qui prend soin de son peuple, mais ce peuple à la nuque raide continue de se tourner vers des idoles. Il n’y a donc pas d’autre Dieu que Celui que nous révèle la Bible. A son peuple, Dieu dit (Jg 2,1.2) : « Je ne romprai pas mon alliance avec vous. 2 De votre côté, vous ne conclurez pas d’alliance avec les habitants de ce pays ; mais vous renverserez leurs autels. Or, vous n’avez pas écouté ma voix. Qu’avez-vous fait là ? Eh bien, je le dis : je ne les chasserai pas devant vous. Ils seront pour vous des adversaires et leurs dieux seront pour vous un piège ». C’est ainsi que bon nombre du peuple de Dieu tombent dans le piège de vouloir suivre à la fois Dieu – l’unique – et les idoles. Il est bon de rappeler ce passage sur Elie au Mont Carmel (1 R 18, 22-39) pour les chrétiens qui ne l’ont jamais entendu.

 Dans l’épisode d’Elie au Mont Carmel, Dieu montre sa puissance, tandis que Baal, qui, pour les Juifs, désigne habituellement les « dieux » de la fécondité et de fertilité, reste une idole morte. Elie dit à son peuple : « Jusqu’à quand clocherez-vous des deux jarrets?  (Autrement dit : arrêtez de suivre à la fois Dieu et les idoles). Si Yahvé est Dieu, suivez-le; si c’est Baal, suivez-le (mais il est impossible de suivre les deux en même temps). Et voilà qu’Elie propose aux 450 prophètes de baal un défi : Moi, je reste seul comme prophète de Yahvé, et les prophètes de Baal sont quatre cent cinquante. 23 Donnez-nous deux jeunes taureaux; qu’ils en choisissent un pour eux, qu’ils le dépècent et le placent sur le bois, mais qu’ils n’y mettent pas le feu. Moi, je préparerai l’autre taureau et je le placerai sur le bois et je n’y mettrai pas le feu. 24 Vous invoquerez le nom de votre dieu et moi, j’invoquerai le nom de Yahvé : le dieu qui répondra par le feu, c’est lui qui est Dieu.  Tout le peuple répondit :  C’est bien. 25 Élie dit alors aux prophètes de Baal :  Choisissez-vous un taureau et commencez, car vous êtes les plus nombreux. Invoquez le nom de votre dieu, mais ne mettez pas le feu.

26 Ils prirent le taureau, …le préparèrent, et ils invoquèrent le nom de Baal, depuis le matin jusqu’à midi, en disant :  O Baal, réponds-nous!  Mais il n’y eut ni voix ni réponse; et ils dansaient en pliant le genou devant l’autel qu’ils avaient fait. 27 À midi, Élie se moqua d’eux et dit :  Criez plus fort, car c’est un dieu (en réalité : une idole) : il a des soucis ou des affaires, ou bien il est en voyage; peut-être il dort et il se réveillera! 28 Ils crièrent plus fort et ils se tailladèrent, selon leur coutume, avec des épées et des lances jusqu’à l’effusion du sang. 29 Quand midi fut passé, ils se mirent à vaticiner (= prophétiser avec emphase, avec exagération dans le ton et dans les gestes) jusqu’à l’heure de la présentation de l’offrande, mais il n’y eut aucune voix, ni réponse, ni signe d’attention (tout simplement parce que Baal n’est pas Dieu mais une simple idole) 30 Alors Élie dit à tout le peuple :  Approchez-vous de moi ; et tout le peuple s’approcha de lui. Il répara l’autel de Yahvé qui avait été démoli …32 et il construisit un autel au nom de Yahvé. … 33 Il disposa le bois, dépeça le taureau et le plaça sur le bois.  34 Puis il dit :  Emplissez quatre jarres d’eau et versez-les sur l’holocauste et sur le bois ; il dit :  Doublez, et ils doublèrent; il dit :  Triplez, et ils triplèrent. 35 L’eau se répandit autour de l’autel et même le canal fut rempli d’eau. 36 À l’heure où l’on présente l’offrande, Élie le prophète s’approcha et dit :  Yahvé, Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, qu’on sache aujourd’hui que tu es Dieu en Israël, que je suis ton serviteur et que c’est par ton ordre que j’ai accompli toutes ces choses. 37 Réponds-moi, Yahvé, réponds-moi, pour que ce peuple sache que c’est toi, Yahvé, qui es Dieu et qui convertis leur cœur! 38 Et le feu de Yahvé tomba et dévora l’holocauste et le bois, les pierres et la terre, et il absorba l’eau qui était dans le canal. 39 Tout le peuple le vit; les gens tombèrent la face contre terre et dirent :  C’est Yahvé qui est Dieu! C’est Yahvé qui est Dieu! ».

 

De même, Jonas qui avait désobéi à Dieu en refusant d’aller à Ninive a pu montrer que les prières des matelots qui avaient peur de la tempête ne servaient à rien parce qu’ils s’adressaient eux aussi à des idoles. La tempête s’apaise seulement lorsque les matelots envoyèrent Jonas en pleine mer car c’est à cause du « Dieu de Jonas » que la tempête a eu lieu. Il est impossible de suivre Dieu et les idoles à la fois, il est impossible d’être dans deux religions à la fois. Faire la sourde oreille n’arrangera pas la situation de ceux qui le font.

Jésus nous donne deux commandements. Le premier c’est : « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur, 30 et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. 31 Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Non seulement, il faut choisir le Dieu unique que Jésus nous a fait connaître, il faut encore l’aimer. Choisir Dieu est une chose, l’aimer c’est autre chose. Si Jésus nous dit : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force », c’est que justement que bon nombre de chrétiens ne le font pas. On l’aime, mais un peu seulement, il ne faut que cela nous dérange trop. Une heure de messe par semaine, si ce n’est pas une fois par an, ou une heure d’adoration par mois suffira. Sainte Mère Térésa disait qu’il fallait revenir à l’Eucharistie et à l’adoration (« L’Eucharistie à l’école des saints » – P.23). La règle, dans sa communauté, ordonnait une heure d’adoration par semaine devant le saint sacrement, soit quatre heures par mois. D’un commun accord, les sœurs de sa communauté ont décidé avec Mère Térésa d’établir une heure d’adoration par jour, soit trente heures par mois. Et malgré les nombreuses activités quotidiennes, avec les lépreux, les malades, les enfants abandonnés, elles ont maintenu une heure d’adoration par jour. Constat final de sainte Mère Térésa : « depuis que nous avons introduit cette modification dans notre emploi du temps, notre amour pour Jésus est devenu plus intime, plus éclairé. Notre amour réciproque est plus compréhensif, il règne entre nous une entente plus affectueuse, nous aimons davantage nos pauvres et, chose encore plus surprenante, le nombre de vocations a doublé chez nous ». Il est alors facile de comprendre que plus on est en présence de Dieu qui n’est qu’Amour, plus on l’aimera. C’est en le fréquentant le plus souvent possible qu’on s’expose à son amour, à ses grâces, à ses bénédictions, et qu’on finira par le connaître, l’aimer et même être à son image. Etre à son exemple, chargé de son amour, de sa patience, de son humilité, afin de mieux porter sa croix et de se tourner à notre tour vers le prochain. Car l’amour Dieu ne se fera pas sans porter nous-mêmes la croix. Padre Pio nous le dit à plusieurs reprises : « Ce serait une grossière erreur de concevoir l’amour de Dieu sans la Croix. La Croix, c’est toujours le chemin le plus sûr pour aller vers Dieu. Veillons à ne pas séparer la Croix de l’amour pour Jésus. Lorsque Dieu appelle une âme à le rejoindre, c’est toujours pour la fixer avec Lui sur la Croix… ». Faut-il alors en avoir peur ? car on veut bien aimer Dieu mais non porter la croix car il est, pour nous, signe de souffrance.

D’abord Dieu ne se venge jamais. L’Abbé Pierre Descouvemont nous dit (« Guide des difficultés de la foi catholique – Cerf – P.396) : « nous réparons tous nos manques de foi, d’espérance et d’amour, lorsque, plongés dans la souffrance, nous L’écoutons nous redire son amour. Ce qui lui plaît, c’est notre foi inébranlable en sa tendresse…, (et P.51 🙂 c’est la foi que nous gardons en l’Amour du Père, alors que nous sommes en proie à la souffrance physique ou morale : cette foi à toute épreuve bouleverse en quelque sorte le cœur du Père et mérite à ses yeux le salut de nos frères. Il va sans dire que ce qui plaît à Dieu, ce n’est pas la souffrance de ses enfants, mais la confiance qu’ils gardent en Lui envers et contre tout », et peu importe ce qu’il peut avoir comme malheur, il doit garder confiance en Dieu, en sa Miséricorde.

Ensuite, il ne s’agit pas d’attendre d’être en souffrance pour porter notre croix. « Si quelqu’un veut me suivre, qu’il se renie lui-même et qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de l’Evangile la sauvera » (M 8, 34-9, 1). Jésus ne parle pas ici de souffrance, mais de porter sa croix pour pouvoir le suivre. Il ne parle pas de supplice, mais de porter sa croix en se reniant soi-même, en perdant sa vie (la vie mondaine) à cause de l’Evangile, de la Parole de Dieu. Autrement dit de changer de direction à 180 degrés : ne venons de Dieu et nous retournons à Dieu. Père Bernard Sesboüé, Jésuite, théologien très connu, nous dit : « Porter sa croix apparaît ici comme la manière nécessaire de « suivre Jésus ». « Le faire exige un renoncement à soi-même, … et conduit à « perdre sa vie ». Suivre le Christ est une invitation exigeante à renoncer aux images illu­soires de nous-mêmes qui sont le fruit de notre imagination. Nous cherchons tous plus ou moins à nous dérober à notre vérité (autrement dit, nous sommes incapables de reconnaitre que nous sommes pécheurs). Notre culture développe un réseau d’images dans les­quelles nous voulons paraître (on se croit toujours mieux que les autres). L’exaltation du moi se traduira alors par la sous-estimation, voire l’écrasement des autres. Vivre comme Jésus, c’est renoncer à toute illusion sur soi-même et se donner aux autres ». Et lui-même cite Saint Augustin (P.293) : « l’élément de souffrance n’est même pas mentionné. Le vrai sacrifice, c’est tout ce que nous faisons de bien pour Dieu et pour notre prochain pendant toute notre vie, afin de vivre dans une communion qui nous rende heureux » (« La cité de Dieu », X, 6; trad. G.Combès, B.A. 34, p.445). La souffrance qui appartient aussi au sacrifice ne vient qu’en second lieu. En raison du péché, nous avons des attachements déréglés au monde créé, nous sommes devenus menteurs et violents, nous ne maîtrisons plus nos désirs et il nous faut lutter pour tout remettre dans la droiture de notre don à Dieu ».

Porter notre croix, c’est justement cette lutte contre soi-même, lutte intérieure pour tout remettre dans la droiture de notre don à Dieu. Il faut tout faire pour nous débarrasser du vieil homme que nous sommes…au milieu du monde de péchés, et revêtir l’homme nouveau dans le Christ Amour. Et les résultats se verront dans la bienveillance que nous devons avoir envers les uns et les autres. N’ayons pas peur de porter notre croix dès maintenant, de choisir Dieu plutôt que la vie mondaine, car, par les mérites de Jésus-Christ, et avec l’aide de Marie, nous sommes tous capables de puiser nos forces dans l’adoration du Seigneur pour suivre et aimer le Dieu unique et aimer le prochain.




Solennité de la Toussaint – par Francis COUSIN (Matth 5, 1-12)

« Ils ont lavé leurs robes,

ils les ont blanchies dans le sang de l’Agneau »

 

Maintenant, on parlerait de costumes blancs pour les hommes … mais à l’époque, le vêtement de cérémonie était la robe pour tout le monde.

Mais qui sont ces personnes dont on parle, qui sont devant le trône (de Dieu) et devant l’Agneau (c’est-à-dire devant le Fils de Dieu, Jésus-Christ) ? Ce ne sont pas seulement les 144 000 marqués du sceau, auxquels certains voudraient voir limité le nombre des personnes qui seront au Paradis. Au contraire, c’est « une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. »

Dieu aime tous les hommes depuis la Création, et ce qu’il veut par-dessus tout, c’est qu’ils puissent tous être présents dans son Paradis pour le louer et lui rendre grâce : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! ».

« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » (Jn 3,16), et c’est Jésus qui est celui qui nous montre le chemin de vie, le chemin vers son Père : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6), obéissant ainsi à son Père : « Je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. » (Jn 6,38-39).

Quand Jésus est mort sur le croix, lui, « l’Agneau de Dieu » (cf Jn 1,29), il était couvert de sang après la flagellation, mais ici c’est surtout le sang qui a coulé quand le soldat romain lui transperça le côté : « et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. » (Jn 19.34). Le sang qui coule représente la mort de l’homme, et en même temps l’eau représente l’eau vive, l’eau de la Vie Eternelle.

Blanchir sa robe dans le sang de l’Agneau signifie donc être tellement proche du Christ Agneau qu’on se confond avec lui, qu’on revêt le Christ : on meurt à l’homme ancien pour revêtir l’homme nouveau dans la Vie Eternelle.

Comment y arriver ?

Vivre selon l’évangile, dont la quintessence nous est livrée au début de l’évangile de Matthieu, dans ce qu’on appelle les béatitudes, l’évangile de ce jour.

Neuf phrases qui ont parfois choqué parce que mal comprise, qui sont un chemin vers Dieu.

Et c’est bien dit de manière claire : par deux fois la phrase « Le royaume des Cieux est à  eux » ( v. 3 et 10), « Ils verront Dieu » (v. 8), « Votre récompense est grande dans les Cieux » (v. 12).

Un texte qui est toujours d’actualité.

En effet, la dernière exhortation apostolique du pape François sur l’appel à la sainteté, « Gaudete et Exsultate », commence par la dernière phrase des Béatitudes : « Soyez dans la joie et l’allégresse … », et rappelle que « le Seigneur a élu chacun d’entre nous pour que nous soyons « saints et immaculés en sa présence, dans l’amour » (Ep 1, 4). » (GE 2).

Dans cette exhortation, le pape consacre tout un chapitre (le troisième) à la mise en œuvre des Béatitudes actualisés à notre temps.

Ce chapitre commence ainsi : « Si quelqu’un d’entre nous se pose cette question, “comment fait-on pour parvenir à être un bon chrétien ?”, la réponse est simple : il faut mettre en œuvre, chacun à sa manière, ce que Jésus déclare dans le sermon des Béatitudes. À travers celles-ci se dessine le visage du Maître que nous sommes appelés à révéler dans le quotidien de nos vies.

Le mot “heureux” ou “bienheureux”, devient synonyme de “saint”, parce qu’il exprime le fait que la personne qui est fidèle à Dieu et qui vit sa Parole atteint, dans le don de soi, le vrai bonheur. » (GE 63-64)

Et je pense que nous nous posons tous cette question dont parle le pape.

Donc lisons, ou relisons, ce chapitre trois de « Gaudete et Exsultate ». (Le reste aussi !!!).

Seigneur Jésus,

nous vénérons tous les saints

que nous fêtons aujourd’hui,

ceux connus et ceux inconnus.

Nous sommes tous appelés à la sainteté,

mais nous ne savons pas comment faire,

nous nous en sentons indignes…

Le pape (et Toi) nous dit qu’il suffit

de vivre les Béatitudes …

Essayons … avec ton aide !

 

Francis Cousin

 

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31ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 12,28b-34)

« Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. »

 

Moment rare dans les évangiles, un scribe interroge Jésus, non pas pour le mettre à l’épreuve comme cela arrive souvent, mais parce qu’il est intéressé par ce que dit Jésus. Il pose une question qui faisait débat chez les juifs pour qui il n’y avait pas que les dix commandements que nous connaissons, mais on en avait rajouté d’autres au fur et à mesure pour préciser ce qui était permis ou non, jusqu’à en avoir 613. Sa question : « Quel est le premier de tous les commandements ? ».

Jésus reprend les paroles de Moïse que nous avons entendues dans la première lecture, en disant : « Voici le premier », ce qui appelle déjà qu’il y en aura un second, « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. » en ajoutant cependant « de tout ton esprit ».

C’est la phrase clef pour les juifs, celle qu’ils récitent chaque matin et chaque soir, celle qu’ils écrivent dans des phylactères qu’ils mettent sur leur front. Et qui nous concerne nous aussi.

Mais on peut l’entendre de deux manières.

La première serait : « Ecoute bien ce qui va suivre, Israël, Dieu est l’unique … » et tu suis la loi sans trop réfléchir. C’est une manière d’entendre que Jésus n’aime pas, et il le dit souvent aux pharisiens.

La seconde serait : « Ecoute, sois à l’écoute de Dieu, l’unique … ». Et alors, on ne suit pas la loi sans réfléchir, parce que chaque événement de la vie doit être interprété en fonction de ce que Dieu dit, et que l’on comprend dans son cœur, dans son âme, dans son esprit (intelligence) et que l’on met en pratique avec toute sa force.

Parce que, contrairement aux idoles qui ne voient pas, qui n’entendent pas et ne parlent pas, Dieu est un Dieu qui voit (« J’ai vu la misère de mon peuple… »), qui entend ce qu’on lui dit (« Qui suis-je pour aller trouver Pharaon ? ») et qui parle (« Je serai avec toi … »).

C’est d’ailleurs le conseil que donne saint Benoît au tout début de sa règle : « Ecoute, O mon fils, les préceptes du maître, et incline l’oreille de ton cœur. ». Dieu nous parle dans notre cœur, c’est pourquoi il faut savoir faire silence pour pouvoir l’entendre.

Et Jésus ajoute aussitôt : « Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. ».

En reprenant ce que Jésus avait dit et en ajoutant : « cela vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices », le scribe montre qu’il est passé de la loi à la foi, qu’il se rapproche de Jésus.

Amour de Dieu, amour du prochain, pour Jésus c’est l’essentiel. Ce qui permettra à saint Augustin de dire : « Aime et fais ce que tu veux. ».

Dans un autre passage, Jésus dira : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34), nous disant que notre amour pour les autres doit être à l’image de son amour pour nous. Et nous savons jusqu’où son amour pour nous l’a mené : la mort sur la croix.

Bien sûr, Dieu ne nous demande pas de mourir sur une croix, mais l’amour que nous devons avoir envers les autres nous amène à des situations aussi difficiles, avec des souffrances intérieures fortes qui nous oblige à nous dépasser. Comme, par exemple, quand Jésus nous dit : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. » (Lc 6,27-28).

Voilà un commandement fort, qui n’entre pas dans nos habitudes humaines. C’est pourquoi Jésus ajoute : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. … Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » (Lc 6,32.35-36). Cela fait partie des croix que nous devons porter …

A nous de savoir si nous préférons ’’le confort du canapé’’ ou ’’les chaussures de marche’’ pour suivre Jésus sur le chemin de la Vérité et de la Vie.

Seigneur Jésus,

Tu nous veux ’Amour’ à ton image.

Mais comme c’est difficile à vivre

dans notre vie de tous les jours.

Ton chemin est trop dur, trop ardu.

Mais tu nous dis :

« N’aie pas peur, je suis avec toi.

Prend ma main ! »

Merci Seigneur.

 

Francis Cousin

 

 

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30ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 10, 46-52)

 « Bartimée »

 

On connaît son nom, contrairement à beaucoup de personnes qui ont été guéries par Jésus, dont on ne connaît rien. Si on a retenu son nom, c’est sans doute parce que, par son exemple, il a fait du bien à beaucoup … et son exemple doit encore nous parler …

Dans ce récit, on retiendra trois personnages : Jésus, Bartimée, et la foule (y compris les disciples de Jésus).

Bartimée est aveugle, il mendie, assis au bord du chemin, à la sortie de Jéricho, à l’écart des autres, isolé socialement par son handicap.

Il ne voit pas, mais il entend bien le bruit de la foule qui passe, le bruit des pas et les parlotes des uns et des autres. Il demande : « Que se passe-t-il ? », et on lui répond : « C’est Jésus de Nazareth qui passe ».

Il en avait entendu parler, comme tout le monde. Il appelle : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! », lui donnant sa véritable appellation de Messie, contrairement à la foule.

Pourtant, cette foule qui suivait Jésus l’avait entendu parler, et si on ne sait pas ce que Jésus disait ce jour-là, on connaît son enseignement : « Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » (Mc 2,17), ou d’autres phrases qu’il reprenait dans la loi : « le Seigneur votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, vaillant et redoutable… C’est lui qui rend justice à l’orphelin et à la veuve, qui aime l’immigré. » ( Dt 10,17-18) ou dans les psaumes : « Rendez justice au faible, à l’orphelin ; faites droit à l’indigent, au malheureux. Libérez le faible et le pauvre, arrachez-les aux mains des impies. » (Ps 81,3-4).

Et la foule passe, en laissant Bartimée sur le bord du chemin, sans faire attention à lui …

« Ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas ! » (Jr 5,21).

Pire même, quand Bartimée crie trop fort, on le fait taire : « Cesse d’importuner le maître ; avec tes cris on n’entend plus ce qu’il dit ! »

Ils ne pensent qu’à eux !…

Heureusement, Jésus l’entend. Il s’arrête. Le fait appeler, plein de miséricorde.

La foule, versatile, change de position : le maître a parlé, appelle Bartimée, alors maintenant, on fait attention à lui, on lui parle avec respect : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. »

Cette même foule qui acclamait Jésus à son entrée à Jérusalem avec des rameaux, et qui demandera sa mort cinq jours après, une fois qu’il sera livré aux Romains …

Ne sommes-nous pas trop souvent comme cette foule ? Qui varie en fonction du dernier qui a parlé, qui se met souvent du côté de celui qui semble le plus fort !

Qui s’intéressait véritablement aux migrants avant que le pape François aille vers eux à Lampédusa ?

Qui s’intéressait véritablement à la planète, « notre maison commune », avant l’encyclique Laudato Si’ ?

Qui fait un compte chaque jour avec ceux qui restent au bord du chemin ? Les clochards, les sans-abris, les sans-emplois, les ivrognes … ?

Il y a quelques cinquante ans, le père Aimé Duval chantait déjà :

« O vous qui cherchez le Bon Dieu dans les nuages,

vous ne verrez jamais son visage !

O vous qui cherchez le Bon Dieu dans les nuages,

vous manquerez encore son dernier passage ! »

A-t-on changé notre mentalité ?

Alors Bartimée se lève, ou plutôt ’’bondit’’, Il laisse sur place tout ce qu’il avait, son manteau, ce qui le protégeait du vent, du froid … son seul confort …

« Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants, une terre ou un manteau sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » (Mc 10,29-30).

« Il court vers Jésus » ! A-t-on jamais vu un aveugle courir dans une foule ? blackboulé, heurtant l’un, bousculant l’autre, risquant de tomber à chaque instant, il n’a qu’un seul but : se trouver près de Jésus !

Et là, chose surprenante, Jésus lui demande ce qu’il veut !

Bien sûr, il le sait. Et c’est évidant pour tout le monde. Mais Jésus ne voulait pas lui donner satisfaction sans qu’il ne le lui demande ; il voulait permettre à Bartimée de dire lui-même ce qu’il voulait, sans doute depuis quelques temps déjà, depuis qu’il avait entendu parler de Jésus, de ses paroles, de ses guérisons … Ce qu’il attendait, qu’il espérait depuis peut-être plusieurs mois …

Retenons l’attention de Jésus envers les personnes.

Il n’y a rien de pire que de donner satisfaction à quelqu’un avant qu’il ne le demande. La personne se sent alors frustrée, dévalorisée, mis au rang de rien du tout… même si cela lui coûte de demander. Mais en demandant, elle fait un pas en avant qui est important pour elle.

« Ta foi t’a sauvé. »

Et non pas « Ta foi t’a guéri ». C’est toute la personne de Bartimée qui est sauvée : son corps, son esprit, son âme.

Et on s’en rend bien compte : « Et il suivait Jésus sur le chemin. »

Pour Bartimée, c’est une conversion radicale qui se produit. C’est un homme nouveau qui naît.

« Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité. » (Eph 4,24)

Bartimée n’avait plus de manteau, mais il revêt le Christ …

Trois personnes : Jésus, Bartimée, et la foule.

On risque fort, en réfléchissant sur ce passage de l’Evangile, de n’y voir que deux personnes : Jésus et Bartimée, et de négliger la foule.

Mais nous, nous sommes dans la foule …

Nous réagissons bien souvent comme la foule …

Reprenons un autre refrain du père Duval :

« Le Seigneur a frappé à tes volets,

Ami, ami, ami, ami.

Le Seigneur a frappé à tes volets,

Mais toi, tu dormais ! »

Seigneur Jésus,

Nous te regardons souvent faire dans les évangiles…

Mais donne-nous TON regard,

que nous voyions ce que toi tu vois,

que nous réagissions en fonction

de ce que nous voyons,…

comme toi, tu le fais.

 

Francis Cousin

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29ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 10, 35-45)

 « La coupe et le baptême »

 Dans l’évangile de ce jour, la réaction des deux fils de Zébédée a de quoi nous surprendre, voire même de nous choquer. Ces deux frères qui ont été parmi les premiers disciples appelés par Jésus, et dont la tradition dit qu’ils auraient été des cousins de Jésus, font partie avec Pierre de ’’la garde rapprochée’’ de Jésus, les intimes, ceux qui partagent avec lui des moments forts que les autres apôtres n’ont pas connus. Ils avaient accompagné Jésus chez Jaïre pour la résurrection de sa fille, ils étaient avec lui au sommet du mont Thabor pour la transfiguration, et ils seront encore avec lui au jardin de Gethsémani. Peut-être est-ce cette proximité avec Jésus qui leur a permis de s’autoriser cette demande.

Nous sommes ici juste après la troisième annonce de la Passion, et comme à chaque fois, cette annonce entraîne des réactions des apôtres qui montrent leur incapacité à accepter cette idée.

A croire qu’ils ne pensaient pas vraiment que ce qu’annonçait Jésus allait se réaliser … et pourtant il fait cette annonce par trois fois … et cette fois-ci, on sent qu’on arrive près de sa réalisation : « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort, ils le livreront aux nations païennes, qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera. » (Mc 10,33-34).

C’est comme si, pour les apôtres, il était impossible que Jésus puisse subir tout ce qu’il avait dit ; ils avaient tellement foi en lui que, quoi qu’il arrive, Jésus allait vivre et devenir le vrai sauveur politique d’Israël.

Quand Jacques et Jean demandent à être de chaque côté de Jésus ’’dans sa gloire’’, on pourrait se demander à quelle ’’gloire’’ ils pensent, celle du ciel, ou celle de la terre. Mais il semble bien qu’ici, c’est de celle de la terre qu’il s’agit. D’autant que Jean, dans son évangile, quand il parle de la gloire que Dieu donnera à Jésus, c’est quand il sera élevé sur la croix ; et là, il n’y aura pas Jacques qui aura fui avec les autres disciples, Jean sera au pied de la croix, et ceux qui entourent Jésus, l’un à droite et l’autre à gauche, seront deux brigands.

Jésus leur répond en parlant de celle du ciel, qui passe nécessairement par sa passion, sa mort et sa résurrection : « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? ». Deux passages nécessaires pour aller dans la gloire : la coupe et le baptême, avec à chaque fois deux interprétations :

  • La coupe, ce peut être celle qu’on remplit de vin, pour la fête, la joie, le plaisir d’être ensemble, celle qu’on boit pour sceller une union, un mariage … pour Jésus, celle qu’il va partager avec ses disciples le jeudi saint, signe de son union avec l’Eglise ; mais aussi celle ’’du sang versé pour la multitude’’ … Vin et sang, joie et tristesse … Ce peut être aussi celle de Gethsémani : « Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! » (Mc 14,36). Tristesse.

  • Le baptême, qui peut être le baptême dans l’eau, pour la joie de la purification, mais aussi le baptême dans le sang de la passion et de la mort pour Jésus, et pour les apôtres le baptême des martyrs : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. » (Ap 7,14). Tristesse, mais aussi joie, puisque ce baptême dans le sang permettra à ceux qui l’ont reçu (subi ?) d’être conduits « aux sources des eaux de la vie. » (Ap 7,17).

Bravaches, les deux frères qui ne doutent de rien répondent : « Pas de problèmes, nous le pouvons ! ».

Ce que Jésus leur répond, c’est aussi à nous qu’il le dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. »

Bien sûr, pour nous qui vivons à La Réunion, on ne va pas prendre cette phrase au sens propre. Mais il ne faut pas oublier que pour certains croyants, c’est une phrase qui se vit ou qui peut se vivre, comme pour les chrétiens de Chine, du Viêt-Nam, du Pakistan, d’Irak, ou dans d’autres pays du Moyen-Orient ou d’Afrique, ou d’ailleurs, le Mexique….

Et même si cela ne nous concerne pas au sens propre, elle nous concerne au sens figuré. Nous devons être « prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque [nous] demande de rendre raison de l’espérance qui est en [nous] » (1P 3,15), cette espérance qui nous fait croire en la Vie Eternelle, en la vie tout court, qui est un don de Dieu, fait par amour, et que nous devons défendre, depuis sa conception jusqu’à son terme terrestre. Surtout en ces moments qui arrivent où seront débattus les nouvelles lois de bioéthique. En tant que chrétien, on ne peut accepter que des lois permettent la marchandisation de l’enfant et des femmes (mères ‘porteuses’ !), que soit autorisés des techniques permettant à des couples non-biologiques d’avoir des enfants de manière non naturelle pour satisfaire leur seul désir sans tenir compte des désirs et des besoins des futurs enfants. Mais s’il faut dire notre point de vue, ce doit être fait comme le dit saint Pierre : « faites-le avec douceur et respect. Ayez une conscience droite, afin que vos adversaires soient pris de honte sur le point même où ils disent du mal de vous pour la bonne conduite que vous avez dans le Christ. »

Seigneur Jésus,

Comme il est difficile à un humain

de penser selon tes voies.

Nous sommes toujours terre à terre,

alors que toi,

tu es ciel à terre et terre à ciel.

Donne-nous la sagesse

d’accepter ce que tu veux,

et non ce que nous voulons.

 

Francis Cousin

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28ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 10, 17-30)

 « L’esprit ou la loi ? »

 

Dans l’évangile de ce jour, nous voyons un homme qui arrive tout courant, sans doute pour être sûr de rencontrer Jésus avant que celui-ci ne parte, et que se prosterne devant lui comme on le fait devant quelqu’un d’important ; C’est quelqu’un de tourmenté par une question qui le ronge : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? ».

C’est peut-être aussi une question que l’on se pose parfois, quand on regarde sa vie et qu’on se dit : « Est-ce que je fais bien tout ce qu’il faut pour aller dans le ciel ? Qu’est-ce qui me manque ? ».

Jésus lui parle de la loi de Moïse. « Oui, j’ai toujours suivi la loi, depuis ma jeunesse … ».

Nous, on pourrait dire : « Oui, je vais à la messe tous les dimanches, je fais mes prières tous les jours, je communie régulièrement, je me confesse une fois par an … ». En clair : « J’ai tout bon ! »…

Mais cela ne satisfait pas Jésus. Il reconnait que c’est bien, puisque l’évangéliste nous dit qu’il l’aima. Comme il nous aime aussi … Et il lui dit : « Une seule chose te manque ! Libère-toi de ce qui te préoccupe ! Ton argent … Enlève cela de ton cœur ! … ».

Mais pour mettre quoi à la place ?

Il y a beaucoup de chose qu’on peut y mettre… La première lecture nous dit : La sagesse. Parce qu’elle surpasse « les trônes et les sceptres », c’est-à-dire les honneurs, le pouvoir, la posture… elle surpasse les richesses, les pierres précieuses, l’or … elle surpasse « la santé et la beauté » … elle surpasse même « la lumière », parce que pour avoir la lumière, pour être la lumière du monde, il faut d’abord recevoir dans son cœur la sagesse de Dieu … et en plus elle nous donne une richesse incalculable puisqu’elle nous permet de vivre dans l’amitié de Dieu.

La loi n’est pas mauvaise, c’est un bon départ. Et que dit la loi de Moïse : deux parties, une première sur Dieu qui commence par : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Dt 6,4-5), suivi de quatre interdictions. La seconde envers les hommes, qui commence par : « Honore ton père et ta mère. » (Dt 5,16), qui ne peut se faire que si on les aime tous les deux. Et à cette loi, Jésus ajoute : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,34-35), Et il insiste bien en le disant trois fois, comme un super-superlatif !

Amour de Dieu, amour des hommes, … cela suffit, car tout le reste découle de là.

Cela peut paraître peu, mais c’est l’essentiel … et c’est bien plus exigeant que tous les préceptes d’autres religions ou de sectes : faire telle chose à telle heure, tel jour, etc …

Mais cela revient à faire des pratiques … comme on a peut-être pu en faire à certaines périodes … mais s’il n’y a rien derrière, s’il n’y a pas l’amour …, cela sert à quoi ?

Une pratique sans motivation de l’âme ne sert à rien. Mais c’est plus facile : on a fait ce qu’il fallait … on se croit juste …

Ce n’est pas cela que regarde Dieu. Il regarde le fond des cœurs. Et si nos motivations ne sont pas bonnes, il nous traitera de pharisiens, d’hypocrites, de sépulcres blanchis …

Si tu fais la charité parce que c’est le jour de la faire, tu as donné une pièce (ou plus), mais après … ? Par contre, si tu donnes une pièce par amour, si tu t’intéresses à la personne, tu parles avec lui, tu établis un contact, alors cela change tout.

Dieu ne nous demande pas de faire, mais d’être.

On retrouve encore un peu de ce qu’on avait vu il y a quelques temps avec l’épître de saint Jacques, avec la foi et les œuvres : une foi qui ne se concrétise pas dans des œuvres est morte !

Et la meilleure manière d’être, c’est d’aimer, de tout faire par amour, comme Dieu ne cesse de le faire, malgré nos manquements, nos incapacités …

C’est difficile. Nous le savons tous.

Comme le disait le titre d’un film sur les apparitions de Lourdes, il y a une cinquantaine d’années : « Il suffit d’aimer. »

Car n’oublions pas ce que disait saint Jean de la Croix : « Au soir de cette vie, vous serez jugés sur l’amour »

Seigneur Jésus,

Tu as remplacé toutes les lois par une seule :

l’amour, à l’image de ton Père.

Amour de Dieu, amour des hommes.

Mais comme il est difficile d’aimer,

tout le temps, tous les hommes, toutes les situations …

d’en tirer le meilleur pour nous.

Finalement de devenir

AMOUR, Justice et Paix.

Sans ton aide, c’est impossible.

 

Francis Cousin

 

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27ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 10, 2-16)

« Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »

 Une fois encore, l’évangile nous parle d’une confrontation entre Jésus et des pharisiens qui veulent le mettre à l’épreuve. Cette fois-ci, le sujet de la discussion est de savoir si un mari peut renvoyer sa femme.

Sans doute Jésus avait-il parlé auparavant de l’amour dans le mariage et de la beauté de celui-ci. Une fois encore Jésus renvoie aux écritures, que les pharisiens connaissent bien, et à la loi de Moïse. C’est possible « à condition d’établir un acte de répudiation ». Mais pour Jésus, cette condition a été écrite « en raison de la dureté de vos cœurs », et il remonte encore plus loin, à la création du monde, dans le texte poétique de la Genèse de la première lecture.

Celle-ci commence par montrer l’attention de Dieu vis-à-vis de l’homme ! « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Dieu veut le bonheur de l’homme et lui adjoint une ‘aide’ qui lui soit assortie, la femme. Et en voyant la femme que Dieu lui avait faite, l’homme se réjouit : « Cette fois, voici l’os de mes os, la chair de ma chair ! ». Et Jésus cite la dernière phrase du passage : « À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. »

Dès le départ, Dieu a voulu les humains conjugaux, hommes et femmes, différents et complémentaires. Différents dans leurs corps, mais complémentaires (c’est une réalité indiscutable) ; différents dans leurs esprits, mais complémentaires (ce que montrent toutes les études psychologiques sérieuses et non-partisanes) ; mais semblables dans leurs âmes.

Et Jésus va plus loin : l’homme et la femme qui s’unissent ne forment plus qu’une seule chair.

Il va de soi que cette manière de concevoir le mariage n’est plus celle que l’on rencontre dans notre société actuelle, surtout chez les jeunes. On se marie moins, mais on ‘est ensemble’, l’époux devient ‘mon mec’, l’épouse devient ‘ma meuf’, et bien entendu on ne parle plus de conjoints (c’est-à-dire con-joints, joints ensemble, ne faisant qu’un…). Et, bien sûr, il n’y a pas divorce puisqu’il n’y a pas mariage.

Cette situation vient de l’individualisme des gens de plus en plus important, et de la volonté de liberté de chacun : « je prends chez l’autre ce qui m’intéresse … ». C’est la recherche du plaisir immédiat qui ne coûte pas, les relations d’un soir… En fait, une pratique égocentrique du ’’jetable’’, pratique dénoncée par le pape François, et contre laquelle il faut lutter. Vision contraire à celle de Dieu sur l’homme et la femme.

 Il y a des moments où on se demande si on ne vit pas dans un monde de fous : les gens ne veulent plus se marier, et dans le même temps réclament (et ont eu), au nom de l’égalité, le mariage entre personne de même sexe. Les couples ont de moins en moins d’enfants, et les ont de plus en plus tard, parce qu’il faut ‘vivre’ avant d’en avoir, avoir le temps de voyager, de construire sa maison, d’évoluer dans son métier sans être freiné par les enfants, et quand l’enfant arrive, cela change tellement les habitudes qu’il est parfois mal accueilli … ; et dans le même temps des personnes vivants seules ou en couples homosexuels réclament, au nom de l’égalité, la possibilité d’avoir des enfants par PMA (Procréation Médicalement Assistée, autorisée pour les couples ne pouvant avoir d’enfants de manière naturelle. Terme qui vient d’être changé en AMP : Assistance Médicale à la Procréation, ce qui en dit long sur la volonté du gouvernement d’aller dans le sens du droit à l’enfant pour tous), voire par GPA (Grossesse Pour Autrui) qui est une marchandisation de l’enfant à naître.

Et le récent rapport du Comité Consultatif National d’Ethique va dans le sens du droit à l’enfant pour tous (mais refus de la GPA). Il nous faut donc prier pour que les parlementaires qui auront à se prononcer sur la nouvelle loi de bioéthique respectent la loi naturelle et résistent aux sirènes de la ‘modernité’, ‘parce que c’est dans l’air du temps’ et que ‘d’autres pays l’acceptent’.

Le mariage chrétien a ceci de particulier que c’est un contrat moral pris par les fiancés devant Dieu, un sacrement donné par Dieu, qui est entériné par la bénédiction que reçoivent les époux, après l’échange des consentements, de la part d’un ministre consacré. Dieu devenant partie prenante du mariage ne laisse pas les époux seuls, et leur donne tout ce qu’il faut pour que les problèmes éventuels puissent être dépassés et que l’amour continue de régner entre les mariés et dans leur famille, grâce à l’action de l’Esprit Saint. C’est pourquoi le Concile Vatican II a appelé la famille « cette sorte d’Eglise qu’est le foyer (Ecclesia domestica) » (Lg 11).

Dans sa lettre aux Ephésiens, saint Paul parle du mariage en comparant l’union de l’homme et de la femme avec l’union entre le Christ et l’Eglise (cf Ep 5,21-32). Peut-on penser que le Christ puisse rompre l’union qu’il a avec l’Eglise ? Non, bien sûr.

Pour nous, les humains, il est plus difficile de respecter cet engagement, et il est parfois nécessaire de le rompre. Comptons sur la miséricorde de Dieu, lui qui connaît le fond de notre cœur, pour pardonner nos difficultés relationnelles dans nos couples.

Seigneur Jésus,

la famille est de plus en plus mise à mal,

à cause de l’individualisme des personnes,

et leur désir de liberté au détriment du couple.

Permet que la famille chrétienne

continue d’exister,

et envoie ton Esprit

pour que les difficultés familiales s’estompent.

 

Francis Cousin

 

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26ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 9, 38-43.45.48)

« L’Esprit souffle où il veut ! »

 

Il y a parfois une volonté, non admise, de voir l’Esprit être réservé à certaines personnes : Moïse, Jésus dans les textes d’aujourd’hui, et chez nous, au Pape, aux évêques, et quelques autres personnes, principalement des clercs.

Oh, bien sûr, on ne le dira pas comme cela, parce que c’est contraire à ce qu’on nous a enseigné au catéchisme : tout le monde a appris que l’Esprit descend sur chacun de nous dès notre baptême, et que cela est « confirmé » par le sacrement de la Confirmation (CEC 1241-1242), mais dans la réalité, il en est autrement.

Chaque fois que quelqu’un est pour d’autres une occasion de réflexion et de remise en cause dans sa foi, pour qu’elle soit plus en conformité avec l’Évangile, alors c’est que l’Esprit est en action :

  • D’abord chez cette personne, qu’elle en soit consciente ou non, et le plus souvent elle n’en est pas consciente.

  • Ensuite chez les autres personnes pour qu’ils soient interpellés par la première.

L’Esprit Saint ne cesse de nous interpeller, mais bien souvent nous ne faisons pas un compte avec lui, avec ce qu’il suggère.

Pire, bien souvent, l’action qu’il a mis en action, nous la résumons en disant : « C’est le hasard ! », ou « Le hasard fait bien les choses » (quand c’est positif pour nous !), et nous ne voyons aucunement l’action de l’Esprit Saint en nous et autour de nous.

Et si jamais nous pensons à l’action de l’Esprit Saint, nous risquons souvent de ne pas comprendre : « C’est pas possible ! Pas elle ! Pas lui ! Il est nul ! Il n’a aucune connaissance théologique ! C’est un moins que rien ! Il n’est pas prêtre ! Il n’est pas ordonné ! Il n’a pas reçu mission de parler de Dieu … », et par jalousie, ou par complexe de supériorité, nous refusons de reconnaître l’action de l’Esprit dans des chrétiens très ordinaires …

C’est ce qui est arrivé pour Eldad et Médad, qui faisaient pourtant partie des 70 anciens convoqués par Moïse sous la Tente du Rendez-vous, mais qui n’y étaient pas allé : « Comment ceux-ci peuvent-ils prophétiser alors qu’ils n’ont pas répondu à la convocation de Moïse ? Qu’ils n’étaient pas sous la Tente pour recevoir l’Esprit ? ». Mais Moïse savait que « l’Esprit souffle où il veut » (Jn 3,8) et il demanda de les laisser faire.

De même dans le texte de l’Évangile, des personnes guérissaient des malades, au nom de Jésus, alors qu’ils ne faisaient pas partie du groupe des disciples : « Ne les empêchez pas car Dieu est avec eux », avec cette phrase duale de Jésus : « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. ». Phrase qui n’est pas sans rappeler une autre phrase de Jésus : « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. » (Mt 5,37).

Pour Jésus, il ne peut y avoir d’indifférents parmi ceux qui ont entendu sa Bonne Nouvelle. On est pour ou on est contre. Pas d’indécis.

Et pourtant, combien nous voyons de personnes indifférentes à son annonce … Et parfois nous-même quand nous ne prenons pas la totalité de son annonce, quand nous ne prenons que ce qui nous arrange …

Et même si nous ne l’avouons pas, cela nous arrive assez souvent … peut-être pas en parole, … mais dans nos actions, notre manière de réagir …

Nous savons bien qu’il suffit de faire un bon examen de conscience pour nous en convaincre. Parce que cela arrive à tout le monde, malheureusement.

D’ailleurs, si nous regardons les personnes qui se plaignent dans les textes de ce jour :

  • A Moïse, c’est Josué, « auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse». C’est aussi celui à qui sera confié la mission de faire entrer le peuple de Dieu dans la Terre Promise à la fin de la vie de Moïse. (cf Dt 34, 5-9).

  • A Jésus, c’est Jean, lui aussi “auxiliaire” de Jésus dans sa jeunesse puisqu’on estime qu’il avait à cette époque entre quinze et dix-huit ans. C’est aussi celui à qui sera confié Marie à la fin de la vie terrestre de Jésus sur la croix. (cf Jn 19,26-27).

On voit bien à tous les deux seront confiées des missions importantes et de confiance. Cela nous rappelle que, malgré nos manquements, rien n’est jamais perdu, car Dieu est miséricorde.

Essayons de voir, et d’accepter de voir, chez les autres l’action de l’Esprit Saint, et soyons conscients que l’Esprit Saint agit chez les autres, même les plus petits, et qu’il agit aussi en nous, même si nous n’en sommes pas conscients … en acceptant humblement d’être son outil.

« Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! »

Et il l’a fait depuis la Pentecôte …

Seigneur Jésus,

Tu as envoyé ton Esprit sur tous,

mais nous avons parfois du mal à reconnaître

son action chez les autres,

souvent par jalousie.

Et nous n’avons pas conscience

de sa présence en nous

pour nous aider à vivre de toi.

Aide-nous à être humble

et disponible à ta présence.

 

Francis Cousin

 

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25ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 9, 30-37)

« Si quelqu’un veut être le premier… »

 La semaine dernière, après la première annonce de la Passion, après l’intervention de Pierre, Jésus donnait trois ’’conseils’’ pour être disciples : renoncer à soi- même, prendre sa croix, et le suivre.

Cette semaine, pour la deuxième annonce de la Passion, il n’y a pas d’intervention des disciples, mais Jésus avait bien senti que derrière lui, la discussion entre eux était animée et que des désaccords se faisaient jour. Alors, arrivés à Capharnaüm, Jésus pose la question : « De quoi discutiez-vous en chemin ? ». Silence gêné. Personne ne parle.

Jésus appelle les douze, les apôtres. Il s’assoit, comme un maître qui enseigne, car il veut délivrer un enseignement, non pas à tous ceux qui le suivent, mais à ceux qu’il a choisis pour devenir ses témoins après sa résurrection, ceux qui vont le suivre jusqu’à Jérusalem. Donc un enseignement important pour les hommes que Jésus veut associer à sa mission : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. ».

En disant cela, Jésus parle pour les apôtres ; et en même temps il parle de lui-même, de la manière dont il va vivre sa Passion, « objet de mépris, abandonné des hommes… et nous l’avons méprisé, compté pour rien » (Is 53,3).

Si on compare ces deux premières annonces, on voit bien des similitudes dans les ’’conseils’’.

Se mettre à la ’’dernière place’’ est une autre manière de dire ’’renoncer à soi-même’’.

’’Être serviteur’’ est souvent vu pour nous comme une manière de ’’porter des croix’’.

L’enseignement est le même, mais dit sous une forme différente. Jésus est sans doute le précurseur de la ’’pédagogie en spirale’’.

Mais il y avait trois conseils dans la première annonce. Qu’en est-il de ce troisième conseil de suivre Jésus ?

pour la deuxième annonce, Jésus va utiliser un artifice en amenant un enfant au milieu des douze :

« Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »

Accueillir un enfant, c’est accueillir Jésus, c’est accueillir le Père. Or accueillir Jésus, c’est se mettre à sa suite.

Les trois ’’conseils’’ sont donc similaires.

De plus, à l’époque de Jésus, on ne faisait pas tellement un compte avec les enfants, surtout les hommes, tant qu’ils n’étaient pas en âge de travailler. Ils étaient donc laissés à eux-mêmes. Alors, pour les apôtres (et tous les hommes), accueillir un enfant était déjà une forme de renoncement à son statut, une manière d’être serviteur.

Mais cette dernière parole de Jésus ne doit pas être comprise pour nous comme une attention à porter aux enfants, mais à tous ceux qui sont ’’petits’’ : les faibles, les malades, ceux qui sont dans le besoin, quel que soit ce besoin.

Accueillir un ’’petit’’, c’est se mettre à la suite de Jésus, concrètement. A l’inverse, ne pas accueillir un ’’petit’’, c’est ne pas suivre Jésus … Et malheureusement, cela nous arrive souvent de ne pas faire un compte avec un ’’petit’’, et donc avec Jésus, sans que nous en ayons vraiment conscience …

Seigneur Jésus,

Comme presque tous les humains,

nous voulons toujours être le meilleur,

nous montrer sous notre meilleur jour …

et toi, tu nous dis de devenir le plus humble,

de nous mettre au service des autres …

et surtout des plus faibles.

Car c’est toi qui es présent en eux.

Francis Cousin

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24ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 8, 27-35)

« Le chaud et le froid. »

 Tout, dans l’évangile de ce jour, va nous faire passer du chaud au froid et inversement, parce que « [nos] pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Tout commence plutôt bien. Jésus et ses disciples marchent au nord de la Galilée, en territoire païen. Comme c’était sans doute son habitude, Jésus parle avec ses disciples, et aujourd’hui cela commence par un sondage d’opinion : « Que dit-on que je suis ? ». Les réponses sont différentes, mais cela reste toujours dans l’idée que Jésus est un prophète qui annonce le Messie, un nouveau ou un ancien qui est ressuscité.

Alors Jésus devient plus précis : « Mais vous, que dites-vous ? »

Pierre, toujours aussi impétueux, chaud-bouillant : « Tu es le Christ. ».

On aurait pu s’attendre à ce que Jésus soit content, qu’il félicite Pierre pour sa bonne réponse. Pas du tout : « hou là là, c’est vrai, mais gardez cela pour vous ; n’en dites rien à personne, ils seraient capables de me faire roi et de monter une armée pour jeter les romains hors de la Palestine. Ce n’est pas cela ma mission, je serai rejeté par les responsables religieux du pays, je serai mis à mort, mais je ressusciterai le troisième jour. ». On passe de la gloire du Messie à la tristesse de sa mise à mort.

Impossible pour Pierre. « Oh ! ça va pas ! Tu es le Christ, le maître. On doit te respecter, t’honorer, te louer. Pas te mettre à mort ! »

L’incompréhension est totale. Et Jésus rabroue vertement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! ». Le disciple doit être derrière son maître, et non devant pour se mettre en travers de sa route, s’opposer à lui.

Ce qui arrive à Pierre, cela nous arrive sans doute aussi. Oh ! on ne s’oppose pas directement à Jésus … on le respecte, on l’aime, on le prie … mais dans nos actions, est-ce qu’on respecte toutes ses Paroles ? (Voir la deuxième lecture …).

Est-ce qu’il ne nous arrive pas parfois d’arranger l’évangile à notre sauce : cela, oui pas de problème, j’y crois et je le suis. Par contre, ça, oui, mais c’est pas trop important, ce n’est pas tellement grave si on ne fait pas trop un compte avec …

Et pourtant, on ne peut pas prendre un morceau de l’évangile et pas le reste. Soit on prend tout, soit on ne prend rien. « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. » (Mt 5,37).

N’avons-nous jamais entendu dans notre cœur Jésus nous dire : « Passe derrière moi, Satan ! » quand nous refusons les épreuves qui se présentent sur notre chemin, les croix qui jalonnent notre route ?

Ne nous arrive-t-il pas de nous dire : « Cette parole est trop dure, qui peut l’entendre ?» (Jn 6,60).

Sans doute si on pense que la foi est une adhésion à une idée philosophique, une théorie intellectuelle. Mais pas si on croit que la foi est une adhésion à une personne, Jésus-Christ, à son Père, et à son Esprit Saint !

Mettons-nous vraiment à la suite de Jésus, lui qui connaît le chemin, qui « est le chemin » (Jn 14,6) qui nous mène à la vie éternelle.

Ce que Jésus nous dit à la fin de l’évangile de ce jour : « celui qui perd sa vie à cause de moi et de l’Évangile sauvera sa vie. »

Et là, on repasse du froid ou de la tiédeur à la chaleur de l’amour de Dieu qui nous aime de toujours.

Seigneur Jésus,

malgré notre bonne volonté à te suivre,

nous sommes toujours tentés par la facilité ;

c’est-à-dire par le Démon

 qui nous fait croire toutes les choses faciles

comme meilleures pour nous.

Alors que toi, tu nous dis que c’est

en surmontant l’adversité que l’on grandit …

C’est avec toi que je veux  grandir !

 

Francis Cousin

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